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    Au premier abord, c’est tout simplement un beau brun, la peau mate, les yeux très noirs (ça je ne le saurai que plus tard dans la soirée, lorsque je le verrai de beaucoup plus près), les cheveux assez courts, une belle barbe noire épaisse et bien taillée. Le mec doit avoir environ 25 ans. Il est superbement foutu, son torse est magnifique, ses épaules ont un angle de chute juste divin… et ce t-shirt noir col en V qui souligne diaboliquement son anatomie, une perfection plastique certainement affinée dans une salle et/ou sur un terrain de sport, est juste une tuerie… sans parler de son jean délavé lui moulant un cul divin… 

    Avant notre arrivée, c’était sans doute le mec le plus séduisant de la boite. Ca c’est avant que mon Jérém se pointe avec son t-shirt Calvin Klein cousu main sur son torse de ouf.  

    C’est la première fois que je mets les pieds dans cet endroit. Je suis passé devant plusieurs fois. Le jour, en me baladant sur le bord du Canal. Le soir, parfois. J’ai vu briller son enseigne rouge dans la nuit comme un appel à moi, à mon être profond. Sans oser franchir le pas. Sans oser en franchir le seuil. Il a fallu qu’on m’y amène. Il a fallu qu’il m’y amène. 

    Oui, pour que j’ose franchir la porte du On Off, l’une des boites à pd les plus branchées de la ville, pour que j’accepte de prendre le risque de pénétrer dans ce lieu de « perdition », il a fallu que mon Jérém m’y amène… 

    Pour comprendre comment on en est arrivés là, il faut remonter les horloges de plusieurs heures, au début de cette soirée organisée pour fêter le bac… 

     

    Précédemment dans 50 nuances de Jérém, de moi et d’autres Thibault et Stéphane… le bac dans la poche de tout le monde, il avait été décidé d’une soirée pour fêter ça tous ensemble. Ça tombait le samedi suivant l’affichage des résultats. Toute projetée dans l’attente de la soirée, ma semaine s’était déroulée entre l’envie de rester fidèle à l’esprit « Halle aux Grains avec Stéphane », et un désir déchirant de retrouver mon Jérém… le samedi soir venu, je n’avais pas été déçu par ces retrouvailles, marquées par une entrée en scène à grand spectacle comme seul mon beau brun en a le secret…

    Avec ses cheveux courts, son port de tête haut, le regard ferme, puissant, presque intimidant ; avec ses yeux très noirs qui dégagent une forme d’autorité naturelle et de charisme inné ; avec cette assurance de jeune mâle sûr de lui et qui ne doute de rien ; avec ce t-shirt blanc qui lui donne un aspect simplement mec, propre et rangé qui contraste d’une façon très sexy avec son petit coté bad boy; avec ce jeans, tout ce qu’il y a de plus beau et masculin… voilà… on aurait dit un jeune militaire en permission, avec une bonne envie de picoler entre potes et de se faire vider les couilles… chose, cette dernière, dont je me promettais et ce, dès son arrivée, de me charger sans faute…

    Après une bise qui m’avait mis tout sens dessus dessous, alors que mon beau brun vivait sa vie avec ses potes comme si je n’existais pas, au resto je m’étais fait coincer à une place très éloignée de lui… coté proximité, je m’étais bien rattrapé à la Bodega… avec une bonne dose de culot, j’avais réussi à me retrouver dans une cabine des chiottes, très proche de lui et de sa queue, pour une pipe qui, apparemment, avait laissé mon beau brun plutôt satisfait…

    Seul bémol… Thibault avait bien capté notre manège… et son malaise était palpable…

    Une question surgit à l’improviste de mon esprit… s’il est vrai que Thibault a vu Jérém sortir des chiottes juste avant de venir m’y retrouver, est-ce que Jérém s’est rendu compte que son pote l’a vu ? Je pense qu’il vaudrait mieux que ce ne soit pas le cas…

     

    Toulouse, La Bodega, Rue Gabriel Péri, 1h03 du mat. 

     

    Assis à la table avec les camarades où j’ai trouvé refuge pour ne pas devoir affronter le regard de Thibault, je ne me lasse pas de regarde cette image magnifique de mon Jérém en mode mâle repu, accoudé au comptoir… c’est particulièrement excitant de le voir discuter avec ses potes, écouter leurs blagues d’un air absent, amorçant par moment un petit sourire de circonstance… les voir reprendre une bière, trinquer… le voir essayer de recouvrer cette attitude de mec, de pote cool, comme si de rien n’était, tout en sachant ce qui vient de se passer… ça me fait penser à l’éternelle question que je me pose depuis toujours en croisant un garçon qui retient mon attention… que vient-il de se passer dans sa vie quand on le croise ? Quand est-ce qu’il a joui pour la dernière fois ? Est-ce qu’il vient tout juste de se soulager ? Tout seul ? Est-ce qu’il vient tout juste de défoncer un cul, de se faire sucer… ou bien de se faire sauter et de prendre son pied avec un pote… 

    Je donnerais cher pour savoir à quoi mon beau brun est en train de penser précisément… et notamment si le bonheur sensuel qu’on s’est offert dans l’espace clos d’une cabine de chiottes, retentit encore dans chaque fibre de son corps, comme c’est le cas pour moi… mais voilà un questionnement auquel je n’aurais jamais de réponse… 

    Non, je ne me lasse pas de regarder le garçon que j’aime et auquel je viens de donner l’un des meilleurs orgasmes de sa jeune vie… il va falloir pourtant que cette extase visuelle s’arrête… et ce, pour plusieurs raisons… 

    D’une part, car mon attention illimitée pour le beau brun commence à être remarquée… 

    « Il est beau comme un dieu, n’est-ce pas, Nico… toi aussi tu le trouves canon… » me balance Camille, la voix déformée et le propos libéré par un degré d’alcoolémie plutôt carabiné. 

    « De quoi tu parles ? » je tente de me défendre « arrête de dire des conneries, t’es au moins à dix grammes…». 

    « J’ai bu, mais je sais ce que je dis… il te plait bien Jérémie, hein ?… il fallait voir comment tu le matais en cours… tout le monde l’a remarqué… t’as même fini par l’agacer… c’est étonnant qu’il ne t’ait pas mis son poing dans la gueule… mais il faut t’en faire une raison… Jérém est un mec à nanas… » 

    Bon, ok… noyée dans son trop plein d’alcool, elle détient quelques bribes d’une vérité qui lui échappe en grande partie… oui, Jérém me plait… oui, je suis pd… soit… tant qu’elle n’insinue pas que nous nous envoyons en l’air… quant à son statut de « mec à nana » et à son hypothétique envie de me mettre son poing dans la gueule… ma pauvre cruche… si tu savais comment il préfère vraiment mettre sa bite dans ma bouche ou dans mon cul… bonheur auquel à priori tu n’as jamais eu la chance de goûter… et auquel tu n’es pas prête de goûter non plus… si tu savais comment je viens de le faire jouir juste à quelque mètres de toi, alors que tu ne t’es rendue compte de rien… grosse conasse… 

    Cette dernière réflexion, que je garde évidemment pour moi, me permet de passer au dessus de ses mots stupides et de ressentir même une certaine excitation en gardant ce secret… malgré cela, me sentant observé et cerné, je me fais violence pour détourner momentanément l’attention de mon beau brun… et lorsque, quelques minutes plus tard, mon regard se remet en quête du t-shirt blanc, je me rends compte qu’il a disparu… Jérém a bougé… il est passé où? 

    En fait, je ne tarde pas à remarquer qu’il n’y a pas que lui qui a bougé… tous nos camarades sont en train de bouger, et ma table suit le mouvement à son tour… je me rends compte que, suite à un signal venant de je ne sais pas où et de je ne sais pas qui, on va partir pour le KL… oui, le KL… pendant toute la semaine il avait été question d’Esmé, mais depuis le resto, le KL est revenu en force… 

    Je suis un peu surpris de la précipitation de ce départ car, après avoir entendu Thierry et Bruno en discuter devant les pissottières, pendant que mon beau brun se retenait de jouir dans une cabine juste à coté, je m’attendais que les quatre potes du billard repartent faire une partie avant de partir…  

    Mais le temps file, ma montre m’informe qu’il est déjà une heure et quart du mat…  

    C’est là que je réalise que je n’ai pas défini dans quelle voiture je vais monter… bien évidemment, la première idée serait que j’ai envie de monter AVEC mon beau brun, dans l’espoir de me faire monter PAR mon beau brun au retour de soirée… ceci dit, après les allusions de cette conasse de Camille, ainsi qu’à cause du malaise que j’ai décelé sur le visage de Thibault à la sortie des toilettes, je suis un peu perturbé dans mon élan… 

    Je décide alors de faire profil bas, et de choisir n’importe quelle voiture sauf la 205 rouge… d’autant plus que je ne voudrais pas donner l’impression, à lui et aux autres, de le coller trop près… je sais à quel point il faut laisser respirer mon Jérém, sous peine de me faire jeter méchamment… et ceci même après une pipe comme celle que je viens de lui offrir. 

    Du coup, je me retrouve dans la Punto bleue de Rémy… avec Camille et Alexandra sur la banquette arrière. Rémy a l’air plutôt sobre, comme moi, même mieux que moi… j’ai quand même quelques bières à mon actif, chose que Rémy semble avoir esquivé. 

    Quant aux filles, elles sont défoncées. Elles ont descendu les vitres arrière, et pendant qu’on traverse lentement les routes du centre ville bondées de monde, elles crient des trivialités aux garçons aux terrasses des bistrots… c’est ça de picoler quand on ne tient pas l’alcool… elles sont bonnes pour nous taper la honte à l’entrée de la boite… pourvu qu’elles ne gerbent pas dans la voiture… pourvu que je ne rentre pas dans la même voiture tout à l’heure… 

    Du coup je me rends compte que ne sais même pas comment Jérém est parti… avec sa voiture ? Avec l’Astra de Thibault ? Si c’est le cas, adieu la galipette de retour de boite… je me vois mal demander à Thibault de nous ramener et de nous laisser tous les deux rue de la Colombette… à moins de lui demander de monter avec nous… mais là, je divague… 

    Merde, merde, merde… naaaaan… c’est juste pas possible… j’ai trop envie de lui… surtout après le petit (avant) goût qu’il vient de me donner, après cette « mise en bouche », après m’avoir juste embroché avec sa queue raide pendant que je me branlais jusqu’à en jouir… j’ai trop envie de l’avoir en moi… et je l’aurai, ce soir, coûte qui coûte... 

    La voiture quitte le centre ville, nous traversons une première fois la Garonne par le Pont Neuf, nous passons St Cyprien, les Abattoirs, nous retraversons la Garonne au Pont des Catalans, nous filons sans encombres sur l’Allée de Brienne, nous arrivons aux Ponts Jumeaux, et nous voilà sur la Rocade… nous passons à coté du quartier des Minimes, là où Thibault a son apart, je ne sais pas trop où… 

    Ah… Thibault… je repasse dans ma tête le moment où l’on s’est croisés aux toilettes… je me revois en train de me sécher les mains… j’entends le bruit assourdissant de l’air chaud propulsé… je retrouve ma surprise de le voir juste à coté de moi… je repense à mon sourire maladroit… et je sens un pincement au cœur en retrouvant son charmant et gentil sourire terni par un beau malaise… 

    De fil en aiguille, pendant que la voiture file, pendant que les filles continuent sur leur déconnade en balançant des conneries à notre chauffeur sur la Rocade, pendant que la radio nous offre la voix de Madonna sur « What it feel like for a girl », pendant que les immeubles des cités et les bâtiments commerciaux défilent sous mes yeux, je repense à la tristesse de Thibault lorsqu’il m’a parlé du départ possible de Jérém… je retrouve la chaleur de sa main sur la mienne, la douce caresse de sa voix et de ses compliments… « tu es beau garçon », la troublante sensation de sa bise inattendue…

    Du coup, je ne peux m’empêcher de me demander quelle est, au juste, la raison profonde de son malaise de tout à l’heure… une jalousie ? A l’égard de qui ? De Jérém ? De moi ? A la place de qui aurait-il voulu être ? Ou alors, aurait-il tout simplement voulu être avec nous deux ? Est-ce qu’il ressent vraiment un truc puissant pour son pote ? Est-ce que c’est sur moi qu’il a des vues ? Est-ce que c’est juste le fait de voir cette relation inattendue se développer sous ses yeux qui le trouble et qui réveille en lui des pulsions qui auraient pu rester par ailleurs indéfiniment cachées ? 

    Si vraiment il en pince pour Jérém, j’imagine à quel point ça doit être dur pour lui de le côtoyer en ami, en meilleur ami, sans pouvoir lui avouer ce qu’il ressent pour lui, sans pouvoir lui avouer ses envies… et ça doit être d’autant plus dur pour lui à vivre en sachant désormais que Jérém a à priori les mêmes penchants que lui, mais que ces penchants il les satisfait avec un autre garçon… un garçon, moi, pour lequel Thibault doit ressentir une certaine jalousie alors qu’il s’efforce de s’en rapprocher car il le sait être l’élu du « lit » de son meilleur pote… 

    Thibault et moi, chacun à notre manière nous jouons tous les deux un jeu délicat, dangereux, un jeu d’équilibriste…  

    Oui, la position de Thibault est très compliquée… dans son discours, le beau mécano a l’air de vouloir me soutenir dans l’odyssée entre le lit et le cœur de mon beau brun… je crois vraiment que, d’une part, la profonde bienveillance qu’il porte à l’égard de Jérém le pousserait à seconder sincèrement cette relation avec moi, une relation qu’il ressent comme bénéfique pour Jérém…  

    D’un autre coté, je sens qu’il y a un malaise… il voudrait être à ma place, mais il ne le peut pas, son statut de meilleur pote n’est pas compatible avec une tendresse plus intime, avec une sexualité partagée… du coup, il se retrouve prisonnier de son rôle de meilleur ami, de pote bienveillant, ce qui lui empêche de franchir le pas d’assumer ses véritables envies… car s’il le faisait, toute cette amitié qui a été construite depuis leur enfance, risquerait se s’effondrer… ce qui risquerait de foutre le bordel entre eux… et comme Thibault désire par-dessus tout de la stabilité pour son Jérém, il se condamne à jouer le rôle que son pote s’attend à le voir jouer… 

    Soudainement, je trouve Thibault encore plus touchant… je crois qu’il n’a pas ls rôle le plus facile à tenir dans l’histoire… 

    Ceci dit, ma position vis-à-vis de Thibault aussi est compliquée à assumer… d’une part, je veux bien accepter son appui pour mieux connaître et cerner mon beau brun… d’autre part, ce qui me pose problème, c’est le fait que ce petit jeu a l’air de coûter cher à Thibault…  

    Lorsque je repense à la tristesse dans ses yeux, à son air dépité lorsqu’il m’a lancé, le regard fuyant : 

    « Ah, t’es là… toi aussi… », j’ai mal au ventre pour lui… et lorsque je repense à ma fuite, à ma lâcheté, à mon égoïsme… je me sens vraiment nul… 

    Je n’ai pas envie de faire du mal à ce garçon droit, loyal, excessivement fidèle en amitié, prêt à tout pour son meilleur pote. Non, je ne veux pas faire souffrir ce garçon qui inspire la confiance et force le respect, si touchant dans le contraste entre la puissance de son physique, la solidité de son caractère et la profonde gentillesse qui lui est propre…

    Oui, dans sa morphologie et dans son caractère, Thibault possède la carrure et la solidité d’un petit taureau. Mais là, voilà que l’équilibre inébranlable de Thibault vient d’en prendre un coup… il n’y a que très peu de choses capables de secouer un rock comme Thibault… parmi celles-ci, la frustration d’un désir profond ainsi qu’une certaine forme de jalousie…

    Je donnerais cher pour savoir ce qui se passe dans la tête du beau mécano… ah, mon beau Thibault… qu’est ce qui te fait réellement courir dans la vie ?

    A l’approche de la sortie du Lac de Sesquière, la silhouette immense et lumineuse du KL nous drague alors que nous roulons encore à plus de 90 km/h… la proximité des « retrouvailles » avec mon Jérém et mon souci de ne pas encore savoir si je pourrais ou non finir la soirée avec lui, m’éloignent de mes pensées au sujet de Thibault… 

    Dès que je repense à mon beau brun, je repense à son corps tout tendu à la recherche du plaisir, à ses gémissements de mâle en train de se faire sucer comme il se doit… à la sensation de sa queue qui s’enfonce dans ma bouche et qui la remplit… à ses coups de reins… à son parfum… à la puissance de ses jets projetés au fond de ma gorge… au goût de son jus épais…je bande… et lorsqu’un garçon bande, toute forme d’empathie et de scrupule s’évapore soudainement… 

    Nous voilà au KL. Il y a du monde à l’entrée, et il faut attendre pour rentrer. Les filles déconnent bruyamment, je me protège avec la technique du « Je ne les connais pas, moi ». 

    Au bout d’un bon quart d’heure, nous traversons enfin les vestiaires pour plonger dans l’ambiance bruyante de la salle techno. Le son est assourdissant, la salle est bondée et il fait une chaleur de dingue. Je me dis qu’avec tout ce monde, ça ne va pas être simple d’approcher discrètement mon beau brun… je me dis que c’est une énorme connerie que de devoir en passer par là pour me glisser dans le lit de Jérém alors que quelques minutes plus tôt on étais à quelque pas de chez lui et qu’il serait bien plus agréable d’être au pieu avec lui dans le silence de son apart que dans cette ambiance bruyante, surpeuplée et moite… mais bon, je suis le mouvement, pas le choix… 

    Oui, mon beau brun… il est passé où, celui là ? Je le cherche du regard, mais la foule est si dense que j’ai du mal à me focaliser sur les visages… et sur les torses… et sur les t-shirts… l’approche de l’été opère cette magie bénie de dévoiler les physiques des beaux garçons, les plastiques que les vêtements d’hiver nous ont un peu dissimulés pendant des mois… l’œil est avide de découverte… alors, là, ce soir, c’est le festival…  

    Qu’est ce qu’il y a à mater comme bogoss… il a des fois où on a l’impression que tous les bogoss de la planète se sont donné rendez vous au même endroit… je suis comme un passionné de peinture impressionniste au Musée d’Orsay… dépassé par l’interaction mutuelle de beautés similaires que, mise cote à cote, génèrent une sorte d’explosion esthétique et émotionnelle qui nous arrache du présent et qui nous offre un magnifique instant d’éternité… 

    Bon, Nico, stop aux délires… il faut te ressaisir… il faut trouver Jérém… le trouver et ne pas le perdre de vue sous aucun prétexte… le surveiller… l’empêcher d’emballer des nanas… tu as trop envie de lui pour le laisser commettre une fois de plus ce gâchis insoutenable… 

    Mais d’abord, il me faut me délester de mes trois acolytes… la tache se révélera plus simple que prévu… en effet, après un verre, les nanas vont danser… elles gigotent comme des malades… Rémy, quant à lui, il s’occupe en matant les nanas sur la piste de danse… je crois qu’il coucherait bien avec Alexandra, mais elle ne fait que le faire languir, surtout depuis qu’il a son permis…  

    Et moi… moi je guette l’apparition de mon beau brun… hélas, je ne le vois toujours pas… je pars faire un tour de la salle… mince, Rémy me suit… j’avance, j’avance, j’avance,  ma quête demeure sans succès… ce n’est qu’au bout de plusieurs minutes de pérégrinations que, au détour d’une cloison, j’aperçois de loin mon beau brun entouré de Thibault, Bruno et Thierry… 

    Maintenant, il faut absolument que je me décolle Rémy des baskets… je tente de le semer avec l’argument « toilettes »… il a envie aussi… heureusement il s’enferme dans une cabine, et c’est par ce biais que j’arrive à le semer… je pars sans l’attendre… 

    Me revoilà dans la salle, en mode détection et approche de beau brun un peu con… je l’ai vu tout à l’heure, maintenant je ne le vois à nouveau plus… il faudrait lui poser un bracelet électronique… sans Rémy à mes baskets, je bouge beaucoup plus vite… il me faudra cependant de longues minutes pour le localiser à nouveau… 

    Le voilà mon beau brun, négligemment appuyé avec une épaule à une colonne au bord de la piste de danse, sexy comme pas possible, en train de discuter avec une blonde… une nanas que je ne peux même pas traiter de pouffiasse ou de pétasse, car ce n’est pas le cas… c’est une fille vraiment magnifique, le genre de fille class et très belle que je pense me plairait si j’étais hétéro… bien sapée, sexy, maquillée juste ce qu’il faut, une véritable beauté, un joli sourire, et apparemment de l’humour, car je vois à plusieurs reprises mon beau brun rigoler longuement en discutant avec elle… non, je ne peux pas honnêtement la traiter de pouffiasse… car son seul crime est celui de vouloir connaître mon beau brun de très près… est-ce un délit ? pouvons nous condamner cela ? condamner un être de chair, qu’il soit mâle ou femelle, qui se rend « coupable » de trouver la beauté et le charme de Jérém très désirables, très sensuels ? 

    Oui, cette nana a dans son allure générale quelque chose de profondément charmant qui la rend difficilement critiquable… du moins jusqu’à qu’elle atteigne le point de non retour… jusqu’à qu’elle commette l’irréparable… à savoir… s’approcher de façon inappropriée de mon beau brun et, sous mes yeux, passer une main d’abord dans son dos, ensuite carrément sous son t-shirt… et terminer avec l’horreur absolu… un bisou dans le cou…

    Le beau brun sourit, balance des petits regards en coin, fiers, coquins, des regards d’allumeur… il a l’air d’apprécier cet énième hommage à la toute puissance de son charme…

    Cette scène a le pouvoir de me rendre hystérique… ça me fait sortir de mes gonds, ça me met hors de moi !

    C’est là que je me rends compte qu’en fait la nana est la pire des salopes… le genre qui minaude avec classe, sans vulgarité apparente… mais quand même avec la ferme intention de se le taper… du coup elle dégringole dans mon estime… tous les voyants dans ma tête virent au rouge… danger maximal… pétasse en rut en contact avec mon beau brun… je bous de l’intérieur… si tu savais, toi aussi, oh blondasse, comme je l’ai fait jouir il y a même pas une heure… il n’a pas besoin de toi pour prendre son pied… je suis là !

    Soudainement, je trouve condamnable ce qu’un instant plus tôt j’avais trouvé tolérable… s’intéresser de trop près à mon beau brun, relève en fait du délit… du moins à mes yeux…

    Je sens un mélange de rage et de jalousie monter en moi, fourmiller dans mon bas ventre et me piquer jusqu’au cuir chevelu… quoi faire si le beau brun, après avoir reçu une pipe de dingue, il trouve bon de terminer sa soirée en se défoulant dans une chatte plutôt que entre mes fesses ?

    Je me sens impuissant et ça me rend dingue…

    Ils discutent. Elle sourit. Il sourit. C’est pas possible d’être aussi beau. Elle minaude. Non, elle charme. C’est pire. Car drôlement efficace. Ça se voit qu’elle a envie de se faire sauter par mon beau brun. Mais elle le fait avec classe. Non seulement elle a l’air d’être plutôt drôle comme nana, mais elle a également l’air d’une sacrée coquine… parfois elle se penche sur son oreille et, au vu des expressions malicieuses, sensuelles et fières que je vois s’afficher sur le visage de mon beau brun, elle ne doit pas lui faire un résumé du JT de 20 heures…

    Il le sait qu’elle a envie de lui… il le sens et ça le rend fier comme un coq… putain, c’est vraiment vrai qu’il n’y a pas plus ingrat qu’une queue en érection… 

    Le message me semble assez clair et définitif. Ce soir je ne me ferai pas sauter par mon beau brun. Dégoûté, je pars faire un tour de la salle. Je suis tellement dépité par ce que je viens de voir, que je n’ai même plus le cœur à mater le « bogoss toulousain » pourtant massivement présent au KL ce soir là… et pourtant dieu sait à quel point m’est doux de poser mon regard sur la beauté et sur la jeunesse masculine ; mais là, je suis tellement déçu que j’arrive à détourner mes pensée du garçon qui est la cause de mon malheur, de ce con de bogoss qui seul aurait le pouvoir de transformer ce malheur en bonheur, si seulement il le voulait… oui, si seulement il le voulait…

    L’effet de la première bière du KL, la quatrième de la soirée quand même, en plus de l’apéro au resto, commence à faire sentir son effet anesthésique… je suis fatigué, et au même temps sur les nerfs… avec son jeu de souffler en permanence le chaud et le froid, Jérém a le don de m’énerver comme personne… alors, comme ce fut déjà le cas à la Bodega avant qu’il vienne me chercher, je me dis que j’ai besoin d’une autre bière pour me calmer davantage… car il semblerait que l’alcool aide à mieux supporter la déception, la solitude, la tristesse…

    C’est en m’approchant du comptoir que j’aperçois un peu plus loin une silhouette masculine plutôt harmonieuse et agréable à mater, un mec en train de discuter et de rigoler avec une petite bande de potes. C’est dingue comme les silhouettes des filles, tout comme leurs prénoms, se mélangent parfois dans ma tête dans un souvenir vague, alors que la morphologie et le prénom d’un garçon qui m’a tapé dans l’œil ne serait-ce que l’espace d’un battement d’ailes de papillon, se grave instantanément au feu rouge dans ma mémoire…

    Le processus est infaillible et ultra-rapide. Mon gaydar détecte le spécimen ; transmission des données visuelles à la base de données « Bogoss » dans ma mémoire interne ; lancement de la recherche par le paramètre « Morphologie » : Match found… correspondance trouvée… Illico je me dis : je l’ai déjà vu, celui là… mais où… lancement  de la recherche dans la base de données « Rencontres récentes »… recherche aboutie… une ampoule s’illumine dans ma tête « Mais, oui, évidemment, c’est bien lui ! »…

    Le flanc appuyé au comptoir, l’avant bras carrément posé sur le zinc, je ne le vois que de dos… mais je suis sur que c’est lui… cette chemise blanche bien taillée, très class, les manches retroussées, une belle montre de mec au poignet… oui, ce style est bien le sien… et lorsque par moments il tourne légèrement la tête, la faible lumière de la boite m’apporte quelques éléments de son beau profil…  

    Oui, c’est lui. Je suis surpris de le trouver ici, surtout de le localiser sans l’avoir cherché au beau milieu de cette foule dense. 

    Je le regarde discuter avec ses potes et ça me donne des frissons… je suis comme d’hab jaloux d’eux, eux qui peuvent partager des moments avec lui, entendre sa voix, discuter avec lui sans en être gêné… car autorisés à faire partie de sa vie en vertu d’une amitié ou d’une camaraderie qui m’est interdite… l’alcool désinhibant mes actes et me rendant plutôt culotté, je le regarde sans ménagement, fasciné par cette scène de proximité entre potes…  

    Je le fixe avec tellement d’insistance que, à la faveur du passage d’un un petit groupe de filles avançant dans ma direction et que le mec et ses potes semblent suivre des yeux, nos regards finissent par se rencontrer…  

    Putain… te voilà gaulé… je ne sais plus où me mettre… et là, alors que je suis tout gêné par cet accident frontal de regards, à ma grande surprise, le mec me lâche un grand sourire. Il est vraiment beau et sexy. Et cette simple chemise blanche avec deux boutons ouverts laissant entrevoir un joli relief de pectoraux imberbes… ouf, c’est canon… et il l’est encore encore encore plus car j’ai l’impression que ce sourire veut dire : « Tiens, je me souviens de toi, même si je ne t’ai vu qu’une seule fois, et vraiment vite fait… ». 

    Oui, on ne s’est croisé qu’une fois, on s’est tout juste serré la main, au point que je croyais qu’il ne m’avait même pas capté… et ça fait d’autant plus plaisir de découvrir le contraire… 

    Son beau sourire me donne envie de donner l’échange avec la même pièce. Je lui souris à mon tour. Il faut alors imaginer mon effarement, avec l’emballement du rythme cardiaque qui va avec, lorsque je le vois quitter son groupe de potes pour avancer dans ma direction. 

    Soudainement, je repense à Amélie Poulain. Je crois que je vais me liquéfier sur place. Oui, soudainement, je me rends compte que je n’ai qu’une poignée de secondes pour retrouver une contenance, reprendre mon souffle et préparer quelque chose de pas trop con à dire. Hélas, le temps imparti est trop court, tant pis, je ne réussirai aucune des trois missions. Il approche… trois, deux, un…  

    Impact… 

    Il réitère son beau sourire, il approche son verre du mien, et il approche son visage de mon oreille pour y poser, inattendu, mais très plaisant, un : 

    « Bonsoir » 

    Auquel je répondrai : 

    « Bonsoir » 

    Auquel il enchaînera : 

    « Alors, vous êtes prêt pour le stage intensif ? » 

    Bam ! Martin, le beau moniteur de l’auto-école est là.  

    Il est vraiment charmant et très classe. Très élégant. Ses cheveux châtains sont un plus courts et soignés que la première fois que je l’ai vu… il est rasé de près… le mec vraiment sur son 31, quoi… une chemise blanche, un beau jean marron, des jolies chaussures en cuir, simple mais tellement efficace… 

    « Vous vous souvenez de moi ? » j’essaie de rigoler. Pour le truc pas trop con, on repassera. 

    « On s’est serré la main l’autre jour » me répond-il du tac au tac « et apparemment vous aussi vous vous souvenez de moi… ». 

    Il me regarde droit dans les yeux. Putain de regard charmeur. Sur le coup, j’ai envie de lui demander s’il souvient de tous les élèves qu’il croise, mais après je me dis que c’est l’alcool qui me fait dérailler, alors je me retiens. Son parfum me frappe comme un uppercut en pleine figure. Quand je pense que je vais faire mes cours de conduite avec lui… tous les jours pendant deux semaines… me retrouver enfermé dans l’espace clos d’une petite voiture avec cette bombasse assise à coté de moi… les narines mises à dure épreuve par ce parfum de ouf… 

    Je me perds dans son regard de braise lorsqu’il enchaîne :  

    « Vous allez attaquer quand le stage ? ». 

    « Dans deux semaines… ». 

    Soudainement, voilà le glissement magique du vouvoiement distant au tutoiement complice… frissons incontestés… 

    « Tu as déjà conduit ? ». 

    Je me sens perdre pied. J’ai l’impression que je ne contrôle plus mes mots, qu je pourrais dire n’importe quoi. Trop de bières nuisent au Nico. Ou pas, d’ailleurs… 

    « Non, mais je suis sur que vous allez me montrer tout ça… ». 

    « Déjà il faudrait que tu me tutoies… ». 

    « Mais vous allez être mon moniteur… ». 

    « Je suis Martin, un point c’est tout… ». 

    Oui, tu es Martin, et tu me fais un effet de dingue… putain… j’ai avalé trop vite mes deux dernières bières… j’ai la tête qui tourne, alors j’ai envie de te dire que j’aimerais te voir à poil, te faire mille trucs, te faire jouir, te voir jouir… oui, Martin, j’aimerais coucher avec toi… te bouffer la queue, goûter à ton jus… que ce soit en te tutoyant ou même en te vouvoyant… mais tu es vraiment trop beau, presque aussi beau que mon con de Jérém… tiens, à l’heure qu’il est, il doit être en train de négocier sans trop de difficulté sa baise du soir avec la blonde qui a osé l’irréparable… passer la main sous son t-shirt… alors, Martin, ta présence me fait du bien, un bien fou… mais comme je sais que les miracles, notamment les miracles « gay » ont déjà du mal à se produire une fois, et que, en couchant avec Jérém, j’ai épuisé mon quota, je sais que la probabilité qu’un mec aussi canon que toi veuille de moi relève de l’absurde… 

    Oui, Martin, tu es presque aussi canon que mon Jérém, avec quelques années de plus, ce qui rajoute un charme que mon beau brun, du haut de ses 19 ans, ne peut pas encore ajuter à son arsenal pourtant si bien garni par ailleurs… c’et vrai que l’argument « mec plus âgé, avec quelques bornes au comptoir, rassurant, avec de l’expérience » est un argument de poids… mais Martin, tu es un mec à nana, je le sais… j’ai vu comme tu as maté le cul de ce troupeau de femelles qui vient de passer… inutile de me faire des illusions… t’as du sauter la moitié des nénettes qui sont rentrées dans ta voiture… tu dois être sollicité à ne pas savoir où donner de la bite, comme mon beau con de brun doit l’être à sa putain de brasserie…  

    Mais pourquoi vous êtes aussi canons les mecs, pourquoi vous avez ce pouvoir terrible, un pouvoir dont vous abusez, le pouvoir de faire le bonheur et le malheur des nanas et des mecs qui ont la malchance de vous croiser… beau Martin, est-ce que tu as fait souffrir des nanas comme ce con de Jérém me fait souffrir à moi ? Est-ce que ta beauté et ton charme, comme c’est le cas pour lui, sont des armes redoutables qui font des dégâts collatéraux épouvantables ? 

    Je sens une étrange tristesse mêlée de colère me submerger… Martin… Jérém… même histoire… des mecs canon, tellement canon qu’il ne seront jamais la bite d’un seul trou… l’un comme l’autre appartenant à cette espèce de mâles tellement assurés de leurs charmes qu’ils s’en foutent de tout et de tout le monde, car tout ce qui compte est leur gueule…  

    L’alcool me perd, il fait tourner mon cerveau à l’envers… j’aime bien la présence de Martin, mais au fond j’aurais tellement envie d’être avec mon Jérém… 

     « T’es ici avec tes potes ? » me balance-t-il de but en blanc. 

    « Oui » je réponds sobrement. 

    « Et avec… ta copine ? » il enchaîne. 

    « Non ! » je coupe court, surpris par sa question. 

    « Pas de copine ce soir ou pas de copine du tout ? » il me relance. 

    « Pas de copine du tout… » je finis par admettre. 

    « T’es venu pour draguer les nanas, alors… » il me questionne, un sourire coquin s’affichant son visage. 

    « M’en tape des nana… » je balance. L’alcool me joue des tours. 

    « T’es venu pour dragues les mecs, alors… » il me sort alors, comme le plus naturel du monde. 

    Je ne réponds pas, très mal à l’aise. Je le regarde. Il me sourit. C’est coquin, c’est charmant, c’est beau, c’est culotté, c’est à gifler.  

    Me voilà dans une situation inattendue… une situation dans laquelle je me suis toujours demande comment réagir si jamais je devais y être confronte d’une manière aussi directe… oui, comment se comporter devant un aussi bomec jouant a fond la carte de la séduction ambiguë ? Est-ce que c’est pour de vrai, est-ce qu’il est « du bon cote de la Force », est-ce qu’il le fait pour jouer, pour se moquer, est-ce que c’est un piège ? Bien sur, les situations ou les allusions ambiguës de la part de mec, je connais, mais c’est toujours extrêmement subtil, furtif, et rapidement les évènements apportent une réponse définitive et jamais la bonne… 

    Dans le doute, je me dis qu’il faut que je dégage le Roi de mon jeu, car je sens que si je ne change pas de stratégie, l’échec et mat n’est pas loin. 

    « Je suis venu parce qu’on fête le bac ce soir » je tente de me dégager. Je prends une longue respiration et je passe à la contre-offensive : 

     « Et toi, t’es venu pour draguer ? » je balance, relançant ainsi la balle dans son champ. 

    « Non, je suis venu pour rigoler avec mes potes… c’est mon anniversaire… ». 

    « Bon anniversaire, Martin… » je réagis au quart de tour. 

    « Merci… » 

    « Tu as quel age ? » j’enchaîne, curieux. 

    « Qu’est ce que tu en penses ? » il enchaîne, taquin. 

    « Je ne sais pas… 27… 28… » je l’avance. 

    « 29… » il assène. 

    « Je n’étais pas loin… » je commente. 

    Il sourit. Lorsqu’il approche la bouche de mon oreille, il rajoute : 

    « 29, ce ne sera que la troisième fois que je les fête… » il rigole. 

    « 31, donc… » je réagis. 

    « Non, 29 pour la troisième fois… » il insiste, taquin. 

    « Tu ne les fais pas… » je trouve intéressant de commenter. 

    L’alcool me délie la langue. Je ne sais pas ce qu’il cherche, je ne sais même pas ce que je cherche, moi… ce qui est sur, c’est que ce petit jeu du chat et de la souris me plait et me remonte un peu le moral…  

    « Merci… » m’envoie le beau Martin. 

    « Toi, en revanche tu fais plus que tes 18 ans… car tu as 18 ans, n’est pas ? » 

    Je le lui confirme avec un simple hochement de la tête. Visiblement rassuré, il continue. 

    « Ta chemise à carreaux est très jolie et elle te va à merveille… de toute façon tu es très sexy comme garçon… » et, ce disant, il approche un peu plus son visage de mon oreille, les lèvres me provoquant des frissons en effleurant le pavillon, pour me chuchoter, avec une voix très sexy « voilà pourquoi je me souviens de toi… ». 

    Son souffle dans l’oreille m’excite… ses mots me flattent… soudainement je me sens comme un livre ouvert… putain de petit con… mais je suis vraiment touché… un mec aussi canon qui se rappelle de moi et qui me trouve à son goût… bon, là c’est clair, il me drague ouvertement… comme quoi, les miracles gay peuvent se répéter…  

    Alors puisque la chance sourit, autant jouer cartes sur table… 

     « J’ai été content d’apprendre que vous seriez… » je m’engage. 

    « Que tu serais… » il me corrige. 

    « Que tu serais mon instructeur… » je m’aligne. 

    « C’est déjà mieux… » il plaisante. 

    Je ne sais pas où ce petit jeu va nous mener, mais je m’aligne, je relance les dés…  

    « Je suis sûr que tu as plein de choses à m’apprendre… » j’enchaîne. C’est plaisant de se faire draguer. C’est un jeu auquel on s’abandonne avec un plaisir entier.  

    « T’imagines même pas… » il me nargue. Son assurance est extrêmement sexy. Et énervante. Mais surtout sexy. Très énervante. Définitivement sexy. 

    « Vivement le 16 juillet, alors… » c’est ma façon de lui tendre une perche. 

    « Je peux commencer dès ce soir à t’apprendre des choses… ». 

    « Mais l’auto-école est fermée… » 

    « J’ai les clefs… ». 

    « Ah… oui ? ». 

    « Oui, les clefs de chez moi… ». 

    Je suis un peu surpris de sa proposition très directe. J’hésite sur la réponse à donner, et c’est là qu’il me balance, coquin : 

    « C’est jamais assez tôt pour s’instruire… ». 

    Je le regarde. Il rigole. Son petit jeu commençait à me dépasser un peu… je ne suis pas habitué à me faire draguer si explicitement et si vite… mais voilà que son beau sourire a le pouvoir de me faire fondre et de me mettre en confiance… ajoutant le geste à la parole, sa main entre en contact avec mon dos et remonte jusqu’à mon cou… 

    Il me regarde droit dans les yeux. C’est une attitude récurrente chez lui. Fixer droit dans les yeux. Je sais qu’il attend une réponse à sa proposition de finir la soirée avec lui. J’hésite. Je lance mon regard dans un tour panoramique de la salle en quête de mon beau brun… je balaie l’horizon bruyant et saturé de la salle mais pas de t-shirt Carvin Klein blanc en vue… l’horizon m’apparaît alors bien vide et désolant, comme un désert sans fin… 

    Je suis à la fois flatté et un brin troublé par cette drague si directe et si rapide… alors, j’essaie de gagner du temps et de me rassurer.

    « Tu fais souvent ce genre de proposition à tes élèves ? ».

    « Plus souvent aux nénettes… d’ailleurs c’est elles qui me font du rentre dedans… et moi je choisis si jouer le mec cool qui se dévoue souvent pour leur dépucelage… ou alors le mec très pro qui jamais ne couche avec une élève…

    « Ca dépend de la tête de la nana… ».

    « Exactement… mais aussi si elle est majeure… je ne veux pas de problèmes, moi ».

    « T’es bi ? ».

    « Oui, c’est ça… depuis toujours… ».

    « Et alors, pour les mecs ? » je me renseigne.

    « Pour les mecs c’est plus délicat… déjà c’est plus rare… ils osent moins… ils croient que je ne couche qu’avec les nanas… alors, c’est souvent moi qui doit faire le premier pas… comme avec toi…  euh… d’ailleurs c’est comment, déjà, ton prénom ? ».

    « Nicolas… Nico… ».

    « Alors, Nico, t’en dis quoi ? » il me relance, tous sourires.

    J’ai compris que monsieur « il peut conduire, alors il peut baiser » a envie d’une aventure, il envie de s’envoyer en l’air… je ne sais pas… ce Martin à l’air d’un sacré coquin… j’ai l'impression que si j’accepte de le suivre dans sa garçonnière, je vais être juste un trophée de plus dans son tableau de chasse déjà bien fourni… franchement, tout canon qu’il est le mec, ce qu’il me propose ce n’est pas franchement que je cherche…  

    Mon être profond veut finir la soirée avec mon Jérém, car avec Jérém, en ce qui me concerne, ce n’est pas qu’une histoire de baise… mais bon, je commence à comprendre que dans la vie à rien ne sert de prendre ses désirs pour des réalités… inutile d’attendre Jérém… inutile de me priver à cause de lui… inutile d’avoir des scrupules… Jérém ne s’encombre pas de scrupules… s’il le faut, à l’heure qu’il est il est même déjà parti de la boite, s’il le faut il en est reparti avec la blondasse et avec Thibault, lui non plus je ne l’ai pas vu depuis un bon moment… ils sont peut-être déjà repartis à quatre comme samedi dernier… 

    Alors, même si je sais que Martin veut juste tirer son coup avec moi, soit… pas envie de rester seul et de me morfondre en pensant à la connerie de mon beau brun… 

    Qu’est ce qui me retient donc de dire oui à a proposition de Martin ? Je me regarde autour, je réfléchis… qu’est-ce que vont penser mes camarades en me voyant partir avec cet inconnu ? Au fond… je n’en ai rien à foutre… d’autant plus que, au dire de Camille, apparemment tout le monde sait que je suis pd… et puis, je m’en tape doublement, le lycée c’est fini, ma nouvelle vie va se passer à Bordeaux, alors, je peux faire n’importe quoi sur la place toulousaine… 

    « C’est tentant… » je finis par répondre au charmant Martin. 

    « T’as qu’à dire à tes camarades que tu rentres avec un pote que t’as rencontré et on y va… » me suggère-t-il d’un ton ferme. 

    « Et tes potes ? ». 

    « T’inquiète pas pour eux, ils sont grands… et ils me connaissent… » me répond-il, malicieux. 

    « Tu vas m’amener chez toi pour me faire l’amour ? » je me laisse échapper maladroitement. 

    « Je ne fais pas l’amour… je baise… sauvagement… » m’assène-t-il avec un petit sourire lubrique aux lèvres. 

    « Dit comme ça, ça fait quand même un peu peur… » je me défend. 

    « Tu vas aimer, j’en suis sur… derrière tes aires de garçon sage, de Saint N’y Touche, tu dois être un sacré lascar au lit… mais tu vas être étonné… je vais te révéler à toi-même… » il surenchérit. 

    « Je n’en sais rien… je suis obligé de te croire sur parole… » je le cherche. 

    « Si je m’occupe de ton cul, tu aura eu du mal à t’asseoir pendant une semaine… »…  

    Quand même… dans le genre petit on arrogant et prétentieux, voilà un beau spécimen. Obscènement sexy. Si la prétention était une discipline olympique, il serait qualifié d’office pour les prochains jeux. Si la prétention était une discipline à prix Nobel, il serait assuré de le remporter. 

    Son assurance est tellement énorme que ça donne envie de tirer à boulet rouge pour lui faire baisser la crête… je me retiens de justesse de lui dire que ce genre d’expérience « du mal à t’asseoir pendant une semaine », m’est déjà arrivé plus d’une fois après les assauts de mon Jérém… mais ce n’est pas le moment… j’ai décidé de coucher avec lui, et son assurance de petit coq je la veux intacte… 

    « Attends moi un seconde… » je lui dis… 

    La scène qui suit ressemble à ce qu’on appelle un « effet papillon ». Dont voilà l’enchaînement exact. 

    Nico va voir Camille et Rémy pour les avertir qu’il rentre avec un pote croisé par hasard. 

    Pendant qu’il s’éloigne d’eux pour aller retrouver Martin, Nico aperçoit du coin de l’œil la blancheur aveuglante d’un t-shirt blanc Calvin Klein. 

    Après un léger, presque imperceptible ralentissement de son allure, dû autant à la surprise qu’à un petit pincement au cœur, Nico choisit d’avancer vers Martin, comme s’il n’avait rien vu. 

    Toujours du coin de l’œil, Nico se rend compte que le beau brun le regarde fixement et que son regard est noir, très noir, aussi noir que le jour à la piscine Nakache où il l’a vu discuter avec Stéphane. 

    Nico fait mine de ne pas voir ce regard noir de beau brun énervé et rejoint Martin. Ce dernier, ignorant tout du tiraillement que vit Nico à cet instant, pose son verre vide sur le comptoir et se dirige vers la sortie de la boite.  

    Nico lui emboîte le pas. Ce n’est pas la première fois de la soirée que Nico emboîte le pas à un garçon, mais c’est la première fois qu’il emboîte le pas d’un inconnu. 

    Pendant qu’il traverse la salle en direction de la sortie du KL, réalité ou imagination, ou les deux à la fois, il sent bien le regard de Jérém sur lui, comme le contact d’une main, lourd, insistant, contrarié. 

    La réaction de Jérém… elle a le don de faire connaître à Nico un complexe mélange de sentiments… d’abord la joie, la satisfaction, la saveur délicieuse d’une petite revanche, le parfum enivrant d’une petite fierté procurées par le fait de voir que quand Nico se fait draguer, la réaction de Jérém ne se fait pas attendre… c’est une joie, hélas, un peu gâchée par un petit regret… le regret qu’il ait fallu en arriver là pour obtenir que le beau brun s’intéresse à lui… le dernier sentiment ressemblerait une certaine inquiétude vis-à-vis d’une éventuelle réaction alcolo-épidermique du beau brun avant qu’ils n’aient quittés les lieux… 

    Nico et Martin ne sont plus qu’à quelques pas de la sortie, lorsque Nico sent une pression sur l’épaule. Il s’arrête net. Il sait que c’est sa main. Il a redouté que cela puisse arriver autant qu’il l’a souhaité. Nico se retourne. Jérémie le regarde fixement. Il a l’air très contrarié des mauvais jours. 

    « On rentre ! » il finit par lâcher sur un ton autoritaire. 

    « Non, je ne rentre pas avec toi… » je lui répond sèchement. 

    Il me toise, mauvais, je n’ose même pas le regarder. 

    « Qu’est ce qui te prend ? » s’étonne le beau brun. 

    « Rien… je rentre avec lui… » j’insiste en lui indiquant Martin qui, ne s’étant pas rendu compte tout  de suite de mon arrêt, se trouve désormais quelques pas plus loin et regarde la scène à distance. 

    « Arrête ça… viens, on rentre… » m’intime Jérém. 

    « Maintenant c’est trop tard, je lui ai dit oui… » je lui annonce, comme une fatalité. 

    « Alors casse-toi et n’essaie plus de me faire chier… tu me dégoûtes ! » me balance-t-il en pleine figure. Le ton est contenu, afin d’éviter le scandale, mais le mot est dur, percutant, j’en ai presque les larmes aux yeux. Il fait demi tour et il se barre. 

    « Jérém… » je tente de le retenir. En vain. 

    Envie de le rattraper. Envie de lui.  

    Envie de le laisser filer et de partir de mon coté sans tenir compte de son caca nerveux, histoire de lui montrer que je ne suis pas son toutou, que je peux avoir des aventures de mon coté, comme lui les siennes, que je peux lui imposer mes choix, comme lui les siens. Que je ne lui dois rien, comme lui il estime ne rien me devoir.  

    Envie de le rattraper. Envie de lui. Envie de coucher avec ce mec qui me retourne rien qu’avec un regard, envie de faire jouir ce corps que je connais par cœur et qui me fait jouir comme pas permis, envie d’avoir accès à cette queue qui me fait grimper aux rideaux, et même jusqu’aux combles, qui m'envoie en l’air jusqu’aux étoiles… 

    Envie de ne pas me dégonfler par rapport à Martin… et aussi… envie de Martin… envie de découvrir le corps et la sexualité de ce garçon inconnu, très impatient et excité de vérifier si les promesses de plaisirs sauvages annoncées avec tant d’assurance seront bien tenues dans les faits… savoir si je vais autant aimer me faire bousculer par un autre mâle dominant… découvrir ses kifs… me frotter à une nouvelle puissante virilité… 

    Deux mecs canons veulent me sauter et je ne sais pas quoi faire… c’est vrai qu’il existe situation plus inconfortable, des choix plus difficiles à faire… mais enfin… l’enjeu est tel, le futur de ma relation avec mon beau brun, que je ne sais pas quel choix est le bon… 

    Putain de situation de m… 

    Jérém… Martin… Martin… Jérém… 

    Eh.. merde… je ne peux pas le laisser partir ainsi… ni l’un… ni l’autre… 

     

    Bonjour à tous,

     

    Et désolé pour ce retard dans la publication du nouvel épisode. L'écriture est une amie exigeante et, trop pris par le quotidien, le temps manque pour m'y consacrer.

    L'histoire de Nico et Jérém est loin, très loin de connaître son épilogue. Il reste beaucoup d'épisodes à développer et ils gagneraient en intensité à être développés plus rapidement.

    C’est dans ce but que je vais bientôt lancer un projet un peu fou mais qui me tient vraiment à cœur. Un financement participatif avec le site Ulule.

    Pour lever un peu le pied de mon activité professionnelle, et dégager du temps pour accélérer l'écriture.

    Ulule est un site de financement participatif. Y jeter un œil permet de se rendre compte que cette plateforme aide a financer toute sorte de projets.

    Une fidèle lectrice vient de créer un blog sur Jérém&Nico, en cours de finalisation.

    Pour enrichir ce blog et pour la présentation Ulule et pour la communication pendant la collecte, je fais appel à vous tous, car il me faudrait de l’aide, à savoir :

    -          des belles photos, des petites vidéos de Toulouse, notamment sur les lieux cités dans l’histoire (rue de la Colombette, la Garonne, Pont Neuf, Capitole, boulevard Riquet) ;

    -          des dessins, des croquis pour illustrer les personnages principaux (Nico, Jérém, Thibault), pour réaliser des visuels originaux pour le blog et pour la présentation d’Ulule, pour les futures couvertures des livres, pour réaliser des affiches, des présentations ;

    -          des graphismes, des logos pour le titre de l’histoire ;

    -          une page Facebook : oui, il en existe déjà une, mais je pense qu’elle devrait évoluer en groupe Facebook, et ça je ne sais pas faire ;

    -          pour faire vivre le blog, j’ai besoin de votre curiosité : qu’est ce que vous volez savoir sur Nico et sur Jérém et éventuellement sur leur auteur ? N’hésitez pas à poser vos questions, j’y répondrai sur le blog, avec votre pseudo, lors de la publication de news pour alimenter la communication du blog pendant la collecte d’Ulule.

    Voilà pourquoi je m’adresse à vous aujourd’hui : j’ai besoin d’un coup de main pour permettre à Nico de vivre jusqu’au bout ce qu’il a à vivre avec son Jérém. Et à Fabien ce qu’il a à vivre avec son histoire.

    Tous peuvent participer et toutes les idées seront regardées avec intérêt ; celles qui seront choisies seront récompensée par les contreparties de la collecte envoyées bien évidemment à titre gratuit.

    Merci de votre attention, et merci surtout de votre présence à mes cotés par l’intermédiaire de vos commentaires, de vos mails… des mots que, au moins une fois depuis le début de cette aventure, m'ont fait sentir que mon histoire est apprécié. Et cela n'a pas de prix.

    Je profite de l’occasion pour m’excuser avec tous les lecteurs qui m’écrivent en privé et auxquels je tarde à répondre… tous vos mails et suggestions sont intéressantes et me touchent… tous vos mots me font du bien et je voudrais vraiment trouver le temps de répondre à chacun d’entre vous… hélas… le temps manque, du moins pour l’instant !

    En attendant vos impression au sujet de mon projet et vos propositions d’aide éventuelles, sachez que le prochain épisode va sortir le week-end prochain. Et avec le prochain épisode, je communiquerai l’adresse du blog. Bonne lecture à tous.

    Fabien


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  • Sans que d’autres mots ne soient prononcés, un instant plus tard un beau brun à la peau mate est à genoux devant un autre beau brun à la peau mate… 

    Le beau brun debout a l’air de prendre sacrément son pied dans la bouche de l’autre… les épaules contre le mur, le bassin avancé, expression d’une virilité puissante et affirmée, la queue glissant entre des lèvres vierges, caressée par une langue étrangère à ce genre de plaisir mais qui s’habitue très vite à ce bonheur fraîchement découvert et qui trouve très vite ses repères… 

    Non, on ne peut jamais savoir ce que l’on aime ou pas tant qu’on n’y a pas goûté… car, une fois qu’on a goûté, on peut se surprendre à aimer quelque chose dont on s’est toujours dit « ça, ce n’est vraiment pas pour moi ». 

    Quant au beau brun débout, fier que sa puissance sexuelle soit célébrée par un aussi beau male précédemment réfractaire à ce genre de soumission, il ne quitte pas des yeux son manche disparaissant et réapparaissant au grés des mouvements alternés d’une fellation intense… 

    Si c’est pas beau voir deux bogoss en train de s’offrir un plaisir intense… même si l’un des deux est le mec que j’aime… et si c’est pas bandant de voir un mec si viril se mettre à genoux et prendre goût au simple geste de donner du plaisir à une virilité qui se révèle plus puissante que la sienne… un mâle dompté par la virilité d’un autre mâle… 

     

    L’apart de Jérém est un véritable apart de mec. En un mot : le bazar. Mais peu importe, il a le charme de la tanière du fauve mâle. A chaque fois que j’y pénètre… c’est pour être pénétré… je vous entends vous moquer d’ici… désolé, mais celle là je n’ai pas pu m’empêcher de la faire, tellement c’est une évidence, une charmante évidence…

    Blagues à part, à chaque fois que je rentre dans cet apart, je me sens comme écrasé par « l’ambiance » de ce sanctuaire de mec, de cet endroit qui a été, depuis des années, le théâtre de la vie, intense et très sexuelle, de mon beau brun… je me sens impressionné par ce lit qui a vu mon Jérém jouir tant et tant de fois… qui a assisté à tant de répétition de ce spectacle magnifique et dont on ne se lasse pas… le plaisir et la jouissance de mon beau brun…

    Que ce plaisir soit pris en charmante compagnie… ou qu’il soit pris en solitaire, sous l’effet de sa seule main… le spectacle a du être à chaque fois remarquable… je donnerais cher pour me transformer en un de ses draps… je donnerais cher pour prendre tout ce qui ont pu prendre ces draps…

    Oui, je suis impressionné par cet apart sans lequel rien de ce qui s’est passé entre nous depuis des mois n’aurait été possible… s’il avait créché chez ses parents, jamais je n’aurais osé lui proposer de réviser ensemble… et du coup, toutes nos baises n’auraient certainement pas eu lieu… ni celles consommées ici même, ni très probablement celles dans les autres endroits… chiottes du lycée, piscine, vestiaire du rugby… non, sans le déclencheur des révisions, tout le reste ne serait pas arrivé…

    D’ailleurs, à propos de ça, je me suis toujours demandé comment se passaient dans sa tête les véritables moments de révision (car il y en a bien eu quand même). A quoi pensait Jérém à ces moments là ? Est-ce qu'il ne pensait qu'a la partie de baise qui allait suivre ou qui venait juste de se passer, ou bien, est-ce qu'il appréciait un tant soit peu ma compagnie, même s’il ne le montrait pas ?

    Je rentre en dernier dans l’apart et je referme la porte derrière moi. 

    Toujours sans un mot, Jérém avance droit vers le frigo, il l’ouvre, il en sort trois bières. Le regard fuyant, il en tend une au beau Romain, ce dernier l’accepte en la troquant contre un sourire incendiaire, un smiley sexy en diable et éminemment canaille que Jérém fait mine de ne pas voir…  

    La troisième bière est pour moi… Jérém me la tend de la même façon… sans me regarder… 

    D’un geste anormalement précipité, il dévisse la capsule de sa bière et la balance négligemment sur le meuble a coté du micro-ondes… il porte le goulot entre ses lèvres et, la tête basculée vers l’arrière, il en boit une bonne rasade… je vois sa pomme d’Adam bouger nerveusement sous l’effet d’une déglutition rapide… en quelque secondes, un tiers du contenu de la petite bouteille est partie dans cette première mise en bouche…  

    Dis-donc… il a l’air d’avoir soif, le bogoss… et il a l’air aussi un tantinet à fleur de peau, comme inquiet… son visage est tendu, ses yeux sont toujours aussi fuyants… est-ce qu’il serait en train de faire appel à l’alcool pour se détendre et oser ce plan à propos duquel, me semble-t-il, il est en train de douter ? 

    Romain, au contraire, a l’air très bien dans ses baskets. Pendant que Jérém fait preuve d’une très bonne descente, lui il a tout juste porté sa bière entre les lèvres… son regard se pose lourdement sur mon beau brun, le fixe sans discontinuer, un petit sourire conquérant et coquin au coin de l’oeil…  

    Il boit par petites gorgées, le regard fixement ancré sur sa proie… une proie bien sauvage, pas du tout du gibier d’élevage… une proie du genre difficile à tirer… une proie qu’on n’attrape pas tous les jours, ou même qu’une seule fois dans sa vie… et pour cela, tellement appétissante… une proie que cette nuit là est dans son collimateur, et qu’il travaille au corps… 

    J’ai l’impression de voir un « lion » qui traque une « gazelle »… le « lion » a flairé sa proie… il s’est  positionné en s’arrangeant pour ne pas lui laisser la possibilité de se tirer, quoi qu’elle fasse… il attend patiemment qu’elle bouge… et lorsqu’elle aura fait le premier mouvement, le « lion » lui bondira dessus sans attendre… 

    La « gazelle », quant à elle, a senti le danger, elle se sent piégée… elle sait que le moindre mouvement va déclencher l’attaque… elle sait que ce n’est qu’une question de temps… elle panique, ne sachant pas comment se tirer du pétrin ou elle s’est mise tout seule… elle sait que son prédateur se nourrit de sa peur et que la montre ne joue pas en sa faveur… 

    Voilà l’image qui me vient à l’esprit si je m’arrête aux apparences… Romain « le lion », Jérém « la gazelle »… cependant… je suis bien placé pour savoir que mon beau brun est plutôt « lion », lui aussi, que « gazelle »… alors, malgré son petit malaise devant ce mec plus âgé  affichant cette insupportable assurance, je mise toujours sur lui pour me réserver de belles surprises…  

    Le temps de reprendre sa respiration, Jérém avance vers la porte vitrée et disparaît en terrasse.  

    La « gazelle » a bougé. Le « lion », magnifique et puissant félin mâle, lui emboîte le pas… 

    La chasse est ouverte… 

    Entre « lion » et « gazelle », j’ai du mal à trouver ma place… je me dis qu’il faut que je reste dans les parages, au plus près possible de l’action, ne serait-ce que pour compter les points… je vais devoir, une fois encore, revêtir mes habits de grand reporter animalier… rester à l’affût, mais très discret, pour voler des moments d’éternité… 

    C’est bizarre, le mélange de sensations et de sentiments que je ressens en moi à ce moment précis… d’une part, je suis affreusement jaloux de mon beau brun… je sais qu’il va se passer un truc très sexuel avec Romain, et bien sur ça me met hors de moi…  

    Mais la configuration de la situation a quelque chose d’original et de terriblement excitant… j’ai l’impression que Romain se pose clairement en mode mâle alpha et que le coté dominant de Jérém, celui que j’ai ressenti sur moi depuis le début et que je croyais inébranlable, est en train de perdre ses repères, de s’effacer petit à petit dans la confrontation avec ce mec si viril et si sur de lui…  

    Oui, j’ai comme l’impression que finalement mon beau brun est intimidé par l’assurance et le charisme indéniable de ce beau barbu… l’impression que Jérém est en train de réaliser qu’il s’est fait avoir par la provoc de Romain à la sortie du On Off…l’impression que, tout compte fait, il ne sait plus trop comment gérer cela… 

    Je suis impatient de découvrir comment le rôles vont se distribuer… comment leurs virilités vont se rencontrer, s’affronter, se confronter, se mesurer, se mélanger, s’affirmer ou se dérober… 

    Je ne sais toujours pas si j’ai plus envie de voir mon fauve Jérém dominer ce grand félin mâle et affirmer la toute puissance de sa virilité ou si j’aimerais bien voir mon beau brun renoncer à son statut de dominant et le voir soumis… je crois que les deux options me rendent dingue…  

    Je crois que si mon Jérém arrive à se ressaisir, à reprendre le dessus, chose qui ne semble pas gagnée à cet instant précis, s’il arrive à se comporter en male alpha avec ce beau male, de toute évidence « alpha » lui aussi… je crois que dans ce cas… eh bien… dans ce cas j’aurais encore plus envie de lui, envie de rendre hommage à sa virilité toute puissante, envie de m’offrir à lui comme à un dieu vivant…  

    D’autre part, je trouve l’idée de le voir soumis et dominé… on ne peut plus bandante… je crois que j’ai vraiment envie de voir si cette facette de sa sexualité existe, si mon beau brun, si dominant avec un mec si soumis que moi, peut se transformer en dominé face à un mâle affirmé…  

    J’ai envie de voir sa sexytude hors normes au service du plaisir d’un mec encore plus mec que lui… envie de savoir s’il peut aimer cela… cette simple idée me donne des frissons… car je crois que cela lui donnerait un coté un peu plus « humain », un peu plus « assumé », sans rien enlever à l’image de virilité qui tant m’attire à lui… je ne serai jamais son dominant… mais l’idée de me laisser soumettre plus tard par un Jérém que j’ai vu se soumettre à un autre me parait juste démentielle… 

    Oui, l’idée qu’il puisse avoir cette envie, me rend dingue… et ce, même si je sens cette découverte dangereuse à terme, car, une fois actée dans son esprit, il pourrait ressentir à l’avenir le besoin de l’assouvir avec un mâle comme Romain, capable de lui donner ce nouveau plaisir que je me sens complètement incapable de lui apporter… 

    Entre le beau brun et le brun très beau, ce soir c’est quitte ou double… la pire des issues étant que Jérém se dégonfle et qu’il foute à la porte le bel inconnu… là, je serais vraiment frustré et déçu… mais je sais que sa fierté de mâle est incapable de reculer… là il s’est trop avancé, il ne peut plus reculer… et il n’a pas le droit de se rater… j’ai l’impression de sentir ce poids appuyer sur ses épaules… 

    Pendant que je me perds dans l’univers infini et obsessionnel de mes fantasmes, Jérém s’est installé dans un angle de la petite terrasse, le bas du dos appuyé au parapet, en train de siroter sa bière… Romain, on ne peut plus à l’aise, s’est placé juste à coté de lui… 

    Dans mon champ de vision, t-shirt blanc moulant et t-shirt noir cintré… j’ai l’impression que toute la beauté du monde est sous mes yeux cette nuit…  

    Certes, je suis irrésistiblement attiré par tant de jeunesse et de charme mais en même temps, j’ai l’intuition qu’il me faut rester un peu à l’écart pour ne pas trop faire sentir ma présence à Jérém, pour ne pas influer sur le déroulement de cette partie de chasse… je m’installe juste à coté de l’encadrement de la porte vitrée, côté intérieur… ceci dit, mes précautions n’ont pas vraiment l’air nécessaire… j’ai l’impression que je suis transparent… Jérém ne m’a pas accordé un regard depuis le On Off et Romain se comporte comme s’il était seul avec Jérém, comme si je n’existait pas… il doit me considérer comme accessoire… un simple spectateur de la baise qui va avoir lieu entre lui et mon beau brun… 

    Franchement, à distance de tant d’années, je me demande comment ce soir là j’ai eu la force d’esprit d’endurer cela… comment ai-je pu supporter de voir le mec que j’aimais, et que j’aime toujours, se faire draguer sous mes yeux et prendre son pied avec quelqu’un d’autre…  

    Certes, j’avais bu, mais ça ne suffit pas à expliquer cela…  

    Mais avais-je vraiment le choix ? 

    Je regarde les deux beaux bruns cote à cote, en train de siroter leurs bières… autant l’un transpire un calme olympien… autant l’autre a l’air à coté de ses pompes… Romain avale toujours par petites gorgées, l’air calme et déterminé, une sensualité brûlante dans le regard… alors que Jérém est presque arrivé au bout de sa boisson…  

    Mon beau brun a l’air de plus en plus nerveux, l’air d’être conscient qu’à la fin de sa boisson, il va falloir y aller…  

    Oui, y aller, mais comment ? J’ai l’impression que cette question martèle dans sa tête jusqu’à résonner dans son regard et dans son attitude… j’ai la sensation de plus en plus nette que son assurance et sa détermination vacillent… et, en plus de cela, j’ai l’impression que Romain a lui aussi bien capté cet état des choses et qu’il en triomphe intérieurement… au fur et à mesure que mon Jérém semble perdre pied, son assurance semble s’affirmer davantage…  

    La bière de Jérém arrive au bout… dernière gorgée… son bouclier liquide s’est envolé… mon beau brun est à découvert… il va falloir y aller, mon gars… il n’y a plus d’échappatoire, plus de répit…  

    Oui, mais non… je suis con… évidemment qu’il y en a une, évidemment qu’il y en a un… lorsqu’on est fumeur, on a toujours à porté de main un plan B pour retarder l’affrontement d’une situation délicate… 

    Jérém pose la petite bouteille vide par terre et sort son paquet de clopes, il en tire une, il la glisse entre ses lèvres et tente de l’allumer… il fait craquer son briquet de nombreuses fois, sans succès… il y a du vent, certes, mais c’est surtout le mouvement de sa main qui est mal contrôlé… le connaissant un peu, je le sens pester intérieurement… et plus il s’énerve, plus le contrôle de la situation lui échappe… 

    Romain regarde la scène avec bonheur, son sourire semble avoir augmenté d’intensité… oui le beau barbu regarde désormais mon Jérém avec l’œil du fauve qui a senti que sa proie est proche de tomber dans ses griffes, victime de sa panique avant tout… 

    Une longue taffe de fumée, aussitôt balayée par le vent, finit par s’échapper par le petit cylindre en papier au bout lumineux… mon Jérém, sauvé par le gong… 

    Les rafales de vent font remonter de la rue les voix alcoolisées des derniers « fais-tard » du samedi soir… un mec crie quelque chose à un pote… c’est pas beau d’avoir 10 grammes l’alcool dans le sang… ça génère des émissions sonores qui se rapprochent davantage de cris du monde animal que de l’expression humaine.  

    A coté de cela, un petit chant d’oiseau au loin s’insinue dans le vent et semble parler du printemps qui est déjà parti et de l’été naissant avec toutes ses promesses de vacances, de liberté, de plaisir… 

    Mais sur la terrasse au premier étage du petit immeuble rue de la Colombette, le silence se prolonge. Et il commence à se faire carrément gênant, traduisant une tension palpable. 

    C’est le beau Romain qui se charge de le briser. 

    « Au fait, on ne s’est pas présentés … moi c’est Romain… » lâche-t-il en se retournant vers Jérém et en posant franchement son regard sur lui, alors que ce dernier semble toujours complètement ailleurs. 

    Bah, ça on sait : on a entendu tes groupies t’appeler par ton beau prénom, tout à l’heure, avant de rentrer au On Off… 

    Mon beau brun tire longuement sur la clope et, lorsqu’il entame la phase d’expiration, il répond tout simplement : 

    « Jérém ». 

    Son regard est toujours fuyant. 

    « Et moi c’est Nico… » je m’avance. 

    Bon, ok.. pour le coté discret on repassera… mais putain… je ne suis pas un meuble… je suis vivant… et je suis là quand même ! 

    Au son de ma voix, ce n’est pas un regard de beau brun que je capte, mais deux. Jérém lève les yeux, me regarde fixement pendant un instant, comme si je venais de débiter une énormité, ensuite son regard repart dans le vide de la rue redevenue silencieuse ; Romain, quant à lui, me lance un regard empreint de mépris, du style « ah, mais t’es encore là, toi ? Tu ferais mieux de te tirer, t’as rien à faire ici… ». 

    Connard… indiciblement sexy mais connard quand même… tu crois pas que je vais me tirer comme ça… ici c’est un peu chez moi quand même… 

    Lorsque le regard de Romain me quitte, c’est sur Jérém qu’il atterrit, lourd, sensuel, concupiscent, puant le sexe comme pas permis… un regard tellement accrocheur, magnétique, dérangeant, capable d’harponner le regard résolument évasif de mon beau brun… 

    Oui, Jérém regarde toujours ailleurs… mais lorsque ce regard se pose sur lui, lorsque leurs avant-bras s’effleurent pour la deuxième fois de la nuit, mon Jérém s’intéresse enfin à Romain et il capte dans son regard un désir puissant et déterminé… 

    Je suis bien placé pour savoir que s’il y a une chose par-dessus tout capable d’indisposer mon Jérém, c’est le fait de sentir « bousculé », ne serait-ce que par un regard insistant ou par un contact d’avant bras un tantinet provoqué… alors, je ne suis guère étonné par le premier regard qu’il lance au beau barbu, à savoir un regard dur, froid, distant, glacial, presque agressif… c’est sa stratégie de défense, une défense de beau brun ténébreux… un beau brun ténébreux… en panique… 

    Mais lorsque son regard rencontre le désir clairement exprimé du mâle Romain, il change rapidement… on dirait que mon fauve est en train de se faire mater par un fauve plus sauvage que lui… un félin puissant, élégant et sensuel… un mec aussi canon qui s’intéresse à lui, et qui plus est avec cette aisance, cette insupportable confiance dans son charme tout puissant… aurait-t-il finalement envie pour une fois de se laisser aller, de voir comment c’est de se laisser faire… ? 

    Captant l’ascendant qu’il est en train de prendre sur mon beau brun, Romain monte son attaque en puissance… il opte pour l’utilisation de l’arme non conventionnelle… un véritable sourire de bogoss charmeur. 

    Je n’arrive pas vraiment à lire dans le regard et dans l’attitude de Jérém ce qui est réellement en train de se passer dans sa petite tête de nœuds… ce que je vois en revanche, c’est l’extrême sensualité de cet échange de regards entre beaux bruns... le regard de Romain est de plus en plus puissant, sensuel, insolent, brûlant, incandescent…  

    Il semble jouer avec les nerfs de mon beau brun, s’amuser à le mettre encore plus mal à l’aise… chez lui qui plus est… à un moment ses lèvres charnues s’entrouvrent, comme s’il voulait balancer un truc… et puis non, rien ne vient, juste le petit bout de sa langue qui s’y faufile rapidement et qui disparaît aussitôt… un chef d’œuvre de séduction maîtrisée de façon millimétrée…  

    Je surprends mon Jérém en train de mordiller le coin de sa lèvre inférieure, signe d’un malaise intérieur certain …  

    Ah, qu’est-ce que je le trouve touchant dans cette situation où il semble perdre ses repères devant la virilité et l’assurance débordantes de cet autre beau male… à ce moment précis, j’ai l’impression que mon Jérém est vraiment troublé par la présence, la prestance et la personnalité du beau Romain… 

    Je réalise à cet instant à quel point c’est beau que de voir un petit con d’habitude si arrogant et sur de lui, en train de perdre pied, de voir partir le vernis de son assurance et entrevoir enfin le petit garçon, la faiblesse, la solitude intérieure cachées derrière la façade de mâle affirmé…
    J’ai à la fois une folle envie de lui, de lui offrir le plus puissant des orgasmes… et de le serrer très fort dans mes bras…
     

    Le beau Romain n’y va pas de main morte… il semble bien décidé à désarmer complètement mon beau brun de toute sa fierté et de sa prétention viriles avant de le faire capituler… c’est sans doute dans ce but qu’il finit par lui balancer un clin d’œil on ne peut plus explicite…  

    Il faut reconnaître que le beau barbu sait y faire… et qu’il a des atouts réels dans son escarcelle… bien sur, tout cet arsenal de séduction, tout ce magnétisme de bogoss est destiné à mon Jérém… mais rien que le fait d’y assister, je suis dingue de ce mec… j’ai envie de le frapper et… de le sucer illico… 

    Une fois de plus, je ne sais pas ce qui me retient de devenir fou devant cette scène ou mon beau brun se fait littéralement lever sous mes yeux… peut être l’extrême beauté du tableau, le fait de pouvoir y assister, sur demande de Jérém qui plus est, et l’espoir de pouvoir y prendre partie, l’idée de voir mon beau brun prendre son pied avec un autre, l’idée de le partager avec un autre et/ou l’idée d’être moi-même partagé avec un autre… 

    La sensualité du moment est extrême… je sens le vent sur mon visage, sur mes bras, sur mon cou, s’insinuer au travers du tissu de ma chemise, caresser mon torse, affoler mes tétons… je sens le désir monter en moi… je me sens bander… j’ai envie de sexe, j’ai envie de les voir tous les deux à poil, j’ai envie de mon Jérém, j’ai envie de ce beau Romain aussi… j’ai envie de donner du plaisir, j’ai envie de prendre du plaisir… j’ai envie de m’étourdir de sexe… j’ai envie de voir comme tout cela va se dénouer… 

    Mais tout cela semblé figé par l’attitude complètement renfermée de Jérém… qu’est-ce qui t’arrive mon beau brun ? Toi d’habitude si à l’aise avec ta sexualité, toi qui ne penses qu’à baiser à longueur de journée ? 

    Alors, c’est encore Romain qui ose… qui ose lever le bras et poser la main sur le biceps de mon beau brun à hauteur de son tatouage… et qui ose balancer: 

    « Il est beau ton tatouage… très sexy… » tout terminant par un « eh ben… ». 

    Oui, mec, « eh, ben », comme tu le dis… c’est du muscle de rugbyman… c’est super ferme, oui… alors que la peau est si douce… 

    Jérém frissonne… je ne sais pas si c’est à cause de la surprise ou bien de l’excitation provoquée par ce premier contact inattendu… tout en est-il que, lorsque mon regard tombe (presque) accidentellement sur la bosse de son jeans, j’ai l’impression qu’il bande déjà… 

    Cependant je le trouve toujours aussi mal à l’aise… putain, Jérém, t’as voulu ce plan, maintenant il faut assumer… lâche-toi, merde ! 

    Heureusement que Romain est là pour prendre la situation en main… 

    « Il y avait des tas de mecs potables au On Off, mais tu es le seul qui me faisait envie… » je l’entends chuchoter à mon beau brun. 

    Tu m’étonnes… un beau brun pareil, ça n’a pas son pareil… 

    Le salopard…  

    Remarque… je comprends la démarche… elle a au moins ça a le mérite d’être cash… je comprends la stratégie aussi… la flatterie… rien de tel pour débloquer une situation tendue… oui, la flatterie, caresser l’ego avant de caresser autre chose… 

    Jérém sourit, mais son sourire est crispé… son attitude a toujours quelque chose de troublé et de troublant à mes yeux… Jérém ne semble pas bien savoir quoi entreprendre et comment, l’air de se demander comment il va pouvoir se sortir de cette situation la tête haute…  

    Jérém est en difficulté… et j’ai le sentiment que le fait que j’en sois témoin n’arrange rien à son agacement. 

    Jérém finit sa cigarette alors que Romain finit tout juste sa bière. Sans un mot, il rentre… je m’écarte légèrement pour le laisser circuler, mais il passe tellement près de moi que je sens non seulement l’odeur de son deo m’étourdir, mais aussi bien la chaleur de son corps irradier contre le mien… il passe tellement près de moi qu’on manque de se frôler… 

    Une fois à l’intérieur, je le vois se diriger vers le frigo, l’ouvrir à nouveau, attraper de nouvelles bières… entre temps, Romain est également rentré en passant devant moi sans même me calculer… deuxième proximité de beau brun, deuxième coup de parfum à me faire tomber presque dans les pommes… 

    Je vois Jérém lui tendre une autre bière…  

    La réaction de Romain est un simple sourire à la fois amusé, limite moqueur et puissamment charmeur… et, au lieu d’accepter la bière qui lui est offerte, après un instant de ce silence qu’il sait si bien charger de signification rien que par son attitude et par l’expression de son visage, le beau barbu finit par balancer à mon Jérém : 

    « Eh, mec… on n’est pas venu ici que pour boire des bières… ». 

    Ahhhhh putain… on se doutait bien qu’il y aussi d’autres liquides en jeu….. 

    Non content de sa sortie, accompagnant le geste à la parole, Romain coupe court en ôtant tout simplement son t-shirt noir… il s’y prend de cette façon moins usuelle, comme le font certains mecs, en l’attrapant par l’arrière du cou et en tirant vers le haut… une façon de se déshabiller qu’on voit faire moins souvent et que je trouve particulièrement sensuelle… 

    N’empêche que le résultat est le même… le t-shirt n’est qu’on contenant… alors, lorsque un Romain ôte son t-shirt, la façon de le faire, bien qu’originale, est bien moins marquante que le résultat final, qui est de dévoiler une putain de tablette de chocolat à huit carreaux parfaitement dessinés ainsi que des pectoraux rebondis et fermes, le tout donnant lieu à un torse harmonieux et puissant avec quelque poils bruns qui ne font qu’ajouter encore à une sensualité palpable…  

    Ainsi, le t-shirt noir vole en premier, déclarant clairement l’« ouverture des hostilités » ou plutôt affirmant une « déclaration de virilité » qui appelle une riposte tout aussi haute en sensualité…

    Torse nu, avec son joli jeans tenu par une épaisse ceinture de mec… si c’est pas une tenue de fou, ça… le mec tout juste habillé de sa nudité, avec en prime cet air hyper à l’aise… la taille basse du jeans laissant entrevoir la naissance de ce relief à l’angle outrageusement saillant, le départ de ces deux lignes anatomiques inclinées qui séparent l’oblique de l’abdomen du bassin et qui convergent tout droit vers le sexe, conduisant l’œil et l’esprit à s’interroger au sujet d’une virilité encore tout juste suggérée mais déjà capable d’enflammer le désir le plus brûlant…

    Je mettrai une note particulière pour ce petit chemin de poils qui part de son nombril et qui descend tout droit, telle une borne sur un chemin de pèlerinage servant à rappeler au voyageur égaré l’emplacement exact de son lieu de culte…

    Ah, bah… si ça ce n’est qu’un geste d’apaisement suite au petit accident à l’entrée du On Off… c’est un sacré geste… je me disais bien que j’avais raison de comprendre que passer « boire » un dernier coup ça voulait plutôt dire passer « tirer » un dernier coup… car pour boire, il n’y a pas besoin à priori de faire voler son t-shirt… 

    La sortie de Romain : « Eh, mec… on n’est pas venu ici que pour boire des bières… » résonne encore dans mes oreilles en parallèle de mes réflexions et de mon admiration pour ce torse dénudé… et là, après un instant d’hésitation et de surprise provoqué par la coté direct et inattendu de l’entrée en scène du beau Romain, j’entends mon Jérém réagir: 

    « Non, je ne pense pas… ». 

    Et, ce disant, mon beau brun referme illico la porte du frigo restée ouverte pendant quelques instants d’égarement. 

    Les mains libérées des bières qui ne seront pas bues tout de suite, mon beau brun décide de riposter à l’attaque sensuelle de son hôte en répondant avec les mêmes armes… une seconde plus tard, c’est au tour du t-shirt blanc de voler… 

    Jérém, son truc, c’est la technique la plus classique, la plus « mec » qui soit… à savoir, croiser les avant bras contre les abdos, attraper le bas du t-shirt de chaque coté, le soulever d’un geste rapide et presque inconscient… le coton glisse au long du torse et une demi seconde plus tard il se retrouve retourné, tenu entre les doigts du mec qu’il habillait jusque là, prêt à être négligemment balancé pour libérer les mains et les laisser se consacrer à des activités bien plus intéressantes… 

    Et voilà, le t-shirt blanc a volé à son tour… et son retrait, tel un rideau qui s’ouvrirait pour montrer le plus beau spectacle du monde, permet de déballer une nouvelle tablette de chocolat à huit carreaux si bien dessinée que Michel-Ange et Léonard se seraient disputé pour croquer (à méditer le sens de cette dernière phrase)… une tablette qui m’est bien familière, un chocolat que je sais ferme, gourmand, doux, chaud et parfumé… 

    Et lui c’est pareil… pile poil… alors, au risque de me répéter… 

    Torse nu, avec son joli jeans tenu par une jolie ceinture épaisse de mec… si c’est pas une tenue de fou, ça… le mec tout juste habillé de sa nudité, avec en prime cet air hyper à l’aise… la taille basse du jeans laissant entrevoir la naissance de ce relief à l’angle outrageusement saillant, le départ de ces deux lignes anatomiques inclinées qui séparent l’oblique de l’abdomen du bassin et qui convergent tout droit vers le sexe, conduisant l’œil et l’esprit à s’interroger au sujet d’une virilité encore tout juste suggérée mais déjà capable d’enflammer le désir le plus brûlant…

    Je mettrai une note particulière pour ce petit chemin de poils qui part de son nombril et qui descend tout droit, telle une borne sur un chemin de pèlerinage servant à rappeler au voyageur égaré l’emplacement exact de son lieu de culte…

    Ce qui est particulièrement bandant, chez l’un comme chez l’autre, c’est la façon de dévoiler, d’exhiber fièrement son corps, très à l’aise avec sa nudité… sur de l’effet de son physique de ouf…

    Jérém vs Romain… choc de Titans… ça ferait un joli titre de jeu vidéo érotique… Jérém vs Romain, deux physiques tellement semblables… à quelques détails près…

    Jérém, cette perfection plastique à la peau mate que je connais mais qui me fait à chaque fois le même effet de dingue… avec ce torse sculpté, fraîchement rasé, avec cette simple chaînette pendant de son cou et glissant le long de ses omoplates… avec sa nouvelle montre… oui, je paierais cher pour savoir comment il l’a eue, mais en attendant elle habille à merveille son poignet puissant, ajoutant un atout de plus sur le compte de sa sexytude légendaire…

    Quant à Romain, cette nouvelle perfection plastique à la peau mate que je découvre avec bonheur… dégageant de lui une certaine maturité capable de lui donner un charme fou, un véritable pouvoir de sorcier sexy qui encore manque au physique de petit con ultra sexy et insolent de mon beau brun…

    Je m’étais fait la réflexion, tout à l’heure, que le contraste entre t-shirt blanc et t-shirt noir n’allait pas tarder à s’estomper… c’est vrai que deux torses nus de beau brun à la peau mate… il y a de quoi en perdre la raison, le discernement… et j’ai soudainement envie de les voir approcher, de voir leurs peaux se toucher… envie de les voir se sauter dessus, envie de les voir déchaînés, dans une étreinte puissante, envie de les voir se donner un plaisir intense… ces deux corps de dingue se frottant entre eux et faisant autant d'étincelles que l'embrasement de la Citadelle de Carcassonne un 14 juillet... 

    Deux mecs torse nu, excités, deux canons de leurs mères… on est bien d’accord que là, on s’élève à des sommets de beauté masculine où les mots n’ont plus cours, où le verbe se retrouve complètement insuffisant et impuissant à exprimer cela… oui, cette scène est définitivement impossible a décrire dignement, c’est juste du pur plaisir a ressentir…  

    Dans un autre registre, ceux qui ont assisté à un concert de Madonna, savent ce que je veux dire… 

    La tension sexuelle est palpable… les deux mecs se toisent, se défient… c’est un duel à la testostérone… chacun sa stratégie d’attaque… le regard de Jérém est noir, alors que celui de Romain est illuminé par un sourire impertinent, arrogant…

    Jérém s’est planté à coté de la porte d’entrée… les reins calés contre la cloison, le t-shirt a la main pendouillant à hauteur de sa ceinture, le genou plié, un pied appuyé contre le mur… le buste légèrement penché en avant, montrant toute sa carrure et l’envergure de son physique de jeune mâle, la chaînette suspendue dans le vide, ondulant au rythme de sa respiration… la tête fièrement remontée, le sourcil un tantinet froncé, un regard de charmeur sensuel, un regard magnétique, charnel… son attitude semble indiquer qu’il attend un geste de la part du beau Romain… 

    Je ne sais pas bien quoi, mais quelque chose me dit que mon Jérém est en train de se ressaisir… et que le Jérém que je connais ne va pas tarder à refaire surface… 

    A force d’attendre, c’est Romain qui dégaine le premier… les épaules appuyées contre le mur faisant face à mon beau brun, s’armant d’un geste calme et méthodique, il ouvre sa ceinture, déboutonne sa braguette et dévoile un joli slip rouge et blanc Aussiebum du meilleur effet… un slip déformé par une très jolie bosse, elle aussi du meilleur effet… 

    Et son regard… mon dieu ce regard… posé fixement, lourdement sur mon Jérém, dégageant une sensualité pas possible… ça donne faim un mec comme ça, et avec une attitude pareille, ça donne carrément envie d’orgie… si on survit à la crise cardiaque, bien sur… 

    Je ne sais pas comment Jérém peut résister à ce petit geste combiné de la tête et du cou que le beau Romain lui balance à un moment, signe évident de ce qu’il attend de lui…  

    Voilà… on arrive enfin aux choses sérieuses… les forces en présence commencent à découvrir leurs positions… non, Romain n’est pas venu ici pour sucer mon beau brun… il est venu ici pour se faire sucer par mon beau brun… 

    Comment Jérém va-t-il le prendre ? Lui non plus ne semble pas vraiment décidé à se mettre à genoux devant le beau barbu… je sais que quoi qu’il va se passer, ça va être chaud comme de la lave en fusion… je sens mon cœur accélérer ses battements… 

    Et lorsque Jérém décolle les épaules du mur, lorsque son bassin semble remuer pour préparer ses jambes à avancer en direction du beau barbu, j’ai l’impression qu’il va bondir de ma poitrine… Jérém… tu ne vas par vraiment faire ça ? C’est toi The Etalon… 

    Putain… il va le faire…  

    Mais non… son petit mouvement n’a servi qu’à reprendre appui avec son pied contre le mur… désormais son regard est rempli de défi… désormais mon beau brun semble avoir retrouvé de l’assurance, beaucoup d’assurance… 

    Je ne sais pas exactement à quel moment ça a basculé dans sa tête… peut-être à cause du fait que le beau barbu, impatient de conclure, a dévoilé en premier ses pions… toujours est-il qu’à un moment mon beau couillu a repris du poil de la bête… je le vois dans son attitude, je le vois dans ce regard qu’il fronce jusqu’à que ses yeux ne soient plus que deux fentes dégageant une virilité puissante et insolente… 

    Et j’en ai la confirmation définitive lorsque je l’entends balancer, la voix marquée par un ton effronté de petit con premium : 

    « On n’est pas venu ici pour se regarder dans les yeux… non plus… ». 

    C’est la deuxième fois que j’entends cette réplique cette nuit là, et la première fois m’était adressée… et elle me donne toujours autant de frissons…  

    Et, ce disant, il entreprend d’ouvrir sa ceinture à son tour… le mouvement est lent, tellement lent à me faire bouillir d’impatience… oui, Jérém a retrouvé le contrôle de lui-même, le contrôle de la situation… la braguette s’ouvre bouton après bouton, dévoilant entre les pans ouverts d’un jeans encore tenu sur ses hanches, le joli boxer blanc CK dont j’ai déjà admiré le magnifique contenu plus tôt dans la soirée… 

    Et quelle belle surprise, de voir, moulée dans les moindres détails, le relief de sa jolie poutre regardant vers la gauche… il bande comme un taureau… je suis à la fois excité, heureux et soulagé de voir ça… car la présence de cette magnifique érection me laisse imaginer qu’il n’a pas baisé dans la back room… quoique… comme je le connais, il serait capable d’avoir baisé trois fois dans la soirée et d’en redemander… 

    Oui, décidemment j’ai sous-estimé le coté ticon de mon Jérém… car non seulement il dévoile une superbe érection, non seulement il y pose dessus un regard très appuyé, non seulement il relève ce regard rempli de fierté virile et brûlant de sensualité pour le balancer sans retenue à la figure du beau Romain… mais en plus il se paie le luxe de l’armer avec un sourire à la fois viril, sexy et craquant… 

    La réplique de petit con de Jérém a réussi a ravir un petit sourire au beau Romain… cependant, rien ne se passe… toujours pas… 

    Deux males qui bandent et qui attendent qu’on vienne leur faire plaisir… ni l’un ni l’autre semblant décidés à faire ne serait-ce qu’un pas envers l’autre… je suis à deux doigts de leur proposer de « prendre sur moi » pour leur arranger le coup, lorsque j’entends Romain balancer à mon beau brun : 

    « Allez, viens me sucer… » et, après avoir marqué un petit silence brûlant d’érotisme, il assène le coup de grâce « je sais que t’en as envie… ». 

    Ça aussi, c’est une réplique que j’ai l’impression d’avoir déjà entendue, lancée à mon attention, dans cette pièce même, quelques semaines plus tôt. Décidemment, le lexique de petit con possède un vocabulaire universel qui lui est propre… 

    Jérém accuse le message de Romain en lançant un nouveau sourire, un sourire amusé de pur défi de ptit con. Non, Jérém n’a pas envie de sucer ce mec… il attend autre chose de lui… 

    La tension sexuelle est au niveau d’alerte rouge… j’ai bien peu que si l’affrontement continue sur ce ton, l’attitude retrouvée de ptit con de Jérém va finir par taper sur les nerfs de Romain…  

    En effet, ce dernier commence à avoir l’air de s’impatienter… Jérém, au contraire, semble avoir retrouvé toute son assurance et, avec elle, un calme insolent à donner envie de lui balayer la gueule de gifles…  

    Oui, Romain a l’air de commencer à s’impatienter, mais Jérém ne bouge pas de sa position… et, tout en le regardant fixement dans les yeux, il allume une nouvelle cigarette avec des mouvements lents, contrôlés… oui, c’est officiel, le petit con a remis le pied à l’étrier…  

    Et puis, à un moment, je vois Romain quitter son mur et avancer droit en direction de mon beau brun… son attitude a quelque chose d’excédé et de virulent… pourvu qu’il ne lui tape pas sur la gueule… il s’arrête à moins d’un mètre de lui, il le regarde droit dans les yeux… mon beau brun ne se gêne pas de terminer d’expirer lentement la fumée de ses poumons… et là…  

    Et là, Romain attrape la cigarette de mon Jérém en l’arrachant de ses doigts, il la pose ensuite entres ses lèvres, il en tire une bonne taffe et la balance enfin dans l’évier juste à coté… il s’approche encore plus de mon beau brun, il rentre carrément dans son espace vital… un instant plus tard, il expire lentement la fumée à la figure de Jérém comme ce dernier l’a fait un instant plus tôt…  

    Il approche encore un peu plus de mon Jérém… bientôt les deux jolis torses vont se frôler… bientôt leurs bouches vont se rencontrer… 

    Ah, non, pas ça ! S’il permet à ce mec de l’embrasser alors que mes lèvres sont interdites de séjour chez les siennes, là je vais péter un scandale… non, mais… la baise c’est une chose… les bisous, merde, c’est pas pareil… 

    Pourtant, pourtant… l’idée que Romain puisse là, par pure provoc’, rouler une magistrale pelle, sauvage, virile, intense a mon Jérém, lui attrapant la tête derrière la nuque… j’avoue que ça ne me déplairait pas… un brin risque, certes, même très, très, très risqué… mais furieusement excitant… ou alors un très léger baiser qui effleure ses lèvres… peut-être encore plus excitant… 

    Les deux visages approchent, je me dis que si Romain tente ça, ça va se finir en baston… mais le beau barbu a prévu autre chose… il relève les bras, il appuie les paumes des deux mains contre le mur d’une part et d’autre de la tête de Jérém… je le vois ensuite plier son cou et approcher ses lèvres de celui de mon beau brun… et là il commence à poser des petits bisous sur sa peau, suivis par un long baiser sensuel… il remonte ensuite vers son oreille gauche, qu’il commence à mordiller… je vois mon beau brun frémir… je sais à quel point il est sensible à ce genre d’effusion…  

    Cependant, il ne bouge pas un poil, il se laisse juste faire…  

    Un instant plus tard, Romain décroche une main du mur pour poser l’avant bras sur l’épaule de mon beau brun, la paume de sa main calé derrière son cou, appuyant lourdement avec son coude avec l’évidente intention de le faire mettre a genoux… les genoux de Jérém semblent se plier… 

    Le beau barbu semble très sur de son coup…  

    Oui, les genoux de Jérém semblent se plier… mais ce n’est que sous l’effet de la surprise… sans quitter le beau barbu des yeux, il pose le deuxième pied par terre, il remonte son buste, il lui tient tête… 

    Romain ne renonce pas à sa tentative de soumission, il tente de faire tomber les dernières réticences de mon beau brun en balançant tout bas : 

    « Allez… », l’air toujours aussi sur de lui. 

    Hélas, il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir attrapé… surtout un ourson modèle petit con premium dans le style de mon Jérém… 

    Oui, ce petit mot chuchoté au visage de mon Jérém aura exactement pour effet de faire tomber toutes les réticences dans la tête du beau brun, mais pas du tout dans le sens que Romain avait entrevu. 

    Le beau barbu vient de lâcher son petit « encouragement », que Jérém décolle ses épaules du mur, avance son torse vers celui de l’autre, porte les deux mains sur ses pecs, il le repousse comme dans une mêlée… et il lui balance, tout en le regardant fixement dans les yeux : 

    « Suce-moi ! » 

    Bam, du pur Jérém… Jérém is back et je suis so happy !!! 

    Aaaaaah ! J’adore… Mon beau brun... voilà, je retrouve mon beau brun… mon beau couillu… avec en prime une information inédite à son sujet… le fait que son assurance n’est pas une valeurs absolue et universelle… qu’il peut lui arriver de perdre le contrôle… qu’il est humain à la fin… une information qui le rend encore plus charmant… 

    Oui, il peut arriver que Jérémie T. himself perde provisoirement le contrôle… mais, au bout du compte, jamais il ne perd le nord… 

    Interloqué par la réaction vive de Jérém, s’éloignant un peu, Romain se reprend : 

    « Naaaan, mec, moi je ne suce jamais, c’est les autres qui me sucent… ». 

    Sans se démonter, avec le sourire de petit con qui ne le quitte plus, Jérém tranche net: 

    « Moi non plus je ne suce jamais… alors, soit c’est toi qui suces, soit tu dégages… ». 

    Décidemment il n’a pas froid aux yeux, mon Jérém… provoquer ainsi un mâle en rut, tout en étant à portée de son poing dans la figure, faut avoir les couilles de le faire… et mon Jérém les a… j’adore quand Jérém sors ses couilles, que ce soit au sens propre comme au sens figuré… je sais pourquoi ce mec m’impressionne… 

    La tension monte encore d’un cran. Et, à ma grande surprise, c’est encore Romain qui désamorce. Décidemment, le rapport de forces a changé de camp.  

    « Et lui, il peut pas sucer ? » balance-t-il en me désignant avec un geste désinvolte de la tête sans même m’adresser ne serait-ce que la moitié d’un regard. 

    Oh que si… oh, que si… je peux sucer, et plutôt deux bruns qu'un... mais alors que je me sens prêt à accepter son invitation et à me sacrifier pour mettre mes compétences au service de la paix entre beaux males en rut, alors que je me sens on ne peut plus prêt à m’occuper de deux queues à tour de rôle, deux queues qui se disputeraient ma bouche… c’est là que j’entends mon beau couillu balancer sèchement : 

    « Non, il suce pas… ». 

    « Si personne ne suce, ça ne sert à rien de continuer à se chauffer… » conclut sèchement le beau barbu. 

    Ah, merde… et moi qui avait justement envie de sucer… je suis à la fois vexé et excité de cette façon de Jérém de diriger le jeu… 

    « C’est ça… » confirme Jérém, avant d’ajouter, froidement, fermement, tout en entrebâillant la porte d’entrée « alors… à toi de voir… ». 

    Naaaaan, mais plus petit con à gifler tu meurs… j’adore ! J’en ai des frissons… 

    Deux bruns se font face et je ressens une fois de plus cette dualité, ce contraste entre l’envie irrépressible et furieuse de voir le beau barbu se soumettre entièrement et sans limites à la virilité exacerbée, à l’insupportable arrogance de jeune coq prétentieux de mon Jérém… et cette autre envie, tout aussi irrépressible et furieuse, de voir mon beau couillu à son tour soumis a une virilité encore plus sauvage et dominatrice que la sienne…  

    Non, à cet instant précis, je ne suis toujours pas décidé sur laquelle des deux options j’aimerais voir prendre forme… la suite des évènements décidera à ma place… 

    La suite ressemble à une merveilleuse fable… une fable sexuelle… 

     

    Il y eut un jour 

    Une belle rencontre 

    Celle d’un très beau brun 

    Avec un brun vraiment très beau. 

    Deux jolis coqs très sûrs d’eux 

    Ils voulurent se frotter l’un à l’autre 

    Se montrer leurs crêtes bien hautes. 

    Et voilà de l’histoire, 

    La seule morale. 

    Duel de coq, duel sans sang 

    Duel de bites très fort tendues. 

    L’un des coqs baissa sa crête,  

    Tout autant que sa belle croupe 

    Et son genou frôla le sol 

    Car la raison du plus couillu 

    Est toujours la meilleure… 

     

    Oui, sans que d’autres mots ne soient prononcés, un instant plus tard un beau brun à la peau mate est à genoux devant un autre beau brun à la peau mate… 

    Le beau brun debout a l’air de prendre sacrément son pied dans la bouche de l’autre… les épaules contre le mur, le bassin avancé, expression d’une virilité puissante et affirmée, la queue glissant entre des lèvres vierges, caressée par une langue étrangère à ce genre de plaisir mais qui s’habitue très vite à ce bonheur fraîchement découvert et qui trouve très vite ses repères… 

    Non, on ne peut jamais savoir ce que l’on aime ou pas tant qu’on n’y a pas goûté… car, une fois qu’on a goûté, on peut se surprendre à aimer quelque chose dont on s’est toujours dit « ça, ce n’est vraiment pas pour moi ». 

    Quant au beau brun débout, fier que sa puissance sexuelle soit célébrée par un aussi beau male précédemment réfractaire à ce genre de soumission, il ne quitte pas des yeux son manche disparaissant et réapparaissant au gré des mouvements alternés d’une fellation intense… 

    Si c’est pas beau voir deux bogoss en train de s’offrir un plaisir intense… même si l’un des deux est le mec que j’aime… et si c’est pas bandant de voir un mec si viril se mettre à genoux et prendre goût au simple geste de donner du plaisir à une virilité qui se révèle plus puissante que la sienne… un mâle dompté par la virilité d’un autre mâle… 

    Quant à moi… j’avais imaginé un plan a trois… et je me trouve à être le témoin des ébats entre bogosses… j’avais fantasmé sur le fait de me faire défoncer par deux étalons magnifiques… et je me retrouve sur le carreau… Jérém me l’a proposé… j’ai accepte comme un con… 

    Une partie de moi me dit que je devrais partir, fuir cette humiliation… mais au fond de moi je trouve quelque chose d’extrêmement excitant dans le fait de voir mon beau couillu prendre son pied avec un autre gars si beau... la scène est très excitante en soi…  

    Tout est excitant… la proximité des corps, le contact d’une bouche avec le sexe de l’autre, la rencontre de leurs plaisirs enfin accordés… excitante même cette « humiliation », le fait que mon beau couillu pousse la domination sur moi jusqu’à m’imposer de le regarder découvrir de nouveaux plaisirs avec un autre… lui qui me fait des sketchs de jalousie quand je me fais tout simplement draguer… sacré petit con, va…  

    Je repense à ce que m’a dit ma cousine quelques temps auparavant, comme quoi c’est excitant de mater un mec prendre son pied, même si c’est son propre mec et même si c’est avec quelqu’un d’autre… elle a tout compris, la cousine, il faut absolument que je lui raconte ça… euh… ou pas…


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  • Le chemin du bonheur... cette ligne de poils tout doux qui prend naissance au nombril des garçons, cette magnifique petite dépression en lisière de la région vallonnée des abdos, ce petit bout de peau que la langue a une fâcheuse tendance à se disputer avec les lèvres et avec le bout du nez, tous les trois impatients de s’y nicher, de s’y perdre…  

    Avant justement d’emprunter fatalement le chemin du bonheur… cette piste magique traçant un lien à la fois réel (lorsque le mec est à poil) et suggéré (lorsque le jeans ou le sous vet cache encore le « bonheur » tout court), un lien tout droit et sans détours entre le nombril et la virilité d’un mec…   

    Oui, le chemin du bonheur… si ce n’est pas un pur bonheur, lorsqu’on tient la queue d’un beau mec dans la bouche, que de le voir courir devant nos yeux... 

    C’est sur cette ligne de poils bruns posée sur un paysage d’abdos au dessin parfaitement ciselé, un bas relief que je connais si bien pour l’avoir vu souvent de très très près, que mon esprit bloque à un moment, emporté par la beauté sublime de voir mon Jérém en train de se faire sucer par le beau Romain…

    Le torse animé par les vagues d’une respiration profonde de mec excité… le visage parcouru par les frissons de l’orgasme que j’entends gronder au loin… Jérém semble prendre sacrement son pied… un plaisir physique car le « mec-qui-ne-suce-jamais#1 » a quand même l’air de maîtriser assez bien le sujet…  

    Il faut dire que la queue c’est un peu comme l’Opéra… soit on aime tout de suite, soit on déteste… mais lorsqu’on aime, la passion est souvent si forte qu’on devient très très vite incollable sur le sujet… 

    Oui, mon Jérém est en train de prendre un plaisir assez dingue… c’est divinement beau à voir, mais au même temps, une question évidente me taraude l’esprit… est-ce qu’il prend autant de plaisir qu’avec moi ? Plus ? 

    Plus… ça je ne sais pas… plus, peut-être pas… je me plais à imaginer que ce n’est même pas possible… non, personne ne le sucera jamais comme moi et ce, pour la simple et bonne raison que personne au monde est aussi fou de lui que je le suis…  

    Je me dis cela pour tenter de me rassurer… le fait est qu’en l’espèce, en plus du plaisir physique, ce petit con est en train de goûter au plaisir ultime de se faire sucer par un mec viril « qui ne suce jamais », un mec qu’il a fait plier devant sa virilité, au sens propre comme au sens figuré… son ego doit être en train de clignoter comme un gyrophare dans la nuit… et lorsque la fierté de mâle s’en mêle… la perception du plaisir peut s’en trouver faussée…

    Mais peu importe… l’intensité de la scène est tellement à couper le souffle que j’en oublie le passé et le futur, les regrets et les craintes… devant un spectacle pareil, il n’y a plus que le présent qui compte, l’instant intense et bouleversant où l’éphémère tutoie l’éternel…

    Quel bonheur sans prix que d’avoir vu quelques instants plus tôt le beau Romain tenter de faire face à la virilité de plus en plus affirmée de mon beau brun en se servant de son regard empreint de charme brûlant… entre les deux bruns, un affrontement à la testostérone pure et brulante… l’affrontement final entre Harry et Voldemort n’aura pas fait davantage d’étincelles…

    Oui, Romain aura tout tenté pour faire plier Jérém… les regards incendiaires, les sourires concupiscents, la flatterie, les gestes chauds et sans appel, les mots à la fois sensuels et sexuels… en vain… mon beau brun n’a pas bougé une oreille… il est resté tout le temps le maître, ou plutôt le « mâle » de la situation…

    C’est là que je me dis que mon beau brun possède en lui quelque chose de surnaturel… je me dis qu’il n’est pas complètement « humain »… je ne sais pas comment peut- on être à ce point insensible, ou du moins arriver à faire mine de l’être, devant un mec pareil, un mec à la sensualité tellement brûlante qu’on a l’impression que s’il touche du papier il va y mettre le feu…

    Je paierais cher pour savoir ce qui s’est passé dans la tête de mon beau brun pendant que Romain lui faisait son magistral rentre dedans… pendant qu’il l’embrassait dans le cou… pendant qu’il lui mordillait l’oreille… pendant qu’il appuyait lourdement son coude sur son épaule pour le faire mette à genoux… est-ce qu’il n’a jamais eu envie, même pas un court instant, de céder à sa demande ? Est-ce qu’il n’a jamais eu le moindre désir de goûter à la sexualité de ce beau mâle ?

    Moi je dis… pas possible… pourtant, il n’a pas « faibli »… serait-ce sa fierté de mec qui l’en a empêché ? Si ce n’est que ça, c’est vraiment bien dommage… peut-être que ma présence y est aussi pour quelque chose…

    J’avoue que de voir mon beau brun se faire sucer par Romain me plait excessivement… mais je pense que de voir mon Jérém sucer le beau Romain, j’aurais trouvé cela bon pour m’envoyer à l’asile…

    Oui, le beau Romain aura tout tenté pour faire plier mon Jérém à ses envies… mais à la fin, voyant que mon beau brun était un os bien trop dur même pour ses crocs pourtant bien acérés, quelque chose avait basculé en lui…

    Une longue inspiration assez bruyante au bout de quelques longues secondes de face à face silencieux entre couillus, mon Jérém tenant sa main menaçante sur la poignée de la porte d’entrée, avait été l’annonce de l’imminence de sa capitulation… une capitulation qui devait encore passer par plusieurs étapes avant que le beau barbu ne se retrouve à genoux avec la queue de mon beau brun au fond de la gorge…

    Oui, la soumission de Romain s’était faite par étapes successives… sans jamais quitter mon Jérém des yeux, il avait l’air presque en colère lorsque ses jambes avaient commencé à se plier… il avait l’air plutôt hésitant lorsque son visage était passé devant la chaînette de mec… il semblait à deux doigts de se raviser et de foutre le camp lorsque son nez avait frôlé le nombril de mon Jérém en se chargeant au passage de toutes ses petites odeurs de jeune mec… le beau barbu s’immobilisa carrément pendant un moment lorsque le premier genou frôla le carrelage…

    Mais lorsque le deuxième genoux avait accepté d’accomplir sa destinée, c’est un Romain délivré et curieux que j’avais vu rompre le contact visuel avec mon beau brun, un Romain bien parti pour s’intéresser à une toute autre partie de son anatomie…

    Et c’est enfin un Romain conquis qui s’était retrouvé face au boxer CK blanc avec la fameuse poutre bien en relief… un Romain qui semblait vaincre d’un coup toutes ses réticences, et s’impatienter de découvrir la bite qui lui fait pratiquement face et qui lui fait certainement envie…

    Sur ce, mon Jérém, qui a du lire le « Manuel du petit con parfait » jusqu’à la quatrième de couverture, avec un geste on ne peut plus naturel, ordonne à ses mains d’ouvrir un peu plus les pans du jeans, dévoilant toute l’envergure de son manche autant caché que dévoilé par le coton élastique…

    S’il lui avait balancé à la figure « Viens me sucer, je sais que tu en as envie », ça n’aurait pas été plus explicite…

    Le geste de Jérém entraîne un petit mouvement de la tête du beau Romain… c’est le déclic final… son acceptation sans conditions à lui céder… et plus que ça… j’ai l’impression que dans la tête du beau barbu, l’envie d’y aller prend le pas sur la soumission… j’ai l’impression qu’à partir de ce moment précis, Romain a envie d’y aller non pas parce que Jérém lui exige… mais juste parce qu’il en a désormais envie, très envie… quand je pense qu’il n’y a même pas encore goûté, qu’il ne l’a même pas encore vraiment vue en vrai…

    Mon Jérém, cet impayable étalon… capable de susciter bien des vocations rien qu’avec son assurance de jeune mâle… capable de remuer bien des sexualités, rien qu’en laissant approcher, en laissant libre cours à la sienne…

    Mon Jérém, capable de donner envie au « mec-qui-ne-suce-jamais#1 » d’approcher le nez de son boxer et d’humer longuement les odeurs qui se dégagent de son gland caché… d’y poser ensuite les lèvres et d’en agacer le petit creux, ce creux du gland qui n’a souvent pas son pareil pour faire délirer un garçon, de l’agacer avec le bout d’une langue à la précision redoutable… 

    Mon Jérém frémit… je sais qu’il adore ça…  

    Et pendant que les lèvres, entourées d’une barbe bien taillée mais bien drue, parcourent le manche sur toute la longueur, les bras du bel inconnu se lèvent, ses mains approchent de la taille de mon beau brun… elles se posent sur les pans ouverts du jeans, et entreprennent un lent mouvement vers le bas… en une poignée de secondes, le magnifique CK blanc apparaît dans toute sa double splendeur, celle de la perfection de sa coupe, et celle de la magnificence de cette érection qui déforme outrageusement le coton… 

    Le jeans garé à mi jambes, les bras du beau barbu sont repartis pour un tour… c’est avec une extrême douceur que ses doigts se faufilent de part et d’autre du bassin de mon beau brun, en éloignant le coton de la peau mate dans la tentative d’en libérer enfin le magnifique gourdin… 

    Autant de choses que le beau Romain a du se laisser faire tant de fois dans sa vie et que, peut-être, il n’avait jamais encore envisagé de faire à un autre beau mâle avant ce soir… des choses qu’il semble désormais exécuter avec un plaisir à peine dissimulé… 

    Les doigts sont adroits, mais il y a, hélas, accrochage… l’objet caché est tellement volumineux et lourd qu’il suit la déformation du coton, il s’y prend dedans…  

    Le beau barbu est obligé de s’y prendre autrement… et mon cœur semble s’arrêter lorsque sa main se faufile carrément à l’intérieur du CK pour saisir la queue de mon beau brun et la sortir de sa prison de coton… oui, lorsque je vois Romain tenir la queue de mon Jérém dans le creux de sa main, je frôle la crise cardiaque… 

    Et Romain peut-être aussi… les lèvres à quelques centimètres à peine du gland pulpeux, il a l’air hésitant… je sais pas comment on peut hésiter à ce stade là, mais bon… à part bien sur d’être en train de faire une crise cardiaque… 

    Toujours est-il que, au bout d’un moment, mon beau brun semble s’impatienter… dès lors, son bassin recule avec un geste rapide, sa queue échappe à la prise du beau barbu…  

    La main de Jérém se pose dessus… elle commence quelques va-et-viens lents, amples…  

    Lorsqu’elle s’arrête, la queue est tenue tout juste par le gland, tendue vers le haut, et laissant une vue imprenable sur la belle tige épaisse et sur les bourses bien rebondies qui ont toujours l’air aussi bien remplies… 

    La respiration du beau barbu semble s’accélérer devant cette image de pur bonheur… un instant plus tard, la main de Jérém a à nouveau glissé le long de son manche, et ce dernier vise désormais la bouche du beau barbu…  

    Lorsque son bassin recommence à avancer, Romain ne bouge pas… le gland de Jérém se pose entre ses lèvres, il les effleure… avec des petits mouvements de la main, il fait en sorte que le gland joue avec les lèvres fermes et fermées du beau barbu… 

    Et puis, à un instant, ce petit jeu s’arrête net… le bassin avance encore… le gland force sur les lèvres… et celles-ci s’ouvrent après une ultime petite résistance… c’est à ce moment là que Jérém colle sa queue dans la bouche du beau Romain, la faisant disparaître presque entièrement déjà lors de cette première exploration… 

    Voilà comment le beau Romain s’est retrouvé avec la queue de mon beau brun enfoncée au fond de sa gorge… voilà comment, à partir de là, il a commencé à le sucer, d’abord assez timidement, ensuite de façon de plus en plus vigoureuse, avec de plus en plus d’aisance, avec de plus en plus d’envie… « un bon coup de queue, ça calme »… c’est ça que tu as dit tout à l’heure à propos de ce charmant Mathieu que tu t’es vanté d’avoir bien baisé ?

    J’adore regarder mon Jérém se faire sucer par ce Romain, ce bogoss si arrogant… j’adore le voir penché sur lui, regarder le mec agenouillé devant lui, se réjouir de son triomphe viril…

    C’est beau, c’est sublime… c’est beau et c’est dix mille fois mieux que de le voir prendre son pied avec une nana comme la fois où je suis arrivé trop tôt aux révisions… regarder deux bogosses qui se donnent du plaisir… c’est juste divin…

    A force de mater cette scène de dingue, je finis par croiser son regard… un regard qui s’accroche durablement au mien… c’est sa façon de me dominer en me montrant sans retenue le plaisir qu’il prend en baisant avec un autre gars, suprême puissance de son charme… et le pire… le pire c’est que je suis conquis… au lieu de lui en vouloir, je trouve ça tellement beau que ça m’en donne des frissons puissants dans le ventre, ainsi qu’une érection de malade dans le bas ventre…

    Tout cela pourrait avoir un coté frustrant… pourtant, je me rends compte que cette privation, cette « infidélité » consommée sous mes yeux, avec mon aval tacite, finit par se révéler excitante d’une manière que je ne saurais même pas expliquer…

    Oui, sa virilité rutilante s’imposant non seulement sur la virilité de ce beau Romain par la domination, mais également sur moi par la privation consentie… moi j’appelle ça du grand art, de l’art de petit con macho et tellement bandant…

    Alors, face à cette situation inéluctablement excitante, devant cette image d’une sensualité hors normes, je n’ai d’autre choix que de me débrouiller tout seul pour donner cours aux envies qui secouent mon corps… je déboutonne ma chemise, j’ouvre mon jeans, je descends mon boxer, je saisis ma queue, je porte ma main libre à mes tétons et je me branle dans mon coin en essayant de gérer la montée de mon plaisir, en essayant de la régler sur la progression de celui de mon beau brun… 

    Ce que j’aimerais par-dessus tout, c’est d’arriver à me maîtriser pour jouir au même temps que lui, pour jouir en le regardant jouir… 

    Suprême puissance de la branlette… en se branlant tout devient supportable, la montée du plaisir m’isolant définitivement de ma jalousie, ce sentiment somme toute naturel et qui fait quand même surface dans mon esprit par moments, ce sentiment qui risquerait de gâcher mon plaisir…  

    Oui, dès que je commence à me branler, mon « humiliation » s’évapore pour laisser libre cours aux fantasmes…  

    Jérém prend son pied. Romain aussi. Et moi… je me branle en comptant les points… et, qui plus est, bien heureux de le faire…

    Effet peut-être du contact sexuel entre beaux bruns, j’ai l’impression que la température monte rapidement dans le petit séjour… j’ai de plus en plus chaud, je décide alors d’ôter ma chemise… le mouvement de mes bras attire une fois de plus le regard de mon beau couillu sur moi… si c’est pas beau son regard de mec qui prend son pied et qui n’a qu’une envie, celle de jouir… 

    Mon regard glisse ensuite sur le beau barbu en train de téter la queue de mon beau brun… elle est bonne, hein ? Bien raide et douce et chaude à la fois… et en plus elle doit avoir un petit goût de semence, de mâle… tu te demandes peut-être pourquoi… je vais te le dire pourquoi… le fait est, mon Romain, que ce beau manche a déjà joui une fois ce soir, copieusement, dans ma bouche… pourtant c’est toi qui y as accès ce coup-ci… tu en as de la chance… 

    Vu de l’extérieur, je me rends compte d’une façon si possible encore plus vive et poignante que dans le feu de l’action, de la chance de pouvoir tenir dans sa main, dans sa bouche, l’explosion de la jouissance d’un mec comme mon beau brun… je crois qu’il n’y a rien de plus beau au monde…  

    Je comprends parfaitement l’élan de Romain… et son soudain changement d’attitude…car, dès qu’on goûte à la queue de mon beau couillu, on ne peut qu’en être dingue…  

    En attendant, Jérém a retrouvé tout son pouvoir de mâle dominant… un mâle sur qui il a un pouvoir de plus en plus absolu au fur et à mesure que ce dernier goûte et prend goût à sa queue… 

    Par ailleurs, je trouve quelque chose d’assez inquiétant à cela… si Jérém est en train de prendre conscience qu’il peut se taper des mecs pareil… aussi canons… comment peut-t-il se contenter de moi à l’avenir ? 

    Jérém se laisse d’abord faire, acceptant les caresses inédites apportées par des nouvelles lèvres, par cette nouvelle langue… il se laisse faire pour découvrir ce dont le mec est capable… mais je sais qu’il ne va pas se contenter de cela, je sais que mon beau couillu va avoir envie tôt ou tard d’affirmer sa domination de façon plus appuyée… il est comme ça, mon Jérém…  

    Je ne me trompe pas… mon beau brun laisse à Romain tout juste le temps de prendre goût à ce qui lui avait paru auparavant une sale besogne et qu’il semble désormais considérer comme le plus délicieux des loisirs… et là, il porte ses mains sur sa tête, enfonce les doigts dans ses cheveux noirs et épais et il entreprend de mettre des coups de bassin…

    Il commence par des allers retours tout doux… bien sur, il faut commencer par apprivoiser la bête… au début, il fait tout simplement glisser sa queue entre les lèvres du beau barbu, lentement et sur toute la longueur… petit à petit, ses explorations gagnent en profondeur… son gland s’enfonce de plus en plus loin dans le palais… au bout de quelques secondes, sa queue disparaît presque jusqu’à la garde, ses couilles frôlent la barbe bien noire et bien drue… et lorsqu’il se retire, tout aussi lentement, il se sert de son gland pour jouer à nouveau avec les lèvres de l’autre… les faisant languir…

    C’est un crescendo… à un moment, mon beau couillu accélère le mouvement… il y va de plus en plus vite, de plus en plus loin… jusqu’à lui baiser carrément la bouche… il y va très fort, et vu de l’extérieur, je me demande comment le mec qui-ne-suce-jamais arrive à encaisser ça…

    D’ailleurs, à un moment Romain le stoppe net, tout comme moi quelques heures plus tôt, en appuyant sa main sur ses abdos… décidemment, ce soir là les abdos de mon beau couillu auront été souvent sollicités pour calmer sa fougue de jeune étalon… oui, Romain met un frein aux ardeurs de Jérém, en arrêtant les coups de son bassin et en dégageant ensuite ses mains de sa nuque… Romain veut bien se soumettre aux envies de mon Jérém, mais à l’évidence sa soumission n’est pas totale…

    Le beau barbu, visiblement essoufflé par la puissance des coups de reins de mon beau couillu, marque une pause en quittant carrément la queue de Jérém pour balancer :

    « T’es trop sexy, mec… mais vas-y mollo… »… 

    Erreur fatale… ne jamais chercher mon beau couillu lorsqu’il prend son pied… et surtout ne jamais quitter sa queue pendant une fellation. Rien au monde ne le met plus en pétard. Je sens que ça va tomber… et ça tombe… c’est en le toisant, en regardant droit dans les yeux, en dominant du haut de son mètre quatre-vingt, de son torse puissant et de sa queue bien tendue à tout juste quelques centimètres de son nez, que Jérém finit par lui balancer : 

    « Tais toi, dépêche-toi de me faire jouir et… ». 

    Jérém freine soudainement son élan… je connais cette phrase… j’en connais le début et j’en connais la fin… mais il ne va pas oser ça quand même… pas avec ce mec… 

    « … et dépêche-toi de tout avaler… » il finit par lâcher, en portant une main derrière la tête du beau barbu dans la tentative de l’attirer au plus vite sur sa queue réclamant son dû. 

    Putain… si, il a osé quand même… pas froid aux yeux mon Jérém… le même tarif pour tout le monde… si on le suce, il faut le faire jouir et tout avaler… 

    « N’abuse pas mec… » j’entends Romain lui répondre à mi voix en se dégageant avec un mouvement vif de l’emprise de la main de mon beau brun « je ne fais pas ça, mec, d’habitude je ne suce même pas, je te l’ai dit… je te fais une fleur parce que t’es canon, mais il faut se calmer… ». 

    « Tu peux dégager alors… » fait Jérém avec un ton sec et cassant, en remontant son beau boxer et son jeans et en y rangeant sa queue avec geste rapide comme l’éclair… 

    Il faut avoir du cran, pour balancer ça à un mec qui se tient à quelques centimètres de ses couilles… 

    Les deux bruns se font face, les regards se défient… mais lorsqu’on est à genoux, on ne joue pas à armes aussi égales que lorsqu’on est debout… mon beau couillu tient un atout majeur… il s’est affirmé en mâle alpha… et, en tant que tel, avoir accès à sa queue est quelque chose de tellement convoité, qu’il peut exiger n’importe quoi… 

    Un instant plus tard Jérém boucle sa ceinture et se dégage de sa position, laissant le mec sur le carreau, au sens propre comme au sens figuré…  

    Soudainement, avec ma queue dans la main, je me sens con… je remonte vite mon froc, la bite en feu, prête à jouir… en attendant le déroulement de la suite… 

    Après avoir attrapé au passage son t-shirt blanc et en avoir à nouveau habillé son torse pour le protéger du vent qui ne faiblit pas et qui est de plus en plus frais à l’approche du petit matin, le voilà parti en terrasse pour s’installer dans son coin préféré… le voilà accoudé à la rambarde, torse nu, la bosse du jeans rebondie par sa magnifique érection… pas facile de ranger tout ce matos tendu dans un boxer et un jeans… 

    Le t-shirt blanc mis en valeur dans la pénombre par la réverbération des illuminations de la rue de la Colombette, le bassin toujours et encore sensuellement calé vers l’avant… en train de fumer une nouvelle clope… 

    Putain… comment résister à la tentation d’aller se mettre à genoux et de le faire jouir et de tout avaler ?  

    Romain qui, passé le premier moment d’ahurissement face à la réaction sans appel de mon beau couillu, a fini par se relever, a lui aussi les yeux rivés sur cette image d’absolue beauté masculine… oui, il mate Jérém avec un air fébrile et frustré, l’esprit saturé par un mélange de désir brûlant et d’agacement… le regard fixe et perdu, le beau barbu semble tanguer… il semble avoir perdu une bonne couche de son assurance et de son panache…  

    Et comme pour Jérém un peu plus tôt, je me dis que c’est un spectacle qui n’a pas de prix que de voir un beau mâle d’habitude si assuré, habitué à tout maîtriser, perdre ses repères… le voir désemparé face à une situation dont il est en train de perdre le contrôle… 

    J’ai l’impression qu’il a envie de finir ce qu’il a commencé, mais le « prix » exigé par mon beau couillu doit lui sembler trop important, trop humiliant… il a bien envie de le sucer, mais il ne veut pas tout lui céder… surtout pas ce truc qu’il lui demande, ultime soumission à sa puissance masculine…  

    Pourtant il a encore envie de sucer… de le sucer… très envie même… 

    Jérém fume lentement en faisant mine de regarder dans la rue… il nous ignore… oui, Jérém regarde ailleurs et nous on le regarde lui… et on ne rate rien de ses plus simples faits et gestes… alors, lorsqu’il porte la main gauche sous le t-shirt, en passant par le col, pour gratter une région juste au dessus de son pectoral gauche… lorsqu’il produit ce geste inconscient, nonchalant, mais juste sexy à se damner… on est deux à être saisis par une incompressible envie de lui sauter dessus et d’avaler sa queue… 

    Bien sur, l’un aura une réaction plus prompte que l’autre… 

    Oui, c’est probablement à cause de ce simple geste, si anodin et si craquant à la fois, que l’hésitation de Romain s’envole… il s’avance vers la terrasse, il approche de Jérém… il tend la main vers lui pour partager sa cigarette… requête à laquelle mon beau couillu consent sans se faire prier… il tire une longue taffe, il expire lentement la fumée après avoir rendu la clope à son propriétaire… 

    Un instant plus tard, le beau barbu disparaît dans la pénombre de la terrasse… le voilà à nouveau à genoux… et lors de cette deuxième mi-temps, c’est lui-même qui se charge de défaire la belle ceinture de mon beau couillu, de déboutonner sa braguette, avant de descendre son CK blanc pour en sortir cette queue magnifique et toujours aussi tendue… oui, c’est de son propre chef qu’il la reprend en bouche, qu’il recommence à sucer mon Jérém dans la fraîcheur de la nuit…  pendant que ce dernier, avec un geste inconscient et insoutenablement masculin, lève le regard vers les étoiles comme pour demander pourquoi… pourquoi autant de pied… comme pour dire merci… merci pour autant de pied 

    C’est incroyable… lorsqu’on a goûté à la queue de mon Jérém, on ne peut plus s’en passer…  

    Je m’approche de la porte fenêtre pour contempler de près ce spectacle magnifique…  

    Le beau barbu est en train de pomper mon Jérém avec un entrain retrouvé… est-ce que cette remise en bouche est l’acceptation silencieuse au desiderata de mon beau brun ? Est-ce qu’il est parti pour goûter au jus de mon beau couillu ? En tout cas, il se conduit comme un mec qui a envie de faire jouir un autre mec… très envie…  

    La cigarette de Jérém dure toujours, elle s’éternise… et ce, pour la simple et bonne raison que mon beau couillu la laisse se consumer dans le vide, l’oubliant derrière l’effet étourdissant d’un plaisir sexuel plus puissant que celui chimique…  

    Et lorsqu’il la porte à nouveau entre ses lèvres, je me rends compte que, pour autant que je m’efforce, j’ai du mal à imaginer une image plus belle que celle de mon Jérém en terrasse, dans la nuit tiède, débout contre le parapet, le jeans et le boxes à mi jambes, en train de se faire sucer par un beau mâle à genoux devant lui, tout en fumant sa cigarette… 

    C’est après avoir expiré un bon nuage de fumée, que mon beau couillu laisse échapper à l’attention de son partenaire sexuel : 

    « Vas-y, mec, c’est bien comme ça… suce bien… ». 

    Et l’autre, pour toute réponse, l’air de plus en plus intéressé par l’affaire, trouve alors intéressant d’ajouter une main sur la queue de mon beau couillu, en plus de sa bouche… pour quelqu’un qui n’a jamais sucé, il a l’air de bien connaître la fameuse équation « bien vigoureusement sur la tige et tout doucement sur le bout »… je suis bête… c’est normal qu’il soit au courant… s’il est vrai que sa bouche n’a pas du connaître tellement de queues, à l’inverse, je n’ai pas de mal à imaginer que sa queue a du connaître bien de bouches… l’émulation, autant que la pratique, est mère de compétence… 

    La cigarette de mon beau brun arrive enfin au mégot… c’est à ce moment là que mon beau couillu ôte soudainement la queue de la bouche de Romain, le laissant littéralement bouche bée… il se dégage une fois de plus et il rentre en passant à coté de moi comme tout à l’heure, sans me calculer… nouveau étourdissement au déo, à la proximité de ce corps de dingue… je me dis qu’il a peut-être un peu froid, car le vent est de plus en plus frais…  

    Il rentre dans l’appart et il éteint la lumière… la pièce est ainsi enveloppée par une pénombre faiblement éclairée par le réverbère des illuminations de la rue qui rentre par la porte vitrée… une pénombre dans laquelle on arrive quand même à discerner et à compter les carreaux de ses abdos...  

    Il dégage ensuite son t-shirt, son jeans, son boxer, ses chaussettes… le voilà désormais complètement nu… 

    Il traverse le petit séjour pour aller s’installer contre le mur à coté de la porte d’entrée, sa place de tout à l’heure… et là… là, vision de bonheur, il entreprend de se branler tout doucement… je me rends compte que je ne l’ai jamais vraiment vu se branler et qu’au fond je trouve cette idée bien excitante… 

    Mais enfin… il ne va pas faire ça… se faire jouir tout seul… alors qu’il y a deux mecs à portée de queue pour avaler sa semence… 

    Quoi qu’il en soit, le spectacle de mon Jérém en train de se branler est très plaisant à voir… tellement ravissant que je me fige dans l’encadrement de la porte vitrée, comme hypnotisé… pendant un instant, l’idée qu’il veuille me demander de finir le travail bien entamé par Romain me traverse l’esprit… quel plus beau cadeau pourrait-t-il me faire ? 

    Je suis complètement ailleurs… mais je reviens sur terre lorsque je sens dans mon dos la présence du beau Romain qui cherche à passer, à foncer, je dirais, attiré, aimanté par la queue de mon beau brun… 

    Je me rends compte que je lui bloque le passage… je me décale un peu… dès que je bouge, il fonce me bousculant presque au passage… si ça ce n’est pas de la dépendance… oui, la queue de mon beau couillu crée dépendance… et ce, dès la première prise… 

    Pendant que Romain fonce vers son nouveau Zénith, je vois Jérém se décoller du mur, pivoter sur lui-même, se planter sur ses deux pieds, laissant un certain espace entre lui et le mur… croyant bien faire, Romain se cale derrière lui, pectoraux et abdos saillants contre dos musclé… sa main s’avance vers sa queue, remplace la sienne et le branle lentement… 

    C’est beau à en pleurer…  

    Jérém apprécie, mais Jérém n’a pas prévu cela… Romain n’a pas encore compris ce dont mon beau couillu a envie… mais moi si… et je commence à entrevoir enfin un rôle pour moi dans cette baise dont je n’ai été jusqu’à présent que spectateur, un très bon second rôle qui pourrait parfaitement me convenir… 

    Non, Jérém n’a pas prévu cela… et il sait comment faire passer le message… 

    « Suce moi… encore… » 

    Un instant plus tard, sans opposer aucune résistance ni réserve, la tête calée contre le mur, le beau Romain tient à nouveau la queue de Jérém dans la bouche… dès lors, voilà que ce dernier, prenant appui avec les mains contre le mur au dessus de sa tête, le corps en suspension vers l’avant, commence à faire glisser sa queue entre ses lèvres… ce coup-ci il y va moins violemment, il déguste son plaisir… centimètre après centimètre… 

    Il y va certes moins violemment, mais pas moins profondément… ses va-et-vient sont amples, sa queue s’enfonce bien loin… et le mec semble finalement prendre son pied à se faire étouffer par cette queue tendue… sa bouche, plus timide au début, arrive désormais à avaler pratiquement en entier le beau manche de mon Jérém… 

    Ça dure ainsi pendant un petit moment, Romain la tête coincée contre le mur, la bouche baisée longuement, profondément, inexorablement, un Romain savourant de son coté aussi, instant après instant, centimètre après centimètre, le bonheur de tenir en bouche le plaisir d’un mec comme mon Jérém… 

    Quant à ce dernier, je crois qu’il va finir par avoir ma peau, ou du moins par avoir raison de ma santé mentale… il faut s’imaginer le tableau… un Jérém qui prend son pied dans la bouche de ce beau mec, les deux mains appuyées contre le mur, les abdos tendus, comme s’il faisait des pompes à la verticale… les ondulations de son bassin, les contractions de ses fesses musclées se succédant avec un naturel déconcertant…  

    C’est tellement beau et sensuel que j’en oublie que je devrais être jaloux à mort… mon regard tombe et se fixe longuement sur ses couilles bien rebondies se baladant au gré des coulissement, ses bourses allant jusqu’à se caler contre la barbe brune, la queue avalée jusqu’à la garde…  

    Et, comble de l’image excitante, entre deux explorations ORL, mon beau brun prend le temps de s’attarder, de s’immobiliser, le gland au plus profond de la gorge, faire une pause dans son plaisir, déguster l’attente de celui qui va suivre, se priver l’espace d’un instant pour mieux jouir juste après, déguster sa domination sur un mec… je réalise à ce moment qu’il n’y a pas qu’avec moi qu’il aime ça… dominer… apparemment, c’est le même tarif avec tout le monde… c’est sa nature… mon Jérém est un vrai petit co(q)(n) dominant, un vrai petit male alpha… 

    C’est dur, très dur, mais riche en enseignements que de regarder son beau brun baiser avec un autre… 

    Je suis comme plongé dans un état second devant cette image d’une senXualité rare…  

    Et puis, sans prévenir, Jérém arrête ses va-et-vient… il s’immobilise, le corps toujours incliné, comme en suspension, les mains toujours appuyées au mur… le gland au bord des lèvres du beau barbu… sans broncher, Romain prend le relais en recommençant à le pomper avec gourmandise…  

    Jérém se laisse désormais sucer sans bouger… c’est là que je me dis que c’est le moment de mon entrée en scène… alors, sans tarder, je me déshabille entièrement et j’y vais… 

    Oui, j’y vais… sans qu’il me demande, je m’approche de lui, je me place derrière lui… presque instantanément, il sent ma présence dans son dos, il se retourne… c’est beau de voir de si près son visage traversé par les vagues de plaisir… c’est beau ce regard qu’il me lance et qui veut dire « je sais ce dont tu as envie, j’en ai envie aussi, comme la dernière fois avec Guillaume, putain, t’attends quoi là, vas y, j’ai envie de jouir comme un malade… ».

    Alors, enchanté, je me mets à genoux… je porte mes mains sur ses fesses, je les écarte et je lance ma langue à l’assaut de son ti trou… oui, je vais lui bouffer le cul, et je vais le faire pendant qu’il se fait sucer, je vais le faire jusqu’à qu’il lâche son jus… car je sais qu’il adore ça et que ça va le faire jouir comme un dingue…

    Comme prévu, mon beau couillu apprécie tout particulièrement cette petite variation… je sens son corps en proie à de nouveaux frémissements qui sont l’effet combiné d’une fellation et d’une caresse buccale encore plus intime…

    « Vas y comme ça… putain, c’est bon, ça déchire… » il balance, comme une lamentation tellement l’excitation qui parcourt son corps est intense, tellement la vague de plaisir qui le submerge à l’approche de l’orgasme est hors normes, au point d’en devenir presque douloureuse….

    Quoi de plus doux pour les oreilles et de plus réjouissant que de recevoir ce genre de notification attestant du plaisir intense traversant le corps et l’esprit de mon beau couillu ?

    Mais à qui est destinée sa phrase ? A Romain, à moi, à tous les deux ?

    J’adore le voir prendre son pied si fort, j’aime le voir s’envoler tout seul vers son plaisir de mec, en être débordé, submergé, emporté… j’aime voir la raison l’abandonner, balayée par la tornade des sens… j’aime entendre ces petites phrases à la testostérone qu’il laisse échapper lorsqu’il perd le contrôle de lui-même… j’aime voir mon beau couillu se transformer en pur être reptilien pour qui seul jouir compte et rien d’autre… et même s’il faut se prendre à deux pour le mettre dans cet état là, pour lui offrir un plaisir parfait et total, même s’il faut se partager le plaisir de lui offrir une jouissance hors normes, ainsi soit-il… je me plie volontiers à cela… car c’est trop beau à voir mon beau couillu en train de prendre son pied si fort… 

    C’est si bon, pendant qu’il se fait sucer, de bien écarter ses fesses avec mes deux mains, d’enfoncer mon visage et de lui lécher la rondelle avec entrain et passion… c’est tellement bon d’entendre les halètements de sa respiration excitée, l’entendre essayer de contenir des gémissement, des frissons de plaisir… je sais que ce que je lui fais décuple son plaisir… et j’ai envie d’en faire encore plus, de le faire jouir encore plus fort… envie de le rendre dingue… 

    Son corps tout entier frémit… en tremble presque… sa respiration est de plus profonde, rapprochée, bruyante… son plaisir monte très vite… je connais bien cette progression qui précède l’explosion de son plaisir de mâle…  

    Et là tout s’accélère, se précipite… je le vois décrocher une main du mur et l’enfoncer dans les cheveux épais du beau barbu… je vois son avant bras guider le mouvement, l’accompagner, l’amplifier, l’accélérer, le cadencer au bon rythme… 

    Je sens qu’il va jouir, je sais que ça va arriver, bien avant qu’il l’annonce avec un laconique : 

    « Vas-y… je viens… ». 

    Et là, aucune remontrance de la part du beau barbu… au contraire, les mouvements de va-et-vient autour de sa queue se font encore plus rapides, plus vigoureux… ainsi, le beau barbu s’est ravisé… finalement, il se plie à la demande de mon beau couillu… il va le laisser jouir dans sa bouche, et il va avaler sa semence…
    « Comme ça… c’est bien… ça vient… oui… ça vient… » fait Jérém, la voix déformée par la tempête des sens à l’approche de l’orgasme, un ordre qui ressemble aussi bien à une supplication qu’à une injonction, l’ordre de surtout ne pas arrêter en si bon chemin, si près du but… 

    C’est là qu’un mouvement du bassin de mon beau brun m’oblige à quitter les lieux de mon bonheur… 

    Lorsque je m’éloigne un peu, je me rends compte que Romain a arrêté de le sucer… et pire que ça… sa bouche quitte carrément sa queue… mais il ne va pas bien lui… qu’est ce qu’il fait ? on ne peut pas faire ça… c’est interdit par la loi… s’arrêter si près du but… si près de l’orgasme de mon beau brun… naaaaaan… c’est criminel… 

    J’ai mal pour lui… pour mon Jérém… après avoir attendu si longtemps, après être monté si fort en pression, si on lui fait rater sa jouissance, il ne va pas aimer ça… j’ai mal pour Romain, qui ne semble pas réaliser que là il se met clairement en danger physique… la réaction de mon Jérém risque d’être musclée et incontrôlée… 

    D’ailleurs, sa main se raidit presque instantanément derrière la nuque du beau barbu pour lui intimer de ne pas s’arrêter en si bon chemin… ce dernier oppose une résistance, il dégage carrément la main de Jérém et, tout en le regardant fixement dans les yeux avec un air de défi assez marqué, il entreprend de le branler tout doucement… c’est cette dernière initiative, à mon avis, qui lui a évité de justesse un pain dans la gueule… 

    « Putain, suce, ça vient… » j’entends presque supplier mon beau brun. Il n’en peut plus, il en veut plus… il veut jouir… 

    Pourtant, ce coup-ci, Romain ne semble pas décidé à céder à sa requête, à lui offrir plus… Romain le fait languir, sans pitié… et voilà qu’à cet instant précis, tout semble basculer… Jérém le « dominant » semble désormais complètement à la merci de Romain le « soumis »… 

    Ça me fait penser à la fois ou je l’avais branlé longuement, où j’avais repoussé le moment de sa jouissance si loin jusqu’à le rendre dingue… ce sont des moments magiques où la volonté d’un mec est complètement anéantie par la montée de son plaisir, un plaisir dont l’explosion lui échappe, tenu, au sens propre comme au sens figuré, dans la main d’un autre…  

    Qui est à genoux devant l’autre à ce moment là ? Who is the master, who is the slave ? Poor is the man whose pleasures depends to by permission to another… 

    Qui domine l’autre lorsqu’on tient dans la bouche, dans la main, le pouvoir ultime, le pouvoir de donner ou de retenir, de faire exploser ou de rater la jouissance d’un beau garçon ? 

    Qui, d’un Romain défiant d’un regard insolent et ayant retrouvé tout son panache, branlant le mec debout tout juste ce qu’il faut pour le tenir en suspension entre frustration et précipitation de l’orgasme, tout juste ce qu’il faut pour que Jérém n’ait pas le courage de lui taper dessus, pour qu’il croit encore que sa jouissance qui tarde à arriver n’est pas perdue… 

    Qui, d’un Jérém tendu comme un élastique de string, le cœur tapant à mille à l’heure, suspendu dans cette dimension parallèle où s’isole l’esprit d’un mec lorsqu’il attend son orgasme, ayant même certainement renoncé à exiger le prix demandé un peu plus tôt, prêt même à transiger sur sa requête d’avaler son jus, pourvu qu’on ne le prive pas cette jouissance dont l’attente doit commencer à lui paraître une véritable torture… 

    Oui, qui des deux, domine l’autre à cet instant ? 

    La tension est palpable… la chute de cette scène à haute tension, c’est Romain qui la détient… à cet instant, c’est lui le Marc Cherry… nous sommes tous des comédiens sous sa direction… guidés par un scénario non écrit mais qui s’affiche comme une évidence instant après instant… 

    Alors, quand enfin le clap est annoncé, lorsqu’il reprend en bouche la queue de mon Jérém, je repars aussitôt entre ses globes musclés et je me remets à lui titiller la rondelle… 

    Ce coup-ci, je sais que c’est parti… je sais que Romain il va faire ce qu’il faut pour mon Jérém… je sais que mon beau couillu va enfin jouir dans la bouche du beau barbu… soudainement j’ai furieusement envie de goûter à son jus… comme quelques  heures plus tôt, comme des dizaines et des dizaines de fois en quelques semaines à peine, j’ai soif de son jus, et c’est une soif qui ne s’étanche pas… 

    Hélas, je sais bien que cette éjaculation de beau couillu ne sera pas pour moi… alors j’ai envie de partager sa jouissance d’une autre façon… j’ai envie que ma langue me rapporte le frémissement de sa rondelle lorsque les muscles de son bas ventre vont se contracter pour expulser sa semence… j’ai envie de sentir la vibration de son orgasme, comme la fois avec Guillaume… j’écarte un peu plus encore ses fesses, j’enfonce mon visage le plus loin possible et je lâche ma langue si profondément qu’elle le pourra… le bout se pose juste en contact de son ti trou… 

    « Vas-y, comme ça… je… je… » tente d’envoyer Jérém… mais il ne pourra pas terminer sa phrase, car une longue succession de râles à peine maîtrisés viendra faire évaporer ses mots et illustrer son orgasme puissant… 

    Et pendant que ma langue m’apporte les contractions successives de son ti trou énumérant l’un après l’autre les jets qu’il est en train de balancer au fond de la gorge du beau barbu… pendant que la vibration des muscles de son bas ventre m’apporte l’écho de son orgasme de mec, voilà… je prends toute la mesure de la puissance de la virilité de mon Jérém… une virilité capable de mener cet autre beau spécimen, sans même le contraindre, mais en lui en donnant tout simplement une envie brûlante, à se soumettre complètement à son plaisir… 

    Et je prends également la mesure de ce multiple cadeau que le beau Romain est en train de lui faire… celui de renoncer à se faire sucer, soit à son idée première, pour lui offrir une pipe puissante et passionnée, lui qui n’a jamais sucé… d’accepter de l’avaler, et ceci malgré son aversion du départ, lui qui s’est toujours fait avaler… lui qui sait si bien à quoi ça ressemble et quel effet ça fait, en termes de plaisir physique et d’ego masculin, que de jouir dans la bouche d’un bogoss et de se faire avaler… et, par-dessus tout, le cadeau d’accepter cette soumission totale à mon beau couillu, d’autant plus précieuse que le beau barbu en connaît parfaitement l’ampleur, pour l’avoir imposée à bien de partenaires, mais toujours dans le rôle du dominant incontesté… 

    Mais est-ce un véritable « cadeau » ? Lorsqu’en faisant plaisir, on se fait tout autant plaisir… qui est le donnant et qui est le gagnant dans l’histoire ? 

    C’est tellement bon que j’en oublie de jouir moi-même… 

    Jérém vient de jouir et je m’empresse de m’éloigner de son intimité avant qu’il ne revienne complètement à lui… danger imminent de réaction virulente post-orgasmique… je suis débout juste à temps pour voir Romain dégager les lèvres de sa queue… les deux bruns ont tout lâché… mon beau couillu, une bonne rasade de semence… et le beau Romain une bonne dose de sa fierté de mâle… et il ne fait même pas mine de ressentir le besoin impérieux de jouir à son tour…  

    Est-ce que, l’espace d’une première pipe de fou, le beau Romain est déjà arrivé à réaliser que faire jouir un beau male, accueillir toute sa bogossitude liquide et chaude dans sa bouche c’est déjà jouir…  et que, après ce cadeau, on peut carrément arriver à oublier tout le reste ? 

    Sans un mot, sans même se rhabiller, Jérém se dirige vers le frigo et il en sort trois autres bières qu’il distribue en commençant par moi et en terminant par Romain qui vient tout juste de se relever… il attrape ensuite le paquet de clopes dans son jeans et en propose également une au beau barbu…  

    Mon beau couillu a eu ce qu’il voulait… tout ce qu’il voulait… ça vaut bien une autre bière et une cigarette… son briquet allumera les deux… dans la foulée, les deux bruns incendiaires disparaissent en terrasse. 

    J’y vais aussi… dans le petit espace à ciel ouvert, le silence est total… les regards sont fuyants, figés, vidés… 

    Cette fois ci, Romain finit sa cigarette avant Jérém… d’ailleurs, il n’a tiré dessus que deux petites taffes avant de l’écraser dans le petit cendrier posé sur la rambarde… le mec semble bien pressé… il semble avoir une idée fixe derrière la tête… le beau barbu rentre dans l’appart… après avoir posé sa bière sur la petite table de chevet, il se débarrasse de son jeans et de son beau slip rouge et blanc…

    J’ai comme l’impression, pour paraphraser Madonna dans son Confessions Tour lorsqu’elle enchaînait « Like a virgin » avec « Jump », j’ai l’impression que : « The night is young and the show has just begun… »… oui, j’ai la nette sensation que la nuit de baise entre les deux beaux bruns vient tout juste de commencer, et que le spectacle est loin, très loin d’être terminé…

    Le voilà assis sur le lit, le dos légèrement incliné vers l’arrière, calé contre un oreiller, sirotant sa bière, affichant une queue imposante que je découvre enfin et qui n’a pas grand-chose à envier à celle de mon Jérém, à part le fait de ne pas être celle de mon Jérém…

    Le message est clair… le beau barbu a accepté de faire plaisir à mon beau couillu… et maintenant il s’attend à que ce dernier vienne lui rendre la pareille, ou du moins lui envoie un petit retour d’ascenseur… ou alors bien autre chose, bien plus que cela… ou en tout cas il doit se sentir en droit de s’attendre à cela…

    Tout en buvant sa bière par petites gorgées, le beau barbu commence à se caresser tout lentement… vraisemblablement dans l’attente que les lèvres de mon beau couillu quittent la cigarette pour se poser sur un cigare d’une toute autre envergure…

    Le beau barbu semble à nouveau très sur de son coup… il a donné, tout donné, et il attend d’en recevoir un peu en retour… mais est-ce que du coté de Jérém cette suite des événements imaginée par Romain est actée ? Le connaissant un peu, rien ne me parait moins sur…

    C’est là que j’entrevois un nouvel affrontement entre couillus… et, surtout, j’entrevois un nouveau délicieux second rôle… celui de me charger de faire jouir ce mec qui a tout lâché pour tout donner à mon beau couillu…

    Puisque mon Jérém a joui dans sa bouche… je me sens tout à fait légitime à laisser le beau barbu jouir dans la mienne… oui… je me sens légitime… oui… mais non… en effet, je me rends compte que je n’aurais pas le cran de mettre en oeuvre ce beau scénario sans le clap du metteur en scène Jérémie T….

    Hélas, de ce coté là, pour l’instant rien ne vient…

    Appuyé à la rambarde de la terrasse, Jérém fait durer aussi bien sa cigarette que sa bière, l’air du mâle épuisé et repu qui se remet tout doucement d’un orgasme délirant…

    Mon beau couillu… nu, en terrasse au petit matin, la queue mi molle… il faut reconnaître que ce mec est juste pas croyable… capable de faire jouir deux autres mecs simplement en jouissant lui-même… 

    Sa cigarette consumée jusqu’au mégot, la dernière gorgée de bière avalée… Jérém décolle enfin ses reins de la rambarde en dur et en deux pas il traverse le seuil de la porte vitrée… et là il s’immobilise, le regard figé sur le beau barbu…

    Putain… si ça ne donne pas envie ça… demi allongé sur le lit, les épaules appuyées contre la tête de lit, les abdos saillants, la queue en l’air, bien tendue… en train de se branler tout doucement, avec toute l’attitude du mec qui veut se faire sucer… ce mec est à se damner… à se damner pour sucer sa belle queue raide, pour soulager ses couilles bien pleines…

    Jérém regarde fixement le beau barbu, le regard vide… et ce dernier regarde mon beau couillu, le regard brûlant d’envie… leurs regards s’entrechoquent en silence… un silence pesant, lourd comme du plomb… Jérém a joui… le mec a accepté toutes ses conditions… maintenant il attend une contrepartie que Jérém ne semble pas vouloir lui offrir…

    Euh, je suis là… je veux bien me dévouer… moi…

    « Allez, maintenant c’est à toi… » finit par lâcher le beau Romain « viens me sucer, mec… ». 

    Jérém ne réagit pas. Il reste immobile, autant dans son corps que dans son regard. Toujours aussi froid et figé. Aucun indice lisible sur ce qui se passe dans sa tête à cet instant précis. Rien qui laisse deviner comment il va enchaîner. Un moment de flottement qui se traîne sur plusieurs longues, très longues secondes… et puis… 

    Et puis les jambes de mon beau couillu se mettent en branle… il approche tout doucement du lit, sans quitter le beau barbu des yeux…

    Putain… il va le faire…

    Dans ma tête c’est la panique… c’est tout et son contraire…

    Non, Jérém, tu n’as jamais ne serait-ce qu’effleuré ma queue, alors tu ne va pas sucer ce type… certes, il est beau à se damner, presque aussi canon que toi… mais non, tu ne peux pas faire ça…

    Et en même temps…

    Si Jérém, vas y… découvre comment c’est bon de sucer un bogoss…

    J’avais prévenu que dans ma tête c’est n’importe quoi…

    Les genoux de Jérém touchent le bord inférieur du lit. Il s’immobilise à nouveau. Il bande à nouveau. la sexualité de ce mec est incroyable, fascinante. Sentant cette nouvelle érection se manifester, il baisse le regard sur sa queue, il s’y attarde… il le relève un instant plus tard, le mélangeant avec un sourire incendiaire… il prend ce cocktail explosif et il le balance à la figure du beau barbu… là c’est clair… il joue avec ses nerfs….

    Tout se passe comme prévu dans la tête de mon beau brun… le mec finit par s’impatienter et par lui balancer un : 

    « Allez, viens… ». 

    Jérém respire un bon coup… un instant plus tard, il pose un genou et puis l’autre sur le lit, et il avance ainsi dans l’espace entre les jambes écartées du beau Romain… il approche lentement de son entrejambes au pelage coupé plutôt court et bien soigné, de son magnifique service trois pièces composé d’une belle queue droite et épaisse au gland assez fin et élégant et de deux couilles ramassées dans des bourses bien sombres…  

    Lorsqu’il s’arrête, il le fait à bonne distance, la queue du beau barbu à portée de sa main et de sa bouche…  

    Et là… agacé par tant de tergiversation, Romain saisit l’avant bras de mon beau couillu et l’attire vers lui… mon sang ne fait qu’un tour… je sens le danger approcher… je prévois une réaction violente de la part de mon beau brun… je vois arriver la castagne… ce serait un comble que ces deux beaux males qui viennent de jouir si intensément chacun à leur façon, finissent par se taper sur la gueule…  

    La main de Romain serre toujours l’avant bras de mon beau couillu… et là, mon Jérém…

     

    Et là…

     

    Et là, mon Jérém… se laisse faire… oui, contre toute attente, il se laisse faire… un seconde plus tard, la main à la belle montre se pose sur le manche du beau barbu… et pendant que le bras au tatouage s’emploie à administrer une vigoureuse branlette, le dos musclé et le cou à la chaînette se courbent petit à petit… le visage de mon beau brun approche dangereusement de la région génitale du beau barbu… 

    Quelques secondes encore et, après un dernier instant d’hésitation, ces lèvres qui me sont interdites se posent sur le gland du beau Romain… le beau manche de ce dernier disparaît dans la bouche de mon beau couillu, tandis que ce dernier commence des va-et-vient bien appuyés… 

    Je regarde le mec, débarrassé de sa bière, désormais accoudé, le torse demi allongé, toutes tablettes dehors, animées par les ondulations d’une respiration de plus en plus saccadée… le cou relevé, le regard fixe, ne perdant une seule miette de ce que mon beau brun est en train de faire à sa queue… une pipe dont je l’aurais cru carrément incapable… 

    Je le vois déguster ce pied tant attendu et si « durement » gagné… enfin rassuré et triomphant de pouvoir prendre sa revanche de mâle en se faisant sucer à son tour par le mec le plus canon de la soirée… 

    Au comble de l’excitation et de sa fierté de mâle, pendant que la chaînette de mon Jérém se balade autour de son manche et le caresse au gré des mouvements alternés, le beau barbu rabat la tête en arrière, expression inconsciente de sa jouissance démesurée… 

    Il faut dire que pour le « mec-qui-ne-suce-jamais#2 », Jérém y met de l’entrain… il le pompe très vigoureusement, allant jusqu’à lui faire des gorges profondes… mais comment peut-t-il être si à l’aise ? Est-ce qu’il a menti ? Est-ce qu’il a déjà sucé d’autres mecs ? Qui ? Des coéquipiers ? Thibault ? 

    Il y a des choses qui sont innées, et qui du coup « révèlent » les vrais désirs, n’est-ce pas mon Jérém ? 

    Je suis bouleversé par l’aisance de mon beau brun à se soumettre aux envies de ce beau barbu… je trouve cela à la fois indiciblement beau et bouleversant, à un point que, je me dis, on ne pourrait pas imaginer plus beau et plus bouleversant … 

    Pourtant… 

    Oui, pourtant… si j’avais trouvé bouleversant et beau de voir mon Jérém sucer le beau Romain avec entrain, j’allais trouver carrément magnifique et déroutante la scène qui allait se jouer une poignée de minutes plus tard… 

    … mon beau brun quitte la queue du beau barbu… il ouvre le tiroir de la table de chevet, en pioche un petit chapelet de capotes et le pose carrément sur les abdos du beau Romain…  

    Et là, mon cœur faillit tout simplement s’arrêter… 

    ...il s’allonge ensuite sur le ventre, la tête enfouie dans l’oreiller, les jambes légèrement écartées, ses globes rebondis et musclés offerts… 

    Je suis dans la quatrième dimension... 

    Devant un tel séisme intérieur, la jalousie revient me piquer à vif… mais… putain… l’image de ce ptit con de Jérém, qui s’allonge, totalement offert, son fabuleux ptit cul musclé complètement a la merci de la queue de Romain, naaaaan la c’est plus de la torture… nan… nan, la, c’est… complètement dingue…  

    Le beau barbu se relève, il saisit le petit chapelet, il en déchire un emballage en le portant entre ses dents, il chausse avec aisance une capote autour de sa queue… il se place ensuite entre les jambes musclées de mon beau brun… il crache dans sa main… avec ses doigts, il enduit l’entrejambe offerte… 

    Son bassin avance, le bout de son engin se faufile entre les fesses de mon Jérém… il cherche l’entrée de son intimité, il finit par la trouver, il rencontre une résistance… 

    Mon beau brun frémit… le beau barbu appuie plus fort… Jérém grimace encore plus fort… le beau Romain s’y reprend encore et encore, jusqu'à que… 

    Jusqu'à que son manche commence à disparaître entre les fesses de mon beau brun, jusqu’à que sa queue s’enfonce en glissant dans de ce petit trou que je viens de préparer longuement avec ma langue, le préparer involontairement à cet assaut que jamais je n'aurais cru imaginable… 

    Et ce, pendant que les grimacements du visage de mon beau brun, ainsi que les tremblement de tout son corps, indiquent clairement qu’il accuse le passage de ce bel engin qui est en train de prendre possession de son intimité jusque la inviolée… 

     

    Oui… the night is young, and the show, has just begun… 

     

    Il y eut un jour 

    Une belle rencontre 

    Celle d’un très beau brun 

    Avec un brun vraiment très beau. 

    Deux jolis coqs très sûrs d’eux 

    Voulurent se frotter l’un à l’autre 

    Se montrer leurs crêtes bien hautes. 

    Et voilà de l’histoire, 

    La seule morale. 

    L’un des coqs écarta ses jambes,  

    En découvrant le plaisir intense 

    D’offrir son corps aux envies de l’autre 

    Car la raison du plus couillu 

    Est toujours la meilleure… 

     


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  • 0213 Une soirée très riche en émotions (partie 2).

     

    Jérém&Nico, le Livre ! 

    Jérém : qui est-il ce garçon? 

    Enfin disponible !


    Après une longue gestation, le premier livre de Jérém&Nico est enfin imprimé et prêt à être expédié.
     

    Ce livre reprend les 40 premiers épisodes de l'histoire, enrichis de nombreux passages piochés dans les épisodes plus récents, lorsque ces derniers s’intègrent aux premiers de façon intéressante. 

    Il en résulte une toute nouvelle structure narrative, allégée et plus cohérente. 

    Tu peux commander ta copie dédicacée en version papier ou epub (pour liseuse) via la plateforme tipeee.com/jerem-nico-s1.  

    Pour commander le livre en version epub, cliquer ici. 

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    0213 Une soirée très riche en émotions (partie 2).

     

     

    Ce récit et ses dialogues sont de la pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé, ou avec des faits réels, est à considérer comme purement fortuite.

     

    « Allez, assez déconné ! » fait Daniel « il est temps de passer aux choses sérieuses… ».

    Et là, ni un ni deux, le bonhomme attrape la guitare appuyée au mur derrière lui et commence à gratter sur ses cordes. Lola s’active aussi, elle sort de son sac plusieurs classeurs avec de dizaines de textes de chansons.

    Daniel continue à gratter sur la guitare en alignant des notes au hasard. Puis, soudain, les accords s’accordent pour dessiner une mélodie, sur laquelle notre musicien aux cheveux d’argent va poser les couplets bien connus :

     

    Je m'baladais sur l'avenue le cœur ouvert à l'inconnu…

     

    « Allez, vous êtes prêts ? Vous suivez ? Are you ready ? » il nous nargue, alors que nous cherchons toujours le texte dans les épais cahiers.

     

    Je m'baladais sur l'avenue le cœur ouvert à l'inconnu…

    J'avais envie de dire bonjour à n'importe qui

    N'importe qui et ce fut toi, je t'ai dit n'importe quoi

    Il suffisait de te parler, pour t'apprivoiser

     

    La voix puissante de Daniel et la vibration sonore de la guitare m’enveloppent, la musique prend vie. Nous chantons ensemble, sans nous préoccuper de chanter juste. C’est la première fois que je vois et j’entends jouer de la guitare de si près. C’est la première fois que je vis un moment de partage aussi incroyable. Et j’en ai des frissons.

    Les couplets défilent, ponctués parfois par des mots drôles, des regards marrants, des attitudes hilarantes de notre joyeux luron musicien dont la spécialité est d’apporter de la légèreté et de la bonne humeur.

    Les chansons s’enchaînent, « Le sud », « Siffler sur la colline », « Le petit âne gris », « Stewball », « L’été indien », « Santiago », « La montagne », « Mon amant de Saint Jean », « La complainte de la butte ». Des grands classiques de la chanson française, entrecoupés par la répétition régulière d’un « tube maison » appelé « Il me faut du carburant ». Formule par laquelle, toujours en grattant sur sa guitare, Daniel réclame à boire régulièrement.

    Le répertoire de notre musicien n’est pas composé de chansons d’aujourd’hui, et pas forcément des chansons les plus gaies qui soit. Mais ce sont toutes de belles chansons, des chansons des années ’70, des textes et des musiques empreints d’une double nostalgie. Il y a la nostalgie inscrite dans le texte par l’auteur. Et puis, il y a la nostalgie de Daniel, et de la plupart des cavaliers de l’ABCR, la nostalgie d’une époque, époque que ces chansons ont le pouvoir magique de faire ressurgir.

    Après une énième pause à la bière, Daniel annonce « le dernier rappel avant le baisser de rideau… qui sera suivi d’une pipe et d’un bon dodo, hein, Minou ??? ».

    « Tu peux toujours courir ! Ce soir si tu as des envies, c’est « libre-service sans assistance »… » balance Lola, du tac-au-tac.

    J’adore l’humour abrasif de ce couple hétérogène par l’âge (Lola doit avoir tout juste la quarantaine, alors que Daniel me semble avoir la soixantaine révolue) et pourtant soudés et complices comme peu d’autres couples. Daniel est un joyeux luron. Lola a du répondant et de l’humour. Ensemble, ils forment presque un duo comique.

    « Je vais branler la guitare, alors, Minou ».

    « Branle ce que tu peux ».

    « Je vais t’en jouer une pour te faire hérisser les poils… ».

    « Allez, vas-y, fais hérisser les poils » fait-elle, l’air blasé.

    « Une chanson qui parle de sexe ! ».

    « Soudain, j’ai peur » elle se moque.

    Et là, Daniel entonne les premiers couplets de celle que je considère l’une des plus belles chansons françaises de tous les temps :

     

    Il venait d’avoir 18 ans

    Il était beau comme un enfant

    Fort comme un homme…

     

    Une chanson que j’ai entendue pour la première fois lorsque j’avais 14 ans, à la radio, une chanson que j’avais trouvée incroyablement culottée au fur et à mesure que les couplets étaient parvenus à mes oreilles pour la toute première fois.

    Et aujourd’hui, l’entendre jouer, chanter, et de la chanter moi-même avec les autres cavaliers, me la fait redécouvrir et l’apprécier davantage encore. Ainsi, lorsque le dernier couplet résonne :

     

    J’avais oublié simplement

    Que j’avais deux fois 18 ans…

     

     j’ai envie de la rechanter dès le début.

    « C’est vraiment une belle chanson » fait Charlène.

    « Une chanson très vraie » relance Martine.

    « C’est vrai, quelle femme de quarante ans n’a pas un jour eu envie de coucher avec un jeune qui lui ferait retrouver sa vingtaine ? » s’accorde Satine.

    « Il paraît que cette chanson est autobiographique, il paraît que Dalida avait eu une aventure avec un jeune fan italien qui s’était pointé chez elle au culot un soir de Noël » raconte Carine.

    « Eh, les nénettes, je vais vous calmer vite fait bien fait » fait Daniel « au cas où vous ne le saviez pas, cette chanson a été écrite par Pascal Sevran ».

    « Et alors ? » fait Satine, interloquée.

    « Et alors, Sevran aimait les mecs. Alors, ce n’est peut-être pas Dalida qui a couché avec le minet dont il est question dans cette chanson… ».

    « Ah ! » fait-elle, surprise, alors que Martine et Charlène se moquent d’elle et que Nadine part dans l’un de ses fous rires incontrôlables.

    « Il n’y a pas que les nanas qui ont envie de coucher avec des bogoss de 18 ans » fait Sylvain, le regard rivé sur Jérém. Celui-là commence vraiment à m’énerver.

    « Les homos ne se reproduisent pas, et pourtant, ils sont de plus en plus nombreux ! » fait Daniel en citant une réplique de Coluche.

    « Vous avez entendu que depuis quelques mois le mariage entre personnes du même sexe a été voté au Pays Bas ? » lance JP.

    « Je pense que c’est une bonne chose » fait Charlène « je ne vois pas pourquoi deux mecs ou deux nanas ne pourraient pas s’unir civilement, et même adopter un gosse ».

    « Vous en pensez quoi, vous, les garçons ? » lance Martine à l’attention de Loïc et Sylvain.

    « Moi je voudrais que ça arrive chez nous » réagit Loïc « je voudrais pouvoir me marier comme tout le monde. Je voudrais pouvoir adopter un enfant comme tout le monde. J’en ai marre de me sentir un citoyen de seconde catégorie ».

    « Nous ne pouvons même pas donner notre sang à cause du fait qu’on est gay ! Même si on est en couple ! ».

    « Je pense qu’en France le mariage n’est pas près d’arriver. Les mentalités ont encore besoin de beaucoup évoluer » fait Carine.

    « Dans 10-12 ans, peut-être » fait JP, le visionnaire.

    « Quand tu penses qu’il y a tous les jours des mecs qui se font tabasser juste parce qu’ils sont gays » s’indigne Nadine.

    « Et qu’il y a des pays où les gays sont rejetés par leurs familles, persécutés par la religion, par le pouvoir, où ils sont torturés, tués par la police » abonde Loïc.

    « Ma mère avait un frère » raconte Ginette « apparemment, c’était quelqu’un de bien. Et puis, un jour, il est parti. Il a mis fin à ses jours.

    Je n’étais qu’une gamine quand c’est arrivé. Par la suite, maman ne parlait jamais de son frère. Alors, un jour je lui ai demandé de me parler de lui, de me raconter quel genre de personne il était.

    Elle m’a dit que c’était un garçon sensible et gentil, peut-être trop sensible et gentil. Elle m’a dit que c’était le seul de la famille sur lequel on pouvait toujours compter.

    Alors, je lui ai demandé si elle savait pourquoi il avait fait ça.

    Elle m’a dit qu’elle pensait qu’il ne supportait plus le regard que les gens portaient sur lui. Qu’il ne supportait plus les bruits, la honte, la solitude. Parce qu’il aimait les hommes. Il semblerait qu’à un moment cela soit devenu trop dur à porter pour lui.

    C’était une autre époque. C’était très dur d’être gays dans les années ‘50. Heureusement, les temps ont changé. Enfin, un peu, mais pas encore assez ».

    Le récit de Ginette, venant du fond du cœur, son regard ému, m’ont profondément touché.

    « Moi je n’arrive pas à comprendre pourquoi il y a tant de haine, de mépris et de violence autour des gays » fait Charlène et posant un regard bienveillant sur Jérém « vraiment, je ne vois pas en quoi le fait que deux mecs s’aiment puisse déranger qui que ce soit. Il y a bien d’autres choses autrement plus dérangeantes que cela, il y a bien d’autres raisons de s’indigner… ».

    « C’est vrai » abonde JP « chaque jour on assiste sans ciller à des guerres, des famines, à la pauvreté, à l’injustice sociale, à la corruption, au pillage de la planète, à des catastrophes naturelles et écologiques. Mais deux gars qui s’aiment, ça choque. Franchement, qu’est-ce qu’on en a à foutre de ce que les gens font dans leur lit et avec qui ! La liberté ne s’arrête que lorsqu’elle entrave celle d’autrui. Et les gays n’entravent en rien les libertés des hétéros, alors que certains hétéros, et ils sont nombreux à le faire, ne serait-ce que par le mépris, essayent trop souvent d’entraver les libertés des gays ! ».

    « C’est pour ça qu’il y encore tant de gays qui n’osent pas sortir du placard » fait Loïc en me regardant droit dans les yeux.

    Mais il cherche quoi, lui aussi ?

    « Le pire c’est que lorsqu’on regarde l’histoire, ça ne fait pas longtemps que l’homosexualité est devenue un « problème », qu’elle attire tant de haine » relance JP l’érudit.

    « C'est-à-dire ? » l’interroge Satine.

    « Dans bon nombre de sociétés anciennes, l’homosexualité ne posait pas de problème ».

    « On dit bien « va te faire voir chez les grecs » ! » plaisante Daniel.

    « La distinction entre homo et hétéro était inconnue dans le monde antique. En Grèce, les mecs étaient spontanément bisexuels. D’ailleurs, même les dieux donnaient l’exemple : Zeus, le dieu des dieux himself, trompait sa femme Héra aussi bien avec des nénettes qu’avec des éphèbes.

    A Rome c’était un peu pareil, d’ailleurs Jules César était surnommé « le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris ». A Rome les pratiques sexuelles devaient correspondre à certains usages sociaux. Il était considéré normal qu’un jeune se donne à un aîné, mais pas l’inverse. Pour un esclave, satisfaire les besoins de son maître était une obligation. Chez l’affranchi, c’était un service qu’il devait à vie à son ancien maître ».

    « Pour les Iroquoiens, les indiens du Canada, il existait non pas deux, mais cinq sexes, ou cinq sexualités différentes : les hommes, les femmes, les hommes qui se sentent femmes, les femmes qui se sentent hommes et ceux qui se sentent hommes et femmes à la fois. Et il était considéré que chacun des cinq sexes avait son rôle à jouer dans la communauté. Pour ces peuples, le fait d’être « moitié homme, moitié femme », permettait une meilleure compréhension de la dimension sacrée du monde. Ainsi, les gays occupaient souvent la fonction de chaman ».

    « Alors ils étaient bien acceptés » considère Satine.

    « Oui, mais avec quelques réserves quand-même. Si d’un côté on leur reconnaissait des qualités, de l’autre on sommait les hommes de se méfier d’eux. On pensait que s’ils les fréquentaient trop, les chasseurs risqueraient d’être séduits. A bon entendeur, salut !

    Bref, tout ça pour dire que par le passé, et dans d’autres civilisations dites « moins évoluées », les homosexuels étaient bien mieux acceptés que dans nos sociétés occidentales. Quand on regarde d’un peu plus prês, l’homosexualité, et sa stigmatisation, ressemble à une invention récente. D’ailleurs, les trois grandes religions modernes, Judaïsme, Christianisme et Islam, qui n’ont cessé de se faire la guerre depuis des siècles, s’accordent sur la condamnation des rapports homosexuels ».

    Jérém avait raison, JP est un véritable puit de science. JP est le genre d’homme qui t’apprend quelque chose d’intéressant à chaque fois qu’il l’ouvre. Oui, ce type est vraiment un type bien. Et sa simple présence, son regard, donnent direct l’envie, l’inspiration et l’énergie pour chercher à devenir quelqu’un de meilleur.

     « L’Eglise catholique est aussi contre l’utilisation de la capote, ce qui est criminel à une époque marquée par le Sida » lance Loïc.

    « L’Eglise propose de remplacer la capote par l’abstinence » fait JP, taquin.

    « C’est aussi pour ça que l’Eglise a de moins en moins de fans » conclut Daniel.

    JP se marre sous la moustache.

    « Pour les religions, le seul but du sexe c’est la procréation. Et baiser sans but de procréation est un péché » précise Charlène

    « Quelle connerie » commente Nadine.

    « L’homosexualité ne crée préjudice à personne et les homosexuels ne demandent rien de plus que d’être respectés en tant qu’êtres humains comme tous les autres » fait Charlène sous les regards approbateurs de Loïc et Sylvain.

    Depuis plusieurs minutes, j’écoute attentivement les échanges entre les cavaliers au sujet de l’homosexualité et j’en suis profondément ému. Jamais de ma vie je me suis retrouvé dans un environnement aussi accueillant, aussi rassurant, aussi gay friendly. Vraiment, ça fait un bien de fou. Charlène avait raison, à l’ABCR, le fait que deux mecs s’aiment ne pose problème à personne. J’en ai les larmes aux yeux. Et si ça ne tenait qu’à moi, si ça ne concernait que moi, je crois que je ferais mon coming out sur le champ.

    Définitivement, dans ce relais, au sein de cette petite « communauté », je découvre un autre monde, un monde tellement différent de celui du lycée, de ma famille, de ma ville, un monde à part. J’ai de plus en plus l’impression d’avoir enfin trouvé de vrais potes, même s’ils sont tous bien plus âgés que moi. Mais qu’importe l’âge au fond ? Car je suis conquis. C’est magique, et je suis heureux comme jamais.

    Après cette parenthèse un plus grave, l’adorable Daniel nous joue et nous chante une chanson paillarde au vocabulaire bien salace pour remettre le rire au centre de la soirée.

    A un moment, quelque chose me surprend. Jérém est en train de me faire du pied sous la table. Nos regards se croisent. Et dans le sien, je découvre une étincelle lubrique qui embrase illico mon désir. Car son regard de braise est une promesse de baise sauvage et torride. Notre complicité est géniale. Et putain, qu’est-ce qu’il est sexy dans son maillot Wilkinson !

    Les cavaliers commencent à sortir de table et des petits groupes se forment à la cuisine (pour les fées et magiciens du logis) autour de la machine à café (pour les amateurs de boissons chaudes), et à proximité de la cheminée (pour les fumeurs).

    Jérém est bien évidemment dans ce dernier groupe. Tout comme Sylvain. Sylvain qui, très vite, semble se familiariser et discuter de façon plutôt complice avec mon bobrun.

    Et alors que je me retrouve coincé entre Martine et Ginette me questionnant sur mes études à venir, je trouve que Sylvain a une attitude qui ne me plaît pas du tout. Déjà, il a l’air trop intime avec mon bobrun, alors qu’il ne le connaît ni d’Eve, et surtout pas d’Adam.

    Mais ce qui m’intrigue le plus, et qui me rend jaloux et inquiet, c’est le regard que Sylvain pose sur mon bobrun. Certes, son regard trahit avant tout l’ivresse de la boisson. Mais ce que je vois avant tout, c’est un regard aimanté.

    A quoi joue-t-il mon Jérém ? Est-ce qu’il ne se rend pas compte que Sylvain le drague ?

    J’ignore de quoi ils causent, car je suis trop loin pour tendre l’oreille, mais leur conversation a l’air amusante : mon bobrun lâche à plusieurs reprises son sourire incendiaire qui fait instantanément augmenter la température dans la pièce de plusieurs degrés. Quant à Sylvain, il semble complètement sous le charme. Il ne quitte pas Jérém des yeux, et un petit sourire niais, et hébété ne quitte pas son visage.

    Ce qui m’inquiète le plus c’est que le sourire de Jérém est un sourire flatté, signe que Sylvain doit lui dire des choses qui touchent des cordes sensibles. Quelles cordes Sylvain est-il en train de faire vibrer chez mon bobrun ? Que cherche-t-il ?

    Oui, leur conversation se prolonge beaucoup trop. Elle me perturbe un peu plus à chaque seconde. Au bout d’un petit moment, je me surprends à être carrément jaloux. Je me surprends à m’imaginer que Sylvain soit en train de dire à Jérém qu’il le trouve canon, qu’il soit en train de lui faire des propositions, ou du moins lui faire comprendre qu’il le kiffe et qu’il serait partant pour coucher avec lui. Certes, Sylvain n’est pas vraiment ce qu’on appelle un canon, et il a bien dix ans de plus que Jérém, et pourtant je ne peux m’empêcher de bouillir intérieurement.

    Jusqu’à ce que ce mon bobrun me rassure par lui-même. Ainsi, alors que je ne cesse de le fixer, j’ai l’impression à un moment que sur son visage l’amusement laisse la place à une sorte d’agacement. Et lorsque je croise son regard, il lève les yeux au ciel, geste doublé d’un haussement de sourcils et d’une « mise en chapeau » comme il sait si bien le faire. Le sien, c’est un regard complice, suivi d’un clin d’œil à me faire tomber à la renverse. J’ai l’impression que le bogoss cherche à me rassurer, à me dire qu’il n’en peut plus de se faire tenir la jambe, que ça le saoule.

    Ça me rassure, mais en même temps ça me donne un aperçu grandeur nature des tentations qui l’attendent à Paris, dans des soirées, dans les troisièmes mi-temps, dans le métro, dans la rue, partout. Le regard complice de Jérém me rassure et m’inquiète à la fois.

    Mais très vite, je vais réaliser que cette conversation qui se prolonge n’alarme pas que moi. Et alors que je réfléchis à toute vitesse pour trouver un prétexte et sortir mon bobrun de ce piège, quelqu’un d’autre s’en charge à ma place.

    « Tu fiches quoi, là ? » fait Loïc, en haussant la voix, le ton agressif et accusateur.

    « De quoi tu parles ? » lui retorque Sylvain sur un ton vexé.

    Loïc aussi a bu. Et lui aussi il a vu ce que j’ai cru voir.

    « Arrête de le draguer ou ça va mal finir ».

    « Mais ta gueule ».

    « Tu arrêtes ça tout de suite ».

    « Sinon ? ».

    Jérém a l’air amusé et on dirait qu’il compte les points. Soudain, le silence s’est fait autour de cette scène de ménage. Je crois que tout le monde compte les points.

    « Sinon tu vas rentrer tout seul ! ».

    « Chiche ! » fait Sylvain sur un ton très provocateur.

    « T’arrêtes un peu de te donner en spectacle ? ».

    « Je fais ce que je veux… ».

    « Va te faire voir… ».

    « Si vraiment tu insistes… ».

    Loïc part alors en claquant la porte.

    « Et bien, sympa cette petite impro… moi, je bois… santé ! » rigole Daniel en mettant fin au froid qui vient d’envahir la salle.

    C’est à cet instant que Sylvain semble enfin réaliser ce qui vient de se produire. Il jette sa cigarette dans le feu, il pose lourdement son verre sur la table et il emboîte le pas à Loïc.

    « J’aime pas assister à des scènes de ménage, ça me met toujours mal à l’aise » fait Charlène.

    « Moi j’ai pas compris ce qui vient de se passer » fait Daniel, l’air perdu.

    « Il vient de se passe que Loïc est jaloux » fait Satine.

    « Jaloux ? Mais de qui, de quoi ? ».

    « Il est jaloux parce que Sylvain a fait du gringue à Jérémie ».

    « Il t’a dragué ? » fait Daniel.

    « Je ne sais pas trop » bafouille Jérém.

    « Oh, que oui » fait Satine, très sûre d’elle « c’est simple, quand il te regardait, il avait des étoiles dans les yeux ».

    « Ah bon ? » fait Daniel, l’air (faussement) outré « il est culotté de s’attaquer à un mec comme Jérémie, un mec qui n’est pas de son bord ».

    « Il avait bu » fait JP.

    « Oui, mais enfin, je comprends que Loïc soit jaloux » conclut Satine.

    « On ne commande pas aux sentiments » fait Martine.

    « Après » continue Satine, sur une note plus légère « on ne peut pas lui reprocher d’être sensible au charme d’un gars comme Jérémie. Qui ne mate pas Jérémie ? ».

    « Moi je ne le mate pas » se marre Daniel.

    « Je parle des femmes et des gars qui sont sensibles à ça » fait elle en tâtant ses biceps « putain, ça c’est du bras de mec ! ».

    « Pas touche ! » fait Martine en rigolant « il est bien trop jeune pour toi ! ».

    « C’est ça mon malheur, avoir un corps de 50 piges et aimer les mecs de 20 ! »

    « En plus il doit déjà avoir une copine » fait Martine « ou plein de copines… ».

    Jérém me lance un petit regard en biais, un regard amusé.

    « Eh, Nico, raconte-nous, il avait combien de copines au lycée ? » me prend à parti Martine.

    « Beaucoup, beaucoup de copines ! » je plaisante.

    « Tu rends dingue tout le monde ! » lance Nadine.

    « Mais je n’ai rien fait, moi » lâche mon bobrun, en mode parfait petit con, en simulant un air innocent et surpris, alors que son petit sourire est coquin et malicieux. Quant à son maillot, avec ses trois boutons désormais ouverts et qui laissent dépasser quelques petits poils et sa chaînette de mec, avec sa façon de souligner ses pecs et le V de son torse, avec les manchettes moulant ses biceps, est vraiment à hurler. Quelque part, je me dis que c’est tout simplement naturel qu’un mec aussi sexy attise les convoitises d’autres gays. Comment ça pourrait en être autrement ? J’ai vraiment du souci à me faire.

    « Je t’ai vu faire » se moque Nadine « tu lui as balancé un sourire, t’as bandé un peu tes biceps. Et lui, il a bandé ailleurs… ».

    « J’ai été victime de harcèlement » lance Jérém, l’air angélique.

    « Ah, bah, si tu ne veux pas te faire harceler, t’as qu’à pas être si sexy ! » lâche Satine.

    « Mais je n’ai rien fait, moi » il répète, d’un air coquin, en joignant à la parole un geste d’une sexytude inouïe, un geste faisant preuve de son goût prononcé pour le danger. Ce geste est celui d’attraper son maillot par le bas, de le soulever, en dévoilant au passage le bas-relief spectaculaire de ses abdos, tout un baissant la tête, comme s’il voulait s’essuyer le front.

    Paf ! Une nouvelle claque.

    Les sifflements féminins fusent dans la grande salle.

    « Mais mate-moi un peu ces abdos ! » fait Nadine.

    « J’ai les mêmes » plaisante Daniel.

    « Tu avais les mêmes, à son âge, si on en croit les photos… » fait Lola.

    « Moi, même à son âge, je n’avais pas les mêmes… » commente JP, réaliste.

    Le maillot retombe vite sur cette vision de bonheur et de désir. J’ai envie de lui…

    « Allez, finie la récré, on va peut-être ranger un peu tout ce bordel ! » lance Martine.

    Et pendant que Daniel recommence à jouer sur sa guitare et à débiter les couplets de Santiago, tous les autres cavaliers sans exception s’activent pour débarrasser la table, nettoyer, balayer.

    Soudain, ça sent la fin de la soirée, ça sent le départ, la fin de ce moment heureux. Au fond de moi, je me sens triste. Comme au dernier jour des vacances. J’ai envie que cette soirée dure encore.

    Hélas, en quelques minutes tout est rangé, et l’un après l’autre les cavaliers commencent à prendre congé. Des bises sont échangées lors d’aurevoirs prometteurs de joyeuses retrouvailles à cheval et/ou à table.

    « Merci à vous tous, qui avez fait de cette soirée, une fois encore, un moment heureux » lance JP à la petite assemblée.

    J’ai moi aussi envie de remercier tout le monde pour cette belle soirée, tellement riche en émotions ! Une envie que je n’ose pas assouvir.

    « Alors, tu restes dans notre région combien de temps ? » me demande Ginette après m’avoir fait la double bise d’au revoir.

    « Je ne sais pas encore, un jour ou deux ».

    « Si vous avez le temps, passez prendre un café à la maison ».

    « On essaiera de venir, oui » fait Jérém.

    « Vous avez prévu quoi pour demain ? » demande Charlène.

    « Rien de spécial » fait Jérém.

    « Si ça vous dit, on se refait une petite balade, histoire de bien remettre Nico en selle et de lui donner quelques astuces supplémentaires ».

    « Je ne sais pas trop »

    « On ne serait que tous les trois ».

    « T’en dis quoi, Nico ? ».

    « Moi ça me va » je lance, tout heureux de cette prolongation du bonheur ressenti pendant cette journée. Aussi, j’ai hâte de retrouver Charlène après la petite mise au point de la soirée, et j’ai hâte de voir comment Jérém a intégré son « sermon », hâte de voir comment il va se comporter avec elle, avec moi devant elle, hâte de savoir si Charlène va remettre ça sur la table, si elle va avoir envie d’en savoir un peu plus sur notre relation, de savoir comment son Jérémie est devenu « mon Jérém ».

    « Ok, c’est bon ».

    « Neuf heures chez moi ? ».

    « Ok, s’il ne pleut pas ».

    « Mais non, il va faire beau ! Venez même un peu plus tôt, on déjeunera ensemble ».

    « On viendra vers huit heures et on te donnera un coup de main aux chevaux ».

    « Ah, qu’il est bien ce petit ! ».

    « Tu en doutais encore ? ».

    « Non, parce que c’est moi qui t’ai bien dressé ».

    « Vieille peau ! ».

    « Petit con ! ».

    Leur complicité retrouvée me fait vraiment chaud au cœur.

    Nous faisons la bise de la bonne nuit à Satine, Marie-Line, Bernard et Carla qui sont les heureux squatteurs des niches en bois du relais.

    Charlène, Martine, Jérém et moi redescendons vers la pension, éclairés par la lampe frontale « troisième œil » de Charlène elle-même. Pendant le court trajet, les échanges portent sur la soirée, sur le bonheur simple et pourtant intense de ce moment de partage et d’amitié. Nous aurons le temps demain de revenir sur les sujets brûlants. Du moins, je l’espère.

    En arrivant à la voiture, Jérém sort les clefs de sa poche et les fait tomber par terre. Et alors qu’il se baisse, avec lenteur et hésitation, pour les ramasser, j’entends Charlène lui balancer :

    « Tu vas pas conduire, j’espère ? ».

    « Et pourquoi pas ? ».

    « Parce que t’as pas mal bu ».

    « T’as compté mes verres ? ».

    « Non, mais t’as pas l’air d’être en état de conduire ».

    En effet, mon Jérém a l’air un tantinet éméché.

    « C’est pas loin, t’inquiète ».

    « Je m’inquiète si je veux ! Nico, tu conduis, ok ? ».

    « Oui, je peux conduire ».

    « Je vais conduire » insiste Jérém.

    « Tu ne vas pas gagner » rigole Martine.

    « Donne lui les clefs ! » insiste Charlène.

    « Non ! ».

    « Donne lui les clefs ou je te mets une fessée ! ».

    « Ne lui donne pas les clefs… c’est moi qui vais lui mettre une fessée ! Je rêve de mettre une fessée sur ce cul d’enfer » fait Martine, morte de rire.

    « Allez, prends les clef, sinon elle va nous faire un scandale » me lance Jérém, sur un ton faussement agacé, la voix un brin pâteuse, le regard un peu ahuri, témoin d’un début d’ivresse qui le rend à la fois touchant et sexy en diable.

     « Mais tu fais attention à ma voiture, elle est presque neuve » il ajoute sur un ton d’autodérision.

    « Elle est presque bonne pour la casse tu veux dire ! » lui balance Martine.

    Un instant plus tard, nous échangeons avec Charlène et Martine les dernières bises de la soirée.

    « Bonne nuit ! » lance cette dernière en démarrant sa voiture.

    « A demain, les mecs ! » fait Charlène en prenant la direction de sa maison.

    Elle n’a pas fait vingt pas que mon bobrun essaie à nouveau de n’en faire qu’à sa tête.

    « Allez, file-moi les clefs ».

    « Non, je conduis ».

    « Tu connais pas la route ».

    « Si. Laisse-moi faire, s’il te plaît ».

    « Vous me fatiguez » fait-il, tout en prenant place côté passager.

    J’ouvre la porte et je prends place côté conducteur. Je viens de claquer la porte, et immédiatement je réalise à quel point ça me fait bizarre de m’installer au volant de cette voiture, la 205 rouge de mon Jérém, cette voiture mythique dans laquelle je suis monté un certain nombre de fois, de retour de boîte, direction l’appartement de la rue de la Colombette.

    Soudain, je repense à ce lieu, cet appart, cette adresse magique dans laquelle j’ai connu l’amour avec mon Jérém. Je réalise que je ne reverrai certainement plus jamais cet endroit. Est-ce qu’il a déjà été reloué ? Qui a pris la place de mon Jérém ?

    Ce qui est certain, c’est que le nouveau locataire est loin d’imaginer ce qui s’est passé entre ces murs, le plaisir qu’on s’est donné, Jérém et moi, le nombre d’orgasmes qu’on s’est offerts. Il ignore qu’entre ces quatre murs j’ai été heureux, triste, jaloux, blessé, frustré, désespéré.

    Oui, je réalise que je ne reverrai plus jamais cet appart. Et cette idée me remplit de désolation. Ce lieu, c’était L’adresse de Jérém. C’était le lieu où je pouvais espérer le retrouver. Son ancrage dans l’espace. Et c’était un ancrage que je pouvais atteindre en quelques minutes de marche à pied. Désormais, quel sera l’encrage de mon Jérém ? Où est-ce que je vais pourvoir le retrouver ? Combien d’heures de voiture, de train, d’avion, pour rejoindre mon bobrun ?

    « Qu’est-ce qu’il y a, t’as pas trouvé la clef ? » fait Jérém, en me tirant de mes réflexions.

    Jérém parle fort, et sa voix est raillée. Son haleine est clairement alcoolisée. Charlène a eu bien raison d’insister pour que je conduise à sa place.

    « Si, si… ».

    J’ai envie de conduire, et c’est mon devoir de le faire, car Jérém est vraiment éméché. Mais une partie de moi appréhende l’idée de conduire devant mon bobrun. Je viens d’avoir le permis, il l’a depuis plus d’un an. De plus, ce n’est pas ma voiture. J’ai peur de perdre mes moyens, de me mélanger les pinceaux, de conduire comme un pied. J’ai peur de ne pas être à la hauteur. Non pas que je cherche à l’impressionner, mais je n’ai pas envie non plus de passer pour un nul devant le mec que j’aime.

    En m’installant dans le siège de Jérém, j’ai l’impression de me glisser dans sa peau, de voir le monde avec ses yeux. Je le regarde, enfoncé dans le siège côté passager, le regard dans le vide, et j’ai l’impression de ressentir ce qu’il ressentait lorsqu’il me prenait en voiture avec lui, lorsqu’il conduisait. Le simple fait d’être au poste de conduite donne de l’assurance, comme une illusion de « pouvoir ».

    « Allez, on y va ou quoi ? Tu veux que je conduise ? » il me taquine.

    « Non, c’est juste que ça me fait bizarre de me retrouver sur ce siège ».

    « Allez, roule ! » il lâche, sans essayer de comprendre ma remarque.

    Et je démarre enfin. Après un petit différend avec le levier de vitesse pour trouver la marche arrière qui n’est pas positionné de la même façon que sur ma voiture, je roule. Jérém descend la vitre à moitié, il allume une cigarette et s’enfonce un peu plus encore dans le siège.

    Ah, putain, qu’est-ce qu’il est sexy dans son maillot Wilkinson et avec sa cigarette !

    « Ça va ? » il me demande, après un petit moment de silence. Et là, je sens sa main gauche se poser doucement sur ma cuisse. Son pouce fait de petits va et vient appuyés, comme une petite caresse tendre et complice. J’ai envie de lui faire plein de câlins. J’ai envie de pleurer de bonheur.

    « Oui, très bien, et toi ? » je finis par répondre.

    « Oui » il lâche.

    « C’était une super soirée ».

    « C’est toujours des super soirées avec eux ».

    Soudain, je repense à cette conversation sur l’homosexualité, à cette ouverture d’esprit dont tous les cavaliers ont fait preuve ce soir. Vraiment, j’étais loin d’imaginer que des gens aussi géniaux puissent exister. Ce soir, ces gens m’ont aidé à m’accepter un peu plus, à m’aimer un peu plus, ils m’ont convaincu un peu plus de la légitimité de mon orientation sexuelle. Ils m’ont donné envie de me battre pour ce que je suis. J’espère que ça en est de même pour Jérém. J’ai envie de mettre le sujet sur le tapis, mais je me dis que ce n’est pas le bon moment. Il y aura d’autres occasions.

    Jérém est en pleine phase décuve-cigarette. Le silence s’installe. Je conduis lentement, il fume lentement. A un moment, je sens son regard insistant sur moi.

    « Qu’est-ce qu’il y a ? » je finis par lui demander.

    « C’est la première fois que tu conduis ma bagnole ».

    « Merci de me faire confiance ».

    « Le seul à qui je l’ai laissé conduire, c’est Thib. Avec lui, je me sentais en confiance ».

    « Avec toi aussi je me sens en confiance » il ajoute, après avoir repris une taffe.

    Ça fait du bien d’apprendre que Jérém m’accorde sa confiance très sélective. Comme à Thibault, le mec le plus rassurant que je connaisse. Voilà une belle marque de considération.

    Une nouvelle fois je me sens bien dans son regard. Je commence à m’habituer à ce regard bienveillant, encourageant, valorisant.

    « Merci, Jérém ».

    Un instant plus tard, sa main quitte ma cuisse, elle se pose sur mon cou et entreprend de caresser le bas de ma nuque. Instantanément, un frisson géant se propage dans mon corps et a raison de ma concentration sur la conduite. Je suis troublé, et je mets un coup de frein aussi brusque qu’involontaire.

    « Qu’est-ce qu’il y a ? ».

    « Rien, c’est juste que quand tu me caresses là, ça me perturbe ».

    « Ok, j’arrête ».

    « Non… enfin… si… j’adore ça, mais je conduis, là ».

    « Ok, ok ».

    Oui, son haleine sent l’alcool. Mais Jérém n’a pas l’alcool mauvais, non, il a l’alcool câlin. Un instant plus tard, il pose le dos de sa main sur ma joue, il commence à la caresser tout doucement. Il fait des aller retour jusqu’à mon oreille, qu’il titille de façon répétée. Je frémis, j’ai envie de pleurer.

    « Tu kiffes ça, hein ? ».

    « Je ne peux même pas t’expliquer à quel point ! ».

    Et alors que ses doigts continuent de caresser mon visage, je tourne ma tête d’un coup et je pose un bisou sur sa main.

    Pour toute réponse, le bogoss s’approche d’un geste rapide et il pose un bisou tout doux dans mon cou.

    « Merci » je l’entends chuchoter de façon tout juste perceptible.

    « Merci de quoi ? ».

    « Merci d’être là ».

    « Je suis bien avec toi » je lâche, une vérité venant du profond de mon cœur.

    « Je ne te mérite pas ».

    « N’importe quoi. Pourquoi tu dis ça ? ».

    « Je t’ai fait trop de mal ».

    « C’est derrière nous tout ça ».

    « Je ne veux plus te faire du mal ».

    « Ça n’arrivera pas ».

    « Dans quelques jours, on va être loin ».

    « Je viendrai te voir à Paris ».

    « Ça ne suffira pas ».

    « On se verra à chaque fois qu’on pourra ».

    « Ne m’oublie pas, Nico ».

    A cet instant précis, j’ai l’impression que mon cœur vient de s’arrêter. Jérém ne m’a jamais dit « je t’aime ». Mais ce « Ne m’oublie pas, Nico » sonne dans ma tête comme une formulation alternative de ces trois petits mots que je rêve de lui entendre prononcer un jour.

    Non, jamais je n’aurais imaginé entendre un jour une phrase comme celle-ci dans la bouche de Jérém. Alors lui aussi s’inquiète de l’avenir de notre amour. Alors, lui aussi a peur de me perdre. C’est touchant, adorable, émouvant. Parfois, l’alcool sait si bien faire les choses.

    « Comment veux-tu que je t’oublie ? » j’ai à la fois envie et besoin de le rassurer « tu es le mec que j’aime, je ne pourrais jamais t’oublier ! ».

    Son regard doux et perdu me fait fondre. J’ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps. Et je pleure en silence. Mais lorsque mon bobrun se penche vers moi, lorsqu’il pose un nouveau bisou dans le creux de mon cou, lorsqu’il pose sa tête sur mon épaule, je pleure pour de bon. J’ai envie de le couvrir de bisous et de câlins.

     « Toi non plus, ne m’oublie pas » je lui retourne.

    « Je ne t’oublierais pas ».

    « Ça me fait plaisir de repartir en balade avec Charlène et toi, demain » j’ajoute, après un moment de silence..

    « A moi aussi ça me fait plaisir ».

    « Tu avais raison, cette nana est vraiment super ».

    « Elle est un peu casse couilles, mais elle est top ».

    « Elle l’a bien pris ».

    « De quoi ? ».

    « Pour nous ».

    « Ouais ».

    « Alors ça t’embête plus qu’elle nous ait vus ? ».

    « Je ne sais pas… enfin, je ne crois pas. Charlène fait partie des quelques personnes que j’avais envie de mettre au jus. Elle a raison, si je t’ai présenté, c’est parce que j’avais envie qu’elle sache. Et si j’ai eu envie, c’est que je suis bien avec toi. Je regrette juste qu’elle l’ait appris en nous voyant, de ne pas avoir eu les couilles de lui dire direct ».

    « C’est pas grave qu’elle l’ait appris comme ça. Parfois, il faut laisser faire les choses ».

    « J’avais quand même peur de sa réaction, j’avais peur de la décevoir ».

    « Ca n’a pas été le cas ».

    « Non ».

    « Et ce sont qui les autres personnes que tu voulais mettre au courant ? ».

    « Maxime, mais c’est lui qui m’a tiré les vers du nez… et aussi Thib… ».

    Soudain, j’ai l’impression de recevoir les réponses à bon nombre de questions.

    « C’est pour ça que tu lui as proposé de faire un plan à trois ? ».

    « Ça s’est présentée comme ça, c’était pas prévu. Tu étais là, il est passé à l’improviste. Alors je lui ai proposé de lui faire découvrir cette partie de ma vie que je lui avais cachée jusque-là… ».

    « Tu sais pourquoi il était passé cette nuit-là ? ».

    « Je pense que c’était à cause de ce qui avait failli se passer entre nous quelques jours plus tôt et du froid que ça avait mis entre nous ».

    « Vous alliez failli coucher ensemble ? ».

    « Je t’en ai déjà parlé… ».

    « Oui, oui… Mais Thibault savait déjà pour nous. Un jour il m’a fait parler. Mais il savait bien avant ».

    « Thibault est un gars génial, et il me connaît comme ses poches. Je me doutais qu’il savait, il m’avait tendu des perches, mais je n’avais pas osé les saisir. Si je n’osais pas, c’est aussi parce que je savais que Thibault ressentait des trucs pour moi. Je ne voulais pas lui faire de la peine. Et pourtant, j’avais envie qu’il sache. Alors, quand cette occasion s’est présentée, j’ai voulu lui montrer ce qu’il y avait entre nous deux, mais j’ai voulu aussi lui montrer que ce n’était que du sexe, parce qu’entre mecs, il n’y avait que la baise qui était possible ».

    « Et en aucun cas des sentiments… ».

    « Voilà, je voulais qu’il voit ça, qu’il le comprenne, et je voulais y croire aussi ».

    « C’est pour ça que ce soir-là tu as été aussi brutal avec moi ? ».

    « Oui, je suis désolé ».

    Dans le noir, mon bobrun me fait plein de bisous sur la joue et dans le cou.

    Je suis heureux. Même s’il n’est pas encore prêt à afficher notre amour au grand jour, j’ai à nouveau l’impression que, pierre après pierre, l’édifice magnifique de notre amour est en train de grandir.

    Un nouveau silence s’installe.

    « Alors, il t’a vraiment dragué, Sylvain, tout à l’heure ? » j’ai envie de savoir.

    « Il a été relou ».

    « Il t’a fait des propositions ? ».

    « Non, mais il n’arrêtait pas de me causer ».

    « Il te disait quoi ? ».

    « Au début, il était marrant. Mais après, il a commencé à me saouler ».

    « Allez, raconte ! ».

    « Il voulait savoir si on était plus que potes ».

    « Et tu lui as dit quoi ? ».

    « Je suis resté vague ».

    « Et c’est tout ? ».

    « Après il a commencé à me dire que je montais super bien à cheval, que j’étais bomec, qu’il kiffait les mecs comme moi, musclés et sportifs. Et puis, rebelote, il a recommencé à me saouler avec des questions sur ma vie sexuelle. Il m’a dit que s’il avait eu un camarade de lycée comme moi, il se serait débrouillé pour coucher avec avant le bac. Je crevais d’envie de lui dire que c’est exactement ce qu’on avait fait toi et moi, mais je me suis dit que ça ne le regardait pas ».

    « Bref, il t’a vraiment dragué… ».

    « Oui ».

    « Et ça t’a fait quoi ? ».

    « Rien du tout, en plus je ne le kiffe pas du tout. Il a une tête de mec chiant, une voix de mec chiant, une dégaine de mec chiant. Bref, c’est un mec chiant ».

    « Et si ça avait été un bogoss qui t’avait fait du rentre dedans ? ».

    « Nico, t’as pas à t’inquiéter, c’est de toi que j’ai envie. J’avais tellement envie de toi ce soir… ».

    « Ah bon ? ».

    « Pas toi ? ».

    « Non… moi j’avais juste envie de câlins… » je le balade.

    « Ah bon… juste de câlins… ».

    « Parfaitement ».

    « Je ne te crois pas ! » fait-il, avec un petit rire coquin à craquer, un regard de petit voyou sexy en diable.

    « C’est ça… ».

    « Alors, comme ça, pendant la soirée tu avais juste envie de bisous… » il me relance, après un instant de silence.

    « Oui… et quoi d’autre ? T’avais envie de quoi, toi ? » je le cherche.

    « Moi j’avais envie de t’allonger sur la grande table en bois et de te prendre direct ! ».

    « T’avais envie de me remplir ? ».

    « Tu peux pas savoir ! ».

    « Comme la fois sur le banc de massage au terrain de rugby ? ».

    « Ah, putain, qu’est-ce que c’était bon ce soir-là ! ».

    « C’est toujours bon avec toi, Jérém ».

    « C’est clair, c’est toujours bon quand on le fait tous les deux ».

    « Moi aussi ce soir j’avais envie de toi » je finis par admettre « j’avais envie de toi depuis ce matin. T’es tellement sexy à cheval ! ».

    « Il paraît, oui » fait-il, le regard impertinent et l’air satisfait de sa bogossitude, comme une évidence.

    « Petit con, va ! ».

    « C’est vrai, les filles m’ont toujours dit ça » fait-il, l’air innocent. Il est à craquer !

    « Elles sont folles » je commente.

    « C’est bien vrai, mais elles sont marrantes ».

    « Jérém, tu me rends dingue ».

    « Toi aussi ».

    « A midi, c’était trop bon dans les bois, c’était trop excitant, j’ai joui comme un fou ! ».

    Jérém ne dit rien mais je le sens fier que je lui dise ça. Je le sens bien excité, en plus que pas mal éméché. Je sens que le retour à la petite maison va être chaud.

    Mais en passant la porte d’entrée, la première chose que je constate, avec dépit, c’est que depuis notre départ de la maison au matin, le feu dans la cheminée est mort.

    Et pourtant, je ne me suis pas trompé, la chaleur ne va pas manquer. Dès le seuil franchi, Jérém me plaque contre le mur, il m’embrasse fougueusement, nos langues se mélangent, nos corps s’enlacent, se caressent, s’excitent. Son envie de me faire des câlins à la fois doux et sensuels semble insatiable. Nos deux queues tendues se cherchent à travers les couches de vêtements qui ne vont pas tarder à sauter.

    « Attends, bouge pas… » fait le bobrun, la voix étouffée par l’excitation, en quittant soudainement notre accolade.

    « Où veux-tu que j’aille ? Tu es là, alors c’est ici et nulle part ailleurs que j’ai envie d’être ».

    Je regarde mon bobrun dégager un peu les cendres dans l’âtre sans vie, mettre quelques brindilles de bois, les allumer avec son briquet, rajouter du bois plus massif, et faire repartir un beau feu crépitant en une minute chrono.

    Très vite, les bruits, les odeurs, les lumières et la chaleur de la cheminée atteignent et dépassent mes sens, ils se rejoignent au plus profond de mon cœur pour afficher une seule et unique sensation : le bonheur.

    Lorsque mon bobrun revient vers moi, il me plaque direct face contre mur et dégrafe mon pantalon de cheval. Je sens son souffle brûlant et alcoolisé sur mon cou. Je sens son envie, puissante, sauvage. Je la ressens dans ses gestes précipités, témoignant de l’urgence de son désir, et aussi de son état d’esprit, désinhibé par l’ivresse. Je sais à quel point l’alcool peut rendre mon bobrun sexuellement déchaîné. J’ai hâte de découvrir ce qu’il me réserve ce soir. Comment il va prendre son pied. Quelles vont être ses attitudes. Comment il va me secouer. La proximité de sa virilité en surchauffe m’excite au plus haut point.

    Ses mains fébriles descendent mon pantalon, ouvrent le sien, son gland fait des va-et-vient lents et appuyés sur le coton de mon boxer. Mon excitation s’envole vers des sommets vertigineux.

    Mais je suis loin d’avoir tout vu. Un instant plus tard, ses mains font glisser mon boxer le long de mes cuisses. Son gland entreprend de faire de nouveaux va-et-vient dans ma raie, son corps plaque et enveloppe le mien de toute sa puissance. Le bogoss passe ses mains sous mon t-shirt et vient exciter mes tétons.

    « J'ai envie de toi… » je l’entends me chuchoter à l’oreille.

    « C’est moi qui ai envie de toi, comme un fou » je lâche, comme une délivrance.

    « Tu veux ma queue, hein ? ».

    « Je la veux, oui ».

    « Tu l'aimes ma queue ».

    « Oh, que oui ! ».

    « T’as envie de te faire défoncer, hein ? ».

    « Oh, oui !!!! ».

    « De te faire remplir ».

    « J’ai tout le temps envie d’être rempli de toi, de ton jus… ».

    « Tu vas l’avoir mon jus ! ».

    Et ce disant, Jérém retire ses mains de mes tétons. Je l’entends cracher, je sens ses doigts lubrifier et travailler brièvement mon trou. Un instant plus tard, je sens sa queue glisser lentement en moi, me jauger, prendre possession de moi, m’envahir.

    La position, debout, face au mur, la pénétration directe, la précipitation et l’urgence de ses mouvements, son excitation extrême : son attitude n’est pas sans me rappeler celle qui avait été la sienne lors de notre arrivé à l’appart de la rue de la Colombette après le bac philo, après que je l’avais bien chauffé pendant toute la durée de l’épreuve…

     

    Jérém&Nico, le Livre ! 

    Jérém : qui est-il ce garçon? 

    PS : je cherche un pro des réseaux sociaux et autres moyens de communications pour orchestrer la promo du livre. Candidature à envoyer par retour de ce mail. Merci ! 

     


    Après une longue gestation, le premier livre de Jérém&Nico est enfin imprimé et prêt à être expédié.
     

    Ce livre reprend les 40 premiers épisodes de l'histoire, enrichis de nombreux passages piochés dans les épisodes plus récents, lorsque ces derniers s’intègrent aux premiers de façon intéressante. 

    Il en résulte une toute nouvelle structure narrative, allégée et plus cohérente. 

    Tu peux commander ta copie dédicacée en version papier ou epub (pour liseuse) via la plateforme tipeee.com/jerem-nico-s1.  

    Pour commander le livre en version epub, cliquer ici. 

    Pour commander le livre en version papier, cliquer ici. 

    En achetant le livre papier ou numérique, tu contribues au travail d’écriture de la suite de l’aventure Jérém & Nico. 

    Merci d’avance pour ta contribution à Jérém et Nico ! 

    Fabien 

     

    Jérém&Nico 

    L'inspiration 

    « Jérém & Nico est une histoire qui est venue à moi un jour d’été, un jour où j’ai eu l’intuition que je devais construire autre chose, réorienter ma vie tel un fleuve creusant un nouveau lit qui ferait dévier son cours ». 

    L'histoire 

    Jérémie est un beau brun ténébreux, rugbyman et tombeur de nanas. Son camarade de lycée Nico est un jeune homo à l’esprit pur et rêveur. 

    Pourtant, c’est Jérémie qui, lors des révisions pour le bac, initie Nico à l’amour physique entre garçons.  

    Mais alors que Jérémie ne semble intéressé que par le sexe, Nico est fou amoureux de lui. Ainsi, l’amour physique avec le beau brun, pourtant explosif, ne lui suffit pas.  

    Mais qui est réellement Jérémie ? Comment vit-il leurs « révisions » sexuelles avant le bac ? Que ressent-il vraiment pour Nico ?  

    Quel rôle pour Thibault, le meilleur ami de Jérémie, à qui Nico finira par se confier ?  

    L’histoire se déroule à Toulouse entre 2001 et « nos jours ». C’est en effet en 2018 que le Nico adulte raconte ses années lycée et fac.  

    Nico n’a jamais pu oublier son Jérém. Bien que depuis tant de temps déjà, leurs vies ne marchent plus ensemble.  

     

     


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    Jérém&Nico, le Livre ! 

    Jérém : qui est-il ce garçon ? 

     

    0212 Une soirée très riche en émotions (partie 1).

     

    PS : En achetant le livre papier ou numérique, tu contribues au travail d'écritude de la suite de Jérém&Nico. Merci d'avance !

     

    PS2 : Je cherche un pro des réseaux sociaux et autres moyens de communications pour orchestrer la promo du livre. Candidature à envoyer par retour de ce mail. Merci ! 

     

     

    Ce récit et ses dialogues sont de la pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé, ou avec des faits réels, est à considérer comme purement fortuite.

    Cet épisode a été écrit en grande partie au cours d’un voyage entre Québec et Montréal. C’est pour cette raison que j’ai décidé de le dédier aux lecteurs (nombreux) qui suivent Jérém&Nico au pays du (délicieux) sirop d’érable.

    Désolé pour ce délai depuis le dernier épisode, l’été est une période très chargée. Merci à ceux qui ont manifesté leur impatience de lire la suite de Jérém&Nico.

    Solo chi sogna puo’ volare (Seuls ceux qui rêvent peuvent voler).

     

    De retour de notre balade, nous dessellons nos chevaux et nous les ramenons au pré en contrebas de la pension de Charlène. En remontant, nous passons par l’écurie pour déposer les selles et les harnachements. Et là, Jérém m’attrape par la main, m’attire dans un box, il me plaque contre le mur, il me prend dans ses bras et il m’embrasse fougueusement.

    Nous sommes tellement happés par nos effusions, que ni lui ni moi ne nous rendons compte que quelqu’un est rentré dans l’écurie. Nous nous apercevons de sa présence que lorsqu’elle apparaît sur le seuil du box, le regard abasourdi, lorsqu’elle tente de se dérober, en lâchant un :

    « Oh… pardon… ».

    Un instant plus tard, alors que Charlène détale à toute vitesse, Jérém relâche illico notre étreinte pour lui courir après, l’air paniqué.

    « Attends, Charlène ! » je l’entends l’appeler pour essayer de la rattraper.

    Secoué par ce qui vient de se produire, je n’ose quitter le box, je suis la scène à distance.

    « J’ai pas fini de desseller… ».

    « C’est pas ce que tu penses… ».

    « Dis pas de bêtises, Jérémie… je… ».

    « Ah, tu es là, Charlène… » je reconnais la voix de Martine « tu n’aurais pas du ruban à clôture ? ».

    « Si… si… ».

    « Mais qu’est-ce qui se passe ici ? Vous avez l’air d’avoir vu un fantôme… ».

    Après un instant de flottement, Charlène finit par lâcher :

    « Non, rien de grave… euh… Jérémie vient de me dire qu’il pense que son Unico s’est fait une entorse… enfin… j’espère que c’est pas trop grave ».

    Sacrée répartie la Charlène.

    « Ah, c’est pas cool ça ».

    « Je vais aller le voir » fait Jérém, pressé de se soustraire aux questionnements de Martine.

    « Oui, tu me diras ce qu’il en est. On en reparle plus tard » fait Charlène.

    J’attends que tout le monde soit reparti avant de sortir du box et d’aller rejoindre Jérém.

    Il n’a pas menti, il est effectivement descendu au pré. Il se tient à côté de son Unico. Il le caresse d’une main, tout en fumant une cigarette avec l’autre. Mon bobrun a l’air soucieux.

    « Ça va ? ».

    « Oui, ça va » il lâche, sur un ton sec et expéditif.

    Malgré sa réponse, je sais que ça ne va pas. Son regard complice et doux de tout à l’heure a complètement disparu de son visage. Ses yeux sont fuyants, inquiets.

    « Ça t’embête que Charlène nous ait vus ? ».

    « T’occupe pas de ça ».

    Je le sens vraiment à fleur de peau.

    « Je ne pense pas qu’elle va mal le prendre… ».

    « J’en sais rien… ».

    « Je pense que tu n’as pas à t’inquiéter. Elle est tellement bien cette femme. Et puis, elle t’aime trop ».

    Jérém ne répond pas, il fume nerveusement, comme s’il marchait sur des braises.

    « Je pense qu’elle va garder ça pour elle, de toute façon » je tente de le rassurer.

    « On arrête de parler de ça, ok ? On va aller à la soirée et on va essayer de faire comme si rien ne s’était passé. Ce soir, on s’amuse avec les autres »

    « Jérém… ».

    « S’il te plaît ».

    « D’accord… »

    Pendant que nous remontons vers la pension, Jérém demeure silencieux. Je comprends bien que ce petit accident puisse le toucher. Un coming out involontaire, c’est un coming out pour lequel on n’est pas prêts, c’est un coming out « volé » d’une certaine façon. Je connais ça, j’ai vécu la même chose avec maman, le jour où Jérém et moi on s’est tapé sur la gueule.

    Pourtant, je suis quelque part déçu qu’il soit à ce point secoué par ce petit accident. C’est vrai, après tout, qu’est-ce que ça peut faire que Charlène soit au courant ? Charlène m’a l’air de quelqu’un parfaitement à l’aise avec les réactions entre garçons, il suffit de regarder son attitude vis-à-vis de Loïc et Sylvain. Alors, je ne vois vraiment pas en quoi le fait de savoir que son protégé aime un garçon pourrait lui poser un problème.

    Je crois plutôt que c’est à Jérém que cela pose problème. Le fait que désormais sa « maman de substitution » sache, rend tout cela un peu plus vrai, et l’oblige à regarder les choses en face, et à les regarder d’encore plus près. Un coming out nous met en face de nous même, comme devant un miroir. Un coming out, c’est mettre des mots sur une partie de notre intimité, et partager cette intimité avec une autre personne. Les mots et leur partage, sans eux, rien n’existe. Car ce sont eux qui font tout exister. Dès lors qu’on a mis des mots sur quelque chose, cela devient irréversiblement réel, pour l’autre, et pour nous.

    « C’est pas ce que tu penses… ».

    Ce petit accident me montre à quel point Jérém n’est pas du tout prêt à s’assumer, même devant les personnes qui l’aiment le plus et qui sauraient sans doute le mettre à l’aise vis-à-vis de tout ça. Depuis deux jours, j’avais l’impression que les choses étaient vraiment en train d’évoluer dans le bon sens dans la tête de Jérém. A cet instant, j’ai à nouveau l’impression que ça ne changera jamais, que notre histoire est destinée à rester discrète, cachée, loin des regards « tiers ».

    Soudain, j’ai comme l’impression d’avoir un aperçu de ce que je vais vivre à l’avenir dans notre relation. Non pas une existence épanouie et assumée, mais une sorte de huis clos.

    A cet instant précis, je réalise à quel point j’aspire à ça, à une vie à deux, et non pas une vie en cachette. Je ne parle pas de peindre ma future maison, notre future maison, en rose Barbie ou avec les couleurs de l’arc en ciel, je ne parle pas non plus de m’habiller, de parler, de penser, d’avoir des fréquentations « gay » H24.

    Non, rien de tout ça. Je n’aspire qu’à une vie de relative normalité, une vie où nos amis et nos familles seraient au courant que nous nous aimons, sans que cela pose de problème. Une vie dans laquelle nous serions un couple parmi d’autres, hétéros ou pas, une vie où le fait que nous soyons deux mecs en ménage ne serait pas notre principale caractéristique dans le « fichage inconscient » des gens qui nous entourent. Je rêve d’une vie ou le fait que je sois « gay et en couple avec un autre gars », ne prenne pas plus de place dans mon « curriculum social » que « je suis châtain », j’ai la barbe qui rouquine », « je suis né en 1983 », « j’ai fait telles études », « j’exerce tel métier », « je suis quelqu’un de gentil ».

    Est-ce que Jérém pourra un jour m’offrir ce genre de vie ? A quelle distance se situe-t-il ce jour béni ? Est-ce que je suis prêt à l’attendre ? Et si jamais ce jour ne venait jamais ?

    Tu te vois, Nico, à passer toute une vie à cacher ta relation avec l’homme que tu aimes ?

    Soudain, j’ai l’impression de me retrouver sur le bord d’une falaise, face à un abîme infini. J’ai l’impression que je n’y arriverai pas avec Jérém, que tout mon amour ne suffira pas à le mettre suffisamment en confiance pour l’amener à s’accepter et à nous accepter. Une immense mélancolie m’envahit. Je suis au bord des larmes.

    Puis, je sens un petit espoir poindre dans mon esprit. J’ai entendu Charlène lâcher à Jérém un « on en parle plus tard ». J’espère vraiment qu’elle va le faire, et qu’elle va surprendre Jérém par sa tolérance et sa bienveillance. Charlène a un ascendant énorme sur mon bobrun et je suis certain qu’elle a un rôle, et pas des moindres, à jouer dans le chemin malaisé que mon bobrun doit parcourir pour arriver à s’aimer tel qu’il est. Pour arriver à m’aimer. Car, oui, avant de pouvoir m’aimer vraiment, mon bobrun a besoin de s’aimer lui-même, aimer tout ce qu’il est, sans exceptions.

    Nous arrivons à la voiture de Jérém. C’était en effet une bonne idée de prévoir des vêtements de rechange, car l’odeur du cheval imprègne les tissus de nos vêtements de la journée. C’était également une bonne idée de prendre une petite laine : le soleil va bientôt se coucher et l’air se fait très frais.

    Je regarde mon bobrun se changer et je ne peux le quitter des yeux. J’adore le voir se dessaper, même si c’est juste pour se changer.

    Lorsqu’il ôte son débardeur gris, la vision de son torse, de ses pecs, de ses abdos, de ses tatouages me frappe de plein fouet et manque de peu de m’assommer. Ce qui peut paraître étonnant, en sachant que depuis notre première révision je l’ai vu torse nu un bon paquet de fois. Et pourtant, à chaque fois que Jérém ôte son t-shirt, c’est toujours la même gifle puissante. C’est dingue comment ce gars est bien foutu. Ce torse est d’une beauté à vriller les tripes. C’est dingue le côté violemment viril apporté par ses poils.

    Et quand la beauté plastique se combine au souvenir de l’amour, le frisson ressenti est du genre à couper le souffle, à mettre ko.

    Ainsi, lorsque le bogoss ôte son pantalon de cheval et qu’il se retrouve en boxer, je me retrouve projeté dans un état second : ça dépasse l’ivresse visuelle, c’est carrément du « coma visuel ». C’est dingue le désir que ce gars m’inspire. C’est dingue l’effet qu’il me fait. J’ai terriblement envie de faire l’amour avec lui. C’était tellement bon, à midi, dans la nature. C’est tellement excitant de savoir que j’ai encore son jus en moi.

    Mon corps en redemande. Mon corps a besoin du contact de son corps, il besoin de sentir la vibration de sa virilité. J’ai envie de le sucer, envie de le faire jouir, j’ai envie de me donner à lui et de sentir la puissance de ses coups de reins. J’ai envie de le sentir autoritaire, un brin animal. J’ai envie qu'il m'étouffe avec sa queue, qu'il me noie avec son jus, qu'il m'envahisse avec son manche, qu'il me démonte au point d'avoir l'impression de l'avoir toujours en moi des jours plus tard.

    Pourquoi ce mec m'inspire une telle violente envie de me laisser remplir par sa virilité, de me laisser gicler partout où je pourrais accueillir son jus de mâle ? Pourquoi j'ai à ce point envie de voir sa petite gueule se crisper sous la vague de l’orgasme ? Pourquoi je crève d’envie de le sentir crier son orgasme ?

    Oui, sa presque-nudité me rend dingue. Et le fait qu’il s’apprête à la cacher sous un t-shirt et un pantalon aurait de quoi me faire hurler de frustration. Mais lorsque sa plastique de fou est « emballée » sous ce magnifique « papier cadeau » qu’est le maillot de Wilkinson, là je n’ai plus rien à dire, à part : putaaaaaaaaaaaaaaain ! Oui, putain, qu’est-ce qu’il est sexy dans ce maillot !

    Un simple polo dont la coupe frôle la perfection, dont toutes les coutures semblent conçues pour mettre en valeur les lignes, les muscles de la plastique de mon bobrun, avec une mention spéciale pour le relief de ses pecs, qu'on devine très, très, très bien sous le coton tendu. Un maillot qui, de plus, possède une symbolique bien à lui, celle du rêve de rugbyman de mon bobrun.

    Puis, dans la foulée, son boxer est éclipsé par un beau jeans surmonté par une belle ceinture de mec. Au final, avec son maillot, son jeans et ses jolies baskets rouges, mon Jérém est à hurler.

    Pourtant, force est de constater qu’au-delà de sa tenue, c’est son attitude naturelle qui fait sa sexytude. Je veux parler de sa façon de tenir son torse et son cou bien droits, ses épaules bien ouvertes, ses jambes légèrement écartées, ses pieds bien plantés sur le sol. Je veux parler de sa façon de tenir la cigarette d’une main, tout en gardant l’autre enfoncée dans une poche du jeans. Je veux parler de cette attitude de mec bien dans ses baskets, satisfait et fier de son corps et de sa bogossitude, une assurance masculine qui ne le quitte jamais, même dans des moments de doutes et d’inquiétudes comme celui-ci. Car sa sexytude et sa virilité transcendent son état d’esprit, son humeur. Jérém est sexy et viril même quand il fait la gueule.

    Et moi, j’ai encore plus envie de lui. J’ai trop envie de le sucer dans cette tenue, d’être à genoux devant lui, alors que sa queue dépasse juste de la braguette pour se faire bien astiquer pour disparaître à nouveau après qu’elle m’a rempli la bouche de jus bien chaud de bogoss.

    Pendant un instant, je suis à deux doigts de lui proposer une petite gâterie. Ça le détendrait tellement de jouir. Mais nous n’avons pas le temps, et ce n’est pas le lieu. Et puis, je vois bien qu’il n’a pas du tout la tête à ça. Il m’enverrait bouler à tous les coups.

    L’excitation de cet instant est telle qu’elle arrive à accaparer complètement mon esprit et me faire provisoirement oublier mes inquiétudes. Et alors que je finis de me changer, le bogoss termine sa cigarette, désormais appuyé contre le flanc de la voiture, les jambes croisées, l’une légèrement pliée, la pointe d’une basket posée au sol. Ah, comme j’ai envie de lui !

    Un instant plus tard, alors que la nuit commence à s’installer, nous remontons à pied un chemin qui part du centre équestre et qui mène au minuscule village de Pélées. Sur le chemin, nous rattrapons un petit groupe de cavaliers qui s’avère être composé de Satine, de JP et de Carine.

    « Alors, comment ça va le dos, Nico ? » m’interroge Carine.

    « Ca va aller… je ne sens presque plus rien… ».

    « Tu nous as fait peur… » fait JP.

    « C’est le métier qui rentre… » conclut Satine.

    « Jérémie, tu peux être vraiment fier de ton camarade. J’en connais pas beaucoup qui feraient ce que Nico a fait aujourd’hui, pour son baptême à cheval ».

    « Oui » fait Jérém, laconique.

    J’ai peur que sa mauvaise humeur nous gâche la soirée. J’ai peur que les autres cavaliers la remarquent, qu’ils cherchent à savoir, et que Jérém se rebiffe. Surtout si, comme je l’imagine, mon bobrun va essayer de trouver du réconfort et de l’apaisement dans la boisson. Mais en attendant, qu’est-ce qu’il est sexy dans son maillot Wilkinson !

    Le relais est un grand bâtiment en briques rouges situé à l’entrée du minuscule village. Une bâtisse faisant partie d’un corps de ferme plus vaste et qui, dans le temps, a certainement dû être une étable. Il est entouré par un petit pré clôturé avec du ruban blanc dans lequel quatre chevaux sont en train de paître.

    Nous rentrons par une petite porte qui donne sur un premier espace, pas plus grand que le studio de la rue de la Colombette, mais au plafond très haut. A droite, une curieuse structure en bois attire mon attention. Neuf loges y sont aménagées, occupant la totalité de la paroi, on dirait un lit superposé à plusieurs étages. Et en effet, quatre des loges sont occupées par des sacs de couchage multicolores. Apparemment, quatre chevaux et quatre cavaliers vont dormir au relais cette nuit.

    Nous tournons sur la droite et avançons vers une nouvelle porte.

    « Les toilettes, c’est ici » m’explique Carine, en m’indiquant une toute petite porte sur la droite « ça ne fait pas longtemps qu’elles ont été installées ».

    « Elles ont été installées à la demande réitérée, très réitérée, des nanas de l’assos » plaisante JP.

    « Bah, oui, vous les mecs c’est facile, vous sortez le tuyau et vous faites pipi n’importe où. Pour nous, les nanas, c’est pas pareil » s’insurge Satine.

    « C’est clair » confirme Carine.

    « Si tu t’en sers, Nico, tu nous raconteras comment tu as vécu cette expérience… extrême » fait JP sur un ton faussement sérieux et, de ce fait, très hilarant.

    « Pourquoi, elles ont quelque chose de particulier ? ».

    « Ce sont des toilettes sèches » explique Carine.

    « Tu fais ce que t’as à faire et tu recouvres avec de la sciure, il y a un stock juste à côté » précise Satine face à mon silence interrogatif. J’avoue que je ne connaissais pas le concept.

    « Tu fais comme les chats : tu fais, tu grattes et tu recouvres… » plaisante JP, tout en ouvrant la porte qui amène dans la salle principale du relais.

    Chaleur, lumière, simplicité (dans le décor, les fringues, dans les relations humaines), conversations enjouées, rires sonores. En résumé, impression d’un endroit extrêmement accueillant : voilà ce que je ressens en une fraction de seconde alors que la porte vient tout juste de s’ouvrir. Je suis impatient de pénétrer dans ce lieu, de plonger dans cette ambiance, de me laisser transporter par cette soirée qui s’annonce tout aussi agréable que la journée que je viens de vivre. Si seulement mon bobrun arrêtait de faire la gueule !

    Le grand espace est dominé par une grande cheminée dans laquelle crépite un beau feu qui fait chaud au corps et au cœur. C’est fou comment un simple feu de cheminée peut donner une profonde impression de bien-être et de bonheur. C’est le cas pour moi. D’autant plus que le crépitement et l’odeur du bois qui brûle me rappellent les sensations découvertes dans la petite maison de Jérém. Des sensations que j’associe désormais au bonheur le plus absolu.

    La grande pièce doit faire une hauteur d’au moins 4 mètres, et elle est surmontée par un plafond en bois soutenu par des vieilles poutres apparentes. Un beau lustre rustique, constitué d’une ancienne roue de charrette sur laquelle ont été installées des ampoules, y est suspendu par de nombreuses chaînes. Les murs interminables sont peints à la chaux et présentent de nombreuses traces d’infiltration d’eau par le toit. Sur ma gauche, une petite fenêtre et une grande porte fenêtre, l’une comme l’autre fermées. Sur ma droite, un escalier en bois plutôt raide conduit certainement au grenier.

    Une immense table, entourée de longs bancs pouvant accueillir plusieurs dizaines de convives, trône au milieu du grand espace. C’est une table en bois massif, tout comme les bancs, comme on n’en voit qu’à la montagne.

    Le salle est sommairement meublée, avec des pièces (canapés, crédence, commode, étagères) qui n’ont pas grand-chose à voir les unes avec les autres, s’agissant certainement de meubles de récupération. Et pourtant, l’ensemble dégage quelque chose de « cohérent », car chaleureux, accueillant, douillet.

    La plupart des cavaliers sont déjà là, assis à la grande table centrale ou en train de discuter et de se réchauffer devant la cheminée. Et lorsqu’ils nous voient arriver, ils nous accueillent tout autant affectueusement que bruyamment.

    « Tiens, le voilà le toulousain ! » lance le jovial Daniel.

    « Il va être parisien, bientôt… » relance JP.

    « Mais il sera toujours toulousain, j’espère, dans son cœur » fait Martine.

    « Alors, comment va le futur gagnant du Brennus ? » se corrige Daniel.

    « Ça va, ça va » lâche mon bobrun sur le bout des lèvres.

    Définitivement, Jérém n’est pas dans son assiette. Et ça me fait mal au cœur. Comment va se passer cette soirée s’il continue de tirer cette tête ?

    « Bien sûr qu’il va bien… quand on est foutu comme il est foutu, on ne peut aller que bien » lance Satine, avant de conclure « si seulement j’avais 20 ans de moins… ».

    « Si t’avais 20 ans de moins, il ne voudrait pas de toi quand même… » fait Daniel.

    « Et pourquoi donc ? ».

    « Parce que t’es trop casse couilles… ».

    « Mais ta gueule ! ».

    « Mais tu voudrais de moi, si j’avais 20 ans de moins, hein ? » fait Martine, taquine « remarque, on s’en fiche des 20 ans de trop, je crois que je viens de me découvrir à l’instant une vocation de cougar… ».

    « Mais arrêtez un peu de l’emmerder » tranche JP « vous êtes toutes largement périmées pour un mec qui est né quand vous aviez déjà des gosses au collège ».

    « T’es qu’un rabat-joie, laisse-nous rêver un peu ! » se rebelle Satine.

    « Ça faisait un moment qu'on ne l’avait pas vu, il faut bien qu’on le taquine un peu » fait Martine à son tour « tu n’es pas venu nous voir souvent, dernièrement ».

    « C’est qu’il avait un tournoi à gagner, le petit » explique Daniel.

    « Allez, ne leur prête pas attention, elles sont folles » fait JP « ça doit être à cause de la Lune. Jérémie, viens boire un verre entre mecs. Tu bois quoi ? ».

    « Un whisky ».

    « Monsieur est servi » fait Daniel, le gardien de la boisson et de la bonne humeur, en tendant un verre à moitié rempli à mon bobrun. Ça commence fort.

    « Et toi, tu bois quoi, Nico ? ».

    Mais avant que j’aie le temps de lui répondre, il précise :

    « Je suis désolé, je n’ai que de l’alcool… », tout en feignant une fausse désolation, et en cachant maladroitement une bouteille rouge et blanche derrière son dos.

    « N’importe quoi, mais sans alcool… » je finis par lui répondre.

    « Je n’ai rien de tel ».

    « Il ment » fait Martine.

    « T’es sûr que tu ne veux pas essayer un vrai apéro ? Une bière ? ».

    « Si elle est blanche… ».

    « Je n’ai pas de blanche. Moi je préfère les blondes, ou les brunes, ou les rousses » semble vouloir m’expliquer Daniel, avant de déraper sur l’humour grivois « quand elles sont blanches, c’est trop vieux pour moi… ».

    « Dans ce cas, la bouteille que tu caches derrière ton dos, ça me va très bien… ».

    « Aaaah… ça ? Tu bois du pipi de chat ? ».

    « C’est ça… ».

    Après avoir joué les clowns, Daniel me sert enfin de la boisson à bulles, l’air dépité.

    Je trinque avec Daniel (qui fait la grimace, puisque « on ne trinque pas avec du pipi de chat »), avec Jérém (qui fait toujours la gueule), et avec tous les cavaliers et cavalières à proximité (qui semblent tous ravis d’être là).

    « Allez, si je m’activais, moi » fait Martine « la fondue ne va pas se faire toute seule ».

    « Je vais venir t’aider » fait Ginette.

    « Moi aussi » se proposent à tour de rôle Carla et Satine.

    « Perso, je suis vraiment fier pour ton recrutement, je le savais que tu étais destiné à accomplir de grandes choses » fait JP.

    « Merci… j’espère que ça va bien se passer… » fait Jérém, touché.

    « On va te voir à la télé, alors » fait Loïk.

    « C'est bien possible ».

    « Et sur un calendrier à poil… » renchérit Sylvain.

    Je crois bien que celui-là cherche des gifles. S’il continue sur ce ton, il ne va pas tarder à en trouver.

    « Pour l’instant, je vais essayer de jouer du mieux que je peux, et ce sera déjà énorme » le douche mon Jérém. Yes !

    « Tu sais déjà quand tu vas partir ? » se renseigne Daniel.

    « Je ne sais pas encore, j’attends un coup de fil d’un jour à l’autre ».

    Je suis heureux pour mon Jérém. Ce recrutement est une occasion en or pour lui. Je suis certain qu’il va faire des étincelles. Pourtant, l’idée de ce coup de fil qui doit arriver « d’un jour à l’autre » me donne envie de pleurer, car cela sonnera inexorablement la fin de ce moment parfait.

    Après ce coup de fil, des centaines de kilomètres nous sépareront. Comment va tenir cette relation, comme va-t-elle résister à la distance, au temps, aux tentations parisiennes ?

    L’idée de ce coup de fil me rend triste, mais je m’efforce de ne rien montrer, j’essaie de profiter de l’instant, de cette soirée, de ces gens qui me font rire et qui nous entourent de bienveillance et d’amitié. Mais cela serait plus aisé si Jérém arrêtait de tirer une gueule pas possible. D’ailleurs, un instant plus tard, il a quitté la conversation pour s’en aller fumer, seul, à côté de la grande cheminée, tout en sirotant son whisky, le regard ailleurs, la tête ailleurs. Heureusement qu’il avait dit qu’on devait faire comme si de rien n’était, et nous amuser. Ça semble mal parti de son côté…

    Et merde, il a fallu qu’on se fasse gauler par Charlène. Déjà qu’il y avait eu la remarque de Loïc sur le débardeur passé à l’envers après notre petite escapade sexuelle dans la nature ; maintenant, cet « accident » en plus, ça risque de faire beaucoup.

    Détail qui a son importance, depuis que nous avons débarqué au relais, Jérém n’a adressé ni un seul mot, ni un seul regard, à Charlène. Jérém a mis de la distance entre Charlène et lui, une distance qui est également physique, puisqu’il se tient éloigné d’elle, alors qu’ils étaient si complices, et souvent physiquement proches, jusque là.

    Charlène, quant à elle, discute et rigole tour à tour avec les uns et les autre comme si de rien n’était. Elle n’a pas l’air perturbée pour un sou. Son rire franc et tonitruant résonne dans le grand espace et jaillit par moment par-dessus toutes les conversations.

    « T’as l’air soucieux, Jérémie » fait l’adorable Ginette.

    « Non, ça va. Je suis juste un peu fatigué ».

    « C’est vrai, tu n’as pas l’air bien » enchérit Satine.

    « Ça va, Nico ? ».

    La voix de Charlène très proche de mon oreille me surprend. Je ne l’ai pas vue approcher.

    « Oui… ».

    « En tout cas, ton pote n’a pas l’air d’aller bien ».

    « Je ne sais pas pourquoi il réagit comme ça ».

    « Tu crois que c’est à cause de… tout à l’heure ? ».

    « Je pense, oui ».

    « Bouge pas, je vais arranger ça » fait Charlène sur un ton décidé et tranché.

    « Il y a quelque chose qui te tracasse ? » j’entends Satine insister auprès de mon bobrun.

    « Tout va bien » fait Jérém sur un ton agacé.

    « On ne dirait pas ».

    « Tu veux pas changer de disque ? » lâche le bogoss avec un humour qui n’en est pas vraiment.

    « C’est à cause de l’entorse d’Unico ? » fait Martine en se joignant au cœur de nanas curieuses.

    « Oui… oui… » fait Jérém sur un air expéditif « on verra ça demain… ».

    « Tu vas appeler un veto ? » fait Ginette.

    « Je ne sais pas… je ne pense pas » fait Jérém, fuyant, franchement agacé.

    « Il faut pas s’inquiéter, parfois ce n’est rien du tout » tente de le rassurer Martine.

    « Mais ça peut être grave aussi » s’invite Charlène « et si on ne le soigne pas de suite, ça peut avoir des graves séquelles ».

    « C’est vrai, ça. Je me souviens que mon Gringo… ».

    « Allez, assez palabré » tranche net Charlène, sans prêter la moindre attention à l’histoire que Satine s’apprête à raconter « Jérémie, Nico, venez avec moi, on va voir Unico ».

    « On verra ça demain » tente de se dérober Jérém.

    « Une entorse, c’est pernicieux. Plus on s’occupe vite, plus on évite les complications ».

    Soudain, j’ai l’impression de capter dans les mots de Charlène comme une subtile allusion, un parallèle entre l’entorse à soigner rapidement et son désir bienveillant de mettre tout aussi rapidement les choses au point avec Jérém.

    « Pas maintenant ».

    « Maintenant, tout de suite, petit con ! » fait-elle en levant la voix, en accompagnant son injonction par un sourire sonore.

    Jérém renonce à la ramener et emboîte le pas à Charlène qui se dirige tout droit vers la sortie du relais. J’emboîte à mon tour le pas à mon bobrun.

    « Il fait pas chaud » commente Charlène une fois dehors, en relevant le col roulé de son vieux pull.

    Ni Jérém ni moi ne trouvons rien à ajouter. Elle fixe une petite torche sur son front à l’aide d’un élastique qui fait le tour de sa tête. Lorsqu’elle l’allume, on dirait qu’elle a un troisième œil. Ou un seul œil. Comme un cyclope. Comme un Illuminati.

    Guidés par le faisceau lumineux, nous descendons au pré. Enfin, à vrai dire, nous ne faisons que nous nous éloigner du relais. Lorsque nous sommes à bonne distance, Charlène ne prend pas de détours et va droit au but.

    « Allez, raconte, Jérémie ».

    « Tu veux que je te raconte quoi ? ».

    « Je voudrais savoir pourquoi tu fais la gueule ! ».

    « Je fais pas la gueule ! ».

    « Si tu fais la gueule ! ».

    « Je te dis que non ».

    « Si, tu fais la gueule » je me surprends à considérer à haute voix.

    « Tu vois, il n’y a pas que moi qui l’ai vu ».

    « Je ne sais pas quoi vous dire ».

    « Allez, fais pas chier, on n’a pas le temps. Ecoute-moi, petit con. Tu crois que ce que ce que j’ai vu tout à l’heure m’a choquée ? ».

    « Je ne sais pas ».

    « Pffff !!! Tu me gonfles ! Alors, rassure-toi, ça ne m’a pas choqué du tout. C’est vrai que sur le coup j’ai été surprise, mais ça c’est pas du tout le genre de truc qui me tracasse ! ».

    « T’es pas déçue ? ».

    « Et pourquoi, déçue ? ».

    « Je ne sais pas ».

    « Si dois être déçue pour quelque chose, c’est que tu réagisses de cette façon, que tu puisses penser que ça puisse me poser de problème d’accepter ce que tu es, et ce qui te rend heureux ».

    Jérém se tait, sort son paquet de cigarettes pour en saisir une. Charlène lui en empêche.

    « Tu sais, il n’y a aucun mal à ça. La seule chose importante c’est que tu sois heureux. Du moment que tu es heureux, je suis heureuse pour toi. Parce que le plus important, dans la vie, c’est d’essayer d’être heureux. Qu’importe si on est heureux avec un mec ou avec une nana, tant qu’on l’est. La vie est trop courte pour perdre du temps à s’empêcher d’aimer avec des prétextes aussi foireux que la peur des « qu’on dira-t-on ». Une dernière chose. Le fait que tu sois avec un gars ça ne change rien, tu m’entends, rien de chez rien pour moi. Tu as toujours été comme un fils pour moi, et ça ne changera pas. Jamais. Je t’aime et je t’aimerai toujours. Et j’aimerai celui qui te rendra heureux. Alors, j’aime Nico aussi… ».

    J’ai l’impression que Jérém est en train de pleurer. Je suis au bord des larmes.

    « Viens là, petit con » fait Charlène, visiblement émue elle aussi, en prenant dans ses bras le jeune étalon redevenu poulain. Leur étreinte dure plusieurs secondes.

    « Nico a l’air d’un bon gars » fait-elle, en m’attrapant la main et en la serrant dans la sienne. Ce contact me fait un bien fou. Je pleure.

    « En plus, vous avez l’air heureux ensemble. Mais de quoi t’as peur, Jérémie ? ».

    « Les pd, tout les monde leur crache à la gueule ».

    « Ce « tout le monde » dont tu parles, on s’en fout, ce ne sont que des cons. Mais tu sais comme moi qu’il y a bien des gens, des gens bien, et en particulier ici à l’ABCR, qui ne sont pas ce « tout le monde ». Regarde, il n’y a jamais eu aucun problème avec Loïc et Florian, et il y en a pas avec Sylvain ».

    « La vie, ce n’est pas que l’ABCR… ».

    « Certes, mais une chose est certaine, si tu veux du respect de la part des autres, il faut déjà que tu en aies pour toi et pour ce que tu es ».

    « Désolé que tu l’aies appris ça de cette façon, j’aurais dû t’en parler ».

    « Mais tu l’as fait, Jérémie… »

    « Et quand ? ».

    « Hier, avant-hier. Je pense que si tu m’as présenté Nico c’est aussi pour me faire comprendre ce que tu n’osais pas me dire avec des mots. Je me trompe ? ».

    « Je ne sais pas ».

    « Nico est un bon gars et tu es bien avec lui. Ça se voit que tu es bien avec lui. Alors, ce que j’ai vu tout à l’heure ne m’a surprise qu’à moitié ».

    « T’avais compris ? ».

    « Je crois que j’ai compris la première fois que vous êtes venus me voir tous les deux… ».

    « Pourquoi, on fait pd ? ».

    « Arrête de dire pd, c’est tellement moche. Mais non, pas du tout. C’est à cause de vos regards. Les regards de deux êtres qui s’aiment ne trompent pas. Ah oui… et aussi, tout à l’heure, quand vous êtes revenus après la sieste au bivouac. J’ai bien vu que vous veniez de faire plus qu’admirer le paysage ».

    Jérém rigole pour la première fois depuis l’« accident ». Et ça me met du baume au cœur.

    Pendant que nous remontons vers le relais, Jérém et Charlène parlent des chevaux, de la balade, ils se taquinent. Ils semblent avoir retrouvé leur complicité. Je suis heureux.

    « Vous êtes tellement beaux tous les deux !  Je suis presque jalouse de ce que vous avez, de votre bonheur » fait Charlène à mi-voix en arrivant devant la porte du relais « ne gâchez pas ça, le bonheur ne se laisse pas attraper souvent dans une vie ».

    « Et t’inquiète, ça restera notre petit secret tant que tu le voudras… » précise Charlène juste avant d’ouvrir la porte de la grande salle, alors que le bruit indistinct et atténué des conversations vives de l’intérieur fait vibrer tout mon corps d’impatience et d’excitation. C’est un peu comme lorsqu’on attend avant d’entrer dans une boîte de nuit, alors que les basses de la musique qui s’échappent de la salle font vibrer le sol sous les pieds de ceux qui sont encore au vestiaire.

    « Merci Charlène » fait simplement mon bobrun. On dirait un gosse qui vient d’apprendre qu’il ne sera pas grondé malgré la bêtise qu’il vient de faire. Il est tellement touchant.

    « Alors, cette entorse ? » questionne Martine.

    « Ça a l’air d’aller mieux, beaucoup mieux » fait Jérém.

    « Parfois, il suffit de regarder les choses d’un peu plus près pour se rendre compte qu’il n’y a pas de problème. Jérémie s’inquiétait pour rien, pour rien du tout » précise Charlène.

    J’adore le regard complice que ces deux-là s’échangent à cet instant. Jérém a l’air à nouveau bien dans ses baskets. Il a l’air soulagé. Il sourit. Qu’est-ce que ça me fait plaisir de le voir comme ça !

    A partir de cet instant, la soirée peut vraiment commencer. Jérém est dans la place, et moi avec lui. A partir de cet instant, je me laisse emporter par le cyclone de la bonne humeur ambiante, par les répliques tour à tour cinglantes, fracassantes, parfois déroutantes, qui fusent de partout.

    Martine, Satine, Daniel, Arielle, JP, Carine, Charlène, Nadine, Carla, Daniel, Lola, Marie-Line, Bertrand, Loïc, chacun semble avoir son rôle à jouer dans ce scénario de folie. Sylvain est le seul qui semble un peu en retrait, comme s’il avait du mal à trouver sa place.

    Sinon, tout le monde rigole, charrie, balance. Même l’adorable Ginette, l’aînée de la bande, s’emploie à utiliser des mots et des expressions qui de premier abord étonnent dans la bouche d’une dame de son âge, à l’air si respectable. Ainsi, elle a parfois des sorties très drôles. Malgré ses nombreux printemps, Ginette a l’air d’être quelqu’un qui a su garder le cœur et l’esprit très jeunes.

    Oui, les grandes gueules ne manquent pas à l’ABCR. Et force est de constater que Jérém se fond parfaitement dans ce décor. Il répond aux piques, drôles, parfois « frontales ». Il rigole, il a de la répartie, il est drôle, il est beau à tomber. Crever l’abcès avec Charlène lui a fait un bien fou. C’est comme s’il avait été libéré d’un poids immense. En fait c’est ça dont mon bobrun a besoin. De se sentir accepté, aimé pour ce qu’il est. Il a besoin qu’on lui dise qu’il n’a pas à avoir peur, qu’il n’a pas à avoir honte. Et Charlène est la bonne personne pour le faire sentir bien.

    Les discussions, ponctuées de blagues en tout genre, de franches rigolades et de ces fous rires incontrôlables dont Nadine a le secret, vont bon train. Dans le relais, il y a une ambiance de fou !

    Les délires des nanas sont parfois ponctués par une réplique de JP qui apporte de la sagesse, du consensus, de la réflexion, une bonne tranche de rigolade.

    Je ne connais ces gens que depuis quelques heures et pourtant je ne me suis jamais senti aussi bien dans un groupe auparavant. Je sens de la bienveillance autour de moi, je sens de l’amitié.

    A plusieurs reprises, on vient me parler, on me charrie, moi aussi j’ai droit à ma part de piques. Je me sens intégré de cette façon, par la déconne, par la bonne humeur, par la rigolade franche et réjouissante. JP raconte ma chute, et dans ses mots je me sens apprécié, valorisé. Ça fait un bien fou. J’ai envie de connaître ces gens, j’ai envie qu’ils fassent partie de ma vie, durablement. Je n’ai pas envie de repartir, de les quitter, j’ai envie de ne plus jamais repartir de ce village, de ce relais, de cette soirée.

    Je respire à pleins poumons cette chaleur, cette convivialité, cette bonne humeur, ce sentiment pour moi inédit de faire partie d’une sorte de grande famille.

    Les conversations s’enchaînent sans répit, elles se chevauchent, se croisent, se mélangent. J’écoute plus que je ne cause, car les conversations, lorsqu’elles ne sont que pure déconne, tournent le plus souvent autour de cette passion qui réunit toutes ces fortes personnalités dans ce relais, dans ce foyer « transfamilial ». J’écoute avec intérêt ces conversations, ponctuées de mots que je découvre, par un jargon qui esquisse dans ma tête un monde (presque) inconnu.

    « On dirait que ça va mieux » me glisse Charlène discrètement.

    « On dirait, oui. Et c’est grâce à toi. Merci pour cette petite explication, merci d’avoir pris les devants… ».

    « Parfois il faut prendre le taureau par les cornes ».

    « C’est bien vrai ça ».

    « Je porte un toast pour Nico qui a fait toute la balade sans avoir jamais monté auparavant, et qui est remonté sur Tequila de suite après être tombé » lance JP sur un ton enjoué.

    Tout le monde trinque à mon exploit.

    « Il est tombé ? » feint de s’étonner Daniel, tout en entonnant le fameux refrain « il est des nooootres !!!! ».

    « Mais toujours pas pour la boisson… » il se corrige.

    « Au fait, il va bien ton pote Thibault ? » demande JP.

    « Bien, bien ».

    « Il doit être content de son recrutement au Stade Toulousain ».

    « Oui, oui, je crois… en fait, je n’ai pas trop de nouvelles… on se voit moins… ».

    « Ah bon ? C’est dommage. Ce gars est vraiment quelqu’un de bien. Un mec de cet âge, avec cette maturité, ces valeurs, c’est incroyable. Vous n’êtes pas fâchés quand même ? ».

    « Non, enfin, bref… » tente de se dépatouiller Jérém.

    « Je parie que c’est à cause d’une gonzesse » lance Daniel « il ne faut jamais laisser les gonzesses gâcher l’amitié entre potes ».

    « Allez, on mange, chaud devant ! » lance Martine avec sa voix puissante et enjouée, en déboulant de la cuisine avec un caquelon qui a l’air bien lourd et bien chaud. L’irruption de Martine donne l’occasion a Jérém de se sortir de ce pétrin.

    Satine et Ginette disposent sur la table deux autres caquelons fumants.

    Enfin le repas va commencer. Il était temps que ça arrive, il commençait à faire faim. Je ne bois pas, je déteste les apéros qui s’éternisent, surtout quand je commence à avoir de l’appétit.

    Je m’installe en bout de table, à un mètre de la cheminée. Mon bobrun s’installe à côté de moi, Martine et Satine juste en face. Je sens qu’on va bien rigoler.

    Le feu dans la cheminée chauffe mon corps et l’ambiance conviviale du repas chauffe mon cœur. Et la présence de mon Jérém, sa proximité physique, nos regards, mais aussi notre complicité retrouvée, me rendent heureux comme jamais.

    Les quiches et les salades s’entrechoquent sur la table. Chacun a apporté de la nourriture.

    Martine allume les réchauds positionnés sous chaque caquelon. La bonne odeur de la fondue commence à chatouiller agréablement les narines. Ensuite, elle annonce qu’il faut goûter pour voir si les papilles vont être titillées aussi favorablement que l’odorat.

    Nadine s’y lance. A en juger par son regard ravi, l’essai est concluant. Très vite, tout le monde suit son exemple. La bataille des caquelons vient de commencer. C’est dorénavant chacun pour soi, fourchette spéciale à la main, pour tremper, sans le laisser tomber, son morceau de pain dans le mélange onctueux.

    Vraiment, c’est super bon la fondue ! Les niveaux descendent à vue d’œil dans les caquelons. Les joues rougissent, les voix portent plus haut, les rires fusent, les verres se remplissent, les bouteilles se vident. Et la joie d’être ensemble est bien là. Dans les cabas, chacun a amené non seulement de la nourriture, mais aussi sa bonne humeur. Et pour certains, c’est le cas de Daniel, quelques blagues qu’il développe sans retenue, bien aidé de JP, pendant la première partie du repas.

    « Comment on appelle un chien sans pattes ? On ne l’appelle pas, on va le chercher ! ».

    « C’est l’histoire d’un aveugle qui rentre dans un bar… et dans une chaise, et dans une table, et dans un mur ».

    « Deux œufs discutent ensemble. Le premier dit à l’autre : « Pourquoi t'as des poils et tu es marron ? ». « C'est parce que moi je suis un kiwi, connard ! ».

    Entre deux bouchées de fondue, Martine demande à Jérém et moi de lui raconter notre balade. Et dans ses mots, dans sa façon de raconter mon petit exploit, je ressens quelque chose qui ressemble à de la fierté. Dans son regard, je me sens apprécié, je me sens « important », comme il l’est depuis longtemps dans le mien. Fini le mépris des premières révisions. Désormais je me sens bien dans son regard. Qu’est-ce que j’aime, ce nouveau Jérém ! Et qu’est-ce qu’il est sexy dans son maillot Wilkinson !

    Martine propose de respecter jusqu’au bout le tradition de la fondue en cassant des œufs dans les caquelons pour épaissir ce qui reste du fromage et racler le fond. Elle se saisit de l’un des caquelons, elle vide le fond des deux autres dedans et s’en va chercher les œufs. Elle en casse quatre, les brouille dans ce qui reste de fromage, jette deux poignées de pain dedans, tout en continuant à mélanger. Tout le monde suit avec attention et curiosité son drôle de manège. Il y en qui se déclarent sceptiques.

    « T’es sure que ça va être bon ? » demande Satine.

    « Allez, laissez-moi bosser » fait Martine « dois-je vous rappeler que je suis savoyarde ? Vous n’allez pas m’apprendre à faire une fondue ! ».

    Peu à peu, l’odeur du mélange gratiné vient chatouiller les narines des convives. Finalement ils sont de plus en plus nombreux à vouloir tester le « gloubiboulga », pour ne pas « mourir bête ».

    J’étais moi aussi silencieusement sceptique. Et pourtant, lorsque je goûte, je trouve ça plutôt pas mal, voire délicieux !

    Le dernier caquelon passe de main en main et il revient récuré jusqu’à l’émail. Nous sommes tous repus, le ventre bien tendu. La salade verte de Lola, la copine de Daniel, arrive pour rafraîchir cette fin de repas.

    A chaque fois que je regarde mon bobrun, je me peux m’empêcher de me dire que je le trouve sexy comme pas possible, et que, de plus, la façon dont ce maillot le met en valeur c’est un truc de fou. Apparemment, je ne suis pas le seul à me faire la remarque.

    « Il est beau ton maillot. Tu l’as eu comment ? » demande Martine.

    « C’est Nico qui me l’a ramené de… Londres » fait Jérém sans réfléchir. Je sens dans sa petite hésitation avant de prononcer « Londres », qu’il regrette déjà d’avoir répondu aussi franchement.

    « Il te va très bien » commente Sylvain.

    Lui, il ne parle pas beaucoup, mais à chaque fois qu’il l’ouvre, j’ai envie de lui en mettre une. Ça va tomber, ça va tomber…

    « Un mec foutu comme lui, même un sac lui irait comme un gant » fait Satine.

    « C’est vrai, oui » insiste Sylvain.

    Rien que sa voix m’indispose.

    « En tout cas, ton camarade ne s’est pas foutu de toi » fait Daniel, avant d’enchaîner « Minou, il me faut le même ».

    « Mais chéri, avec ton bidon, tu ne vas pas le porter pareil, du tout, du tout ».

    « Tu crois ? ».

    « Je ne le crois pas, j’en suis sure ! ».

    Tout le monde rigole.

    « Bientôt nous pourrons acheter un maillot « Tommasi »… » fait JP, adorable.

    « Moi je veux te dire un truc, Jérémie » fait Daniel.

    « Qu’est-ce que tu vas encore sortir comme bêtises, toi ? » demande Lola, sur un ton faussement agacé.

    « Je suis sérieux ».

    « T’en es capable ? ».

    « Je vais essayer. Ce que je veux te dire, Jérémie, c’est de faire attention à toi quand tu seras à Paris ».

    « Pourquoi, t’as peur qu’il se fasse violer ? » fait Satine.

    « Mais tu veux bien la fermer ? » lance Daniel du tac-au-tac.

    « Ce que je veux te dire, Jérémie, c’est que le rugby c’est un très beau sport. Je sais que ça ne se voit pas, mais j’ai joué au rugby dans ma jeunesse, jusqu’à ce qu’on appelle maintenant la pro D2. Depuis que j’ai arrêté, j’entraîne des jeunes, tous les ans. Et j’ai vu comment ce sport a évolué au fil du temps.

    Ce que je veux te dire, c’est que le rugby n’est plus ce qu’il était il y a 30 ans. Il a bien changé, surtout depuis la professionnalisation il y a quelques années, depuis que l’oseille est rentrée dans les clubs. L’oseille, ça gâche tout ».

    « C’est vrai, avant on jouait pour s’amuser, aujourd’hui on doit jouer pour gagner. Il y a une pression sur les clubs et sur les joueurs qui n’existait pas avant » abonde le sage JP.

    « Ce que je remarque » continue Daniel « c’est que le rugby est de plus en plus violent, et qu’il arrive de plus en plus d’accidents graves, notamment à cause de plaquages brutaux. Fractures, dégâts aux cervicales, à la colonne vertébrale, la liste est longue et franchement pas jolie. Quand on suit le rugby de près comme je le fais, on voit que les gabarits s’épaississent et que la puissance des coups est de plus en plus violente. Les gars sont HS de plus en plus jeunes. Certains sont obligés d’arrêter prématurément leur carrière parce qu’ils boitent, ou parce qu’ils ont le dos en compote, d’autres parce qu’ils ne supportent plus la pression, et qu’ils pètent un plomb.

    Ce que je veux te dire, Jérémie, c’est qu’aujourd’hui tu es jeune et tu peux être tenté de te donner à 200% pour faire décoller ta carrière. Mais il ne faut pas. Limite-toi à te donner à 100% et, surtout, fais travailler autant le mental que le physique. Rappelle-toi que la tactique est plus importante que la puissance. Fais attention aux coups. Tu dois vivre ton rêve, car je suis certain que tu vas faire des merveilles. Mais si tu ne te ménages pas, le rêve va vite se transformer en cauchemar. Fais attention à ne pas t’abîmer trop tôt. Tu as un seul corps, un seul mental, une seule jeunesse : une fois que tu les as niqués, ils sont perdus à tout jamais ».

    « Tu veux bien arrêter de lui saper le moral ? » s’insurge Nadine.

    « Non, je ne veux pas lui saper le moral, pas du tout, je veux juste qu’il sache à quoi s’en tenir, au-delà du rêve qu’on va lui vendre à Paris. Parce que c’est un rêve sans mode d’emploi. En très peu de temps, tu vas avoir de l’argent, de la notoriété, tu vas goûter à la belle vie, voitures de luxe, boîtes de luxe, put… enfin… poules de luxe. Il faut bien sûr profiter de tout ça, mais en gardant à l’esprit que tout cela ne dure qu’un temps. Il ne faut pas que ça te monte à la tête, il ne faut pas que ça te perde. Et, aussi, il ne faut jamais oublier que tout ce bling bling a un prix… ».

    « C’est quoi le prix ? » fait Jérém, intrigué.

    « On va te marteler H24 et 7 sur 7 que tu dois être fort, de plus en plus fort, que tu dois être technique, tactique, physique et que ça te rendra riche et connu. Mais il est où l'humain là-dedans, bordel ? Il est où le plaisir de jouer avec tes potes ? On fait de toi une machine en te faisant croire qu'il faut donner toujours plus ! Tu vas courir après toi-même, après l'argent, après la gloire, et tu te rendras compte un peu tard que toutes tes illusions ne sont que du vent. Parce que quand ça s'arrête, y a plus personne. Alors, entre deux matches et entre deux cuites, fais des études, mets de l’argent de côté, élabore un plan B pour quand cela s’arrêtera. N’attends pas.

    Une carrière sportive à haut niveau nécessite une implication totale. C’est un boulot, un vrai. Dur et éprouvant, mentalement autant que physiquement. Ne t’épuise pas à vouloir prouver à tout le monde que tu es toujours au top du top. Ce n’est pas humain. Ecoute ton corps et accepte ses faiblesses. Si un jour il dit STOP, il faut le respecter. Et plutôt que de rêver à être le plus riche et le plus connu, garde toujours à l’esprit que tu n’es rien sans les autres ».

    « Ceci étant dit, on attend tous avec impatience de voir tes fesses sur le calendrier de l’année prochain » fait Nadine. Une note marrante, bienvenue pour détendre l’ambiance un peu plombée par les mots de Daniel.

    « Pfffff, les nénettes ! Tout ce qui les intéresse au rugby, c’est de voir des mecs à poil » commente Daniel.

    « Il n’y a pas que les nénettes que ça intéresse » fait Sylvain.

    Si celui-là l’ouvre encore une fois, je crois que je vais l’emplâtrer.

    La bienveillance de Daniel à l’égard de Jérém me touche profondément. Je sais qu’il a parlé pour le bien de Jérém, pour le mettre en garde. Et je lui en suis profondément reconnaissant. Ce qui n’empêche pas que sa tirade fait ressurgir en moi des inquiétudes que j’essaie de maîtriser tant bien que mal depuis que j’ai appris pour son recrutement parisien. Et, aussi, de m’alerter sur d’autres sujets d’inquiétude auxquels je n’avais pas encore pensé et qui m’arrivent à la figure comme autant de gifles.

    Que Jérém va être exposé aux tentations de la grande ville, soirées, rencontres, ça je l’avais anticipé. Ce que je n’avais pas anticipé c’est que l’argent et la notoriété puissent changer mon bobrun. Et, encore moins, que le rugby puisse être un sport à ce point dangereux.

    Heureusement, très vite la soirée repart sur un ton beaucoup plus léger, et je suis vite enveloppé à nouveau par la bonne humeur. Les desserts arrivent. Crumble, tarte, salades de fruits, le flan de Carine. Pendant que je déguste ce dernier, j’écoute JP et Charlène raconter un épisode survenu lors d’une balade dans les Pyrénées, sur un itinéraire qu’ils appellent « Chemin des Contrebandiers ». Comme c’est le cas à chaque fois que JP parle, les oreilles se tendent pour écouter son récit. C’est ça avoir du charisme.

    « Pendant la rando, il a plu tout le temps » fait JP.

    « Tu espérais quoi, d’un mois d’avril au pays Basque ? » se moque Martine.

    « On a choisi le printemps pour éviter les grosses chaleurs, banane ! » explique JP.

    « Bref » il enchaîne « toujours est-il qu’un jour à midi, on s’est retrouvés perdus au milieu de nulle part. On essayait de lire la carte, mais on n’était pas d’accord sur la direction à suivre. Charlène avait un avis, Carla un autre, Loïc était HS par rupture de stock de cigarettes, et moi je n’avais pas dormi de la nuit. Il pleuvait depuis la veille au soir, non stop. Tout était mouillé, y compris nos provisions. On n’avait pas dîné, on n’avait pas dormi, on n’avait pas déjeuné. On était trempés, fatigués, affamés, et on était perdus ».

    « Autant vous dire que l’ambiance était tendue » fait Charlène.

    « Nous sommes arrivés dans un petit village. On l’a traversé sans voir personne. Puis, près de la sortie du hameau, nous avons enfin vu un type dehors. Il était sur le seuil de sa porte, et il regardait la pluie tomber. Nous nous sommes arrêtés et nous lui avons demandé des renseignements. Et quand on lui a dit qu’on cherchait le chemin des Contrebandiers, il nous a raconté qu’il était lui aussi randonneur à cheval et qu’il avait déjà fait cette rando. Et ni une ni deux, il nous a invités à déjeuner chez lui. Dans l’état où l’on était, on a dit oui sans même réfléchir.

    Sa maison était la dernière du petit village et il y avait un pré juste à côté. Le type nous a proposé de faire paître nos chevaux.

    « C’est à ce moment-là, qu’on a recommencé à croire qu’il y a quelqu’un là-haut » commente Carla.

    « La maison de nos hôtes était simple et chaleureuse. Il y avait un feu dans la cheminée. Trempés comme on était, cet abri et ce feu étaient à nos yeux le plus beau cadeau qui soit. Le mec s’appelait Pierre, et il nous a présenté sa femme Thérèse. Ils formaient un couple charmant, d’une soixantaine d’années. Une demi-heure plus tard, nous étions assis autour d’une table et Thérèse débarque avec une platée de spaghettis. Bien sûr, nous avons mis en commun notre pique-nique. Ça fait du bien de retrouver la civilisation après une semaine de bivouac ».

    « D’autant plus que ce jour-là, nous avons partagé plus qu’un simple repas. Nous avons partagé un moment fort, avec des gens simples et intéressants. Leur histoire était assez bouleversante » explique Charlène.

    « Vas-y, raconte-là » l’encourage JP.

    « A 45 ans, Pierre était devenu paraplégique, à la suite d’un accident de voiture. Les médecins ne croyaient pas qu’il remarcherait un jour, et encore moins qu’il remonterait à cheval.

    Mais cet homme en avait décidé autrement. Soutenu par sa femme, il avait décidé de remarcher. Et il a remarché. Puis, il avait décidé de remonter son cheval. Et il est remonté. Aujourd’hui, 15 ans plus tard, il remonte comme avant, sans corset, sans rien. Il repart en rando, dort dans une tente, fait sa toilette dans une rivière. Ce gars nous a donné une bien belle leçon, très émouvante ».

    « Une leçon qui nous a remis les idées en place et qui nous a fait oublier nos petits tracas » assure Carla.

    « C’était comme si, grâce à ce moment délicieux, le soleil était revenu dans nos têtes » fait JP, avant de continuer « A la fin du repas, ces gens nous ont laissé repartir sans rien nous demander, sans répondre à nos propositions d'échanges de coordonnées. On n’a pas insisté, on s’est dit que le hasard nous avait mis sur leur route, et qu’il fallait laisser le hasard œuvrer de nouveau ».

    « C’est une belle histoire » commente Jérém, le regard ému, et en me serrant très fort la main sous la table. Je suis moi aussi très ému.

    « Allez, assez déconné ! » fait Daniel « il est temps de passer aux choses sérieuses… ».

    Et là, ni une ni deux, le bonhomme attrape la guitare appuyée au mur derrière lui et commence à gratter sur ses cordes. Lola s’active aussi, elle sort de son sac plusieurs classeurs avec de dizaines de textes de chansons.

    Daniel continue de gratter sur la guitare en alignant des notes au hasard. Puis, soudain, les accords s’harmonisent pour dessiner une mélodie, sur laquelle notre musicien aux cheveux d’argent va poser les couplets bien connus :

     

    Je m'baladais sur l'avenue le cœur ouvert à l'inconnu…

     

    La suite, dans quelques jours.

     

    Jérém&Nico, le Livre ! 

    Jérém : qui est-il ce garçon ? 

     

    PS : En achetant le livre papier ou numérique, tu contribues au travail d'écritude de la suite de Jérém&Nico. Merci d'avance !

     

    PS2 : Je cherche un pro des réseaux sociaux et autres moyens de communications pour orchestrer la promo du livre. Candidature à envoyer par retour de ce mail. Merci ! 

     

    0212 Une soirée très riche en émotions (partie 1).



    Après une longue gestation, le premier livre de Jérém&Nico est enfin imprimé et prêt à être expédié. 

    Ce livre reprend les 40 premiers épisodes de l'histoire, enrichis de nombreux passages piochés dans les épisodes plus récents, lorsque ces derniers s’intègrent aux premiers de façon intéressante. 

    Il en résulte une toute nouvelle structure narrative, allégée et plus cohérente. 

    Tu peux commander ta copie dédicacée en version papier ou epub (pour liseuse) via la plateforme tipeee.com/jerem-nico-s1.  

    Pour commander le livre en version epub, cliquer ici.

    Pour commander le livre en version papier, cliquer ici.

    En achetant le livre papier ou numérique, tu contribues au travail d’écriture de la suite de l’aventure Jérém & Nico. 

    Merci d’avance pour ta contribution à Jérém et Nico ! 

    Fabien 

     

    Jérém&Nico 

    L'inspiration 

    « Jérém & Nico est une histoire qui est venue à moi un jour d’été, un jour où j’ai eu l’intuition que je devais construire autre chose, réorienter ma vie tel un fleuve creusant un nouveau lit qui ferait dévier son cours ». 

    L'histoire 

    Jérémie est un beau brun ténébreux, rugbyman et tombeur de nanas. Son camarade de lycée Nico est un jeune homo à l’esprit pur et rêveur. 

    Pourtant, c’est Jérémie qui, lors des révisions pour le bac, initie Nico à l’amour physique entre garçons.  

    Mais alors que Jérémie ne semble intéressé que par le sexe, Nico est fou amoureux de lui. Ainsi, l’amour physique avec le beau brun, pourtant explosif, ne lui suffit pas.  

    Mais qui est réellement Jérémie ? Comment vit-il leurs « révisions » sexuelles avant le bac ? Que ressent-il vraiment pour Nico ?  

    Quel rôle pour Thibault, le meilleur ami de Jérémie, à qui Nico finira par se confier ?  

    L’histoire se déroule à Toulouse entre 2001 et « nos jours ». C’est en effet en 2018 que le Nico adulte raconte ses années lycée et fac.  

    Nico n’a jamais pu oublier son Jérém. Bien que depuis tant de temps déjà, leurs vies ne marchent plus ensemble.  

     

     


     


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