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    « J’ai envie de goûter à ton jus… ».

    Ego : Gentil garçon, Nico ? Il faut le dire vite… dis donc, Voix… t’as bien entendu toi aussi ce qu’il vient de me balancer, là ? Des mots dont je ne l’aurais jamais cru capable…

    Voix : Plains toi…

    Plaisir : Enfin on parle de baise…

    Ego : Je ne me plains pas… j’adore quand il me dit ce genre de truc… quand il fait sa petite pute… quand il fait sa salope soumise à mes envies…

    Voix : Le fait qu’il puisse faire parfois sa « petite pute », comme tu le dis, n’exclut pas que le garçon ressent autre chose pour toi qu’un désir sexuel… s’il s’accroche au sexe, c’est qu’au final, la baise est le seul truc que tu lui permets de partager avec toi…

    Ego&Plaisir : Il a envie de moi, il en crève…

    Voix : Alors, tu vas répondre quoi à sa proposition coquine ?

    Plaisir : J’ai foutrement envie de dire oui…

    Ego : Moi aussi, mais j’ai envie de le faire languir un peu…

    Plaisir : N’attends pas trop, je bande déjà, j’ai envie de jouir…

    Pare-feu : C’est un peu risqué ce qu’il propose, une pipe dans les chiottes… il y a quand même beaucoup de monde dans la salle, et en particulier tous vos camarades… tes potes…

    Ego : Je me tâte… s’il me chauffe à peine un peu plus, je sens que je vais franchir le pas…

    Pare-feu : Il te chauffe, oui, et il n’y va pas de main morte…

    « Je suis sûr que tu n’oses pas… »

    Ego : Il me cherche carrément, là… arme d’intimidation, FEU ! « Tu crois ça... »…

    « Bah… samedi dernier tu t'es dégonflé... et je suis sûr que ce soir tu vas encore te dégonfler, surtout avec tous les camarades juste à coté… »…

    Ego : Son culot est intolérable… préparer la riposte…

     « T'as tellement la trouille de te faire gauler que je te parie que t'aurais même pas la gaule... »…

    Ego : Mais il est fou…

    Voix : Arrête ton cirque, je suis sur que tu kiffes ce petit jeu…
    Ego : Là ça en est trop… je ne peux pas laisser passer ça, il met en doute que je puisse bander… il va voir ce qu’il va voir… je vais tellement le défoncer qu’il va me supplier d’arrêter… je vais sortir l’artillerie lourde, l’arme ultime : la Baise… rien de tel qu’un bon coup de bite pour mater la rébellion d’une salope… s’il croit qu’il peut me parler sur ce ton, il se trompe ce petit morveux… 

    Plaisir : Le coup de bite approche… youpiiiii !

    Ego : Je pars vers les chiottes…

    Pare-feu : Est-ce qu’il va te suivre ?

    Ego : Il me suit comme un petit chien, il la veut vraiment ma queue…

    Plaisir : Nous voilà dans les chiottes, je déballe vite le matos… j’ai trop envie de me faire sucer par Nico, le champion de la pipe…

    Pare-feu : Il faut se dépêcher, la situation est risquée avec tous les camarades en train de faire la fête à coté…

    Ego : Il regarde ma queue avec une envie démentielle…

    Voix : Ego, tu t’es fait piéger… en disant oui pour montrer que t’en as dans le calebut, tu t’es fait forcer la main… pas très fin comme stratégie…

    Ego : Il va en avoir pour son grade… mais… merde, c’est vrai, je me suis laissé entraîner…

    Voix : Mais c’est pas comme si tu n’en avais pas envie…

    Ego : Il m’a quand même forcé la main…

    Voix : Mort de rire… Ego… à force de grossir, tu deviens aveugle et con…

    Ego : Tant pis, il va en avoir pour son argent, j’ai dit…

    Plaisir : Là il faudrait qu’il se dépêche… je n’en peux plus d’attendre, j’ai envie de sa langue sur mon gland, de ses lèvres autour de ma bite…

    Pare-feu : Le temps presse…

    Plaisir : La queue presse…

    Ego : Il aime ça, être ma salope…

    Plaisir : Mais qu’est ce qu’il fout, ce Nico ? Allez, viens sucer ! Ego ! Ego ! Il est parti où, lui? Ah, merde… il est emballé par le regard emballé de Nico… bon, il faut que je me débrouille tout seul… charger le canon à coups de gueule d’Ego… je vais essayer de frapper aussi fort que lui : ON ENVOIE ! FEU ! « On n'est pas venu ici pour se regarder dans les yeux… »…

    Bien visé… bien frappé !

    Ego : Tu disais quoi, Plaisir ?

    Plaisir : Rien, je me suis débrouillé…

    Ego : J’ai envie de me faire sucer et il a envie de me sucer… je prends mon pied avec ma queue, il jouit avec sa bouche et avec son cul… il n’a qu’une envie… celle de m’offrir tout son corps, sa bouche, ses mains, sa peau, son cul pour le plaisir de ma queue… et son plus grand plaisir est de sentir que je prends mon pied sans me soucier du sien…

    Voix : Quand Ego part dans ses délires, on ne sait pas où il va s’arrêter… 

    Pare-feu : ALERTE GENERALE ! Riposte de Nico en approche… 3… 2… 1… contact…

    « Qu'est ce que tu peux être con… »

    Voix : Bam ! Avec un petit sourire amusé en prime… Ego, Plaisir… votre conduite est tellement arrogante que je crois que le petit Nico ne vous prend même plus au sérieux… j’ai même m’impression qu’il se fout un peu de votre gueule…

    Pare-feu : Il ne se laisse pas faire le petit Nico…

    Voix : Il ne se laisse plus faire…

    Pare-feu : Quelque chose a changé en lui… avant il ne se serait jamais permis de parler comme ça…

    Ego : Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

    Voix : Ca t’intrigue, ça, n’est-ce pas ? T’es surpris… tu aimes mais ça t’inquiète… tu ne serais pas en train de te demander jusqu’à quand tu vas pouvoir le tenir sous le joug de ta domination virile ?

    Ego : Il aime trop ma queue, il en est dépendant… il fait juste un caca nerveux…

    Pare-feu : Oui, il aime ta queue, mais peut-être qu’il en a marre de se faire traiter comme un garage à bite…

    Voix : C’est beau ce regard fixe dans mes yeux, avec ce petit sourire canaille…

    Plaisir : Maintenant il faut vraiment qu’il suce…

    Ego : Oui, joli sourire canaille… sourire de défi… bien reçu, Nico… tu veux jouer à ça, on va jouer… canon à sourires chargé, FEU ! Voilà pour toi, Nico, un véritable sourire canaille label rouge, coquin, effronté, assuré, ce sourire auquel tu ne sais pas résister… prends ça dans la gueule…

    Plaisir : Et suce maintenant, ducon !!! FEU ! FEU ! « Allez… dépêche… suce… ».

    Ego : Bien envoyé Plaisir… faut savoir mater ce petit merdeux qui pense pouvoir défier un mec… 

    Plaisir : Merci, Ego… mais il n’est toujours pas à genoux… 

    Ego : Tu vas voir… je n’ai pas encore envoyé ma dernière munition… La Provocation Sexuelle… je vais me branler, je vais le rendre dingue…

    Plaisir : Ca c’est toujours une bonne idée, la branlette… une main sur une queue… voilà des mots qui vont très bien ensemble…

    Ego : Et comment il me mate, comment ça lui plait de me voir me branler…

    Plaisir : Ego, là tu te fais… plaisir… mais Plaisir n’a pas de plaisir véritable… une simple branlette est loin de l’explosion sensuelle d’une bonne fellation… tu le chauffes, il te chauffe mais rien ne vient… Ego… tu m’entends ? Allez, c’est reparti, lorsque Ego est flatté, il n’entend plus rien… je vais encore devoir me débrouiller tout seul… situation d’urgence, recours au corps à corps… approcher de Nico, mettre une main sur son épaule pour le faire mettre à genoux…

    Ego : Il résiste…

    Plaisir : Tu t’es réveillé ?

    Ego : Il résiste mais il est troublé… rien que ma proximité le rend fou…

    Plaisir : Enfin ça vient…

    Plaisir&Ego : C’est bon ça… sa main qui se pose sur ma queue et qui commence à la branler… ah c’est bon… c’est bon…

    Pare-feu : Attention, on subit une attaque par surprise… les lèvres de Nico rentrent en contact avec les miennes…

    Ego : Naaaaaaaaan… pas ça….

    Voix : Si si, c’est bon ça…

    Plaisir : C’est excitant…

    Pare-feu&Ego : Il faut le repousser…

    Voix : Non, c’est trop bon…

    Plaisir : Ok, alors juste un petit peu…

    Ego : Non, non, non…

    Plaisir : Ce qu’il fait à ta queue est trop bon… on peut bien transiger un peu sur le reste… qui est bon aussi, d’ailleurs…

    Voix : Ses lèvres sur tes lèvres c’est juste trop bon… transige, transige…

    Ego : Maintenant assez, il faut que sa bouche s’occupe de ma queue… il faut employer la manière forte… FEU… je le pousse en arrière, violemment…

    Plaisir : Ma queue était heureuse avec sa main dessus…

    Pare-feu : Il revient à la charge, comme fou…

    Ego : C’est sacrement excitant de voir dans son regard et dans son attitude ce désir qui le fait vibrer…

    Voix : C’est touchant, tu veux dire… personne ne t’a jamais regardé comme ça, ni désiré à ce point… ni donné tant de plaisir, ni tant d’affection… jamais avec personne l’amour n’a été aussi bon… 

    Ego : Faut pas qu’il m’embrasse à nouveau… 

    Voix : Mais si, laisse toi faire… 

    Plaisir : C’est vrai que c’était bon…

    Ego : Plaisir, tu n’es qu’une pute !

    Plaisir : Laisse toi faire, ducon !

    Ego : Pas embrasser, alors, juste mordiller…

    Voix : Ca fait moins pd, c’est ça ?

    Plaisir : Et ses bisous dans le cou, qu’est ce que c’est bon aussi, ça me file des frissons… surtout pendant qu’il reprend ma queue en main et qu’il glisse l’autre sous le t-shirt…

    Ego : Faut se ressaisir… il faut reprendre le contrôle…

    Voix : Laisse toit aller et profite de ce bonheur intense, espèce d’abruti…

    Plaisir : De toute façon, sa main sur ta queue et l’autre sur tes tétons sont en train de te faire perdre pied… alors autant accepter de perdre le contrôle pour prendre ton pied…

    Voix : Le creux de son cou est là devant mes yeux, devant ma bouche… envie d’embrasser sa peau…

    Ego : Tu te contenteras de mordiller…

    Plaisir : Envie d’embrasser…

    Ego : Mordiller, JUSTE mordiller…

    Plaisir : Ses doigts sur mes tétons, c’est le pied… et maintenant il soulève mon t-shirt et il y va avec la langue… il lèche, il mordille… le pied, le pied, le pied… c’est tellement bon que je sens que je vais jouir incessamment sous peu…

    Ego : Je NE veux PAS jouir de cette façon, il me faut sa bouche, il me faut jouir dans sa bouche… il faut qu’il suce maintenant… déjà trop attendu…  

    FEU !!! « Merde alors… c’est bien pour une pipe qu’on est venu ici… alors, suce moi, bordel ! »… 

    FEU ! FEU ! Appuyer à nouveau sur ses épaules… eh ben voilà… il est enfin à genoux… je bande comme un âne et c’est sacrement excitant de voir comment il mate ma queue… elle est belle… 

    Plaisir : Mais il ne suce toujours pas… qu’il admire tant que tu veux, mais qu’il admire en suçant, bordel !  

    Ego&Plaisir : FEU ! « Mais putain... dépêche... fais moi jouir... et avale bien... »… FEU !!! Lui enfourner ma queue dans ma bouche…

    Ego : Comment il l’a bien prise ma queue, au fond de sa gorge…

    Plaisir : Lui baiser la bouche…

    Ego&Plaisir : C’est bon de m’amuser dans sa bouche… il m’a trop chauffé… alors j’y vais très fort… je sais qu’il aime quand je lui baise bien la bouche…

    Voix : Oui, c’est sacrement excitant de faire ça pendant que les camarades font la fête à coté…

    Pare-feu : Il faut jouir vite, notre absence risque d’être remarquée…

    Plaisir : Ça monte, ça vient… j’y vais vraiment très fort, je vais vite jouir, et ça va être géant…

    Ego&Plaisir : Mais il me fait quoi là, Nico ? J’y crois pas… il plaque sa main sur mes abdos, il me repousse, ma queue quitte sa bouche…

    Plaisir : Il ne peut pas faire ça, si près du but…

    Ego : Il ne peut pas me refuser de jouir dans sa bouche…

    Voix : Peut être que vous y allez un peu fort…

    Plaisir&Ego : Ca va venir vite, et ça va être bon…

    Voix : Pour vous, c’est sur…

    Plaisir : Il revient me sucer… youpiiiii….

    Ego : Mais je n’ai pas envie de me faire sucer, j’ai envie de jouir en lui baisant la bouche… FEU ! … manœuvre de dégagement de sa main de mes abdos… prise de contrôle de sa tête avec mes mains, nouvelle pénétration de sa bouche… des coups de reins, ma queue qui coulisse dans sa bouche…

    Plaisir : Voix a raison, si tu veux qu’il te laisse jouir dans sa bouche, vas y mollo, Ego…

    Ego&Plaisir : C’est intolérable… il me repousse encore… tu files du mauvais coton, Nico… je n’ai pas envie de jouer, mec, j’ai envie de jouir… et on ne joue pas avec l’envie de jouir…

    Voix : Mais c’est très excitant cette petite mutinerie…

    Plaisir : Bof, vite fait… trop envie de venir…

    Ego : Je ne vais pas me laisser faire… vite ôter à nouveau sa main, replonger ma queue dans sa bouche… limer à fond…

    Plaisir : Regarde, Ego, sa main revient à la charge…

    Ego : L’empêcher de faire ça… interception et immobilisation de la main de Nico par une prise puissante… Main stoppée… FEU VERBAL… colère, agacement, ton de voix intimidant : « Arrête ça… »…

    Plaisir : Naaaan… il arrête de sucer ce petit con…

    Voix : Il te défie, il te tient tête… mate son regard… il ne se démonte pas… ton autorité de mâle en prend un coup…

    Ego : Option : partir en le laissant là comme un con… ? Ca lui ferait les pieds…

    Plaisir : Naaaaaaan !!!... trop envie de jouir…

    Voix : Et bien envie de voir comment cette histoire va se terminer, non? Envie de savoir où est ce qu’il va t’amener ce nouveau Nico… vous êtes tous les deux curieux de voir ce qu’annonce son petit sourire coquin… mais pour le savoir, il faut lui faire confiance, il faut le laisser faire… accepter que ce soit lui qui vous apporte le pied et non pas vous qui allez le chercher… savoir attendre… il faut que toi, Ego, tu t’effaces un peu pour laisser partir Plaisir vers un monde de jouissances inconnues…

    Plaisir : J’ai envie de venir tout de suite…

    Voix : Tu sais très bien qu’avec Nico tu ne perds rien pour attendre…

    Ego : Je ne veux pas me laisser faire…

    Voix : Tu sais très bien qu’avec Nico tu ne perds rien quand tu te tais…

    Ego : Un mec ne doit pas se laisser faire…

    Voix&Plaisir : Foutaises… il n’y a que ça de bon…

    Ego : Vous me cassez les couilles…

    Plaisir : Ses lèvres sur la queue, un délice… ces petits coups de langue au creux du gland… bonheur absolu… et sa main s’enroule autour du manche… je quitte le sol, je décolle, c’est trop, c’est top… un plaisir qui monte tout doucement, qui se frustre par moments, qui jaillit de partout où on ne l’attend pas… et ça reprend, encore et encore… je suis fou d’envie de jouir et au même temps j’ai envie que cette attente dure… c’est aussi bon que la fois qu’il m’a branlé si longtemps avant de me faire jouir comme un malade… comme jamais je n’aurais cru pouvoir jouir rien que sous les caresses d’une main…

    Ego : Je ne sais pas comment je me retiens de lui enfourner la queue dans la bouche pour me lâcher tout de suite…

    Plaisir : Tais toi Ego, ne gâche pas tout…

    Voix : De toute façon, il ne te laissera pas faire…

    Ego : Pffff !!!

    Plaisir : Je perds les pédales, c’est fou ce qu’il me fait, il maîtrise ça avec une précision redoutable…

    Ego : Je ne peux pas être à sa merci… je dois jouir comme je l’entends…

    Plaisir : Je dois surtout jouir vite…

    Pare-feu : Ca, je ne te le fais pas dire…

    Voix : Enfin, Plaisir… tu devrais savoir que le plaisir masculin ne se passe pas uniquement dans la poignée de secondes que dure l’orgasme… que cela se joue bien plus intensément dans tout ce qu’il y a avant, et en particulier dans cette excitation à très haute tension…

    Plaisir : Je me relâche, je me laisse transporter…

    Voix : Ca y est, Plaisir commence à comprendre…

    Plaisir : Ego, lâche l’affaire, lâche la main de Nico, laisse le faire… il faut bien admettre que ce qu’il est en train de faire, même si c’est à sa façon, c’est rudement bon… regarde… en plus il est à genoux devant toi, il s’occupe de ta virilité sans même que tu ne lui renvoies l’ascenseur… si ça ce n’est pas de la bonne soumission, je ne m’y connais pas… tu devrais être flatté…

    Ego : Mouais… mais je n’approuve pas du tout la méthode…

    Voix : C’est juste car ce n’est pas toi qui dirige…

    Plaisir : Merci d’avoir lâché sa main… tu vois, c’était une bonne idée… il s’en sert pour caresser doucement les couilles… et ça augmente encore mon plaisir, notre plaisir…

    Ego : Je n’approuve toujours pas la méthode…

    Voix : Macho ! Tu ne vas pas être déçu, tu le sais bien… de toute façon, il n’y a pas le choix… si Plaisir veux jouir aussi fort que ça s’annonce, il faut suivre… Ego, si tu te rebiffes, tu risque de tout foutre en l’air…

    Plaisir : Non, de grâce, ferme la, Ego… fais confiance à Nico… je sens que ça ne va vraiment pas tarder à venir…

    Ego : Merde !!!

    Voix : Accepte donc qu’il te fasse du bien…

    Ego : Merde !!!

    Voix&Plaisir : Tu prends ton pied comme jamais…

    Ego : Merde !!!

    Voix&Plaisir : Profite, au lieu de gigoter…

    Pare-feu : Il fait chaud… dégager le torse…

    Ego : Bonne idée, Pare-feu… rabattre le t-shirt derrière le cou… rendre Nico dingue de la vision de mon torse… et BAM !... ça ne rate pas, il est enchanté, je le sens à sa façon de me sucer, qui devient plus puissante…

    Plaisir : Il connaît tellement des trucs avec sa langue, ses lèvres et sa gorge pour me faire plaisir… j’ai envie de crier…

    Pare-feu&Ego : Tais toi…

    Plaisir : Peux pas…

    Ego : Lâcher la soupape pour faire descendre la pression… laisser échapper un « putain… » venant du plus profond du cœur…

    Plaisir : Là c’est sur, il est bien parti pour me faire jouir… et ça va vite arriver… mais comment est-il possible de prendre autant mon pied dans la bouche d'un garçon ? 

    Plaisir&Ego : Mais qu’est ce qu’il fait, encore, ce Nico ? Je suis à deux doigts de venir et lui il ralentit l’allure…

    Voix : Vous êtes comme des cons, les deux malabars, hein ? J’adore ce petit Nico, capable de vous amener jusqu’aux étoiles et de vous mettre des claques un instant plus tard…

    Ego&Plaisir : Putain… mais il fait quoi ce petit con… je dois jouir, je dois jouir, je dois jouir, ce n’est pas possible autrement, je ne peux plus attendre, je suis si proche du but…

    Ego : Bouge pas Plaisir, je m’en occupe… Vite remettre des coups de reins dans sa bouche… FEU !!!

    Voix : Ego, tu y vas trop fort… le plaquage d’abdos est de retour…

    Plaisir : Il ne faut pas lui laisser faire ça…

    Ego : Sa langue est en train de lécher mes boules tout en branlant ma queue doucement… j’adore quand il fait ça… il lèche, il renifle, il adore mes couilles, il a envie de les vider… il a envie de mon jus…

    Plaisir : Mouais…

    Ego : C’est bon quand il s’occupe des boules, non ?

    Plaisir : Oui, mais la bite a besoin de ses lèvres….

    Ego : Elle attendra… tu attendras…

    Plaisir : Non, je n’en peux plus…

    Voix : Impatient…

    Plaisir : Ah… là c’est déjà mieux… sa langue qui remonte lentement le long de la queue… une nouvelle halte au creux du gland… il s’y attarde, il appuie bien, pendant que sa main branle mon manche… double plaisir…

    Ego : Nico se déchaîne… gorge profonde, titillement du bout du gland, succion appuyée, léchage rapide et insistant de la queue sur toute sa longueur…

    Voix : Bref, tout ce qu'un garçon fait mieux qu'une meuf…

    Ego : Plus je prends mon pied, plus j’ai l’impression qu’il a envie de m’en donner… 

    Plaisir : Rien ne va m’arrêter dans la course sur cette dernière, magnifique, délirante ligne droite vers l’orgasme…

    Pare-feu : Rien à part… un bruit dans l’espace des toilettes devant les cabines… Thierry et Bruno… vite, tout arrêter…

    Plaisir : Je peux pas arrêter, j’ai une trique pas possible, la queue en FEU, prête à balancer son jus…

    Voix : Faudra attendre un peu…

    Plaisir : Impossible…

    Voix : Mais si…

    Plaisir : Fallait qu’ils viennent pisser maintenant…

    Pare-feu : Ne te plains pas, ils auraient pu arriver pile au moment où tu sortais de la cabine…

    Plaisir : Si au moins ils pouvaient se dépêcher… sa bouche me manque déjà, je veux jouir… c’est long, trop long… je vais me branler…

    Pare-feu : Non ! Tu vas faire du bruit, tu vas te faire gauler…

    Plaisir : Tirez vous les gars !!!!!!!!!!

    Pare-feu : Ils te cherchent, Jérém…

    Plaisir : Qu’ils foutent le camp…

    Pare-feu : Ils te cherchent du coté des nanas…

    Voix : C’est fini pour toi le coté des nanas, tu es plutôt du coté de chez Nico…

    Ego&Pare-feu : Mais ça va pas la pouffiasse ??? Je ne suis pas pd !!!

    Voix : Un peu quand même…

    Ego : Va te faire foutre !

    Plaisir : Arrêtez de vous chamailler… écoutez… Thierry et Bruno se tirent… il y a plus urgent à achever…

    Ego : Envie de lui baiser la bouche et d’en finir…

    Plaisir : Pareil…

    Voix : Moi je le laisserai continuer comme tout à l’heure…

    Ego : NON !!! Maintenant je vais faire à ma façon…

    Voix : Pendant que vous vous battez, il a pris les devants… alors, cette fellation n’est pas du pur bonheur ?

    Ego : Si, mais j’ai besoin que ça aille plus loin… poser mes mains sur sa nuque et donner davantage d’élan…

    Plaisir : Ego… pas besoin des mains sur sa nuque… il y va assez franco tout seul… lâche-le, s’il te plait… laisse toi aller à la monté de ce plaisir, laisse toi surprendre, laisse toi déborder… prends juste appui avec tes mains sur ses épaules pour ne pas tomber lorsque ton corps sera secoué par l’orgasme qui approche à grands pas… apprécie le contact de tes pouces effleurant la peau de son cou...

    Ego : Je ne sais plus où je suis… j’ai le tournis…

    Plaisir : Et c’est pas bon ça ?

    Voix : Allez, Ego, fait pas le con…

    Ego : Si… c’est bon…

    Voix : Et beh dis donc… t’es long à la détente…

    Plaisir : Je vais jouir…

    Ego : J’ai envie qu’il avale… mais avant, lui montrer une fois de plus qui est le mâle… FEU !!! « Tu l'aimes ma bite... c’est ça, tu l’aimes… elle t'a manqué… c'est ça… elle t'a manqué... t’as besoin de ma queue pour prendre ton pied… elle te plait… je le sais… je le sais que tu en es dingue… ».

    Voix : Tu es incorrigible… t’avais besoin de faire ton « Ego » jusqu’au bout…

    Ego : En attendant, il aime ça… regardez comment il suce avec de plus en plus d’entrain… il pompe à fond… FEU à nouveau « Vas y, suce bien… salope… »

    Voix : Tu nous emmerdes…

    Ego : Ecoutez un peu ce qu’il balance…

    « T'es trop sexy Jérém... qu’est ce que t’es sexy avec ce t-shirt… ».

    Voix : T’aime bien entendre ça…

    Ego : Pas de signal… 

    Voix : Allez, sois franc, ça te plait qu’il te dise ça…

    Ego : Pas de signal…

    Plaisir : Euh… vous deux, là… pas de temps à perdre, trop près du but, trop attendu, trop envie…

    Ego : CHARGER réaction de mec… FEU !!! « Je sais… tais toi… suce moi... fais moi jouir, vite! »…

    Voix : Change de sujet, oui… t’aime qu’on te dise que t’es sexy… même si c’est un garçon qui te le dit… tu ne l’admettras jamais, mais tu aimes ça, Ego…

    Ego : Baiser la bouche en tenant fermement sa tête de mes deux mains…

    Plaisir : C’est bon, ça…

    Ego : OUTRAGE !!! … une fois de plus il repousse mon bassin…

    Voix : J’ai l’impression qu’il veut te faire jouir à sa façon…

    Ego : Il m’agace… ça suffit… je ne vais plus me laisser faire… un mec doit jouir comme il l’entend…

    Plaisir : Moi je m’en fous de qui baise qui, je veux juste jouir et vite…

    Voix : Plaisir, tu es insupportable…

    Ego : J’y vais franco, je lui baise la bouche, ce coup ci il me laisse faire… il faut savoir se faire respecter… en plus je sais qu’il aime ça, je vais enfin reprendre ma liberté de jouir…

    Voix : Ego, tu es insupportable…

    Ego : Envie de le regarder avaler ma queue… 

    Voix : Ca te plait de le regarder faire… 

    Ego : Ca me plait de le voir complètement soumis à ma queue… ça me plait de voir à quel point il en est dingue… ça m’excite de le voir à genoux… j'aime le regarder me sucer… c’est bon de voir son corps tout tendu à la recherche de mon plaisir à moi… c’est beau d’avoir quelqu’un qui ne jure, respire, vit que pour mon propre plaisir, pour qui je suis un dieu du sexe vivant… j’en ai vu des nanas folles de moi, de mon corps, de ma queue, mais Nico ne peut vraiment pas me résister, il est à moi, à moi… 

    Plaisir : Je sens que ça monte…

    Ego : Oui, je sens que ça monte, je sens que dans quelques coups de reins à peine je vais lâcher ma semence… j’ai envie de jouir dans la bouche mais aussi dans son cul… j’ai envie de lui jouir partout… quel plaisir choisir, celui de le voir avaler tout mon jus, ou celui de lui fourrer le cul? Lui coincer la tête contre le mur et me décharger dans sa bouche ou alors lui enfoncer mon pieu dans le cul et me répandre dans son ventre ?

    Plaisir : Vite, faut se décider… ça vient…

    Ego : Ou alors jouir sur son cou, dans ce triangle de peau imberbe entre l’ouverture des deux boutons en haut de sa chemise, voir mon jus glisser entre ses pecs légèrement dessinés, l’imaginer couler sur son torse à la peau blanche si fine, si douce, si sensuelle, imprégnant au passage le tissu de sa chemisette sexy… imaginer mon jus sur sa queue… c’est ça… j’ai envie de lui jouir sur la queue…

    Pare-feu : On ne peut pas lui faire ça… et surtout pas ici… on est trop à l’étroit…

    Plaisir : Dépêche, ça vient… tu veux jouir comment, où ?

    Ego : Je veux… je veux… je veux… je ne veux rien… je veux juste jouir… je sens ce vent chaud qui caresse mon corps de l’intérieur… ça vient… c’est du FEU, c’est du délire, c’est géant… j’adore cette sensation… l'ultime caresse humide de la langue sur le frein… pour peu qu’il serre très fort la queue à cet instant, il n'y a plus qu'une échappatoire possible, le sperme ne peut que jaillir et la seule chose qui importe est que ça soit dans sa bouche… ce qui est encore plus excitant, c’est de prévenir, le conditionnant à ne pas rompre le contact… c’est une annonce, qui sonne comme un ordre mais qui est au fond une supplique… aller au bout, ne pas gâcher l’instant… rester soudés l'un à l'autre, ma queue connectée à sa bouche dans une jouissance parfaite… juste le temps de lui balancer un « Je viens », pour l’encourager à m’avaler avant de perdre tout contrôle… je sens le flux de sperme passer sur toute la longueur, je sens ma bite se contacter pour expulser très fort mon jus... j’adore ce moment, sentir cette contraction musculaire, atteindre ce point de non retour juste avant que les jets de sperme inondent sa bouche... je… je… je m’évapore…

    Pare-feu : C’est du FEU, c’est du délire, c’est géant… je… je… je m’évapore… 

    Voix : C’est du FEU, c’est du délire, c’est géant… je… je… je m’évapore… 

    Plaisir : Comme toujours, lorsque l’orgasme approche, tous les autres foutent le camp… face à l’explosion du plaisir sexuel, je suis tout seul au monde… c’est bon ça… être seul maître à bord… seul cap, seul mot d’ordre, seule consigne, seule loi : JOUIR !!! Et alors, en avant, pendant que sa langue s’enroule goulûment autour de mon gland…

    Aaaaah… putain qu’est ce qu’il tête bien… maintenant je DOIS jouir… le bassin pousse sa tête contre le carrelage, je lui défonce la bouche… c’est tellement bon… je me sens perdre pied, je baise cette bouche, mais je ne contrôle plus rien, tout autour de moi et en moi fout le camp, emporté par la puissance du vent annonçant le cyclone sensoriel de l’orgasme… j’ai juste envie de me lâcher, je sens ma respiration s’emballer… c’est tellement intense que je ne me rends même plus compte si je vais jouir ou si je suis déjà en train de jouir…

    Voix : Il m’a manqué, putain qu’il m’a manqué, il nous a manqué à tous…

    Plaisir : C’est si bon d’être dans sa bouche

    Voix : C’est si bon d’être avec Nico, de faire ça avec Nico, j’adore ce garçon, il me fait un bien fou… c’est donc si dur de l’admettre ?  

    Plaisir : Tais-toi, Voix, laisse moi jouir de ce moment…

    Voix : C’est en jouissant qu’on s’avoue certaines vérités… 

    Plaisir : Et je JOUIS… 



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    Accoudé au comptoir, les jambes légèrement écartées, le bassin vers l’avant, la bosse bien en vue, Jérém a toute l’attitude d’un mec qui voudrait se faire sucer encore… enfin… presque… car, à bien regarder, on dirait plutôt qu’il apprécie cet appui pour récupérer de l’effort récent… oui, Jérém est comme ailleurs, il a l’air bousculé comme s’il venait de se faire secouer par une décharge électrique… alors qu’il vient juste de grimper aux rideaux grâce à une bouche bien intentionnée…

    Immergé dans sa bulle, séparé de tout ce et de tous ceux qui l’entourent, dans sa petite tête de jeune mec c’est carrément la fête…

    Le fait est que là dedans, il y a du monde… et ça discute, ça débat, ça se contredit, ça s’engueule…

    Il y a d’abord « Pare-feu »… c’est le « logiciel cérébral » qui est chargé de la sécurité, de la stabilité du système Jérém.2001 : sa principale mission est de préserver une image conforme à la réputation que le beau brun a tout fait pour se tailler… une image en adéquation avec les attentes qui découlent de cette réputation, à savoir : joueur de rugby admiré et redouté, bon pote, meneur de meute, bogoss convoité, coureur de jupons… mais en aucun cas, en-aucun-cas, homo refoulé… au pire, baiseur de petit-pd-vide-couilles…

    Pare-feu est chargé de garder les apparences, que ce soit vis-à-vis des autres mais aussi et surtout vis-à-vis de Jérém lui-même… Pare-feu est en garde permanente, il flaire les dangers, les perturbations nuisibles à l’image qu’elle est en charge de préserver et il alerte, fait chier tout le monde pour qu’on l’écoute…

    Pare-feu est tout le temps en veille active, ou presque… personne ne sait le faire taire, à part « Plaisir », dont on parlera un peu plus loin, surtout lorsque ce dernier passe en mode alcoolisé ou fumette ou baise… dans ces cas là, Pare-feu peut toujours causer, si tant que dans ce moment là elle puisse en avoir envie… il n’y aura personne pour l’écouter…

    Pare-feu est censé savoir ce qui est vraiment bon pour son hôte. Mais, en dehors de quelques illuminations ponctuelles, il manque de créativité et de courage pour cela.

    Depuis quelque temps, notamment depuis la première révision que son hôte, le beau Jérémie, s’est octroyée avec un certain Nico, Pare-feu se bat sans répit avec « Plaisir »… car Plaisir n’a pas de principes, ni de morale… il va au meilleur offrant… c’est en partie à cause de lui que Jérém a dit oui à (je cite Pare-feu) « ces maudites révisions qui ont tout mis sens dessus dessous »… même si Voix, dont on parlera un peu plus tard, a quand même joué un rôle de premier plan dans le dossier du Révisions-gate…

    Plaisir, quant à lui, est un « logiciel très masculin », celui qui fait que Jérém, comme tout garçon, se laisse si souvent driver par le plaisir… l’alcool… la fumette… le sport… la compagnie des potes et, par-dessus tout, le sexe… oui, c’est la faute de Plaisir si Jérém se laisse assez souvent driver par sa queue, où qu’elle l’amène…

    Ce qui caractérise Plaisir, c’est son coté « sans foi ni loi »… une nature profonde qui fait que, lorsqu’on tient un mec par sa queue, on se retrouve avec pas mal d’ascendant sur lui…

    Plaisir serait davantage pote avec « Ego », dont le nom de famille est « Viril »… Ego est un véritable coquin, il aime par-dessus tout être flatté, d’où que ça vienne… des potes… des coéquipiers de rugby… des adversaires de rugby… par un match gagné… par le regard rempli de désir d’une nana… par le regard admiratif ou envieux des autre gars… et, pourquoi pas, par le regard de Nico… par l’image d’une bouche ou d’un cul offert à son plaisir…

    Non, Ego n’a pas plus de principes que Plaisir… et lorsque Ego est comblé, son hôte ressens en lui ce bien être, cette assurance certaine qui le fait sentir tour à tour leader de sa bande de potes… leader sur un terrain de rugby… seul coq dans un poulailler… admiré, considéré, désiré en tant que mâle dominant… convoité par-dessus TOUT et par-dessus TOUS…

    Ego est très proche de Plaisir… notamment lorsque ce dernier est en mode baise…

    Et pour finir, il y a « Voix » : c’est l’employée la plus controversée de La Tête de Jérém, surtout qu’elle n’y bosse pas vraiment… elle bosse en délocalisé, mais elle ne se prive pas de donner des leçons à tout le monde… son nom entier est « Petite Voix Cachée », mais on l’appelle tout simplement « Voix »… son surnom de « Cachée » lui vient du fait que, contrairement à ses trois autres camarades qu’on tient en bonne considération, elle on fait tout pour l’éviter, pour l’ignorer… Voix est infréquentable, persona non grata…

    La raison ? C’est simple… les arguments de Voix sont déstabilisants, et ceci pour chacun des trois résidents officiels de la Tête de Jérém…

    Les arguments de Voix peuvent perturber Pare-feu car ils sont souvent plutôt dangereux pour l’image de Jérém… d’ailleurs, Pare-feu et Voix défendent souvent les opinions les plus diamétralement opposées dans la petite tête du beau brun… Pare-feu aime faire dans l’apparence, dans l’hétéroséxuellement correct, alors que Voix est dans le vrai à chaque instant… Pare-feu a dit un soir, après une bonne branlette sur la route du sommeil : « Jérém n’aime que les nanas », affirmation à laquelle Voix a rétorqué, du tac au tac : « C’est pour ça qu’en ce premier après midi de révisions, il a sauté Nico trois fois coup sur coup »…

    Les arguments de Voix peuvent également troubler Ego, car allant à l’encontre de son purisme machiste… un bon clash a eu lieu entre eux le jour où Voix a balancé à la figure de Ego « Tiens, faudrait un jour se décider à admettre que ça t’excite davantage voir Nico te sucer que n’importe quelle nana »… après cela, les deux ont été en froid pendant un certain temps…

    Les arguments de Voix peuvent même perturber Plaisir, des trois camarades le moins sensible aux perturbations... ainsi, le dernier grand clash en date entre eux, a eu lieu un soir sous la douche… la main de Jérém faisant des va et viens sur sa queue, Plaisir avait envoyé un souvenir de baise avec une nana que le beau brun s’était tapé quelques mois plus tôt… une nana sans tabous qui l’avait fait jouir comme peu de nanas l’avaient fait auparavant… la projection du souvenir « hétéro » tenait ses promesses, le beau brun approchait à grand pas de l’orgasme… c’est là que cette coquine de Voix, profitant de l’emballement de Plaisir et de la distraction de Pare-feu, avait arrêté la projection avec la nana pour lancer sa propre projection… un souvenir de la série « Nico »… le souvenir de la première fois que sa queue s’était enfoncé entre ses fesses… le souvenir de sa bite bien enserré dans ce ti trou divinement accueillant… le souvenir de coups de reins lui apportant un plaisir intense et inédit… le souvenir de son jus qui avait arrosé sa rondelle… même Ego en avait été émoustillé…

    Et, sous sa douche, le beau brun avait terminé son affaire avec cette image affichée sur l’écran de sa jouissance…

    Certes, Plaisir est bien moins rancunier que Ego… les scrupules de Plaisir ont d’ailleurs un caractère très très très provisoire, éphémère je dirais… car il suffit de faire plaisir à Plaisir pour que Plaisir s’adapte à n’importe quelle situation avec plaisir… et le souvenir projeté par Voix était un souvenir de pur bonheur, donc susceptible de lui parler…

    Voix est coquine, sournoise : mais son plus grand défaut c’est qu’elle parle vrai. Dès qu’elle l’ouvre, elle met tout le monde mal à l’aise, et finit très souvent par faire entendre ses arguments sexuellement incorrects et mettre son hôte devant ses contradictions. Et ça, c’est pas toujours facile à supporter.

    Le pire de tout, c’es que Voix est insistante, persévérante, puissante, plus on essaie de l’ignorer, plus elle gueule… et comme elle est cachée, on ne sait pas où aller la choper pour la contraindre au silence… enfin, si… à vrai dire, on devine parfaitement où elle se cache… mais pour aller l’inquiéter, il faut avoir le cran d’aller à cet endroit… le courage de se retrouver face à soi-même… on y reviendra plus tard…

    Non, Voix n’est pas appréciée, d’autant plus que, non seulement, elle se dispute régulièrement avec tous les autres locataires de la Tête de Jérém, mais elle se paie la lubie de semer la zizanie entre eux…

    Entre Pare-feu et Plaisir, par exemple… comme lorsqu’elle fait remarquer que baiser Nico, bien que très profitable à Plaisir, n’est pas du tout compatible avec le statut d’hétéro que Pare-feu s’évertue à défendre…

    Ou bien entre Pare-feu et Ego… lorsqu’elle lance le sempiternel débat pour savoir si c’est bien raisonnable de prendre son pied devant la soumission de Nico et de lui refuser des câlins… quitte à risquer de le perdre un jour… et, autre débat… n’est-ce pas con de lui refuser des câlins surtout quand on en a envie, sous prétexte qu’Ego s’y oppose ?

    Voix a même le cran de mettre les pieds dans le plat entre Plaisir et Ego… est-ce donc bien en harmonie avec l’orthodoxie hétérosexuelle que d’aimer de se faire lécher la rondelle, par un mec qui plus est ? Ou alors de faire un plan à trois avec Guillaume pour jouir dans la bouche d’un mec pendant que l’autre te lèche la rondelle ?

    Non, Voix ne peut pas s’empêcher de la ramener… elle s’est ainsi taillée une persistante réputation de fouteuse de merde, de trouble fête, de rabat-joie… des alliances se font et se défont pour tenter de l’isoler, de la décourager, de la bâillonner…

    A contrario, et c’est tellement rare pour mériter d’être cité, il arrive qu’elle trouve une oreille attentive en Pare-feu… les deux, que tout oppose la plupart du temps, arrivent à se rapprocher dans des moments de doute… et dans ces moments là, Pare-feu serait presque enclin à écouter ses suggestions… hélas, leur alliance ne dure que jusqu’à que Plaisir ne se rapproche d’Ego… lorsque Plaisir est en branle, Ego s’éveille aussitôt, et vice-versa… et les deux ensemble, ont vite raison de Pare-feu… Voix se retrouve alors seule, et elle n’arrive pas à faire le poids…

    Voilà un sketch typique dans la Tête de Jérém le soir dans le lit avant de trouver le sommeil:

    Pare-feu : Le bac est passé, bientôt je n’aurai plus l’occasion de voir Nico…

    Voix : Admets que ça te fout le cafard… car tu tiens à lui quand même…

    Pare-feu : Ce n’est pas faux…

    Plaisir : Envoyer la main sur la queue…

    Ego : Envoyer souvenir de ma queue qui baise la bouche de Nico, l’image de sa soumission…

    Voix : Admets quand même que Nico ne n’est pas qu’une histoire de cul…

    Pare-feu : Pas de signal…

    Plaisir : Je jouis… et je m’endors…

    En général, Voix attend que jouissance vienne et passe, que Pare-feu retrouve contenance, pour recommencer à la ramener… mais parfois cette petite peste arrive même à se faire entendre au beau milieu de la déflagration de l’orgasme… ce qui la rend tout particulièrement insupportable…

    Oui, dans la petite tête d’un Jérém accoudé au comptoir, fumant sa cigarette juste après une pipe de dingue dans une cabine des chiottes, avalant sa bière juste après avoir joui dans la bouche de Nico, voilà que tout ce petit monde, qu’on appellera les quatre fantastiques, est en pleine fibrillation…

    Pare-feu : Je suis absent. L’orgasme récent, la fatigue montante, la rassurante proximité des potes, la nicotine et l’alcool font que je peux prendre des RTT. En cas d’urgence vous pouvez vous adresser à Ego, il sait comment me joindre… mais dans l’immédiat, évitez de laisser un message… merciiiiiiii…

    Plaisir : Putain, cette pipe… qu’est-ce que c’était bon…

    Ego: Juste jouissif de voir Nico si soumis, si plein d’envie de moi… (oui, les quatre fantastiques parlent au nom de Jérém…).

    Plaisir : Un Nico qui puait carrément la baise, le cul…

    Ego : Il est raide dingue, il a vraiment envie de se faire sauter par ma queue, tout le temps…

    Voix : Tu l’aimes bien plus que tu veux l’admettre, ce petit Nico… (… et parfois ils s’adressent directement à Jérém…).

    Plaisir : J’aime bien le baiser… c’est tout…

    Pare-feu (soudainement de retour) : C’est pas le moment pour ce genre de discussions… je suis épuisé… je sens ce petit malaise qui monte, cette petite tristesse, cet abattement, ce cafard qui vient après toute jouissance… là, vraiment, pas envie de me lancer dans des tirades philosophiques… juste besoin d’être tranquille… c’est comme après une cuite… besoin de décuver, de retrouver les esprits petit à petit sans qu’on me fasse chier… il m’a mis une torgnole, ce Nico… ça fait du bien cette cigarette après avoir joui, ça calme…

    Ego: S’ils savaient, Bruno et Thierry, en train de déconner là devant moi, s’ils savaient comment j’ai joui pendant qu’ils me cherchaient…

    Pare-feu : Il vaut mieux qu’ils ne sachent pas…

    Plaisir : C’était un truc de dingue…

    Voix : C’est toujours un truc de dingue avec Nico…

    Plaisir : Cette chaleur dans le ventre…

    Pare-feu : Je sens la fatigue me gagner… comment vais-je tenir jusqu’au petit matin ? Envie de mon lit…

    Voix : Envie de ton lit, mais pas tout seul, je parie…

    Pare-feu : Bien sur… tout seul…

    Voix : Tu ne vas pas me faire croire que tu n’apprécierais pas que le petit Nico ne vienne te rejoindre pour un petit câlin que tu ne saurais pas garder longtemps « petit »… allez, admet-le… t’as tout le temps envie de coucher avec lui…

    Ego : De baiser…

    Voix : De coucher… et je dirais même… de faire l’amour… surtout lorsqu’on repense à une certaine fameuse nuit après le retour de l’Esmé… Ego… tu m’entends ?

    Pare-feu : Nico attablé avec des potes…

    Ego : A quoi pense-t-il ? A ma queue dans sa bouche ? A mes coups de reins ? Ou alors à mon jus qui coule en lui, à ma queue qui s’enfonce dans son cul jusqu’aux couilles pendant qu’il se branle… à la chance qu’il a de se taper le mec que toutes les nanas voudraient se taper…

    Voix : Et toi, tu penses à quoi, l’Ego du beau mâle Jérémie ? 

    Ego: Au plaisir de dingue que je viens de prendre dans sa bouche soumise…

    Voix : Soumise… pas vraiment… et de sa mutinerie, de sa façon de prolonger l’attente de te prendre en bouche malgré tes injonctions d’y aller tout de suite… t’en penses quoi ?

    Ego : Rien à cirer, le principal c’est qu’il m’ait taillé une pipe de dingue car il ne peut pas se passer de ma queue…

    Plaisir : Qu’est ce qu’il suce bien, ce Nico… et de mieux en mieux… 

    Ego&Pare-feu : [en mode ALERTE ROUGE] Est ce qu’il a déjà sucé un autre mec ? Le mec de la piscine ?

    Voix : Ego + Pare-feu = jalousie ?

    Ego : Il aime trop ma queue… je n’ai rien à craindre… il ne trouvera pas un mec qu’il le baise aussi bien que moi… belle trouvaille de la lui enfoncer dans le cul pendant qu’il se branlait, belle revanche au défi qu’il a osé lancer a ma virilité…

    Voix : Et s’il avait quand même envie d’essayer avec un autre mec, pour voir… ça ne te ferait pas chier ?

    Ego : Il n’essayera pas…

    Pare-feu : Tu bandes, Jérém, fais gaffe… ton bassin est trop vers l’avant, il faut te ressaisir, sinon ça va se voir…

    Voix : D’ailleurs ça s’est vu, surtout que t’as porté une main sur la braguette pour tenter de remettre le matos en place… rien que de penser à ta queue en Nico, ton érection est entière et la bosse saillante de la braguette est désormais bien remplie…

    Plaisir : Oupssss…

    Pare-feu : Thierry a remarqué la manœuvre et il n’a pas manqué de te le faire remarquer en fanfaronnant :

    « Tu penses à la blonde de tout à l’heure ? Je ne comprend pas pourquoi t’as pas voulu la baiser »…

    Ego : Je voulais rester avec vous, les potes…

    Voix : Et la marmotte, le chocolat, le papier alu, non ?

    Plaisir : Je n’en avais pas envie…

    Voix : T’avais envie de rejoindre Nico…

    Ego : Au départ je voulais juste voir s’il était fâché…

    Voix : Mouais… et ça s’est fini dans les chiottes avec ta queue dans sa bouche…

    Ego : C’est lui qui m’a chauffé, il m’a cherché et ça a dérapé… d’ailleurs il a tout fait depuis le début de la soirée pour me chauffer…

    Voix : Plains-toi…

     

    Petit retour en arrière sur le déroulement de la soirée.

     

    Ego : Je vais arriver à la soirée avec mon t-shirt moulant, ça va faire son effet… toutes les nanas vont me mater…

    Voix : C’est que pour les nanas que tu t’es fait beau ?

    Pare-feu : Oui, pour qui d’autre ?

    Voix : Ce ne serait pas pour en mettre plein la vue à un certain Nico… t’as pas arrêté de penser à lui de la semaine…

    Pare-feu : Pas de commentaires…

    Ego : Pas de signal…

    Voix : D’ailleurs… il est où le petit Nico ? Il n’est pas encore arrivé ? Il va venir à la soirée, quand même… je ne sais même pas s’il a confirmé…

    Plaisir : Il est là, caché dans le petit groupe…

    Voix : Ah, le voilà… enfin… il m’a manqué, putain qu’il m’a manqué depuis dix jours… son visage, sa chute d’épaules, son torse, son cou… il faut bien admettre qu’il est mimi ce Nico, avec son joli petit physique agréable et harmonieux, ni trop viril ni pas assez… sa peau douce, claire, avec de tous petits grains de beauté… avec ses cheveux épais… et ce soir un joli brushing plutôt sexy…  

    Plaisir : Et un cul, mon dieu, un truc de dingue son cul… 

    Voix : En plus il est gentil, il est amoureux, il est câlin… et ça fait un bien fou… jamais personne n’a été aussi à fond sur moi… ça me donne des ailes.. 

    Ego : Voix… tu m’agaces !!! 

    Pare-feu : De toute façon on va s’éloigner et se perdre de vue… 

    Voix : Et ça, c’est un souci, Pare-feu ? 

    Pare-feu : Je ne sais pas… je crois… 

    Voix : Mais tu vacilles, mon petit Pare-feu… serais-tu comme… amoureux ?  

    Ego&Pare-feu : On ne peux pas être amoureux d’un pd… 

    Plaisir : Je suis dingue de sa bouche, de son beau petit cul… plus je le baise, plus j’ai envie de le baiser…

    Ego : Plus je le baise, plus il a envie de se faire baiser…

    Voix : Plus tu le baises, plus tu l’as dans la peau… le sexe crée des liens, que tu le veuilles ou pas…

    Ego : De la pure, bonne baise, je te dis…
    Voix : C’est plus que ça, Ego, bien plus que ça… et tu le sais bien… il te fait envie... Nico te plait, admet-le… tu te sens bien avec lui… ça va au delà de la baise et ça va même au delà de l’attraction physique… tu ressens quelque chose de plus fort qu’une parfaite entente sexuelle, quelque chose de plus intense qui fait brûler ton désir pour lui…

    Ego&Plaisir : Être en lui c'est juste divin…

    Voix : Un jour vous serez obligés de regarder les choses en face…

    Ego&Plaisir : Il n’y a que ça de vrai, jouir…

    Voix : Et les câlins…

    Ego&Plaisir&Pare-feu : Il n’y a que ça de vrai, jouir… jouir très fort…

    Voix : Même toi, tu es d’accord avec ça, Pare-feu ?

    Pare-feu : Il m’est plus facile d’être d’accord avec eux qu’avec toi…

    Plaisir : Jouir très fort… comme l’autre jour à la piscine…

    Ego : … comme l’autre jour dans les vestiaires du terrain de rugby… 

    Voix : Dites ce que vous voulez… Nico est là et je sens cette sensation de papillons dans le bas ventre qui me donne de beaux frissons…  

    Plaisir : J’ai envie de jouir en lui, de lui jouir partout…  

    Ego : J’ai envie de le faire vibrer avec ma queue, envie de le secouer de fond en comble…

    Voix : Pffff… qu’est-ce que vous pouvez être terre à terre… moi je suis heureuse qu’il soit là, ça me fait du bien de le voir… en plus, il a fait de sacrés efforts dans la tenue… regardez un peu son jeans bien ajusté… et sa chemisette, comment elle tombe bien sur son torse…

    Plaisir : Envie de le déshabiller, de frotter ma peau contre sa peau… envie de le caresser, envie qu’il me caresse…

    Pare-feu : Je l’ai regardé plusieurs fois mais je n’ai jamais réussi à croiser son regard… soit il ne m’a pas vu, ou alors il fait la tête…

    Voix : S’il fait la tête, c’est peut-être à cause du comportement de goujat tenu par Ego samedi dernier…

    Ego : De quoi ?

    Voix : Envoyer chier Nico après qu’il t’ait proposé de finir la soirée ensemble… lever deux pouffes sous ses yeux…

    Ego : Je n’ai pas besoin de gants avec lui… d’autant plus que, plus je le repousse plus il s’accroche…

    Voix : C’est sûr qu’il en veut ce petit, pour supporter un Ego comme toi, c’est qu’il est couillu… mais est-ce que samedi dernier tu n’aurais pas été trop loin ? Est-ce que le coup du charme suffira à rattraper le coup dans ce jeu du quitte ou double où t’as déjà pris tant de risques?

    Pare-feu : Je devais LUI montrer que je peux me passer de lui…

    Voix : Disons plutôt que tu devais TE montrer que tu peux te passer de lui… mais ce n’est pas vrai, on ne peut pas se passer de lui… on ne peut plus…

    Pare-feu : Je me demande de plus en plus souvent comment ça va se passer avec Nico dans les semaines, dans les mois qui viennent… quand est-ce qu’on va arrêter de se voir… quand est-ce que je vais le voir pour la dernière fois…

    Plaisir&Ego : Quand est-ce que je vais le baiser pour la dernière fois…

    Voix : Déjà il faudrait voir comment ça va se passer avec Nico dans les secondes qui viennent… est-ce que toute la panoplie de bogoss que t’as mise en œuvre - un nouveau parfum, un nouveau t-shirt blanc moulant, le regard charmeur, le sourire incendiaire, cette simple façon d’être mec qui le rend dingue de toi – est-ce que tu penses que tout cela va suffire à ramener Nico vers Jérém ?

    Ego : Il n’y a qu’une façon de le savoir… il faut y aller…

    Voix : Y aller au risque de se faire envoyer valser…

    Ego : Dans ce cas, très improbable par ailleurs, je ne me laisserai pas faire… s’il me jette, je vais riposter, je vais sortir des trucs bien méchants… non, ce ne sera pas lui qui aura le dernier mot… s’il me repousse, je vais le repousser encore plus violemment… s’il me cherche, il va me trouver…

    Voix : Il faut quand même admettre que Nico s’est vraiment fait beau ce soir…

    Ego : C’est pour moi ?

    Voix : Pour qui d’autre, du con ?

    Ego&Pare-feu : Peut-être pour draguer en boite…

    Voix : Pfff… encore pour Pare-feu, je comprends… il se fait tout le temps du souci… mais toi, Ego… ça me scie de voir à quel point tu donnes tout le temps l’impression d’être si sûr de toi… mais il suffit le moindre grain de poussière dans tes rouages pour te faire buguer instantanément… l’Ego masculin… géant aux pieds d’argile ?

    Ego : Mais fiche moi un peu la paix, veux-tu? Mate plutôt l’effet que je lui fais rien qu’en m’approchant de son groupe… c’est dingue, il me regarde comme un Dieu… il veut baiser avec moi, ça se voit, il en crève d’envie…

    Voix : Tu penses vraiment que sa seule envie est de coucher avec toi ?

    Ego : Mais je m’en tape de ses envies à lui… moi je ne veux que ça, baiser avec lui…

    Plaisir : Moi aussi, je veux baiser avec lui…

    Pare-feu : Je ne peux me permettre autre chose que ça…

    Voix : On ne le retiendra pas éternellement rien qu’avec la queue…

    Ego : Je vais lui faire la bise, je vais le faire fondre…

    Pare-feu : La bise à un mec qui n’appartient pas à ta meute ? T’es sur de toi ? Tout le monde regarde…

    Ego : On s’en tape… ma réputation de mâle n’est plus à faire… bise envoyée… comme prévu, il fond…

    Plaisir : Moi aussi je fonds… son parfum sent bon, c’est agréable d’approcher mon torse du sien… ma joue contre sa joue…

    Voix : Ca y est, t’es content toi aussi, hein, de le retrouver après dix jours…

    Ego : Ils commencent à me gonfler tous autant qu’ils sont… il faut secouer tout ça… préparer la torpille « Flatterie »..

    FEU ! « Dis donc, tu t’es fait beau ce soir… »…

    FEU à nouveau, torpille « Contact tactile » ! : Appuyer une main sur son épaule…

    Ego : Cible atteinte en plein cœur… là le Nico ne fond plus, il se liquéfie carrément… eh, vous, les trois pignouffs, ça vous en bouche un trou, hein ? Et je n’ai pas encore fini… est temps de lâcher l’arme de séduction massive pour achever le travail…

    FEU ! Affichage de sourire canaille en s’éloignant de lui…

    Pare-feu : Nico est terrassé… la manœuvre d’Ego a fait son effet…

    Ego : Et pas qu’un peu…

    Voix : Bouffon, va… Nico est bien assez sous le charme sans que tu en fasses des tonnes… si tu ne veux pas lui donner la tendresse dont il a besoin, arrête au moins de jouer avec lui …

    Plaisir : C’est marrant, ça, c’est marrant de jouer… pas autant que de jouir, mais marrant quand même…

    Voix : Pour vous, peut-être… pour Nico, je ne suis pas sûre…

    Ego : Même au resto il ne me quitte jamais du regard… il a beau être à l’opposé de la table, jamais il n’arrête de me zyeuter…

    Pare-feu : Je fais le con avec Thierry pour chasser la tristesse de cette soirée d’adieux…

    Ego : Je fais le con avec Thierry pour qu’on se souvienne de moi comme le mec charmant et drôle… et puis, ce n’est pas désagréable du tout de se sentir au centre de l’attention…

    Voix : Tu déconnes un peu aussi pour attirer l’attention de Nico, je me trompe ? Une ruse de plus pour le charmer…

    Pare-feu : A la Bodega, il discute avec Thibault…

    Ego : Ils parlent de quoi ?

    Ego&Pare-feu : Aller chercher Thibault pour une partie de billard…

    Ego : Je vais tout faire pour gagner…

    Plaisir : C’est bon de se faire un billard avec les potes…

    Ego : Et revoilà Nico, il est venu me mater au billard… surtout pas me rater…

    Voix : Ca te fait drôlement plaisir qu’il soit venu te voir, hein, tout comme ça t’a fait drôlement plaisir qu’il soit venu te voir en terrasse le premier jour de ton taf à la brasserie… avec Thibault… ah, Thibault… je suis sur qu’il a deviné pas mal de choses sur ce qui se passe entre Nico et moi… je suis sur que c’est lui qui a dit à Nico pour mon taf… sacré Thibault… en plus, ils ont l’air de bien s’entendre ces deux là… 

    Pare-feu : Pas sur que ce soit une bonne chose que Thibault soit au courant de tout ça… et que ces deux là se rapprochent… 

    Ego : Merde, avec vos conneries vous m’avez perturbé, j’ai raté mon coup au billard… fait chier…

    Voix : C’est la présence de Nico qui te coupe les moyens ?

    Pare-feu : Va savoir…

    Ego : C’est vos conneries, oui… en plus on a perdu la partie…

    Plaisir : Tu vas te consoler avec une bonne bière entre potes…

    Voix : Je suis sûr que tu te demandes déjà où est passé Nico…

    Ego : N’importe quoi…

    Plaisir : C’est bon de discuter et de déconner entre potes… on se sent bien dans la meute…

    Pare-feu : Je confirme…

    Ego : La blonde qui choisit mon briquet et qui me file son 06 me remonte le moral…

    Voix : C’est maladif ce besoin de plaire tout le temps…

    Ego : Ca fait du bien de voir que la nana m’a choisi parmi les autres potes autour de la table…

    Voix : T’as même pas envie de la sauter, alors pourquoi tu t’acharnes à vouloir lui plaire ?

    Pare-feu : Réflexe d’hétéro…

    Ego : C’est bon de charmer, de se faire désirer… et c’est sacrement galvanisant de se payer le luxe de laisser en plan…

    Voix : T’es vraiment un sacré petit con…

    Ego : Assumé, qui plus est, assumé…

    Voix : T’assume pas tout, non… ce que tu ne dis pas, c’est que t’as rembarré la blonde parce que t’as envie de finir ta soirée au lit avec Nico…

    Plaisir : Voilà une bonne idée… finir la soirée au lit… on trouvera bien le moyen de rentrer tous les deux depuis l’Esmé comme la dernière fois… quelle baise cette nuit là…

    Ego : Oui, quelle baise…

    Voix : Euh… si cette baise était si bonne, c’est justement parce que ce n’était pas de la baise… je vous dis et je vous répète que cette nuit là, Jérém a fait l’amour pour la première fois de sa vie…

    Ego : Conneries !

    Voix : Tu ne te souviens pas, Ego, comment t’étais blessé par ce qui venait de se passer ? Tu ne te souviens pas de ce guignol alcoolisé que t’avais cogné dans les chiottes ? Tu ne te souviens pas non plus de comment, soudainement, t’avais eu peur de perdre ton Nico ? Et que c’est bien pour cela que tu t’étais laissé aller à un peu de douceur ? Et que tu lui as demandé de rester dormir…

    Ego : Foutaises…

    Plaisir : Le pied, cette nuit là…

    Voix : Et le matin t’as tout gâché…

    Ego : Il m’a saoulé, il était trop collant…

    Pare-feu : Quelle tristesse après l’avoir si méchamment foutu à la porte…

    Voix : Tu t’es vraiment comporté comme un sale con sur ce coup là…

    Ego : Tiens, le voilà en train de boire tout seul… l’occasion est trop belle, m’approcher par surprise pour l’achever avec mon charme… « Le sourire »… arme non conventionnelle prête à frapper…

    FEU ! Je lui balance mon plus beau sourire, il va s’embraser…

    Voix : Il ne s’embrase pas trop, non… son regard est même plutôt glacial… tu en fais trop, tu l’énerves plus qu’autre chose… on dirait bien qu’il te fait la tête…

    Ego : Je sais pourquoi il fait la tête…

    Voix : Alors baisse d’un cran…

    Ego : Jamais… j’ai même envie de le lui entendre dire…

    Voix : Quel connard tu fais…

    Ego : Mate l’artiste au travail… feu de « Mauvaise foi » à volonté… je le chauffe, je fais semblant de ne pas comprendre…

    Pare-feu&Voix : Tu vas te faire jeter…

    Ego : Rien de tel… et enfin ça vient, c’est bien le plan à quatre de samedi dernier qu’il n’a pas digéré…

    Voix : T’as mal agi…

    Pare-feu : Je ne sais pas… j’avais envie de l’éloigner avant que la vie ne nous éloigne, c’est pour ça que j’ai joue ainsi…

    Voix : Peur de souffrir lorsque la vie vous séparera ? Est-ce un sentiment qu’on éprouve pour un simple fuck-friend ?

    Ego : J’avais envie de tester sa jalousie, c’est pour ça que j’ai joue ainsi…

    Voix : Ca c’est déjà plus honnête… cela m’épate, venant de toi, Ego…

    Plaisir : J’avais envie de me vider les couilles d’une autre façon, c’est pour ça que j’ai joue ainsi…

    Voix : T’avais aussi envie de baiser cote à cote avec ton pote Thibault… d’ailleurs… t’as bien aimé le voir prendre son pied… t’as même ressenti des frissons quand vos peaux se sont effleurées… t’as même voulu qu’il reste dormir avec toi… et quand tu t’es réveillé dans ses bras, tu as adoré… tu avais même joui dans ton boxer…

    Pare-feu&Ego : Elle va la fermer un jour celle là ?

    Plaisir : Il faut admettre que j’ai pris mon pied en regardant Thibault en train de baiser…

    Pare-feu&Ego : Plaisir, tu vas pas t’y mettre toi aussi ?

    Voix : T’avais même envie d’aller beaucoup plus loin avec lui…

    Pare-feu&Ego : LA FERME !!!

    Voix : Je suis sur qu’un jour ou l’autre tu vas franchir le pas avec Thibault, c’est obligé… il faut que tu évacues ça pour que ça cesse de te hanter… 

    Plaisir : Pourquoi pas… 

    Ego : Mais, vraiment… ils ne sont pas bien ces deux là !!! 

    Pare-feu : Que deviendrait notre amitié si je couchais avec Thibault ?

    Voix : C’est une question pertinente…

    Plaisir : Ca risque d’être presque aussi bon qu’avec Nico…

    Pare-feu : Plaisir, tu es une pute !

    Ego : Voix, tu me casses les couilles !

    Voix : J’adore foutre la pagaille…

    Ego : Vous me les brisez menues… et Nico me saoule aussi d’être fâché à cause de ce plan… Grenade de relativisation… FEU !!! : « Rien que pour ça ? ».

    Pare-feu : Vas-y mollo… Nico est en train de s’énerver…

    Ego : Nico qui s’énerve à cause de moi… c’est jouissif… FEU, encore !!! « J’avais d’autres projets ».

    Voix : A mon avis, tu vas te prendre un de ces retours de boomerang…

    « Bah, oui, me ridiculiser avant de lever deux pouffes et partir t’envoyer en l’air avec ton super pote… ».

    Ego : Alors… là… là il me chauffe les oreilles… vite riposter… FEU à volonté… la main saisit son bras violemment… FEU !!! … « J’ai pas de compte à te rendre, mec… » FEU !!! « … si j’ai envie de te baiser, je te baise, si j’ai pas envie, j’ai pas envie, c’est compris ? »…

    Voix : T’y a été un peu fort, Nico a l’air complètement anéanti…

    Pare-feu : Vite rattraper le coup… « Tu bois quoi ? »…

    Voix : Ego… qu’est ce que tu peux être parfois injuste et con avec ce gentil garçon…

    « J’ai envie de goûter à ton jus… ».

    Ego : Gentil garçon, Nico ? Il faut le dire vite… dis donc, Voix… t’as bien entendu toi aussi ce qu’il vient de me balancer, là ? Des mots dont je ne l’aurais jamais cru capable…

    Voix : Plains toi…

    Plaisir : Enfin on parle de baise…

    Ego : Je ne me plains pas… j’adore quand il me dit ce genre de truc… quand il fait sa petite pute… quand il fait sa salope soumise à mes envies…

    Voix : Le fait qu’il puisse faire parfois sa « petite pute », comme tu le dis, n’exclut pas que le garçon ressent autre chose pour toi qu’un désir sexuel… s’il s’accroche au sexe, c’est qu’au final, la baise est le seul truc que tu lui permets de partager avec toi…

    Ego&Plaisir : Il a envie de moi, il en crève…

    Voix : Alors, tu vas répondre quoi à sa proposition coquine ?


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    « Lâche-moi un peu les baskets, tu veux bien ? ».

    Saligaud !, j’ai envie de lui crier… saligaud !... je la voyais venir celle-là… t’es venu ici pour te taper d’autres gars, c’est ça ? Tu veux voir comment des mecs vont tomber comme des mouches devant ta virilité ? Tu veux me faire payer ma petite rébellion de toute à l’heure, c’est ça ?

    Je sens la terre se dérober sous mes pieds… puisque tout est perdu, alors c’est décidé, je balance mes dernières cartouches… j’y vais… j’avance mon buste et je l’embrasse, je pose mes lèvres sur les siennes… c’est viscéral, je ne peux pas m’en empêcher… non, je ne peux pas m’empêcher de lui montrer dans ce lieu de baise dans lequel il veut que je le laisse seul, de lui montrer que je l’aime, de lui montrer à quel point je l’aime…

    Pris par surprise, il lui faut une petite seconde pour réagir… mais lorsque la réaction vient, elle se fait sentir : ses mains attrapent mes mains, les décrochent de sa nuque, les balancent loin avec un geste énervé et violent, et repartent aussitôt mettre un grand coup sur mes épaules, un coup tellement puissant que je manque de peu de me vautrer par terre…

    Je me rattrape de justesse en posant une main sur le mur, à quelques centimètres de la porte de la salle de projection… inutile de préciser que mon baiser a été interrompu brutalement…

    Je n’ai que le temps de capter son regard noir plein de colère… il fait demi tour, sans un mot et s’enfonce dans la pénombre encore plus sombre de ce deuxième couloir…

     

    « Lâche-moi un peu les baskets, tu veux bien ? ».

    Quoi faire maintenant ? Je n’aurais jamais du lui dire que j’avais couché avec Stéphane… je n’aurais pas du lui parler comme je lui ai parlé dans la voiture, le provoquer autant… je savais qu’en le bousculant de la sorte, j’allais lui donner le prétexte pour me préparer un sale coup… voilà sa vengeance… c’est donc de cette façon qu’il va me faire payer mon effronterie… c’est donc cela que présageait son silence lourd comme un âne mort…

    Putain, Nico… depuis le temps tu devrais savoir que lorsque tu essaies d’atteindre le beau brun, ça se retourne toujours contre toi… et là t’as tout gagné… cette nuit Jérém va se faire sucer sous ton nez… il va même peut être sauter un gars… et le pire c’est qu’il va y prendre goût… et le On Off n’est qu’à quelques minutes à pieds de chez lui… même pas besoin de prendre la voiture pour trouver quelqu’un prêt à le faire jouir à presque n’importe quelle heure…

    J’ai envie de partir, de me tirer de là, de cet endroit qui m’étouffe, de me casser avant de voir mon beau brun faire profiter quelqu’un d’autre de son magnifique engin, chose qui ne saurait pas tarder…

    Et puis, non… je resterai, tiens… putain… non, je ne peux pas partir… je ne coucherai pas avec lui cette nuit, et probablement plus jamais, alors je m’en fiche… je décide de le suivre discrètement… c’est con, je sais, car je m’enfonce… je me prépare certainement à assister à des choses qui vont me faire encore plus mal que je ne l’ai déjà… mais je ne peux me décider à faire demi tour…

    J’avance à mon tour dans le deuxième couloir et je retrouve mon con de beau brun en train de fumer dans un coin de passage où ça défile pas mal…

    Je m’arrête à bonne distance, dissimulé derrière un poteau, dans la pénombre bien épaisse… il ne risque pas de me repérer, mais moi je peux bien l’observer.

    De nombreux mecs défilent devant mon beau brun sans s’arrêter, peut-être en partie à cause du fait qu’il a l’air de ne s’intéresser qu’à sa clope… peut être qu’ils n’osent tout simplement pas… comment oser aborder un canon pareil, qui en plus se la joue à fond « mec dans sa bulle » ?

    Oui, de nombreux mecs passent devant lui sans s’arrêter… tous le regardent, bien évidemment… certains discrètement, osant à peine poser leur regard sur sa plastique de rêve… d’autres le toisent de façon plus appuyée… d’autres encore le détaillent de fond en comble…

    Cependant, personne ne s’arrête… je finis par me dire que le fait d’être aussi canon peut provoquer l’effet inverse à celui auquel on s’attendrait… ma naïveté était à l’époque une denrée illimitée…

    Oui, les mecs défilent pendant un moment sans oser l’aborder… et puis, à un moment, parmi eux, il y en a un qui ose. Qui ose s’arrêter. Qui ose être très beau mec avec des cheveux châtains bouclés. Qui ose un T-shirt Airness de couleur verte moulant un torse plutôt sympa. Qui ose un physique vraiment pas mal du tout. Qui ose un sourire très charmant. Qui ose s’installer contre le mur à coté de lui. Qui ose sortir une clope. Et qui ose NE PAS AVOIR UN PUTAIN DE BRIQUET POUR L’ALLUMER !!!!!!!

    Il y a de fois où je regrette de pas avoir en permanence un fusil à visée laser sur moi…

    Voilà. Le coup du briquet. Ca doit être beaucoup plus facile d’aborder quand on fume. Allumer un mec en se faisant allumer une cigarette. Le mec sort sa clope, la montre à Jérém en l’agitant en l’air et en souriant… et voilà que mon beau brun sort son briquet pour dépanner… c’est même pas la première fois de la soirée que mon beau brun se dévoue ainsi…

    La suite coule de source. Le gars parle à mon beau brun. Ce dernier se laisse aborder. Le gars continue à lui parler à l’oreille… Jérém sourit… il se laisse draguer. Il lui aura suffi d’à peine cinq minutes. Il va baiser, c’est sur. Connard ! L'imaginer en train de sauter un autre garçon m’est insupportable…

    Pas difficile d’imaginer la boule brûlante de jalousie et de colère que je sens monter dans mon ventre…

    Quand je pense aux paroles de la chanson qui vient de passer…

    U got to not talk dirty baby/Tu n'as pas à dire (ou à faire, mon Jérém) des cochonneries baby
    If U wanna impress me/Si tu veux m'impressionner
    U can't be 2 flirty, mama/Tu ne dois pas être trop dragueur chéri
    I know how to undress me/Je sais comment me déshabiller
    I want 2 be your fantasy/Je veux être ta fantaisie
    Maybe u could be mine/Peut-être que tu pourrais être à moi
    U just leave it all to me/Tu dois juste me laisser faire
    We could have a good time/Nous pourrions passer un bon moment

    Oui, mon con de beau brun est en train de se faire draguer par le mec châtain bouclé au t-shirt vert.

    Et puis, surgi de la pénombre, voilà un autre mec se pointer, mater, ralentir… il doit déjà se voir dans un plan à trois avec mon beau brun et le mec bouclé… il avance en direction d’eux, mais son avancée est stoppé nette par un simple regard de mon Jérém, un regard puissamment hostile… un regard qui a de quoi refroidir le gars, qui finit par se résoudre à passer son chemin… un instant plus tard il passe à coté de moi sans s’apercevoir de ma présence… allez, dégage…

    Les secondes passent… entre Jérém et le bouclé il semble se passer un truc… ça fume, ça se parle dans l’oreille, ça s’échange des regards… une minute plus tard, un nouveau gars sort de la pénombre… il se dirige droit vers le bouclé, accueilli par un grand sourire de ce dernier… ils on l’air de se connaître… je devine que le bouclé présente mon Jérém au nouvel arrivant… les deux potes discutent un moment entre eux, ensuite le bouclé approche ses lèvres de l’oreille de Jérém pour lui chuchoter « quelque chose » qui a le pouvoir de lui décrocher un de ces sourires sexy et coquins que je lui connais si bien… 

    Et voilà le pompon… avec un léger mouvement de la tête, Jérém semble acquiescer à ce « quelque chose »… putain… ils lui ont carrément proposé un plan à trois… et il est partant… je suis catastrophé…

    Je ne peux pas tolérer ça plus longtemps… là je sors de mes gonds… et, de ce fait, également de ma cachette… j’avance un peu… un regard en biais de mon beau brun me donne la certitude qu’il m’a vu…

    Un instant plus tard je le vois décoller le dos du mur… les mecs en font de même… ils avancent vers un troisième couloir parallèle au premier… en partant ainsi accompagné, Jérém ne se prive pas pour me balancer un dernier regard, provocateur, narquois…  

    Connard ! Je suis dépité… il ose me faire ça, se faire un plan direct avec deux mecs après avoir cassé mon plan avec Martin, et en plus il se fout ouvertement de ma gueule… connard, voilà un euphémisme ! 

    Je le regarde disparaître dans la pénombre, dans un nouveau méandre de ce labyrinthe dans lequel j’étouffe… les secondes passent, des gars me passent à coté sans me regarder… je crois que je suis en train de me liquéfier sur place… je ne dois pas être frais à voir…

    Les secondes deviennent minutes, je suis pétrifié, interloqué… je n’arrive pas à bouger, à donner l’ordre à mes jambes de partir de là… à l’heure qu’il est, Jérém et son duo de pd sont peut-être déjà dans une cabine, la porte coulissante tirée derrière leur intimité…

    Inutile de lutter, inutile de me faire du mal… non, je ne pourrai pas empêcher Jérém de coucher avec ces deux gars… voilà, c’est fini… c’est là que je perds Jérémie… plus de signal… hors de portée… tout ça pour en arriver là… perdre mon Jérém de cette façon… au fond du couloir sombre d’une backroom… la pire des façons… j’ai envie de pleurer… pourquoi ?… comment est-ce qu’on en est arrivé là ?

    Oui, j’étouffe, vite il me faut de l’air, il faut que je sorte de là…

    En remontant à rebours les couloirs sombres en direction de la salle principale, je me dis que je suis vraiment con… je savais que j’aurais du rentrer chez moi une fois descendu de la 205… je la sentais mal cette fin de soirée… je savais que j’avais été trop loin avec Jérém… 

    En plus, le vent d’autan était là pour me prévenir… il soufflait sur le Canal en sens inverse à notre marche, c’était un signe… il aurait suffi de l’écouter… parfois il faut savoir prêter attention aux signes… le vent d’autan m’annonçait que cette nuit là j’allais encore être confronté à une nouvelle humiliation… il me repoussait pour m’éviter ça… 

    J’avance lentement vers la sortie, les jambes lourdes, les pieds traînants… je me sens super malheureux… je pensais que samedi dernier, en partant avec Thibault et les deux pouffes, il m’avait fait le pire coup qui soit… mais là, le voir partir avec deux mecs, partir baiser dans cet endroit glauque et sinistre… je crois que c’est pire que tout… comme s’il avait besoin de ça pour tirer son coup… je suis déçu… je sais que Jérém n’est pas un sentimental… mais de là à l’imaginer baiser vite fait avec deux inconnus dans une cabine minuscule et sombre… j’ai la sensation qu’à mes yeux Jérém va être sali par ce lieu, par cette rencontre, par ce sexe rapide et anonyme… que mon regard sur lui va changer… je suis vraiment, vraiment déçu… je sais que c’est fini… je sens que quelque chose en moi vient de casser… je pense que même si un jour il voulait remettre ça, je crois que je ne pourrais plus coucher avec lui après ça… j’en ai mal au ventre… j’ai presque envie de gerber… quand je pense à quel point on serait mieux dans son lit… pourquoi il gâche tout ce con ? 

    Je suis tout pris dans mes réflexions lorsque je remarque un peu plus loin devant moi un mec posté dans un encadrement à coté d’une porte coulissante ouverte. Il me mate sans retenue. Je vais devoir passer à coté de lui dans le couloir étroit, et je ne me sens pas vraiment à l’aise… mon cœur tape très fort dans la poitrine, j’en ai des sueurs… c’est con… j’ai juste peur de me faire brancher…  

    Un pas de plus et son regard s’ouvre dans un sourire davantage sexuel que sensuel… un pas encore et j’arrive à mieux le détailler… un brun, un petit brun, un peu plus petit que moi, pas super beau mais pas moche en plus… un autre brun, un autre t-shirt blanc… certes, moins divinement rempli que celui de mon Jérém, mais son physique a quelque chose d’attirant quand même…  

    J’avance doucement et lorsque j’arrive à environ deux pas de lui, je le vois me lancer un petit signe de la tête, très claire invitation à le rejoindre dans le petit espace sombre… soudainement je ressens une furieuse envie de sexe, de baise… et mon malaise semble disparaître… je sens l’excitation d’un plaisir certain et immédiat s’emparer de chaque fibre de mon corps… oui, alors qu’un instant plus tôt je voulais tous simplement fuir ce lieu, d’un coup je ressens une puissante envie de m’étourdir de sexe… 

    Oui, là où d’autres noieraient leur chagrin dans un verre ou il le crameraient avec un pétard… putain… moi j’ai envie de baiser… baiser comme un malade… baiser pour oublier, baiser pour rendre la pareille à Jérém…  

    Envie de me laisser aller, et surtout envie de ne pas rentrer seul comme un con… envie de me sentir désiré sexuellement… envie de me faire sucer… oui, de me faire sucer… pour prendre mon pied avec le moindre risque… ce risque qui me fait tant peur à cet endroit… pour moi… pour Jérém, pourvu qu’il se protège… et puis, je m’en tape… il fait ce qu’il veut de sa queue… j’ai mal au ventre en me faisant cette dernière réflexion… alors… encore plus envie de me défouler… envie de soumettre un mec à mon plaisir dans cet endroit où tout est aléatoire, intense et sans suite… cet endroit où la connaissance de la taille d’une bite est plus importante que celle d’un prénom… 

    Je ralentis encore, je commande enfin à mon regard de s’accrocher franchement au sien… je commande à mon désir de « liker » le sien… je lui balance un petit sourire… un signal que le gars semble recevoir avec un plaisir assez manifeste… 

    Je suis tout proche de lui… non, il n’est pas moche… en plus je commence à bander, et quand on a envie de jouir, on est souvent amené à revoir rapidement ses prétentions à la baisse… et puis, je me dis, une fois qu’il sera à genoux, qu’il soit canon ou pas, ça ne fera pas la différence… pourvu qu’il sache aussi bien sucer que Stéphane, ma seule référence à ce moment là…  

    Stéphane, tiens… ça me va bien de penser à lui en ce moment, à cet endroit… je suis sur qu’il serait vraiment fier de moi s’il savait ce que je m’apprête à faire… je suis sur qu’il comprendrait enfin que je ne suis pas le gars bien qu’il semble le croire… je suis sur qu’il serait déçu par moi… de toute façon, tôt ou tard, on finit toujours par être déçu de moi… quand je pense à toutes ses mises en garde et, par-dessus toutes, celle de faire attention à ne pas perdre « mon âme » dans le milieu gay… suivre mon cœur… 

    T’as raison, je suis vachement en train de suivre mon cœur en m’apprêtant à suive le petit brun dans sa tanière d’un soir… Stéphane n’a vu que la surface de mon véritable « moi »… c’est ici et maintenant que mon essence profonde va se manifester… 

    Sa coupe de cheveux… elle a quelque chose de « familier »… courte, simple, sans prétention, plutôt mec qui ne se la raconte pas… elle me fait penser à quelqu’un que je connais… elle me fait penser à Thibault… 

    Thibault… lui aussi serait super fier de moi… lui qui a l’air de croire que j’ai une bonne influence sur son pote… s’il savait que notre si belle relation nous a amenés dans une boite à pd, et que l’on est tous les deux en train ou en passe de se faire sucer dans la pénombre par des mecs inconnus… 

    Lorsque j’arrive vraiment à proximité du gars, mon regard tombe dans l’encadrement de la porte… j’arrive ainsi à jeter un coup d’œil à l’intérieur de la petite cabine… c’est là que je me rends compte à quel point l’espace est exigu… un lit couvert de plastique prend presque toute la place… et sur une petite étagère dans un coin, des capotes en vrac et un tube de gel… 

    C’est là que je me dis…  

    Non, ça c’est pas possible, Nico… après ce que tu as vécu avec Jérém, après ce que tu as vécu avec Stéphane, après l’affection et l’estime témoignées par Thibault… tu ne peux pas te contenter de ça… tu ne peux pas tomber si bas…  

    Mais désormais c’est parti… dans ma tête, mon acceptation silencieuse à la proposition tout aussi muette du petit brun est presque un engagement… j’ai été trop loin, je ne peux plus me dérober… et puis je ne veux surtout pas rentrer seul, bredouille… j’ai envie de tirer mon coup d’abord, envie de jouir moi aussi…  

    Car, si l’endroit et la situation ont un côté profondément glauque, en même temps, je dois bien avouer, ils savent également dégager un autre côté plus excitant, celui de l’interdit et, à la limite, du « malsain »....

    Mes sens sont en plein éveil… j’ai envie de prendre mon pied… je me sens déterminé à aller au bout de mon désir… pourtant… 

    Pourtant, lorsque je sens le contact de la main du gars qui se pose sur mon avant bras pour m’entraîner dans le petit espace… c’est là que j’ai un mouvement de recul…  

    Non, je ne peux pas… si Jérém le peut, moi je ne peux pas… je regarde l’air surpris du gars qui doit se dire « Tiens, encore un mytho »… mais tant pis…  

    « Allez, viens… » me chuchote le type, une fois la surprise balayée par la perspective peu engageante de se la mettre sur l’oreille et de la fumer plus tard. 

    « Désolé, je ne peux pas… » je lui balance, sorte de cri silencieux et désespéré, pendant que je presse mon pas vers la lumière au fond du tunnel. 

    Non, je n’ai pas envie de me retrouver seul chez moi ; mais j’ai encore moins envie de me retrouver seul dans cette petite cabine minable car le mec se sera tiré juste après l’affaire conclue.  

    Me revoilà enfin dans la salle… me revoilà dans la civilisation… un monde avec quelques règles… drôles d’animaux les règles… souvent elles nous agacent, mais lorsqu’elles manquent totalement, on s’ennuie assez vite d’elles… 

    Je respire profondément… premier réflexe de survie… j’ai chaud, j’ai soif… je suis fatigué et amer… j’ai du mal à respirer… j’ai très envie de rentrer mais, va savoir pourquoi, je m’installe au comptoir prenant place sur un tabouret vide et je commande un autre coca…  

    Oui, un coca avec whisky… l’alcool… décidemment je n’aurai jamais autant picolé que lors de cette soirée pour fêter le bac… j’ai découvert en l’alcool un allié précieux pour calmer mes angoisses et mes souffrances… presque un pote… dont en ce moment précis, j’apprécie tout particulièrement la compagnie…  

    D’ailleurs, je ne sais pas si c’est l’effet de l’alcool qui se balade dans mon sang ou pas… maintenant que Jérém n’est plus dans les parages, j’ai l’impression que certains regards semblent s’adresser à moi… hélas, je ne suis pas d’humeur à me laisser brancher… je suis dégoûté à un point, que n’importe qui me faisait du rentre dedans, y compris Ben Affleck époque « Pearl Harbor » ou Bruce Willis époque « Piège de cristal »… je déclinerais l’invitation…

    Le choc d’avoir vu mon Jérém partir avec deux mecs est tel que je me sens dérouté, abasourdi, incapable de ressentir quoi que ce soit, incapable même d’avoir mal… peut être que je réalise tout simplement pas ce qui est en train de se passer… je suis tout simplement soufflé…

    Je sais bien que ça va venir, que cette image de mon Jérém s’éclipsant sous mes yeux avec ces deux gars, son regard narquois en prime, va me marquer au feu rouge… je sais qu’une fois seul chez moi je vais m’effondrer… c’est pourquoi je reste, redoutant par-dessus tout de me retrouver seul, je reste même si je sais que le mec que j’aime est là, à quelques mètres de moi à peine, en train de prendre son pied sans moi…

    Un partie de moi espère encore le voir sortir du couloir sombre en ayant renoncé à son plan… hélas, plus les minutes passent, plus la crainte que le beau brun soit en train de jouir sans moi devient certitude…

    Avec mon con de beau brun, je me suis brûlé les ailes… j’ai toujours su qu’avec Jérém je n’aurais jamais le dernier mot et que dans l’affrontement direct, je serais comme un vase en terre cuite qui essayerait de se confronter à une marmite en fonte…

    Je regarde autour de moi en me disant que j’avais raison de me méfier du « milieu »… j’avais raison de ne pas vouloir y rentrer… la première fois que j’y mets un pied, j’y laisse tout ce qui était le plus précieux au monde à mes yeux…

    Comme dans le couloir sombre, je ressens un mélange de dégoût et d’attirance pour ce lieu, pour la baise facile qu’on peut y retrouver… d’un coté, tout ce sexe facile, anonyme et aléatoire me parait dégradant, sale… et d’un autre coté… il a quelque chose d’attirant… ce que j’ai ressenti en m’approchant du petit brun… la promesse de pouvoir me défouler… de donner cours à tout ce qu’il y a de plus noir en moi… c’est dur à admettre, mais je crois que j’ai eu envie de l’humilier, lui qui n’a rien à voir dans ma colère, comme j’ai été humilié, comme une revanche par procuration… envie de lâcher sur lui, par le biais du sexe et de la domination, la rage longtemps accumulée et que je ne peux pas jeter à la figure du mec qui en est la cause…

    Je finis par me dire que maintenant que c’est fini avec Jérém, je vais peut-être revenir ici tout seul pour une aventure… je vais être célibataire… et je pense que je vais l’être longtemps… à un moment ou à un autre, j’aurais envie de baiser… faute de pouvoir aimer…

    Je sais que je vais avoir mal tout à l’heure en rentrant, que je vais avoir encore plus mal demain, et les jours qui suivront, je sais que j’aurai mal très longtemps… alors je pense qu’à un moment ou à un autre j’aurai envie de revenir ici même pour m’étourdir avec le plaisir des sens… mais pas ce soir, une autre, un soir où Jérém ne sera pas à quelques mètres de là en train de baiser…

    Je termine mon « coca » et je me sens un peu plus détendu… triste, fatigué, déçu, mais étrangement détendu… ça ressemble au calme avant la tempête… je suis presque sur le point d’en prendre un autre… mais ce ne serait vraiment pas raisonnable… j’ai la tête qui commence à tourner, les oreilles qui bourdonnent et en plus je tombe de sommeil…

    Je me lève de mon tabouret mais une fois debout, mes jambes me font un drôle d’effet, se refusant de porter le poids de mon corps… je me sens mâché, comme si j’étais passé sous un rouleau compresseur.

    Je trouve agréable de me rasseoir provisoirement, le dos appuyé au comptoir.

    Je balaie une dernière fois l’espace de la salle… tous ces gars… ça vient ici pour boire, pour boire et pour baiser, et ça baise fugacement dans la pénombre… je me demande à quoi ça rime tout ça, au fond… à quoi sa rime de tirer son coup dans une cabine avec un mec qu’on ne reverra jamais…

    La tristesse me happe et je sens les larmes me monter aux yeux.

    C’est à ce moment là que je remarque deux gars en train d’approcher, visant les deux tabourets vides juste à coté de moi.

    Le premier, un brun style vingt-cinq ans, un peu dégarni, l’air plutôt fatigué et un peu contrarié, mais pas dépourvu d’un certain petit charme… habillé avec un jeans quelconque mais avec un t-shirt rouge sympa, bien qu’au moins deux tailles trop grand…

    L’autre, un très beau garçon un peu plus bâti que le premier, un peu plus âgé, l’air vraiment mec, assuré, les traits du visage fins, de petits yeux perçants, le regard charmeur, un t-shirt orange avec les manchettes grises sous lequel on devine un torse et une largeur d’épaules tout à fait remarquables…

    T-shirt rouge approche pour me demander si les tabourets sont libres. Je lui réponds que oui.

    Ils s’installent. T-shirt orange prend le tabouret le plus proche, dos au comptoir, alors que t-shirt rouge est complètement tourné vers lui.

    Très vite, je me rends compte que T-shirt rouge n’arrive pas à décrocher le regard de T-shirt orange, il a l’air très amoureux…

    T-shirt orange, en revanche, a le regard beaucoup plus baladeur, il cherche les regards d’autres garçons, et il les accroche…

    T-shirt rouge semble aussi mal à l’aise que je le suis à cet endroit.

    T-shirt orange a l’air plutôt à l’aise, l’air de connaître les lieux.

    Oui, T-shirt rouge a l'air de se demander ce qu'il fait dans cette boîte, comment se fait-t-il qu'il s'est laissé entraîner dans cette galère alors qu'il aurait tellement envie d'être dans un lit avec T-shirt orange, l’homme qu'il aime, en train de lui offrir tous les plaisirs et plus encore…

    Décidemment, ce soir là on est nombreux à se retrouver à l’On Off sans bien savoir pourquoi…

    T-shirt orange, quant à lui, a l’air de se dire qu’il se passerait bien de la présence de ce mec un peu trop collant… il semble avoir envie d’explorer d’autres horizons, envie de vivre d’autres aventures… des aventures dont la première semble d’ailleurs toute proche, matérialisée sous les traits d’un tout jeune mec qui est en train de le mater avec des regards qui en disent long quant à ses envies…

    T-shirt orange semble très sensible aux regards du petit jeune, des regards qu’il relance, de façon très subtile et discrète… peine inutile car, de toute façon, aveuglé par son amour, T-shirt rouge ne voit rien…

    Mais putain, T-shirt orange ! Réveille-toi ! Tu ne vois pas à quel point T-shirt rouge est amoureux de toi ? Pourquoi son amour ne te suffit pas ? Pourquoi cherche-tu des aventures alors que t’as la chance d’avoir quelqu’un qui t’aime de cette façon là, quelqu’un pour qui tu es le seul et l’unique ? Pourquoi risques-tu de tout gâcher, juste pour une histoire de cul ? Pourquoi ne lui ouvres-tu pas ton cœur ? Pourquoi tu le fais souffrir ainsi ?

    Comment ne pas faire le parallèle entre la relation de ces deux gars, l’un amoureux fou, l’autre très libre dans sa tête, avec ma relation finie avec Jérém… le tout raccord avec la chanson qui est diffusé dans la salle et qui, par un hasard de la programmation, tombe pile pour illustrer mon ressenti…

    « Je m’en fous de tes détresses comme de tout et comme du reste… »…

    Oui, mon Jérém, tu t’en fous de mes détresses… pire que ça…

    « Tu t’entêtes à te foutre de tout mais pourvu qu’elles soient douces… »…

    Si seulement je ne t’avais pas eu autant dans la peau, au point que…

    « Quand de mes lèvres tu t’enlèves, un goût amer me rappelle que je suis au ciel… »…

    Je me serais rendu compte bien avant que…

    « La mauvaise herbe nique souvent ce qui est trop bien cultivé »…

    Quand je pense à ce qu’a été notre courte relation, je me dis que…

    « La vie est triste comme un verre de grenadine »…

    Et que…

    « Aimer c’est pleurer quand on s’incline »…

    J’aurai souvent partagé ton lit, assouvi tes envies, mais jamais je n’aurais vraiment atteint ton cœur… tu tiens trop à ta liberté, je t’entends d’ici… et toi, tu l’entends, depuis la cabine où tu es en train de baiser, tu l’entends ce que balancent les enceintes à cet instant précis :

    « Je fais fi de tes je t’aime/Ils sont des cris qui m’enchaînent »…

    Notre histoire se termine ainsi comme elle a commencé, venant de nulle part et allant nulle part…

    J’ai divagué de chanson en chanson, de couplet en couplet…, jusqu’à la dernière note de celle qui a commencé par « Je m’en fous de tes détresses comme de tout et comme du reste… » et qui se termine par « C’est quoi l’amour ? ».

    La musique change, et elle n’a plus forcement autant d’intérêt pour moi. Alors, mon attention revient vers les deux gars d’à côté. Je suis assez près d’eux pour capter, malgré les décibels, quelques échanges dans leur conversation.

    « Marc… » appelle le T-shirt rouge.

    « Quoi ? » réagit T-shirt orange un brin agacé, désormais connu sous le prénom de « Marc ».

    « Tu veux rester encore longtemps? » l’interroge T-shirt rouge.

    T-shirt rouge a un petit accent méditerranéen, espagnol je dirais...

    « Je sais pas… » répond le prénommé Marc, avant de continuer « t’es fatigué ? ».

    « Oui, un peu… » répond T-shirt rouge.

    Mais putain, Marc, t’es aveugle ou quoi ? Tu ne vois pas que T-shirt rouge a une envie folle de rentrer et de faire l’amour avec toi ? Il est quatre heures du mat passé… putain, rentrez et envoyez vous en l’air comme des dingues !

    Je bous de l’intérieur, je m’emballe pour une histoire que je ne connais pas… j’ai trop bu et je fais trop l’amalgame avec mon histoire perso…

    Les minutes passent et rien ne se produit… Marc, son verre interminable posé sur le comptoir, n’a toujours pas l’air décidé à partir.

    T-shirt rouge baille plusieurs fois coup sur coup et finit par s’immobiliser, la tête légèrement penchée sur le coté, le regard dans le vide, littéralement en train de tomber de sommeil…

    Marc se décide enfin:

    « Fabien… ». 

    Le brun un peu dégarni lève la tête illico au simple son de la voix du gars qu’il aime. Alors qu’il doit s’attendre à qu’un voyage simple vers le lit et un câlin tant attendu se retrouve enfin à l’ordre du jour, Marc lui annonce avec le sourire : 

    « On y va dans un quart d’heure, ok ? ». 

    Visiblement déçu, au bout de force, frustré de voir que cette soirée se termine à somnoler dans cette boite plutôt que dans une accolade amoureuse, le dit Fabien amorce un petit sourire triste. 

    Marc retourne à son occupation première… mater la faune masculine… Fabien baisse les yeux et prend sur lui, l’air d’accuser le coup, d’intérioriser… il doit vivre lui aussi, comme moi je l’ai vécue, une histoire compliquée, amoureux d’un mec qui ne l’est pas vraiment 

    Peut-être qu’il est en train de vivre une histoire, un amour, des sentiments, des sensations, des espoirs et de frustrations, des joies et des tristesses, des illusions et des déceptions, toute une palette d’émotions qu’un jour il aura peut-être envie de mettre noir sur blanc, comme moi je le ferai plus tard avec ma propre histoire… 

    Le quart d’heure abondamment passé, T-shirt orange se lève sans un mot, suivi illico par T-shirt rouge, visiblement soulagé… je les regarde se diriger côte à côte vers la sortie… je les regarde partir ensemble… peut-être que pour le sexe c’est râpé, mais au moins Fabien aura la chance de finir la nuit avec son Marc… moi je n’aurai même pas cette chance… oui, il a de la chance, ce Fabien, même si je sais qu’il doit être très difficile d’aimer un gars comme Marc, d’aimer quand l’amour n’est que dans un sens…  

    Allez, GAME OVER… assez bu, assez vu pour ce soir, je me casse… je suis tellement HS que je pense que je ne vais même pas arriver au bout de ma branlette, que je vais m’endormir avec ma queue dans la main sans avoir joui…

    Pourvu que je puisse dormir un peu tard ce matin, pourvu que maman n’ait pas prévu de passer l’aspirateur à 8 heures pile… pourvu qu’elle ne me pose pas trop de questions sur cette super soirée de merde… pourvu qu’ils me fichent tous la paix car je prévois d’être d’une humeur massacrante, prêt à laisser exploser ma colère ou à fondre en larmes et ce, pour une durée indéterminée…

    C’est décidé, demain je vais appeler Elodie…

    Je rassemble mes forces pour me remettre debout… descendre du tabouret est déjà un effort… imaginer devoir me traîner sur la moitié de la ville me semble insurmontable… pourtant, il faut bien y aller à un moment ou à un autre… alors, le moment c’est maintenant…

    Je traverse la salle et en quelques pas je me retrouve dans l’entrée de la boite… encore quelque pas et j’aurais passé la porte qui donne sur le boulevard… c’est au coté du vestiaire qu’une surprise m’attend…

    Le voilà, tout seul, le dos appuyé au mur, en train de fumer une énième clope… mais qu’est-ce qu’il fout là tout seul ?

    Lorsqu’il me voit arriver, il me sourit.

    « Tu pars ? » m’interpelle le beau Romain

    « Oui, j’en ai marre… vraiment marre… » je ne peux m’empêcher de laisser échapper.

    « T’as laissé ton mec tout seul là dedans ? » se renseigne-t-il.

    « C’est pas mon mec… » je me défends en balançant sèchement « il n’est personne… ».

    J’ai presque envie de lui balancer que s’il veut se le taper, il n’a qu’aller faire un tour dans la backroom, c’est là qu’il va le trouver…

    « Pourtant j’aurais dit qu’il était davantage que ça… » relance-t-il en me tendant un paquet de cigarettes que je refuse.

    Il faut dire que, vu de près… ce Romain est vraiment canon. Sa beauté masculine, sa voix, son assurance, son charme, son regard magnétique… tout chez lui m’impressionne… décidemment… le « beau brun » est un animal bizarre… le côtoyer crée l’addiction… coupe tous mes moyens… je comprends mieux Ulysse, avec son histoire d’hétéro baroudeur, lorsqu’il faillit tomber sous le charme des sirènes…

    Je sens un mal au crâne carabiné en train de monter. Je me sens toujours oppressé… j’ai besoin d’air… même le charme puissant et le parfum délicieusement masculin de Romain n’ont d’autres effet que d’augmenter mon malaise… c’est dire à quel point j’en suis arrivé…

    N’empêche, la porte de sortie donnant sur le Canal m’appelle avec insistance…

    « Je vais y aller… » je coupe court en me tournant vers la sortie ; avant de prendre congé avec un simple « bonne soirée… ».

    « T’habites loin ? » se renseigne-t-il.

    Euh… pourquoi cette question ? Qu’est-ce qu’il veut celui-là ? Pour ce soir j’ai eu assez d’émotions et de déceptions, tout ce que je veux c’est retrouver mon lit, la drague c’est fini, je suis HS… à cet instant précis je suis fatigué et dégoûté à un point, que n’importe qui me faisait du rentre dedans, y compris Colin Farrell époque « Tigerland » ou Keanu Reeves époque « Speed » »… je déclinerais l’invitation…

    Bon, ok, peut-être pas Colin quand même…

    Alors, quand Romain le magnifique me demande si j’habite loin, je coupe court, très court :

    « Un peu, mais je vais marcher… ».

    « Moi aussi je vais y aller… si tu veux je te raccompagne… » je l’entends dire en écrasant son mégot dans un cendrier mural et en m’emboîtant le pas, l’air de ne pas avoir compris, ou de ne pas avoir entendu le message.

    Je ne sais pas trop ce qui est en train de se passer… je n’ai pas envie qu’il me colle… je crains qu’il me fasse du rentre dedans, alors que j’ai juste envie de partir… c’est paradoxal… je devrais être flatté que ce bogoss me propose de me raccompagner, en faisant éventuellement escale chez lui, surtout que Jérém est certainement coincé dans un cul inconnu… pourtant… non, pas envie… juste envie d’être tranquille et de retrouver mon lit… marre de baiser avec des mecs qui veulent juste me baiser, avant de me laisser tomber… désolé mec, tu ne me sauteras pas ce soir… je ne réalise même pas que c’est le deuxième mec canon de la soirée, à part mon Jérém, qui me fait du rentre dedans…

    « C’est gentil, mais… » je commence ma réponse en poussant la porte vitrée… lorsque la fraîcheur de la nuit frappe mon visage de plein fouet, je suis tellement surpris que je suis obligé de marquer une pause.

    Ce n’est qu’un instant plus tard, lorsque nous sommes déjà sur le trottoir, que je termine mon propos : 

    « C’est gentil, mais je préfère vraiment marcher… ».

    « Comme tu voudras… » il conclut. Lui non plus ce n’est pas le genre de mec à revenir à la charge. C’est oui ou c’est non. Et quand c’est non, c’est fini. Disons que sur le coup ça m’arrange bien.

    Je regarde ma montre… il est 4h25… mon regard est attiré une dernière fois par l’enseigne rouge qui clignote toujours… cependant, je me rends vite compte que l’enseigne lumineuse n’est pas l’élément le plus étincelant de la façade de la boîte… oui, juste à coté des lettres rouges capitales, une autre surprise m’attend… et ça pour être une surprise… ça en est vraiment une…

    Pile au même endroit que tout à l’heure, mon connard de beau brun se tient appuyé au mur, la cigarette au bec, le bassin en avant, la braguette bien rebondie… mais… mais… mais… depuis quand est-il là ? Je ne l’ai pas vu passer dans la salle… est-ce qu’il est sorti du tunnel avant moi ? Est-ce qu’il y a une autre sortie ?

    Mais alors… est-ce qu’il a vraiment baisé avec les deux gars de tout à l’heure ? Si vite ? Je suis en plein dans mes questionnements lorsque j’entends Jérém me balancer, le ton cassant :

    « Tiens, te voilà… ».

    Mais à quoi il joue ? Pourquoi il me parle sur ce ton maintenant ? Je ne veux surtout pas rentrer dans son jeu. Je suis tendu, fatigué et je ne suis pas d’humeur à rigoler…

    Jérém, en revanche, a l’air aussi frais que lorsqu’il est arrivé devant le resto huit heures plus tôt… un peu agacé mais toujours frais… alors qu’il a bu deux fois plus que moi… je le déteste… il a vraiment tout pour lui ce gars…

    Apparemment, il était en train de m’attendre… ça, c’est mignon… soudainement, je me sens soulagé… s’il m’attend, c’est qu’il a envie de finir la soirée avec moi… et s’il a envie de finir la soirée avec moi, il y a de fortes chances qu’il n’ait pas baisé avec le bouclé et son pote… oui… je suis soulagé, rassuré… mais quand même… je lui en veux de m’avoir repoussé violemment, d’avoir voulu partir explorer le « milieu profond » tout seul… même s’il n’a pas tiré son coup…

    Oui, quand même… je viens de passer l’un des pires quart d’heure de ma vie… alors j’ai besoin de savoir avant de décolérer.

    Hélas, la présence du beau Romain m’empêche d’être aussi direct avec mon beau brun que tout à l’heure en voiture. Mais ce n’est certainement pas l’envie qui me fait défaut…

    Oui, j’ai l’impression que Jérém est de mauvais poil… bien sur, c’est normal… il me plante en me laissant croire qu’il va baiser de son coté… je passe une fin de soirée de merde… et c’est lui qui fait la tête… logique… la logique selon Jérémie T…

    Soudainement, une question s’affiche dans ma tête : est-ce qu’il a entendu ma réponse à Romain ? Est-ce qu’il a compris qu’il m’a proposé de me raccompagner… et, certainement, pas que… ? Son regard noir est-il encore une expression de jalousie mal placée ?

    Deux gars nous passent à coté et rentrent dans la boite que je viens de quitter. Il est 4h30 et la nuit toulousaine n’est pas terminée… quelque chose me dit que la notre non plus…

    Le silence s’installe… je ne sais pas comment ça va se goupiller tout ça… Romain n’a pas l’air décidé à partir… Jérém a l’air de m’avoir attendu, mais il n’a pas l’air pressé de rejoindre la rue de la Colombette… et moi je ne sais pas me résoudre à prendre la direction de chez moi…

    C’est le beau Romain qui finit par débloquer la situation.

    « T’as du feu ? » demande-t-il à mon beau brun en s’installant les épaules contre le mur juste à coté de lui, après avoir sorti son paquet de clopes et en avoir choisie une un peu plus épaisse que les autres.

    Jérém ne répond pas, se limitant à décoller légèrement ses épaules du mur, à dégainer son briquet et à porter ses mains à hauteur de la bouche de Romain.

    La « clope » du beau brun au t-shirt noir allumée, ce dernier nous interpelle :

    « Vous rentrez ? ».

    Ah, il a pigé… un instant plus tard il me propose de me « raccompagner »… et là il s’aligne à la nouvelle donne apportée par la présence inattendue du beau brun au t-shirt blanc…

    « Oui, on rentre… » je confirme. Plus le temps de tergiverser. On a déjà été trop retardés ce soir…

    Jérém se tait.

    Romain tire un bon coup sur sa « cigarette »… une cigarette qui, au vu de l’odeur caractéristique qu’elle dégage lorsqu’il en expire la fumée, définitivement n’en est pas une… preuve en est qu’il en propose à mon beau brun en suivant …

    Je vois Jérém le fixer d’abord d’un air étonné. Un instant plus tard, il balance cependant sa cigarette tout juste fumée à moitié et il saisit le pétard que l’autre beau brun lui tend…

    Il le porte à la bouche et en tire une longue taffe… je le vois plisser les yeux de plaisir au passage de cette fumée spéciale… avant de tendre le bras à son tour pour rendre la précieuse denrée à son propriétaire… Romain tire dessus une nouvelle taffe et déplie le bras dans ma direction… je lui fais signe que non… il envoie à nouveau le bras en direction de Jérém, qui accepte à nouveau la proposition, l’air bien décidé d’en profiter jusqu’au bout…

    Mais ce n’est pas possible… décidemment on ne va pas y arriver ce soir… putain… il est quatre heure et demi passée… depuis le KL, jusqu’à la rue de la Colombette tout semble se liguer pour nous empêcher d’arriver à destination… on dirait que la nuit toulousaine rame contre…

    Trois mecs passent devant nous avant de s’engouffrer dans l’entrée du On Off malgré l’heure tardive, et ceci non sans reluquer copieusement les deux étalons. Romain les regarde passer avec un air distant et presque méprisant et finit par commenter :

    « Ce genre d’endroit n’a aucun intérêt… »

    Jérém ne répond pas, mais une complexe mimique de son visage… les yeux qui se ferment, les sourcils qui remontent, une inspiration appuyée par le nez, une légère grimace autour de la bouche… semble aller dans le sens des mots du beau Romain… soudainement, je me sens rassuré… peut-être qu’au final il n’a pas aimé cet endroit, … peut-être qu’il avait juste une curiosité à satisfaire et qu’il n’a trouvé finalement aucun intérêt, comme le dit le barbu…

    Hélas, la conversation va prendre un tour inattendu. Romain tire une bonne taffe sur son pétard et, en le passant à Jérém, il continue :

    « Des mecs à lever il y en a partout… sans besoin d’aller les dénicher dans un terrier ».

    « C’est même trop facile… » j’entends Jérém aller dans son sens après avoir expiré une nouvelle volute de fumée à l’odeur caractéristique.

    Bah, oui, tiens… parlez pour vous… ça c’est bien des discours de mecs canon… bien sur, avec vos physiques et vos jolies petites gueules bien sexy et bien viriles, ça ne doit pas être dur de tomber des caleçons à chaque coin de rue… mais je ne suis pas sûr qu’on ait tous les même chances et le même succès « dans la nature »… d’où l’intérêt ce ces lieux, malgré leur coté glauque… parfois, on est bien contents de se retrouver entre pd pour faire des rencontres ou pour tirer un coup…

    « C’est comme chasser des faisans d’élevage lâchés dans la nature juste avant la saison de chasse… » tellement faciles à tirer, qu’il n’y a plus aucun goût à le faire… » laisse glisser Romain.

    J’ai l’impression d’entendre Bigard… ce soir, en boite, ils ont fait un lâcher… mais j’ai tout de suite vu que c'était de l'élevage…

    Un beau gars seul passe sur le trottoir en laissant traîner un regard furtif de Jérém à Romain, avec un petit sourire en coin… il semble ralentir le pas, mais il se remet aussitôt à marcher plus vite et il s’éloigne sans chercher plus de contact. Comme quoi tous les bogoss, même ceux qui aiment mater le bogoss, ne viennent par au On Off…

    Tout à coup, Romain se met à l'arrêt, les yeux fixes sur le gars qui s’éloigne, la tête pivotante à 360 degrés, la truffe au vent… et il continue :

    « Quand c’est trop facile, ce n’est même pas marrant… je préfère quand il y a un petit challenge… ».

    Là, encore, j’ai l’impression d’entendre Bigard… parce que moi, la salope sauvage, je sais ce que c'est… celle-là, tu la vois tourner du cul au loin.. mais tu la tires jamais…

    Jérém sourit, amusé. Il semble acquiescer aux affirmations de Romain.

    Les deux mecs continuent à se passer le chichon de main en main, de lèvre en lèvre… les minutes s’égrainent et le silence s’installe.

    Le pétard arrive enfin au bout. Allez, Jérém, il faut y aller maintenant…

    « Sans rancœur pour le petit accident de toute à l’heure… » semble prendre congé le beau Romain.

    « Ca va aller… » j’entends Jérém lui répondre à nouveau.

    Bon, on y va maintenant…

    « J’ai soif… » relance le beau Romain de façon inattendue ; avant de terminer, sur un ton enjoué « allez, les gars, je vous invite chez moi boire un dernier coup pour oublier ça… ».

    Mais putain, t’es rélou… il a déjà dit non tout à l’heure… il t’a dit et répété que ça va aller, alors fiche-nous la paix…

    « On va rentrer… » annonce Jérém sur un ton ferme et sans appel tout en me regardant droit dans les yeux.

    Ah… à chaque fois qu’il me regarde ainsi… je fonds…

    « Vous pouvez venir tous les deux… » précise Romain, ayant certainement détecté notre échange de regards.

    « On n’est pas intéressés… » je balance sèchement. J’en ai marre. Vraiment marre.

    « … ou rien que toi, mec… » corrige Romain en s’adressant directement à Jérém, et en posant sur lui un regard lubrique qui ne laisse plus de doute quant à ses intentions allant bien au delà d’un simple verre de l’amitié…

    C’est ça, oui… t’inquiète… j’ai bien compris la musique… « boire un dernier coup », c’est plutôt « tirer un dernier coup »…

    Sept lettres s’affichent dans ma tête… elles sont étalées de façon aussi voyante que sur la façade de l’Olympia :

    C-O-N-N-A-R-D !!!

    Jérém, s’il te plait, tiens bon…

    Les deux beaux bruns se regardent… c’est pas possible, dites moi que c’est de la science fiction… mon beau brun se fait draguer sous mes yeux… comme si je n’étais pas là… eh, oh… JE SUIS LA…

    Je vois le beau Romain, l’œil désinhibé par la fumette, regarder mon beau brun et le trouver infiniment sexy et désirable… je vois l’instant où mon beau brun réalise que son charme a encore frappé… ce que je n’arrive pas à savoir, c’est si Jérém trouve aussi le mec à son goût… remarque, il faudrait être difficile…

    Jérém sonde Romain, se demandant si c’est bien du lard ou du cochon… Romain jauge Jérém en guettant sa réaction… le regard de Romain ne se dérobe pas… leur échange dure quelques instants… c’est Jérém qui rompt le contact…

    « Ca va aller… » finit-il par répondre, le ton ferme et sans appel.

    Et de trois… j’espère que ce coup-ci t’as compris que tu ne le mettras pas dans ton lit !

    « Bon, ok… » semble conclure le beau Romain ; pourtant, après avoir marqué une pause, je vois à son changement d’expression qu’il n’a pas encore dit son dernier mot, qui ne s’est pas encore avoué vaincu… je sens qu’il va changer d’arme et de stratégie… et j’ai un mauvais pressentiment…

    « Je te croyais davantage couillu... » s’adresse-t-il directement à mon beau brun en le regardant droit dans les yeux avec ce mélange de défi et de mépris qu’on entend également dans le ton de sa voix « je m’étais trompé… allez, bye les gars… ».

    Ah… non… décidemment, là ça la fout mal… merde… Romain vient de dégainer l’arme ultime… la provoc’… Jérém n’a pas besoin de ça, surtout pas ce soir… là, c’est sur, il va réagir au quart de tour…

    « Où, ça ? » je l’entends en effet demander sur un ton dans lequel se mélangent agacement et effet de la fumette… le piège de Romain a marché…

    Je rêve… ou plutôt je cauchemarde… c’est pas possible, naaaaan  c’est pas possible…

    « Chez moi, par exemple, je n’habite pas loin… » relance le beau Romain, l’air amusé du mec qui est en train de gagner un pari sur lequel il a misé son tout dernier jeton.

    « On va aller chez moi… j’habite tout prêt… » répond Jérém après un instant de réflexion, la voix de plus en plus déformée par l’alcool et la fumette.

    « Pas de problème… » annonce le beau barbu.

    J’hallucine. Ils se font un plan baise devant moi. Je ne peux plus me retenir.

    « On devait pas rentrer ? » je balance « Tous les deux… ».

    Le beau Romain, ce connard, me regarde avec de petits yeux moqueurs, l’air de dire « tu peux aller te rhabiller le morveux, laisse jouer les pros… c’est moi qui va me le taper ce soir… ».

    Jérém se tait. Je le regarde fixement. Nos regards se croisent. Et ce que je lis dans son regard silencieux est très explicite. En une fraction de seconde, je viens de réaliser que Romain est en train de proposer un plan à mon beau brun et que ce dernier a l’air partant… quant à moi, je peux en être ou pas… si j’y vais, ce sera un plan à trois… sinon ce sera un plan à deux entre beaux bruns !

    Je regarde leurs deux torses moulés dans le t-shirt blanc et dans le t-shirt noir en me disant que dans quelques minutes les contrastes vont s’estomper… oui, dans quelques minutes, les t-shirts vont voler, et il y aura beaucoup moins de contraste entre les nudités de deux beaux bruns à la peau mate…

    C’est vrai que l’idée de voir deux magnifiques garçons à poil ne m’est pas repoussante… loin de là…

    Pourtant, je suis assailli par une peur insistante… je suis tiraillé entre l’excitation d’assister à ce spectacle divin… mon beau brun en train de prendre du plaisir avec un autre mec, et avec un spécimen de toute beauté de surcroît… et la jalousie qui commence à envahir mon esprit… la crainte que le mec ne soit plus expérimenté que moi, qu’il lui fasse découvrir des trucs que moi je ne sais pas lui offrir et qu’il y prenne goût…

    Il me faut me décider vite, il me faut choisir dans la seconde… oui, choisir… mais ai-je vraiment le choix ? Je regarde leurs têtes de jeunes étalons débordants de testostérone, Jérém le fauve puissant et Romain le félin sournois… et je les imagine dans un lit, déchaînés, dans une étreinte puissante, se donnant un plaisir intense… ces deux corps de dingue se frottant entre eux et faisant autant d'étincelles que l'embrasement de la Citadelle de Carcassonne un 14 juillet...

    Alors, sans pouvoir éviter que ce rapprochement sensuel au sommet ne se produise, malgré une jalousie qui me tenaille déjà aux tripes, lorsque le choix est assister à ce plan ou de l’imaginer chez moi … alors, ce n’est pas un choix… c’est une évidence… je dois en être…

    Un plan entre deux mâles virils… toutes les spéculations sont possibles, tous les fantasmes ont cours… je repense au plan avec Guillaume… deux passif au service d’un mec bien actif… comment ça va se passer ce coup ci ?

    Quel sera mon rôle dans l’histoire ? Invité accessoire à un plan cul entre beaux étalons… l’un assurément bien actif et l’autre, à priori pas moins viril… alors… est-ce que je comprends bien ce qui m’attend ? Etre au service du plaisir de deux beaux males… inquiétude et excitation à l’idée d’imaginer ces deux bruns nus, dans la même pièce, dans le même lit, deux petits coqs bien chauds… deux queues bien chaudes… sur le même gars, dans le même gars… ça me parait un évidence… pour que deux mâles dominants et actifs prennent leur pied, il vaut mieux avoir à disposition une bonne bouche et un bon cul de pd passif et soumis…

    L’idée d’être ce gars a un coté séduisant et très excitant… ne serait-ce que je suis soudainement saisi par la désagréable sensation de n’être dans l’histoire qu’un moyen pour assouvir les besoins de deux sexualités puissantes… c’est donc ça que je suis aux yeux de Romain, ça encore peu importe, mais également aux yeux de Jérém ? 

    Ou alors… est-ce que je ne suis convié juste pour assister à cette scène qui déjà s’annonce mémorable ? Est-ce que les deux étalons ont juste envie de conclure entre eux, entre méga bogoss en me laissant sur le carreau avec pour seule occupation, celle de compter les points ?

    Si tel est le programme… je veux en être quand même… je vais boire mon poison jusqu’à la lie… je veux voir qui est Jérémie T, au bout du bout…

    Dans ce cas, comment ne pas me demander si je préférerais voir mon beau couillu triompher de la virilité de Romain ou plutôt voir ce beau barbu faire découvrir à Jérém le plaisir de se soumettre à sa puissance sexuelle…

    Comment ne pas me demander si je préférerais voir Jérém dominer Romain, en faisant plier ce mec, gay mais on ne peut plus viril, ce séducteur, « chasseur », prédateur arrogant, l’archétype du dominant même, si sûr de lui et à qui apparemment aucun cul n’a résisté jusqu’à là? Est-ce que j’aimerais être témoin de la toute puissance de la virilité de mon beau brun, le voir asseoir de manière définitive et irrévocable son statut de mâle alpha à qui définitivement rien ni personne ne peut résister ? 

    Ou bien, est-ce que je préférerais plutôt voir Jérém succomber à la virilité du beau Romain, le voir changer complètement de rôle, découvrir le plaisir de se laisser dominer… il faut admettre que l’idée que Jérém puisse trouver « plus fort » que lui, et qu’il puisse « accepter » son désir inavoué pour les mecs… ça m’excite autant que le premier fantasme…

    Cette deuxième option, bien qu’excitante, me parait cependant bien plus dangereuse… car elle risquerait de changer beaucoup de choses dans mon regard vis-à-vis de mon beau brun, de remettre en questions le fantasme de la toute puissance de sa virilité, fantasme que, il faut l’admettre, est un élément clef de mon attirance pour lui…

    Cette deuxième option pourrait également perturber l’attitude de Jérém, déjà bien instable par ailleurs, vis-à-vis de moi… peut-être que sur le moment il serait capable de prendre son pied avec ce gars… mais le fait que j’en sois témoin, que j’assiste à sa chute du rôle de male alpha, pourrait bien lui rendre ma présence insupportable à l’avenir…

    Oui, il me faut choisir, les secondes passent et j’entends les semelles des baskets des deux beaux bruns crisser sur le goudron du trottoir… je sens les queues frémir dans les boxers… même si j’ai peur d’être débordé par ce plan, même si je crains qu’il ne puisse changer notre relation entre Jérém et moi… non, je n’ai pas le choix… si je donne forfait, si je rentre chez moi, je vais être jaloux à en crever, je ne vais pas dormir de la nuit…

    Alors, voilà le programme… je sais qu’avec Jérém ce n’est que de la baise, de la super baise… j’ai envie de voir jusqu’où cela va m’amener, prendre ce qu’il y a à prendre… même ce plan de dingue avec un autre super bomâle jouant dans sa même catégorie… au fond, objet sexuel ou juste spectateur, je m’en tape…

    Nous remontons le trottoir vers la rue de la Colombette en silence total… les deux bruns côte à côte, moi juste derrière… fou de ces deux torses en V moulés dans des t-shirts au couleurs antagonistes, envoûté par deux fessiers d’une beauté plus que surnaturelle et par le mélange de leurs deux parfums de mec…

    Et là, à un moment, c’est le déclic… je viens de réaliser quelque chose… je crois que j’ai compris ce qui vient de se passer entre les deux étalons…

    Deux males indiciblement beaux se rendent dans une boite à pd pour vérifier l’effet de leur charme sur un nouveau public… les deux mâles se croisent… et dans cet endroit où tout semble acquis pour eux, ils trouvent l’un dans l’autre le challenge qu’ils cherchaient…

    C’est en approchant de près son apart, celui que je considère le sanctuaire de notre relation, que je retrouve en moi de nouvelles inquiétudes vis-à-vis des conséquences que ce plan à trois va avoir sur notre relation…

    Mais bon, maintenant on y est… alors, en avant… nous passons la porte d’entrée de l’immeuble, nous montons les escaliers, nous rentrons à l’apart…

     


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    Les épaules appuyées contre le mur, le bassin et la bosse bien en avant, la cigarette tenue aux bords des lèvres avec une nonchalance totale et assumée… le bras légèrement plié, la main droite dans la poche du jeans, la gauche à moitié enfoncée derrière la braguette et prête à quitter ce lieu si agréable au toucher pour récupérer la cigarette entre deux taffes… le petit groupe de potes tournoyant autour de son charme puissant… presque des groupies qu’il semble jauger avec un regard distant, empreint de suffisance, avec une indifférence qui aurait presque des allures de mépris… 

    Non, je ne m’y étais pas trompé… le mec est effectivement d’une beauté à faire capituler non seulement des villes, mais des pays tous entiers… certes, on se rend vite compte qu’il transpire de son attitude une sorte d’arrière-goût d’arrogance, un air comme de « je suis canon, on ne peut pas me résister, alors il n’y en a que pour ma gueule, et c’est bien normal », une conduite qui confère à sa personne un côté plutôt agaçant, limite odieux… mais, au final, furieusement sexy…  

    Oui, lorsqu’on le regarde, on voit tout de suite des tonnes de claques perdues flottant autour de lui… des claques qu’on a aussitôt envie de rattraper… bien entendu, une envie bien plus urgente et impérieuse, celle de le sucer illico tout de suite, prend vite le pas sur notre première résolution… 

    Un très beau brun au t-shirt blanc d’un coté, un brun très beau au t-shirt noir de l’autre, les mêmes attitudes de mâle sexy et dominant… cette nuit, l’entrée du On Off brille de mille feux… 

    Alors, pendant que Jérém fait durer sa cigarette, je lâche mon gay-scanner dans la numérisation 3D du beau brun inconnu à ma droite… vu le très haut intérêt scientifique du spécimen, je paramètre la définition de mes capteurs au plus haut niveau… je lance le processus sans tarder… c’est une opération qui va prendre du temps, car pour obtenir un max de précision, je suis obligé de m’attarder sur chaque détail… quand on parle de dévouement à la science… 

    Je commence du haut vers le bas… ma première considération en tant que scientifique est très méthodologique : « Putain… qu’est-ce qu’il pue le sexe ce petit con… ».  

    Voilà le compte rendu détaillé de mon expérience. 

    Brun, très brun. Aussi brun que mon Jérém. Chaque regard que je pose sur sa personne, chaque détail de son anatomie, chacune de ses respirations, comme autant de « piqûres d’aiguille » au cœur tant sa beauté est insoutenable, tans sa sexytude est brûlante… oui, presque aussi aveuglante que celle de mon beau brun… 

    Des yeux pénétrants, vifs, balayant sans cesse l’espace, un regard dégageant toute sa vigueur de mâle dominant, affichant implacablement une attitude de jeune lion débordant d’énergie, laissant transparaître un côté « jeune premier » exhibé avec fierté et assumé sans complexes…

    Un visage effilé, coiffé par de beaux cheveux bruns très fournis et garni par un épais duvet de barbe brune soigneusement entretenue ; elle part de ses oreilles fines, légèrement évasées, mais terriblement sexy ; elle habille la mâchoire, se déploie autour du menton et descend assez profondément autour du cou ; elle remonte ensuite, empruntant deux chemins de part et d’autre de ses lèvres charnues et sensuelles, des chemins qui se rejoignent en dessous de son nez, droit et harmonieusement puissant…  

    Oui, ce beau brun inconnu est sans conteste LE bogoss de la petite bande… un bogoss pleinement conscient de l’être, exprimant une inébranlable assurance dans la toute puissance de son charme, de son pouvoir de séduction et de sa virilité. 

    Son physique est à la fois élancé et musclé, avec des bras puissants et des grandes mains de mec… un torse en V mis en valeur par le t-shirt noir cintré moulant chaque détail de sa plastique…  

    C’est lors de cette nouvelle observation scientifique que j’arrive à réaliser une loi universelle… il existe deux façons principales de mettre en valeur l’anatomie et la beauté indomptée d’un beau brun, deux façons complètement antagonistes mais tout aussi redoutables l’une que l’autre…

    La première c’est le mode « T-shirt blanc », choisi ce soir par Jérém, la couleur immaculée dessinant un contraste terriblement sexy avec ses cheveux bruns et sa peau mate ; la deuxième façon, celle adoptée par ce bel inconnu, c’est d’opter au contraire pour le mode « T-shirt noir », la couleur foncée accentuant à l’extrême le côté brun et mystérieux de son apparence et de son attitude…

    Certes, toute la palette de nuances intermédiaires peut convenir pour mettre en valeur le torse d’un beau brun au physique avantageux, pourvu qu’il soit un minimum ajusté… ou pas… car tout va à une beau garçon… même avec une cotte à double zip, accompagnée de bottes en caoutchouc et d’un bonnet péruvien (avec pompon) sur la tête, un bogoss reste un bogoss…

    Oui, toute la palette des nuances entre le blanc et le noir peut convenir pour mettre en valeur un beau torse… car, au fond, la couleur n’est que détail… juste une déclinaison, le reflet d'une même beauté… car lorsque le contenu est aussi alléchant, il prend définitivement le pas sur le contenant…

    Avant notre arrivée, ce mec était sans doute le mec le plus séduisant dans les parages. Ca c’était avant que mon Jérém se pointe avec son t-shirt Calvin Klein cousu main sur son torse de ouf. Mais même après notre arrivée, il faut admettre que son charme reste entier et qu’il sort du lot haut la main. 

    J’ai l’impression que Jérém fait durer sa cigarette, comme pour se donner le courage d’aller au bout de ce coup de tête que, je pense, il hésite à pousser jusqu’au bout.

    Je ne peux m’empêcher de me demander toujours et encore pourquoi il fait ça… qu’est-ce qu’il vient chercher dans cette boîte à pd…

    Sans que je puisse me donner une réponse, les secondes passent, l’attente dure… alors je m’occupe… ainsi, sans vraiment l’intention d’écouter aux portes, quelques mots sortant de la conversation de la petite bande, toujours aussi bruyante, arrivent à mes oreilles au gré des rafales de vent.

    « … pour une fois qu’on arrive à traîner Romain au On Off… il faut fêter ça… » j’entends dire un premier mec avec une attitude et une voix assez maniérées..

    Un petit sourire tout juste amorcé sous la barbe épaisse du beau brun inconnu me confirme que son prénom est bien Romain. Information capitale. Trésor inestimable. Le prénom d’un bogoss. J’aurais gagné au tirage du loto, je ne me sentirais pas plus riche. Je posséderais les codes de l’arme nucléaire, je ne me sentirais pas plus puissant.

    Le prénommé Romain sourit, amusé.

    « Il n’a pas besoin de ça pour draguer… » lance un deuxième gars.

    « Ca ne vous dirait pas de vous occuper de votre cul et me foutre la paix ? » dit le beau barbu en sortant de sa réserve sur le ton de la plaisanterie.

    C’est en écoutant cet extrait de leur conversation que j’ai comme la confirmation de quelque chose qui m’a sauté aux yeux dès le départ… le fait que la présence de ce mec a l’air de détonner non seulement avec la bande de potes qui l’entoure mais également avec cet endroit… oui, le décalage entre ce mâle sexy, viril, plutôt classe, et ces mecs habitués des lieux, est plutôt étonnant… j’ai l’impression qu’il y a comme quelque chose qui cloche, comme une erreur de casting… oui, le beau barbu à l’air de se demander ce qu’il fait là… 

    D’un autre côté, il faut voir comme ça lui plaît de se faire mater par les quelques gars qui approchent de la boîte… des regards qui rebondissent de brun en brun, de t-shirt en t-shirt, de Jérém en Romain… 

    Oui, j’ai l’impression qu’aussi bien l’un que l’autre, les deux bruns sont en train de se demander si c’est bien là l’endroit où ils auraient envie d’être à ce moment précis…  

    Mon Jérém a l’air d’hésiter… serait-t-il à cause du côté « trop pd » de l’endroit, dont la petite bande doit lui sembler le symbole peu engageant ? 

    Le beau Romain, quant à lui, a carrément l’air de se faire chier… serait-t-il à cause du fait qu’il n’a pas encore repéré de « proie » à sa mesure ? 

    J’ai l’impression que ce qui les retient de partir, aussi bien l’un que l’autre, est d’abord le fait de s’y être engagé… Jérém vis-à-vis de moi, bien que tacitement, le beau Romain vis-à-vis de ses potes… se dérober si prêt du but, ça équivaudrait à se dégonfler… et un mâle dans leur genre ne supporte pas de se montrer faible… 

    Cependant, je doute que cette raison ne suffise à elle seule… je pense que la raison principale qui semble les attirer vers l’enseigne rouge clignotante semble être plutôt la curiosité de voir l’effet que leurs charmes respectifs vont faire à cet endroit, une curiosité plus forte que leur répulsion pour l’endroit même… je pense qu’ils ont tous les deux envie d’exhiber leur virilité pour en vérifier l’effet sur un public conquis… où pourraient-ils avoir plus de succès qu’ici, après tout ? 

    Parfois l’ego masculin aspire à escalader des montagnes inaccessibles… à d’autres moments, il se contente tout simplement d’enfoncer des portes ouvertes… dans un cas comme dans l’autre, il aime découvrir des terrains de chasse inexplorés… 

    Une rafale de vent un peu plus forte agite bruyamment le feuillage des platanes. J’ai du mal à entendre leurs conversations… cependant, voilà qu’un certain nombre de mots, captés par-dessus le bruit du vent, retiennent illico mon attention… parmi eux : « beau vendeur », « magasin de mobiles », « derrière le Capitole »…

    Immédiatement ma base de données « Bogoss » fait le lien avec ce mec, Mathieu de son prénom, le jeune vendeur de mobiles de la rue d’Alsace-Lorraine qui m’avait tant plu le jour du shopping avec Elodie…

    Là, mon attention est entièrement captée, ma curiosité aiguisée. Je tends carrément l’oreille. Par chance, les éléments se calment… c’est là que je vais être le témoin involontaire de ce que je pourrais qualifier de véritable « conversation de pétasses »…

     « Vous avez vu le nouveau vendeur chez ***telecom dans la rue d’Alsace-Lorraine ? Il est graaaaaaaave sexy… » commence le premier mec ; et il continue « dès que je l’ai vu à travers la vitrine, je me suis dit que j’avais besoin de changer de portable… ».

    « Mais tu l’as changé il y a quelques semaines… et vu le bijou que t’as pris, t’es engagé au moins jusqu’en 2016… » fait observer un troisième mec.

    « On s’en fiche, je suis quand même rentré lui demander plein de renseignements… » assume le premier.

    « Juste parce que tu l’as trouvé mignon… tu es pathétique… » réagit le troisième mec.

    « T’aurais dû le prendre en photo… » balance le deuxième sur le ton de la boutade.

    « Oui, j’aurais dû prétendre que l’appareil photo ne marchait pas et le prendre en photo pour lui montrer… » considère le premier.

    « Il t’a tapé dans l’œil… » réagit le deuxième mec.

    « Oui, grave… il est un brin enveloppé… » continue le premier, enjoué « et il a un de ce putains de regards coquins… vraiment, celui là je me le ferais bien… ».

    « T’es vraiment une salope… » relance le deuxième, moqueur.

    « J’ai lu sur son badge qu’il s’appelle Mathieu… un prénom de bogoss… » continue le premier, sans prêter attention aux mots désobligeants de son pote ; il marque une petite pause et il continue « je suis sur qu’il plairait à Romain… ».

    Pendant cet échange, mes yeux, comme aimantés, n’ont pratiquement pas bougé du visage du beau barbu… sa cigarette toujours au bec, il n’a pas pris part à cette joute de pétasses… comme s’il estimait ce genre de conversation indigne de son statut de mâle dominant, comme s’il se sentait au-dessus de tout ça…

    Cependant, j’ai parfois remarqué des réactions passer sur son visage, des expressions tout juste amorcées et aussitôt effacées… des réactions restées muettes…

    Voilà à quoi ressemble un brun « Ténébreux »… comme une star, il reste en retrait, se fait désirer… du moins jusqu’à ce qu’on l’interpelle directement :

    « Tu devrais passer au magasin de mobiles un de ces jours… » relance le premier mec.

    C’est à ce moment-là que le visage du barbu s’anime soudainement, et que le petit sourire que je devinais caché sous sa barbe s’ouvre dans un franc smiley, délicieux, malicieux, canaille.

    La tête légèrement inclinée à gauche, les paupières juste mi ouvertes, cachant en partie ses yeux ; le menton qui se relève, ce qui fait que son regard toise maintenant son public de très haut ; toute la mimique de son visage, que je découvre ainsi capable d’être très expressive au besoin, se met en action ; son sourire coquin se met en biais, une étincelle lubrique et réjouie brille dans son regard… là, côté sexy et arrogant, le mec nous fait un festival…

    « Pas besoin d’aller au magasin… » finit-il par lâcher.

    « Tu rates quelque chose… » insiste le premier mec.

    « Il ne passe pas sa vie au taf, ça je peux vous le certifier… » répond le beau barbu, en terminant sa phrase sur un ton qui laisse entendre qu’il n’a pas encore tout dit…

    Je regarde ses potes, comme suspendus à ses lèvres, faute de l’être à sa braguette… je me dis qu’il ne doit pas y en avoir un seul qui ne rêve pas de se faire défoncer par ce beau mâle… mais je devine aussi que, si le gars s’est fait traîner pour venir à cet endroit, il doit avoir des habitudes de chasse bien différentes, condamnant ainsi les fantasmes des mecs de la petite bande à rester tels à jamais…

    Oui, l’entrée en scène est soignée… il fait mijoter ses groupies… son silence, orchestré avec un savoir-faire certain, aiguise la curiosité… oui, le silence après du Mozart, c’est encore du Mozart… et le silence avant une sentence de petit con, c’est déjà du petit con…

    C’est dingue comme son attitude est capable d’attirer l’attention sur lui, avant même qu’il ait proféré le moindre mot… je ne le connais pas, mais je me sens soudainement faire partie de cette bande de pétasses sous son charme…

    Après une pause, sûr de l’effet que ses mots vont avoir, il finit par balancer avec nonchalance :

    « Lui non plus ne s’est pas fait prier pour s’allonger… ».

    Bam ! Je ne m’y étais pas trompé… son attitude conquérante de mâle très sûr de lui annonçait du lourd. Et il a envoyé du lourd. Tellement du lourd que j’ai failli tomber sur le cul.

    Affolé par ce que je viens d’entendre, je tends encore un peu plus l’oreille pour m’assurer d’avoir bien compris…

    « Tu nous fais marcher… » fait d’ailleurs le troisième mec, le ton mi-affirmatif mi-interrogatif.

    Un sourire lubrique en coin qui ne s’efface pas de son visage, associé à son silence théâtral, constitue une réponse plus qu’explicite. Non, ce n’est pas une blague… j’oscille entre excitation extrême et frustration, déception inexplicable…

    « Putain, tu te l’es tapé… un de plus… je ne sais pas comment tu fais… » commente le troisième mec, visiblement admiratif.

    Comment il fait ? T’es aveugle ou quoi ? Gaulé comme il est, avec sa belle petite gueule arrogante à gifler… qu’est ce qu’il te faut pour avoir envie de te mettre à genoux… et ce, rien que pour commencer… ?

    « Je croyais que la plupart des mecs sont comme les canapés Ikea… » considère le premier mec en rigolant ; et il continue « réversibles mais difficiles à monter… ». 

    « Il faut croire que certains sont moins compliqués que d’autres… » répond le beau Romain en expirant le premier nuage de fumée de la cigarette qu’il vient tout juste d’allumer.

    Le ton de sa voix est très posé, très calme, très sûr de lui, son visage et son regard affichent une assurance qui met presque mal à l’aise… le gars est là, les épaules toujours appuyées au mur, une main dans la poche du jeans, l’autre tenant sa cigarette ; faisant état, en tout juste quelques mots entremêlés de longs silences, de sa domination virile sur un mec « insoupçonnable »… donnant des leçons l'air de rien, comme s'il parlait à des enfants qui ne comprennent pas tout...

    Et moi… moi je suis scié… sonné… abasourdi…  

    D’abord pour la forme… habitué au côté petit con de Jérém, je pensais être préparé à tout… mais là… ce Romain… cet aplomb de jeune coq conquérant, ce côté sale gosse impuni sans complexes… ça dépasse l’entendement, tout ce qui est humainement supportable… là, dans le genre petit con… on frise le chef d’œuvre... oui, même Jérém n’a qu’à bien se tenir… ce mec est au petit con ce que Anna Wintour est à la mode, ce que Madonna est au star system... une icône...

    Oui, dès qu’on pose le regard sur lui, on devine de suite des tonnes de baffes perdues… mais dès qu’on l’entend parler, cette impression devient certitude et on en vient à se dire que pour en arriver à ce stade, ses parents devaient être manchots…

    Pourtant, dieu sait qu’il en mériterait des baffes… même tardives… hélas, à ce stade, c’est irrattrapable… le gifler serait peine perdue… à mon avis, si on commence à lui mettre des baffes pour tenter de calmer son arrogance, on aura mal aux mains avant qu'il ait mal à la gueule...

    Ceci étant, c’est évidemment sur le fond que je suis terrassé… mon charmant Mathieu… ainsi j’avais tout faux à son sujet… je m’étais dit d’abord, comme d’habitude, qu’un aussi beau mec ne pouvait pas ne serait-ce qu’envisager des trucs avec d’autres garçons… même en lui réservant le rôle de « mec », en le suppliant d’avoir la chance de le faire jouir…  

    Bingo ! Et là, tout mon petit monde vient de s’effondrer… non seulement je découvre qu’il a un sérieux penchant pour les garçons, preuve en est qu’un beau Romain a pu l’aborder apparemment sans effort… mais que, toujours sans effort, le beau Mathieu a vite abdiqué à ses prérogatives de jouissance masculine pour se soumettre au plaisir d’un mâle dominant… comme quoi, certains cachent bien leur jeu…  

    Ce qui me fait le plus mal, au fond, c’est de penser que ce mec ne m'est pas accessible, alors qu’il l’est pour d’autres mecs… non, il ne m’est pas accessible, car je ne sais pas comment m’y prendre pour aborder un mec dans la vie courante… moi qui voudrais non seulement le faire jouir mais le câliner, lui montrer à quel point il me touche au-delà de son charme…

    Mais il est pourtant accessible à des mecs comme ce Romain pour qui il n’est au final qu’un coup parmi d’autres, un exploit sexuel qui se retrouve balancé avec vantardise dans une discussion entre mecs…

    « Un bon coup de queue, ça calme… » résume Romain entre deux taffes, pendant que ses acolytes visiblement émoustillés continuent de commenter sa performance.

    Putain de gars, capable de montrer, l’espace de quelques phrases, toute la panoplie d’attitudes du mec insupportablement sur de lui, voire carrément détestable…

    Le récit de son aventure avec le beau Mathieu, sacrement explicite malgré l’économie des mots, m’a carrément désarçonné…

    Tout absorbé dans mes pensées, je ne me rends même plus compte que je le mate sans ménagement… 

    C’est sans doute la raison pour laquelle à un moment nos yeux se croisent… ce n’est qu’un instant, car je n’ose pas soutenir son regard de braise qui soudainement me rappelle tant celui de mon beau brun… un regard froid, fermé, distant, sans expression, qui met presque mal à l’aise… mais un regard chargé d’une sensualité brûlante, une sexualité qui transpire de sa personne toute entière, un regard qui semble annoncer inlassablement : « je vais te baiser et tu vas tellement aimer ça que tu vas me remercier et en redemander… ». 

    Première conclusion de mon étude très scientifique : la presque certitude que se frotter à ce genre de mec équivaut à se laisser dominer l’espace d’une baise torride pour se faire jeter juste après… hélas, cela n’empêche en rien qu’on puisse quand même avoir envie de vérifier la puissance sexuelle qui sous-entend à son arrogance de petit con… pendant un instant, comme un flash, je l’imagine dans le rôle de Jérém, sauvage, limite brutal, impatient de jouir, imposant son rythme pour atteindre l'instant ou toute sa virilité me remplirait la bouche d'un nectar chaud et exquis....
    Deuxième conclusion de mon étude très scientifique : tout dans son attitude et dans son regard semble indiquer que rien ni personne ne semble vraiment l’intéresser… rien, mis à part lui-même… car la seule chose qu’il semble affectionner c’est d’être regardé, désiré, jalousé… au final, les autres, y compris sa petite bande, ne semblent être à ses yeux qu’un moyen à sa libre disposition pour atteindre son plaisir, entretenir sa fierté masculine, célébrer sa primauté virile…

    Troisième conclusion de mon étude très scientifique : ce mec a l’air d’un sacré filou, totalement centré sur lui-même, étranger à toute bienveillance vis-à-vis de son prochain… je dirais qu’il incarne à mes yeux ce que j’appellerais l’« anti-Thibault »…

    Conclusion 1+2+3 = loi universelle selon Nico : le fait est que ce genre d’attitude, lorsque je l’imagine transposé dans une sexualité puissante, me donne des idées totalement lubriques... déjà rien que son physique est un scandale, mais l’effronterie par-dessus, il est sexy puissance mille… alors, comment résister à ce physique de dingue, à cette petite gueule de p’tit con trop sexy, qui se paie en plus le luxe de baiser des mecs comme Mathieu ?

    Perdu dans mes réflexions, je finis par capter à nouveau son regard… et je réalise qu’il est toujours en train de mater dans ma direction…

    Soudainement, je suis saisi d’un doute… qui devient rapidement certitude… je ne crois pas que son regard me soit destiné… en réalité, je crois que le beau Romain est en train de mater mon Jérém…

    Preuve en est que, lorsque je me tourne vers mon beau brun, je surprends un regard fuyant en direction du beau Romain… là, je commence vraiment à être inquiet… un échange de regards entre beaux bruns… deux méga bombasses qui vont se retrouver dans la même boîte… ça ne présage rien de bon… si Romain cherchait une « proie à sa mesure »… là il tient le bon lot… il faut que je la joue fine… pas envie de jouer le mec qui tient la chandelle…

    Jérém vient enfin de terminer sa clope… il balance nonchalamment le mégot avec l’index et je le vois décoller ses épaules musclées du mur et se diriger droit vers l’entrée du On Off…

    « Tu veux vraiment y aller ? » j’essaie une dernière fois de le retenir pendant qu’il passe devant moi.

    « Oui, pourquoi ? » il me répond tout naturellement en continuant à avancer vers l’entrée.

    Je sais que je ne pourrais pas l’empêcher. Alors, autant garder un oeil sur lui… j’ai très envie de me tirer, mais rentrer chez moi en sachant mon Jérém « tout seul » dans une boîte à pd, c’est un truc au-dessus de mes forces…

    A la faveur de ce court échange, ni moi ni Jérém n’avons remarqué le mouvement de l’autre côté de l’entrée… oui, la petite bande a bougé, presque en même temps que nous, le beau brun Romain en tête… résultat des courses… mon beau Jérém et le beau Romain arrivent en même temps dans l’encadrement de la porte… les deux mâles rentrent en collision…

    Arrêt sur image… deux avant-bras à la peau mate se touchent, deux t-shirts de couleurs opposées se frôlent…

    On a frôlé l’incident de beau brun… la petite bande stoppe net l’avancée et se met en mode « voyons un peu ce qui va se passer »…

    Mon beau brun se tourne vers Romain avec un regard noir, sévère, contrarié… je sais que, notamment dans l’état d’esprit où il est après les émotions collectées au KL et pendant notre retour en voiture, il ne va pas falloir le chauffer ce soir, sous peine de le voir démarrer au quart de tour… mais Romain n’a pas l’air impressionné… pas du tout même… il le regarde fixement, sans se démonter… les deux mâles se toisent… dans le regard de Jérém il y a de la surprise et un principe de surchauffe, dans celui de Romain, du défi et un je-ne-sais-quoi de volontairement impertinent… pendant un court instant, je crois que mon Jérém va péter un câble, je sens qu’il a besoin de se défouler, j’ai peur qu’il bouscule le beau Romain et qu’ils en viennent aux mains… et ce serait vraiment dommage…

    Mais rien ne se passe… les regards se figent, l’affrontement dure… le mec doit trouver Jérém magnifique, avec ce regard de tueur… pour peu que Jérém lui trouve un dixième du charme que moi je trouve à ce mec… là on va droit à la catastrophe… putain… pourvu que ça ne se transforme pas en un début de drague… si Jérém se met dans la tête de se taper Romain… et si Romain est partant aussi… ou bien l’inverse… mon pauvre Nico, t’as plus qu’à compter les points… 

    Bien évidemment, alors qu’il me semble s’étirer sur une petite éternité, leur regard ne dure en réalité qu’une seconde… un instant de surprise pour Jérém, un moment pour satisfaire la curiosité de Romain… et ça se termine lorsque le beau Romain, ayant probablement déduit de cet échange de regards que le beau mâle en t-shirt blanc en a dans le boxer, idée qui ne doit par ailleurs pas lui déplaire, finit par lâcher : 

    « Ca va aller, mec ? » tout en faisant un pas en arrière et baladant son regard de Jérém à moi et de moi à Jérém, essayant de jauger si on est ensemble ou si on est juste potes.

    L’expression menaçante de mon beau brun semble se détendre un brin. 

    « Ca va aller… » répond-il en détournant son regard et en poursuivant sa route. 

    Romain lui emboîte le pas, suivi à son tour par la petite clique qui s’empresse de marcher dans le sillage du chef de meute… je passe mon tour sans broncher, toujours hésitant à l’idée de rentrer au On Off…

     

    [Nda : cet épisode comporte une scène imaginée dans une boîte gay toulousaine ayant existée et qui n’existe plus aujourd’hui. La configuration des lieux dans la narration, notamment la présence du « couloir sombre », ne correspond pas à la véritable configuration des lieux de l’époque ; elle est librement adaptée pour les besoins du récit, notamment en m’appuyant sur des souvenirs d’autres boîtes du milieu gay]. 

     

    C’est la première fois que je mets les pieds dans cet endroit. Je suis passé devant plusieurs fois. Le jour, en me baladant sur le bord du Canal. Le soir, parfois. J’ai vu briller son enseigne rouge dans la nuit comme un appel à moi, à mon être profond. Sans oser franchir le pas. Sans oser en franchir le seuil. Il a fallu qu’on m’y amène. Il a fallu qu’il m’y amène. 

    Oui, pour que j’ose franchir la porte du On Off, l’une des boîtes à pd les plus branchées de la ville, pour que j’accepte de prendre le risque de pénétrer dans ce lieu de « perdition », il a fallu que mon Jérém m’y amène… 

    C’est la première fois que je rentre à l’On Off et déjà je découvre que j’aime…  

    PAS !!!  

    Ca n’a rien à voir avec le lieu… c’est juste que, dès mon entrée, je vois le beau Romain en train de taper la discute avec mon Jérém à moi… ça commence mal… je n’entends pas encore ce qu’ils se disent, mais je vois Romain lui balancer un sourire qui ferait fondre une montagne… ce qui rassure un peu, c’est que Jérém ne rigole pas, il semble limite tendu, pas vraiment à l’aise… lorsque j’arrive à proximité, j’entends le barbu lui proposer un verre « pour oublier le petit incident ». 

    Putain, il perd pas de temps, le mec… je t’en foutrais, du petit incident… 

    « Merci » j’entends mon brun lui répondre « mais ça va aller… ». 

    Ouf… merci Jérém, une fois de plus ce soir, je suis fier de toi. Je suis toujours fier de mon brun lorsqu’il refuse des avances. Beaucoup moins lorsqu’il les accepte. 

    « Comme tu voudras… » réagit le mec, sans ciller, et il conclut « peut-être à plus tard… ».

    Oui, c’est ça, à plus tard… va donc te faire foutre… ailleurs…

    Jérém se contente de lui répondre avec un petit sourire un peu forcé.

    Romain s’éloigne de nous, direction le bar. Ses groupies l’y attendent de pied ferme.

    Jérém avance à son tour, direction le bar aussi, mais à l’opposé de la petite bande. Il traverse la salle d’un pas lent, assuré et, inutile de le préciser, tout le monde se retourne sur son passage, tout comme ça a été le cas un instant plus tôt au passage du beau Romain…

    La boîte est bondée de monde et, au premier abord, sans que j’aie encore eu le temps de bien m’en rendre compte, il y aurait pas mal de belles choses à recenser… malgré ça, force est d’admettre que, dès leur entrée, mon beau Jérém et le beau Romain, un brun très beau et un très beau brun, sont les lumières les plus rayonnantes de la boîte… deux beaux mâles virils, l’un avec un t-shirt blanc, l’autre avec un t-shirt noir de cet acabit dans une boîte de pd… ça force le respect, ça détourne les regards, ça donne des envies, ça fait bander à des endroits et se détendre à d’autres…

    En plus, les deux étalons ont ce soir un atout inestimable à leur actif… ce sont des nouvelles têtes… ce qui fait que, en plus du désir, ils suscitent la curiosité…

    Bon, il ne faut pas que j’oublie que je suis là pour « assurer la sécurité sexuelle » de mon beau brun… hélas, il ne fait rien pour me faciliter la tâche… avec son beau t-shirt blanc sur son torse parfait, avec sa démarche assurée et son attitude froide et distante, avec ce côté petit militaire en permission que je n’arrive pas à dissocier de lui, j’ai l’impression que mon Jérém est en train de faire un défilé, un défilé très viril pour le coup, pour CK… l’effet est immédiat… des tonnes de regards saturés de désir se posent sans cesse sur lui… c’est comme si mon beau brun était en train de se faire sucer par ces regards… l’état d’alerte est maximal…

    « Tu bois quoi ? » il me demande une fois atteint le comptoir.

    Prenant sur moi pour ne pas lui répondre la même chose que la dernière fois qu’il m’a posé cette question, quelques heures auparavant à la Bodega, je lâche :

    « Un coca ».

    J’en ai marre de boire. J’ai juste soif. Il rigole. Il se moque. Il est beau. Le plus beau de tous. Sans hésitation. Petit con, va. Il le sait. Alors, qu’est ce que l’on fout ici ? Qu’est-ce qu’il est venu chercher de plus ?

    Il est super tard, demain il a match, il n’y a pas vraiment de nanas en vue… il y a en revanche beaucoup de mecs… je suis à la fois jaloux et fier de toutes ces attentions… jaloux, ça se comprend… fier… c’est parce que tout ce désir que je sens flotter autour de lui me donne une nouvelle dimension de son charme universel, ainsi que l’ampleur de la chance qu’est la mienne de pouvoir accéder à sa sexualité…

    Je sens que l’émoustillement général risque de provoquer des débordements… risque d’émeute… je suis sur la défensive… je surveille l’assistance pour guetter le moindre mouvement en direction de mon beau brun… je dois avoir une tête de pitbull qui surveille son os… pire… j’ai l’impression d’avoir la tête de Silvia Fine au mariage de Fran, lorsque, après que le curé ait demandé si quelqu’un avait quelque chose à dire contre cette union avant de se taire à jamais, elle se retourne avec un regard noir, l’air de dire « le premier qui bouge ne serait-ce qu’un poil, il est mort… ». 

    Jérém m’a filé un verre… il a la couleur du Coca, il y a du Coca, mais pas que… euh, Jérém… je n’ai jamais dit un whisky-coca… la première gorgée me surprend, et je dois grimacer comme un couillon… lorsque je retrouve mes esprits, je vois Jérém en train de rigoler sous la moustache… t’es vraiment un petit con… t’es scandaleusement beau mais t’es un bon gros petit con…

    La descente du beau brun est autre que la mienne… accoudé au comptoir en train de siroter sa Vodka, il laisse son regard balayer la salle… qu’est ce qu’il regarde ? qu’est ce qu’il cherche ? il va forcément capter tous ces regards en mode « j’ai envie de toi »… et après ?

    J’essaie de suivre son regard, mais c’est peine perdue… alors j’en fais de même, je fais un tour de la salle pour voir si mon regard arrive à en capter qui seraient intéressés… hélas, lorsqu’on se trouve à côté de Jérém, on n’existe plus… lorsque je reviens à mon Jérém, je le vois regarder fixement en direction d’un couloir sombre sur notre gauche…

    Soudainement, je le vois décoller ses reins du bord du comptoir et s’y diriger.

    Naïf comme je pouvais l’être à l’époque, je me dis que ça doit être l’entrée des toilettes… moi aussi j’ai envie de faire pipi, alors je lui emboîte le pas… hélas, ma naïveté est très rapidement mise à mal par la circulation qui semble animer cet espace sombre et isolé. Des ombres semblent en effet aller et venir sans cesse à l’intérieur de ce couloir mystérieux.

    Mon beau brun marque un temps d’arrêt. Pendant ce temps, deux mecs nous dépassent, me heurtent au passage, s’engouffrent dans le couloir sans se poser de question et disparaissent dans une ouverture à droite… on entend le bruit d’une porte coulissante. Ça y est, je viens de comprendre… de comprendre le sens du mot back room…

    Jérém a fini son verre, il le pose sur une sorte de rebord accroché au mur à droite de l’entrée du couloir et il s’engouffre à son tour dans ce passage inconnu…

    Mais pourquoi… pourquoi… pourquoi il fait ça ce petit con ? Putain… écoute un peu cette chanson qui sort de la sono… 

     

    U don't have 2 be beautiful/Tu n'as pas à être magnifique
    2 turn me on/Pour m'exciter
    I just need your body baby/J'ai juste besoin de ton corps bébé
    From dusk till dawn/Du crépuscule jusqu'à l'aube
    U don't need experience/Tu n'as pas besoin d'expérience
    2 turn me out/Pour me faire chavirer
    U just leave it all up 2 me/Laisse-moi faire
    I'm gonna show u what it's all about/Je vais te montrer comment on fait
     

     

    U don't have to be rich/Tu n'as pas à être riche
    2 be my (girl) boy/Pour être (ma nana) mon mec
    U don't have 2 be cool/Tu n'as pas à être cool
    2 rule my world/Pour me diriger
    Ain't no particular sign I'm more compatible with/Il n'y a aucun signe avec lequel je ne suis pas compatible
    I just want your extra time and your/Je veux seulement ton temps libre et ton
    Kiss/Baiser 


    Jérém avance lentement dans la pénombre et moi derrière lui. Pas après pas, la musique de la salle principale arrive de plus en plus estompée à nos oreilles… plus on s’éloigne, plus le son se fait ouaté… on a l’impression de rentrer dans le placard du resto de 11.22.63 et de se retrouver plongé dans une autre dimension… 

    Et au fur et à mesure que les basses perdent d’intensité, ce sont d’autres bruits qui arrivent à nos oreilles… des bruits qui ne trompent pas… ce sont des bruits de peaux qui se frottent entre elles, de lèvres qui caressent, qui sucent, de corps qui s’emboîtent, ce sont les bruits du sexe, des gémissements plus ou moins contenus de plaisir…

    Ca a ce côté glauque, mais en même temps, je dois bien avouer, un côté excitant, le côté excitant de l’interdit, du « malsain »....

    Au bout de quelques instants plongé dans la pénombre, l’œil finit par s’adapter à la faible lumière des quelques leds allumées… j’arrive à mieux distinguer les formes, les corps, les désirs… à droite et à gauche du couloir, des portes donnant accès à des petites alcôves… certaines sont fermées, d’autres non, laissant ainsi plus qu’entrevoir ce qui s’y passe à l’intérieur…

    Postés dans l’encadrement de certaines portes, des gars observent la circulation, en attendant un regard complice, un désir partagé… je comprends de suite que si la salle principale est un endroit où la bienséance a encore quelques droits, là nous avons pénétré dans un espace sans foi ni loi… un baisodrome…

    « Ici on ne vient que pour baiser »… voilà ce qui devrait être affiché à l’entrée du couloir… car, dès que vous mettez un orteil dans ce couloir sombre, on considère que vous avez envie d’une baise et on se sent autorisé à vous regarder avec une lubricité sans détour… je ressens le poids étouffant de tous ces regards qui se posent sur moi, sur nous, sur Jérém surtout… on a fait peut-être dix mètres dans le couloir, que déjà mon beau brun aurait pu se faire sucer au moins dix fois…

    Je suis vraiment gêné… je ne sais pas si mon beau brun ressent la même gêne que moi, en tout cas il continue d’avancer et je le suis comme un gentil toutou…

    Et toujours ces questions qui ne me quittent pas… mais qu’est-ce que l’on fout ici ? Qu’est-ce qu’il cherche ce petit con ? Pourquoi on n’est pas chez lui en train de s’envoyer en l’air comme des malades ? J’ai envie de le sucer…

    Pas après pas on approche lentement du fond du couloir, là où, derrière un rideau à lattes en plastique translucide, une espèce de lueur semble appeler le nouvel arrivant.

    Jérém, en explorateur curieux, s’y engouffre. Je le suis. On se retrouve dans une petite salle avec quelques fauteuils, et toute la paroi à notre gauche couverte par un écran où est projeté un porno gay… dans le film, un beau blondinet est allongé sur un lit, sur le ventre, en train de se faire défoncer le cul et la bouche par deux étalons bien montés… la scène est plutôt crue et je suis gêné d’y assister… que ce soit pour la scène en elle-même, pour l’endroit que je trouve de plus en plus glauque, pour le fait qu’il y a du monde qui nous regarde ou bien pour le fait d’y assister en présence de mon beau brun…

    Jérém fixe l’écran, et il semble être bien le seul… dès notre arrivée, tous les gars présents ont tourné le regard vers ce t-shirt blanc qui brille sous le reflet de la lumière réfléchie par l’écran… côté audimat, le film tombe à zéro… mon Jérém récoltant tous les suffrages…

    Mon regard se balade nerveusement dans la salle, me demandant quand mon con de beau brun va se décider à foutre le camp de là… je suis super mal à l’aise et j’ai vraiment envie de partir… mais avec lui… avec lui !!! Cet endroit pue la baise pure, le sexe pour le sexe… Jérém… tu mérites mieux que ça…

    Au bout d’un moment, j’aperçois, debout contre un mur de la salle, un mec en train de fumer sa clope… il fume, mais pas que… le gars est en train de se faire sucer par un type accroupi devant sa braguette, mais presque complètement caché à ma vue par un alignement de fauteuils… je me dis que jamais je n’oserais faire ça, ni me faire faire ça, devant du monde…

    A la simple lueur de l’écran, je devine sur son visage le passage des frissons d’une fellation qu’il contrôle par sa main fermement posée sur la nuque du mec à genoux… et je me rends compte aussi que, tout en prenant son pied, il regarde dans notre direction…

    Le gars à genoux a l’air de bien connaître son sujet, je le vois s’y prendre avec application… il pompe de façon ininterrompue, presque sans respirer… je connais ça… il s’y prend comme un gars impatient de goûter au jus d’un beau mâle… reconnaissant à ce dernier de lui offrir cette chance inouïe…

    Oui, bien aiguillé par la main sur sa nuque, le gars pompe comme si sa vie en dépendait… du moins jusqu’à ce qu’il se rende compte que tout le monde regarde en direction de l’entrée, jusqu’à ce que sa curiosité le pousse à abandonner provisoirement son affaire… affront que le mec débout rattrape presque instantanément, après avoir précipitamment jeté sa cigarette, les deux mains libérées, utilisées pour enserrer la tête de son suceur et le contraindre à revenir illico à sa noble mission…

    Son visage est alors à nouveau parcouru par les frissons du plaisir de mâle… et il nous regarde toujours… je vois également Jérém regarder dans sa direction… à quoi pense-t-il à ce moment précis ? Envie-t-il le mec avec la queue dans une bouche inconnue et accueillante ? Regrette-t-il que je sois là avec lui, sans quoi il serait déjà en train de se faire sucer lui aussi ?

    Ou bien… en est-il, au contraire, mal à l’aise, interloqué, comme je le suis moi-même, sur le coup d’une découverte inattendue ? Se fait-il, a ce moment précis, une image terriblement négative du milieu gay, et de l’homosexualité en général, un monde auquel il ne voudra plus, encore moins qu’avant, être « associe » dans sa tête ?

    Jérém, mon beau et con Jérém, lui qui n’est même pas prêt à affronter sa double nature et ses envies de baiser avec un petit pd, il découvre ici, en même temps que moi, l’un des aspects les plus glauques du milieu gay… avec le risque qu’il y porte désormais un regard encore plus méprisant, un regard de dégoût… un mépris et un dégoût auxquels je crains de finir associé dans son esprit…

    C'est aussi ça que je craignais tout à l’heure en le voyant avancer en visant l’enseigne clignotante du On Off… non seulement qu’il se fasse draguer… mais qu’il trouve l’endroit, le milieu, malsain… et qu’il trouve alors de plus en plus insupportable de céder à des pulsions avec son pd de service… sa petite salope…

    Dans la pénombre de la petite pièce, je vois son dos juste devant moi… je sais, je me répète… mais ce torse en V et sa chute d’épaules… on frôle le divin… alors, à chaque fois ça me provoque un frisson… et des envies contre lesquelles je ne peux pas lutter… qu’est ce que j’aime son cou puissant, et tout particulièrement cette région, cette lisière d’où démarrent ses cheveux bruns…

    Si je m’écoutais, j’avancerais d’un pas, je passerais mes bras autour de sa taille… en ayant au préalable pris le soin de passer mes mains sous son t-shirt et de les faire glisser sur ses abdos… je collerais mon ventre contre son dos… et je lâcherais mes lèvres à l’assaut de cette lisière d’une douceur absolue, cette région qui est également un endroit très sensible pour lui… oui, je me lâcherais sans retenue… embrassant centimètre après centimètre de sa peau… le nez perdu dans le mélange de son parfum de mec et du parfum naturel de sa peau… remontant jusqu’à ses oreilles que je lécherais, que je mordillerais sans discontinuer, pendant de longues minutes…

    Hélas, je n’ose pas… je ne sais pas ce qui est en train de se passer dans sa tête… mais lorsque je fais un check in dans la mienne, je retrouve toujours et encore les mêmes questions… mais qu’est-ce qu’on fous là ? Quelle est la véritable raison qui a poussé Jérém a venir ici ? Tester l’universalité de son charme sur un nouveau segment marketing ?… je pense… me faire chier après mon sketch avec Martin et ma crise d’insoumission dans la voiture ?... je pense aussi…

    Mais avec tout cela, peut-être autre chose… comme la curiosité de voir vraiment ce qu’il en était, si son attirance pour les mecs était vraiment réelle… voir si ce milieu l’exciterait, ou au contraire le dégoûterait... et, au final, savoir qui était vraiment Jérém T.

    Soudainement, je vois mon beau brun faire demi-tour, passer à côté de moi sans me calculer et repasser au travers du rideau de lattes translucides… j’en fais de même, soulagé de m’éloigner de cette ambiance moite qui me met si mal à l’aise…

    Jérém a remarqué que le couloir part sur la droite en sortant de la salle de projection… il avance dans ce nouvel espace inconnu… le plus naturellement du monde, je lui emboîte le pas… on n’a pas fait deux mètres, que le beau brun s’arrête brusquement, se retourne et me balance, le visage à 20 cm du mien :

    « Lâche-moi un peu les baskets, tu veux bien ? ».

    Saligaud !, j’ai envie de lui crier… saligaud !... je la voyais venir celle-là… t’es venu ici pour te taper d’autres gars, c’est ça ? Tu veux voir comment des mecs vont tomber comme des mouches devant ta virilité ? Tu veux me faire payer ma petite rébellion de toute à l’heure, c’est ça ?

    Petit con, va… t’es là, à vingt centimètres de moi, ton parfum fait vibrer mes narines et me brouille l’esprit… j’ai envie de toi… et toi tu es là, à portée de bouche… j’ai envie de t’embrasser, comme un fou… et toi… toi, tu me balances de te lâcher les baskets pour que tu puisses aller tremper ta queue ailleurs ? T’es vraiment un connard…

    Je sens la terre se dérober sous mes pieds… puisque tout est perdu, alors c’est décidé, je balance mes dernières cartouches… j’y vais… j’avance mon buste et je l’embrasse, je pose mes lèvres sur les siennes… c’est viscéral, je ne peux pas m’en empêcher… non, je ne peux pas m’empêcher de lui montrer dans ce lieu de baise dans lequel il veut que je le laisse seul, de lui montrer que je l’aime, de lui montrer à quel point je l’aime…

    Dans mon geste désespéré, je trouve même l’audace de passer ma main derrière sa tête pour appuyer encore plus mes lèvres sur les siennes, pour l’empêcher de se dégager dans la seconde… non , je ne peux pas me passer de lui donner un bisou pour qu’il se souvienne de moi lorsque dans quelques instants sa queue sera dans la bouche d’un inconnu…

     

    Ain't no particular sign I'm more compatible with/Il n'y a aucun signe avec lequel je ne suis pas compatible
    I just want your extra time and your/Je veux seulement ton temps libre et ton
    Kiss/Baiser 

     

    Pris par surprise, il lui faut une petite seconde pour réagir… mais lorsque la réaction vient, elle se fait sentir : ses mains attrapent mes mains, les décrochent de sa nuque, les balancent loin avec un geste énervé et violent, et repartent aussitôt mettre un grand coup sur mes épaules, un coup tellement puissant que je manque de peu de me vautrer par terre…

    Je me rattrape de justesse en posant une main sur le mur, à quelques centimètres de la porte de la salle de projection… inutile de préciser que mon baiser a été interrompu brutalement…

    Je n’ai que le temps de capter son regard noir plein de colère… il fait demi-tour, sans un mot et s’enfonce dans la pénombre encore plus sombre de ce deuxième couloir…

     


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    Dimanche 8 juillet 2001, 2h42, Toulouse Sesquière, le KL. 

     

    Nico et Martin ne sont plus qu’à quelques pas de la sortie, lorsque Nico sent une pression sur l’épaule. Il s’arrête net. Il sait que c’est sa main. Il a redouté que cela puisse arriver autant qu’il l’a souhaité. Nico se retourne. Jérémie le regarde fixement. Il a l’air très contrarié des mauvais jours. 

    « On rentre ! » il finit par lâcher sur un ton autoritaire. 

    « Non, je ne rentre pas avec toi… » je lui répond sèchement. 

    Il me toise, mauvais, je n’ose même pas le regarder. 

    « Qu’est ce qui te prend ? » s’étonne le beau brun. 

    « Rien… je rentre avec lui… » j’insiste en lui indiquant Martin qui, ne s’étant pas rendu compte tout  de suite de mon arrêt, se trouve désormais quelques pas plus loin et regarde la scène à distance. 

    « Arrête ça… viens, on rentre… » m’intime Jérém. 

    « Maintenant c’est trop tard, je lui ai dit oui… » je lui annonce, comme une fatalité. 

    « Alors casse-toi et n’essaie plus de me faire chier… tu me dégoûtes ! » me balance-t-il en pleine figure. Le ton est contenu, afin d’éviter le scandale, mais le mot est dur, percutant, j’en ai presque les larmes aux yeux. Il fait demi tour et il se barre. 

    « Jérém… » je tente de le retenir. En vain. 

    Envie de le rattraper. Envie de lui.  

    Envie de le laisser filer et de partir de mon coté sans tenir compte de son caca nerveux, histoire de lui montrer que je ne suis pas son toutou, que je peux avoir des aventures de mon coté, comme lui les siennes, que je peux lui imposer mes choix, comme lui les siens. Que je ne lui dois rien, comme lui il estime ne rien me devoir.  

    Envie de le rattraper. Envie de lui. Envie de coucher avec ce mec qui me retourne rien qu’avec un regard, envie de faire jouir ce corps que je connais par cœur et qui me fait jouir comme pas permis, envie d’avoir accès à cette queue qui me fait grimper aux rideaux, et même jusqu’aux combles, qui m'envoie en l’air jusqu’aux étoiles… 

    Envie de ne pas me dégonfler par rapport à Martin… et aussi… envie de Martin… envie de découvrir le corps et la sexualité de ce garçon inconnu, très impatient et excité de vérifier si les promesses de plaisirs sauvages annoncées avec tant d’assurance seront bien tenues dans les faits… savoir si je vais autant aimer me faire bousculer par un autre mâle dominant… découvrir ses kifs… me frotter à une nouvelle puissante virilité… 

    Deux mecs canons veulent me sauter et je ne sais pas quoi faire… c’est vrai qu’il existe situation plus inconfortable, des choix plus difficiles à faire… mais enfin… l’enjeu est tel, le futur de ma relation avec mon beau brun, que je ne sais pas quel choix est le bon… 

    Putain de situation de m… 

    Jérém… Martin… Martin… Jérém… 

    Eh.. merde… je ne peux pas le laisser partir ainsi… ni l’un… ni l’autre… 

    Je regarde Jérém s’éloigner, filer tout droit, revenir à grand pas vers la salle, sans se retourner… Jérém n’est pas le genre de gars qui va supplier… il demande, ou plutôt il commande… il est habitué à ce qu’on lui dise oui… lorsqu’on lui dit non, sa riposte est claire, il tape un grand coup. Parfois c’est en jouant de ses gros bras. D’autres fois, c’est en se servant de l’arme ultime, le mépris. 

    Ce soir, il a choisi cette dernière option. Il sait à quel point je l’ai dans la peau et que le pire qu’il puisse me faire c’est de me planter là comme un con. 

    Et moi je sais que si je le laisse partir, ce sera pour toujours. Que je ne pourrai pas rattraper le coup. Qu’il ne me pardonnera pas d’avoir préféré partir avec un autre, sous ses yeux, qui plus est… 

    Mais bon sang… une petite voix en moi crie à tue tête que son culot est juste intolérable… elle crie que lui il est bien parti pour son plan à quatre pas plus tard que samedi dernier… elle crie que moi je l’ai regardé partir et je n’ai pas osé aller le choper… que j’ai pris sur moi et j’ai passé une sale nuit… elle me crie que, malgré ça, pas plus tard qu’il y a deux heures, il a suffi de son sourire, d’une touche de son parfum, de l’éclat de son effronterie, et je lui ai tout pardonné, en lui taillant une pipe de malade qui ne se justifie que par ma faiblesse face à son charme tout puissant, et certainement pas par l’amabilité de son comportement à mon égard… 

    La petite voix crie que j’ai envie de lui rendre la pareille… que, malgré sa réaction de petit con, peut-être qu’en m’entendant lui dire non, en me voyant partir avec un autre gars, quelque chose va faire tilt dans sa petite tête de nœuds… qu’il va enfin se rendre compte ce que ça fait d’être laissé en plan, de n’être qu’une option parmi d’autres… peut-être qu’il va passer une nuit de merde, qu’il va se saouler la gueule et que demain il va m’envoyer un sms pour baiser… 

    De toute façon, je n’ai plus la force de supporter tout ça… le voir vivre sa vie comme ça lui chante sans tenir compte de moi, et m’empêcher de vivre la mienne lorsque j’essaie de prendre le large… 

    C’est décidé… je vais rejoindre Martin et finir ma soirée avec lui… explorer d’autres horizons… connaître un autre lit… découvrir un autre garçon, une autre façon de baiser, et tant pis si ce n’est qu’un plan d’un soir… tant pis si ça va créer le bordel pour mon stage intensif pour le permis… au pire je vais changer d’auto-école… et tant pis si je ne reverrai plus jamais Jérém… je vais récupérer le contrôle de ma vie… au fond, Martin tombe à point nommé… au fond, tout ça est un mal pour un bien…  

    Dans sa belle voiture qui file rapide sur la Rocade, Martin m’interpelle au sujet de « ce mec qui est venu te chercher »… je lui réponds que c’est un camarade de classe avec qui j’ai eu une aventure, mais que c’est fini désormais… 

    Oui, c’est fini… dans la voiture de Martin, je roule vers l’inconnu… et ça me fait un peu peur… de toute façon je n’ai plus le choix… je ne peux plus revenir en arrière… alors, autant profiter du voyage… pour me donner du courage, je dirige mon regard en direction du beau moniteur, je m’imprègne de sa beauté et j’essaie de m’étourdir de sa sensualité… il s’aperçoit que je le regarde, il tourne la tête et il me sourit… et un sourire pareil, ajouté à son parfum et à la promesse d’une nuit bien chaude, a de quoi effacer tous les regrets sous la puissance d’un désir impérieux…

    Le lit de Martin est très accueillant… déshabiller un garçon inconnu est très excitant… découvrir un nouveau corps est grisant… donner du plaisir à un Martin sans avoir passé le « Code de conduite du plaisir de Martin » au préalable, est une opération délicate, qui peut cependant se révéler stimulante… une véritable aventure… on avance en terrain inconnu… pas de cartographie, pas de GPS… pas de panneaux de signalisation… dans cette terre inexplorée on ne connaît pas les priorités, ni les sens interdits, on ignore les obstacles, les feux rouges ne font que clignoter à l’orange… ils signalent juste d’avancer avec prudence… on ne connaît pas non plus les limitations de vitesse… est-ce qu’on va assez vite ? Trop vite ? Est-ce qu’un risque d’ennuyer ? Ou bien d’arriver trop vite à destination ? Dans ce voyage à l’aveugle, alors qu’on n’a aucun mal à localier chez l’autre les sites remarquables, on ignore si notre échelle de priorités est partagée…

    Oui, lorsqu’on couche avec un garçon inconnu, on doit tout réapprendre… c’est à la fois le coté excitant et angoissant du jeu… la découverte d’un nouveau « Code de la route de… » qui n’est jamais exactement le même d’un garçon à l’autre…

    Coucher avec un nouveau garçon est souvent une belle découverte, un voyage qui peut nous amener très loin… très loin de nous même, on se sait pas où exactement… parfois, même si le voyage se passe bien, une fois rentré chez soi, on peut se rendre compte qu’on est parti trop loin, trop longtemps… et que, au passage, on a perdu davantage de ce que l’on a trouvé pendant notre escapade… on est parti pour un feu de paille et on a perdu l’essentiel, perdu à jamais…

    Pendant qu’il me ramène chez moi après cette nuit de baise qui n’aura certainement pas de suite et que je regrette déjà, je regarde le beau moniteur au volant de sa belle voiture, avec sa belle chemise, avec une belle montre au poignet… et je revois Jérém au volant de sa 205 pourrie, lors d’autres retours de boite de nuit… c’est la première fois que je passe la nuit avec un « plan » autre que Jérém… c’est la première fois que je dis non à Jérém… et, au fond, je m’en veux… je n’arrive pas à effacer de ma rétine son regard dépité lorsque je lui ai dit que je rentrais avec un autre mec… je ressens encore la vibration de sa colère… putain de petit con jaloux… mais qu’est-ce qu’il y avait vraiment dans son regard, dans sa colère ? Est-ce qu’il n’y avait vraiment qu’un ego masculin mis à mal ?

    Quand je pense qu’il aurait suffi qu’il soit à peine un peu moins con pour que l’on rentre ensemble… pour qu’on se fasse du bien l’un l’autre… toujours et encore, si beau et charmant soit-t-il Martin, si excitantes soient les promesses de jouissance que ce plan sous-entend, j’aurais vraiment préféré terminer cette soirée avec Jérém… je me surprends à me demander ce que je fais dans cette voiture, avec ce gars…

    Alors, pendant que j’entends toujours la petite voix crier que la jalousie de Jérém devrait me flatter et me rassurer, voilà qu’un gros voyant rouge clignotant, accompagné d’une sirène assourdissante, me renvoie à une peur ancestrale… la peur de l’abandon… sous sa déclinaison spécifique qui est la peur de perdre Jérém pour de bon…  

    Je peux toujours jouer le bluff en me disant que le vieil adage « fuis-moi, je te suis » a des chances de marcher… le pari est risqué… trop risqué… au fond de moi je crois plutôt qu’en blessant aussi profondément son ego, en refusant son plan pour partir avec Martin, beau, class, et avec quelques années de plus que lui, je vais tout simplement précipiter la fin de notre relation… 

    L’image de Jérém qui s’éloigne de moi, avec une démarche assurée de petit mec dans laquelle je devine toute sa jalousie me prend aux tripes… la peur de le perdre vraiment me tétanise…  

    Alors, dans le doute, dans la crainte, dans ma faiblesse, dans mon amour… pour l’épisode « Nico part avec un autre mec et laisse Jérém en plan », il faudra repasser… le voyage dans le lit de Martin je ne l’ai fait que dans ma tête, le temps d’un claquement de cils, un instant d’éternité pendant lequel je ne peux décrocher les yeux de mon beau brun en train de s’éloigner, le regard rivé sur « Klein » moulant ce torse parfait que je rêve de caresser, de serrer à moi, de parcourir avec ma bouche… 

    Ignorant désormais le beau Martin, je cours presque pour rattraper mon beau brun. Et tant pis si certains pourraient me trouver une faiblesse de mauviette. Tant pis si mon amour propre va encore en prendre un coup. Tant pis si je me conforme une fois de plus, à mes yeux, à ses yeux, au rôle de « Médor qui accourt en remuant la queue quand papa appelle »… d’autant plus que dans mon esprit c’est plutôt « Médor accourt quand papa l’appelle en remuant sa queue »…

    Et puis, voilà… il y a un autre argument de poids qui fait définitivement pencher ma balance vers Jérém… je sais que mon beau brun est en colère, très en colère… et je sais très bien que lorsque ce petit coq est dans cet état, le sexe avec lui prend une dimension inédite… 

    L’échauffement de l’esprit Jérém, surtout lorsqu’il sert à cacher sa jalousie, est un stimulant sexuel puissant… je crois que, pour autant que je m’en souvienne, les meilleurs coups avec Jérém seront toujours après le passage d’une bonne colère capable de balayer la surface et de dénicher/déchaîner les passions, les véritables passions… parfois il faut savoir secouer un peu le cocotier… lorsque son ego viril est blessé, il se sent obligé d’en faire des caisses pour montrer qui est le chef… et là, c’est le bonheur assuré…  

    Et puis, je sais par expérience que, lorsque mon Jérém est jaloux, ça le pousse à sortir de ses retranchements… alors, non seulement j’ai droit à un baise de dingue, mais parfois j’ai même droit à des câlins… et ça, ça vaut tous les Martin du monde… oui, parfois il faut savoir secouer le cocotier… mais il faut savoir s’arrêter avant de le déraciner… 

    Je sais que je vais regretter ce choix, et ce sera le cas, peu de temps après cette soirée. Mais aujourd’hui, après tant d’années, je me dis que ce soir là j’ai bien agi, car j’ai agi de la façon la plus naturelle, celle que mon cœur me suggérait.

    Dans la vie, et notamment en amour, on marche à l'aveugle… on passe la vie à essayer de comprendre le monde, et le plus compliqué au monde c’est de comprendre l’être qu’on aime… alors, comme on ne sait jamais quel rôle il est bon de jouer à un moment donné, autant jouer le rôle que le cœur nous dit à ce moment là… que notre jeu se révèle avantageux ou pas, au moins on n'aura pas de regrets…

    Je le rejoins juste avant qu’il s’engouffre à nouveau dans la salle. Lorsque j’arrive à portée, je pose à mon tour ma main sur son épaule… il s’en dégage violemment, il se retourne comme une furie, il me repousse avec ses mains.  

    « Fiche-moi la paix ! » il envoie, claquant et assourdissant comme un coup de feu. 

    J’ai quand même réussi à l’arrêter, et il s’est retourné vers moi. Il me fait face, ses yeux noirs fulminent… c’est beau à voir… j’ai toujours pensé que Jérém est encore plus sexy, si possible, quand il est énervé… je crois que j’ai pas intérêt à le provoquer davantage, qu’il vaudra mieux la jouer fine… je crois qu’il est à deux doigts de me planter son poing dans la figure… ce qui réjouirait cette conasse de Camille… et ce n’est vraiment pas le but de l’histoire… 

    Je n’ai pas le temps de lui dire que finalement je vais rentrer avec lui, qu’il me balance, dur, froid, méchant, tout en baissant le ton de voix, car des regards commencent à se poser sur nous : 

    « Si tu pars avec ce mec, c’est fini, je n’existe plus pour toi… tu choisis… ». 

    Son culot est spectaculaire. Il mériterait mille, dix mille gifles pour être aussi arrogant, aussi inconséquent, aussi hypocrite, aussi culotté pour me faire ce chantage alors que lui il couche avec n’importe qui… même avec des nanas… beurk ! 

    Du coup, devant son culot « très haut débit », je sens instantanément mes sentiments changer de polarité… je me braque… je suis à deux doigts de repartir en direction de Martin… mais lorsque je cherche ce dernier du regard, je me rends compte qu’il a tout simplement disparu. 

    Soudainement, alors que ma décision de rentrer avec Jérém était actée jusqu’à un instant plus tôt et que cette « disparition » irait à priori dans le bon sens, je ressens un sursaut d’amour propre et la colère me pique à vif… 

    « Putain, Jérém, tu fais chier… » je lui balance, me retournant une fois de plus comme pour me convaincre que Martin est bel et bien parti… je suis tellement en colère que j’en bégaie. 

    « Finalement c’est un bon type… tu vois ce qu’il vaut… » me balance-t-il à son tour, soudainement redevenu plus calme, l’air de se réjouir de son triomphe. Ou plutôt de ma défaite. A gifler. 

    Je ne sais pas si je suis davantage en colère contre Jérém ou déçu du départ de Martin… il n’a même pas essayé de s’imposer… il a tout simplement filé… c’est vrai que l’attitude énervée, chauffée, sanguine, l’air bagarreur du beau brun, plus musclé que lui, a pu le résoudre à renoncer à moi, celui qu’au fond n’était dans sa tête que le coup d’un soir… ou bien, confronté de plein fouet au pouvoir que le beau brun possède sur moi, le beau moniteur s’est tout simplement dit que je n’en valais pas la peine… peut-être qu’au fond le beau Martin n’est qu’un bon frimeur, une grande gueule…  

    Quoi qu’il en soit, il a déclaré forfait… maintenant il ne faudrait pas que Jérém me plante à son tour, là j’aurais tout gagné… 

    « Et toi t’es vraiment un gros connard… » je lui balance pour me défouler. 

    Au fond, vraiment au fond, je suis super heureux qu’il se soit pointé… paradoxalement j’ai envie de le traiter de tous les noms, presque de le frapper… 

    « Je t’ai juste empêché de faire une connerie… » il m’assène promptement. Il a toujours la réponse à tout. Il m’énerve. Le pire c’est que je suis sûr qu’il a raison. Chose qui m’énerve d’autant plus. 

    « Tu me gonfles… » je tente de me défendre alors que mes derniers remparts d’amour propre sont en train de tomber. 

    « Toi aussi tu me gonfles… arrête de faire des scandales, ce n’est pas l’endroit… on y va… on en parle plus tard… » me balance-t-il en baissant soudainement le ton de sa voix, le regard perdu dans le vide. 

    Je meurs d’envie de partir avec lui, mais j’ai aussi envie de lui crier qu’« entre nous » ça ne peut pas marcher éternellement de cette façon… il me chauffe, il me laisse tomber, il baise avec qui il veut… il me laisse en plan, et quand je me trouve un plan, il monte sur ses grands chevaux et il vient casser mon plan en vertu d’un droit de préférence qu’il aurait sur moi…  

    Dans la réalité, certes, il est vrai que ce droit existe, et c’est bien lui qui le détient… personne ne fait le poids dans mon cœur face à lui… mais de voir ce pouvoir exercé avec tant d’aisance et de désinvolture, ça me met hors de moi… en même temps que ça m’excite… 

    Mon plan raté, Jérém qui me fait un sketch, son culot, l’idée de finir la soirée avec lui, le sentiment de défaite de ne pas savoir lui résister, de tout lui céder, encore et encore… je suis dans tous mes états, au point que je ne me suis même pas rendu compte qu’il approche lentement de nous. 

    Lorsqu’il nous rejoint, je comprends pourquoi Jérém a soudainement baissé d’un ton et a cherché à apaiser la confrontation. 

     « Ca va ? » demande Thibault en posant une main sur l’épaule de Jérém. 

    Est-ce qu’il a assisté a une partie de la scène ? Est-ce qu’il en a compris les tenants et les aboutissants ? 

     « Ouais… » répond le beau brun, avant d’enchaîner « … j’ai la tête comme une pastèque… je vais ramener Nico et je vais me coucher, je suis vanné… besoin de dormir avant le match de demain… ». 

    Je me fais la réflexion que mon beau brun ment avec un aplomb vraiment remarquable. Redoutable. Inquiétant. 

     « Ok, rentrez bien alors… » réagit le beau mécano. 

    Thibault égraine ces mots avec une certaine jovialité.  

    « On se voit demain aprèm… » relance Jérém en passant un bras derrière l’épaule du beau mécano et en y allant franco de la bise. Je suis un peu en retrait et, pendant cette accolade amicale, pendant que les pectoraux de deux potes se frôlent, tout juste séparés par deux fines couches de coton, je croise le regard de Thibault … ça ne dure qu’une fraction de seconde, avant qu’il ne le détourne… et dans ce regard, il me semble de déceler quelque chose qui ressemblerait à de la tristesse… une profonde, touchante tristesse… une tristesse dont Jérém ne se rendra pas compte mais dont je prends à ce moment là toute la mesure… 

    Pendant leur étreinte, dans l’attente que mon tour vienne de dire au revoir au beau mécano, mon malaise ne cesse de grandir… 

    Je me sens terriblement gêné de partir avec Jérém alors que la soirée de Thibault va s’achever sur un mensonge de son meilleur pote… non seulement il sait qu’on va coucher ensemble, et je vois que ça le perturbe… mais de surcroît son pote lui ment, alors que ça aussi il le sait pertinemment… comment vais-je pouvoir lui faire la bise alors que je sais que je suis une partie de la cause de sa tristesse ?  

    L’accolade amicale entre les deux potes a pris fin…  Thibault me regarde… c’est con, mais je ne me sens pas le courage de lui faire la bise, notamment devant Jérém… alors je cafouille, je lui tends la main… Thibault l’attrape mais en même temps il avance le buste pour approcher sa joue de la mienne…

    Sa cigarette au bec, Jérém est déjà en train de marcher vers la sortie, ainsi Thibault trouve l’occasion pour me chuchoter à l’oreille :

    « T’as vu comment il rapplique quand tu le rends jaloux ? T’as bien mené ton affaire, respect… et à la fin tu as fait le bon choix… ».

    Putain. Il a tout vu. Tout capté. Tout compris. Sacré Thibault. Et il continue :

    « Pas trop de folies cette nuit, demain on a match, j’ai besoin de mon capitaine en pleine forme pour l’avant dernier match de la saison… ».

    Il est trop mignon. Notre étreinte a pris fin à son tour et nous sommes désormais face à face. Je le regarde, je vois qu’il s’efforce de sourire alors que son regard demeure mélancolique.

    « Vas-y maintenant, bonne soirée, et à une prochaine… » me balance-t-il avec un charmant clin d'œil en pièce jointe.
    Mais je le sais, je le vois, il a mal. C’est con, mais je m’en veux.

    « Salut et à bientôt, Thibault… » c’est tout ce que je trouve pour prendre congé de lui. Je pars vers la sortie pour rejoindre mon beau brun. Je sais qu’il va être d’une humeur massacrante, mais je suis tout guilleret, car c’est avec lui que je vais rentrer… je presse mon pas pour ne pas le faire attendre, car je le sais déjà bien chauffé… je le retrouve juste à l’extérieur, à coté de la porte d’entrée, en train de tirer sur sa clope ; dès qu’il me voit, il s’élance vers le parking…  

    On n’a pas fait cinq pas, qu’on entend une voix féminine : 

    « Jérémie… » 

    Il se retourne, je me retourne, et je vois apparaître la blonde qui était en train de le tripoter tout à l'heure... elle approche… putain… il ne manquait plus que… ça… 

    « Tu rentres, beau brun? » demande-t-elle. 

    Eh, oh… tu ne l’appelles pas « beau brun », déjà… il n’y a que moi qui peut l’appeler de cette façon… 

    « Oui… je ramène un pote… » fait-il en m’indiquant avec un geste vague. 

    « Je croyais qu’on finirait la soirée ensemble… » balance-t-elle sans fioritures. 

    « Pas ce soir, demain j’ai match… je t’appelle… » il tente de se dégager. 

    « Un petit plan à trois… ça vous dit pas ? » insiste-t-elle. 

    Oh, la salope… la salope… oh la salope… laaaaaaaaa saaaaaaaaaaalooooooooooopeeeeeeeeee… oui, c’est la réplique culte de ce film culte qui me vient à l’esprit à ce moment là… non, la vie n’est vraiment pas un long fleuve tranquille…
    Je vois Jérémie hésiter… je vois que quelque chose lui trotte dans la tête… quelque chose a l’air de le titiller dans la proposition de la tentatrice… ah non, Jérém… tu ne vas pas me faire ça... pas de truc à trois, pitié… pas après avoir fait foirer mon plan… je te veux tout pour moi… 

    Devant son hésitation, je suis de plus en plus inquiet. Je me vois déjà en train de regarder mon brun baiser une chatte… c’est déjà arrivé lors d’une révision avant le bac, chose qui m’a appris à ne jamais arriver à l’avance, et franchement l’idée de réitérer l’expérience ne m’enchante guère… le temps passe et le silence de Jérém est de plus en plus gênant pour tout le monde… 

    Alors… alcool… exaspération… détermination… esprit de survie… peu importe… je décide de forcer le destin, quitte à prendre le risque de me faire jeter… ce soir c’est quitte ou double… 

    « En plus on a un truc a faire… » je laisse échapper maladroitement.
    Je regarde la nana : elle a l’air étonnée. Je regarde Jérém : il me regarde d’un air ahuri. La nana mate Jérém. Jérém fuit son regard.  

    Toute poitrine en avant, jouant le tout pour tout, quitte à perdre un bon peu de la classe que je lui avais trouvée précédemment, elle s’adresse à nouveau à Jérém :

    « Toi aussi t’as autre chose à faire? ». 

    Jérém semble désarçonné, coincé entre le choix de donner gain de cause à une nana qui le défie ouvertement sur le terrain de sa fierté et de sa réputation de mâle et un Nico qui essaie lui aussi de lui forcer la main… 

    « T’as entendu ce qu'il a dit… » il finit par trancher, la voix monocorde. 

    Bien mon Jérém… tu vois que tu peux être quelqu’un de bien quand tu veux… 

    « Ah, je vois… baisez bien, les gars… grand bien vous fasse… » lâche-t-elle avec mépris. 

    Comme quoi, bien souvent la classe n’est qu’un vernis qui saute à la première contrariété. 

    « Conasse ! » lui balance Jérémie.  

    Et je trouve que c’est bien mérité. 

    « Bande de pd !!! » balance-t-elle pendant qu’elle retourne à l’intérieur. 

    « Mauvaise perdante… » je pense tout bas… je suis fier de toi, Jérém… 

    « Je te jure, si c’était un mec, il aurait déjà mon poing enfoncé dans la gueule… » je l’entends se défouler pendant qu’il entreprend de marcher en direction du parking… 

    Il marche très vite, il ne dit rien et il fume nerveusement… il a l’air pressé, hors de lui, chauffé à bloc… je sens que ce dernier accrochage, et notamment le fait qu’elle l’ait traité de pd, ça a décuplé son agacement… je sens que dans la voiture ça va barder… je sens que rue de la Colombette il va me défoncer… 

    Une fois dans la voiture, il rate le premier démarrage, il peste, je le sens vraiment à fleur de peau. Heureusement la 205 finit par démarrer, on quitte le parking et on se retrouve vite sur la rocade. On vient juste de quitter la voie d’accélération que la colère de Jérém explose : 

    « C’était qui ce mec ? » me balance-t-il de but en blanc, le ton de voix très élevé, agressif, l’air de m’engueuler. Je trouve cela intolérablement culotté venant de lui, mais au final très plaisant à entendre. Ainsi il tient à moi,à sa façon… ou alors, c’est tout simplement une question d’ego… comme si j’étais sa chose… 

    Quoi qu’il en soit, il est évident que l’assurance du beau male est touchée. Je le sens vraiment contrarié. Alors que moi je me sens vraiment bien… décidemment… on est jamais heureux au même moment… il faut toujours qu’il y en ait un qui domine l’autre… les rapports apaisés, on ne connaît pas… 

    Mais au final… qu’est-ce que c’est bon de voir que quand Nico se fait draguer, Jérém rapplique. 

    Et ça me donne des ailes… et surtout l’énergie de lui tenir tête. 

    « Et toi, c’était qui cette blondasse… encore? » je trouve marrant de lui claquer à la figure. 

    « Ca n’a pas d’importance… » balaie-t-il ma question d’un revers de main. 

    « Si, ça en a… ça a la même importance que ce mec… » j’insiste sans me démonter. 

    « Cette nana n’était personne… elle voulait juste baiser… » me balance-t-il comme si ça devait le dédouaner de tout. 

    Il faut avouer que j’ai un peu bu et que de ce fait mon agacement est exacerbé. Mais il me saoule à un point que j’ai envie de le frapper. C’est viscéral. Quand je pense à samedi dernier, à son départ avec les deux pouffes et avec Thibault… alors que là il est en train de me faire la morale… là, franchement, je perds les pédales… je ne vais pas le frapper physiquement, mais me servir des mots pour l’atteindre… ça sort tout seul, comme une petite bombe… 

    « Ce mec aussi voulait juste baiser… ». 

    Je le vois frémir, bouillir. Il est tellement énervé que ça se ressens sur sa façon de conduire. La trajectoire de la 205 dévie vers la glissière du milieu alors qu’une autre voiture est en train de nous doubler. 

    « Jérém ! Fais gaffe ! » je l’alerte. 

    Il se reprend de justesse en donnant un coup de volant sec. 

    « Occupe-toi de tes oignons !!! » me balance-t-il sans ménagement. 

    Un coup de clackson retentit dans la nuit. 

    « Connard ! » crie Jérém, à bout de nerfs. 

    « Tu connais ce type ? » il revient à la charge illico. Quand mon beau brun a une idée derrière la tête, il ne l’a pas ailleurs. J’adore. Je décide de rentrer dans son jeu mais je vais vendre chère ma peau. 

    « C’est la première fois que je le vois… » je mens par omission ; et j’enchaîne « mais n’empêche qu’il était plutôt à mon goût… il a fallu que tu viennes t’en mêler…». 

    Un coup de bluff, certes, car il faut bien l’admettre, ça m’a fait drôlement plaisir voir débarquer Jérém en mode macho pour se substituer à un plan auquel, somme toute, je ne tenais que très moyennement. 

    Un premier coup bien visé, qui atteint sa cible en plein cœur. Sa main frémit sur le volant… ses yeux ne quittent pas la route, mais un léger mouvement de son regard et une inspiration bruyante par le nez me font comprendre que le beau brun accuse le coup… on dirait un petit taureau blessé, lâché dans l’arène et fixant les mouvements de la muleta d’un œil torve… 

    « Tu vas pas baiser avec un type pareil… » me lance-t-il avec mépris… voilà sa riposte ultime : toujours et encore le mépris…

    « Pourquoi? Il n’était pas mal… même pas mal du tout… » je repars à l’attaque, culotté. 

    « C’est pas un mec pour toi… » gronde-t-il… du mépris à la mauvaise foi, sa contre-attaque monte en puissance… mais l’arsenal est pauvre… 

    « Ah bon… » fais-je sur un ton provocateur « et maintenant tu sais quels mecs sont bons pour moi ou ceux qui ne le sont pas… le mec de la dernière fois à l’Esmé ce n’était pas un mec pour moi… celui de ce soir non plus… et… » 

    « T'as pas à faire ta chaudasse avec tous les mecs… » il m’engueule violemment en montant encore le ton et en m’empêchant provisoirement de lui balancer une dernière cartouche qui, un peu plus tard dans la conversation, l’atteindra bien comme il faut. 

    « Bah tiens, tu peux bien parler... » je me moque, mauvais. 

    « Quoi donc... » il s’énerve…

    « Ça te va bien de me faire la morale... toi qui baise tout ce qui bouge… ». 

    Jérém accuse un nouveau coup… j’ai l’impression que la colère monte en lui à un niveau qu’il est prêt à exploser… touché une fois de plus, mais pas coulé… le navire est bien gardé, ses défenses solides… je le vois pourtant vaciller… 

    Je n’arrive pas à croire que c’est moi qui balance ces mots, que je lui fais ce rentre dedans, que je le provoque sciemment. C’est bien uniquement l’alcool qui fait tomber mes inhibitions… ou bien, mes mots sortent-il sous l’effet d’une expérience récente ayant stimulé mon amour propre ? 

    « Si t’as un truc à dire, vas-y… je t’écoute… » finit-t-il par me balancer, très menaçant. Je continue de penser que s’il n’avait pas le volant à tenir, une de ses mains aurait déjà atterri sur ma gueule.

    « C’est bien toi » je continue cependant sans me démonter « qui samedi dernier n’a pas voulu baiser avec moi pour se faire un plan à quatre avec son meilleur pote et deux pétasses de la pire espèce... ». 

    Décidemment, ce soir rien ne me fait plus peur. Non, définitivement ce n’est pas que l’alcool seul qui parle… mais bien un début d’amour propre… une renaissance dont j’entrevois désormais clairement les causes… 

    « C’est pas pareil... » me balance-t-il sèchement, sur un ton hyper agressif, presque en gueulant. 

    Ça chauffe grave. L’aiguille du manomètre atteint la zone rouge. Mais il ne me fait plus peur. Deux mots s’affichent en grand dans ma tête. Merci Stéphane. 

    Certes, je suis en train d’oublier toutes les bonnes résolutions que j’ai cru pouvoir prendre et tenir grâce à ce que j’ai vécu avec lui… certes, je suis en train de rentrer en voiture avec mon beau brun, après avoir laissé tomber un plan en cédant devant son sketch de jalousie… je vais céder une fois de plus à ses envies, à ses besoins, me soumettre à son plaisir de mec… je vais redevenir sa chose… lui laisser les commandes de ma vie… 

    Cependant, je me dis que ce qui s’est passé dimanche dernier n’a pas été vain. Que je ne suis plus le Nico qu’avant… désormais, s’il est toujours vrai que Jérém peut me niquer autant qu’il veut, il ne pourra plus se foutre de ma gueule. J’ai enfin la force de lui tenir tête. Oui, Stéphane, ta force est avec moi… alors je ne lâche rien… 

    « A priori, ce n’est jamais pareil quand il s’agit de toi… » je demande… le Nico pompier, c’est fini… bienvenu le Nico pyromane… et j’enchaîne, m’engouffrant dans la brèche creusée par son silence et par son évidente absence d’arguments « je croyais que le deal c’était que nous deux on baisait quand on avait envie et qu’à coté de ça on baisait avec qui on voulait.... ». 

    Jérém se tait, sa respiration est nerveuse… je regarde le haut de son torse onduler au rythme de ses inspirations… mon dieu qu’est-ce qu’il est sexyyyyyyyyy… 

    Touché une nouvelle fois… le cuirassé Jérém tangue, chancelle sérieusement. De la fumée sort du pont… il y a le feu à bord… le système de communication doit être touché aussi, car aucun signal radio ne vient… 

    Une fois n’est pas coutume, je sens que je suis en position de force, alors j’en profite pour mener à bien mon attaque… j’ai envie de frapper, j’ai envie de lui faire mal, je veux voir sa réaction, je veux le mettre face à lui-même, devant ses contradictions… le repousser dans ses derniers retranchements, le voir bondir, exploser… je pense qu’au fond, je cherche le clash… 

    « De toute façon tu baises avec moi quand tu en as envie et tu baises ailleurs quand ça te chanteet t’en fais quoi de mes envies à moi ? Tu t’en fous complètement… comme samedi dernier, quand tu m’as jeté comme une merde… alors, pourquoi je ne baiserais pas moi aussi ailleurs quand j’en ai envie et surtout quand tu me lâches ?». 

    « Fiche-moi la paix … putain… t’es rélou... » il lâche avec mépris. Mais le ton de sa voix est moins agressif, on dirait qu’il a perdu de puissance, de conviction, de panache…  

    L’artillerie est touchée aussi. La puissance de frappe est compromise. Le navire est désormais sur la défensive. Je ne peux plus m’arrêter.  

    « Je ne te demande rien, tu sais… tu le sais que j’adore coucher avec toi... mais quand tu ne veux pas, surtout quand tu vas voir ailleurs et que tu le fais sous mes yeux... alors là, ne me demande surtout pas de t'attendre sagement... » je lui explique très calmement, alors qu’une tension de 10.000 volt me traverse de fond en comble. 

    Pas de réaction apparente… touché une fois encore, j’ai l’impression que le navire Jérém a perdu le contrôle de sa trajectoire, qu’il dérive ; alors, comme un animal excité par le sang de l’adversaire blessé, je continue, impitoyablement, cherchant l’angle de tir parfait pour mener le coup de grâce…  

    Insatiable dans ma vengeance, limite cruel, je décide de tenter un piège, une feinte… pour faire durer mon « plaisir »… je vais l’obliger à sortir à découvert pour mieux le frapper…  

    « De toute façon, à t’entendre, il n’y a aucun mec qui pourrait être bien pour moi… le mec de la piscine non plus ce n’était pas un mec pour moi… ». 

    « T’as baisé avec le pd de la piscine? » demande-t-il du tac au tac avant que j’aille fini ma phrase, que je termine quand même : 

    « Mais ce n’est pas comme si tu avais ton mot à dire, Jérém… ». 

    Action, réaction. Le piège a marché. Les derniers atouts du cuirassé Jérém sont à découvert, et ma puissance de feu le tient en joue ; il n’y a qu’a appuyer sur la détente pour couler la cible... 

    Je n’en ai pas assez… j’ai vraiment envie de savourer ma revanche… 

    « Le pd a un nom… il s'appelle Stéphane… » j’assène froidement.
    Ça le met encore plus en rogne. Je le vois et je m’en réjouis. Je sais qu’il attend ma réponse à sa question et je sais aussi que, quoi que je dise, soit il ne va pas me croire, soit il va me détester… 

    J’hésite...  

    Non, je n’hésite pas quant à ma volonté d’asséner le coup de grâce… ça, je n’y renoncerai pas…  

    Là où j’hésite, c’est surtout sur le type de munition à choisir… la plus douloureuse, celle qui consiste à lui dire que je n'ai pas baisé avec Stéphane, mais que j'ai fait l'amour avec lui, et ce, pour la première fois de ma vie, lors d’un après midi de rêve... ou alors choisir un arme plus propre mais tout aussi efficace… juste admettre que oui, on s’est envoyés en l’air…
    J'ai envie de lui balancer à a figure mon plaisir avec un autre… oui, j’ai envie de lui faire mal tellement il m’énerve, tellement il m’exaspère avec sa jalousie hypocrite et mal placée…
    Au final, dans un éclair de lucidité, je me dis que si une revanche s'impose, un aveu partiel avec des circonstances atténuantes fera assez de dégâts dans sa fierté de mâle…  

    « Oui… j’ai couché avec lui... » je finis par admettre, calmement mais fermement ; j’ai sciemment utilisé le mot « couché », pile au milieu de la gamme qui va de « faire l’amour » à « baiser » : je ne veux pas lui montrer que Stéphane m’a apporté quelque chose que lui n’a jamais su m’apporter, mais je ne veux pas non plus qu’il croit que ce garçon n’a été qu’un simple coup de queue… 

    Oui, je suis diplomate, mais avec modération, une modération qui semble par ailleurs soudainement s’absenter lorsque je crois bon ajouter, comme un pied de nez : 

    « … mais t’inquiète, j’ai mis une capote… ». 

    « T’as menti l’autre jour… » il gronde. 

    « Ca s’est passé dimanche dernier… tu te souviens que samedi dernier tu m’as jeté comme une merde et t’es parti baiser avec deux grognasses et ton pote ? ». 

    Voilà mes circonstances atténuantes. Un transfert de responsabilité.
    Le silence qui suit mes mots a quelque chose de lugubre. C’est le bruit du naufrage… cuirassé Jérém : touché, coulé… mon coup a frappé la cible en plein cœur…

    Je le vois froncer les sourcils, je vois son regard tourner de l’orage à la tornade. 

    C’est pas beau de frapper l’adversaire à terre… mais je ne peux pas m’empêcher de lui balancer : 

    « Tu fais la tête ? ». Oui, c’est officiel. Moi aussi je peux être un petit con. 

    « Ta gueule ! » il finit par me balancer, mauvais. 

    Silence total lors des dix dernières interminables minutes du voyage. Je sens comme la vibration des questions qui se bousculent dans sa tête et qui ne savent pas se traduire en mots.
    On est arrêtés à un feu rouge, lorsqu’il me balance, de but en blanc :
     

    « Alors il t'a fait des trucs de pd que je te fais pas ? ». 

    Ah, ces mecs… ils peuvent être arrogants, insupportablement effrontés, des petits cons d’anthologie… au fond, leur belle assurance n’est posé que sur des pieds d’argile… lorsque leurs certitudes de mâles sont mises à mal (le jeu de mots est involontaire), ils se révèlent très vite être des petites choses fragiles avec un grand besoin d’être rassurés… et ça c’est bien un truc qui les rend encore plus furieusement attirants…. 

    Dilemme :  

    Lui répondre que oui, avec Stéphane c’était super bon, qu’il m’a fait découvrir que je peux prendre moi aussi mon plaisir comme un mec, qu’il m’a fait sentir désirable, bien dans ma peau… que c’était bon non seulement sur le plan sexuel, mais aussi et surtout car c’était chaud et sensuel et tendre à la fois… car il m’a fait des câlins, lui… et il s’est laissé faire des câlins, lui…  

    Ou alors mentir, rassurer son ego blessé… 

    Ni l’un ni l’autre… juste riposter avec les mêmes armes, ce qui présente l’avantage certain de conserver le doute et de l’énerver encore un peu plus…  

     « Alors… les deux pouffes de samedi dernier t’ont fait des trucs d’hétéro que je ne te fais pas? » je réponds du tac au tac. 

    « Connard… » je l’entends lâcher. 

    « Connard toi-même… j’espère que tu t’es bien amusé dans cette une partie de jambes en l’air avec ces deux pouffes et ton pote Thibault ! » je surenchéris. 

    « Arrête de me parler de Thibault… ou tu vas t’en prendre une… » le ton de sa voix est soudainement devenu très sévère et le regard vraiment mauvais…  

    Là il y a point sensible… à creuser… mais plus tard… puisque c’est le moment des règlements de compte, je décide de vider mon sac : 

    « Tu m’as laissé en plan, comme un con, après m’avoir chauffé à blanc… t’as été baiser ailleurs, alors le lendemain j’ai été coucher ailleurs… c’est aussi simple que ça… ». 

    « De toute façon je n’en ai rien à foutre… tu peux faire ce que tu veux de ton cul… » me balance-t-il avec tout le mépris dont il est capable. Ainsi à ses yeux je ne suis qu’un cul à baiser. 

    « Je vois… » je résume « …toi tu peux faire tout ce que tu veux de ta queue… moi je n’ai pas mon mot à dire… mais si je couche avec un autre gars, je suis de suite classé salope… ». 

    Je n’arrive toujours pas à croire que c’est moi qui parle ainsi… mais je suis bien décidé à ne plus me laisser marcher sur la tête…

    Je l’ai mis face à ses contradictions, une situation pour lui inédite… je sens que des questions se cognent toujours brutalement dans sa tête… je sais que le beau brun est en train de bouillir… 

    Je le vois à son attitude crispée, figée, je l’entends à son silence…  il rumine ce que je viens de lui balancer et je sais que ça ne va pas passer… non, ça ne va pas se passer comme ça… je sais que quand il est dans cet état là, ça va forcement aboutir à quelque chose d’inattendu et de très puissant…  

    Ce n’est qu’une question de temps… je n’ai qu’à attendre et ça va tomber, inexorable… vas-y Jérémie… lâché-toi... tu ne vas pas le regretter… je pense que, quoique tu me balances à la figure cette nuit, je saurais quoi te répondre…

    On traverse le Pont Neuf dans un silence pesant. Je commence à penser que le beau brun a opté pour la pire des vengeances : l’indifférence et, pire que tout, la non baise. 

    De boulevard en allée, de feu en feu, je le vois cependant prendre la direction de la rue de la Colombette. Nous parcourons la rue d’un bout à l’autre sans trouver la moindre place. Nous débouchons sur le Canal et Jérém prend à gauche direction boulevard des Minimes. Notre salut, sous la forme d’une place de parking libre, se trouvera juste avant le pont des Allées Jean Jaurès, coté Canal.

    Jérém se gare, créneau impeccable dans la petite place disponible, toujours sans un mot. Le frein à main tiré, je le vois s’immobiliser. Je regarde cette putain de sculpture grecque qu’est son torse moulé dans son t-shirt blanc, sa chaînette de mec abandonnée sur le coton fin… avec sa clope au bec et son briquet dans la main, en train de fixer je ne sais pas quoi à travers la vitre… il a vraiment l’air très contrarié… et dans son attitude de mâle qui a perdu un peu de sa superbe, le garçon est sexy à un point que je ne saurais même pas l’exprimer… je suis à deux doigts de lui proposer une gâterie là tout de suite dans la voiture, comme c’est déjà arrivé une fois… moi en train de le sucer à quelques mètres de chez moi jusqu’à le faire jouir… pendant qu’il fumait lentement sa cigarette…

    Les secondes s’enchaînent et rien ne vient. Je n’ose pas lui proposer quoi que ce soit… le silence distille une tension qui commence vraiment à devenir insupportable.

    Je me dis que, après l’avoir obligé à baisser d’un cran, maintenant que son ego de mâle est un peu à vif, il est peut-être un peu mieux réceptif… je me dis que c’est peut-être le bon moment pour essayer de lui dire une fois pour toutes ce que je ressens, de lui balancer l’inavouable… que je suis amoureux fou de lui et que la baise ne me suffit pas… ou du moins, vue l’heure, le moment pour une bonne explication, pour tout mettre à plat, pour parler tranquillement, et peut-être repartir sur un bon pied.

    Mais par où commencer ? Comment lui parler de choses qui peuvent fâcher sans pour autant fâcher son ego masculin déjà bien froissé?

    « Jérém… » je me lance pourtant, sans trop savoir où je vais aller.

    « Tu descends ? » il me coupe, froid, cassant.

    Ok, j’ai été bien naïf de penser qu’il accepterait de discuter… de la science fiction… il attendait juste que je descende pour verrouiller la porte passager.

    Nous voilà dans la rue. Le beau brun allume sa cigarette, il tire un bon coup… sans me calculer, il gagne le trottoir coté Canal et se met à marcher en lâchant derrière lui un épais nuage de fumée. 

    La nuit est tiède, le vent d’Autan souffle toujours, secouant les branches et le feuillage des platanes qui bordent le Canal ; je regarde l’eau qui coule paisible quelques mètres plus bas et je trouve cela tellement beau… l’immuabilité des éléments, face au caractère éphémère et changeant des émotions et des passions humaines…

    Oui, le platanes, le Canal… heureusement qu’ils ne peuvent pas parler… ils se foutraient de ma gueule… ils doivent tous me trouver bien rigolo comme mec… toute une semaine à promettre et à jurer, lors de mes longues heures de footing, que plus jamais je ne céderai aux charmes de Jérémie… et voilà qu’à la première occasion… je me pointe avec mon beau brun, le suivant à la trace comme un gentil toutou…

    Mais tant pis, la vie est ainsi faite, et surtout ainsi est fait mon cœur… mes narines sont toujours flattées par le parfum de mon beau brun et je suis heureux… je suis rentré avec lui, comme prévu, et je vais coucher avec lui… qu’est ce qu’elle est belle et agréable la nuit toulousaine… pleine de promesses, de secrets, d’émotions, de parfums… 

    Euh… je vais coucher avec lui… enfin, j’espère… une autre petite voix au fond de moi me dit que Jérém en a gros sur la patate… que c’est très étonnant qu’il n’ait pas réagi à mes derniers mots… je commence à angoisser que cette soirée se finisse ainsi, sans autre explication, partant chacun de son coté…

    Le vent souffle toujours me fait repenser à mes plus jeunes années, lorsque je me rendais chez mes grands parents, sur la petite ferme qui était la leur… souvenir du vent d'autan de printemps qui souffle insistant dans les champs, qui traverse la cour, les hangars, qui secoue les sapinettes, les branches des arbres, l'herbe, les jeunes cultures d'une ferme isolé, le silence des dimanches après midi après le repas de famille, sensation de calme, trop de calme… sensation de la fugacité du temps et de toutes les choses… sensation de solitude…

    Oui, la solitude... voilà ce que je ressens à ce moment précis en marchant derrière mon beau brun… car il n’y a pas pire solitude que celle qu’un ressens à proximité de la personne aimée lorsqu’on sait qu’on est en passe de la perdre.

    Jérém marche toujours devant moi direction rue de la Colombette… il traverse le boulevard à hauteur de la rue Gabriel Péri… je commence à me dire que, malgré tout, il a envie de tirer son coup et il va s’asseoir sur mon attitude frondeuse…

    Mais alors que nous arrivons devant le feu de la rue de la Colombette, le beau brun s’arrête net.

    Déboulant de la même rue, un groupe de mecs nous coupe presque la route… ils tournent à gauche, direction Port Saint-Sauveur… ils sont cinq, ils discutent assez bruyamment entre eux, ils n’ont même pas fait mine de nous avoir calculés alors qu’on a frôlé l’accident…

    Ca va tellement vite que je n’arrive pas à les voir nettement… ce que j’arrive pourtant à capter au beau milieu de cette bande, c’est la présence d’un mec plus grand et à la plastique plus intéressante que les autres… pendant qu’il passait devant nous comme un éclair, j’ai quand même eu le temps de remarquer qu’il était brun, très brun, avec des cheveux courts et épais et une barbe qui avait l’air bien entretenue… désormais je ne le vois que de dos, mais son t-shirt noir semble mouler un torse tout simplement fabuleux…. et son jeans… c’est pas permis d’être à la fois si bien coupé et si bien rempli… une note d’un parfum de mec inconnu arrive à mes narines…

    Ils s’éloignent d’un pas soutenu, mais ils discutent si fort que j’arrive quand même à capter quelques passages de leur conversation, le tout entremêlé de petits rires aigus:

    « Ce nouveau dj au B-machine, il déchire… »…

    « C’était juste une putain de tuerie… » …

    « Moi je serais bien passé sous la table de mixage… » …

    « Salope… »…

    « Arrête, toi aussi t’as dit que tu voulais le sucer… »…

    « Ta gueule, toi… »…

    Et une voix plus virile finit par trancher :

    « Un peu de contenance, les filles… au On Off vous allez pouvoir vous faire défoncer vos chattes… »

    Voilà une bande de pd habitués à fréquenter les boites du milieu gay… B-machine, On Off, autant d’endroits que je connais de nom, autant d’endroits où je n’ai jamais osé poser le pied…

    Ils sont désormais trop loin pour que je puisse entendre leur conversation, mais mon regard, lui, n’a pas décroché du dos du beau mec au t-shirt noir... je suis quand même un peu déçu… je ressens comme une piqûre d’aiguille au coeur… oui, je suis frustré de ne pas avoir pu le voir un peu plus en détail…

    Bien évidemment, je n’oublie pas que je suis en compagnie, et que je suis sur le point de coucher avec, du plus beau gars non seulement du lycée, non seulement de Toulouse, mais de l'Univers tout entier… mais cela n'empêche pas que je puisse avoir envie de m’imprégner un peu mieux de la beauté ravageuse de ce gars au t-shirt noir, de sa silhouette à la fois puissante et élégante, sexy et féline…

    Car, du peu que j’ai capté de ce mec, j’ai retenu la promesse d'une beauté comparable à celle de mon Jérém… oui, ce mec a l’air d’une bombasse sans nom, lui aussi… alors, quand on est autant passionné de beauté masculine que je le suis, lorsqu’on croise d’un chef-d'œuvre dans son genre, on ne peut pas passer à côté sous prétexte qu’on a la chance de coucher avec un putain de canon de mec… ce serait comme, étant passionné de peinture impressionniste, passer devant le Musée d’Orsay sans s’y arrêter sous prétexte que nous avons à la maison, admettons, « Le déjeuner sur l’herbe »… lorsqu’on est passionné, la possession est accessoire, mais la contemplation nécessaire… 

    La petite bande est déjà assez loin, mais on entend encore les échos de « Tataland » retentir dans le boulevard… je regarde mon beau brun, toujours figé sur le bord du trottoir… j’ai l’impression qu’il regarde lui aussi la petite bande… à quoi pense-t-il à ce moment précis ? Est-ce qu’il les regarde avec mépris, avec dégoût ? C’est ça qu’il voit lorsqu’il me regarde ? Un petit mec efféminé et maniéré ? C’est ça qui le dégoûte de moi ?

    Jérém se remet à marcher sans prévenir… et là, alors que je me prépare à lui emboîter le pas pour remonter la rue de la Colombette jusqu’à son appart, je le vois continuer à longer le Canal… mais qu’est ce qu’il fiche ?

    Surpris, je ne peux m’empêcher de lui demander :

    « Tu vas où ? ».

    Jérém continue dans sa lancée, tout en m’ignorant. Surpris, je me laisse devancer de quelques pas avant de réagir. Intrigué, je décide de le rejoindre. Je presse mon pas pour rattraper son avance.

    « On ne rentre pas ? » je lui demande, tout en marchant.

    « Vas-y, rentre… » me répond-t-il, glacial.

    « Tu vas où ? » je demande à nouveau.

    « Fiche moi la paix… » il finit par me balancer méchamment, tout en continuant à marcher très vite et en balançant négligemment son mégot encore allumé sur la chaussée.

    Sans prêter attention à ses mots, je continue de marcher avec lui, presque mécaniquement, porté par la curiosité de savoir ce qu’il a dans la tête. Et puis, je le voir ralentir jusqu’à s’arrêter… il sort à nouveau son paquet de clopes, il en saisit une autre, il la porte au bec avec un geste bien rodé, et il l’allume… nouveau nuage de fumée autour de lui…

    Soudainement, je ressens un frisson puissant dans le ventre… c’est lorsque je m’aperçois que nous sommes désormais en vue de l’enseigne clignotante du On Off… Jérém aspire une nouvelle fois sur sa cigarette et, toujours sans un mot, il reprend à marcher, mais plus lentement… l’enseigne rouge vif de la célèbre boite gay du Canal brille dans la nuit, de plus en plus proche au fur et à mesure que nous allons vers elle…

    Mais il ne va quand même pas faire ce que je crois qu’il va faire… c’est pas possible… je sens mon cœur s’emballer… la terre se dérober sous mes pieds… oui, alors que je me faisais une joie de terminer la soirée avec mon Jérém, là je sens l’angoisse me gagner…
    Je le regarde marcher, cherchant sans succès à attirer son regard, je le cherche sans trop envie de le trouver, sans trop d’envie de connaître ses intentions que je commence à deviner.

    « Mais c’est une boite à mecs… » je ne peux me retenir de lui balancer lorsque je réalise qu’il se dirige exactement vers l’enseigne lumineuse rouge vif.

    « Les boites à pd c’est souvent un super terrain de chasse… les nanas qui y vont pour s’amuser sans qu’on les fasse chier… » me répond-t-il d’un air renseigné.

    « T’y a déjà été ? » je ne peux m’empêcher le lui demander, comme un réflexe pavlovien.

    Pour toute réponse, mon beau brun se contentera d’expirer une nouvelle abondante volute de fumée. Devant son affirmation qui a l’air de sentir le vécu, et face à l’absence de réponse à ma dernière question, je me pose toute sorte de questions… est-ce qu’il y a déjà été auparavant ? Tout seul ? Avec des potes ? Avec Thibault ? Est ce qu’il s’est déjà fait draguer par un mec là dedans ? En admettant qu’il s’y soit déjà rendu, cette éventualité semble une certitude… est-ce qu’il a déjà sauté un autre mec que moi ou son cousin ? Ma fantaisie dérape…

    « Si tu rentres là bas, tu vais faire exploser la boite… » je lui balance sur un ton qui se veut enjoué mais qui doit laisser transparaître toute mon inquiétude et ma jalousie grandissantes…

    Jérém s’arrête, m’attrape par le bras, et il me balance :

    « Ecoute-moi bien… j’ai envie d’y aller et j’irai… alors arrête de me casser les couilles… » et, à ma grande surprise il continue « soit tu viens, soit tu dégages… ».

    Mais qu’est ce qu’il cherche ce petit con ? Savoir s’il plait aux pd ? Tester l’effet qu’il fait au milieu d’un groupe de gays ? Jérém est canon, et il le sait ce ptit con… à croire que cela ne l’empêche pas d’avoir constamment besoin de sentir qu’on le trouve beau, même s’il ne se l’avoue pas forcement… et là, il veut se soumettre à l’épreuve du « changement de public »… 

    « Mais t’es un grand malade, Jérém… tu veux vraiment provoquer une émeute ? » je me dis dans mon for intérieur sans pouvoir l’exprimer. 

    Ce qui me fait peur, même si je ne connais pas la boite, c’est la quasi certitude que, dès qu’il va mettre un orteil là dedans, il va y avoir un tas de mecs qui vont tomber à ses pieds comme des mouches… des bogoss, autrement attirants que moi… d’ailleurs, c’est peut-être précisément ce qu’il doit être en train de se dire le beau brun… qu’est-ce que je vais pourvoir tomber comme bomec à cet endroit ?

    S’il te plait, Jérém… s’il te plait… renonce… je suis là, je suis Nico, ton Nico… j’ai envie de rentrer à l’apart et de te faire tout ce dont tu as envie… allez Jérém, rentrons… tu ne trouveras personne d’autre, même pas un mec, qui te fera tout ce que je te fais… avec tant d’application, avec tant d’amour… avec tant d’amour… allez, Jérém, ce soir je vais te faire jouir comme jamais, c’est promis, tu ne vas pas le regretter… 

    Je fais ce que je peux pour tenter de me rassurer… 

    Je n’ai rien trouvé à répondre à son ultimatum… il s’est remis à marcher et moi avec lui. Sans besoin de mots, mon choix est manifeste. 

    Ma première fois au On Off… Jérém au On Off… ça promet… je ne peux rater ça sous aucun prétexte… mais surtout, je dois veiller au grain…  

    Nous voilà rendus à proximité de l’enseigne rouge. Les basses étouffées de la musique techno arrivent jusque dans la rue. Jérém s’appuie dos au mur à tout juste quelques mètres de l’entrée, tout en continuant à fumer sa cigarette tout lentement. J’en fais de même, m’appuyer dos au mur. 

    En attendant qu’il finisse sa clope, je laisse balader discrètement mon regard autour de l’entrée de la boite pour essayer de me familiariser avec les lieux et pour tenter de déstresser. C’est pendant ce premier tour de reconnaissance que je détecte à nouveau sa présence… le revoilà, lui… le beau brun que j’ai regretté de ne pas pouvoir mieux détailler quelques minutes plus tôt… le voilà entouré de sa petite bande de copines… oui, tout à l’heure je n’ai pas eu le temps de m’imprégner de son charme… alors, ce coup-ci je ne m’en prive pas… 

    Au premier abord, c’est tout simplement un beau brun, la peau mate, les yeux très noirs (ça je ne le saurai que plus tard dans la soirée, lorsque je le verrai de beaucoup plus près), les cheveux assez courts, une belle barbe noire épaisse et bien taillée. Le mec doit avoir environ 25 ans. 1m80, je dirais. Il est superbement foutu, son torse est magnifique, ses épaules ont un angle de chute juste divin… et ce t-shirt noir col en V qui souligne diaboliquement son anatomie, une perfection plastique certainement affinée dans une salle et/ou sur un terrain de sport, est juste une tuerie… sans parler de son jean délavé lui moulant un cul divin et soulignant une chute de reins spectaculaire… 

    Les épaules appuyées contre le mur, le bassin et la bosse bien en avant, la cigarette tenue aux bords des lèvres avec une nonchalance totale et assumée… le bras légèrement plié, la main droite dans la poche du jeans, la gauche à moitié enfoncée derrière la braguette et prête à quitter ce lieu si agréable au toucher pour récupérer la cigarette entre deux taffes… le petit groupe de potes « From Tataland » tournoyant autour de son charme puissant… presque des groupies qu’il semble jauger avec un regard distant, empreint de suffisance, avec une indifférence qui aurait presque des allures de mépris… 

    Non, je ne m’étais pas trompé… le mec est effectivement d’une beauté à faire capituler non seulement des villes, mais des pays tous entiers… certes, on se rend vite compte qu’il transpire de son attitude une sorte d’arrière goût d’arrogance, un air comme de « je suis canon, on ne peut pas me résister, alors il n’y en a que pour ma gueule, et c’est bien normal », une conduite qui confère à sa personne un coté plutôt agaçant, limite odieux… mais, au final, furieusement sexy…  

    Oui, lorsqu’on le regarde, on voit tout de suite des tonnes de claques perdues flottant autour de lui… des claques qu’on a aussitôt envie de rattraper… hélas, une envie bien plus urgente et impérieuse, celle de le sucer illico tout de suite, prend vite le pas sur notre première résolution… 

    Un très beau brun au t-shirt blanc d’un coté, un brun très beau au t-shirt noir de l’autre, les mêmes attitudes de mâles sexy et dominant… cette nuit, l’entrée du On Off brille de mille feux… 

     


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