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    Après une manœuvre périlleuse mais totalement réussie, car le beau brun n’a pas quitté son sommeil et il ne s’est apparemment rendu compte de rien, il a enfin pu se dégager de cette position gravement compromettante…

    Le voilà rassuré. Il peut à son tour retrouver sa respiration, et accessoirement essayer de comprendre ce qui s’est passé pendant son sommeil… mais comment ça avait pu se produire ?  

    Oui, en y repensant à tête froide, une fois l’enchevêtrement de leurs corps dénoué et la panique évacuée, il devait admettre qu’il avait adoré ressentir contre lui la chaleur de son corps, ainsi que le contact avec ce bon paquet de muscles qui constituait son torse…

    Mais ce qu’il avait aimé par-dessus tout, même au delà de son nouveau parfum dont la nouveauté éveillait toujours son odorat, c’était la sensation apaisante et enivrante de sentir le contact de la peau d’un autre garçon contre la sienne, d’en sentir l’odeur ; cette petite odeur qui, lorsque l’attraction physique est là, possède quelque chose de familier et de rassurant qui nous fait sentir bien, a notre place, en accord avec les besoins de tendresse de notre être profond... c’est une sensation de bien être absolu qui relève d’un besoin de contact et de partage avec l’intimité d’un corps et d’un esprit qui ressemblent au sien…

    C’est en se faisant ce genre de réflexion, en regrettant déjà ce contact à la fois si agréable et si inquiétant, qu’il arrivera à retrouver le sommeil… pourvu que Jérém ne se soit rendu compte de rien… 

     

    Plus tôt ce soir là…

     

    Thibault est parti en direction de l’endroit de la piste que Jérém semblait lui indiquer pour y retrouver un type avec qui, à en juger de leurs échanges, animés et tactiles, il doit être très bon pote également…

    Jérém s’assoit à coté de moi sur le tabouret devant le comptoir du bar du KL à la place de son pote qui vient de partir.

    « Salut » me balance-t-il en se penchant vers moi. Je sens son souffle dans mon oreille, un souffle qui commence à être chargé de relents d’alcool. Je sens que je vais craquer. Je ne suis pas encore remis de mes émotions… Thibault m’a presque tiré les larmes. Et Jérém me fait presque bander… la première chose qui me frappe chez lui, après sa beauté… c’est le fait qu’il a changé de parfum… et là, rien de tel pour exciter mes sens…

    « Salut » je lui réponds en approchant mes lèvres de son oreille, une oreille qui commence à être chargée pour moi d’un désir insoutenable…

    Je relève mon buste. On est face à face. Nos regards se croisent. Deux regards si différents. Le mien, celui d’un mec amoureux, attendri, triste et ému. Le sien, un regard charmeur. Oui, Jérém est un charmeur naturel… un magnifique, insupportable charmeur de serpents…

    « Tiens donc… tu sors maintenant… » il me balance.

    Il a l'air surpris, Thibault n'a pas du lui dire que je risquais d’être là, alors que c’est lui qui m’a aiguillé sur leurs mouvements.

    J’ai envie de lui dire « t’inquiète, je ne te piste pas », mais ce serait un mensonge, car c’est justement le fait que Thibault m’ait dit en début de semaine qu’ils y seraient qui m’a poussé à y traîner Elodie… évidemment dans le but de l’y croiser, évidemment dans l’espoir de rentrer une de fois de plus avec lui rue de la Colombette. Je n’ai pas envie de lui mentir, je ne me sens pas le courage de lui balancer la vérité non plus, alors je change de sujet.

    « Alors, ça se passe bien ton taf ? »

    « C’est fatiguant de bosser le soir… j’ai fini il y a une demi-heure à peine, Thibault est venu me chercher direct au boulot… j’ai tout juste eu le temps de me changer… »

    « Il faut se dire que c’est juste provisoire… » je laisse échapper.

    « Comment ça ? » il s’étonne.

    C’est là que je me rends compte de ma bourde… je ne suis pas censé trop en savoir sur sa vie. Pourtant je continue de m’enfoncer :

    « Il parait que tu vas avoir un autre taf à la rentrée, loin de Toulouse… »…

    « D’où tu tiens ça ? » il me balance, sèchement.

    Je suis pris au dépourvu car j’ai l’impression que ça le dérange que je sois au courant de ça. Comme si c’était un secret militaire. Il fait chier ce mec à être toujours si mystérieux. Au même temps, je dois bien admettre que cela fait partie de son charme. Je décide de lui dire la vérité, après tout, je me dis, c’est pas comme si j’avais appris qu’il dealait de l’exta…

    « Thibault… »

    « Il est bavard celui là » plaisante-t-il en se décrispant soudainement.

    Son petit sourire est un plaisir pour les yeux, pour mon ti cœur, pour tout mon être. J’ai envie de me jeter sur lui et de l’embrasser. Surtout avec la réserve de tendresse que je traîne avec moi depuis que Thibault m’a parlé de ses blessures d’enfance…

    C’est fou comment ce mec peut passer d’une gamme d’émotions à une autre complètement opposée en un clin d’œil… un instant plus tôt le croyais vexé, et là il lâche ce petit smile qui me fait fondre…

    « Il parait que tu te tires à Bordeaux… » il me surprend à son tour…

    Il balance ça de façon apparemment détachée, alors que j’ai l’impression que le sujet l’intrigue.

    « Comment tu sais ça ? » je demande sans réfléchir.

    Avant de répondre, il me balance un petit sourire malicieux [Je sens que je ne vais pas tenir longtemps, je vais lui sauter dessus, je dois lui sauter dessus !!!]. Puis, sur un ton moqueur, il admet :

    « Bah… Thibault… »

    « T’as raison, il est vraiment bavard ton pote… » je rigole.

    Non, il n’est pas bavard, il est juste adorable, une fois de plus. Grâce à lui, on se parle.

    « Tu vas faire quoi comme études ? ».

    Je me rends compte que cela est encore un truc qui nous éloigne. Moi je vais faire des études. Comme une nénette ou comme un intello. Alors que lui il va bosser, comme un mec. Ok, le message est compris, on n’appartient pas au même monde.

    « Je vais faire des études en Sciences de la Terre et de l’Environnement… »

    Pendant que j’énonce le titre de ma filière, je le trouve pompeux et creux. Là, c’est sur, j’ai creusé le fossé entre nous.

    « Si j’avais une tronche comme la tienne, je ferais moi aussi des études… » il commente ; et il continue « mais moi j’ai pas envie de bosser sur des bouquins… alors que toi, ça te réussit bien… ».

    Un autre compliment. Il se compare à moi. Il me trouve meilleur que lui dans un domaine précis. Il est touchant. Il est en train de me dire que quelque part je suis plus « doué » que lui. Mais son compliment est à double tranchant… je n’aime pas qu’il se dévalorise ainsi… ça m’attriste, car sa phrase semble encore nous éloigner… j’essaie alors de me dédouaner :

    « C’est juste une question de vouloir… toi, les études ça ne t’intéresse pas, mais si tu voulais, tu pourrais réussir dans n’importe quelle filière… » pour une fois je suis assez content de ma réplique. Je le serai moins de sa réponse.

    « Oui, en couchant avec la prof » il rigole « il n’y a que comme ça que j’ai réussi à avoir la moyenne en anglais… »

    Ainsi la légende qui circulait en classe était bien basée sur la réalité. Sacré petit con…

    « Non, il faudrait juste que ça t’intéresse… »

    « Tu sais, à part le rugby, les potes et la baise, il n’y a pas grand-chose qui m’intéresse… »

    Bon, évidemment je ne suis pas dans le panier. Sympa. A moins, que dans sa tête je fasse partie du vaste lot « baise »…

    « Je suis sur que tu pourrais faire des études brillantes… »

    « Naaaan, je ne crois pas… j’ai déjà redoublé, tu sais… et je ne sais même pas si j’ai le bac… »…

    Il est touchant. Je reste persuadé qu’il est bien assez doué pour faire des études, que ce n’est que la motivation qui lui manque… de plus je sais qu’il est excessivement pressé de gagner sa vie, en sacrifiant des études qui lui permettraient de prétendre à un avenir meilleur… je me dis qu’il va peut être le regretter un jour… j’ai envie de le relancer dans ce sens mais son haleine déjà bien chargée en alcool me rappelle que ce n’est pas le moment de faire la morale ni de sortir des réflexions sur l’avenir… alors je n’insiste pas, il n’est pas prêt à l’entendre et à l’admettre… et puis, je me dis, en fin de compte il n’a que 19 ans, il a le temps de reprendre ses études.

    De toute façon, je ne sais pas trop comment présenter les choses, tiraillé entre le désir de dire des choses qui flatteraient Jérém et qui lui plairaient, tout en lui disant ce que je ressens, sans le vexer… exercice toujours périlleux et a double tranchant… surtout avec ce genre de mec…

    Sacré Jérém… en balançant la question sur mes études de la rentrée, il a dévié le sujet de son taf à venir. Je décide d’y revenir. Je dois savoir.

    « Alors, tu vas partir loin à la rentrée ? »

    « Je ne sais pas, c’est pas fait encore… » il esquive.

    Son regard est fuyant… et pendant qu’il vise ailleurs, j’en profite pour bien m’imprégner de son image… je le regarde assis là, beau comme un camion, en mélangeant deux émotions explosives… l’image esthétique et sensuelle de son charme ravageur et celle émouvante provoquée par les révélations de Thibault qui refont surface dans mon esprit avec une force débordante… à nouveau, je ressens « ce truc » remonter dans mon ventre, et je le ressens avec une puissance nouvelle… une émotion si forte me mettant dans cet état de sensibilité extrême ou j’aurais du mal à tenir mes larmes…

    J’ai l’impressions de ressentir derrière les mots de cette simple conversation tout le poids des non-dits et des silences entre Jérém et moi… j’ai l’impression que Jérém aussi a envie de me dire quelque chose, mais je sais qu’il n’y parviendra évidemment pas… dans sa tête, encore trop de barrieres infranchissables 

    Oui, rien que le fait de voir Jérém, de penser à sa souffrance d’enfant, de savoir que ce taf loin de tout n’est qu’une tentative maladroite de fuir et de faire taire une souffrance toujours présente depuis tout ce temps… de savoir que je ne pourrais jamais partager ça avec lui, que je ne pourrai jamais essayer de l’apaiser, toutes ces idées me mettent dans tous mes états… et quand je pense qu’à tous les coups dans deux mois on sera à des centaines, voir des milliers de bornes l’un de l’autre, là j’avoue que j’ai envie de pleurer…

    Alors que je suis à deux doigts de me mettre à chialer et de lui sauter dessus, le prendre dans mes bras et lui faire le plus tendre des câlins… j’essaie tant bien que mal de me maîtriser… c’est l’histoire de ma vie… me maîtriser… le contrôle, toujours le contrôle, c’est mon lot quotidien, parfois, souvent mon malheur…. inutile de dire que dans THE série télé que j’aimerai bien des années plus tard, mon personnage préférée sera Bree Vandekamp…

    « Et sinon tu vais faire quoi de ton été ? » il me balance après s’être allumé une clope. Il a une façon d’allumer sa clope, un je ne sais pas quoi dans sa façon de sortir le paquet de sa poche, d’en extraire une, de la glisser entre ses lèvres, de l’allumer et de tirer la première taffe, un regard intense qui le rend encore plus… mec…

    Le bogoss qui fume a une « classe » quand ils fume, un cote « sophistique », un truc « élégant », « racé », un truc sexy quoi… j’arrive presque à être jaloux de ce plaisir solitaire qu’il prend devant mes yeux, comme s’il se branlait… j’en suis jaloux car je suis là et je n’ai qu’une envie, celle de le soulager… et lui il préfère fumer pour évacuer ses tensions, alors qu’il y a bien d’autres moyens sacrement plus efficaces pour détendre un beau corps comme le sien…

    « Glander, je pense » j’essaie de lui répondre de façon désinvolte. L’odeur de sa cigarette me prend à la gorge. Son attitude de fumeur nonchalant, me trouble.

    « Tu le mérites, toi t’as bossé au lycée, t’es une tronche, toi » il me balance.

    Oui, faute d’être un bogoss, faute d’avoir des potes, faute de faire partie d’une « meute », je suis une tronche. Je ne sais pas si je dois me réjouir de ce petit compliment, un compliment qui semblerait montrer à la fois une forme d’admiration qu’il me porterait et une distance définitivement infranchissable entre son monde, un monde de mecs bien vigoureux et mon monde à moi, un monde d’intellos…

    « Toi tu vas pas prendre des vacances ? » j’essaie de changer de sujet.

    « Avec le taf ça va être hard… je vais avoir quelques jours par-ci ou par-là, on verra… »

    Je me rends compte que c’est la première fois que j’ai une conversation aussi longue avec Jérém. On parle comme… comme deux potes… ça me fait drôlement plaisir… je ne sais pas si Jérém ressent la même chose ou s’il s’en fout éperdument de taper la discute avec moi… il faut dire que c’est lui qui est venu s’asseoir à coté de moi…

    Dans tous les cas, tout ce que je me dis à ce moment précis c’est… merci Thibault… merci de prendre les infos d’un coté et de les transférer de l’autre et vice-versa… merci d’être aussi « bavard »… merci de nous permettre de communiquer… à croire que c’est fait exprès… il faut que je pense à le lui dire, à le remercier de visu…

    Pendant nos échanges, au fil des allées et venues de mon visage vers son oreille et de son visage vers la mienne, j’ai été shooté aux notes de son nouveau parfum… parfum ou déo, je ne saurais dire… tout ce que je sais, c’est que cette nouvelle fragrance me perturbe… une fragrance encore plus poivrée que le précédent… et au même temps, une sensation de fraîcheur extrême… oui, tout changement chez la personne aimée nous trouble… je suis dans un état second…
    Oui, il va bien falloir que je sois dans un état second pour lui balancer à brûle-pourpoint :

    « Tu sens trop bon… »

    Il rigole dans son coin, amusé. Je n’ai que l’image, pas le son. Le boucan dans la salle est insoutenable. Il a l’air de se moquer de moi. Ça doit sonner con ce que je viens de dire. Alors j’essaie de me rattraper.

    « T’as changé de parfum ? » hélas, c’est encore plus con. C’est même navrant…

    « Ouais » il finit par répondre, l’air de se foutre carrément de ma gueule.

    Oui, je m’enfonce. Il va falloir que je trouve un truc pour sauver la face. La bière, la deuxième de la soirée, associée aux relents envoûtants de son nouveau parfum, commence à altérer ma conscience et à rendre possible des choses qui ne le sont pas à jeun… je ressens une sorte de fatigue planante, un plaisant début d’ivresse…

    Je remarque que Jérém semble afficher un petit sourire coquin. J’ai envie de lui, je n’y peux rien. Je me lance :

    « Ton parfum… ça donne des idées… »

    Il y aurait mieux comme sujet pour sauver la face. Mais bon, Jérém est là, et je ne suis plus complètement maître de moi-même…

    « Ah, oui… » il fait mine de s’étonner, visiblement flatté.

    « Oh, que oui… des idées et des… envies… » je surenchéris.

    Là, Nico, tu t’es piégé tout seul.

    « T’as envie de quoi ? »

    Le piège se referme. Bravo, Nico, bien joué, en tout juste deux répliques t’as atteint le point de non retour. Autant y aller franco alors…

    « De te faire des trucs… »…

    « Quels trucs? »

    « Tu sais… »

    Faut assumer Nico, faut assumer…

    « Non, je sais pas… »

     « Allez Jérém… »

    Faut assumer Nico, faut assumer…

    « Je veux te l’entendre dire »

    J’hésite. Au milieu du boucan de la boite de nuit, je ne me sens pas vraiment à l’aise pour lui chuchoter des cochonneries à l’oreille. De plus, je sais que ça va me faire monter la trique, et ce n’est pas le bon endroit, pas le bon moment. Pourtant, je vois bien que c’est ça qu’il veut.

    Et puis je commets l’irréparable. Je laisse traîner mon regard et je finis par croiser ses yeux bruns. Lorsque je les rencontre, je sais que je ne suis plus maître de mes actions. Je suis comme un ordi dont on a pris le contrôle à distance, je réagis malgré moi… dès que le contact est établi, c’est lui qui a tout pouvoir sur moi, c’est le maître du jeu… je suis sa poupée…

     

    Pull the string and I'll wink at you, I'm your puppet/Tire la ficelle et je clignerai des yeux pour toi, Je suis ta marionnette

    I'll do funny things if you want me to, I'm your puppet/Je te ferai quelques tours amusants si tu le désires, Je suis ta marionnette

    I'll be yours to have and to hold/Je serai à toi, tu pourras me posséder et me tenir

    Darling you've got full control of your puppet/Chéri, c'est toi qui a le contrôle de ta marionnette

    Pull another string and I'll kiss your lips, I'm your puppet/Tire une autre ficelle, et j'embrasserai tes lèvres

    Snap your finger and I'll turn you some flips, I'm your puppet/Claque des doigts et je ferai des pirouettes pour toi

    Your every wish is my command/Tous tes désirs sont mes ordres

    All you gotta do is wiggle your little hand/Il suffit d'agiter ta petite main

    I'm your puppet, I'm your puppet/Je suis ta marionnette, Je suis ta marionnette

     

    Son regard… chaud comme la braise, non, comme le cœur du volcan… puissant comme la lumière du soleil du mois de juillet… charmant au delà de l’imaginable… je connais ce regard lubrique où, l’alcool et le joint faisant tomber toute inhibition, tout se dévoile… c’est un regard transperçant, un regard devant lequel je suis transparent, sans défense… un regard qui semble s’enfoncer dans mon âme et la damner… un regard qui me baise, qui me possède… un regard lubrique dans lequel j’arrive à entrevoir ses pulsions les plus libidineuses… quand il est dans cet état là, il m’excite et il me fait un peu peur à la fois… quand il est comme ça, Jérém peut se révéler mauvais, mauvais et très sexy… je sais que dans ces moments là il est capable du meilleur dans son lit comme du pire dans son comportement… je sais que quand il est dans cet état là, le sexe va être puissant, sauvage, au point de me faire disjoncter… mais je sais également que son humeur peut être très changeante et que un rien peut le faire partir en vrille et le rendre très très mauvais…

    Et lorsqu’il est dans cet état de conscience altérée, quand sa personnalité plane sous l’effet de différentes ivresses, quand son esprit délesté de toutes ses inhibitions, ce beau jeune garçon n’est plus qu’une somme d’envies de plaisirs à satisfaire d’urgence, celui de la boisson, celui de la fumette et, par-dessus tous, le plaisir sexuel… à cet instant précis, je suis carrément fou de lui… dans ces moments là, plus que jamais, j’ai envie de lui, j’ai terriblement envie de lui, mes mains et mes lèvres réclament le contact avec sa peau, tous mes trous réclament la présence de sa bite…

    Devant son regard de mâle en rut, je ne peux rien lui refuser. Il attend que je lui dise en détail ce que j’ai envie de lui faire, je sais qu’il a envie d’entendre ça de ma bouche pour me rendre un peu plus son soumis, sa salope.

    C’est dingue comme l’effet de l’alcool, d’un parfum, de sa sexytude, a le pouvoir de faire basculer mon état d’esprit… un instant plus tôt j’avais envie de le câliner pour le consoler de la souffrance de son passé… un instant plus tard je n’ai qu’une envie, c’est de tout faire pour lui donner envie de me baiser…

    Oui, devant son regard, toutes mes réticences tombent. Et je finis par capituler avec un bonheur entier. Je finis par capituler en me disant que le fait d’accéder à sa demande, va bien lui donner envie de s’occuper de moi…

    « Jérém… » j’avance, pas du tout rassuré… j’ai envie de lui balancer des trucs très chauds, mais j’ai peur d’être ridicule… ça m’est déjà arrivé de lui dire des trucs coquins, mais c’était toujours pendant des révisions… l’excitation aidant à mettre en musique ce genre de partition… mais là, hors contexte, « à sec »… je ne sais pas comment ça va être…

    De plus, la salle est bondée, il y a un monde fou… et même si je sais que personne ne peut m’entendre, ça me gêne, ça me bloque… j’ai l'impression que tout le monde me regarde et que si je démarre, ils vont s’apercevoir de mon malaise… ils vont lire sur mon visage ce que je suis en train de balancer à l’oreille de Jérém… ils vont comprendre que je suis carrément en train de tailler une pipe verbale a mon beau brun… j’ai l’impression d’être nu et à genoux devant sa queue…

    Bon, de toute façon je n’ai plus le choix… il faut y aller… alors j’y vais…

    « Vas-y, dis-le… » il me presse.

    « J’ai envie de te sucer… » je finis par lâcher à mi voix, un peu honteux…

    « T’as envie de quoi ? J’ai pas bien entendu… » il me dit coquin. Coquin et vicieux. Je suis sur qu’il a très bien compris… là il veut juste que je lui répète… pour en jouir encore plus…

    « J’ai envie de te sucer… » je répète en élevant un peu la voix, en balançant ces mots avec un effort encore plus grand que la première fois…

    Je croise à nouveau son regard… erreur fatale… un regard qui m’invite, qui m’ordonne de continuer et… d’y aller franco.

    « Tu peux faire mieux » il finit par lâcher…

    Il sait que je peux faire mieux, et c’est ce qu’il attend de moi. Alors c’est décidé, j’y vais.

    « J’ai envie de bien te lécher les couilles… elles sont tellement douces et chaudes et puis elles sont pleines de ton jus de mec… »

    Il ne répond rien. Je sais qu’il attend que je continue. Petit goret, va…

     « J’ai envie de te prendre en bouche, jusqu’au fond de ma gorge… »

    J’ai vraiment du mal à me laisser aller… je m’étonne moi-même de mon langage, de mes mots crus, du son de ma voix que je trouve dissonant, faux… j’ai l’impression que ce n’est pas moi qui parle… pourtant je finis par y aller… par m’enfoncer dans une situation sans savoir où elle va me mener…

    « J’ai envie de te pomper jusqu’à te faire jouir dans ma bouche » je deviens trivial mais ça m’est égal « j’ai envie d’avaler jusqu’à la dernière goutte de ton jus… »

    Son regard en biais m’invite, m’oblige à avancer. Il aime ça. Et il a tout pouvoir sur moi.

    « J’ai envie de goûter à ton jus de mec… j’adore le goût de ton sperme... ça me rend dingue... j’ai tout le temps envie de te sucer et d’avaler ton jus... »

    Maintenant que j’ai commencé à me lâcher, je prends un plaisir grandissant à lui chuchoter à l’oreille ces mots coquins, limite grossiers… je me rends vite compte que je peux aller loin comme ça, très loin, que je peux développer à l’infini mon adoration pour sa queue, que je prends un plaisir, et pas des moindres, à lui avouer ce que je ressens devant sa virilité…

    Je suis parti, et je ne peux plus m’arrêter… j’ai envie d’aller de plus en plus loin, car rien n’est à mes yeux assez puissant pour lui montrer à quel point sa puissance masculine m’impressionne, à quel point je suis fous de lui, de son corps, de sa queue… non, une fois atteint ce stade, je n’ai plus le pouvoir, et encore moins la volonté, de m’arrêter… là où j’ai encore le pouvoir, c’est de doser tout ça, de trouver le sens de la formule pour que mes mots aient le plus d’impact possible sur sa fierté de jeune coq… alors, transporté par l’excitation montante, je ne me prive pas…

    Depuis que mes lèvres débitent sans répit des mots osés à son oreille, j’ai perdu le contact avec son regard, un regard que je serais incapable de soutenir… ce qui me met à l’aise pour y aller de plus en plus franco… depuis ma position, je le vois de profil, son épaule dessinée sous le coton orange de son t-shirt moulant son biceps ; sa mâchoire virile portant une barbe de trois jours ; la tête légèrement penchée à l’avant, des pattes taillées très nettes, donnant une allure propre, jeune, soignée, sexy ; la chaînette du meilleur goût : tout simplement beau, tout simplement mec…

    Mon visage à quelques centimètres de son oreille, j’ai envie de lui lécher, mordiller tellement c’est beau et sexy…

    Pendant que mes mots grivois lui donnent toute l’ampleur de ma soumission à son rôle de mâle dominant, je vois parfois ses sourcils se soulever instantanément, comme sous l’effet d’une excitation soudaine… parfois son visage se tourne légèrement, parfois il m’est arrivé de croiser un regard en biais, un regard limite incrédule…

    J’ai l’impression que mes mots le rendent dingue… alors je sens mes dernières barrières tomber… mes fantasmes forcent les derniers remparts de ma dignité et ma langue se délie…

    « J’ai tout le temps envie de te sucer… parce que tu es vraiment trop bien monté… ta queue est tellement puissante… c’est une vraie queue de mec, bien raide, avec des vraies couilles de mec, bien chaudes et bien pleines… et puis… putain… qu’est ce que tu es viril comme gars… ta queue me rend dingue… rien que de l’avoir en bouche je jouis… »

    Je sens que je suis en train de l’exciter… son attitude semble se faire encore plus sensuelle, plus chaude… j’ai presque peur… disons entre peur et envie… presque envie… carrément trop envie qu’il me saute dessus là tout de suite… je suis impatient… je m’attends à que, d’une minute à l’autre, il m’entraîne dans les chiottes, qu’il ouvre la braguette de son beau jean, qu’il descende son boxer et qu’il me baise la bouche ou le cul sans autre forme de ménagement…

    Je sens qu’il est en train de monter en pression, alors je m’amuse à jeter de l’huile sur le feu… son regard de fou que je viens de croiser pendant une petite pause me rend dingue…

    « J’ai aussi très envie de sentir ta queue s’enfoncer dans mon trou… j’ai envie de te sentir bien au fond en moi, de me sentir rempli de ta queue… j’adore quand tu es bien au fond, quand tes couilles s’écrasent contre mes fesses… j’ai envie de me faire défoncer… j’ai envie de te voir prendre ton pied comme un malade, j’ai envie de te voir jouir comme l’autre soir devant la table de massage, j’ai envie de me sentir fourré par ton jus… »

    Je suis comme fou, je ne peux plus m’arrêter… j’ai envie de lui parler aussi de ce jet chaud qu’il a lâché sur mon torse, mais quelque chose me dit qu’il ne faut pas… je n’ai pas envie de dire le mot de trop qui pourrait couper la magie sensuelle de ce moment…

    « Et quand tu aura fini de jouir » je finis par lui balancer comme l’estocade finale pour le faire capituler « je veux bien me mettre à genoux devant toi et bien goûter à ta queue moite de ton jus »

    Je crois que je ne peux par aller plus loin. Je lui ai dit tout ce que j’avais à lui dire. J’éloigne ma bouche de son oreille et je redresse mon buste, tout en essayant de retrouver une position à l’aise sur mon tabouret… mais comment me sentir à l’aise après tout ce que je viens de lui balancer à l’oreille ? Comment avoir le courage de retrouver son regard, après ça ? Surtout que, pendant toute ma tirade, il n’a pas dit un mot… certes, il y a eu des réactions sur son visage… mais pas un mot… et là, le silence qui s’installe après mon envolée lyrique, est vraiment l’un des plus gênants que je n’ai jamais connu entre nous… pourtant, dieu sait qu’il y en a eu d’autres bien fracassants… mais celui là, je crois qu’il mérite le pompon… les enceintes de la baffe dégueulent une musique monotone à toute puissance… ça casse les oreilles… pourtant j’ai l’impression d’entendre le silence entre nous… lourd, étouffant, écrasant…

    Je regrette déjà de lui avoir cédé une fois de plus… quelques minutes plus tôt j’avais envie de le prendre dans mes bras, une minute plus tôt encore j’avais envie de le prendre dans ma bouche… et là j’ai juste envie de le gifler… c’est dingue le pouvoir de ce mec de susciter des sentiments de signe opposé, de le faire avec une rapidité sidérante, des sentiments opposés mais toujours avec un intensité aussi forte…

    Je bois la dernière gorgée de ma bière, comme un dernier rempart pour cacher ma dignité perdue, un rempart prêt à me lâcher… le pire c’est que, en plus, le fait de lui balancer tous ces trucs ça m’a mis dans un état… je suis en nage, le visage en feu, ma respiration est rapide et profonde… pendant que je lui chuchotais des cochonneries à l’oreille, j’ai souvent senti mon gland frotter contre le tissu de mon boxer… je bande, j’ai même l’impression d’avoir mouillé… je ressens des frissons partout sur ma peau, je ressens le coton de mon t-shirt frotter sur mes tétons devenus hypersensibles…

    Et il ne m’a rien fait… il ne m’a même pas effleuré, je ne l’ai même pas vu à poil… pourtant, je suis si excité que j’ai l’impression d’avoir carrément baisé avec lui… quand je dis que ce mec est capable de me baiser rien qu’avec le regard… ou avec sa langue… là on franchit une nouvelle étape… depuis cette nuit, ce mec est capable de me baiser rien qu’en me forçant à lui avouer mes fantasmes… si c’est pas puissant, ça…

    Oui, je bande comme un âne… mais il y a encore mieux… c’est le fait de savoir que lui aussi il bande, je le vois à la bosse rebondie qui tend sa braguette à boutonnière… ce qui, à mon sens, laisse bien espérer pour la suite des événements… des événements qui, hélas, tardent à venir, me plongeant dans un malaise grandissant, me mettant dans une position de plus en plus difficile à assumer…

    Je sais que je ne vais pas tenir longtemps… je sais qu’après ma bière il ne me restera plus aucun truc derrière lequel cacher ma honte… j’ai soudainement envie de disparaître sous le sol… ce sol où mon regard s’est posé depuis un long moment déjà, me ramenant le lui uniquement l’image du fond de son jean retombant sur ses chaussures rouges à semelle blanche que je trouve si craquantes…

    Je regarde le sol mais je sens son regard sur moi, un regard triomphant, fier, macho. Alors que le silence entre nous s’étire de façon de plus en plus insupportable, je le sens approcher de mon oreille.

    « T’es vraiment une salope… » il finit par me balancer en appuyant bien sur chaque lettre, comme si je venais de battre le record du monde dans la catégorie salope.

    Je me disais bien qu’un truc comme ça n’allait pas tarder à venir. Presque réconforté, j’enchaîne.

    Je reviens à la charge :

    « Oui, je suis ta salope… j’ai trop envie de toi… j’ai envie que tu me jouisses partout… j’ai envie que tu me baises… comme tu en as envie, autant que tu en as envie… et… » 

    « Et ??? » me fait-il en écho.

    « …et… là où tu en as envie… » je finis par lui balancer avec un geste de la tête en direction de l’entrée des chiottes du KL.

    Un sourire coquin et arrogant s’affiche sur son visage. Je sais qu’il se prépare à me balancer un truc puissant… ce que je ne sais pas, c’est quelle polarité va avoir cette puissance… au point d’excitation où il est, il peut aussi bien avoir envie de me faire ce que je viens de lui chuchoter à l’oreille… ou, à l’inverse, il peut avoir envie de me jeter…

    « J’ai envie de goûter à ton jus… j’ai tout le temps envie de goûter à ton jus… » je tente de faire pencher la balance de son choix.

    « C'est pour ça que l'autre soir t'as recraché ? » je m’entends demander.
    Coquin de petit voyou qui prend son pied en me voyant avaler son jus... comme si tu n’avais pas compris que t’a failli m’étouffer avec ta queue, ce
    magnifique engin, ce poison délicieux et magique capable de donner le plaisir le plus exquis et d’infliger la douleur la plus insupportable…

    « C’est passé de travers… » je mens.

    Il avale une gorgée de son whisky, il allume une clope de plus, il commence à tirer des taffes lentement. C’est le genre de cigarette qui va durer longtemps… malgré tout ce que je viens de lui balancer pour l’exciter, bien que j’aie accédé à sa demande de m’humilier en lui avouant toutes mes envies de sa sexualité, le gars ne semble pas pressé de concrétiser… pire, il ne semble même pas partant… j’ai du mal à le croire… j’avais vraiment eu l’impression que mes mots lui avaient fait de l’effet… et là on dirait qu’il s’en fout net…

    « On fait quoi ? » je m’impatiente devant son calme et son immobilité…

    Je sais bien que je n’ai pas le pouvoir de le contraindre, ni même de lui demander quoi que ce soit en ce qui est de nos rapports sexuels… lorsque par le passé je me suis avancé à lui demander de lui faire plaisir, lorsque c’est venu de moi, je me suis presque toujours fait jeter… et là non plus ça ne ratera pas…

    « T’en a pas eu assez de tout ce que je t’ai mis cette semaine ? T’as pas mal au cul à force de te le faire défoncer ? »

    L’alcool le rend trivial. Je suis pris au dépourvu, je ne sais pas quoi répondre. Ce qui lui laissera tout le loisir de bien enfoncer le clou, faute de mieux :

    « Vas donc te branler dans les chiottes, ce soir j’ai pas envie de te baiser… »

    Quand je dis qu’il y a des gros paquets de baffes et de fessées qui se perdent… à ce moment là je suis partagé entre deux envies impérieuses, celle de lui attraper le bras, de l’arracher de son tabouret, de tenter de le traîner aux chiottes pour le faire jouir (ce qui est peut-être ce qu’il attendait de moi à ce moment précis) et celle de lui mettre un grand pain dans la figure et de le faire tomber à la renverse… je pense que l’une autant que l’autre auraient pu me soulager… au lieu de quoi, déçu, humilié, je me contenterai de me lever et de lui balancer un :

    « Espèce de… espèce de con ! »

    Avant de me tirer pour aller chercher ma cousine, j’ai droit à croiser son sourire arrogant et provocateur… putain de tête à claques…

    Là, à cet instant précis, je suis vraiment en pétard contre lui… pourquoi me faire mettre à nu devant lui, pourquoi me demander de lui avouer tous mes fantasmes, si c’est pour me jeter comme une merde ? « T’en a pas eu assez de tout ce que je t’ai mis cette semaine ? T’as pas mal au cul à force de te le faire défoncer ? »

    « Vas donc te branler dans les chiottes, ce soir je n’ai pas envie de te baiser… »… petit con, va… gros con macho, insupportablement arrogant, merdeux… connard !!!! tu ne mériterais presque pas le plaisir que je t’ai donné depuis des mois…

    J’ai juste envie de me tirer de là, avant de faire une connerie… j’ai trop envie de revenir sur mes pas pour lui mettre mon poing dans la figure… mais il y a trop de monde autour… et quand bien même… je suis incapable de violence, je ne supporte pas l’affrontement… et par-dessus tout je suis incapable d’imaginer un seul instant qu’on puisse cogner un mec aussi beau, aussi con soit-il…

    J’avance d’un pas déterminé et rapide pour aller retrouver Elodie dans la salle disco, lorsque sur mon chemin je tombe sur quelqu’un que je connais. Mon élan est stoppé net. C’est mon ancien pote Dimitri. Ce Dimitri que je ne vois plus depuis des années, ce Dimitri qui a été l’« excuse » que j’ai pondu à maman pour justifier le fait d’avoir découché la nuit après l’Esmé…

    C’est la dernière personne que je m’attends à rencontrer… on a été potes pendant l’enfance, mais depuis le lycée, puisqu’on ne fréquente pas le même, nos chemins se sont un tantinet séparés… dans d’autres circonstances ça m’aurait fait plaisir de passer un moment avec lui, mais là je n’ai pas la tête à taper la discute pour rattraper le temps pendant lequel on ne s’est pas vus… à ce moment précis j’ai juste envie de me tirer loin de cette boite où je me suis encore fait traiter comme une merde par l’homme que j’aime… c’est si dur à encaisser ça… doublement dur… de se faire traiter comme une merde… et subir ça par les mots et les actes de la personne que l’on aime le plus au monde…

    Pourtant, je reste… je suis un gentil garçon… un brave garçon… un beta, quoi… je suis en train de bouillir à l’intérieur, j’ai envie de partir le plus vite possible, mais comme d’hab je prends sur moi… pauvre con, si je m’écoutais un peu plus souvent… ce soir là j’aurais du m’écouter, j’aurais du partir sans me laisser ralentir par Dimitri… j’étais humilié, énervé, mais au moins je n’aurais pas assisté à la scène incroyable et bouleversante qui allait se dérouler sous mes yeux ébahis… une scène tellement surréaliste que si on me l’avait juste racontée, si je n'y avais pas assisté avec mes propres yeux, j’aurais eu du mal à la croire… pourtant…

    Dimitri est toujours en train de me causer sans se rendre compte que je n’écoute pas un traître mot de ce qu’il raconte… en effet, toute mon attention est polarisée par ce gros con de Jérém… je me sens vraiment pathétique à m’humilier de cette façon devant lui… mais j’ai trop envie de… lui… je n’aurais jamais du lui parler de son parfum… jamais provoquer ce mec, à chaque fois ça me revient dans la figure… le pire c’est que lui aussi il en avait envie… je suis certain qu’il bandait dans son beau jean…

    Je crois que le problème c’est que mes demandes de sexe le mettent mal à l’aise… j’ai remarqué que lorsque l’initiative vient de moi, ça ne lui plait pas (sauf exception, comme à la piscine)… l’initiative doit venir de lui… dans sa tête, la baise qui vient de son chef est domination, soulagement de ses envies de mâle… alors que céder aux avances d’un pd c’est faiblesse…

    Dimitri est intarissable… on dirait qu’il est en train de me raconter sa vie de fond en comble… il me saoule… j’ai envie de lui balancer « Ta gueule, Dimi, suis occupé à mater mon beau brun… »… au lieu de quoi je fais mine d’écouter…

    De l’endroit où je me trouve, caché dans la pénombre d’un grand pilier délimitant la piste de danse, je peux observer mon odieux brun sans être vu… évidemment, malgré ce qui vient de se passer, je ne m’en prive pas… oui, j’aurais du partir de suite, mais maintenant que je suis là, je suis curieux de voir ce qu’il va faire après m’avoir jeté… je suis curieux de savoir comment il va finir sa soirée…

    Je ne vais pas tarder à le savoir… je ne vais pas être déçu… mais pour l’instant il est toujours assis à son tabouret, seul, en train de siroter son fond de whisky et de fumer sa clope…

    Et puis, l’espace d’un instant, tout s’emballe… Thibault s’approche de lui… ils échangent quelques mots dans l’oreille l’un de l’autre… à nouveau je vois Jérém indiquer quelque chose ou quelqu’un vers la piste de danse… Thibault suit son regard… Jérém lui sourit… Thibault lui sourit à son tour, j’ai m’impression qu’il est un peu mal à l’aise… Jérém lui parle encore à l’oreille… Thibault semble un peu rassuré… je ne comprends rien à leur manége… t’inquiètes, Nico, tu vas vite piger…

    Thibault s’éloigne et disparaît quelque part dans la salle… un instant plus tard, Jérém se lève de son tabouret, il boit cul sec le fond de whisky, il abandonne son verre sur le comptoir… il s’éloigne du bar, le pas lent et assuré… là je suis intrigué… où est-ce qu’il va ainsi, avec ce regard outre mesure ténébreux, avec cette attitude de mâle en chasse ? Je sens que je vais assister à quelque chose de mémorable…

    Toute mon attention est captée par les agissements de Jérém… Dimitri n’existe plus pour moi… je me suis carrément tourné pour suivre les mouvement de mon beau brun et je lui tourne le dos… mais je m’en fous… il n’y a que Jérém qui compte à ce moment là…

    Mais où est-ce qu’il va ? On dirait qu’il se dirige vers la piste de danse… bizarre… je n’ai jamais vu Jérém poser ne serait-ce qu’un orteil là dedans… et en effet, s’il approche de la piste de danse, c’est pour se poster en hauteur sur la petite estrade à l’opposée du cagibi du DJ…

    Voilà Jérém installé devant la rambarde, surplombant la piste, les aplombs bien plantés sur le sol, les jambes un peu écartées, les mains dans les poches de son jean, le torse droit mais légèrement cambré, le t-shirt orange col en V épousant avec une précision diabolique son anatomie masculine, moulant ses épaules et ses biceps, dessinant le relief de ses pectoraux saillants... et cette chaînette, si virile, posée à l'extérieur... le regard fixé vers la piste, ce regard détaché, excessivement brun, puissant, toisant de haut en bas, chargé de ce truc de magnétique qui lui appartenait, ce truc indéfinissable mais épouvantablement efficace, son charme de fou…

    C’est un mélange explosif, un plat épicé, qui ravit tous les sens… un met si bien présenté et si hors de portée qui met l’eau à la bouche… bien sur, je préfère quand Jérém met autre chose que de l’eau dans ma bouche… sa langue, sa queue, son jus…

    Mate moi un peu ce petit con de chez petit con d’allumeur… mate moi comment qu’il se la pète, avec quelle assurance il balance son regard de chasseur… Comme d’hab, Jérém fait du Jérém pur jus, une recette qui a fait ses preuves et dont les ingrédients principaux sont son charme naturel, relevé d’une bonne dose de cette attitude insolente et conquérante, frimée et assurée, culottée et assumée a la fois qu’il porte comme un chef, sans douter un instant de lui… 19 ans seulement et déjà si… mâle dominant

    Et comment il sait utiliser la puissance du regard… comment il sait se la jouer jeune mâle sur de lui, fort de cette assurance illusoire mais puissante de cet age où l’on ne connaît absolument rien à la vie, où l’on ne se rend pas compte que la jeunesse et la beauté ne durent qu'un temps et que ces cadeaux du ciel ne sont pas forcement donnés pour affirmer sa supériorité et sa domination virile vis à vis de l’autre…

    Je ne sais pas encore ce qui va se passer, mais je devine que la scène qui ne va pas tarder à se dérouler sous mes yeux va être une scène épique…

     

    Plus tard cette nuit là…

     

    Jérém se sent bien dans cette étreinte… il sent son corps détendu, une sensation de bien-être irradiant de son bas ventre… soudainement, il est saisi d’un doute… sa main se faufile à l’intérieur de son boxer… et l’information que les doigts lui rapportent, confirme bien son doute… dans le sommeil, le beau brun a joui dans son boxer…

    Que s’est-t-il passé ? Comment a-t-il pu jouir sans se rendre compte de rien ? Est-ce qu’il s’est touché ? Est-ce qu’il l’a touché ? Est-ce c’est venu tout seul ? Est-ce que c’est venu à cause du simple contact avec son corps à lui, à cause de sa main posée sur ses pecs, le bout des doigts abandonnés sur l’un de ses tétons ? Ou bien c’est venu à cause du contact de son bassin, de son boxer contre ses fesses, à cause de son visage dans son cou, ses lèvres posées à la lisière de ses cheveux, cet endroit qu’il lui file les frissons les plus intenses ? 

    Ou alors, est-ce que c’est arrivé à cause de ce rêve qu’il vient de faire… c’est bien qu’il soir resté dormir, Nico… qu’est-ce que ça lui fait de l’effet ce contact avec sa peau… oui, Jérém se sens vraiment bien dans cette étreinte…

     


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    Jérém se sens bien dans cette étreinte… il ressent une profonde sensation de bien-être… ce dernier orgasme, un orgasme qu’il n’a par ailleurs pas senti venir, mais dont les endorphines dégagées régalent son corps à posteriori, lui amène une sensation d’apaisement total… il est bien au chaud dans cette étreinte… le radio réveil indique cinq heures… l’heure de se lever n’es pas du tout d’actualité…

    Jérém décide de ne pas se poser de questions pour l’instant, de profiter du bien-être présent, de se laisser glisser dans le sommeil qui le guette à nouveau… il se dit que pour se poser des questions existentielles, pour se tourmenter il y a assez de la journée… la nuit, quant à elle, c’est le temps du rêve, de la passion, du plaisir… il voudrait qu’elle ne se termine jamais… car c’est si agréable ce contact… pourvu qu’il ne bouge pas de si tôt…

     

    Plus tôt ce soir là…

     

    « Vas donc te branler dans les chiottes, ce soir je n’ai pas envie de te baiser… »

    Quand je dis qu’il y a des gros paquets de baffes et de fessées qui se perdent… à ce moment là je suis partagé entre deux envies impérieuses, celle de lui attraper le bras, de l’arracher de son tabouret, de tenter de le traîner aux chiottes pour le faire jouir (ce qui est peut-être ce qu’il attendait de moi à ce moment précis) et celle de lui mettre un grand pain dans la figure et de le faire tomber à la renverse… je pense que l’une autant que l’autre auraient pu me soulager… au lieu de quoi, déçu, humilié, je me contente de me lever et de lui balancer un :

    « Espèce de… espèce de con ! »

    Avant de me tirer pour aller chercher ma cousine, j’ai droit à son sourire arrogant et provocateur… putain de tête à claques…

    Quelques minutes plus tard…

    Je ne sais pas encore ce qui va se passer, mais je devine que la scène qui ne va pas tarder à se dérouler sous mes yeux va être une scène épique…

    Jérém est posté sur la petite estrade au bord de la piste de danse, installé devant la rambarde, surplombant la piste, son attitude d’insupportable petit coq… le regard balayant avec indifférence, limite mépris une foule qui le couvre en revanche de regards envieux, charmés… oui, plein de regards convergent sur lui, alors que le sien ne semble se poser nulle part…

    J’ai repense à cette attitude de Jérém en cette année 2015 à l’occasion d’une grippe carabinée qui m’a donné le temps de me pencher sur le « cas »… Justin Bieber…

    Oui, lorsque je vois Mr « Boyfriend » tenir un stade entier sous son charme, lorsque je l’entends balancer, comme un cadeau à un public conquis, la question « who wants to be my baby ? », je repense à Jérém sur l’estrade de la piste de danse du KL… certes, Justin n’est pas Jérém, et ce dernier n’était pas ce soir là torse nu, du moins pas encore à cette heure, comme l’est le beau canadien à la fin de ses concerts de 2013 juste avant d’entamer « Baby »… mais la question, celle que Justin verbalise avec un adorable et insupportable culot, sûr du pouvoir de son charme, est la même que Jérém posait ce soir là sans le moindre mot, rien qu’avec son regard…

    Le regard de Jérém fait plusieurs fois le tour d’horizon et finit par se focaliser quelque part à l’intérieur de la piste de danse… sans plus accorder la moindre attention à Dimitri, je me décale pour chercher à comprendre où le regard de mon beau brun est en train de se poser… hélas, j’ai beau me déplacer, prendre le risque de me faire repérer, ce dont je me fous désormais, je n’arrive toujours pas à capter ce qu’il est en train de mater…

    Je cherche, je cherche, sans succès. Et puis la réponse à mes questions arrive soudainement. Elle est aussi percutante qu’humiliante. Une claque en pleine figure. Suivant la direction de son regard, je remarque enfin une petite brune qui danse seule au milieu de la piste… Jérém la mate sans répit, et à son tour elle lui lance un regard de temps à autre, de façon discrète mais de plus en plus insistant... Jérémie ne bouge pas d’un poil, les mains dans les poches, sa seule arme étant son regard de braise posé, braqué sur elle….

    Putain de regard… c’est un regard que je connais bien… un regard de petit con impuni… ce regard qui dit « Je sais que tu as envie de moi, je sais que tu as envie de ma queue, alors viens la chercher »...  un regard qui dit « je vais te baiser »… c’est à tomber... hélas, ce charme de fou est gaspillé avec une fille… oui, Jérém est tout connement en train de draguer une nana qu’il va mettre dans son lit à ma place… c’est tout simplement dégoûtant… je crois que je vais gerber sur place…

    La musique sort de plus en plus puissante des enceintes de la salle et je sens les basses monotones d’une musique répétitive s’infiltrer dans mon corps et se superposer aux battements de mon cœur… ce cœur qui s’est accéléré depuis que je mate un documentaire en direct live sur « mon beau mâle dans sa chasse à la femelle »…

    Je suis à la fois écoeuré et intrigué par ce que je vois… je suis toujours jaloux, énervé mais j’ai très envie de voir comment cela va se finir… la bière a sur moi un effet excitant et apaisant à la fois… j’ai l’impression que mon cerveau est embrouillé, je ressens une douce fatigue et je sens ma contrariété se calmer un peu… voir mon beau brun en train de draguer, l’imaginer s’envoyer en l’air… bien qu’avec une nana… c’est dingue ça, je ressens à la fois de la jalousie et de l’excitation…

    C’est l’effet de l’alcool sans doute… ce sont peut être des relents de cigarette magique que je capte par moments ici et là, mais à un moment j’ai l’impression de rentrer comme en résonance avec la salle… j’ai la tête qui tourne, je sens que je ne suis plus complètement maître de moi-même… je commence à perdre le contrôle… un peu…

    C’est un ensemble de choses qui, en se combinant, finissent par m’installer dans un état second…

    La musique d’abord… les basses, de plus en plus puissants, ont sur mon esprit embrumé, comme l’effet d’un mantra… je me sens comme au seuil de l’hypnose ; ensuite, les jeux de lumière… colorés, intenses, excitants pour la vue, un sens bien sollicité par ailleurs par l’effet de masse provoqué par les nombreux bogoss circulant avec un naturel désarmant et une nonchalance à peine croyable dans l’espace autour de la piste de danse ; et puis il y a les sensations olfactives… omniprésentes, parfois agressives pour mes narines, lorsqu’il s’agit du parfum trop fort d’une nana, tout simplement envoûtantes lorsqu’il s’agit du déo qui traîne derrière la plaisante silhouette d’un beau garçon qui défile devant moi et qui m’offre, sans le savoir, une sensation esthétique puissante tout en m’inspirant un désir brûlant… au final, mon odorat est comme ravi, perdu, conquis par ce mélange d’odeurs de cigarette, du parfum de cette fumée blanche que le DJ balance copieusement pour faire diversion de la pauvreté de sa musique, de transpiration, de fragrances s’évaporant de la peau douce de charmants garçons…

    Mon regard embrasse la salle toute entière… je regarde, j’entends, je respire cette sensation de jeunesse insouciante, ce désir de s’amuser, d’oublier le quotidien, de se laisser aller à toute sorte de plaisir capables d’offrir des bonheurs passagers mais très prisés…

    Oui, cette sensation de jeunesse en rut qui flotte dans la salle est comme une ivresse qui s’empare de tous mes sens et qui me met dans un état de bonheur et de contemplation qui me ferait presque oublier mon Jérém et ses conneries, le fait que je viens de me faire jeter comme une merde par le mec avec qui j’ai envie de coucher et que ce dernier va lever une nana devant mes yeux pour se la taper à ma place…

    Oui, Jérém… j’ai beau être dans un état presque second, je finis par revenir à lui… de toute façon, je finis toujours par revenir à lui… c’est mon grand défaut, le drame de ma vie…

    Il est toujours en train de draguer sa pétasse… oui, la brune… mais pas que… il me faudra un petit moment pour remarquer l’intégralité de son petit manège… en y prêtant un peu plus d’attention, je finis par me rendre compte que, de temps à autre, le regard de Jérém se déplace légèrement sur la droite... c’est en suivant à nouveau la direction de ses « yeux kalachnikov » que je repère une autre nana, une blonde, moins discrète que la première, qui n’arrête pas de le mater et de lui lancer de grands sourires, aguicheuse comme... bah, oui, comme une blonde…

    Je le regarde draguer méthodiquement, froidement… j’ai l’impression, que pas plus que vis-à-vis de moi, Jérémie ne semble éprouver pour les nanas d’autre sentiment que le seul désir de soulager ses besoins sexuels, le désir de conforter sa virilité par des conquêtes multiples… comme il me l’a clairement signifié un peu plus tôt ce soir là, c’est la baise, c'est-à-dire les envies de sa queue, voilà le seul cap qui semble guider sa vie de garçon de 19 ans…

    Que ce soit avec Claire ou Sarah que je l’avais vu éviter au lycée après les avoir croisées venant de se faire baiser ou carrément en train de se faire baiser dans sa chambre, que ce soit avec la brune avec qui je l’avais vu débouler à la piscine Nakache, j’ai l’impression qu’au delà de sa fougue sexuelle, Jérémie est un garçon froid et distant, incapable de la moindre tendresse avec la gent féminine… encore moins qu’avec moi… et ce n’est pas peu dire…

    Sa beauté et son charme lui permettant de baiser plus qu’à son tour, il me semble qu’il ne fait que les utiliser; il y a dans son attitude un je-ne-sais-pas-quoi de méprisant, de prédateur… c’est dans sa façon de se faire désirer, d’« octroyer » fugacement l’accès à ses faveurs tant convoités avant d’enchaîner froidement sans jamais prêter la moindre attention à la déception, à la souffrance qu’il peut laisser derrière lui…

    Ah, ce petit con de Jérém, ce sacré petit con… il fallait le regarder, en train de passer de l'une à l'autre, sans ciller, sur de lui, avec cette puissance du regard qui est comme un aimant… pendant un moment je me demande à quoi il joue ce petit con, laquelle des deux il a l'intention de sauter ce soir là…

    Ça doit toujours être l’effet de la bière, mais à un instant je me dis que j’ai envie de m’approcher de lui et de l’embrasser… si je n’avais pas peur de me faire casser la tronche, j’aimerais bien me venger de sa méchanceté de tout à l’heure en lui cassant son coup et en le mettant dans l’embarras devant quelques milliers de personnes… j’aimerais bien voir sa fierté de mâle bien ratatinée… oui, j’ai envie de le faire… ce qui m’empêche de donner suite c’est que je n’ai pas envie de me ridiculiser devant autant de monde… et surtout que j’ai encore moins envie de me faire casser la tronche devant tant de monde…

    A un moment son regard s'ouvre sur un sourire au charme ravageur, dégageant une assurance et une virilité à faire chavirer n'importe qui, n’importe quoi… il regarde la brune et en penchant légèrement la tête, lui faisant signe de le rejoindre... vu de l’extérieur, ça me parait tellement gros que je me dis que ça ne va jamais marcher… que ça ne peut pas marcher… que ça ne doit pas marcher… que même son charme de fou n’a pas le pouvoir, ni le droit d’emballer de cette façon…

    Crois-tu, mon Nico… t’es loin d’avoir tout vu… une seconde plus tard, devant mon regard incrédule, je vois la nana amorcer lentement mais assurément une manœuvre d’approche du beau brun… elle prend son temps, elle ne se précipite pas, elle semble dériver tout en continuant à danser et à lui lancer des regards de plus en plus coquins… ce mec est juste pas possible… je ressens de la jalousie mélangée à de la fierté de me dire que j’ai eu la chance et les atouts pour que ce beau brun si convoité ait eu envie de coucher avec moi pendant tout ce temps…

    La manœuvre de la brune se poursuit… Jérém balance un nouveau sourire, encore plus coquin que le premier, un sourire qui dégage cette étincelle lubrique que je connais également très bien… un petit je-ne-sais-quoi dans le regard de la nana, suivi d’un mouvement sensuel des lèvres entre lesquelles un bout de langue m’a semblé se faufiler de manière presque imperceptible, semble confirmer que le charme du beau mâle a encore tout emporté… oui, elle est complètement sous son charme… elle ne peut plus le quitter des yeux… elle le dévore littéralement des yeux… ce sont des yeux remplis d’un désir brûlant… un désir qui semble jaillir de ses yeux, un désir qui fait que la perspective de se faire sauter par le beau brun devient inévitable…

    En fin de compte, Jérém semble se concentrer sur la brune… je pense qu’il préfère les brunes, je l’ai presque toujours vu avec des brunes… c’est elle que ce soir aura la chance de goûter à sa queue et de faire défoncer par le plus beau mâle de Toulouse…

    Mais je n’avais pas encore tout vu… loin de là… pendant que la brune approche, aimantée par son charme juste pas possible, voilà le beau brun poser son regard en direction de la blonde… et là, même geste en penchant légèrement sa tête, même signe pour l’inviter à le rejoindre, même sourire coquin et lubrique…

    Non, Jérém n’est pas en train d’essayer d’emballer une nana… il est en train d’en emballer deux ! Il est parti pour un plan à trois, ce petit con ? Il a donc besoin de ça pour se rassurer de sa virilité, de son hétérosexualité ?

    Je me dis que ce coup-ci ça ne va pas marcher, ça serait vraiment trop… et pourtant… pourtant, voilà la blonde balancer un sourire aussi coquin… la qui sort carrément de la piste, contourner la foule; et, sans quitter le beau brun des yeux, s’approcher de lui…

    Tel Magneto jouant avec ses bibelots en métal, Jérémie semble avoir pris le contrôle total et inconditionnel de leur esprit par la porte du désir, cette porte enfoncée par son charme; il n’y a pas à tortiller, Jérém est le maître… le maître charmeur… un vrai charmeur de serpents… et de nanas…

    Quelques années plus tard, lorsque ma vie et celle de Jérém auront pris des chemins différents, je me retrouverai un soir chez mes parents… le sommeil s’entêtant à ne pas venir, je me poserai devant la télé… en zappant machinalement à travers les chaînes trop nombreuses du bouquet satellite, je tomberai sur le premier épisode d’une série dont on parlait beaucoup depuis pas mal de temps déjà… une série nommée Queer as folk…

    L’épisode est déjà bien avancé, mais j’arrive pile au moment où l’on voit l’entrée en scène de Brian, le véritable protagoniste de la série… l’alpha-mâle, l’homo actif et viril, le fantasme sur pattes de l’imaginaire gay est là, planté sur le bord de la piste de danse du Babylon… il se tient débout, un peu en hauteur, toisant tous ces pd qui se battraient pour sa queue…

    Certes, Jérém n’est pas Brian, et le KL n’est pas le Babylon… pourtant, chacune des deux boites est un harem pour son propre alpha-mâle… dans cette scène, rien qu’en se servant d’un jeu de regards magnétiques, Brian est en train d’emballer deux gars pour son plan du soir… le contact établi, le charme opère et les deux gars s’approchent de lui comme aimantés, subjugués… un instant plus tard on voit un enchevêtrement de corps onduler sous les vagues d’un plaisir intense partagé dans le lit au beau milieu du loft de Brian…

    Ce soir là, assis sur le canapé de mes parents, devant la télé de mes parents, en regardant cette scène, je me sentirai happé par une incroyable sensation de déjà vu... j’aurai l’impression de revivre ce moment, cette nuit au KL où Jérém avait réussi cet exploit si incroyable à mes yeux… les deux images étaient à mes yeux si proches que, jusqu’à que je ne découvre que cette série avait été tournée un an auparavant cette soirée au KL, je me demanderais si le mec qui a écrit cette scène n’aurait pas été présent au KL en cette nuit du 1er juillet 2001 pour assister à l’incroyable performance de mon beau brun, pour la retranscrire et exciter les esprits de millions de téléspectateurs all around the world…

    Sans encore connaître l’existence du personnage de Brian et de la série Queer as folk, en voyant Jérém emballer deux nanas avec une facilité déconcertante, je me surprend à imaginer avec effroi, Jérém faisant le même numéro dans une boite comme le On-Off ou le Shangai… là aussi ça marcherait à tous les coups… mais ça me ferait encore plus chier… qu’il couche avec des nanas, soit… de toute façon elles ne lui donneront jamais autant de plaisir que je sais lui en donner, aucune d’entre elles ne lui fera jamais ces trucs que je suis le seul à lui faire… aucune d’entre elle acceptera de lui tout ce que moi j’accepte… et puis, de toute façon, s’il a envie d’une chatte, sur ce plan là je ne peux pas surenchérir…

    En revanche, je serais vraiment contrarié qu’il se tape d’autres mecs… je me souviens de comme j’ai été frustré de le voir baiser son cousin devant mon nez… le fait de l’imaginer dans la bouche ou dans le cul d’un autre mec qui saurait peut-être lui donner un plaisir semblable au mien (mais jamais égal, car je suis le seul à l’aimer au point de me donner si entièrement et si passionnément à lui), je trouve cela tout simplement insupportable…

    Alors, s’il doit aller voir ailleurs, je préfère encore le voir draguer des nanas au KL… imaginer sa queue magnifique se faire sucer timidement ou s’enfoncer dans une chatte, ça me donne envie de gerber, j’ai envie de crier à l’effroyable gâchis, mais ça ne me détruit pas…

    La brune avançant à travers la foule dans la piste de danse ayant commencé sa manœuvre d’approche plus tôt que la blonde mais cette dernière y allant franco, voilà que les deux nénettes grimpent les marches, l’une celles de droite et l’autre celles de gauche, les conduisant en haut de l’estrade… elle arrivent à proximité de l’objet de leur désir (dans la personne de mon beau brun, dont je leur fais cadeau malgré moi ce soir là) à une demie seconde d’écart à peine…

    Jusqu’à là je me suis dit… ce n’est pas possible, ça ne peut pas marcher comme ça… les deux nanas ne se sont pas aperçues du manége de Jérém, mais lorsque ça va être le cas, lorsqu’elles vont s’apercevoir que les beau brun est gourmand, il va y avoir comme un blème… je crains fort, j’espère même qu’il va y avoir un bon gros clash… ce n’est pas possible qu’un comportement aussi macho puisse rester impuni… je n’arrive pas à croire que même les nanas acceptent de lui ce que je n’ai pas les couilles de refuser… à savoir… être traitées comme un objet et aimer cela…

    Mais non, je suis en train de rêver… je veux bien qu’il s’agisse de Jérém, mais là il va trop loin… ça va pas le faire, cette histoire va mal finir, elle DOIT mal se finir, ce ne serait pas normal autrement... il va se casser les dents… son arrogance et son assurance son trop… c’est gênant même simplement à regarder… quelque part en moi j’ai envie qu’il se plante, qu’il se prenne un râteau magistral… qu’on lui donne enfin une bonne leçon, qu’on brise son assurance macho dans son pouvoir de séduction…

    Oui, je suis mauvais, je suis mauvais car je suis amer, de plus je suis jaloux, voire très jaloux, je me sens complètement impuissant face à ce que je viens de voir… je sais que mon beau brun va s’envoyer en l’air comme un malade jusqu’au petit matin, et il va le faire sans moi…

    Non, je ne suis pas mauvais… je suis TRES mauvais, tellement mauvais que j’ai envie de me venger par procuration… allez les nanas, s’il vous plait, qu’au moins l’une de vos deux se réveille, rebiffez vous, bon sang ! un siècle de lutte féministe pour s’arracher de la domination, de la toute puissance de la sexualité masculine… pour voir, à l’aube du nouveau millénaire, deux nanas capituler juste au contact du regard brun d’un bel apollon ? Encore, que ce soit un pd qui lui cède tout… mais vous, les nanas, vous n’avez pas le droit de tomber si bas…

    Alleeeeez… merde à la fin… réveillez vous… il y en a bien une de vous deux qui va trouver son attitude vraiment énervante… alleeeeez ! il faut que l’une ou l’autre l’envoyiez chier… les deux ce serait encore mieux… mais déjà une ce ne serait pas mal…

    La réputation des blondes vis-à-vis de leur capacité à résister à l’attrait d’un charme masculin n’étant plus à faire, surtout celle des blondes à forte poitrine et à fort maquillage comme celle-ci, je sais qu’à priori je ne pourrai pas compter sur elle pour ce genre de mutinerie… d’ailleurs, son regard lascif, débordant de désir, en dit long… elle a envie de se taper mon beau brun, et elle se le tapera quoi qu’il arrive…

    Tous mes espoirs sont donc placés dans la brune… hélas, contre toute attente, son regard concupiscent fixé sur mon beau brun présage clairement de sa capitulation à venir, une capitulation sans conditions…

    Mais putain… bas les pattes les nanas… touchez pas à ça, vous n’allez même pas savoir vous en servir… vous ne saurez même pas quoi en faire… on ne donne pas une Ferrari à conduire à un aveugle… hélas, malgré mes protestations silencieuses, voilà que leur nuit de baise, abstraite jusqu’à là, se précise soudainement dans mon esprit…

    On a beau se croire des êtres civilisés, éduqués, programmés à ne pas subir l’influence des autres… elles ont beau être des nanas dites libérées, bien décidées à ne pas se soumettre au pouvoir masculin… hélas, la raison n’est rien face aux ravages du désir brûlant lorsqu’il se déclare au fond de nous.

    Et il faut voir comment ce ti con de Jérém sait l’allumer, l’attiser, carrément l’embraser ce désir… avec quel acharnement, avec quel succès insolent il s’y emploie… et une fois le feu mis aux poudres, rien ne peut arrêter les dégâts… lorsque le désir s’installe dans la personne qu’il convoite, elle est prise au piège… il ne lui reste qu’à s’incliner devant le pouvoir absolu du charme du beau brun…

    Et si la brune a droit en retour à un regard sensuel de la part de Jérém, la blonde a droit, elle, à un sourire tellement incendiaire qu’on frôle de près l’embrasement de la boite de nuit... le beau serveur se penche ensuite à l’oreille de l’une… juste avant d’en faire de même avec l’autre… je ne sais pas ce que ce petit con vient de leur balancer, mais à en juger de leurs expressions d’excitation et de surprise, du sourire que les deux nanas échangent entre elle avant de se livrer quelques mots sous le regard amusé et fier du beau brun, il semblerait que mon Jérém ait touché une corde sensible… tu parles, la perspective de s’envoyer en l’air avec un mec pareil est une aubaine incroyable et inattendue…

    Voilà ce que je pensais, voilà le tableau que je me fais désormais à propos de la suite des événements. Je ne vais pas tarder à découvrir que mon tableau est incomplet… il manque un élément de taille… un instant plus tard je vois Jérém tourner la tête vers un coin de la piste… les nanas suivent son regard et elles finissent par voir ce que le beau brun semble leur indiquer…

    Un peu dissimulé dans la pénombre du bord de piste à peine un peu plus loin, j’arrive à voir ce qui m’était passé inaperçu jusqu’à là, trop pris à suivre le moindre développement de l’incroyable performance de mon beau brun… bière à la main, t-shirt gris Diesel, paré de sa virilité tranquille et naturelle, le beau Thibault est là… je le vois lever un regard amusé vers son pote et balancer un beau sourire dans leur direction...

    Jérém descend de l’estrade suivi par ses deux proies d’un soir… la chasse a été bonne, il a ramené une quantité du gibier… il en a même ramené pour son pote… Thibault n’a pas bougé de sa position… lorsque les deux potes se retrouvent face à face, ils échangent quelques mots à l’oreille, des mots que j’aurais donné cher pour pouvoir les entendre… pendant ce temps, je remarque que les deux nanas toisent le beau serveur ainsi que le beau mécano avec gourmandise… [salopes !!! – oui, je sais, elles sont parfaitement dans leur droit, si elles ne l’avaient pas fait je me serai dit qu’elles ne sont pas normales… mais je suis énervé, il fallait que ça sorte]… un instant plus tard, l’échange de bises avec le nouvel arrivant est l’occasion pour la blonde de poser quelques mots, sûrement bien coquins, à son oreille… Thibault sourit, son visage est illuminé d’une lumière sensuelle que je lui découvre pour la première fois… c’est beau un mec qui commence à s’exciter…

    Ça y est, le tableau est complet… effroyablement complet… ce n’est pas un plan à trois que le beau brun envisageait… mais plutôt un plan à quatre avec on pote Thibault… ça, vraiment, je ne m’y attendais pas… la mâchoire m’en tombe… une fois de plus je me sens pris de court… être pris de court, voir les choses se passer tout autrement que toutes les éventualités que j’avais pu imaginer dans ma tête… voilà une chose à laquelle je serai confronté très très souvent avec Jérém…

    Devant le tableau de ces jeunes gens impatients de s’envoyer en l’air, je ressens un puissant sentiment de malaise envahir mon cœur… Jérém va baiser des nanas avec Thibault… ils vont se retrouver tous les deux nus, dans le même lit, il vont se regarder en train de baiser… je réalise à cet instant que, si j’ai pu penser à un moment que ça ne me ferait pas chier d’imaginer les deux coéquipiers en train de partager une galipette entre potes, à contrario, là je suis vraiment gêné de comprendre qu’ils vont baiser cote à cote et, s’il se trouve, faire un plan échangiste… enfoncer leur queue là où celle du pote vient tout juste de passer… mais, oui, tant qu’à faire, ils vont bien avoir envie de goûter à tout le gibier…

    Je me sens soudainement déçu, comme trahi… non pas par Jérém, je sais que c’est un petit con qui baise tout ce qui lui arrive à portée de queue, surtout lorsqu’il est un peu « fait » comme ce soir…

    Oui, celui qui me déçoit le plus c’est Thibault… lui, qui depuis quelques temps, à la faveur de rencontres fortuites, n’a cesse de me montrer de la gentillesse, du soutien, de la compréhension, un début de que je commence à nommer de l’amitié ; lui, qui vient me parler, et qui m’apprend plein de trucs sur Jérém… lui, qui semble tout faire pour me mettre à l’aise… qui semble vouloir me montrer qu’il sait pour Jérém et moi, qui semble même s’employer à nous rapprocher… lui, le bon Thibault qui commence à gagner mon admiration et ma confiance…

    Je commence à croire d’avoir trouvé un ami et un allié pour connaître un peu mieux mon beau brun… un ami sur qui compter… et paf… il se tape un plan à 4 avec son pote…

    Je me demande si tout ça c’était prévu… je me demande si Thibault savait déjà la soirée se terminerait ainsi lorsqu’il est venu me tirer les larmes en me racontant les projets professionnels futurs de mon beau brun… je me demande s’il pensait à ça lorsqu’il a serré mes avant-bras dans ses mains pour me consoler lorsqu’il m’a vu ému…

    La musique tape à fond dans la salle, tout comme mon cœur dans ma poitrine, déchiré comme je le suis entre l’incroyable puissance de cette scène et l’ampleur de ma déception… oui, je suis abasourdi par la force presque surnaturelle de cette image, par l’incroyable sex appe(a)l de mon beau brun capable de lever non pas une mais deux nanas d’un seul coup, de réussir un tel exploit rien qu’en jouant de son regard, et de faire cela en vue d’un plan à quatre avec son pote Thibault... putain de fantasme...

    Mais au même temps, depuis que je réalise ce qui se passe, je suis vraiment dégoûté… Thibault finit sa bière et un instant plus tard je les vois partir, tous les quatre, vers une magnifique partie de jambes en l’air avec des inconnu(e)s…

    Je suis tellement frappé par la scène que mes pieds ont du avancer tous seuls… lorsque je réalise que Dimitri a disparu sans que je ne m’en rende compte, je réalise également que je suis carrément sur le bord de la piste, complètement à découvert, à la porté du regard de mon Jérém… et lorsque je réalise que, à force de le mater, je vais bien finir par croiser son regard, voilà, c’est trop tard, le mal est fait… son regard se pose dans le mien…

    C’est un instant… on se fixe sans ciller… mon regard doit exprimer tout mon amertume, ma jalousie, alors que le sien affiche une mine fière et triomphante… j’ai même l’impression qu’il se moque de moi… et là il a un petit mouvement du sourcils gauche, que je trouve terriblement sexy par ailleurs, qui à cette occasion semble exprimer un truc du genre « ah, t'es encore la, toi... tu me pistes, n’est pas ?… t'as rien perdu pour attendre… tu vas voir ce que tu vas voir... »…

    Oui, j’ai l’impression qu’il se moque de moi… c’est une impression qui va devenir carrément une conviction lorsque, tout en se penchant pour rouler une pelle à la brune, son regard ne cesse de me chercher, de me provoquer… oui, pendant qu’il embrasse sa pouffe, il me balance un regard malicieux et provocateur… un regard qui semble m’annoncer… « mate un peu ça le petit pd, ce soir je vais prendre mon pied comme un mec, ce soir je n’ai pas besoin de toi… va donc te branler… »…

    Ainsi donc, le fait de se taper un plan à quatre c’est pour me faire chier… et de ce point de vue là, c’est encore une sacrée réussite pour Jérém… je suis super mal, et tout mon être doit afficher mon malaise en lettres capitales clignotantes… Jérém doit se régaler… désormais tout ce que je ressens en moi c’est un mélange de jalousie, d’amertume par rapport à son coté provocateur, à son intention affichée de me faire mal… le tous saupoudré d’un sentiment de trahison et de ressentiment vis-à-vis de Thibault…

    Oui, je suis amer, triste, énervé au plus haut point… mais je suis également frustré, car après la fin du feu d’artifice « Jérém fait péter son charme », je réalise que je vais terminer la soirée tout seul... depuis quelques sorties en boite, j’avais désormais pris l’habitude que ça en soit autrement… personne ne m’a prévenu que ce soir là ça se finirait comme ça... fait chier! Il ne me reste qu’à rentrer et me taper une branlette au lit en imaginant Jérém et Thibault en train de baiser côte à côte…

    Je les regarde, tout les quatre, les mecs devant, les filles derrière, en train de se diriger vers la sortie de la boite… et surtout je me surprend à mater tristement le t-shirt orange et le t-shirt gris en train de s’éloigner de moi… je les regarde jusqu’à qu’ils disparaissent, comme engloutis par la foule, la pénombre de la salle, la musique entêtante, la nuit…

    Et lorsqu’on regardait cette image de le toute puissance de Jérémie capable d’aimanter deux nanas pour un plan à quatre avec son meilleur pote Thibault, on ne se serait pas douté un seul instant que mon beau brun était un garçon qui commençait sérieusement à douter de son identité sexuelle… que toutes ses certitudes étaient en train de voler en éclat, que son petit monde s’effondrait… et pour un mec qui détestait perdre pied c'était insupportable…

    Il essayait donc de s’accrocher à ce qu’il pouvait, à ce que lui restait… le besoin de se prouver qu’il pouvait revenir aux nanas dès qu’il le déciderait… qu’il pouvait emballer à tour de bras, comme ce soir là… qu’il pouvait se passer de son pd, sexuellement avant tout… surtout que ce pd allait partir loin à la rentrée…

    Les deux coéquipiers et leurs pouffes désormais disparus de ma vue, mon esprit humilié, frustré, anéanti, je me prépare à quitter la salle techno pour aller retrouver ma cousine dans la salle disco juste à coté, lorsque quelque chose retient mon attention…

    Il est pile à l’opposée de la salle, appuyé avec son épaule à un pilier, un verre à la main… un beau reubeu, bien foutu, t-shirt blanc moulant jouant un joli contraste avec sa peau basanée et retombant comme il se doit sur un joli jeans… une tenue toute simple mais carrément craquante de bogoss qui n’est pas sans me rappeler la tenue d’un certain Jérémie lors de la première révision quelque semaines plus tôt... oui, une beau reubeu genre 25 ans avec le regard rempli de ce charme, habillé de cette prestance indiciblement virile qui n’appartient qu’à ce genre de mec...  tout pour me taper dans l'œil, quoi...

    Dès que je l’ai vu, en un instant, tous mes sentiments négatifs se sont comme envolés, la colère, l’humiliation, la déception, la haine, l’amour propre blessé, tout oublié… rien de tel que la vision d’un beau garçon pour chasser les soucis et mettre de bonne humeur… je ressens en moi un seul sentiment, une seule envie… l’avoir en bouche avant toute autre chose… l’avoir en bouche parce qu’il me fait un effet de dingue, l’avoir en bouche pour prendre une sorte de petite revanche sur ce petit gros con de Jérém… l’avoir en bouche pour ne pas finir ma soirée avec une branlette de plus…

    Mon esprit est désormais envahi par l’urgence du désir que ce mec suscite en moi… j’ai une de ces envies de lui... dès que je l’ai vu, la trique est montée en moi presque instantanément… et lorsque la trique s’empare d’un garçon, ce dernier n’est plus complètement maître de ses actions… oui, j’ai envie de l’avoir en bouche, de l’avoir en moi, sans attendre… ce soir là j’ai juste envie de me faire baiser par un beau reubeu pour prendre du bon temps… en fin de compte, je n’ai de compte à rendre à personne… et puis, putain, un reubeu… fantasme absolu…

    Je le mate sans trop de ménagement et plus je le mate plus je le trouve… juste à craquer… mon regard, affranchi de l'image de Jérémie par laquelle il aurait été totalement monopolisé s'il était encore là, était attire par ce mec comme une aiguille par un aimant...

    Oui, j’ai foutrement envie de lui… mais comment l’approcher ? Comment lui exprimer mon désir ? Comment savoir s’il va y être sensible ? Je suis partagé entre le désir d’attirer son attention, d’essayer de le draguer et fait d’essayer de me maîtriser, de rester quand même un peu discret, et ceci pour ne pas m'attirer des ennuis au cas où qu'il ne serait pas réceptif à ma drague, au cas où il soit carrément incommodé par mes regards, les quelques verres qu’il doit avoir dans le nez augmentant proportionnellement le risque d'incidents en cas d'imprudence de ma part…

    Le souvenir encore vif du mec dans les chiottes de l’Esmé me mettant sur le qui vive par rapport à ce genre de situation… d’autant plus que cette fois ci, si je me mets en danger, Jérém ne va pas voler à mon secours… il a mieux à faire en ce moment…

    Bref, je fais mine de regarder à droite et à gauche, j’essaie de faire diversion en laissant dériver mes yeux en direction du bar et du DJ, afin de prendre le temps de le mater par petites touches et un peu discrètement...

    Malgré mes précautions, je finis par croiser son regard une, deux, trois fois… à chaque fois c’est furtif, car dès que le contact s’établit, je suis intimidé par l’intensité et la fixité de ce regard, un regard dont je ne prends pas le temps de lire la polarité, car mes yeux se baissent instantanément...

    C’est lors du quatrième contact, je crois, que je remarque que le mec est carrément en train de me fixer, de me dévisager... et c’est à ce moment là que je décide de soutenir son regard pour essayer de voir s'il y a une ouverture... hélas, ce que je vois n’est guère encourageant… son visage est figé dans une expression dure, sans sourire... très vite j’interprète son attitude comme une déclaration d’hostilité à mon égard… j’ai l’impression que le gars est vexé de mon attention excessive et plus que suspecte et que son regard m’intime d’arrêter de le mater sur le champ…

    Je me suis trompé de gars… c’est pas parce qu’il est canon et que t’as envie de te faire sauter par lui, que le mec mange de ce pain là… j’ai encore pris mes rêves pour des réalités… une fois de plus j’ai le visage en feu, je ressens une sensation de panique s’emparer de moi… avec une manœuvre d’urgence je balance mon regard ailleurs pendant un bon petit moment… j’essaie de me laisser calmer par la musique de plus en plus assourdissante en évitant soigneusement de le regarder… j’ai envie de disparaître dans la seconde, mais je n’ai pas envie de partir comme un voleur, je n’ai pas envie de capituler sous la pression de l’intimidation de ce type… j’ai besoin de retrouver un peu de contenance avant de quitter la salle pour aller retrouver ma cousine…

    Je regarde ailleurs, dans la tentative désespérée de faire comprendre au gars ce qui est clairement un mensonge, c'est-à-dire que nos contacts visuels ne sont que le fruit du hasard… hélas, ma tache est compliquée par le fait que si j’arrive à contraindre mon regard à mater ailleurs, j’ai la nette impression que celui du beau reubeu est toujours fixé sur moi, qu’il me cherche, qu’il me provoque comme en duel…

    Et lorsque un gars me regarde aussi intensément, que ce soit avec désir ou avec haine, je le ressens sur moi, sur ma peau comme s’il y posait sa main… j’ai beau chercher à maintenir mon regard ailleurs… la puissance presque télépathique de ses yeux bruns, typés, finit par attirer mon attention… une fois de plus, nos regards se croisent, une fois de plus mon désir est attisé par cette silhouette virile à craquer…

    La musique cogne dans la salle à tout rompre… pourtant je me sens glisser comme dans une bulle, comme si je plongeais au fond d’un bassin d’eau… les basses impitoyables de la techno semblent s’éloigner, s’estomper, arriver de plus en plus plats à mes tympans… ce sont désormais mes pieds qui captent la vibration du sol… mon ouïr est comme brouillé, atténué… je commence à sentir les battement de mon cœur, il s’accélèrent petit à petit sous l’effet de l’excitation que la vision de ce beau mâle provoque en moi… je me sens vraiment comme dans un cocon, toute mon esprit est happé par ce jeu de regards qui se cherchent, qui se fuient… dans ma bulle de plus en plus ouatée, j’entends ma déglutition nerveuse, ma respiration qui se hâte sous l’effet de l’adrénaline… et au fur et à mesure que la musique s’éloigne de moi, j’entends de plus en plus nettement les battements de mon cœur, ils cognent à tout rompre dans ma poitrine… jusqu’à que…

    Jusqu’à que, à un moment, mon cœur finit par s’emballer brusquement, cette fois ci sous l’effet de la peur…

    Et là c’est la panique… en un instant, j’ai l’impression que mon cœur va exploser… le mec a plié son avant bras, et sa main, rendue à hauteur de se pectoraux saillants sous le coton du t-shirt, me fait signe d'approcher… aaahhhhh… c’est tout ce que je désire, m’approcher de lui… Hélas, il y a comme un problème… son geste et son regard ne sont pas du tout raccord… dans ses yeux il y a toujours ce regard de tueur qui semble montrer hostilité et vexation... certes, je le trouve sexy à en crever, mais son visage a vraiment l’air énervé, heurté et j’ai peur que si j’approche je vais aux mieux me faire jeter, au pire m’en prendre une dans la gueule... la salle est bondée autour de nous... mais j’ai peur...

    On doit être à 15-20 mètres de distance l’un de l’autre et j’ai peur que si je n’obéis pas à son invitation, il vienne me voir là où je suis… pris de panique, je commence à trouver que la fuite est la seule solution envisageable pour me dépêtrer de cette situation qui risque de dégénérer… il ne manquerait plus que ça ce soir là… me faire cogner…

    En y repensant à tête froide, on pourrait aussi imaginer que l’attitude du reubeu n’était pas hostile, va savoir… le fait est que ce genre de mecs sont imprégnés d’une virilité tellement marquée que leur attitude peut paraître souvent un dissuasif à chatouiller cette virilité, surtout avec ce genre de drague… mais au fond, qui sait… certes, il est clair que draguer ce genre de reubeu sexy dans une boite hétéro, c’est diablement excitant mais c’est super hyper mega risqué… mais à posteriori je me dis que ma fuite fait définitivement planer le doute sur ses intentions…

    Me voilà en train de dételer comme un lapin, fuyant cette salle de tous les dangers et allant chercher Elodie  presque en courant. Pendant que les enceintes balancent les basses entêtantes chevauchées par les cœurs puissants de Gimme ! Gimme ! Gimme ! (a man after midnight), [cette chanson est-elle écrite pour moi ?] je la trouve et je l’arrache de la piste de danse…

    « Faut qu’on y aille, vite, stp, ne pose pas de questions, je vais tout t’expliquer dans la voiture »

    « Mais tu fais quoi? Je suis a deux doigts d'emballer ce type qui danse là bas… »
    « Arrête Elodie, un mec qui se danse tout seul sur Gimme Gimme, à tous les coups il est pd comme un sac à dos… »

    Je ne sais pas comment j’arrive à faire de l’humour dans l’état de confusion et de peur dans lequel je me trouve. Surprise, ne trouvant rien à opposer à ma considération hâtive, Elodie me suit. C’est ainsi qu’un instant plus tard j’hâte le pas pour rejoindre la sortie direction le parking et la voiture, tout en regardant derrière moi presque à chaque seconde si le beau reubeu ne me suit pas pour me mettre une rouste…

    J’avance tellement dans la précipitation, sous l’effet de la panique que je ne regarde pas où je vais, je finis par rentrer dans un mec qui marche en direction contraire, je me retrouve déséquilibré, je manque de peu de le faire tomber… par chance le mec se rattrape, par chance le mec est un gentil, qui s’excuse… de mon étourderie…

    « Pardon » je lui lance sans un regard, tout en continuant ma marche forcée.

    Elodie a pigé qu’il y a un truc qui ne tourne pas rond… elle ne me demande rien, à part :

    « Ça va ? »

    « On y va ? » je lui réponds sèchement en accélérant encore le pas.

    « Oui, on y va » elle me répond avec une voix douce. 

    Une fois dehors, je presse toujours mon pas, me disant que je ne me sentirai en sécurité que lorsqu’on sera dans la voiture et que celle-ci sera sortie du parking du KL… je trace comme un malade pendant que ma cousine me harcèle de questions sur ce qui est en train de se passer, sur la raison pour laquelle on part si précipitamment de la boite…

    « Je te dirai tout en voiture » je tente en vain de la faire taire.

    On galope vers la voiture, garée assez loin dans le parking… mille émotions contrastantes agitent mon cœur, je suis complètement à l’ouest, mes sens sont comme mis entre parenthèse pas le sentiment de peur qui me pousse à la fuite… pourtant, je ne peux pas m’empêcher se ressentir sur ma peau, sur mon visage, dans mes cheveux, la caresse appuyée et continue du vent d’autan… oui, il souffle toujours, malgré l’heure tardive… saloperie de vent… je repense à pressentiment que j’avais eu cet après midi là en me baladant dans les rues de Toulouse, l’intuition comme quoi quelque chose allait se passer ce soir là avec Jérém, quelque chose de déplaisant… et putain, je n’aurai jamais pensé que le vent d’autan aurait aussi bien tenu sa promesse, jamais j’aurais imaginé que ce soir là j’aurais eu si mal et que je serais parti de cette façon précipitée du KL…

    Nous voilà en voiture. Nous voilà sur la rocade. Me voilà en sécurité. Exposé de plein fouet à une rafale de questions et qui ne font que me secouer encore un peu plus, je demande carrément à Elodie un instant de silence pour retrouver mes esprits, mon souffle, mon calme.

    On est bien engagés sur la rocade lorsque je me sens enfin prêt à commencer par le plus pressé, c’est-à-dire lui livrer le récit des derniers événements de la soirée, cette rencontre visuelle avec le beau reubeu qui a provoqué notre départ plus que précipité du KL…

    « Putain, Nico, un jour ou l’autre tu vas te faire péter la gueule pour de bon… »

    Elle a raison. Je note une fois de plus dans ma tête l’absolue nécessité d’être plus discret avec mes regards vis-à-vis des mecs. Puis elle continue :

    « Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Je t’ai laissé avec Thibault, j’ai vu le beau brun en t-shirt orange roder autour de la piste… ils sont passé où ces mecs là ? ».

    Maintenant qu’on a quitté le quartier de la Sesquière, loin de tout danger, maintenant que l’image du beau reubeu en colère prêt à venir me cogner est évacuée de mon esprit, je retrouve en moi toute la colère, la jalousie, la déception, l’humiliation, la haine que j’ai ressenties sur le bord de la piste de la salle techno du KL en regardant Jérém, Thibault et leurs deux pétasses d’un soir disparaître vers la sortie…

    C’est avec le cœur lourd, la voix étouffée par l’émotion et hachée par la colère, le débit de parole atteignant des records de vitesse, devenant presque inintelligible, au point que j’en bégaie, la syntaxe de mes mots approximative et décousue, que je tente de raconter à ma cousine le déroulement de ma soirée à partir de son exil volontaire dans la salle disco… ma conversation avec Thibault, le fait d’apprendre que Jérém va partir travailler super loin, peut-être même à l’étranger (ce soir là, je déteste l’Italie)… j’enchaîne avec le moment passé avec Jérém, en omettant bien sur de lui préciser que j’ai consenti à lui tailler une sacrée pipe rien qu’avec des mots cochons… je lui dis juste que je lui ai fait comprendre que j’avais envie de finir la soirée avec lui… et que je me suis fait jeter comme une merde…

    J’ai fait ma longue tirade sans ponctuation, sans respirer, je suis presque en apnée… j’ai besoin d’un instant pour reprendre mon souffle…

    En plus j’ai du balancer tout un tas d’infos en vrac, passant du coq à l’âne, de façon confuse et décousue… pourtant ma cousine ne pose pas de questions, elle voit, reconnaît et respecte ma colère et ne dit rien, ce qui est un exploit extraordinaire pour une nana aussi bavarde qu’elle… je sais qu’elle a envie de me faire parler, je sais qu’elle le fera assurément un peu plus tard… mais là elle se contente de passer une main dans mes cheveux et de me lâcher un regard attendri et plein de compréhension… je l’adore…

    On passe à coté du Stadium du TFC lorsque je trouve la force d’enchaîner sur l’incroyable scène de drague dont Jérém s’est rendu protagoniste… ses regards aimantant deux nanas venant à lui comme deux toutous dociles…

    « Tu me fais marcher… » elle s’étonne.

    « Ah, non, je peux t’assurer que c’était juste incroyable de voir ce petit con réussir ça haut la main »

    « Et les nanas ont toutes les deux cautionné ça ? »

    « Bah, apparemment oui… »

    « Putain… j’aurais voulu voir ça… ça devait être carrément bandant de voir ce petit con en action… t’aurais du m’appeler… » s’égare ma cousine.

    « C’était pas bandant, c’était juste horrible… » je crie presque.

    « Je comprends, excuse… » se morfond-elle.

    « Et le pire… »

    « Car il y a encore un pire à venir… » s’inquiète Elodie.

    « Le pire » j’enchaîne « c’est que Thibault était de la partie »

    « Ils se font un plan à quatre, les salauds ? »

    « C’est ça… »

    « C’est redoutable un mec de vingt ans… il n’accorde d’importance qu’à sa queue… c’est pour ça qu’il n’a pas voulu finir la soirée avec toi… »

    « Il se fout de moi ce mec… »

    « Ca fait longtemps que je te le dis… » elle sévit impitoyablement.

    « Pendant qu’il roulait un patin à la brune, il m’a vu et il m’a balancé un de ce putain de regards de malade… il se foutait de moi… vraiment, il se foutait de moi… il s’est payé le plaisir de me montrer qu’il n’a pas besoin de moi pour tirer son coup et qu’il me laisse sur le carreau quand il veut… je lui en veux horriblement… »

    On arrive à St Michel et Elodie trouve une place pour la voiture à une centaine de mètres de chez moi. Elle coupe le contact et elle m’écoute parler, crier, pleurer… au fur et à mesure que je raconte ce qui vient de se passer, je sens la colère m’envahir de plus en plus… je me sens  énervé comme rarement de ma vie… maintenant que l’effet des deux bières s’estompe, maintenant que l’adrénaline de l’excitation et de la peur liées au beau beur cesse son effet, tout remonte en moi… je parle fort, je postillonne, je bégaie de plus en plus, je suis hors de moi, je n’arrive pas à me contrôler… les sanglots finissent par entrecouper mes mots… je souffre, je souffre horriblement…

    Je gesticule, je me débats, je m’insurge contre un « ennemi »absent et abstrait… je peste, je proteste… sans arriver à me dire que je me sens victime, si je me sens lésé, c’est juste que je ne veux pas regarder la réalité en face… Jérém me prend et me laisse tomber à sa guise, Jérém n’est pas le mec d’une seule nana et encore moins le mec d’un (seul) mec… Jérém est un petit con qui, coté baise notamment, veut tout diriger et qui n’admet même pas que je puisse lui proposer de faire des galipettes… c’est idiot, mais ça le met en pétard… là encore c’est à prendre ou à laisser, comme tout avec lui… il n’y a qu’une fois qu’il ne m’a pas jeté… la fois que j’y ai été franco à la piscine… est-ce qu’il préfère une « démarche » franche et culottée, plutôt que de me voir quémander sa queue ? Est-ce qu’il préfère me voir sur de moi pour pouvoir me soumettre lui-même, plutôt que de me voir déjà à ses pieds, ce qui le dégoûte peut-être… est-ce qu’il veut avoir devant lui un mec plutôt qu’une poule mouillée ? 

     « Calme toi, mon cousin » elle finit par me chuchoter en me prenant dans ses bras… c’est là que je me laisse aller… mes sanglots ont raison de mes mots et se transforment en larmes… je pleure un bon coup… quand je sens que ça va mieux, Elodie le sens aussi… notre accolade se relâche tout naturellement…

    « Comment veux-tu que je me calme… » je reprends, quelques octaves émotives plus bas « … quand je pense à ce petit con… »

    « A ce stade là, tu peux convenir qu’il a changé de catégorie, le Jérém est passé de petit con à bon  gros con, voire à connard confirmé… »

    En temps normal j’aurais plaisanté de la blague de ma cousine. Mais là, bien que sa réflexion me fasse un bien certain, je n’ai pas le cœur à la plaisanterie. Je continue sur ma lancée…

    « … il me chauffe à blanc avec ses regards, avec son parfum, et puis il me jette et il se tire avec deux pétasses… et ce Thibault aussi… je croyais qu’il était mon pote… tous ces mots gentils, ses gestes pour me mettre en confiance… du pipeau, oui… lui il me déçoit horriblement… je croyais que c’était un bon gars, mais au fait c’est juste un autre pauvre type comme Jérém pour qui tout ce qui compte est tirer son coup… quand je pense qu’il devait déjà savoir comment la soirée allait se terminer pour eux quand il est venu me parler, je me sens vraiment con d’avoir cru qu’on pourrait être amis… quand je pense que, à l’heure qu’il est, ils sont en train de baiser avec ces deux pétasses sorties de nulle part… alors que Jérém serait tellement mieux en… [je me rattrape de justesse] avec moi… ».

    Mon discours est confus et incohérent, je m’en rends compte… il y a des choses que je n’ai pas racontées à ma cousine, comme les mots cochons que j’ai dit à Jérém et qui nous ont terriblement excités tous les deux… de plus, je me rends compte que j’ai un raisonnement qui manque de logique et de réalisme… heureusement Elodie est là pour remettre les point sur les « i »…

    « Je suis sur que cette fin de soirée n’était pas prévue… c’est Jérém qui a fait le coup… et je pense qu’il l’a fait pour te faire chier toi… »

    « C’est trop méchant, il est trop con ! »

    « Tu ne sais pas encore ça, depuis le temps qu’il te traite comme un punching ball… tu ne sais pas encore que ce mec est capable de tout lorsque tu le chatouilles un peu trop ? »

    « J’ai rein fait, moi… » j’essaie de me défendre.

    « Si, t’as du être rélou en lui proposant de coucher avec lui… »

    Non, je n’ai pas été rélou. J’ai été trop con de céder à sa demande de jouer la pute à son oreille.

    « Il aime ça… » je me défends.

    « Oui, il aime ça, mais à l’évidence, il n’aime pas quand c’est toi qui propose… »

    « C’est trop con… »

    « Oui, mais avec lui c’est non négociable… il y a des mecs comme ça… quand on tombe sur ce genre de mec, faut savoir composer avec… »

    « Il n’avait pas le droit de draguer ces deux nanas… »

    « Une loi l’interdit ? »

    « Elle devrait exister, oui… » je me défoule. Je suis ridicule. En effet ma cousine rigole.

    « Nico… » me lance, sur un ton affectueux.

    « Thibault aurait dû refuser… » j’enchaîne sans écouter sa réplique, mes paroles suivant les mouvements de ma souffrance et échappant à une quelconque logique…

    « Ne soit pas bête Nico… c’est un truc de leur âge, tout ce qu’il y a de plus naturel… les mecs de vingt ans vont en boite le samedi soir pour draguer et tirer leur coup… ça répond à une loi naturelle comme la migration des oiseaux, les phases lunaires et la rotation de la terre… et en général, vois-tu, ce qui vont au KL, c’est plutôt pour tirer leur coup avec des nanas… »…

    « Ok, mais alors ça ne sert à rien que Thibault se la joue ami-ami, je n’ai rien à foutre de son amitié si c’est pour voir ça… » je m’énerve.

    « Ca n’empêche pas que Thibault soit un très bon gars… » enchaîne calmement Elodie sans se démonter, sans réagir à mes mots « et je pense vraiment qu’il a envie de devenir ton pote… »

    « Mais… » je suis coupé dans mon élan.

    « Tais-toi et laisse moi finir… » finit-elle par me balancer calmement mais fermement devant ma tentative de repousser son raisonnement très logique avec des objections complètement surréalistes ; et elle continue « et à ta place, moi j’accepterais son amitié sans réserves… bien sur, mon avis est toujours le même… Jérém t’apporte autant de mal que de bien, et peut-être même plus de mal que de bien… le mieux ce serait que tu lâches l’affaire et que tu passes à autre chose… surtout que tu as une touche ailleurs, quartier de la Halle aux Grains, vois-tu ?… mais je sais aussi que tu en es bien incapable, car tu l’as trop dans la peau ton Jérém… alors, si tu veux avoir une chance de garder un peu plus longtemps ton con de brun, t’as tout intérêt à saisir la main que Thibault est en train de te tendre…

    Thibault est peut-être la personne qui connaît le mieux Jérém au monde, et apparemment il ne se fait pas prier pour te faire profiter de son savoir… pour peu que tu sois un peu futé pour ne pas montrer à ton brun que tu sais des choses sur lui que tu n’es pas censé savoir… ce qui mettrait Thibault dans l’embarras par rapport à son pote, là tu tiens un allié de taille pour mieux cerner ton serveur… de plus, je suis sure qu’il sait tout de vous deux et que tu peux dès maintenant lui parler franco…

    A contrario, si tu te fâches avec lui à cause de ce genre de conneries, je suis sur que tu vas passer à coté de quelque chose et tu vas le regretter…

    Et puis, au delà de tout, je suis sur que d’avoir un pote comme Thibault, loyal, solide, gentil et attentionné, va te faire un bien de fou… il va t’apporter de la stabilité, de la confiance… et peut-être – elle rigole - se charger d’une partie de mon boulot d’assistante sociale… dis-moi, cousin, ça ne te plairait pas de pleurer dans les bras musclés de Thibault plutôt que dans les bras frêles de ta cousine ?»

    Certes, vu comme ça, ça donne envie de faire confiance au beau Thibault. Blagues à part, je sais que une fois de plus ma cousine a vu juste sur tous les tableaux. J’ai de la chance de l’avoir.

    « Tu as raison, ma cousine… » je finis par admettre « j’ai l’esprit embrouillé et je n’arrive pas à y voir clair… »

    « Trop d’émotions, mon cousin… » elle plaisante.

    « C’est ça ».

    Elle a réussi à me calmer. C’est une véritable sorcière. Je vais l’appeler cousine Halliwell.

    « Il y a juste un truc qui pourrait clocher… » elle reprend.

    « A savoir… » je m’inquiète.

    « Thibault va être ton allié, à moins que… » elle réfléchit au même temps qu’elle parle.

    « A moins que… quoi ? Balance ! » je m’impatiente.

    « Thibault sera ton allié, à moins qu’il en pince lui aussi pour son pote… » finit-elle par asséner. 

    « Tu crois que c’est possible ? » je feins de m’étonner, alors que ce genre d’idée traverse mon esprit depuis le début de la semaine. 

    « Je ne sais pas, tout est possible… ces deux là me semblent très proches, après c’est peut-être qu’une simple amitié… » considère-t-elle. 

    « Si Thibault en pince pour Jérém il ne me sera d’aucun secours » je réfléchis à haute voix. 

    « C’est le risque à prendre, mon cousin… » 

    « Naaaaaan… ce ne sont que des potes… » j’essaie de me rassurer, là aussi à haute voix. 

    « Tu sais, un plan à quatre, c’est symptomatique… » avance-t-elle. 

    « Symptomatique de quoi ? » je demande bêtement. 

    « Mon dieu, mon dieu, il faut vraiment tout te dire à toi… on se demande comment tu peux être mon cousin, comment on peut avoir des gènes en commun… » plaisante-t-elle ; et elle continue « au delà du fantasme de se taper deux nanas au même temps, un plan à quatre peut être révélateur de deux potes qui se kiffent sans oser franchir le tabou de coucher ensemble… un plan à quatre c’est plus intense que de se voir à poil dans un vestiaire, mais moins grave que de franchir le pas de se toucher, de coucher ensemble… » 

    « Je n’ai jamais envisagé ça comme ça… » je réponds, interloqué. 

    Elodie continue dans sa lancée : 

    « Voir quelqu’un qu’on kiffe en train de prendre son pied, même tout seul, je trouve ça très excitant… pas toi ? » 

    « Ça, c’est vrai… » je finis par admettre tout en repensant à Jérém en train de se branler brièvement, parfois, avant que mes lèvres ne se posent sur sa queue… c’est vrai que j’ai toujours trouvé ça terriblement bandant… tout comme j’ai été certes jaloux, mais excité quand même, de le voir baiser une nana un jour où j’avais débarqué chez lui un peu en avance… tout comme j’ai été très très jaloux et très très excité et bien plus encore la nuit où je l’avais regardé baiser son cousin… mais ce sont des épisodes que je n’ai toujours pas racontés à ma cousine, alors je freine ma langue avant de gaffer… 

    « Merci d’avoir éclairé ma lanterne, ma cousine… » 

    « De rien, cousin, quand tu ne sais pas tu demandes… et même si tu sais, dans le doute tu demandes quand même… » 

    « Tu es adorable Elodie… »

    « Tu es touchant, mon cousin… »

    « Je suis trop con, tu veux dire »

    « On n’est jamais con quand on aime, on est juste vulnérables… »

    « Merci Elodie… »

    « Tu sais ce qui te reste à faire… » elle enchaîne.

    « Quoi donc ? » je m’étonne.

    « Putain qu’est-ce que tu es bouché comme mec, c’est pas possible… » plaisante-t-elle, se forçant à avoir un air agacé ; puis elle balance « t’aurais pas par hasard un 06 en attente de rendez-vous ? Je sais pas… genre un mec à qui t’as posé un lapin en début de semaine et avec qui tu aurais envie de passer un bon moment pour te consoler ? ».

     

    Pendant ce temps, rue de la Colombette…

     

    [Attention : ce texte contient des passages et des « images » pouvant heurter la sensibilité de certains esprits « gay only »… esprits sensibles, s’abstenir…] 

     

    Dimanche 1er juillet 2001, 3h36.

     

    A quatre sur le lit dans le studio de rue de la Colombette, les filles allongées sur le dos, les corps musclés des garçons prenant appui sur les genoux et sur les mains plantées sur le matelas, les deux potes et leurs partenaires d’un soir, emboîtés par couples, sont bien engagés sur le chemin qui conduit au plaisir.

    Plutôt flattés dans leurs fierté de mâles par le fait de voir sur le visage de leurs partenaires les signes d’une jouissance si différente de la leur, mais à l’apparence très intense, les mecs sont en train d’approcher tout doucement de l’orgasme… les ondulations des bassins sont amples, puissantes, comme cadencées sur un seul et unique mouvement…

     

    [Une semaine déjà... une semaine de deuil et d’incrédulité, une semaine de questions et de tristesse pour ceux qui sont parti avant l’heure et pour leurs familles, leurs amis…

    Je me suis demandé pendant un temps s'il ne fallait pas marquer une pause dans ce récit pour la mémoire de celles et de ceux qui ont perdu la vie dans les horribles événements du 13 novembre. Tout ceci est bien peu de chose face à ce drame immense.

    Et puis je me suis dit qu'il ne faut pas céder à la peur. Oui, on peut avoir peur, on doit avoir peur, mais il ne faut pas y céder. Je me suis dit qu'il faut continuer à avancer la tête haute. Qu'il faut que la vie continue.

    Pour montrer que ce n'est pas avec la menace, l'intimidation et la violence que les problèmes de ce monde trouveront une solution.]


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  •  

    Je reprends ma respiration et, pendant que l’eau recommence à couler quelques douches plus loin, je me relève rapidement tout en continuant à tousser, tout en évitant soigneusement de le regarder, me demandant pourquoi ça finit toujours par se terminer de cette façon avec lui… pourquoi, après un câlin un peu tendre, après une bonne rencontre sensuelle et sexuelle, ça se termine toujours par la baise de trop, une baise brutale qui salit tous les bons moments que l’on vient de passer…

    Le pire c’est d’admettre que cette fois ci… c’est de ma faute… si je ne lui avais pas demandé de me faire ce truc… on se serait douchés et on serait parti tous les deux avec le souvenir d’une magnifique soirée… alors que là je ne ressens plus que la douleur qui meurtrit ma bouche, mon palais… ainsi, ce petit truc qu’il a consenti à me faire devient le symbole d’une humiliation qui s’est accomplie dans cette dernière baise qui a tout gâché…

    On aurait pu se quitter sereinement, peut-être en se prenant dans les bras, alors que là je n’ose même plus le regarder, alors que là je ne sais même pas si on va seulement se dire « au revoir »… qu’est ce que je peux être con… je me savonne une fois, deux fois, trois fois… je me sens sali…

    Lorsque je l’entends fermer le robinet, je tourne discrètement ma tête pour le regarder se diriger vers un casier qui se révélera être rempli de serviettes blanches… il en saisit une, il commence à s’essuyer grossièrement… les cheveux… le visage, le cou, le torse, le dos, l’entrejambe, la queue, les cuisses, jusqu’aux pieds… lorsqu’il estime en avoir assez, il la fait passer autour de son cou, les deux extrêmes retombant nonchalamment sur ses pecs…

    J’arrête l’eau à mon tour… sans un mot, il saisit une deuxième serviette qu’il me balance sans un mot alors que plusieurs mètres nous séparent… je l’attrape de justesse avant qu’elle ne retombe sur le sol humide…

    Je commence à m’essuyer en silence, un silence angoissant… Jérém s’est assis devant un autre casier qu’il vient d’ouvrir… voilà son casier… je suis presque ému de découvrir son casier à lui… le cinquième sur la gauche en rentrant… je paierais cher pour pouvoir y jeter un oeil… il en sort un sac de sport noir et blanc… ce sac de sport qui parfois doit contenir des merveilles… un t-shirt imbibé de sa transpiration, un boxer avec ses odeurs de mâle… il ouvre le zip et en tire un magnifique t-shirt noir col en V qu’il passe avec un geste rapide et assuré… ça lui va comme un gant, il semble fait sur mesure pour mettre en valeur la plastique de son torse… il en tire un boxer bleu électrique avec l’élastique blanc, encore un beau DIM à se damner… ses jolies fesses et sa queue de ouf disparaissent dans le tissu élastique qui épouse si bien les formes de son bassin et le relief de ses attributs de mec… de cette boite magique qu’est à mes yeux son sac de sport, il tire encore une paire des chaussettes blanches et un jean délavé… des chaussures vert fluo avec les semelles blanches complètent sa tenue de bogoss… le mec est habillé, les cheveux encore humides, beau à en crever…

    Je n’ai pas pu m’empêcher de mater le moindre mouvement de ce strip-tease à l’envers… je me rends compte que de regarder un beau mec s’habiller est presque aussi excitant que de le voir poser ses fringues… voilà que Jérém est prêt à partir alors que je suis encore en train de passer la serviette sur ma peau désormais sèche… je regarde Jérém et je perds la notion du temps…

    Aussi tôt les baskets glissées aux pieds et les lacets disparus dans les montants sans les nouer (là encore, plus petit con tu meurs), le mec attrape son sac sans le fermer et quitte la pièce… je lui emboîte le pas, car mes vêtements se trouvent dans la salle de muscu, là où il doit être parti ramasser ses affaires sales… si on peut définir comme « sale » ce petit débardeur blanc trempé de sa sueur et marqué de son déo de mec ou ce short bleu pétard qui avait été en contact avec sa queue et que j’aurais bien embarqué si j’en avais eu la possibilité…

    Lorsque je rentre dans la pièce, il est en train de fermer son sac : toutes ses affaires sont rangées, y compris les trésors que je viens d’énoncer et dont ce soir là, hélas, il ne me sera par permis de m’emparer… je m’habille en vitesse pendant qu’il allume sa cigarette dans un silence assourdissant… voilà comment ça se termine toujours avec lui… avec ces silences que j’ai de plus en plus de mal à supporter… en évitant de se regarder… comme si ce que l’on vient de faire était sale, comme si c’était mal… pourquoi une fois de plus avait-t-il eu besoin de me baiser si rageusement ? Merde, alors… était-ce sa façon de se venger de ce que je lui avais demandé ? Sa façon de rétablir sa position de mâle ?

    L’odeur de sa cigarette me prend au nez et à la gorge… je quitte la pièce, il me suit… je suis dans le couloir… il éteint la lumière de la salle de muscu… on est dans la pénombre… la lueur qui traverse les vitres opaques de la porte d’entrée du bâtiment est suffisante pour nous guider vers la sortie sans allumer d’autres lumières… j’avance vers la sortie, le cœur lourd… je regrette déjà d’avoir cédé à son sms et d’avoir annulé le rendez-vous avec Stéphane… au fond je ne sais pas ce que je regrette… cette soirée aurait été géniale si je n’avais pas à tout prix voulu aller au bout de mes fantasmes…

    Voilà un autre dilemme qui fait que ma relation avec Jérém est et sera toujours tumultueuse… ce mec je l’ai tellement dans la peau que j’ai envie de tout avec lui… du câlin le plus tendre, à la baise la plus torride… j’ai envie de tester avec lui tous mes fantasmes, notamment des fantasmes de soumission… j’aime bien jouer des rôles, j’aime bien être sa salope parfois, alors que dans d’autres occasions j’ai envie de sensualité, de tendresse…

    Dans tous les cas, même quand l’envie me prend d’aller un peu plus loin dans mes fantaisies, je sais que je ne fais que jouer un rôle qui prendra fin dès le fantasme assouvi… même si je me soumets à lui, même si pendant un moment j’accepte d’être sa salope, lorsque on aura pris chacun notre pied, Jérém redeviendra à mes yeux le gars qui fait battre mon cœur à mille à l’heure…

    Hélas, dans sa tête, cette distinction aura du mal à se faire… mon attitude parfois excessivement câline à ses yeux et parfois trop chaude le prendra au dépourvu à certains moments…

    Ce soir là par exemple… le sexe avait été sensuel, il s’était montré à la fois viril et attentionné, tout ce que j’aime… j’avais même eu droit à un brin de tendresse inattendue… tout avait été parfait pour moi… et j’avais l’impression que ça l’avait été pour lui également… jusqu’à ma bêtise qui avait du le dérouter… et là, à cause de ma connerie, on va se quitter sans un mot… j’ai toujours l’impression que c’est la dernière fois… cette fois-ci ça va l’être pour de bon…

    Ce qui me déçoit aussi c’est qu’il ne m’ait rien demandé au sujet de Stéphane… pas de scène façon Esmé… je suis devant la porte d’entrée, dernier sas après lequel on va se séparer… je fais tourner la serrure, je pousse le battant et je m’apprête à sortir dans la fraîcheur de la nuit lorsque…

    … lorsque je sens sa main se poser lourdement sur mon bras et me retenir… je savoure un bonheur entier lorsque je l’entends me balancer :

    « C'était qui ce mec a la piscine? »
    Je m'attendais à cette question mais je la reçois quand même avec un mélange de ravissement et d'étonnement. Car, si j’espérais m’entendre poser cette question, ce n'est pas pour autant que j'avais préparé une réponse claire et nette. Mon regard se perd dehors, dans la nuit toulousaine. Je me trouve pris au dépourvu. 

    « Un pote... » j’arrive à bégayer après un instant d'hésitation.
    Hésitation que le beau brun a dû capter, puisque il revient à la charge, l’air pas du tout satisfait de ma réponse. Voilà qu’il me balance, du tac au tac :
    « Un pote comment? »
    Il m'agace, ça ne le regarde pas.
    « Un pote » je répète froidement.

    Et il revient encore à la charge, mauvais. Il me saisit par l’épaule, son geste me surprend, m’obligeant à me retourner vers lui. Il n’y a pas beaucoup de lumière, mais la noirceur de son regard me transperce littéralement. Je m’y attendais, l’expression de son visage est celle des mauvais jours.
    « Tu baises avec ? »
    Il n’a pas froid aux yeux ce petit con. Je ne sais pas quoi répondre. Le silence s'installe, gênant. Il insiste :
    « Alors, c'est un pd ? »
    Putain il m'énerve. J’ai envie de lui balancer que oui, j'ai couché avec lui, même s’il ne s’agit que d’une petite galipette… que je vais le revoir et que cette fois ci ça ne va pas être qu’une petite galipette…

    Evidemment, je n’aurai pas le courage d’aller au bout et d’exprimer clairement mon agacement. Une fois de plus je prendrai sur moi, trop soucieux de ne pas le vexer, trop craintif de mettre le mot FIN à notre relation. Ce soir là, je lui mentirai.

    « Mais non, qu’est ce que tu vas chercher… ».

    « C’était qui alors ? ». 

    « Un type qu’on a rencontré à la piscine la dernière fois et qui a sympathisé avec Elodie… hier il était là et il est venu dire bonjour ».

    Le beau brun ne semble toujours pas complètement satisfait de ma réponse. Même dans la pénombre j’arrive à capter sa moue dubitative. Je crains ses prochains mots. Je sais qu’ils peuvent être très blessants.

    « Tant mieux, il a vraiment une tête de con » son ton est un peu apaisé, apparemment mes mots ont su un peu désamorcer sa… sa… sa… jalousie…

    Il n’a pas une tête de con Stéphane… voilà des mots que je me retiens de justesse de lui balancer à la figure. Avant de venir, je m’étais promis de vendre chère mon explication si jamais le beau brun me demandait des comptes… hélas, mon assurance a disparu et ma détermination à lui balancer mon ressenti au sujet de notre relation avec…

    Je ne réagis pas à ses derniers mots. Je passe la porte du bâtiment et je me retrouve dehors. J’avance de quelque pas pendant que je l’entends enfoncer la clef dans la serrure et fermer la porte du Temple de la jeunesse et de la puissance masculines.

    Je l’entends retirer la clef. J’entends ses pas sur les gravillons, je réalise qu’il est en train de s’éloigner sans un mot. Il n’est pas possible ce mec. Je ressens soudainement une furieuse envie de le frapper. Au lieu de quoi, je me force à lui balancer :

    « Salut… ».

    « Oui, c’est ça… » il me balance en retour, froidement.

    Ça ne me suffit pas, ça ne peut pas me suffire…

    « Jérém… »

    « Quoi ??? » toujours ce petit mot et ce ton pour décourager la discussion. Mais désormais ça ne m’impressionne plus… je n’ai plus rien à perdre, je décide de ne pas en tenir compte. Le bruit de pas sur le gravillons a cessé net.

    « On va se revoir ? » je trouve l’audace de lui demander.

    Jérém s’est arrêté net, je devine son profil… Dans la pénombre j’arrive à voir la lueur au bout de sa cigarette… son silence est tellement dur à entendre pour moi que je décide de le piquer au vif. J’ai besoin d’une réponse de sa part, quelle qu’elle soit…

    « T’as envie qu’on se revoit ? »

    « T’en poses des questions, toi… »

    T’as bonne mine de dire ça… toi aussi t’en poses des questions… des questions qui en plus ne te regardent même pas… et sinon… « C’est qui cette pouff avec qui tu t’es ramené à la piscine ? Tu couches avec ? Dommage, car elle a vraiment une tête de conasse… »…  voilà ce que j’aurais du lui balancer à la figure devant sa désinvolture… hélas, cette réplique parfaite ne me viendra que sur le chemin du retour, une fois seul, mes esprits retrouvés… mais là, sur le moment, devant son effronterie, je suis désarçonné, incapable de trouver les mots pour me défendre…

    Ce seront ses derniers mots. De l’esquive, comme d’hab. Le bruit de ses pas sur les gravillons reprend à l’instant même et je le regarde sa silhouette parfaite de mec s’éloigner dans la rue…

    Après toutes ces années, je regrette plus que jamais de ne pas lui avoir dit clairement ce soir là, cet été là, dès le printemps même, que je l’aimais comme un fou… peut-être qu’il m’aurait tout simplement jeté comme une merde, que notre relation aurait pris fin avant de prendre les proportions démesurées qu’elle prendra par la suite… il serait passé à autre chose, j’aurais fait mon deuil…

    Peut-être que, au contraire, lui ouvrir mon cœur nous aurait peut-être empêché bien de mauvais moments, bien des bêtises, de gâcher tant de temps avant d’arriver en ce jour de septembre 2001 où notre histoire prendra un tout autre tournant… peut-être qu’il se serait moqué de moi, c’est même certain… mais peu importe, au moins il l’aurait su…

    Peut-être qu’il aurait fallu que je le rende jaloux, que je me montre avec d’autres garçons, que je lui dise clairement que j’avais couché avec Stéphane… tôt ou tard il serait venu tout seul vers moi…

    Ce qui est sur, c’est qu’il n’aurait surtout pas fallu que je lui mette la pression comme je le faisais, en lui montrant à chaque fois qu’en réalité la baise ne me suffisait pas… hélas, lorsqu’on est amoureux, on est transparent, nos sentiments se voient en filigrane dans chacun de nos gestes, de nos regards, de nos mots…

    A l’époque je n’étais qu’un jeune garçon, aveuglé par mes sentiments. Lorsque je le regardais s’éloigner dans la rue, la cigarette au bec, son sac de sport à la main, avec son allure assurée de mec bien dans ses baskets, l’attitude fière du gars qui vient de se vider les couilles, je ne voyais qu’un garçon qui savait ce qu’il voulait, à savoir de la bonne baise, et également ce qu’il ne voulait pas… à savoir de la tendresse entre mecs, des sentiments… s’il m’avait laissé un peu faire ce soir, il avait bien recadré les limites en transformant mon baiser en quelque chose de très « sexuel », avec sa langue qui baise mes lèvres avant que ce ne soit au tour de sa queue de le faire…

    Je me demandais même si cette dernière baise brutale n’était pas également sa façon de remettre les pendules à l’heure… j’aurais du apprendre, à la longue, que chaque moment de tendresse que j’arrivais à lui « extorquer », il me le faisait payer très cher…

    Lorsque on regarde les choses de trop près, comme je regardais mon beau brun à cette époque, au sens propre comme au sens figuré, on ne voit pas ce qui se passe autour, car notre horizon est bouché... oui, si j’avais su prendre un peu de distance, si j’avais su regarder un peu au delà de sa fierté masculine, je me serai vite rendu compte que ce n’était qu’une fierté de façade qui était sciemment entretenue pour cacher sa crainte maladive de l’attachement, de l’abandon et de la solitude…

    Oui, sa fierté masculine. Elle en avait pris un premier coup le soir où il était venu à ma rescousse dans les chiottes de l’Esmé… voir qu’un gars s’intéressait à moi… voir que je pouvais m’intéresser à un autre gars… certes, le lendemain, une fois seul, il avait bien voulu s’avouer que ça le faisait chier qu’un autre mec s’approche de moi, qu’il me « souille », car Jérémie T. ne partage pas…

    En réalité, ce qu’il ne voulait pas admettre, c’était que finalement il m’aimait bien, et plus que bien… devant la « menace » représentée par ce type dans les chiottes de l’Esmé, il avait pris conscience que j’avais vraiment commencé à compter pour lui… pour la première fois il avait ressenti un sentiment surprenant, la peur de perdre quelqu’un à qui il tenait plus qu’il ne voulait se l’avouer…

    Certes, Jérém n’étais pas sans comprendre que, dans la mesure où j’avais des sentiments forts pour lui, des sentiments qu’il s’employait à repousser, c’était normal que je demande plus que la baise qu’il était disposé à m’offrir… au fond, il comprenait bien que j’avais droit au bonheur et que ce bonheur il ne pourrait pas me l’offrir, que ce bonheur je n’aurais pu le trouver qu’auprès d’un autre mec… pourtant, ce que Jérém voyait avant toute autre chose, c’était que la possibilité que je trouve un autre mec et que je le laisse tomber, était une perspective tout bonnement insupportable à ses yeux…

    Cette nuit là, la fameuse nuit de la bagarre à l’Esmé, Jérém était en colère, une colère aux fortes teintes de jalousie… il était angoissé… il sentait que je pouvais lui échapper… ainsi, pendant que nos corps se mélangeaient, l’alcool aidant, il avait eu envie de me montrer autre chose… quelque chose qu’il ne saurait par ailleurs assumer par la suite…

    Le fait est que cette nuit là, Jérém aurait fait et dit n’importe quoi pour me retenir…

    Oui, lorsque la peur de la solitude fait le siège à notre cœur et l’alcool nous fait oublier que demain il faudra assumer nos actes et nos mots de la veille, certains propos et certains gestes venant du plus profond de notre être peuvent être prononcés ou dévoilés à la légère…

    Et lorsqu’on s’engage dans cette voie un peu plus câline, on prend le risque de ne pas en sortir indemne… car les câlins sont comme une boisson très sucrée… plus on en prend, plus on en a besoin… Jérém avait tellement aimé se laisser aller, échanger avec moi plus que du sexe, que son corps, son esprit, son cœur (oui, il en avait un, bien que profondément caché), en redemandaient…

    Ainsi, lorsque nos ébats avaient pris fin, mon départ approchant, il avait fini par trouver insoutenable l’idée de se retrouver seul dans son lit…

    « Reste, t’en va pas »… si j’avais su lire entre les lignes j’aurais bien vu ce soir là que sa simple phrase avait une signification dont la portée allait bien au delà de « Reste, t’en va pas (cette nuit) »… ses mots étaient un appel inconscient pour que je ne le lâche pas… dans sa jolie petite tête, ses mots devaient plutôt sonner ainsi : « Reste, t’en va pas (de ma vie) »… les câlins de cette nuit là, Jérém qui me demande de le prendre dans ses bras font partie d’une espèce de rêve hors du temps…

    Hélas, le matin venu, face à mon délire, à ma passion, à ma fièvre de lui, tout avait été balayé… ce matin là j’aurais du partir avant qu’il ne se réveille… ou alors y aller tout en douceur… hélas quand on aime, on a envie de tout sauf que d’attendre… au contraire, on a envie de précipiter les choses… ce matin là je ne me sentais plus, je ne tenais plus en place, dans ma tête c’était le feu d’artifice, je m’emballais, je me projetais loin… je nous voyais déjà en beau petit couple… gay…

    Face à mon engouement, Jérém s’était braqué… il s’en était voulu d’avoir dévoilé ses faiblesses… d’avoir montré quelque chose qu’il ne saurait pas assumer et qu’en aucun cas il montrerait au quotidien… et alors il avait voulu désamorcer tout ça en vitesse… il avait voulu me montrer que, quoi qu’il arrive, notre relation n’irait jamais au delà de la baise…

    En réalité, derrière ses attitudes distantes, froides, Jérém pensait à la même chose que moi… il pensait avec tristesse au fait que nos vies allaient se séparer dans peu de temps… alors, à quoi bon ? A quoi bon se dévoiler l’un l’autre si c’est pour se séparer sous peu ? Et puis, dévoiler quoi ? Jérém estimait que je n’avais pas besoin de savoir ce qui se passait dans sa tête, dans son cœur… il considérait que ça ne me regardait pas, car de toute façon je ne pourrais rien pour lui…

    Jérém ne voulait pas que je m’attache car il ne voulait pas s’attacher à son tour… c’était précisément le fait que je m’accroche qui l’avait mis en pétard ce matin là… et s’il avait été si dur avec moi, il l’avait regretté à l’instant, et il n’avait pas trouvé mieux que d’aller se cacher dans la salle de bain en attendant mon départ… lorsqu’il avait entendu la porte du studio se refermer, il avait failli me courir après pour me rattraper… il savait qu’il était allé trop loin…

    Oui, parfois Jérém avait des états d’âme… mais à cette époque je ne voyais que ce beau garçon à la sexualité débordante… son corps, son sexe, sa sensualité me rendaient fou… ses brusques changement d’humeur et d’attitude me rendaient malade… il aurait fallu que j’aie le pouvoir de lire dans sa tête pour comprendre que dans son for intérieur une force inouïe se consumait dans la tentative paniquée de nier le fait que je lui manquais de plus en plus souvent, et pas uniquement a cause de la baise…

    Comme si la nuit et le matin après l’Esmé ne suffisait pas à le mettre en stress, il avait fallu que son meilleur pote s’en mêle… les questions de Thibault… celles qu’il pose et celles qu’il ne pose pas mais qu’il se pose sans doute… et sans doute les bonnes… Jérém le savait… Thibault savait… Jérém savait qu’il avait toujours été transparent face à son meilleur pote, un livre ouvert… Thibault l’avait toujours compris, souvent avant qu’il ne se comprenne lui-même… pourtant, ce fameux dimanche après-midi après les entraînements, Jérém avait été très mal à l’aise face aux questions de son meilleur pote…

    Une question par-dessous tout le remuait… « suis-je gay au fond ? ». Une question qui prenait racine dans cette impression qui le hantait de plus en plus, l’impression de devenir de plus en plus pd avec la crainte que ça finisse par se savoir… Jérém était le mec le plus populaire du lycée, le « dieu » du rugby, le mec que toutes les nanas voulaient se taper… il était fier de son image et il se la pétait car il adorait que l’on s’intéresse à lui… il adorait plaire, être jalousé… si jamais ça venait à se savoir, on lui ferait payer tout cela, la chute de l’idole est toujours spectaculaire et impitoyable… les jalousies refoulées font violemment surface et on se réjouit de sa chute qu’on précipite avec le ragot et la méchanceté…

    « Suis-je gay au fond ? » Cette question hantait l’esprit du beau brun… pour « se tester », ce soir là il était sorti avec l’intention de se taper une nana… pour prendre son pied comme avant… comme avant Nico… hélas, en passant devant la Ciguë, une autre idée s’était emparée de son esprit…

    Rentrer dans ce lieu de mecs… se sentir désiré et résister… rester froid face à l’occasion qui sans doute se présenterait… se sentir dévoré par des yeux pleins d’envie, se sentir convoité, désiré et… résister… montrer à soi même qu’il n’avait pas besoin d’un pd pour prendre son pied… ressortir de ce bar comme immunisé, continuer sa soirée vers la Bodega, lever une nana et la baiser… le désir de se « rassurer » sur son hétérosexualité… 

    Et puis le petit blond s’était approché, avec son rentre dedans sans détour, avec son effronterie de s’attaquer au mec canon qui vient de franchir la porte du bar à pd pour la première fois… devant l’image que le petit blond lui avait renvoyée de lui-même, celle d’un mec désirable par-dessus tout, d’un dieu viril, Jérém avait cédé… il y avait une bonne dose de vanité dans son acceptation de le ramener chez lui… ça et peut-être la volonté de baiser un autre mec pour se « laver » d’avoir fait l’amour avec Nico…

    Ou alors, tout simplement, ce soir là Jérém était un garçon en colère, un garçon qui avait décidé de décharger son malaise (et pas que…) sur ce type qui s’est retrouvé par hasard sur son chemin… il se rendait compte que l’amour entre mecs l’intriguait de plus en plus… il avait besoin de voir si d’autres mecs lui faisaient de l’effet, si le contact avec un autre mec était aussi bon qu’avec Nico… 

    Si c’était le cas, ça aurait voulu dire qu’il était vraiment en train de devenir pd… si ce n’était pas le cas, cela voudrait dire qu’il n’y avait qu’un mec qui lui faisait vraiment de l’effet… le petit Nico… ce qui voudrait dire qu’il était en train de devenir… pd… ce soir là, Jérém était perdu comme jamais il l’avait été de sa vie…
    Drôle d’expérience cette baise avec le petit blond… à la Ciguë, ce mec lui avait paru attirant, mais tout compte fait, lorsqu’il l’avait vu à poil devant lui, le fait de le baiser lui était apparu beaucoup moins tentant… pendant un instant il avait été tenté de lui dire de se rhabiller et de rentrer chez lui… mais la train était en marche, alors il fallait y aller… d’abord, il n’avait pas envie de se retrouver seul tout de suite… et puis, il se disait qu’après avoir joui, son esprit se serait retrouvé apaisé…

    Alors il y était allé… mais il avait déchanté vite fait… déjà pendant qu’il se faisait sucer, il avait eu du mal à tenir son érection… lorsqu’il l’avait enculé, il avait eu du mal à trouver son plaisir… il avait eu un mal de chien pour arriver au bout, il avait du se forcer tout en se demandant à chaque instant ce qu’il foutait avec ce type alors qu’il avait envie d’être avec Nico, de retrouver ce qu’il avait vécu avec lui la nuit d’avant, ce truc qui était si bon car c’était bien plus que de la simple baise… oui, il avait envie de retrouver ce petit Nico qui ne demandait qu’à lui faire du bien, à l’aimer… dans la recherche épuisante de son orgasme, Jérém avait essayé de trouver la raison de son comportement, la raisons pour laquelle ce soir là il était en train de baiser un cul qu’il ne lui faisait nullement envie, la raison pour laquelle il faisait n’importe quoi en rendant Nico malheureux, en se rendant lui-même malheureux…

    Le lendemain au bac, Jérém s’en voulait d’avoir jeté Nico le dimanche matin, tout comme il s’en voulait d’avoir baisé le mec de la Ciguë… et si rien dans son attitude le matin du bac philo ne pouvait laisser penser qu’il regrettait quoi que ce soit, pourtant c’était bien le cas… il regrettait à sa façon, en jouant son rôle de Jérém indifférent à fond. C’était sa façon de se donner une contenance quand il sentait ne pas en avoir, c’était sa façon de décourager l’affrontement, sa façon de gagner en esquivant la bagarre en se servant de l’arme dissuasive qu’était son aplomb de mec.

    D’entrée il avait joué le mec qui n’a rien à se reprocher, du moins jusqu’à ce qu’il ait l’impression que Nico l’évitait et l’ignorait à son tour, ce qui lui était tout simplement insupportable… le rôle de Nico était de tout accepter de lui… dès qu’il avait cru voir Nico prendre de la distance, montrer de la rancune, il avait immédiatement senti l’envie de retrouver son attention et sa soumission…

    Jérém était alors passé en mode charmeur, lui balançant son regard de tueur sexy, cette attitude à laquelle, il ne le savait que trop bien, Nico ne savait pas résister… pour faire tomber ses toutes dernières barrières, Jérém s’était ensuite servi du sourire charmeur, agrémenté d’un petit clin d’œil bien placé qui avait failli faire tomber Nico de sa chaise... ça avait marché, sa colère avait disparu… Jérém le savait bien, ça marcherait à coup sur, Nico l’avait trop dans la peau… c’était galvanisant pour ce petit coq de Jérém de trouver quelqu’un aussi à fond sur son charme…

    Devant l’air déboussolé de Nico, Jérém avait compris que toutes ses défenses étaient tombées, qu’il était à sa merci… et là, contre toute attente, Nico avait fait un truc complètement nouveau… son regard s’était raidi… son expression charmée avait laissé place à un regard qu’il ne lui avait encore jamais connu… un regard qui défiait le sien… mais qu’est-ce qu’il faisait? Qu’est-ce qu’il cherchait? Il le provoquait ouvertement. D’abord, en affichant un petit sourire insolent ; ensuite, il avait fait pire : il avait lâché un clin d’œil genre le sien de tout à l’heure, juste avant de revenir soudainement à sa copie… 

    Tout ça ne lui ressemblait pas… son attitude était si surprenante que Jérém en avait été très vite énervé… il avait beau être passé du mode « charmeur » au mode « beau brun en colère », même ses regards noirs ne semblaient avoir de prise pour lui faire changer d’attitude… désormais Jérém fulminait du regard mais Nico ne reculait pas, on aurait dit qu’il se foutait carrément de sa gueule... 

    Voilà une occasion ou le beau brun avait estimé qu’il fallait la jouer à l’attaque, mater ce début de rébellion à son autorité de mâle… il ne pouvait pas laisser passer ça… il fallait qu’il retrouve vite le contrôle de la situation, qu’il montre qu’on ne fout pas de lui…

    Jérém avait alors lancé sa riposte… si les modes « charmeur » et « brun en colère » ne marchaient pas, il lui restait un dernier atout à jouer, le mode « sexualité »… oui, il allait le rendre fou de désir… par tous les moyens, y compris l’arme lourde… se toucher la braguette… se caresser la queue au travers de la poche du jean… il savait pertinemment que Nico ne pourrait résister à l’appel de sa queue… son geste avait fini par atteindre le but espéré, et plus encore… comme prévu, Nico avait démarré au quart de tour… son excitation avait gagné son regard, son visage tout entier…

    Nico était désormais dans tous ses états, mais Jérém était aussi très excité… ce petit jeu était très sensuel, mais également très dangereux, un petit jeu dont il avait vite perdu le contrôle… car s’il avait prévu de rendre fou Nico, ce qu’il n’avait pas prévu c’est l’effet que ça lui ferait de voir Nico très excité…

    Soudainement Jérém s’était rendu compte qu’il avait très envie de Nico… le fait de lire l’envie dans son regard qui avait désormais perdu toute trace de défi et qui n’était plus que désir à l’état pur, avait provoqué en lui ce besoin violent de le baiser… pas de se faire sucer, non… à ce moment là, Jérém était dévoré par une seule envie… celle de s’enfoncer dans le petit cul de Nico et de le fourrer de son jus…

    Sa résolution était prise… quoi qu’il arrive, il ne le laisserait pas partir comme ça…

    L’exam termine, Jérém s’était approché de Nico pour lui souffler à l’oreille : « Chez moi, maintenant », sûr de lui, sûr que Nico ne pourrait se refuser à lui… et contre toute attente, Nico s’était barré… après un nouveau étonnement suivi d’un nouveau énervement, Jérém l’avait vite rattrapé… « Tu crois aller où comme ça ? »… une fois dans le studio rue de la Colombette, cet après midi là il l’avait baisé comme un malade… Nico était redevenu son soumis, sa mutinerie avait été étouffée à grands coups de bite… 

    La semaine du bac avançait et lorsque le mercredi suivant Nico était venu lui quémander sa queue, Jérém s’était senti agacé et il l’avait envoyé bouler… c’était lui qui décidait quand et comment, à fortiori après son sketch de l’exam de philo… 

    Après le doigt d’honneur du jeudi, il avait du à nouveau sévir… Nico était de plus en plus effronté… une mise au point suivie d’une mise en bouche dans les chiottes du rez-de-chaussée du lycée avait été nécessaire…  

    Le vendredi soir il s’était dit qu’il ne pouvait pas le laisser partir sans le baiser une dernière fois… rien qu’avec un regard il l’avait attiré dans les chiottes du premier… il avait voulu le baiser de façon très coquine, et il avait trouvé que de lui balancer « Descends ton froc, je vais te sauter comme une chienne » était tout à fait approprié pour le mettre dans les meilleures dispositions…

    C’était sans compter avec l’état d’âme de Nico, perdu entre la tristesse de voir cette histoire se terminer avec le bac, tiraillé entre les sentiments qu’il avait pour lui, le bouleversement que la rencontre avec Stéphane était en train de provoquer dans sa tête et dans son cœur, sa déception pour l’humiliation du mercredi devant son refus, son exaspération face à son attitude emportée de la veille…

    Jérém ne savait pas que ce vendredi soir là Nico était très mal dans ses pompes… il voyait bien qu’il était peu réactif, limite crispé… dès qu’il l’avait pénétré il s’était rendu compte que c’était une baise triste, glauque… sans excitation, sans plaisir… il s’en voulait de ne pas l’avoir plutôt amené rue de la Colombette… c’était une baise qu’il avait voulu vite fait avant l’entraînement de rugby… pendant un instant il avait eu envie d’arrêter… mais désormais il s’était engagé là dedans et il fallait qu’il arrive au bout… il ne pouvait pas se retirer, au sens propre comme au sens figuré… sa fierté de mâle était en jeu… 

    Alors, comme le plaisir n’était pas vraiment au rendez vous, comme l’orgasme semblait ne jamais devoir venir, il avait fini par le baiser de façon plutôt brutale… il n’en avait pas l’intention, mais il avait besoin de jouir… 

    Quand enfin l’orgasme était venu, il avait regretté d’avoir été si rude avec lui… sa façon de se tirer tout de suite après, n’était que de la lâcheté face à son malaise… oui, il avait regretté de ne pas avoir tout arrêté, il l’avait regretté pendant cette longue semaine où il n’avait pas eu de nouvelles de lui, où il n’avait pas osé lui envoyer de sms, cette longue semaine avant la piscine Nakache où il n’avait eu cesse de se demander où avait bien pu passer son Nico, ce petit Nico qui lui manquait…  

    Oui, Nico lui manquait… il ne pouvait pas encore l’admettre, tout comme il ne pouvait pas encore accepter qu’il ressentait des choses pour lui… mais le fait était bien là… Jérém avait des sentiments pour Nico…

    Et puis il y avait eu ces retrouvailles inattendues à la piscine… quand il l’avait vu, ça lui avait fait drôlement plaisir… le voir approcher, encore plus… l’entendre lui proposer d’aller faire des longueurs dans le bassin olympique pour se retrouver seuls… génial… mais il lui en voulait d’avoir disparu si longtemps, alors il avait fait sa tête de cochon… mais lorsqu’il s’était entendu carrément proposer une pipe… il avait adoré le cran du petit Nico… un moment seul avec lui, une bonne baise pour effacer le souvenir de ce moment affligeant le dernier soir du bac… c’est tout ce dont il avait envie, malgré son apparence détachée…

    Baise mémorable dans la cabine des vestiaires… sentir l’odeur et la douceur de sa peau, se sentir enivré autant par son propre plaisir de mec que par le bonheur de voir ce petit gars jouir au simple contact de sa queue… avoir joui en lui tout en lui donnant bien de plaisir… et une fois la tempête des sens passée, s’abandonner sur son dos en attendant de retrouver ses esprits, se retrouver à deux doigts de poser un smack entre ses omoplates… y renoncer de justesse pour une raison très con, la raison qu’un vrai mec ne fait pas ça avec un pd…

    Ça avait été dur de sortir de lui… en revanche il avait été super plaisant de l’entendre lui chuchoter à l’oreille à quel point il avait pris son pied, à quel point il avait adoré ce qu’il lui avait fait avec sa queue… et cette pipe qu’il lui avait fait ensuite… du bonheur à l’état pur… s’il était parti en vitesse de cette cabine après ce deuxième orgasme, c’est qu’il avait senti monter des envies qu’il ne pouvait pas assumer… prendre le petit Nico dans ses bras… lui faire un câlin… se faire pardonner pour la brutalité des deux dernières fois… il en avait sacrement envie…

    Le plaisir physique, lorsqu’il est aussi parfait, appelle une sensualité qui se rapproche de très près à de la tendresse… une tendresse dont il avait sacrement envie mais qu’il ne pouvait pas assumer… alors il était parti en vitesse, avant de répéter la même connerie que la nuit de l’Esmé…

    Se dire que c’est fou comment ce petit mec provoque des choses en lui… c’est fou comment il l’attendrit, comment parfois il ressent cette envie jamais ressentie avant, l’envie de lui faire plaisir… c’est fou à quel point ce petit pd le touche, comment il ne peut plus se passer de lui… de ses cheveux, de sa peau, de son odeur, de son corps, tout ce qui éveille ses sens comme jamais ils ne l’ont été… c’est fou cette envie de lui…

    Un moment magique, gâché par l’apparition de ce mec inconnu… cette image de Nico causant et souriant devant ce mec qui, il le redoutait avant de le deviner, devait être du même bord, lui avait trotté dans la tête toute la soirée… même pendant que sa copine faisait une gâterie à cette queue que Nico avait bien astiquée quelques heures plus tôt… une fois seul dans son lit, il avait eu du mal à trouver le sommeil… il était persuadé que Nico avait couché ou allait coucher avec ce type… ce mec avec quelques années de plus… il se demandait si ce n’était pas juste ces « quelques années de plus » qui impressionnaient Nico… le fait de se retrouver dans les bras d’un mec plus posé, peut être moins sexy que lui, mais très charmant, très sensuel, fallait bien l’admettre, un mec souriant, l’air jovial, cool, tout le contraire de lui…

    C’est ainsi que le lendemain, Jérém avait eu envie de « convoquer » le petit Nico pour lui rappeler qu’il était à lui… à lui et à personne d’autre… la journée s’était écoulée sans qu’il trouve le moyen de le faire… il avait fumé plus de cigarettes que d’habitude et il n’avait trouvé de répit que vers 18 h, en se donnant à fond dans l’entraînement de rugby… c’est en courant après le ballon ovale que l’idée lui était venue de le faire venir aux vestiaires après que tout le monde soit parti…

    L’idée était parfaite… le lieu était parfait… parfait pour impressionner Nico… ce qui impressionnerait également Nico, ce serait de le retrouver en train de faire des exercices de muscu, de voir sa transpiration, ses muscles gonflé sous l’effort… plusieurs idées sympathiques de baise, dont celle sur la table de massage qui avait commencer à germer dans sa tête esprit depuis quelques temps déjà, commençaient à pointer dans son esprit… oui, Jérém était bien décidé à jouer les petits coqs à fond pour en mettre plein la vue à son petit Nico et le rendre fou de lui, tellement fou que si la lubie lui venait de se tourner vers un autre garçon, la comparaison serait toujours de plusieurs points en sa faveur…

    Le sms avait été envoyé… pendant un instant il avait redouté que Nico ne vienne pas… les quelques minutes qui s’étaient écoulées entre l’envoi de son message et la réponse de Nico lui avaient parues interminables… s’il n’avait pas répondu ce soir là, jamais il n’aurait accepté de le revoir… résolution épidermique de petit coq trop fier de lui, incapable d’imaginer qu’il aurait bien de mal à la mettre en pratique le cas échéant…

    Et puis le sms était arrivé… le beau brun était rassuré… Jérém trouvait rassurant et amusant le fait de siffler le petit Nico dès que l’envie lui en prenait et de le voir rappliquer illico… il allait le baiser comme un dingue, le rendre encore un peu plus dingue de son corps, de sa queue… il avait furieusement envie de lui… envie de prendre son pied, mais inconsciemment très envie de lui faire plaisir… envie de le retenir, de l’avoir tout à lui… sa jalousie devenait consciente, agaçante… il avait envie de tout faire pour le retenir…

    Tout avait été bon ce soir là… sa petite mise en scène avait marché du feu de dieu… ce truc que Nico lui avait fait avec la langue dans son entrejambe… une tuerie… jamais il n’aurait imaginé prendre autant son pied à cet endroit… au point qu’il se demandait si son excitation relevait davantage du goût d’interdit que cette pratique lui inspirait, ainsi que de la soumission extrême qui lui témoignait Nico en lui faisant ce genre de gâterie, que d’un véritable plaisir sensuel…

    Quoi qu’il en soit, force était de constater que ce « truc » le rendait dingue, presque au même titre qu’une bonne pipe… force était de constater que ce mec lui faisait de ces trucs… qu’il lui faisait découvrir son corps comme personne auparavant… le seul souci c’est que, ce faisant, il le rendait de plus en plus pd…

    Depuis combien de temps il ne s’était pas tapé une nana sans penser à Nico en la baisant? Certes, en l’absence de Nico, il s’était envoyé en l’air avec cette brune… mais ça avait été mécanique… le plaisir qu’il avait pris c’était celui d’un mec qui a besoin de se vider les couilles au moins une fois par jour… quant au désir… son désir était loin…

    Oui, tout avait été terriblement bon ce soir là… l’assaut de Nico sur son torse, se laisser couvrir de baisers, le voir s’abandonner sur lui, sa peau contre la sienne, ses lèvres sur sa peau… le petit Nico fou de lui, le petit Nico qui ose enfin l’embrasser… le contact de ses lèvres avec les siennes avait provoqué en lui une sensation qui avait parcouru toute sa peau, jusqu’à son sexe…

    Il se rendait compte que Nico était en train de braver l’interdit tant de fois rappelé… mais qu’importe… ce soir là Jérém n’avait pas osé le repousser méchamment… le fait est que déjà il avait trouvé ça trop bon… ensuite il ne voulait pas faire mal à Nico, il voulait le retenir…

    Cela dit, Jérém avait eu besoin de recadrer les choses… de montrer que s’il pouvait accepter un baiser, ce ne serait pas un bisou tout tendre… le seul baiser qu’il accepterait serait un baiser très sensuel, limite sexuel, un baiser au travers duquel il réaffirmerait une fois de plus sa position de mâle dominant… d’où l’idée d’enfoncer sa langue entre les lèvres de Nico, comme une fellation avant la fellation…

    Tout ça suivi par cette pipe incroyable, grâce à cette idée de Nico de se faire baiser la bouche sur le banc de muscu, d’utiliser la barre des poids pour faire à la fois des pompes et recevoir une pompe mémorable…

    Pendant la cigarette qui avait suivi, pendant qu’il récupérait de ce premier effort sexuel, son bas ventre frissonnait à l’idée de prendre Nico sur la table de massage dans les vestiaires comme il s’était vu le faire un certain nombre de fois pendant les douches…

    Il avait adoré le sodomiser par derrière… il avait kiffé dur de le baiser par devant, ses jambes sur ses épaules… la position débout lui donnant des sensations nouvelles… la sensation de sa queue coulissant dans ce petit trou bien chaud, accueillant et si généreusement offert par Nico, le rendait dingue… il avait du produire un effort incroyable pour se contrôler et ne pas jouir trop tôt… un plaisir au delà du raisonnable… et voir le petit Nico jouir un instant avant lui, juste sous l’effet de ses coups de bite avait été un kiff qui avait donné un bon coup de fouet à sa fierté masculine et qui avait précipité son propre orgasme…

    Lorsqu’il avait joui, il avait senti un plaisir immense suivi d’un épuisement de même intensité… il avait du mal à tenir sur ses jambes… ainsi, dans ce moment d’évaporation de l’esprit qui suit l’orgasme, il avait trouvé agréable l’idée de s’abandonner sur lui… et ce qu’il avait trouvé agréable par-dessus tout, ça avait été le petit câlin que Nico lui avait fait, sa main dans ses cheveux…

    Dans sa tête, la douche devait l’aider à retrouver ses esprits et marquer la fin des ébats… il était tellement épuisé par ces deux orgasmes intenses rendus encore plus puissants par ces petits moments de tendresse qu’il avait su accepter, qu’il se sentait incapable de remettre ça ce soir là…

    Mais Nico avait d’autres idées en tête… il l’avait rejoint et il s’était mis à genoux devant lui… il avait encore envie de le pomper… hélas, Jérém s’était vite rendu compte que quoi qu’il fasse, il n’arriverait pas à le faire bander à nouveau ce soir là… l’entraînement de rugby, la muscu, deux orgasmes bien puissants, sans compter ceux de la veille à la piscine et le coup de queue qu’il avait du mettre à sa brunasse en la raccompagnant chez elle après la piscine… le Jérém était arrivé à frôler ses limites de sa sexualité…

    Et puis il avait compris ce dont Nico avait envie… de ce truc qui l’avait dégoûté la première fois qu’il lui avait proposé… mais après tout… après tout, l’idée de repousser encore un peu plus les limites de la soumission de Nico à sa virilité, avait de quoi l’exciter… le fait de voir Nico à genoux devant lui, sous l’eau, en train de le regarder avec cette demande précise dans les yeux, avait commencé à faire effet sur sa queue… si après tout le fait de lui faire ça, pouvait lui éviter la « honte » de montrer ses limites sexuelles… si le fait de lui faire ça allait le faire bander une dernière fois… alors, pourquoi pas…

    Nico en avait envie et après tout, s’il avait envie de ça et qu’il ne lui donnait pas, tôt ou tard il irait voir ailleurs pour satisfaire son fantasme… restait le fait de surmonter ses réticences mentales à soulager sa vessie sur quelqu’un, et à plus grande raison sur Nico… pour la première fois, il lui semblait que l’humiliation que cette pratique impliquait était trop importante… pour la première fois il se trouvait gêné d’infliger un truc à Nico…

    Mais au fond, pourquoi donc se sentir gêné, puisque c’était lui qui le demandait, et avec insistance qui plus est… alors, faut y aller… il avait du se concentrer pour lâcher les vannes… il avait du se faire violence au départ… et puis il avait réussi à se détendre et à lâcher prise… le jet, d’abord hésitant, avait pris un bon débit, et le fait de voir Nico se régaler du contact de ce liquide chaud sur sa peau avait fini par réveiller ses sens…

    Lorsque le jet s’était tari, il avait à nouveau eu envie de se faire sucer… Nico ne s’était pas fait prier, il s’était jeté dessus avec désir et gourmandise… son excitation était là mais son corps était fatigué… il sentait que son érection n’allait pas durer malgré l’entrain de Nico…

    Fallait y aller franco… avec de bons coups de reins… pendant un instant il avait hésité… il ne voulait pas recommencer avec une baise brutale… et puis, sa queue commençant à perdre en raideur, il s’était dit qu’il fallait y aller… l’idée de débander dans la bouche de Nico lui était intolérable… l’idée d’une panne, bien que justifiée par la fatigue de son corps, intolérable…

    Il savait qu’il allait le regretter… mais, une fois encore, il avait commencé et il se devait d’arriver au bout… avec les coups de reins, d’abord dosés et d’une puissance contrôlée, sa queue avait repris de la vigueur… il ne voulait pas faire mal à Nico, mais il devait jouir… et puis… et puis le besoin de retrouver son plaisir avait pris le pas sur ses réticences… l’excitation, mêlée à la peur de ne pas y arriver venant des signaux d’épuisement qui lui envoyait son corps, avait fait appel à ses instincts les plus bas…

    A partir d’un certain moment, telle une drogue qui prend le contrôle du cerveau et qui coupe tout contact avec la réalité, il n’y avait plus eu que son plaisir qui comptait… il devait jouir, coûte qui coûte… Nico était redevenu qu’un simple moyen pour son plaisir… son coté bestial avait pris le dessus… il devait jouir… son corps épuisé avait besoin de plus de sensations pour appeler un orgasme qu’il sentait lui échapper à nouveau…

    Alors il s’était déchaîné… il ne pouvait pas manquer son orgasme… ses coups de reins avaient pris de l’ampleur, et toute la puissance que son bassin pouvait leur donner… et comme Nico semblait esquiver ses va-et-vient en neutralisant une partie de ses efforts pour arriver au bout, le fait de coincer sa tête contre le mur pour que ses coups de reins soient plus puissants ne lui avait plus posé aucun cas de conscience… il voulait que ça vienne vite… il voulait jouir… au point qu’il en était, il ne supporterait pas de ne pas y arriver…

    Et puis c’était venu… enfin… violent, épuisant… son orgasme lui avait coupé les jambes… la jouissance passée, il avait été accablé de voir Nico s’étouffer… il avait soudainement compris qu’il avait à nouveau perdu le contrôle à cause de ses pulsions… il avait compris que non seulement Nico n’avait pas pris de plaisir, mais que ses coups de reins lui avaient fait mal… pendant un instant, pendant qu’il le regardait tousser, il avait envie de lui faire un câlin… une envie qu’évidemment il n’avait pas su exprimer…

    Alors, devant la souffrance de Nico, comprenant que ce qui venait de se passer venait de gâcher les bons moments qu’ils avaient partagée, dans l’était de fatigue physique et mentale qui lestaient son être tout entier, il n’avait pu faire autre chose que partir à la douche et s’enfermer dans le silence…

    Il ne savait pas comment quitter Nico ce soir là… il fuyait son regard comme la peste… pourtant, le moment de se séparer approchait… il y avait cependant un truc qu’il fallait qu’il sache, c’était la raison pour laquelle il l’avait fait venir ce soir là… ce type de la piscine…

    Il avait posé la question de façon directe et ferme mais les réponses et les réactions de Nico ne l’avaient pas rassuré… il avait insisté, Nico avait tenté de calmer le jeu… peine perdue, ses questions demeuraient intactes… son esprit était en ébullition… il était sur que ce mec avait des vues sur Nico et que Nico n’était pas indifférent non plus à ses charmes… Nico lui échappait et ça, ça le faisait sacrement chier… et ce qui le faisait chier encore plus, c’est que toute cette jalousie était pour lui un sentiment tout à fait nouveau, un sentiment qui avait fait surface dans son esprit à cause d’un petit pd…

    Oui, depuis pas mal de temps déjà, Jérém n’était pas bien dans sa peau… et en bon ado, lorsqu’il n’était pas bien, il cherchait quelqu’un à rendre responsable de son malaise… Nico était un sujet à porté de main… il se sentait glisser de plus en plus vers les garçons ? c’était la faute de Nico de l’avoir séduit et entraîné vers cet « truc sale »… peu importe s’il oubliait d’admettre que ce « truc sale » c’était lui qui l’avait amorcé quand il lui avait carrément proposé de le sucer lors de la première révision de maths… peu importe s’il omettait de mettre dans la balance le fait que dans ce « truc sale » il prenait son pied comme jamais il en avait pris… et ce n’était pas qu’une histoire liée au mythe, mythe ou réalité, que les garçons savent mieux s’occuper d’un autre garçon que la plupart des nanas… non, le fait qu’il prenne autant de pied avec Nico ce n’était pas simplement dû au fait que ce mec ne lui refusait rien, qu’il se soumettait à lui, docile… la véritable raison était que Jérém avait un véritable penchant pour les garçons, un penchant dont le petit Nico avait ravivé la flamme comme de l’essence sur un braisier…

    Il pensait très souvent à lui, trop souvent… avec sa douceur, sa tendresse, Nico lui faisait du bien… il le trouvait touchant… mais même si ça lui faisait du bien, Jérém ne pouvait pas accepter cela car un mec n’accepte pas de tendresse et encore moins venant de la part d’un pd… et puis la tendresse rend esclave…

    Depuis qu’il couchait avec Nico, Jérém s’était surpris à repenser à un souvenir enfoui dans son adolescence… un souvenir remontant à l’été de ses 13 ans… le souvenir nostalgique et excitant des galipettes avec Thibault sous la tente… depuis qu’il couchait avec Nico, parfois il avait eu envie de recommencer… tout comme Thibault il en avait envie… ils le savaient tous les deux, ils se cherchaient… et même si la peur de compromettre l’amitié les avait toujours empêchés de franchir le pas malgré les occasions, les envies, les perches, l’envie était bel et bien là…

    Oui, Nico avait réveillé en lui des désirs et des envies qu’il avait essayé d’oublier, d’anesthésier depuis des années avec cette débauche de sorties, de rugby, de muscu, de nanas, d’alcool et de joints dont il saturait sa vie… il avait suffi d’un petit Nico, à l’apparence si inoffensif, pour réveiller tous ses démons…

    Voilà le joyeux bordel qui secouait la jolie tête de mon beau brun à cette période de sa vie. Tout un pan de la vie intime de mon beau brun que je ne connaîtrai que plus tard, beaucoup plus tard dans ma vie. Tout un tas de trucs qui se passaient dans sa tête et que j’aurais été incapable ne serait-ce que d’imaginer à l’époque…

    Car lorsque ce soir là je le regardais s’éloigner dans la rue, la cigarette au bec, son sac de sport à la main, avec son allure assurée de mec bien dans ses baskets, l’attitude fière du gars qui vient de se vider les couilles et qui repart sans états d’âme, j’étais à mille lieues d’imaginer que, derrière ses airs de petit coq, Jérém était un garçon se posant mille questions sur sa sexualité, sur son avenir, sur sa vie, un garçon jaloux… et, par-dessus tout, un garçon en détresse, hanté par la solitude qui avait traversé une bonne moitié de sa vie, un garçon perdu, en train de perdre pied, un garçon qui bientôt allait faire de belles bêtises et se mettre carrément en danger.

     

    Ce soir là je rentre chez moi le cœur lourd. J’ai envie de pleurer. J’ai tout gâché. Je sais que je vais passer une mauvaise nuit. Je sais que le lendemain il n’y aura qu’une personne que j’aurai envie de voir. Je sais qu’elle sera là.

     

    [Merci à toi, le lyonnais, mon premier et plus fidèle lecteur, supporteur, conseilleur, consultant, correcteur, gardien du « sérieux » de cette histoire.

    Merci à tous ceux qui, en privé ou en public donnent un supplément de sens à mon écriture, la font exister.

    Merci à ceux qui me donnent des idées qui rendent mon histoire plus « vraie ».

    Merci à ceux qui, lorsque le samedi il n’y a pas d’histoire, s’inquiètent que ce soit fini.

    Non, ce n’est pas fini, pas avant l’épisode… 100… parfois je n’ai pas le temps, parfois j’ai le temps mais pas le moral. Mais l’écriture est très importante pour moi, tout comme cette histoire, et je ne laisserai pas tomber. C’est promis.

    Et merci à tous les lecteurs anonymes qui, semaine après semaine, font monter le petit compteur d’HDS].

     


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    Il restera allongé sur le banc, en train de récupérer de l’effort, pendant plusieurs minutes. Et lorsqu’il estimera avoir suffisamment retrouvé ses esprits, il finira par me lancer :

    Maintenant viens me sucer...

    Oui, comme toujours, le légendaire sens de la formule à la Jérémie T. Au moins l’invitation est clairement posée. Et comment résister à sa poutre apparente à travers le tissu léger de son short bleu? Euhhhh… je n’avais pas dit que je n’allais pas faire de galipettes avec lui à moins d’avoir d’abord une explication sérieuse ?

    C’est bien d’avoir des principes, il suffit de s’asseoir dessus pour qu’ils finissent pas craquer. Non, c’est définitif. Je ne peux pas résister à ce mec. Je ne veux pas lui résister.

    Je fais le tour du banc de muscu et je me retrouve devant le mec le plus populaire du lycée, le mec qui pourrait se taper toutes les nanas qu’il croise et que personne n’oserait soupçonner de s’envoyer en l’air depuis si longtemps et si souvent avec un petit pd… j’ai envie de pleurer tellement c’est incroyable tout ça, tellement cette rencontre qu’il a provoquée représente un sursis de notre relation, cette relation qui m’est par ailleurs insupportable à vivre… c’est une énième « dernière fois » que je suis en train de vivre, une délicieuse, insupportable énième « dernière fois »…

    Jérém est d’une beauté intolérable, aveuglante… et à chaque fois que je le retrouve, je ressens cette sensation, comme la sensation comme d’une aiguille qu’on enfonce dans mon cœur tellement ça fait mal… tellement ce « bonbon pour les yeux » ne m’appartient définitivement pas… tellement il n’y a que sa queue qui me soit accessible, et en aucun cas son cœur…

    Je m’arrache des angoisses qui parasitent mon désir et je le retrouve en moi, ce désir, plus vif et pressant que jamais… j’ai envie de lui offrir une baise qu’il n’oubliera pas… ce sera le souvenir de moi que je graverai dans sa tête à tout jamais… le souvenir des meilleurs orgasmes de sa vie, le souvenir d’un vide couilles, certes, mais un vide couilles inégalable… j’ai envie de lui offrir autant de plaisir qu’il m’en a offert le soir après l’Esmé ou la veille dans cette cabine des vestiaires à la piscine… tellement de plaisir que j’ai cru en devenir dingue…

    Je me débarrasse de mon t-shirt qui, depuis que j’ai pénétré dans cette pièce saturée d’humidité, de chaleur, de transpiration, de virilité et de désir, commence à me coller à la peau ; je m’approche de lui, j’approche mes lèvres de son short… je sens sa queue encore mi molle à travers le tissu fin… avec mes lèvres je la parcours depuis les couilles, tout lentement, jusqu’au gland… la bête commence à frémir… je sais qu’elle va réagir au quart de tour… je m’attarde sur son gland et j’arrive presque à le gober en entier à travers le tissu…

    Je mouille un max avec ma langue et je sens mon beau Jérém s’exciter comme si je l’avais déjà en bouche… un instant plus tôt mes lèvres se sont posées sur une queue presque au repos et voilà que maintenant son manche s’est complètement redressé et mes lèvres caressent désormais un gland bien pulpeux… je le laisse languir un petit moment, mes lèvres parcourant lentement sa belle tige de haut en bas et de bas en haut à travers le tissu… j’accomplis cet agréable voyage plusieurs fois avant de descendre enfin son short, action que le mec me facilite en levant ses fesses au bon moment… le petit coquin !

    Il faut imaginer la vision de ce mec au physique sculpté, allongé sur ce putain de banc de muscu, la queue raide, ce petit débardeur blanc imbibé de sa transpiration, une respiration qui commence à s’apaiser mais qui reste encore soutenue, sa peau mate bouillante… je suis dans un état second… j’ai envie de tout lécher, de tout caresser… je ne sais même pas par où commencer…

    Je finis par poser ma langue sur sa queue… putain qu’est-ce qu’elle est chaude elle aussi… je la lèche plusieurs fois sur toute la longueur, m’aventurant de plus en plus bas… et lorsque j'arrive à l’endroit magique de la naissance des bourses, je m'arrête, comme hypnotisé, me demandant si j’ai envie d'en repartir...

    Je me penche pour les humer, pour retrouver son odeur de mâle, de ti mec, forte, prégnante… mes narines inspirent avidement pour ramener à mon cerveau le plus possible de cette fragrance naturelle qui me rend dingue... c’est un bonheur sans pareil… quelque chose d’irrésistible m’attire vers ses couilles qui sont, elles aussi, moites… j’ai envie de les lécher à leur tour, tellement ça sent bon, tellement la douceur de cette peau fine et fraîchement rasée me fait envie... c’est ce que j’entreprends de faire, savourant avidement avec ma langue tous ces petits goûts de mec, du moins jusqu’à que…

    Du moins jusqu’à que ses mains viennent s’appuyer fermement sur ma nuque en indiquant par un mouvement vers le bas le sens de la marche à suivre…

    Le beau brun sait ce qu’il veut… oui, ce soir il veut que je lui lèche la rondelle… je tremble d’excitation devant la perspective de lui donner ce plaisir que je suis certainement le seul à lui offrir… ses genoux désormais repliés, ses pieds posés sur la planche du banc de muscu, ses cuisses écartées… oui, il a vraiment envie de ça… et moi je nage en plein bonheur devant ce ptit mec en sueur, allongé sur le dos, jambes relevées offrant l’endroit le plus intime de sa personne, sa rondelle chaude… et moi je vais le rendre dingue comme jamais….

    Pendant que j’écarte ses globes fermes, sa main vient se poser sur sa queue et commence à la branler lentement… ma bouche s’approche de son ti trou et mes lèvres viennent l’embrasser tout doucement… je le sens frémir rien qu’à ce contact léger… le bout de ma langue sort de ma bouche et vient titiller le milieu de son anus… ses frissons se font plus marqués… ma langue insiste sur son relief ferme… sa main libre se pose sur ma tête et appuie fermement pour m’obliger à y aller franco… ma langue se déchaîne… elle s’enroule pour écarter son anus et pénétrer de plus en plus loin dans son intimité… c’est chaud, serré, super agréable… j’adore… le mec en tremble carrément… il a vraiment l’air d’adorer ça… je le lèche de plus en plus vigoureusement…

    Les minutes passent et le mec semble en extase… je m’attends à que d’un moment à l’autre ses mains me forcent à trouver le chemin de sa queue, mais il n’en est rien… dans le silence de la salle, aucun bruit autre que celui de sa respiration excitée… Jérém est complètement abandonné à ce plaisir interdit… je bande comme un âne…

    Il n’y a pas de mots pour décrire l’effet que ça me fait de voir mon beau brun offrir sans retenue sa rondelle, le voir relever assez haut ses genoux et bien écarter ses cuisses… voir ce ptit macho, hétéro à la base, offrir complètement son intimité la plus secrète a une langue qui vient le fouiller au plus loin possible, et y prendre un plaisir intense… que de chemin parcouru depuis nos premières coucheries… combien d’espoirs permis pour l’avenir… et quand je pense que c’est moi qui lui a fait découvrir ce plaisir interdit… je me sens si heureux que j’en ai la tête qui tourne…

    C’est trop pour ma petite tête… il y a de quoi disjoncter… c’est ce qui m’arrive à un moment… une idée complètement délirante fait surface dans mon esprit… ça doit être la drogue puissante de l’excitation qui me joue des tours… pendant un instant je me dis que s’il prend autant son pied à se faire bouffer le cul, s’il frissonne autant lorsque ma langue pénètre dans son intimité, c’est que quelque part en lui il doit avoir envie de se faire titiller plus profondément… je bande à en avoir mal… une idée folle me traverse l’esprit… j’ai envie de lui… j’ai envie… de le pénétrer… je connais par expérience le plaisir que la pénétration peut provoquer… en revanche, je suis un mec et jamais je n’ai eu l’occasion de découvrir le plaisir de pénétrer une rondelle chaude…

    Certes, depuis mon adolescence, depuis que les garçons ont commencé à chatouiller mon imaginaire et mon désir, à chaque fois que je pense à un mec, à chaque fois que je me branle en pensant à un bogoss, surtout à CE bogoss, je me sens passif, j’ai envie de le faire jouir comme un mec et d’être l’instrument de son plaisir… mais là je bande comme jamais et la curiosité me tenaille… j’ai trop envie de frotter mon gland sur sa rondelle… essayer d’appuyer avec mon gland, sentir son petit trou se dilater et accueillir mon sexe… j’ai envie de faire des va-et-vient… j’ai envie de savoir ce que ça fait de prendre son pied « comme un mec »… au moins une fois… depuis le temps qu’il me baise, il me doit bien ça… je sais qu’il ne va jamais accepter ça… je sais bien que cela fait partie des interdits… que c’est même l’interdit suprême… au même titre que les câlins et les baisers…

    Je continue de m’affairer entre ses fesses et force est de constater que plus ma langue s’en va loin, plus il semble prendre son pied… son anus commence à être bien détendu… j’ai envie d’aller encore plus loin, de savoir jusqu’où il a envie d’aller, jusqu’où il va prendre son pied… et comme ma langue a désormais atteint ses dernières limites, je décide de changer de stratégie… sans qu’il s’en rende compte, tout pris à son plaisir, je mouille l’index de ma main droite… j’hésite… je veux lui faire plaisir mais je crains sa réaction…

    Et puis, dans l’état d’excitation qui me caractérise à ce moment précis, je trouve le courage d’y aller… mon index se pose au milieu de sa raie…

    Je viens tout juste de l’effleurer que sa réaction se manifeste, prompte… les genoux se déplient, les pieds se posent par terre, le buste se relève, ses yeux fulminent…

    « Tu fais quoi ? »

    Son regard est noir, vexé.

    « Rien, je voulais juste… »

    Je n’aurais pas le temps de terminer ma phrase avec « … te faire plaisir… », que déjà le mec me balance sur un ton qui n’admet pas d’appel :

    « Suce moi, dépêche… »

    Je suis frustré… j’aurais bien voulu voir l’effet de mon petit doigt franchissant la barrière de son intimité… faute de pouvoir y présenter ma queue…

    Ce plaisir m’est interdit… mais qu’importe, ma velléité passagère, éphémère et complètement déraisonnable de devenir actif, qui plus est avec le mâle Jérémie, ou du moins d’enfoncer un doigt dans son petit trou, disparaît devant la perspective alléchante de l’avoir en bouche… et de le voir reprendre toute entière son attitude de mec bien macho… cette attitude que j’avais senti un peu s’éclipser derrière sa jouissance extrême sous les coups de ma langue dans son entrejambes…

    Je le prends en bouche avec gourmandise, je commence à le pomper avec un entrain tout nouveau, cette odeur de muscu, de mecs à la douche, de déo, de testostérone m'hypnotise… tout en enroulant ma langue autour de son gland, je serre sa queue dans ma main le branlant tout doucement… je sais qu’il va apprécier… je ne suis pas déçu de la manoeuvre… et lui non plus… preuve en sont ses variations de respiration, ses touts petits gémissements étouffés au fond de sa gorge, le fait de le voir relever son buste, s’accouder et s’installer pour me regarder faire : je sens ses yeux sur moi… je ressens son plaisir d’assister à ma soumission totale à sa queue bien tendue, à son corps de ouf, à sa virilité, à sa domination…

    A cet instant, je suis tout entier sous le charme de son torse en pleine transpiration, envoûté par ce putain de ti débardeur blanc sexy… ma langue a envie d’une petite escapade à travers son corps… et dès qu’elle entreprends de parcourir sa peau, je le sens frissonner de plaisir…

    Le voyage commence par une étape autour de ses couilles avec une halte à la base de son manche… il se poursuit dans l’ascension au sommet de son sexe pour goûter à la douceur de son gland ; la visite touristique continue en s’attardant dans le paysage incroyable du relief autour de son pelvis, le muscles obliques de l’abdomen outrageusement saillants d’une part et d’autre de son pubis, son aine dessinant une vallée allongée avec sa hanche… plus sexy tu meurs… ce mec semble sorti tout droit du calendrier des Dieux du Stade…

    Ma langue se laisse alors aimanter par les poils si bien entretenus au dessus de sa queue… elle est vite happée par le chemin du bonheur qui conduit direct à son nombril… c’est à ce moment là qu’elle se heurte au coton humide de son débardeur… mes doigts viennent à sa rescousse pour déblayer l’obstacle… je soulève le tissu par toutes petites touches, léchant sa peau millimètre après millimètre… quel bonheur que de parcourir sa peau avec ma langue, de ravir mes papilles avec ce goût un peu salé, de transporter ma vue avec le spectacle de ce paysage anatomique hors du commun, au-delà de tout canon de beauté… je ne sais pas si c’est le fait de l’avoir vu faire de la muscu, mais j’ai l’impression que sa musculature se développe jour après jour…

    Après être rentré dans le territoire si plaisamment vallonné de ses abdos, ma langue s’engouffre dans la légère dépression de son nombril et s’y attarde avec gourmandise ; elle reprend ensuite sa marche, inépuisable, insatiable, parcourant chaque endroit de sa peau, léchant sa sueur, mes doigts déblayant petit à petit son chemin de ce coton humide… j’arrive ainsi à cette vallée merveilleuse qui s’ouvre entre les deux reliefs de ses pectoraux, ma langue s’attardant sur l’un et puis l’autre de ces reliefs paradisiaques… ma langue s’affaire à exciter ses tétons pulpeux, durs d’excitation…

    C’est une fête somptueuse où elle se régale comme rarement ça lui est arrivé auparavant, une fête où des légers tremblements de sa peau et de ses muscles semblent annoncer une brusque montée d’excitation dans ce pays enchanté qu’est l’anatomie du beau brun…

    Son débardeur désormais rabattu derrière ses épaules cou par un geste rapide et assuré (là encore, l’attitude est là, plus « petit con » tu meurs), son cou est ainsi dégagé… j’ai presque l’impression que le fait d’avoir dégagé le débardeur ressemble à une invitation la tentation est si forte… … trop envie de continuer le voyage jusqu’à la base de son cou, d’atteindre sa pomme d’Adam et ce petit grain de beauté qui me fait toujours autant délirer…

    Je suis étourdi par le contact de ma langue avec sa peau douce, chaude, par le goût entêtant de sa transpiration, par son odeur de mec mêlée au parfum son déo… je me fais violence pour ne pas aller plus loin, je m’attarde dans la Vallée large et douce de ses Pectoraux pour m’étourdir un peu plus et oublier ma frustration…

    Hélas, chaque fibre de mon corps est tendue par une excitation extrême… je suis arrivé au Terminus de mon voyage, mais je sais que au delà de la limite interdite, il reste des régions merveilleuses à visiter…

    Alors, je craque… je remonte mon buste, d’un coup… je le regarde, abandonné sur ce banc, immobile, son torse soulevé par sa respiration redevenue enfin calme… j’ai trop envie de l’embrasser… je regarde son visage, cherchant son feu vert… ses yeux sont presque fermés, la petite fente entre ses paupières semble regarder dans le vide… j’ai l’impression qu’il attend que je me lance… peut être qu’il a enfin envie que je l’embrasse… j’en ai trop envie mais je n’ose pas, pas encore…

    Dernière étape de ce voyage magnifique et épique qu’est le « Tour du Jérémie en 80 coups de langue », se poursuit au sommet de cette plastique incroyable… je vais chercher mon courage en m’aventurant jusqu’à son cou pour atteindre ce magnifique détail du paysage qu’est sa petite chaînette et son petit grain de beauté…

    Nos torses se superposent, nos peaux se caressent mutuellement… nos jambes se mélangent… je sens sa queue raide contre la mienne, putain de sacrée sensation que de savoir que je le fais bander… que moi ou du moins mes compétences dans le noble art de la maîtrise du plaisir masculin… c’est le bonheur absolu…

    Je suis tellement dans un état second que à un moment je ne peux plus continuer, je suis obligé d’abandonner mon voyage tel un pèlerin épuisé après tant de marche et d’émotions… alors je me laisse choir sur lui de tout mon poids, j’appuie ma joue dans le creux de son cou, j’écoute sa respiration, je vis sa respiration, mon souffle semble entrer en résonance avec le sien… je sens les battements de son cœur, je sens son sang pulser dans ses veines, ses battements s’insinuer dans mon corps, je le sens vivre en moi… le moment est tellement magique, doux et sensuel que je me sens débordé d’émotions, je sens mes larmes monter aux yeux, et je ne peux contenir un sanglot…

    Jérém est toujours immobile… oh, Jérém, mon beau brun… si tu savais… si seulement tu savais à quel point…

     

    I want you/And I want the right way/Mmmh Right I want you/But I want you to want me too (want me too)/Want you to want me, baby/Just like I want you
    Je te veux/Je te désire comme il faut/Mmmmh ouais je te désire/Mais je veux que tu me désire aussi (me désire aussi)/Je veux que tu me désire, bébé/Tout comme moi je le fait
     

    Je me ranime… Mon visage s’approche du creux de son cou, à la lisière de la Terre Interdite… je suis fou, mon cerveau embrumé par toutes ces sensations… c’est comme une bonne cuite, je ne suis plus maître de moi-même, ce sont mes envies les plus profondes qui guident ma conduite désormais… in vino veritas disent certains… in sensualitas veritas en ce qui me concerne…

    Je serre son corps à moi, ses bras restent inertes…

     

    I give you all the love/I want in return, sweet darlin'/But half a love is all I feel/It's too bad, it's just too sad/You don't want me now/But I'm gonna change your mind/Someway, somehow, oh baby
    Je te donne tout l'amour/Que j'attends de toi en retour, mon chéri/Mais je sens que tu me rend que la moitié de mon amour/C'est vraiment dommage, tellement triste/Tu ne me désire plus maintenant/Mais je vais te faire changer d'avis/D'une façon ou d'une autre oh bébé
     

    Je lui transmets tout mon amour, toute mon envie de lui faire un câlin et là, putain, je ne le crois pas… sa main bouge et vient caresser mon épaule… un simple geste, un aller-retour… depuis que je suis rentré dans cette salle chargée d’odeurs masculines pour y retrouver mon beau Jérémie je me sens au bord de l’embrasement… je sens que la moindre étincelle peut tout déclencher… et quand l’étincelle vient, sous la forme d’une simple, courte caresse, l’incendie est violent…

    Ce contact inattendu, si léger, si court, est pour moi chargé de tellement de significations, ça répond tellement bien à mon besoin de ce moment là, à un besoin de tendresse si longtemps insulté et meurtri, que je ne peux pas me retenir… je lève ma tête, je le regarde ses yeux presque clos qui continuent de fuir les miens, je suis au bord des larmes, dans le ventre des nuées de papillons, je commence à embrasser son visage, avidement, fébrilement, tout en caressant ses beaux cheveux bruns… je ne sais pas si je suis éveillé ou si je rêve, je suis en train d’embrasser mon petit con de Jérém, tout son visage est couvert de mes bisous, mes lèvres épongent son front encore moite de sueur…

    J’ose m’aventurer et redescendre sur ses oreilles, y promener d’abord doucement mes lèvres, les effleurer avec le bout de mon nez… furieuse envie que je refoule depuis si longtemps… m’occuper ainsi de ses oreilles est pour moi presque aussi érotique que si je faisais la même chose sur sa queue… je le sens sursauter… il a l’air d’aimer… j’entreprends alors de les lécher, les mordiller…  

    Les oreilles… un des trucs les plus excitants que j’adore regarder chez un mec… c’est un détail auquel je suis extrêmement sensible lorsque je mate un beau mec… je me surprends parfois a être comme hypnotisé par les oreilles d’un beau garçon, au point que parfois je me dis que je vais finir par me faire griller… 

    Je suis fou, je suis ivre, car il a l’air de ne pas détester mon périple dans la Zone Interdite… est-ce que… est-ce que ça veut dire que je peux oser l’inimaginable ? Oser gravir le sommet ultime, l’ascension la plus dangereuse, le plus risqué de tous les voyages, celui qui me conduira à poser mes lèvres sur les siennes ?

     

    Won't you get down baby ?/When I get down with you/Let's Get down baby/Have mercy/Listen precious/I wanted you/For a million time/I wanted you/But I want you/Oh baby
    N'accepteras tu pas bébé /Quand je me met a genoux pour toi/Laissons nous aller bébé/Ais pitié/Ecoute mon chéri/Je t'ai désiré/Plus d'un million de fois/Je t'ai voulu/Mais je te veux/Oh bébé
     

    Je descends au long de ses tempes, débarquant ainsi sur ses joues, je dévore son menton avec mes lèvres, je remonte sur l’autre joue… je sens la chaleur son haleine… putain qu’est ce que j’ai envie de l’embrasser… et je suis fou, sa caresse m’a donné des ailes, je pince brièvement sa lèvre inférieure entre les miennes… d’abord tout légèrement… pas de réaction de sa part… j’y reviens, j’augmente la pression et la durée… toujours pas de réaction… je finis par tenter l’inimaginable, poser mes lèvres sur les siennes… je teste, timidement… craintivement… c’est d’abord un contact très léger, furtif, je me retire rapidement… j’y reviens ensuite, une, deux, trois fois… jusqu’à que…

    … jusqu’à que sa main se pose sur ma tête… et là je suis fou, je vais finir à l’asile… sa main retient ma nuque fermement… nos lèvres s’écrasent les unes contre les autres… et puis c’est carrément le tsunami… dans ma tête c’est la fin du monde… lorsque je sens sa langue s’insinuer entre mes lèvres, raide, puissante, faisant des allers-retours rapides, vigoureux… c’est inattendu et très très très très très sensuel…

     

    [Say you love me/As much as I love you, yeah/Would you hurt me, baby?/Could you do that to me, yeah?/Would you lie to me, baby?/'Cause the truth hurts so much more/Would you do the things that drive me crazy?/Leave my heart still at the door?]


    Dis que tu m'aimes,/autant que je t'aime, yeah/Voudrais-tu me blesser chéri?/Voudrais-tu me faire ça?/Voudrais-tu me mentir chérie/Parce que la vérité blesse encore plus/Voudrais-tu faire les choses qui me rendent fou?/Laisser mon coeur toujours à la porte

    Ce que je suis en train de vivre, tout ce qui se passe au travers du sens du toucher, du goût et de l’odorat, tout cela est si puissant et bouleversant que, dans le but de ressentir encore mieux toutes ces sensations, je décide d’exclure le sens qui a tendance à vampiriser tous les autres… je ferme les yeux et je me concentre sur toutes les autres sensations… sa langue est raide et puissante et batailleuse… elle est là, calée entre mes lèvres… ma langue à moi s’est timidement avancé vers sa bouche mais elle a rencontré cet obstacle viril dressé devant elle… alors mes lèvres ont vite compris le message… elles s’installent en position entrouverte et laissent coulisser sa langue bien tendue…  un instant plus tard, elles commencent une fellation de langue… c’est comme une fellation avant la fellation…

     

    [If I could just die in your arms/I wouldn't mind/'Cause every time you touch me/I just die in your arms/Oooh, it feels so right/So baby, baby, please don't stop, girl/Ooh, baby, I know loving you ain't easy/But sure is worth a try]

     

    Si seulement je pouvais mourir dans tes bras/ Ça ne me dérangerait pas/Parce que chaque fois que tu me touches,/Je meurs dans tes bras/Oh, c'est si bon/Alors chéri s'il te plaît n'arrête pas/Ooh, bébé, je sais que t'aimer n'est pas facile/Mais ça vaut le coup d'essayer!

     

    Oui, je sais, je sais… passer de l’immense Marvin Gaye à ce petit con premium de Justin Bieber, c’est un grand écart plutôt périlleux… mais quand la sensualité est dans le texte, et dans la voix… tout est bon pour exprimer le ressenti au plus profond de moi…

    J’adore cette chanson dont les cœurs et la partie parlée du début font si seventies, limite sixties… où les vocalises de Justin ne sont pas sans rappeler un certain Michael Jackson entre deux époques, entre les « Jacksons » et sa carrière solo…

    Il faut bien reconnaître que, au delà de sa déroutante sexytude, au delà de sa tête de petit con impuni à gifler et à faire jouir en urgence, il a un joli grain de voix ce petit mec, une voix qui sait rendre une large de gamme de vibrations, d’émotions… c’est à la fois enfantin et masculin, touchant et sexy…

     

    Oui, Jérém est en train de me baiser la bouche avec sa langue… putain de mec… le goût de sa langue, de sa bouche est délicieux, sa salive tiède et un peu sucrée me donne des frissons incroyables… la douceur de ses lèvres est un bonheur sans pareil… je sens de l’électricité parcourir mon corps, j’en suis secoué, j’en tremble… je continue d’accepter les assauts de sa langue entre mes lèvres, comme en état d’hypnose, je continue jusqu’à que ses mais viennent s’appuyer sur mes épaules me dégageant de lui avec un geste ferme et rapide.

    Je me retrouve debout devant le banc de muscu… Jérém se lève à son tour et avec un geste de la tête m’indique ce qu’il veut… à savoir, que je prenne sa place sur la planche dont le revêtement est bien chaud et trempé de sa transpiration… et toujours ce putain d’odeur de mâle sous l’effort, de testostérone qui imprègne l’air de la pièce… et qui rends mon envie débordante, qui me rends dingue… odeur de sexe, odeur de mec, odeur de Jérém tout court…

    Me voilà allongé sur le dos… le voilà qui grimpe sur le banc à son tour… qui se débarrasse de son débardeur en levant les bras d’un geste rapide et assuré, le balançant nonchalamment par terre… le voilà en train d’avancer, il pose ses mains sur la barre chromée, il met son corps en tension et vient coller ses couilles sur mon nez…

    Elles sont lourdes, douces, je joue avec, je les lèche, je les gobe, je les renifle… c’est un bonheur sans égal que de le sentir frissonner sous mes coups se langue… j’adore… je pourrais passer le restant de mes jours dans cette position…

    Et là, dans ce bonheur indescriptible, je me surprends à penser à quelque chose… j’ai envie de lui faire un truc… lorsqu’il se dégage de moi, je sens que c’est le moment de mettre en application ce à quoi je viens de penser…

    Je relève mon torse… je prends appui sur mes coudes… il me fixe, le regard coquin, je ne suis pas sûr qu’il ait compris ce que je lui propose…

    « Viens t’accrocher à la barre… » - je lui balance.

    Là il a compris… sans me quitter de ce regard qui affiche désormais une expression lubrique qui me fait chavirer, je le vois approcher son bassin de mon visage jusqu’à que son gland frôle mes lèvres… dès le premier contact, celles-ci s’ouvrent lentement, dociles… il saisit la barre de poids et pendant que mes lèvres se resserrent autour de son manche, pendant que ma langue s’active pour lui donner un max de sensations, il commence à mettre de bons coups de reins dans ma bouche…

    Il y va tout doucement, c’est sensuel, viril mais doux, si bon… je sens qu’il a envie de prendre le temps… c’est une recherche de plaisir qui est dans la durée et non pas dans l’urgence… j’ai même l’impression qu’il fait attention à moi, à ma bouche… comment son attitude tranche avec sa brutalité d’autres occasions… putain de Jérém, imprévisible à souhait, jamais là où on l’attendrait…

    Ses mains agrippent fermement la barre et ses biceps se contractent, ses avant bras se plient légèrement, ce qui a pour effet de faire remonter et redescendre son bassin, modifiant à chaque va-et-vient l’angle d’entrée de sa queue dans ma bouche… je la sens glisser dans ma bouche, je ressens presque le sang pulser dans les reliefs veineux qui la parcourent… parfois son gland frotte contre mon palais, d’autres fois contre une joue, parfois il atterrir sur ma langue… et à chaque fois ses couilles frappent lourdement mon visage, mon menton, ma mâchoire, ma joue… la gamme de sensations est ainsi démultipliée… j’ai l’impression de redécouvrir sa queue à chaque fois…

    J’ai vraiment envie qu’il jouisse dans ma bouche dans cette position, avec cette attitude de mec me dominant de tout son corps, de tout son sexe… putaaaaaiiinn !!! je suis le mec le plus heureux de la terre à ce moment là ! Je n’ai plus qu’un seul but dans ma vie, le faire jouir, le faire jouir dans ma bouche, goûter à son jus de mec, à ce nectar délicieux… le faire jouir vite, sentir ses jets exploser dans mon palais, percuter ma langue, couler en moi… quand il va jouir, je vais faire un arrêt cardiaque…

    Il va jouir, je le sens… je sais qu’il adore jouir dans ma bouche et savoir que je vais tout avaler… il va se décharger dans ma gorge… j’en suis sur… soudainement il retire sa queue de ma bouche, aussi doucement qu’il l’y avait glissée… sa main appuie sur mon torse pour que je m’allonge… je le vois prendre appui sur ses pieds posés sur la planche et sur ses mains toujours enroulées sur la barre chromée, je le vois mettre son corps complètement en suspension au dessus de moi… son bassin approche de mon visage, son gland de ma bouche… comme télécommandés, mes lèvres s’ouvrent et sa queue s’y glisse à nouveau…

    Et là c’est l’extase… ce ne sont plus des coups de bassin que son corps raidi est en train de mettre dans ma bouche… le mec est comme en train de faire des pompes tout en baisant ma bouche… mes yeux regardent ses biceps se gonfler, ses pectoraux se modeler dans l’effort, et ces putains de tablettes de chocolat juste au dessus de ma tête… et quand son jus viens inonder ma bouche de cinq jets copieux, vigoureux, épais, un peu amers, c’est carrément divin…

    Il vient de jouir dans ma bouche, je viens d’avaler jusqu’à la dernière goutte de son jus… déjà il se dégage de moi pour partir vers une petite fenêtre qu’il ouvre pour laisser partir la fumée de sa cigarette… le vent devait être contraire, car je trouve que la fumée se répand copieusement dans la salle de muscu… j’ai toujours trouvé que la fumée de cigarette ça pue…

    J’ai toujours détesté cette odeur, sauf quand elle fait partie du portrait d’un beau mec… elle devient alors un attribut viril parmi les autres… voir un beau mec tenir une cigarette dans sa main, la poser au coin des lèvres... le voir prendre ce plaisir solitaire, presque une branlette nicotinique qu’ils s’envoie sous prétexte que ça détend… alors qu’il y a bien d’autres moyens pour détendre un beau garçon…

    Je le regarde, parfaitement à l’aise avec sa nudité, avec sa queue qui vient de jouir et qui n’a pas l’air d’avoir envie de débander de si tôt… c’est tellement beau à regarder, un beau jeune mec…

    Lorsqu’il finit de fumer sa cigarette, pendant qu’il expire une dernière longue traînée de fumée grise, il jette le mégot par la fenêtre avec un geste mécanique… il referme le battant, il se lève, et se dirige vers moi, désormais assis sur le banc…

    « Viens… ».

    Euh… qu’est ce qu'il a encore en tête? J’adore ce coté sur de lui, ce coté « mec qui sait ce qu’il veut et qui impose ses envies », le mec sûr de lui, de son charme, qu’il balance ça sur un ton qui n’admet autre chose que l’obéissance… j’adore cette sensation de le laisser faire, de me laisser faire… cette sensation de m’abandonner à lui, de le suivre dans un trip qu’il a échafaudé dans sa tête, qui m’est encore inconnu et qui me tarde de découvrir… et à fortiori de le découvrir avec lui…

    Ce que j’aime avec ce mec c’est que jamais une baise avec lui ressemble à la précédente… il y a toujours un truc nouveau, inattendu… un coup c’est moi qui me laisse aller aux envies du moment, à des trucs que je n’ai que rarement imaginés à l’avance, des trucs qui me viennent le plus souvent dans le feu de l’action… un coup c’est lui qui impose une nouvelle façon de prendre son pied… et puis on s’étonne que je l’ai dans la peau, greffé si profondément que jamais, jamais, jamais on ne pourra me l’arracher…
    « Viens… ».

    Je ne me fais pas prier pour le suivre… on se retrouve dans le couloir sombre qu’on traverse direction la porte d’en face… il ouvre le battant, il allume la lumière au néon et je me trouve sur le seuil du vestiaire… oui, il m’amène dans le vestiaire… cet endroit si souvent imaginé… la salle du trésor, objet de tous les fantasmes et mère de toutes les branlettes, le cœur du sanctuaire à mecs, un petit bout de Paradis… sur terre…

    Des casiers alignés sur deux murs, dont la plupart des portes sont laissées négligemment entrouvertes… des bancs où se sont succédées des générations de mecs musclés... qui ont connu toute la gamme de sensations qui traversent l'esprit d'un joueur, d'une équipe toute entière... l'espoir, la hâte de jouer, d’en découdre… le trac... la tension, l’anxiété… et ce moment juste avant le coup d’envoi où les esprits sont ressemblés dans l'attente que la tempête vienne et passe... ces bancs qui ont connu les émotions de la mi temps, l'inquiétude ou la confiance, la souffrance physique quand il faut mouiller le maillot pour y arriver, la pression…

    Et l'ambiance de fin de match, quand la troisième mi temps s’annonce, quand la tempête est passée, quand on chante une victoire ou que l’on tente de digérer une défaite, lorsqu’on constate les dégâts ou lorsqu’on se félicite d'être passé à travers… lorsqu’on connaît l'euphorie ou la déception, la joie ou la tristesse, ce moment où des mecs soulagés, ayant vu s’envoler la chape qui les plombait, laissent libre cours à leur joie de vivre, à la jeunesse débordante et virile de cet age là, à la complicité entre mecs, aux blagues de mecs, aux concours de quéquettes, à l'ambiance macho, aux odeur de mecs, à l’excitation, aux regards en biais, fuyants, à la promiscuité…

    Oui, les vestiaires… là où l’on retrouve cette ambiance entre potes, ces potes grâce auxquels on ne se sent pas seuls, grâce auxquels on se sent faire partie d'un groupe, d’un tout… se sentir bien entre mecs... qu'est ce qu'il y a parfois comme faiblesse sous ces muscles puissants... et oh combien l'alcool et une soirée entre potes ont le pouvoir de les apaiser, certes provisoirement, mais très efficacement… le pouvoir d’évacuer les tensions du match et de la vie en général...

    Je n’arrive pas encore à croire que je me trouve dans cet endroit… avec le regard je parcours le grand espace d’un bout à l’autre, impressionné… dans un recoin au fond de la pièce, un long alignement de douches... des images trottent dans ma tête, j’en ai presque le tournis... images d’eau qui coule, de vapeurs éphémères, dans ma tête je retrouve la musique, les mots et le clip de Clarika… images rapides de  serviettes négligemment nouées autour de la taille, de nudités musclées, des torses imberbes, des torse poilus, des mollets costauds, de fesses bien fermes, des tétons saillant, de biceps bien développés… et encore plus loin, dans mon propre fantasme… de sexes de mecs qui se baladent nonchalamment à la sortie de la douche, la douceur de la peau d’un garçon, l’odeur de sa peau, les envies de mâles…

    Et au fond de l’alignement des casiers, une table pour massages. Dès que je l’ai vue, j’ai compris. Putain de petit coquin… il avait préparé son coup… depuis combien de temps ce petit goret regardait cette table qu’il voyait plusieurs fois par semaine en se disant « Tiens, je pourrais baiser Nico là-dessus… »… oui, depuis combien de temps ? Il m’épatera toujours ce petit con… le simple fait de penser qu’il ait pu avoir cette idée en pensant à moi entouré de ses potes en train de se doucher, de se sécher, de s’habiller, tout en discutant rugby ou nanas… ça me donne du baume au cœur… il pense à moi, parfois… il pense à comment nos baises pourraient être encore plus chaudes… à moins… à moins que je ne sois pas le premier mec qu’il baise sur cette table…

    Cette dernière pensée vite balayée par l’enchaînement des événements, un instant plus tard mon buste est plié à 90 degrés, appuyé sur la table pour massages… le beau brun est derrière moi, débout, en train de coulisser entre mes fesses… oui, c’est la première fois que je pénètre dans des vestiaires et, à fortiori, la première fois que je me fais pénétrer dans des vestiaires... et c’est si excitant, si bon de le sentir en moi… sentir les va-et-vient de sa queue, ses couilles qui frappent mes fesses, être là en train de prendre un pied de fou à me faire défoncer en attendant qu’il me remplisse le cul de son jus…

    Il me baise comme il m’a baisé la bouche… longuement, calmement, sans se presser… le bonheur de ses coups de reins dure un bon petit moment… mon ti trou est comblé par le bonheur de se faire prendre par le manche de ce mâle magnifique… et lorsque à un moment je le sens sortir de moi sans prévenir, je me sens frustré… je me demande pourquoi a-t-il délaissé mon ti trou avant de lui avoir fait le cadeau d’y fourrer sa semence…

    Au final, ses intentions vont se révéler plutôt à mon goût…

    J’adore me faire prendre par derrière… cette position permet de sentir les couilles du mec frapper mes fesses… et j’adore ça… je découvrirai par la suite que bon nombre de mecs préfèrent cette position, qui leur permet de bien aller au fond des « choses »…

    Hélas, le seul truc qui me manque dans cette position, à moins de faire ça devant une glace comme on l’avait fait une fois dans sa salle de bain, c’est le bonheur de voir le mec prendre son pied… et encore avec un miroir ce n’est qu’une image… le pied absolu étant pour moi de voir le mec en train de prendre son pied, de voir ses attitudes de mec pendant la baise, de me sentir dominé… assister au spectacle viril suprême, celui de voir sur son visage la grimace de sa jouissance de mec…

    Il veut changer de position, il veut me prendre par devant… je crois bien qu’il aime que je le regarde prendre son pied… il me fait allonger sur le dos, les fesses au bord de la table… d’un geste ferme, vigoureux, assurés, il saisit mes jambes, il les passe sur ses épaules… il avance son bassin, sa queue rencontre illico mon ti trou bien dilaté, il y va franco, il me pénètre à nouveau … j’en tremble tellement c’est bon… il entreprend d’envoyer de bons coups de reins, avec plus d’amplitude que dans la position précédente… putain de bel étalon !

    Ses mains viennent se poser sur mes tétons… sa chaînette se déchaîne, ondule au rythme se ses coups de reins… plus sexy tu meurs… il me baise comme un Dieu, mon bas ventre connaît un plaisir intense, je ressens des frissons parcourir mes fesses, mon périnée, mon sexe, mon torse… je le regarde s’occuper de moi… c’est tellement beau de le voir en train de me sauter… je suis aux anges…

    Oui, je suis aux anges… car à un moment il a ce geste qui me fait un effet de malade… il est en train de me tringler avec cette attitude de mâle tout à son plaisir que j’adore… cette attitude que plus sexe, plus mec tu meurs… c’est déjà l’apothéose, je ne saurais imaginer mieux… c’est sans compter sans les ressources presque infinies de mon beau brun… à un moment je le vois fermer les yeux, souffler comme un mâle en rut… il balance la tête vers l’arrière, débordé par son plaisir de mec… il souffle profondément à plusieurs reprises… ses coups de reins semblent ralentir mais gagner en amplitude…

    « Putain… putain… » je l’entends balancer presque dans un état second, le souffle coupé par ses respirations rapides… une exclamation que, à la vue de son corps en pleine action, à la vue du plaisir qui semble secouer chacune de ses fibres, j’interprète comme n’étant que le début d’une exclamation qu’il ne saurait assumer, du style « Putain… putain… (qu’est-ce que c’est bon)… »…

    Ce qui est bon pour lui, est bon pour moi aussi, car son plaisir est mon plaisir… son geste de fermer les yeux dans une grimace qui traduit merveilleusement son état d’excitation, sa façon de balancer la tête vers l’arrière à plusieurs reprises, de bomber le haut de son torse dans une attitude corporelle qui fait ressortir encore mieux ses pectoraux et qui semble donner encore plus de latitude aux va-et-vient de sa queue dans mon ti trou, tout cela me met dans un état de jouissance sensuelle que je ne saurais décrire… je suis complètement offert à mon beau mâle, et je suis en train de jouir comme un malade…

    Au coeur de ce lieu de mecs, de ce sanctuaire de la virilité, enveloppé par cette odeur de testostérone, imaginant tous les garçons passés dans ce lieu, fantasmant sur les rencontres intimes et furtives, des simples branlettes, de bonnes pipes ou des pénétrations bien profondes entre corps musclés qui s’emboîtent avec bonheur, pris dans l’étreinte et dominé par la queue de mon beau brun, je sens monter mon excitation à un niveau insoutenable…

    Et lorsque il marque une pause, la queue enfoncée bien au fond dans mon ti trou, les couilles calées contre mes fesses, je me sens tout entier à lui, son pouvoir de mâle sur moi est total… je me sens possédé par lui, je n’ai qu’une envie, c’est de m’offrir encore plus, c’est de le voir jouir en moi…

    Une fois encore, je me sens comme une allumette que le moindre frottement va embraser… j’essaye de me maîtriser mais je sais que je peux jouir d’un moment à l’autre, sans même que ma main n’effleure mon sexe… je ne veux pas jouir avant lui… je veux lui laisser prendre son pied jusqu’au bout et je veux prendre mon pied jusqu’au bout…

    Hélas, j’aurai beau essayer de me concentrer pour retarder mon orgasme… ce qu’il est en train de me faire est si bon que je finis par gicler sur mon ventre avant que Jérém ne soit venu en moi…

    Je sais que Jérém n’est pas loin non plus… encore quelques coups de reins et le corps du beau brun est secoué par les spasmes de l’orgasme… sa bouche laisse échapper quelques râles contenus… il est en train de se vider en moi…

    Je le regarde, les yeux fuyants, épuisé… il souffle fort… je retire mes jambes de ses épaules pour lui permettre de se dégager… et contre toute attente je le vois s’étaler sur moi de tout son poids… le fait que la peau de mon torse soit souillé de mon jus ne semble pas lui poser problème… il retire juste son bassin pour sortir de mon ti trou et il tombe presque sur moi… son visage vient se poser dans le creux de mon cou, ses lèvres effleurent la peau au dessus de ma clavicule…

    Pendant un instant j’ai comme l’impression qu’il amorce un mouvement qui ressemblerait à un smack… mais ce n’est que mon imagination… ses lèvres glissent sur mon cou sans aucune intention d’embrasser ma peau… non, Jérém n’est pas en train de rechercher de la tendresse… il est juste en train de récupérer de l’effort… quoi qu’il en soit, ce contact avec son corps et avec son visage m’est super agréable… je sens sa respiration emballée, les battements de son cœur rapides… c’est fou… il vient de jouir en moi, il m’a donné un plaisir de dingue…  j’ai vraiment envie de lui faire un câlin… ma main droite ne peut s’empêcher de chercher le contact avec sa peau, mes doigts caressant doucement cette région à l’arrière de son cou, jusqu’à s’enfoncer dans ses cheveux bruns, épais, doux… il ne réagit pas… mes doigts y vont de plus en plus franco… je caresse ses beaux cheveux doucement mais sans retenue, j’adore ce contact, je me retrouve à espérer que ça ne dure à jamais…

    Hélas ça ne durera pas… une ou deux minutes plus tard, le beau brun se relève et part vers les douches…

    Je suis épuisé, Jérém m’a demonté… je suis épuisé mais je me motive pour me relever et pour me diriger vers les douches…

    Pour rien au monde je ne raterai le spectacle inégalable de mon brun en train de se savonner sous l’eau… je commence à me doucher juste à coté de lui et je le mate sans retenue… après ce qu’il vient de me mettre, j’aurais tort de m’en priver… son jus est dans ma gorge, dans mon ti trou… je peux bien mater l’étalon qui m’a fait jouir avec sa queue, en me labourant la rondelle avec son putain de manche… le mec qui a réussi à me faire jouir juste en prenant son pied…

    Je regarde l’eau ruisseler sur son corps, glisser sur ses abdos et s’échapper au bout de sa queue enfin au repos… putain qu’est ce que je trouve cela excitant car… évocateur d’un mec en train d’uriner…

    J’ai toujours trouvé un mec en train de pisser débout, très viril… j’ai envie de tout avec Jérém, y compris de ça… je sais que je ne vais pas oser revenir sur ce terrain car si j’ai osé lui proposer une fois, je me suis fait jeter bien comme il faut… pourtant… j’en ai envie… envie de me faire asperger par son jet chaud…

    Et j’ai aussi envie d’avoir à nouveau sa queue dans la bouche… je me mets à genoux et je m’approche de sa bite… il la prend dans sa main et il me l’offre… aaahhh… il est pas contre que je la lui suce à nouveau… saligot, va ! je le suce un petit moment mais sa queue ne semble pas vouloir retrouver sa raideur… je ne veux pas rester sur ce début échec… sa fierté masculine en prendrait un coup… je détache mes lèvres de son sexe et j’entreprends à lui branler tout doucement avec ma main… je lève ma tête et je cherche son regard… nos yeux se croisent… son sourire coquin me fait comprendre qu’il a compris ce dont j’ai envie…

    Il me domine de tout son mètre 83 et je sais qu’il est capable de prendre son pied juste en me refusant ce que je lui demande… l’eau continue de couler… nos regards sont comme accrochés… j’ai carrément de tournis… je sais qu’il a compris… comment va-t-il réagir ? Ignorer mon envie ? Me jeter à nouveau ? La fixité de son regard commence à me peser… je sais qu’il ne le fera pas… plus ce contact visuel dure, plus je me sentirai humilié… je décroche mon regard du sien, et pendant que j’essaie de rassembler les forces pour me relever, mes yeux restent comme accrochés à sa queue qui est pile devant mon nez et qui semble commencer à prendre de l’ampleur… mes pieds et mes genoux sont en train d’amorcer le mouvement pour permettre à mon corps de se remettre debout, lorsque une événement inespéré se produit…

    L’eau cesse de couler… Jérém a fermé le robinet… il a fini sa douche, il va aller se sécher… j’accélère le mouvement de mes membres inférieur pour me dégager de cette position encore plus humiliante maintenant que l’eau ne coule plus, maintenant que seules des gouttes ruisselant sur sa peau et retombant lourdement sur le sol de la douche brisent le silence qui a regagné le vestiaire, un silence si gênant, si assourdissant à mes oreilles… mon buste commence à remonter lorsque…

    … lorsque je sens sa main se poser lourdement sur mon épaule gauche m’obligeant ainsi à me remettre à genoux… mais qu’est ce qu’il fait ? Je ne vais pas tarder à le découvrir… il recule un peu, jusqu’à appuyer ses épaules contre la faïence du mur des douches… sa queue mi molle tenue entre le pouce et l’index de la main gauche, vise mon torse… putain… il va le faire… l’excitation s’empare de mon corps… des frissons violents secouent mon bas ventre… je n’ai pas le temps de réaliser ce qui est en train d’arriver, qu’un premier jet jaune rapidement coupé s’abat sur mon sternum… c’est chaud, sa sent fort, j’adore… j’en veux encore… ça doit être la première fois qu’il fait ça et il n’est pas complètement à l’aise… allez, beau brun, laisse-toi aller…

    Un instant plus tard un filet jaune s’échappe de sa queue pour venir arroser mon torse… le jet prend rapidement de l’intensité, et mon excitation avec… la chaleur et l’odeur fort de son urine m’excitent comme un fou… je le regarde, en train de se soulager sur moi… le mec a désormais l’air bien à l’aise, son attitude est assurée… je sens l’excitation monter encore en moi… j’adore ce truc avec ce goût si fort de… d’interdit… je sais que ça ne va pas durer, alors j’essaie de vivre ça à fond… je branle ma queue trempée de son jet chaud et odorant…

    Quelques instant plus tard le jet commence à perdre de l’intensité, pour se tarir net… sa queue affiche désormais une forme presque complète, signe que le mec n’a pas détesté… au contraire… Jérém a fini de se soulager mais il n’a pas décollé le dos de la faïence… vu sa main qui s’est portée sur sa queue et qui la caresse désormais assez vigoureusement, j’ai la nette impression qu’il s’attend à que je le suce encore…

    Dans l’état d’excitation que son cadeau inattendu m’a mis, devant ce corps perlé de gouttes d’eau, je ne saurais rien lui refuser, et surtout pas une bonne dernière pipe… je m’avance vers son bassin et je pose mes lèvres sur son gland… sa main se retire pour laisser toute attitude à ma bouche… sa queue est désormais à nouveau raide comme un piquet… je le pompe vigoureusement… mais peut-être pas assez à son goût… un instant plus tard ses mains viennent se poser sur ma nuque… maintenant c’est lui qui dirige le jeu, qui donne le tempo… désormais ce n’est plus moi qui le suce, c’est lui qui me baise la bouche…

    Il y met des coups de reins de plus en plus puissants, de plus en plus violents… c’est brutal, presque animal… à un moment il me saisit brusquement par les épaules, m’obligeant à prendre sa position contre le mur des douches… ma tête coincée contre la faïence, ses coups de queue deviennent sacrement efficaces… je n’aime pas quand il fait ça… je sais que je vais avoir mal… et ça ne rate pas… rapidement mon palais commence à être meurtri… j’ai envie que ça s’arrête… je suis à deux doigts de repousser son bassin… mais je n’ose pas… je me dis qu’après ce qu’il vient de me faire je lui dois bien ça… à posteriori, je me dis que je ne lui devais rien du tout, et surtout pas de supporter la douleur que sa queue m’infligeait… et, oui, j’étais si jeune, si amoureux et si… con !

    J’ai vraiment mal à la bouche, je ne prends aucun plaisir, je ne ressens aucune excitation, je ne vis plus que ma douleur… ça m’attriste de penser que cette belle soirée où j’ai connu tant de plaisir sensuel et sexuel, où l’on s’est câlinés comme jamais, se termine avec cette brutalité… ma douleur devient carrément insupportable et, dans un élan de survie, mes bras se lèvent presque contre ma volonté pour repousser son bassin… c’est là que des jets chauds jaillissent de son gland et vont percuter le fond de mon palais… sa queue se retire très rapidement… c’est un vrai soulagement… j’ai très mal, je suis presque en apnée… le contact de son jus avec mon palais me fait tousser, je ne peux rien garder… pour la première fois dans nos ébats, je n’avalerai pas son sperme…

    Je reprends ma respiration et, pendant que j’entends l’eau recommencer à couler quelques douches plus loin, je me relève rapidement tout en continuant à tousser, tout en évitant soigneusement de le regarder, me demandant pourquoi ça finit toujours par se terminer de cette façon avec lui… pourquoi, après un câlin un peu tendre, après une bonne rencontre sexuelle, ça se termine toujours par la baise de trop, une baise brutale qui salit tous les bons moments que l’on vient de passer…

    Le pire c’est d’admettre que cette fois ci… c’est de ma faute… si je ne lui avais pas demandé de me faire ce truc… on se serait douchés et on serait parti tous les deux avec le souvenir d’une magnifique soirée… alors que là je ne ressens plus que la douleur qui meurtrit ma bouche, mon palais… ainsi, ce petit truc qu’il a consenti à me faire devient le symbole d’une humiliation qui s’est accomplie dans cette dernière baise qui a tout gâché…


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    [Bonjour à tous, Jérém, Nico, voilà la suite de leurs aventures. Désolé pour ce retard, j’ai été très accaparé par mon job, ensuite cloué au lit par une grippe carabinée… j’ai été très fatigué, mais là les affaires reprennent, lol.

    Merci pour vos commentaires en public ou en mp ; j’ai répondu à certains, peut-être pas à tous, et je m’en excuse ; je vais rattraper mon retard dans les jours à venir. L’écriture prend beaucoup de temps, parfois je n’ai pas le temps de tout faire… mais surtout… surtout continuez à écrire, à commenter, votre présence est mon carburant pour continuer cette histoire. N’hésitez pas à laisser vos mails en commentaire ou mp si vous souhaitez recevoir des avant premières et des anticipations.

    Bonne lecture à tous. Fabien.]

     

    Précédemment, dans 50 nuances de Jérém : les épreuves du bac terminées sur une utilisation plutôt non conventionnelles des chiottes du lycée et sur une baise caractérisée par une brutalité déstabilisante, Nico était parti une semaine avec Elodie à Gruissan ; sur la plage de la Mateille, il s’était consacré à ses activités préférées… ressasser sa relation avec le beau brun et se pleurnicher dessus… se baigner… repenser à Stéphane… encore se baigner… rigoler avec sa cousine… se baigner à nouveau… évidemment, toutes ces activité n’étaient qu’accessoires par rapport à celle qui occupait le plus clair de son temps, à savoir : mater du bogoss sur la plage…

    La météo mauvaise avait été à l’origine de leur retour anticipé sur Toulouse, retour qu’Elodie avait proposé d’égayer avec une escapade à la piscine Nakache… sur le bord du grand bassin, Nico avait croisé Jérémie… dans une cabine des vestiaires, Nico s’était tapé Jérémie… un peu plus tard dans l’après-midi, peu avant que Nico et Elodie ne décident de quitter les lieux, Stéphane avait également fait son apparition…

    Et si le regard noir du beau brun à la vue de Nico discutant avec ce charmant inconnu avait valu son pesant de cacahuètes, le fait de revoir Stéphane avait provoqué un déclic dans la tête de Nico… celui de lui envoyer un sms le soir même pour profiter des 13 jours avant son départ…

    Oui, un sms avait été envoyé par Nico, un rendez-vous avait été proposé pour le lendemain soir dans le quartier de la Halle aux Grains…

     

    Oui, c’est ce que je ferai ce soir là, lui envoyer un sms en lui proposant de prendre un verre. Je me couche fier de ma résolution, impatient d’avoir sa réponse. Elle arrivera vers minuit :

    « Demain soir 20h30 chez moi si tu veux ».

    Oui, je veux. Je suis serein. Je suis calme.

    Hélas, mon calme sera illusoire et, qui plus est, de courte durée. Le lendemain à 19h55, pendant que je pars à la douche avant mon rendez-vous, mon portable couine. Un message. Je me précipite, croyant trouver un mot d’Elodie dont je n’ai pas eu de nouvelles de la journée.

    Que nenni… Elodie m’a oublié… je ne peux pas croire à ce que je lis…

    « Vien au vestiaire rugby tout desuite ».

    Jérém. Inattendu. Mon cœur s’emballe. Jérém qui m’envoie un sms… il veut me voir… au terrain de rugby… alors là, pas compliqué d’imaginer ma surprise… qu’est ce qui se passe ? Je pense bien que je le trouverai seul, je me souviens l’avoir une fois entendu dire qu’il reste parfois tard pour faire des exercices, le capitaine a la clef des lieux…

    Dans la minute qui suit je dois prendre une décision importante… envoyer zéro, un ou deux sms…

    Dans le premier cas, j’ignorerai celui de Jérém, mettant définitivement le mot FIN à notre histoire. Dans le deuxième cas, je refuserai son invitation… ce qui aurait à peu près le même résultat… dans la dernière hypothèse, j’annulerai le rendez-vous avec Stéphane pour replonger une fois de plus sans conditions avec mon beau brun…

    Oui, mon beau brun… qu’est ce que ça a été bon ce coup inattendu dans les vestiaires de la piscine… vraiment je l’ai dans la peau… j’adore coucher avec lui, j’adore son corps, j’adore son odeur, j’adore sa queue, j’adore… tout de lui… je suis fou de lui… il est vraiment tout pour moi, quand je suis avec lui plus rien d’autre existe…

    Mais d’autre part, quand j’y pense… il y a des moments où son attitude macho, la sensation d’être sa chose m’énerve… quand j’y pense… l’assurance, l’aplomb qui transpirent de son sms « Vien au vestiaire rugby tout desuite », sont carrément insupportables… dans sa tête c’est comme si j’étais tout le temps à sa disposition, comme si une réponse par la négative était tout simplement inenvisageable, comme si j’étais tout le temps là à l’attendre, comme si je n’avais pas d’autre vie que de rester chez moi en espérant qu’il veuille bien me baiser, que ce soit enfin mon tour, comme si je ne pouvais pas occuper ma vie autrement qu’avec lui, comme si je ne pouvais pas avoir autre chose de prévu que d’attendre ses sms… dans sa jolie tête, je ne suis que l’objet de son Sexual Healing…

     

    [Ooh, now let's get down tonight/Baby I'm hot just like an oven/I need some lovin'/And baby, I can't hold it much longer/It's getting stronger and stronger/And when I get that feeling]

    C’est ça, n’est pas, mon beau Jérém ? Tu veux me voir ce soir… tu es chaud comme un four… t’as besoin d'un peu d'affection… tu ne peux pas tenir plus longtemps… ça devient de plus en plus dur… et quand tu as ce sentiment

    [I want Sexual Healing/Sexual Healing, oh baby/Makes me feel so fine/Helps to relieve my mind/Sexual Healing baby, is good for me/Sexual Healing is something that's good for me]

    Tu veux un soulagement sexuel… oui, ça t’aide à calmer ton esprit… un soulagement sexuel bébé, c’est si bon pour toi… un soulagement sexuel est vraiment quelque chose de bon pour toi

    [Whenever blue tear drops are falling/And my emotional stability is leaving me/There is something I can do/I can get on the telephone and call you up baby, and/Honey I know you'll be there to relieve me]

    A chaque fois que l’envie te prend… il y a quelque chose que tu peux faire… tu peux décrocher le téléphone et m'appeler bébé, et tu sais que je serai là pour te soulager…

     

    Depuis le début ça a été ça en fin de compte… mais là… là il se trouve que j’ai précisément autre chose de prévu… putain d’attitude de petit con… alors je sens soudainement monter en moi l’envie de lui mettre une baffe d’anthologie…

    « Vien au vestiaire rugby tout desuite »... je t’en foutrais, espèce de petit con… on ne rigole pas hein ?

    Tu vas voir ce que tu vas voir, espèce de petit merdeux… le déroulement de ma soirée se dessine instantanément devant mes yeux… d’abord, un sms commence à s’écrire dans ma tête « Là je suis déjà pris (au sens propre comme au sens figuré) je te sonne quand je suis dispo, bisous à+ »… je m’imagine la tête du beau brun devant un message de ce type… il va être fou… dingue…

    Je me sens décidé à l’envoyer bouler, je suis juste tiraillé entre le fait de ne rien répondre ou de répondre un truc du genre « Je suis pris ce soir, peut-être une prochaine fois ? ». 

    J'aimerais tellement voir sa colère devant ma mutinerie... je paierais cher pour voir sa tronche après lecture de ce genre d’sms… pour le voir s’énerver, pour sentir son sang à moitié napolitain commencer à bouillir… pour regarder sa jalousie inavouée le secouer de fond en comble… pour assister à la soirée de merde que ce petit message serait capable de lui infliger…

    Si rien que le fait de me voir discuter avec Stéphane à la piscine a provoqué en lui ce regard noir que j’ai trouvé si jouissif… j’imagine son état d’esprit si jamais si je lui balançais dans les dents un truc dans ce genre…

    J’aimerais bien une petite réaction épidermique de jalousie mal placée genre celle du soir après qu’il est venu à ma rescousse dans les chiottes de l’Esmé… quand il m’avait engueulé, pris de haut par rapport à mes regards mal placés vis-à-vis des garçons… alors que lui il ne se gêne pas pour mater toutes les nanas qu’il croise… quand il avait voulu savoir sans oser le demander si j’était prêt à rejoindre ce gars abruti dans les chiottes comme je le faisais avec lui…

    Est-ce qu’il veut me parler, qu’on ait une explication après qu’il ait vu Stéphane discuter avec moi à la piscine ? C’est la première question que je me pose… j’ai à la fois peur et hâte de découvrir sa colère… s’il lance ce genre de discussion, je suis bien décidé à vendre chère mon explication…

    En tout cas je suis bien content de sa jalousie… mais au fond, à quoi rime-t-elle? ça, franchement je l’ignore… en tout cas elle est bel et bien là… soit il pense que je lui appartiens et ce n’est qu’une jalousie purement charnelle, soit il est jaloux car il tient à moi plus qu’il ne veut se l’avouer???  

    La première hypothèse me semblant plus réaliste, je sens une nouvelle explosion de colère envahir ma tête… j’ai vraiment envie de le faire… quelque part je crois qu’à ce moment là j’ai envie d’aller au clash avec lui… je sens que je ne peux pas tenir ainsi, être sa chose en attendant qu’il me jette pour de bon… 

    Je vais l’envoyer chier, le laisser en plan et aller passer la soirée avec Steph, comme prévu, une soirée de sexe et de câlins… il ne faut pas oublier  l’adage: « suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis »… tant que j’accepterai de me faire traiter comme un objet, Jérém ne me respectera pas… 

    Je vais très loin dans ma petite vengeance… ainsi je me surprends à imaginer, en sortant de chez Stéph, d’envoyer un nouveau message à Jérém, juste pour le goût de la provoc’ : « Au suivant, je crois que c’est ton tour maintenant, on se rejoint de suite au vestiaire »… je ne pense pas que j’aurais le courage de le rejoindre après une soirée avec Stéphane, mais l’idée de le mettre dans une colère noire, de le mettre dans une belle fureur, d’attiser sa jalousie si mal placée, si hypocrite, d’abattre se petites certitudes de macho à grands coups de dynamite me fait presque jouir… pendant un instant je me dis que après l’avoir autant provoqué, ça vaudrait quand même le coup d’aller le voir… ça doit être un spectacle sans pareil de voir un petit macho dans son genre atteint dans son amour propre, dans sa fierté de mâle… exposer mon corps à la fureur du sien, à une baise mémorable bien loin de la douceur des cabines et bien pire que la puissante sodo des chiottes du lycée… un mâle piqué à vif n’ayant dans la tête que la seule intention de rétablir sa position de mâle dominant… le pire c’est que ce petit con serait capable pour me punir, non pas de me baiser comme un malade, mais de me mettre plus bas que terre et de me laisser en plan…

    Je reprends mon portable pour envoyer un message assassin à mon beau brun… son message est toujours affiché avec ses erreurs d’ortho enfantins que je trouve si touchants… « Vien au vestiaire rugby tout desuite »…

    En même temps… après ce qu’il m’a fait hier à la piscine… j’ai trop trop trop envie de lui… de plus je soupçonne ce message et ce besoin soudain de me voir d’avoir été provoqués par la présence de Stéphane à la piscine… j’ai l’impression que mon beau brun est déjà en colère, sans que je lui envoie un message pour l’énerver encore plus… qu’il a déjà envie de m’écraser de sa sexualité pour me montrer que c’est lui le chef… petit con ultra sexy… franchement, plus petit con tu meurs… dans le ton péremptoire de son sms, j’entrevois soudainement non pas ou non seulement de l’effronterie de petit mâle… ce que je vois là, c’est le cri de détresse d’un mâle touché dans sa virilité… le mâle gronde, le cerf brame… il est en colère… il sonne la fin de la recré… je sais, je suis un cas désespéré, mais je ne peux rien y faire, cette idée me met dans tous mes états…

    Mais ce n’est pas tout… dans le texte de son sms, il y a trois mots magiques : « vestiaire de rugby »… le fantasme absolu… dans ma tête, là où était à l’apparence si limpide jusqu’à quelques secondes plus tôt, tout se brouillé…

    Mon relevé des appels du mois de juin 2001 indiquera que le 27 juin mon 06 aura passé un sms à 19h57’37’’…

    « J’y serai dans 10 minutes »

    Et…

    … un deuxième à 19h58’58’’…

    « Désolé, j’ai un imprévu, faut remettre ça »

    Définitivement, je suis un cas soc.

    « J’y serai dans 10 minutes », voilà ma réponse. Comme une évidence… masochiste, certes, mais une évidence…

     

    [Baby I got sick this morning/A sea was storming inside of me/Baby I think I'm capsizing/The waves are rising and rising]

    C’est ça, n’est ce pas, Jérém ? T’es pas bien… il y a un truc qui ne va pas… une mer fulminait en moi… tu te sens chavirer… les vagues montent et montent

    [And when I get that feeling/I want Sexual Healing/Sexual Healing is good for me/Makes me feel so fine, it's such a rush/Helps to relieve the mind, and it's good for us/Sexual Healing, baby, is good for me/Sexual Healing is something that's good for me/And it's good for me and it's good to me/My baby]

    Et quand tu as ce sentiment, tu veux un soulagement sexuel, un soulagement sexuel est si bon pour toi

    Après, tu te sens si bien, c'est une telle vague/Ca te soulage le corps et l'esprit et c'est bon pour nous… un soulagement sexuel est bon pour toi, un soulagement sexuel est bon pour toi/Et c'est bon pour toi et c'est bien de toi/Mon bébé

    [Honey, oh we're feeling fine/You're my medicine open up and let me in/Darling, you're so great]

    Chéri, nous nous sentons bien… je suis ta médecine, je m’ouvre à toi et je te laisse entrer en moi… chéri tu es si super

     

    Je suis con, je suis trop con : on est trop con lorsqu’on aime à ce point, c’est dans la définition.

    Je prends juste le temps de me doucher, de passer un t-shirt, un boxer et un short propre et je m’élance dans la rue vers le terrain de rugby de son équipe.

    Je regrette presque à l’instant la rapidité de ma réponse et la totale disponibilité, la soumission évidente de ma réaction à son sms, tel un petit chien bien dressé par son maître… hélas, c’est la première réaction qui m’est venue, le cœur se mettant instantanément à battre à mille à l’heure devant son message… j’ai essayé de résister, d’aller contre l’évidence… mais je suis secoué de l’intérieur, dans ma tête c’est le black-out… quand ce mec me propose d’aller le rejoindre, voilà, je ne raisonne plus… je ne suis qu’instinct, sensualité, je ressens des frissons… mon corps et mon esprit ne font plus qu’un… j’ai trop envie de le voir, trop envie de lui… ça fait tout juste 24 heures que j’ai baisé avec lui mais le fait de recevoir cet sms m’attire à lui avec une urgence et une nécessité auxquelles je n’ai pas le pouvoir de m’opposer…

    Oui, je ne peux pas résister à son appel… en revanche, s’il me cherche des noises à cause de Stéphane, je lui balancerai à la figure tout ce que je ressens… mes sentiments pour lui d’abord… je vais essayer d’affronter cela calmement… facile à dire… je lui dirai à quel point je l’ai dans la peau, et à quel point ça me fait mal de le voir m’utiliser juste pour baiser… à quel point sa réaction le matin après l’Esmé m’a blessé… tout comme son refus méprisant d’une galipette le mercredi du bac, ou encore la baise vite expédiée du vendredi… j’ai envie de profiter de cette occasion inattendue pour lui dire que je ne peux plus continuer à coucher avec lui sans la moindre tendresse, que ça me fait trop mal de baiser et de me séparer de lui juste après sans un regard, comme dans le plus vulgaire des plans Q… pour lui balancer que de toute façon la vie va nous séparer et que en plus j’ai rencontré un garçon…

    Oui, je sais, je m’emballe… je sais pertinemment que quand je le verrais, quand je serai devant lui, mon esprit va commencer à bégayer, que devant le désir violent que ce mec m’inspire mes idées et mes propos si fermes à cet instant vont se brouiller… son déo va finir d’avoir raison de toutes mes résolutions…

    J’ai écrit « J’y serai dans 10 minutes », j’ai été optimiste, car même en allant presque au pas de course, je me rends vite compte qu’il faudra davantage de temps que cela… je me sens comme planer… je sens mon corps parcouru de frissons, dans le ventre la boule d’angoisse et de frustration a laissée la place à une sensation de légèreté et d’excitation inimaginable ne serait-ce qu’un quart d’heure plus tôt… putain, je vais retrouver Jérém dans les vestiaires du terrain de rugby… qu’est ce qu’il avait en tête ?

    Dans son message il y avait la même l’urgence de me retrouver que dans ses messages nocturnes… est ce qu’il me réservait le même traitement que lors de nos rencontres après sortie de boite ? Dans le vestiaire de rugby ? Mon imagination s’emballe à vitesse grand V lorsque je sens le portable couiner à nouveau. Un nouveau sms de Jérém…

    Depeche…

    Le ton sec de ses messages, traduisant la complète soumission dans laquelle il me tient, le fait qu’il considère que je suis complètement à sa disposition, suscite en moi un sursaut d’agacement, sentiment qui fait retomber mon excitation d’un cran et qui me donne le courage de retrouver la résolution que, quoiqu’il se passe, ce soir là je ne baiserai pas avec lui… du moins pas avant une bonne discussion… j’ai besoin d’une explication de sa part et s’il se montre jaloux, je vais avoir une carte à jouer…

    J’arrive devant la porte du vestiaire avec le souffle court. Voilà, j’y suis. Me voilà devant le sanctuaire du rugby, devant ce lieu tant de fois fantasmé, ce lieu où un nombre inimaginable de beaux garçons musclés au plus fort de leur puissance physique et sexuelle se retrouvent entre eux pour partager les entraînements, le jeu, la fête, la joie, l’effort et tout un tas de choses plus ou moins avouables, des choses que mon imagination fertile et excitée n’a pas de mal à se figurer…

    Je me trouve devant le bâtiment de plain pied et pendant un petit moment je n’ose pas y pénétrer… je suis comme intimidé, tétanisé… j’ai l’impression de me trouver sur le parvis devant Notre Dame ou sur la place devant le Vatican, l’un de ces lieux dont on a entendu parler si souvent, tant de fois imaginé et si distant, si solennel, si emblématique, si « hors de notre portée »… et lorsqu’on se retrouve un jour devant ce genre d’endroit, lorsque on s’apprête enfin à en franchir le seuil, on se demande si c’est vraiment bien de le faire, d’appréhender le mythe, de l’arracher à l’imagination, au fantasme, pour le livrer à l’expérience, à la connaissance… peur que la magie cesse et que le fantasme ne soit plus…

    Je vais pénétrer dans ce lieu source de toutes les imaginations et de toutes les excitations du jeune homosexuel que je suis et je savoure les derniers instant avant de franchir le seuil de ce sanctuaire de l’éphémère, le sanctuaire de la beauté, de la jeunesse et de la puissance virile, de l’amitié, de la complicité, de la promiscuité entre beaux garçons… je suis impatient de découvrir ce lieu, de le visiter, comme en pèlerinage…

    Et puis, je ne vais pas me mentir… je suis par-dessus tout impatient de savoir pourquoi Jérém m’a fait venir, dans quel décor il envisage de me posséder, de prendre son pied, de me faire jouir sous les coups de sa bite… non… je ne le laisserai pas faire… en tout cas pas avant une petite explication d’où je ne me contenterai pas de sortir bredouille…

    Un instant plus tard, je réalisé que Jérém est seul là dedans… cette dernière réflexion provoque en moi une brusque montée du désir de le retrouver, tellement puissante que j’en oublie toutes mes réticences intellectuelles ainsi que toutes mes branlettes mentales : je franchis ainsi en deux enjambées les derniers mètres avant l’entrée et je passe le seuil presque d’un bond.

    C’est la première fois que je pénètre dans un vestiaire de rugby et j'avoue que ça me fait quelque chose... en pénétrant dans ce lieu, j’ai l'impression d'arriver enfin à mater un peu de l’intimité de tous ces mecs...

    Une fois passée la porte, je me retrouve face à un petit espace d’accueil devant lequel se déroule un couloir sombre avec un certain nombre de portes sur les deux cotés… seule l’une d’entre elles est entrouverte, laissant filtrer de la lumière qui me permet de me rendre compte de la configuration des lieux et de me diriger à coup sur vers l’endroit où mon beau Jérém doit se trouver.

    Mais la première sensation qui me frappe une fois l’entrée franchie est plutôt d’ordre olfactif que visuel… dès le seuil passé, mes narines sont frappées avec une force inouïe par une odeur de… vestiaire… un mélange de gel douche, d’eau, de déo, une odeur de transpiration… une odeur de… mecs... putain… ça sent le mâle… et me voilà reparti… j'imagine tous ces mecs pleins de transpiration après le match, se déshabiller, abandonner au sol leurs maillots souillés, se retrouver à poil, en pleine promiscuité, passer sous la douche, les corps sculptés caressés par l’eau, les mains qui étalent le gel douche sur la peau, le contact des doigts avec les pectoraux, avec les tétons, avec les abdos, avec la queue… et l’eau qui tombe, qui ruisselle, qui caresse… j’imagine des regards fuyants, discrets, intéressés, j’imagine des désirs cachées, inavoués…

    Et puis j’imagine ces beaux mâles sortant des vapeurs de la douche, les peaux qui se frôlent, les regards qui se baladent, les envies qui montent... ma fantaisie est d’autant plus excitée à cause de ce putain ce clip qui vient tout juste de sortir, « Les garçons dans les vestiaires », un clip qui, ajoutant des images plutôt suggestives à un texte qui était déjà bien évocateur et rempli de fantasmes, frappe très fort ma conscience de jeune gay... sacrée Clarika… apparemment cette nana a l’air de savoir de quoi elle cause... ce clip rempli de vapeur, de serviettes à deux doigts de tomber… de nudités désirables, de corps sculptés, parcourus par des envies de garçon, des envies réveillées par cette promiscuité qui sillonne la chanson du début  la fin… rien que de penser que dans ces lieu, de beaux garçons, tentés par la promiscuité auraient pu se donner du plaisir, un plaisir secret et interdit, je sens monter dans mon corps une envie de sexe irrépréhensible, je sens mon bas ventre papillonner, une tension presque électrique descendre vers mon anus… je sens mon ti trou se détendre, la sensibilité de ma peau exacerbée... les tétons frôlent le coton de mon t-shirt et achèvent de me filer une trique monumentale... je surprends des images se bousculer dans a tête, des envies d'orgies…

    Je regarde cette porte entrouverte d’où jaillit la lumière, cette lumière sur laquelle je ne vais pas tarder à me jeter, irrésistiblement attiré, comme un moustique sur la seule lumière allumée en terrasse lors d’un chaud soir d’été. Jérém doit sans doute être là, en train de faire de la muscu… dans quelle tenue va-t-il être ? dans quelle attitude ? qu’est qu’il me veut ?

    En tendant l’oreille, j’entends des bruits métalliques tombant avec une cadence régulière, des cliquètements accompagnés par des espèces de grognements qui semblaient traduire l’effort plutôt extrême que ses exercice devaient lui demander. Je reconnais certaines fréquences de ces sons inhabituels… ce sont bien des râles d’effort de Jérém, des râles qui ressemblent un peu à ceux que je l’ai parfois entendu émettre en atteignant le summum de son plaisir de mec…

    J’adore ce moment, le moment pendant lequel tout est encore dans mon imagination, ce moment d’attente avant le bonheur de le retrouver, ce moment où le fantasme envahit mon cerveau et fait monter l’excitation à des sommets rarement atteints… mon odorat conquis par ce repère de mâle, par cette odeur de testostérone et d’effluves masculins, comme des phéromones persistants dans l’air, accrochées au mur, aux objets, marqués à jamais par la jeunesse et la grâce de ces mecs débordants de puissance, de jeunesse…

    C’est excessivement bon de me retrouver là et d’entendre Jérém sous l’effort, sans encore le voir, imaginer ses muscles gonfler, prendre de la peine pour se développer encore, imaginer son corps tout chaud, moite de transpiration, imaginer ses envies, ce qu’il va me faire… je pourrais rester longtemps immobilisé sur le seuil de l’entrée du bâtiment des vestiaires, mais je sais que Jérém est en train de s’impatienter, alors je ne peux plus tergiverser… d’autant plus que mon désir, ma trique, me poussent vers cette lumière… adieu propos de disette…

    Avec un geste de prudence, je ferme la porte du bâtiment derrière moi, je mets un tour à la serrure… et j’avance lentement dans le couloir. Je suis sur le seuil de la porte de la salle de muscu. J’hésite un peu à rentrer à cause de ma trique qui ne fait pas mine de vouloir tomber… j’ai un peu honte de me présenter dans cet état, d’autant plus que mon short ne m’est d’aucun secours pour cacher mon désir… je sais que dans cet état là je suis à sa complète merci, que j’ai perdu tous mes moyens… mais tant pis, à ce moment là je ne suis plus un être de raison, je suis un petit animal en rut…

    Je pousse discrètement la porte et je le vois. Jérém est là, au milieu de cet espace assez grand, rempli de machines, toute sorte d’engins aptes à sculpter de beaux corps… des appareils à charge guidée, des vélos, des tapis roulants, un rameur… et au milieu de tout ça, un banc de musculation sur lequel mon beau Jérém est allongé, les bras tendus sous l’effort…

    Le développé couché… l’un des exercices les plus populaires en salle de sport... très bon pour développer les biceps, les triceps et de putains de pectoraux… tout con comme exercice, il s'agit de lever une barre avec des poids au-dessus de la poitrine tout en étant allongé sur le dos sur un banc d'haltérophilie... tout con mais tellement efficace pour façonner des physiques de dingue comme le sien…

    Il a de la technique ce petit con, il est à l’aise avec toute cette ferraille : il saisit la barre avec une prise deux fois plus large que la largeur de ses épaules, il contracte ses trapèzes, resserre ses omoplates pour bien placer les épaules en arrière, collées au banc ; collées, tout comme ses fesses, sa position allongée respectant la cambrure naturelle et magnifique de son dos.

    Putain de Jérém… allongé sur cette table… trempé de sueur, de cette sueur dont je peux percevoir l’odeur et dont je m’enivre… putain de Jérém… le torse couvert par un ti débardeur blanc avec fines rayures à faire hurler, son bassin habillé d’un short bleu qui, vu la position, laisse moins de place à l’imagination qu’à l’observation concernant les attributs masculins qu’il était censé dissimuler… j’ai l’intuition qu’il n’y a pas de boxer sous son short…

    Et sous les mouvements de ses bras, le débardeur se relève alternativement découvrant et cachant successivement le chemin du bonheur, presque jusqu’au nombril… qu’est ce que c’est beau ce mec allongé qui ne se rend même pas compte de comment ses mouvement provoquent des visions de bonheur dont je suis le seul à jouir…

    Il resserre ses doigts autour de la barre chromée ; il est prêt à redémarrer son exercice : il inspire profondément, je le vois mettre ses biceps sous tension, ainsi que ses pectoraux et les muscles de son dos... ses pieds nus sont fermement plantés au sol d’une part et d’autre du banc ; il force encore et la barre se décolle du support ; ses bras tendus se plient autour des coudes de façon lente et régulière et viennent poser la barre directement sur ses pectoraux, au niveau des tétons; il marque une courte pause, il expire lentement et il entreprend de pousser avec les bras, les jambes et les pieds bien plantés au sol lui servant de stabilisateur, pour ramener la barre à sa position haute… je le regarde faire, je regarde tous ses muscles, ses biceps et ses pecs travailler…

    Son visage ruisselant de sueur traduit par la grimace l’effort extrême que sa musculature est en train de produire pour soulever ce poids à la limite de ses capacité physiques… putain, je me dis, voilà comment un fabrique un pareil corps de rêve… il n’y a pas de secret… de la bonne génétique, mais beaucoup de travail ensuite, de la volonté, les couilles de vouloir… son effort est tel que son visage s’empourpre à vue d’œil et qu’une petite veine gonfle au milieu de son front… tout comme l’artère dans son cou… je le sens émettre des grognements d’effort, presque de souffrance… je vois ses bras remonter petit à petit, au prix d’un effort qui paraît vraiment extrême, et porter enfin la barre à hauteur des crochets… je le vois alors reprendre une respiration rapide, profonde, récupérer petit à petit…

    Qu’est ce que c’est beau ce corps en plein effort… chaud, puissant… je me sens attiré comme un trombone par un aimant. Je fais un pas dans la salle et c’est à ce moment là que Jérém, ne semblant jusqu’à là avoir remarqué ma présence, tout pris comme il l’était dans l’effort, tourne la tête dans ma direction. Il me regarde avec ses yeux de braise, sexy comme je n’ai plus de mots pour le décrire… naaaaan, mais comment décrire ça… à moins de l’avoir vu… sentir son odeur… voir le relief de sa queue à travers le tissu fin de son short… voir le coton du débardeur collé à sa peau mate et humide… voir sa petite chaînette négligemment abandonnée sur son sternum… son tatouage de mec criant la perfection de son épaule dégagée… putain ! et ses yeux de mâle, dans cette position allongée, les cheveux un peu en bataille, pour une fois, après les entraînements et la muscu, encore plus craquant… sa respiration encore rapide accompagnant sa récupération, comme dans tant d’autres occasions j’avais eu l’honneur d’y assister… je connaissais la façon dont ce corps magnifique se comporte dans l’effort et je sais comment il gère la récupération… le souvenir remonte en moi de cette branlette monumentale que je lui avais administrée lors de l’une de nos révisions en nocturne et qui l’avait mis dans cet état là, à la limite de l’épuisement…

    Il me regarde toujours… il me jauge… il me soumet à lui rien qu’avec son regard… dans ce face à face, son pouvoir sur moi est absolu… il sait le plaisir qu’il m’a donné la veille dans la cabine des vestiaires de la piscine, car non seulement je lui ai montré, mais je lui ai carrément dit… il sait que je ne peux pas lui résister, que j’ai excessivement envie de lui… son regard semble dégager de plus en plus de puissance, comme si sa récupération physique libérait de l’énergie pour son esprit… ce regard est tellement aveuglant, tout est dit, sans un seul mot… il est le mâle… je suis sa chose… ce moment, cet échange de regard et de désir intense se passe dans un silence total… c’est juste parfait…

    Je sens ma respiration coupée, je me sens trembler, commencer à transpirer à mon tour… putain d’effet qu’il me fait ce mec… j’en peux plus, en dépit de mes résolutions de tout à l’heure d’avoir enfin une explication avec lui au sujet de notre relation, je sens que je suis à deux doigts de me jeter sur lui, ce qui est précisement le truc à ne pas faire au risque de me faire jeter à coup sur… je sais que c’est lui qui décide et que si j’essaie de forcer quoi que ce soit, tout part en vrille… alors, pour me donner un minimum de contenance, comme une défense, je finis par lui lancer :

    « Salut… ».

    « T’as fermé l’entrée ? »

    (Aaaahhhhh, putain de petit con, de petit coquin… donc, ce que tu as prévu pour moi ce soir, nécessite que l’on ne soit pas surpris… je ne me sens plus… je suis fou…)

    « Oui… »

    « Approche… »

    (Putain… il a envie que je le suce, j’en suis sur…) Je m’exécute.

    « Tu vas attraper les deux poids qui sont sur la table juste derrière et tu vas en rajouter un de chaque coté de la barre… ».

    (Perdu…). Là encore, je m’exécute. J’attrape les deux poids et j’en laisse maladroitement tomber un qui s’écrase sur le sol avec grand fracas. Je le rattrape et je m’approche de lui pour les enfiler sur la barre… l’odeur de son déo mélangé à celui de sa transpiration de mec me frappe alors de plein fouet… putain de truc de dingue… je suis carrément dans un état second, comme en hypnose ; je sens la chaleur qui se dégage de son corps tonifié par l’effort… je le regarde, allongé, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration qui est en train de ralentir… je vois sa pomme d’Adam se balader de haut en bas et de bas en haut remuant la peau autour de son petit grain de beauté… je vois, j’entends ses déglutitions… putain de mec…

    « Maintenant tu vas te placer derrière moi et tu te tiens prêt à m’aider à remonter la barre si jamais tu vois que je n’y arrive pas… ».

    (Je suis fou… il est en train de me demander de l’assister pour des exercices de muscu comme je j’étais un pote à lui…)

    « Comment ça ? »

    « C’est la première fois que je vais tenter autant de disques… on ne sait jamais… »

    « Comment je vais voir si je dois faire quelque chose? »

    « Je vais soulever la barre, la sortir des supports, plier mes bras pour la faire descendre… après je vais essayer de la remonter et de la remettre sur les supports… si tu vois que je m’arrête pendant la remontée ou que, pire, je redescends, tu attrapes la barre et tu m’aides à la soulever… ça m’évitera de me blesser… ».

    Il doit me prendre pour un demeuré. Je dois en avoir l’air. Une poule devant un couteau. Pareil.

    « Ouais… ».

    Putain de Jérém… c’est une sacrée responsabilité qu’il me colle… je n’y connais rien à ce genre de jeux de mec… la muscu… le lever de poids… ce petit con a décidé de tenter de repousser ses limites au risque de se faire mal, et cela devant mes yeux, en me donnant à moi, qui n’a jamais vu un banc d’haltérophilie qu’en photo, la responsabilité de son intégrité physique… l’intégrité physique de ce mec, ce mec beau à se damner… je sens sur mes épaules une pression qui doit ressembler à celle du type qui est en charge de la sécurité de la Joconde…

    Le fait qu’il puisse se mettre en danger provoque en moi un fort sentiment d’inquiétude… bien sur il n’est pas en train d’accomplir l’ascension de l’Everest mais enfin, on ne sait jamais… s’il se claque un biceps ou s’il se fêle une coté, je m’en voudrais énormément… en plus du fait que je crains sa réaction… j’ai presque envie d’essayer de l’y dissuader mais je sais que ce serait peine perdue… soudainement je ressens une étrange tendresse à son égard… petit con, va, toujours en train de te mettre en danger… mon petit cœur recommence à battre très fort mais ce n’est pas du désir, là c’est de l’inquiétude… j’ai peur pour lui, j’ai peur pour le mec que j’aime par-dessus tout… sa mise devant le danger me fait éclater devant les yeux les sentiments ce que je ressens à son égard et que je tente d’enfouir depuis plusieurs jours face à son attitude insupportable…

    Une autre pensée me hante… il est en train d’essayer de repousser ses limites… est-ce qu’il fait cela pour m’impressionner… si c’est le cas, c’est peine perdue… je n’ai pas besoin de ça pour être impressionné par ce petit con… j’ai pas besoin de le voir fier d’avoir pu soulever deux poids supplémentaires pour avoir envie de baiser avec lui… oui, il est en train d’essayer de repousser ses limites… ce qui me fait peur c’est que, si jamais il échoue, ma présence pourrait lui paraître indésirable, il pourrait me jeter méchamment… et comme sa fierté est en jeu, je crains qu’il se force à réussir, au risque de se blesser…

    Par ailleurs, si cette charge de responsabilité me fait peur, en même temps elle me réjouit… au final je me dis… s’il me demande ça c’est qu’il sait ce qu’il fait et que, quelque part il a confiance en moi… putain ça me fait plaisir de penser ça, d’imaginer que pendant un instant je serai son bodyguard…

    « Mets toi derrière et fais gaffe… »

    Il soulève les bras, ses épaules parfaites laissent pivoter ses biceps avec un mouvement puissant, précis… ses mains s’enroulent autour de la barre en métal poli… il serre les doigts, il les rouvre, ils sont puissants, pulsants, impatients, excités, cherchant la meilleure prise et le courage avant de dire au cerveau : c’est bon , tu peux y aller…

    C’est comme le compte à rebours avant le lancement d’Ariane… je suis un inquiet, je ne veux pas qu’il se blesse, surtout si je n’arrive pas à assurer… putain je m’en voudrais à mort… je me penche sur lui, son parfum de mec me rend dingue, sa transpiration me fait chanceler, la vision de son corps étendu sur la table de muscu me donne carrément le tournis… et c’est dans ces conditions là qu’il faudrait que j’assure sa sécurité… finalement je crois qu’il ne se rend pas compte, qu’il ne sait pas vraiment ce qu’il fait…

    « T’es prêt ? ».

    (bah, non, je ne sais pas)

    « Oui… » 

    (petit oui, de toute façon t’es en piste, Nico, maintenant il va falloir danser)

    « J’y vais… » m’annonce-t-il, le ton décidé et confiant. Sacré mec.

    Et là je vois ses biceps se gonfler, je vois à nouveau la grimace de l’effort se dessiner sur son visage ; ses yeux se ferment, il inspire un grand coup, il pousse un cri de guerrier et la barre se lève au dessus des supports; comme toute à l’heure, voilà tous ses muscles tendus, ses biceps gonflés à bloc, une petite veine apparaît sur son front, sa clavicule devient saillante, son cou est tellement contracté que l’artère devient visible…

    Ses bras complètement tendus, la barre est désormais en l’air, le petit con a assuré l’entrée en jeu… il respire un grand coup et je vois ses muscles se contracter, se épaules tendues retrouver l’appui de la planche, ses coudes négocier le décrochage de l’avant-bras pour commencer un lent mouvement de descente… je vois l’effort augmenter, ses bras en tremblent, son visage devient tout rouge… j’ai l’impression qu’il a un mal de fou… j’hésite si intervenir ou pas et comment… je n’hésiterai pas longtemps car un instant plus tard je vois la barre descendre tout lentement et ses coudes venir enfin s’appuyer sur le banc… je suis rassuré… la première mi temps s’est bien passé… je souffle…

    Je souffle mais pas longtemps… il reste le retour… le voilà qu’il marque une pause, il reprend son souffle pendant quelques instants, il inspire un grand coup et il recommence à forcer pour faire remonter la barre.

    L’effort parait cette fois-ci carrément insurmontable… c'est-à-dire que même ce corps d’apollon a ses limites… je vois tous se muscles se tendre en prenant un mal de chien… le beau ténébreux serre les dents, pousse un râle venant du plus profond de ses poumons… au bout de quelques secondes les coudes se décollent péniblement du banc et la barre commence à monter lentement, tout lentement, millimètre après millimètre… ses bras, son torse vibrent sous l’effet de la tension musculaire et de l’effort extrême… la transpiration suinte de son front et de son cou, l’arrondi de peau mate jusqu’à son débardeur est ruisselant… petit à petit je vois la barre monter, monter, monter et puis à un moment le mouvement semble ralentir, jusqu’à s’arrêter… son corps tout entier semble de plus en plus violemment secoué sous la vibration des muscles en tension, son visage est écarlate… il me regarde… je crois qu’il est temps d’intervenir… je me penche un peu plus sur lui, je tends mes bras, mes doigts ne sont plus qu’à quelque centimètres de la barre chromée…

    C’est là qu’un « NON » violent s’échappe de sa gorge… je m’arrête pendant qu’il ferme les yeux et qu’il reprend son effort… dans un dernier sursaut d’énergie, il lève la barre au dessus des crochets…

    Je le regarde, allongé, abandonné sur la table du banc d’haltérophilie… le ventre agité par la respiration haletante, en train de souffler comme un petit taureau, fier de lui, de ce qu’il vient d’accomplir… il me rappelle son attitude dans la cabine des vestiaires de la piscine, lorsqu’il venait de jouir en moi… là aussi c’est fini, il a réussi, il a gagné… il est beau à se damner… ses bras sont encore sur la barre, son visage, son cou, son torse sont en nage… et moi je n’ai qu’une envie, le lécher partout, le caresser, le masser, lui faire plaisir… son souffle est tellement profond et rapide, qu’il finit par en tousser, son torse secoué par de quintes puissantes… il finit par décoller les mains de la barre chromée et par poser les bras au long de son corps…

    Il restera allongé sur le banc, en train de récupérer de l’effort, pendant plusieurs minutes. Et lorsqu’il estimera avoir suffisamment retrouvé ses esprits, il finira par me lancer :

    Maintenant viens me sucer...


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