• 30 Le vendeur du magasin d’électroménager (nouvelle version 2023)

    Toulouse, juillet 2016.

     

    Ce samedi matin, j’ai enfin décidé d’aller m’acheter un lave-linge. Je me rends donc dans un magasin spécialisé situé dans un centre commercial situé au sud de Toulouse pour bénéficier des conseils d’experts.

    Je viens tout juste de rentrer dans l’immense espace de vente lorsque ta présence me percute comme un semi-remorque lancé à toute allure.

    Tu es brun, la peau bien mate, je te donne tout juste la trentaine. Ta chevelure insolemment fournie est rabattue vers l’arrière et fixée avec un bon coup de gel. Ça te donne un air de jeune fauve à l’insolente virilité. Ta belle barbe brune de quelques jours, bien drue, est soignée au cordeau, les contours très nets. Décidemment, tu ne négliges point ton apparence. Tu sais que tu es bogoss, et tu tiens à l’affirmer. Je remarque que tu as les yeux gris. Un brun aux yeux gris, ça ne court pas les rues. Ça m’intrigue. Et ça me charme. 

    Il y a quelque chose d’intense, de félin dans ton regard. C’est un regard de tigre, un tigre mâle, plein d’une sauvagerie que je sens latente, et presque palpable. Un tigre bien musclé, au sommet de sa vigueur, un tigre prêt à bondir sur sa proie.

    Mais aussi un tigre « en cage », engoncé dans une tenue aux couleurs du magasin, et comme « emprisonné » derrière le comptoir. Un tigre rongeant son frein, fusillant partout autour de lui avec son regard de b(r)aise.

    Lorsque je l’ai croisé pour la première fois, je n’ai pas pu le soutenir plus que quelques dixièmes de seconde avant d’en être comme foudroyé.

    Car ta présence et ton regard m’intimident au plus haut point. Je devine chez toi un potentiel de mec dangereux, le genre de gars qui pourrait vite démarrer pour peu qu’on le cherche.

    Beau tigre brun, sous ton gilet rouge, tu portes un t-shirt noir. Pour moi, le noir occupe la deuxième place du podium des couleurs les plus sexy pour un t-shirt, juste derrière l’inégalable, l’imbattable, le sublime, j’ai nommé le blanc. 

    Le blanc sublime la brunitude par le biais d’un contraste saisissant.

    Le noir sublime lui aussi la brunitude, mais par le biais d’une insistance, d’une délicieuse redondance.

    Chacune des couleurs joue le rôle d’un exhausteur de brunitude, et de bogossitude plus en général.

    Excellent choix, le noir, mon beau vendeur !

    Et excellent également le choix du col, en V, à l’échancrure assez profonde, laissant entrevoir la douce naissance de tes pecs, ainsi qu’un généreux aperçu de peau mate parsemée d’une délicieuse repousse de poils bruns, une toison mâle visiblement rasée depuis quelque temps déjà. Ta peau a l’air très douce, et mes lèvres ressentent déjà l’envie irrépressible de s’y poser dessus, sans tarder, et sans retenue.

    Le coton noir qui dépasse de ton gilet semble avoir été coupé exprès pour mouler l’arrondi de tes épaules et le calibre de tes biceps. Des biceps qui deviennent carrément impressionnants à chaque fois qu’ils sont sollicités par un mouvement de ton bras, dessinant ainsi une jolie bosse musclée.

    Et puis il y a le détail, le truc sexy qui m’achève. Pas un, mais deux. D’abord, une chaînette de mec aux mailles larges posée autour de ton cou puissant, descendant sur tes pecs saillants. Mais aussi, et surtout, un tatouage qui démarre juste en-dessous de la manchette gauche de ton t-shirt, disparaît ensuite sous le coton, pour réapparaître dans le creux de ton épaule et remonter en direction de ton oreille. 

    Une chaînette qui n’est pas sans m’en rappeler une autre, sur une autre peau mate, une chaînette tant de fois vue en train d’onduler au gré des va-et-vient d’un garçon en train de me faire l’amour.

    Un tatouage qui, lui non plus, n’est pas sans m’en rappeler un autre, celui que Jérém s’était fait faire après le bac.

    Me voilà subjugué par ta sexytude, oh splendide Tigre Mâle, tout en étant happé par une mélancolie qui ressemble à un abîme sans fin.

    Je m’approche un peu de toi, juste ce qu’il faut pour lire ce qui est marqué sur ton badge.

    « Kevin ».

    Je trouve que ce prénom te va comme un gant. Parfaite désignation de jeune mâle.

    Pendant cette manœuvre d’approche « incognito », je croise une nouvelle fois ton regard. Tu dégages vraiment un truc animal, sauvage, un truc qui m’inspire un désir complétement déraisonnable mêlé à un irrépressible sentiment de danger. Un mélange viril qui me donne carrément le tournis.

    Tu as l’air d’un mec pas commode, instinctif et impulsif, d’un bon macho, un tantinet bourrin et probablement homophobe, à fleur de peau vis à vis de ta sexualité, capable de démarrer au quart de tour dès lors qu'on te chatouillerait à peine sur ce sujet. Je t’imagine bagarreur, plus à même de régler tes différends en jouant des poings que de la diplomatie. 

    Je regarde tes grandes mains puissantes de mec et j’imagine la prise qu’elles pourraient avoir sur mon corps si tu acceptais, rêver est toujours permis, de défouler tes besoins de mec sur moi.

    Je rode entre les étalages, télé, ordi, frigo, consoles, portables. J’erre sans but réel, je crois qu’en fait je ne cherche qu’à attirer ton attention, à te pousser à venir me voir. 

    Bingo, tu finis par quitter ton comptoir et approcher avec ta démarche féline, assurée, implacable.

    Putain, qu’est ce que je vais bien pouvoir te raconter ? Je sens que je perds tous mes moyens, que je ne vais même pas être capable de soutenir ton regard de près…

    (T’as le chic Nico, pour te fourrer dans des situations pas possibles ! Maintenant, il faut assumer mon grand !)

    Tu es désormais devant toi, à un mètre de moi, à moins d’un mètre de moi, tout près, et tu me fixes. Je sens ton regard sur moi, un vrai regard qui me déshabille, qui me pénètre. As-tu déjà senti le désir qui me ravage ?

     Bonjour Monsieur.

    Ta façon de m’appeler « Monsieur » installe d’entrée une certaine distance entre nous, mais n’empêche qu’elle me fait drôlement d’effet.

    Et en plus, évidemment, tu as la voix de l’emploi. Chaude, vibrante, avec beaucoup de graves, une voix qui sent la testostérone à plein nez. Et tu as le ton qui va bien, le ton d’un mec sûr de lui, habitué à se faire entendre et à être écouté.

    (Oui, mec, vas-y, donne-moi des ordres, dis-moi de te pomper jusqu’à te faire jouir et somme-moi d’avaler ton jus !)

     Bonjour… je bafouille.

     Vous avez besoin d’un conseil ?

    (J’ai surtout besoin de te sucer, oui !)

     Je… je… je… regarde… 

    (Oui, tu regardes quoi, Nico ?)

     Je regarde… 

    (Je ne sais plus où j’habite !)

    Je suis venu pour acheter un lave-linge. Mais un lave-linge me paraît tellement pas… fun ! Vite, vite, il faut que je trouve quelque chose de plus « sexy » !

    (Mais regarde devant toi, espèce d’idiot, tu es en face des casques audio ! C’est fun, ça, un casque audio…)

     Je me tâte pour acheter un casque audio !

    (Sauvé, Nico ! Respire maintenant !)

     Voyons, je peux vous conseiller ce modèle… 

    Bien évidemment, tu es encore plus intimidant maintenant que tu es devant moi que tout à l’heure derrière ton comptoir. Tu es si près de moi qu’on pourrait dire que tu as dépassé les limites de mon espace vital. Cette proximité me met mal à l’aise et m’excite en même temps.

    Je ne sais pas trop comment décrire la sensation que je ressens à cet instant. On dirait qu’autour de toi ça sent… le mâle. Oui, le mâle. Il n’y a pas d’autres mots pour décrire cela. Tu es juste là, devant moi, et tout d’un coup l’air est comme saturé d’une sorte de sensualité sauvage. Ça pue carrément le sexe autour de toi.

    Pendant que tu me parles, j’ai du mal à me concentrer sur tes mots. Je me sens chavirer. Mes narines sont percutées de plein fouet par un parfum, ton parfum de mec.

    C’est un parfum frais, à la fragrance poivrée et entêtante, un parfum qui me transporte loin d’ici, dans une salle de bain où tu t’es certainement douché, plus tôt ce matin. J’imagine l’eau ruisselant sur ce beau corps d’homme, je t’imagine en train d’étaler le gel douche sur ta peau mate, de recouvrir tes muscles d’une mousse fine et soyeuse.

    Je t’imagine en train de parcourir chaque recoin de ton corps, jusqu’à la queue, de t’y attarder, pourquoi pas la caresser, pourquoi pas faire tomber une belle trique matinale par une bonne branlette sous l’eau chaude – à quoi, à qui penses-tu pendant que tu t’astiques le manche ? – pendant que ta copine est encore au lit ou en train de préparer le petit déjeuner. Est-ce que tu as couché avec elle hier soir ? Est-ce que tu lui as fait l’amour, est-ce que tu l’as baisée ? Ou bien elle t’a juste sucé, avalé peut-être ?

    Je t’imagine en train de jouir sous la douche, j’imagine les jets puissants giclant de ta queue et se perdant dans l’évacuation. Quel gâchis !

    Je t’imagine rester encore un moment sous l’eau, presque hébété, en train de récupérer de l’effort. Tu ressors enfin de la cabine, le corps ruisselant, les cheveux dégoulinant et retombant en bataille sur ton front. Je t’imagine passer une main dans cette crinière épaisse pour la rabattre en arrière et dégager ton regard. Un geste à la sensualité inouïe et auquel, hélas, personne n’aura assisté. Quel immense gâchis, là aussi !

    Je t’imagine attraper ta serviette, t’essuyer. D’abord la tête, puis les épaules, le dos, les pectoraux. Je t’imagine en train de descendre en direction des abdos, de ta queue.

    Je t’imagine devant le miroir, en train de passer un coup de tondeuse à ta barbe brune. Puis, attraper le tube de gel fixant, en faire gicler une bonne dose dans la main et l’appliquer dans tes cheveux, passer plusieurs fois tes doigts dans ta belle crinière pour lui donner cet aspect « tiré vers l’arrière » qui joue un rôle de premier rang dans ton look de fauve indompté.

    Je t’imagine attraper ton déo, t’en vaporiser sous les aisselles, puis à hauteur de ses pectoraux, avec un geste ample, assuré, tel un Sébastien Loeb dans la fameuse pub du déo spray. 

    Tu passes ton t-shirt noir (je constate), un boxer blanc (je spécule), un jeans, tes baskets, et tu sors de la salle de bain tout beau, tout propre, prêt à te lancer dans un nouvel épisode de ta Vie de Mâle à la Virilité Ravageuse, prêt à aimanter, sans effort, d’innombrables regards. Prêt à inspirer, sans même en avoir totalement conscience, d’inavouables désirs sur ton passage.

    Voilà comment j’imagine ta « morning routine », ce fascinant ensemble de petits gestes quotidiens qui, en association avec ton charme naturel, t’ont conduit à cet instant à m’inspirer le plus brûlant et ravageur des désirs. Si seulement tu savais à quel point, à cet instant précis, pendant que tu me parles, je ne t’écoute guère. Car chaque parcelle de mon corps et de mon esprit tend vers ton corps et ta virilité avec une violence inouïe !

    Je crève d’envie de plonger mon regard et mon nez dans l’échancrure de ton t-shirt, d’humer de plus près ton parfum sublimé par la tiédeur de ta peau. Je meurs d’envie de caresser tes tétons par-dessus le coton, j’ai envie de te faire languir, de t’exciter à t’en rendre fou. Puis, soulever enfin le t-shirt et découvrir tes abdos, ton nombril, avant d’aller plus loin, plus bas, beaucoup plus bas dans ton anatomie mâle.

    Je bande déjà rien qu’en imaginant la ligne des poils, cette autoroute vers le plaisir, que doit être le chemin entre ton nombril et ta queue.

    En attendant, ton t-shirt noir tombe juste au-dessus de ta ceinture, annonçant un ventre dessiné ou en tout cas bien plat, dans tous les cas plaisant à regarder une fois dénudé. Pendant une fraction de seconde, mon regard tombe sur la braguette de ton jeans. Je constate ainsi la présence d’une jolie bosse. Mon regard s’attarde sur la boucle de ta ceinture en cuir bien épaisse. Je m’imagine déjà à genoux devant toi en train de défaire un par un les remparts qui me séparent de ta virilité et libérer enfin une queue bien raide prête à bondir dans ma bouche.

    J’ose tout juste imaginer le bonheur d’avoir en bouche un mec comme toi, beau Kevin !

     

    Soudain, quelque chose me tire brusquement de mes rêveries. Soudain, je réalise que quelque chose a changé autour de moi.

    Ce qui a changé, c’est que je n’entends plus le son de ta voix. Le silence qui en découle est carrément assourdissant et me rappelle à la réalité de façon plutôt abrupte. Mon regard passe directement de ta braguette à ton regard. Le trajet est un peu trop direct et un peu trop rapide, et lorsque mon regard croise à nouveau le tien, j’ai l’impression que tu as parfaitement capté son aller-retour vers ton entre-jambe.

    Tu me regardes fixement, tu plisses légèrement ses paupières. A cet instant, j’ai l’impression que tu es réellement en train de te demander si vraiment j’étais en train de mater ta braguette.

    Arffff !!! Et tu affiches toujours et encore ce regard si intense, si sauvage, si dangereux ! Ton regard me transperce dans tous les sens du terme. J’ai l’impression qu’il me déshabille, qu’il me pénètre, qu’il me fouille. J’ai presque l’impression de sentir déjà tes coups de reins puissants, ton souffle chaud et bestial dans le cou, ton animalité déchaînée au service de ton plaisir, l’odeur de ton foutre qui se répand dans mon cul.

    Je suis fou de désir. Mais face à ton silence prolongé, à ton regard fixe, interrogateur et menaçant, je suis instantanément mal à l’aise. Je dois me sortir au plus vite de cet embarras. Vite, Nico, trouve un truc ! Plus facile à dire qu’à faire, alors que je n’ai absolument rien écouté de ce que tu as raconté au sujet des casques, trop occupé à assouvir ma soif jamais étanchée de contempler ta mâlitude.

    Il va falloir trouver autre chose, et vite !

     En fait, je rame, en fait… j’étais… en train (de mater ta braguette, le bogoss) de penser… (à quoi, si ce n’est ta queue ?) que j’ai besoin… (de te voir à poil, de te prendre dans ma bouche !)… j’ai besoin… (de baiser avec toi ! Arrête Nico, ça va finir par t’échapper !)… j’ai besoin…

     Vous avez besoin de quoi, Monsieur ? tu m’assènes avec ta voix basse, à la fois autoritaire et sensuelle.

    Ta simple question m’a mis encore un peu plus la pression, si besoin était. L’accent que j’ai cru entendre sur le mot « quoi » n’a pas manqué d’attirer mon attention. Est-ce que tu as vraiment capté mon manège ? Est-ce que tu es déjà en pétard ?

     J’ai besoin… d’un téléphone… aussi… je finis par lâcher, mon regard étant tombé par hasard sur le rayon situé juste derrière toi.

    Il y a vraiment de tonnes de baffes qui se perdent.

     Fixe ou portable ? tu me lances sans tarder.

     Un smartphone…

     Venez, nous en avons en promo.

    Je te regarde te diriger vers le rayon concerné. Le contact de nos regards est rompu, je sors de mon apnée. Je t’emboîte le pas, les yeux rivés sur ce dos tout aussi solide que ton torse, et sur ta délicieuse chute d’épaules. Vraiment, tu as tout pour toi, mon beau Kevin !

     Nous avons plusieurs modèles, tu m’annonces en t’arrêtant devant le vaste présentoir où de dizaines d’appareils se côtoient. 

    Et te voilà reparti sur un speech technique pour me vanter les qualités de tel ou tel modèle. Je n’ai absolument pas besoin d’un smartphone, mais je te laisse faire ton numéro bien rodé de parfait vendeur, tant ta voix m’enchante, tant ton parfum entêtant monte à mes narines et vrille mes neurones.

    Devant à mon manque de réaction, tu finis par attraper un modèle et me le tendre. Et là, tu as cette phrase magique qui entraîne dans ma tête un délicieux double sens.

     Tenez, prenez-le en main pour l’essayer…

    J’aimerais bien que tu me demandes de la prendre en main pour l’essayer…

    Au moment de saisir l’appareil à mon tour, mes doigts effleurent brièvement les tiens. Cet infime contact de peau est particulièrement excitant pour moi, j’ai l’impression que les bouts de nos doigts viennent de faire des étincelles.

     Qu’est-ce que vous en pensez, Monsieur ?

     Qu’est-ce que j’en pense ? je bafouille.

     Du téléphone…

     Oui, du téléphone…

    (Quoi d’autre ?)

    Tu cherches mon regard, tu le trouves, tu le ferres, tu m’aveugles.

     Je pense que je voudrais en voir un autre…

    Je cherche à gagner du temps. Tu me tends la main pour récupérer le premier. Nos doigts se touchent à nouveau. Nouvelles étincelles. Toi, t’as l’air de ne rien ressentir de tel, je suis un peu déçu.

     Vous voudriez voir lequel ?

     Celui-ci…

     Il est un peu plus cher.

     Ça ne fait rien.

    Je demande à en voir un troisième, puis un autre encore. Je cherche toujours à gagner du temps. A gagner du temps pour je ne sais quoi en réalité. C’est juste que ta présence et ton regard et ton parfum me rendent dingue, et je n’ai pas envie de m’éloigner sitôt de toi.

    Je voudrais avoir le cran de te dire à quel point j’ai envie de te sucer et de t'offrir mon cul, mais je sais que je n’oserais pas. Alors, chaque instant que je passe près de toi, est une délicieuse torture.

    Je ne sais toujours pas comment je vais me tirer de là, me sortir de ce pétrin, je me laisse simplement porter. Je suis comme dans un état second. Si tu savais l’effet que tu me fais, beau mâle Kevin !

    Et c’est toi qui te charges de débloquer la situation, à ta façon.

     T’es sûr que t’es venu pour acheter un téléphone ?

    Tu es passé du vouvoiement au tutoiement, d’un coup. Le ton de ta voix est passé de la politesse contractuelle vers un client potentiel à la familiarité qu’on emploierait vers un inconnu agaçant. Ta voix auparavant posée est montée d’un cran, et elle ressemble désormais au rugissement d’un mâle irrité. Une question directe et tout bascule. Et les masques tombent.

     Je… je… je… je bafouille comme un con.

     Si tu veux juste me faire perdre mon temps, tu peux aller voir ailleurs.

     Je ne veux pas te faire perdre ton temps, je me morfonds, comme un idiot.

     Non, ce que tu veux, c’est me sucer !

    Ça a le mérite d’être clair. Mais ça ne me met pas à l’aise pour autant. Bien au contraire !

     C’est ça, tu veux voir ma queue ? tu insistes.

    Bien sûr que c’est ça que je veux ! Dès l’instant où je t’ai aperçu, j’ai eu envie de toi à en crever ! Mais tu me fais vraiment peur. Je ressens toujours l’impression que tu pourrais démarrer au quart de tour.

    Et soudain, une idée traverse mon esprit et me rassure un brin. Au vu de la situation – tu es sur ton lieu de travail, il y a d’autres clients qui se baladent dans le magasin, et tes collègues aussi – j’ai du mal à imaginer que tu prendrais le risque de me cogner. Alors, je prends de l’assurance, et je décide de tenter coup. Ça passe ou ça casse. 

     Oui, j’en ai envie… je finis par avouer.

    Tu me fusilles du regard. Alerte maximale, Nico. Fais gaffe à toi !

    Mais qu’est-ce que tu es sexy, beau Kevin, avec ce regard noir ! Et comment, là aussi, tu me rappelles mon Jérém ! Qu’est-ce qu’il était beau, lui aussi, comment sa brunitude devenait incendiaire, lorsqu’il était en pétard !

     Je ne suis pas ce genre de mec… tu assènes, comme un coup de poing.

     

    « Je ne sais pas quel genre de mec tu es, tout ce que je sais c’est que tu es foutrement sexy. Et je sais que quand je te regarde, j’ai envie de te faire tout ce dont tu pourrais avoir envie… vraiment tout… ».

     

    Ça, c’est ce que j’aurais eu envie de te dire. Mais il faudrait du cran pour cela, un cran que je n’ai pas. Au lieu de quoi, je m’excuse, comme un con, honteux comme si j’avais fait quelque chose de répréhensible.

     Désolé, j’aurais dû être plus discret…

    Ton regard ne fusille plus. Il fulmine. Il est foutrement chargé, noir, menaçant, hostile, on dirait un ciel tuméfié juste avant un gros orage d’été. Je vois tes poings se serrer au bout des bras que tu tiens, raidis, le long de ton torse. Tes biceps semblent palpiter, prêts à démarrer l’effort d’un instant à l’autre. 

    Instinctivement, je recule d’un demi pas.

     Si je ne bossais pas, je t’aurais déjà mis ma main dans la gueule…

    (Bien vu le demi pas en arrière, Nico). 

     Je vais partir, tu ne me verras plus… j’annonce ma défaite.

    Tu me regardes avec mépris, avec dégoût. Pendant une seconde, je me sens pire qu’une merde. J’ai envie de disparaître dix mètres sous terre. 

     J'ai l'air d'un pédé, moi ?

     Pas du tout, j’ai rarement vu mec plus viril que toi, je te rassure. Avant de continuer : C’est pour ça que tu me fais tant envie !

    J’ai envie de te dire à quel point je te trouve sexy et bandant, j’ai envie de te dire que si tu me laissais te sucer, je suis sûr que tu aimerais. J’ai envie de te dire que j’ai juste envie de te sucer, et il n’y a pas de quoi en faire un drame ! Parce qu’une pipe ça ne se refuse jamais – c’est bien ça que vous dites entre vous, les hétéros, non ? J’ai envie de te dire « si tu as envie de me cogner, fais-le avec ta queue ! ».

    Mais je ne sais rien te dire de toutes ces vérités. Je renonce, je démissionne, je cède à ma peur, à ma honte, à ma défaite brûlante. Alors que je crève d’envie de baiser avec toi.

    Sans plus attendre, je fais demi-tour et je me dirige vers la sortie du magasin vers la galerie commerciale.

     

    Je n’ai pas le temps de faire trois pas lorsque j’entends ta voix.

     Eh, toi, reviens là !

    J’adore le ton que tu as mis dans ces quelques mots. Ça ressemble à un ordre, à une sommation. Je stoppe net. Je me retourne. Ton regard noir est toujours là. Avec un geste rapide de la tête, tu me fais signe d’approcher. Je m’exécute, docile devant mon nouveau maître.

     J’ai une pause dans 20 minutes. A moins le quart, file aux chiottes à côté de la sortie 3 et enferme toi dans la dernière cabine contre le mur. Je taperai à la porte…

     Entendu, je valide sa proposition inespérée. Je ne m’attarde pas, au cas où il changerait d’avis.

    Un frisson géant prend naissance dans mon ventre et secoue mon corps tout entier, jusqu’à mon esprit. Je n’arrive pas à croire à ce retournement soudain de situation ! Ma peur, ma honte et ma défaite disparaissent aussitôt, aussitôt remplacées par une euphorie sans commune mesure.

    Pourvu que j’aie bien compris, pourvu que tu ne changes pas d’avis, que tu ne me plantes pas comme un con, ou que tu ne viennes pas juste pour me cogner plutôt que pour me baiser !

     

    Je passe les quelques minutes avant le rancard à prendre un café et à essayer de me détendre. Mais je n’y arrive pas. Mon esprit est ailleurs, il est déjà vingt minutes dans le futur, à l’instant où je serais à genoux devant toi. Je regarde plusieurs fois ma montre, avec une impatience et un affolement grandissants. Mon ventre est secoué par d’intenses frissons, j’en tremble presque.

    J’ai quand même la présence d’esprit de passer à la pharmacie de la galerie marchande pour acheter des capotes. Des capotes pour toi, Kevin, beau fauve mâle qui va me baiser dans quelques minutes à peine.

    Bien entendu, j’aimerais par-dessus tout que tu me prennes « à cru » et que tu gicles toute ta sève brûlante de mâle au plus profond de moi. Mais le monde parfait, celui sans MST et sans SIDA, n’est toujours pas d’actualité. Alors, en attendant, qu’est-ce que je kiffe le fait d’acheter des capotes pour que tu puisses me baiser ! Ma trique tend dangereusement mon jeans, mes mains tremblent lorsque je sors mon portefeuille pour régler ce petit équipement de l’amour.

     

    Je me rends au rendez-vous avec quelques minutes d’avance. Je m’enferme dans les toilettes. J’ai le cœur qui bat à dix mille à l’heure, j’ai le souffle coupé. Je n’arrive pas à croire que je vais faire ça avec toi, ici, dans ce lieu public. Je me surprends à imaginer que tu te dégonfles, que tu me poses un lapin.

    Mes narines me ramènent les odeurs mélangées d’urine et de javel typiques de ce genre de lieux. Ce n’est pas banal, il faut bien l’admettre, que des odeurs de toilettes puissent assurer la fonction de « madeleine de Proust ». C’est pourtant le cas pour moi aujourd’hui. Car cette odeur si particulière me hante depuis longtemps, et à chaque fois que je me rends dans une toilette publique. Car elle me ramène instantanément à un plan avec Jérém dans les chiottes du lycée, l’une de nos premières baises, l’une des plus chaudes, une bonne sauterie entre deux cours.

    Jérém qui me prend direct par derrière, moi plié au dessus du WC, Jérém qui jouit en moi et qui se tire juste après, sans un mot. Jérém que je retrouve en cours quelques instants plus tard, assis à côté de sa copine du moment, l’air serein comme s’il ne s’était rien passé, comme s’il ne venait pas tout juste de gicler dans mon cul. Alors que moi, j’avais l’impression d’avoir précisément l’air d’un mec qui venait tout juste de se faire baiser.

    Aujourd’hui, l’attente me semble tout aussi longue que ce jour-là. Je ferme les yeux, je replonge dans ce moment vieux de quatorze ans. C’est comme si j’avais à nouveau 18 ans et que j’étais à quelques semaines du bac. J’ai presque l’impression que c’est Jérém qui va taper à la porte et qui va venir me baiser, et me remplir.

     

    Trois petits coups rapides sur la porte en plastique se chargent de me tirer de ma rêverie nostalgique.

    Je rouvre les yeux, je débloque le loquet, je me range derrière la porte. Au fond de moi, j’espère toujours que c’est Jérém. Mais non, on est bien en 2015, les enceintes au dessus des lavabos diffusent « Sugar » de Maroon 5, titre qui n’existait pas encore en 2001.

    Et c’est bien toi, beau et sexy Kevin, qui passes la porte et qui la refermes derrière toi. C’est pas Jérém, certes, mais c’est déjà plutôt pas mal.

    Tu es là, je n’ai pas rêvé, tu ne t’es pas dégonflé, tu ne m’as pas planté. Et tu as l’air plutôt partant pour baiser.

    Tu te tiens debout devant moi, le dos appuyé à la cloison carrelée. Je m’approche de toi. J’ai envie de poser mes lèvres sur la peau dans l’échancrure de ton t-shirt. Putain qu’est-ce que tu sens bon !

    Mais tu as d’autres priorités, d’autres contraintes.

     Je n’ai que dix minutes, tu me balances, magne-toi, suce-moi !

    Le volume de la musique est assez élevé, tu ne crains visiblement pas d’être entendu. Est-ce bien la première fois que tu viens baiser un client dans cette cabine ?

    Tu défais ta ceinture, tu déboutonnes ta braguette. Tu as les idées claires et bien arrêtées, tu sais ce que tu veux. J’adore, je m’exécute, je me mets à genoux devant toi. Tu baisses ton jeans et tu me plaques la tête contre ta bosse généreuse. Tu me fais renifler ton boxer – qui n’est pas blanc comme je l’avais fantasmé, mais bleu – tu me fais découvrir ton odeur la plus intime et la plus virile. Et je kiffe à fond ton odeur de mec !

    Tes mains exercent une pression assez forte sur ma tête, mon nez et ma bouche s’écrasent contre le tissu élastique, contre cette queue qui est en train de déployer toute son envergure. Je la sens gonfler près de ma bouche, je commence à remuer mes lèvres, j’ai envie de titiller ton gland à travers le tissu fin. Mais tu appuies encore plus fort, rendant impossible toute initiative de ma part.

    Voilà un bon mâle dominant, un mâle qui mène la danse. Je kiffe, je kiffe, je kiffe !

    Ta queue est bien raide lorsque tu relâches enfin la pression, utilisant la main qui me contraignait pour éloigner ma tête d’un geste dédaigneux. Tu baisses ton boxer, tu dégages ton bel engin. Je n’arrive toujours pas à croire que je vais avoir droit d’y toucher. Et pourtant !

    Sans autre forme de procès, tu glisses directement ton mât entre mes lèvres offertes, tout en m’intimant : 

      Bouffe ma queue, petite pute !

    Douce musique pour mes oreilles. Et en plus, tu sais me parler. Ça, je l’avais pressenti. Et je ne m’étais pas trompé d’un iota. Sans plus attendre, j’avale ton manche jusqu’à le faire disparaître presque entièrement dans ma bouche.

     Oui, vas-y comme ça, salope !

    Tes encouragements me donnent des ailes. Je te pompe avec l’intention de t’offrir la pipe de ta vie. Mais tu ne tardes pas à reprendre le contrôle, à imposer ton rythme, tes envies. Tu envoies de bons coups de reins, tu me baises carrément la bouche. Tes mains se portent sur ma nuque pour la maintenir et décupler l’efficacité de tes coups de bélier. J’encaisse avec le plus grand des bonheurs, j’encaisse pour te faire plaisir.

    Après une bonne chevauchée sauvage donnant la mesure de tes talents de mâle, tu dégages tes mains de ma tête, tu stoppes net les oscillations de ton bassin, tu arrêtes de me baiser la bouche. Tu veux que je te suce à nouveau, à mon rythme. Et je te suce à nouveau, avec le plus sensuel des rythmes.

    « Je ne suis pas ce genre de gars », tu m’as dit tout à l’heure. Non, tu n’es pas « ce » genre de gars, non. Tu es juste « un » gars. Et une pipe, c’est bien une pipe. Fallait juste essayer, mon grand, pour découvrir que la bouche d'un mec ce n'est pas si dégueu que ça, et que c'est même plutôt bon. Qu’y goûter, c’est aimer.

    Pendant que je m’affaire pour ton plaisir de mec, tu décides de te mettre à l’aise, me faisant par la même occasion ce cadeau que j’appelais de tous mes vœux depuis le premier regard que j’ai posé sur toi. Et que je commençais à désespérer de pouvoir obtenir.

    D’un geste rapide, tu relèves l’avant du t-shirt, tu le fais glisser sur tes cheveux et tu le cales derrière le cou. Seules tes épaules restent couvertes. Ton torse est entièrement dégagé. Et là, en levant un peu les yeux, je peux enfin mater cette plastique de fauve sur laquelle j’ai tant fantasmé.

    Du bas vers le haut, je suis happé par le pli de l’aine délicieusement saillant, par la ligne de poils entre le nombril et la queue, pile comme je l’avais imaginée, brune et bien fournie, par ton ventre sans abdos apparents, mais plat et un brin poilu, par le relief plus qu’honorable de tes pecs parsemés de sublimes poils en train de repousser. Ils ont visiblement été les victimes innocentes d’un rasage dont les motivations ne peuvent être que fumeuses, et que je ne cesserai jamais de condamner.

    Pour compléter le tableau de ta plastique de fou, je me dois de citer également la délicieuse tentation de tes tétons bien saillants, ainsi que l’ensemble de ton mystérieux tatouage tribal qui part de ton biceps, remonte sur ton épaule, trace le long de ton cou, et se termine à la hauteur de ton oreille.

     C’est bien ça que tu voulais, salope, sucer une bonne queue, hein ?

    Tes mots font vibrer toutes les cordes sensibles de mon désir, même celles qui n’ont plus vibré depuis de longues années. Ton côté macho et dominateur, c’est tout ce que j’aime ! Par conséquent, j’acquiesce du regard, et je te suce avec de plus en plus d’enthousiasme.

    Mais ce n’est pas ça que tu attends de moi. Très vite, tu saisis à nouveau ma tête avec tes deux mains pour m’obliger à avaler ta queue de plus en plus profondément, de plus en plus brutalement. Elle est trop grande pour que je puisse l’avaler en entier et sans effort. Alors tu appuies un peu plus ta main sur ma tête, tu envoies un peu plus avec ton bassin. Tu exiges mon effort. C’est d’abord un peu douloureux, mais ça finit par devenir terriblement excitant. Être à la merci d’un fauve sauvage comme toi, ça me rend dingue !

     Qu’est-ce qu’il y a, salope ? Tu n’arrives pas à tout avaler ? 

    Là encore, j’ai l’impression d’entendre les mots de Jérém à l’époque de nos révisions avant le bac ou pendant l’été qui avait suivi. Si macho, si fier de ta queue, si bandant !

    Tu sors ton manche de ma bouche tout juste avant que je m’étouffe. Tu m’attrapes par les épaules d’un geste brusque, tu me bouscules, et tu me plaques face au mur. La précipitation de tes gestes traduit à la fois ton empressement, ton excitation, ton impatience. Et ta sommation.

    J’ai tout juste le temps de m’exécuter, de baisser mon jeans et mon boxer, avant que tu me glisses ton pieu brûlant dans ma raie. Un instant plus tard, je sens ton gland s’approcher de mon trou avec une assurance et une aisance qui ne manquent pas de me faire me demander si c’est bien la première fois qu’il s’approche d’un trou de mec.

    Dans l’état d’excitation extrême qui est le mien à cet instant, je crève d’envie que tu me prennes à cru. Je dois me faire violence pour laisser ma raison l’emporter sur la trique. Et je dois pas mal forcer, te forcer, pour me dégager de ta contrainte mâle, pour attraper la capote dans la poche de mon jeans et te lancer :

     Attends, mets ça d’abord !

     T’inquiète, je suis clean, j’ai une nana…

    Tu me balances ça comme si ce détail de ta vie était une garantie en soi. Ça ne l’est pas, en aucun cas. Je ne te connais pas, et si ça se trouve, tu n’as même pas de copine. Et en admettant que tu en aies une, rien ne me dit que tu ne baises pas ailleurs, parfois, et sans capote, avec des nanas qui couchent avec d’autres mecs, parfois, sans capote, elles aussi.

    Tu fixes la capote que je te tends, dans ton regard un mélange de mépris et d’agacement. A l’évidence, tu avais vraiment envie de me gicler direct dans le cul. Quel gâchis !

    Pendant un instant, je me dis que tu vas me planter là et te barrer.

    Mais non, tu finis par m’arracher la capote des doigts d’un geste sec. Le plastique de l’emballage résiste à tes assauts agacés, tu pestes, tu t’énerves. Ça promet bien pour la suite !

    Tu y arrives enfin, tu sors la petite couronne en latex, tu la poses au bout de ton gland, tu essaies de dérouler. Ça ne marche pas du premier coup, elle est à l’envers, comme souvent. Tu pestes encore, tu la retournes, tu finis par la dérouler le long de ton manche raide.

    Tu reviens coller ta queue désormais protégée dans ma raie. Tu avances à coup sûr, sans te tromper d’un poil. Tu m’encules avec précipitation, celle d’un gars pressé, un gars qui se fiche bien des désagréments qu’une pénétration si rapide peut provoquer à celui qui la reçoit. J’ai mal, mais je serre les dents. Je sais que c’est juste un mauvais moment à passer, je sais que lorsque tu commenceras à me limer, la douleur va disparaître et je vais kiffer ma race. 

     Quel sacré trou de pute, tu me glisses à l’oreille sur un ton délicieusement méprisant.

    Tu commences à me pilonner. Et là, comme prévu, ça devient vite bon à se damner. Ton gabarit me remplit bien, la fougue animale qui anime tes coups de reins me rend dingue.

     Cambre-toi bien, salope ! tu me balances, tout en tapant sur mes pieds pour que je les écarte davantage.

    Soudain, tu sors de moi. Puis, d’un coup sec et toujours aussi bien ciblé, tu replonges ta queue au fond de mon cul, m’arrachant au passage un petit cri étouffé de douleur.

     C’est ça que tu cherchais, hein ? Pas de casque, pas de téléphone, juste un bon coup de queue dans ton cul de pute !

    Tu me glisses ça du bout de tes lèvres, que tu as posé si près de mon oreille que je peux sentir non seulement ton souffle, mais également le piquant des poils de ta barbe.

    Je suis trop excité, j’adore ta façon de me parler crûment. J’ai vraiment envie d’être ta pute. Alors, je me laisse entraîner dans ton jeu.

     Oui, c’est ça, c’est tout ce que je cherchais. Et je suis tombé sur le bon mec, avec une queue d’enfer !

     Elle te plaît ma queue, hein ? 

     Putain qu’est-ce qu’elle me plaît !

     Tu aimes l’avoir dans le cul, hein ?

     Tu sais pas à quel point !

     Quelle pute tu fais !

    Tu sors à nouveau de moi, puis tu reviens. Tu recommences ton manège à plusieurs reprises, tu me fais languir. Et tu me défonces. Ton parfum envahit le petit espace, tes couilles frappent les miennes à chacun de tes assauts. Putain, qu’est-ce que c’est bon ! Je suis dans un état second. Je n’en peux plus, je ne peux me retenir de te balancer :

     Défonce-moi, putain ! 

     T’inquiète, tu vas en avoir pour ton grade !

    Tu enserres tes mains sur mes épaules dans une prise ferme, brutale, et tu commences à me limer avec une cadence de dingue. Tes coups de reins sont assénés avec une puissance dont je me délecte. Cet instant est exactement comme je me l’étais imaginé. Ton souffle chaud et bestial dans mon cou, ton animalité déchaînée. C’est même mieux que je me l’étais imaginé. Je ne contrôle plus rien, je t’appartiens entièrement.

    C’est vraiment ce côté « animal » qui me fascine chez toi, cette attitude de bon petit macho pour qui seul son propre plaisir compte.

    J’espère que la capote va tenir bon, qu’elle va supporter jusqu’au bout la sauvagerie de tes assauts.

    Et puis, ça vient. Je sens tes mains se contracter encore un peu plus, tes doigts s’enfoncer davantage dans ma chair. Je ressens l’intensité des secousses de plaisir qui agitent ton corps. Malgré la musique qui retentit dans le haut-parleur placé juste au-dessus de nous, je capte les râles que tu retiens de justesse. Tu jouis dans la capote, mais grâce à mon cul. Quel honneur, tu me fais, beau mâle Kevin !

    Tu te déboîtes aussitôt. Tu es pressé. J’ai perdu la notion du temps mais je pense que les dix minutes de ta pause sont passés depuis un moment. 

    Je me retourne. Rien dans ton attitude indique que tu envisages de me renvoyer l’ascenseur. Tu t’en fous si j’ai envie de jouir à mon tour ou pas. Tu as joui, le but est atteint. Tu enlèves ta capote et tu la jettes dans la cuvette, tu fais disparaître ta belle queue luisante de sperme dans ton boxer. Tu fais repasser ton t-shirt noir par-dessus la tête, il retombe sur ton torse comme un chat retombe sur ses pattes. Tu remontes ton jeans, tu agrafes ta ceinture. Le cliquetis que produit la boucle secouée par tes mouvements secs résonne dans mes oreilles avec une sensualité particulière.

    Dans le petit espace, l’odeur de foutre s’ajoute désormais aux autres odeurs de chiotte. C’est l’émanation olfactive de ton plaisir, du plaisir d’un superbe mâle.

    Je te regarde une dernière fois, et j’essaie de graver dans ma mémoire cette dernière instantanée de ton intimité sexuelle. Ton brushing a été un brin malmené par le double passage de ton t-shirt, ainsi que par la vigueur de tes assauts.

    La sueur a perlé sur ton front, tes lèvres entrouvertes laissent s’échapper des expirations puissantes que la musique m’empêche de capter. Ta pomme d’Adam se balade nerveusement le long de ta gorge, signe inconscient du passage récent de l’orgasme.

    Pendant une seconde, tu es complètement ailleurs, perdu dans l’atterrissage de ta jouissance de mâle, complètement déconnecté du présent. Ça ne dure qu’un instant, mais c’est beau, beau à en crever.

    — Salut ! tu me lances à la va vite, en défaisant le loquet. Et tu disparais, sans le moindre regard, sans le moindre égard. 

    Je referme la porte derrière toi. Et je me retrouve instantanément en tête-à-tête avec ma solitude.

    Tu as vraiment été un bon coup, Kevin ! L’impétuosité presque agressive de tes gestes, l’arrogance de ton attitude de mâle qui exige son dû, tout en méprisant celui qui le lui offre – bref, ta façon d’être et de me baiser – m’ont foutrement chauffé. Sans parler de ta queue vraiment bien foutue, de tes coups de reins puissants et sauvages, de tes mains saisissant ma chair, la contraignant, me donnant l’impression que je n’avais pas d’autres choix que de satisfaire tes envies jusqu’au bout.

    Et puis il y avait le contexte aussi. Ça s’est fait pendant ta courte pause, sur ton lieu de travail, dans une cabine des chiottes ouvertes au public. Sexy Kevin, tu m’as offert une baise frôlant le fantasme absolu !

    La vision de ta capote qui flotte dans la cuvette fait écho au souvenir de tes va-et-vient qui pulsent encore dans ma chair, de la prise de tes mains qui entrave encore mon corps, de ta présence en moi. 

    Oui, tu as été un sacré bon coup. Et pourtant, désormais seul dans ce lieu où tu viens de me sauter sans ménagement, je me sens sale.  Et je n’ai même pas joui ! C’est sciemment que j’y renonce, préférant quitter ce lieu sans que le vide post-coïtal vienne me foutre le cafard.

    Je tire la chasse, comme pour faire disparaître la dernière trace de cette baise que je regrette déjà.

    Ce qui ne m’empêche pas, en quittant cette cabine à mon tour, de sentir monter en moi une sensation de dégoût.

    J’ai beau me dire que ce que je viens de faire n’a rien de répréhensible, j’ai beau me dire que prendre autant de plaisir ne peut pas être mauvais. Au fond de moi, je regrette déjà de m’être offert de cette façon. 

    Je ressens en moi comme un sentiment de trahison de moi-même et de mon passé, comme si je me sentais désormais indigne de ce garçon amoureux, de ce garçon aimé que j’ai été. Certes, ce garçon s’était déjà retrouvé dans des chiottes pour des bonnes baises sauvages. Mais c’était avec le mec qu’il aimait comme un fou. 

    Qu’est donc devenu ce garçon ?

    A cet instant précis, j’ai l’impression d’avoir tué ce garçon. Ce garçon pour qui, il y a longtemps déjà, un autre garçon nommé Jérémie Tommasi était le seul but dans sa vie. Quand le cœur est privé d’amour, le corps prend le dessus et s’enfonce dans la luxure.

    J’ai l’impression d’avoir un jour connu le Paradis, avant d’en tomber, et de me perdre en Enfer aujourd’hui.

    Comment pourrais-je regarder en face mon beau Jérém si d’aventure le destin rendait cela possible, alors que je sais qu’en rentrant tout à l’heure, j’aurai déjà du mal à me regarder moi-même dans la glace ?

    Oui, en quittant le centre commercial, j’ai l’impression de trahir la beauté de ma grande histoire avec Jérém.

    Pendant toutes ces années, la machine mentale à archiver le passé a eu tout le temps de trier les souvenirs pour ne retenir que ce que j’avais besoin d’en retenir, à savoir, les moments les plus heureux.

    Comme celui du jour où je l’ai vu pour la première fois dans la cour du lycée, de sa casquette et de son t-shirt noir, ou le souvenir de notre première révision, de son t-shirt blanc, le bonheur de nos retrouvailles, de nos nuits d’amour, de nos baisers, de nos câlins, de nos confidences sur l’oreiller, de notre complicité.

    Mais au fond de moi je sais qu’elle a occulté les attentes interminables, la peur de l’abandon, les angoisses, les déceptions. Et notre séparation. En fait non, je n’ai rien oublié, mais le temps a anesthésié ce qui a longtemps été douloureux.

    Non, notre histoire n’était pas parfaite. Mais elle était belle, et elle était pure. Même nos erreurs, et Dieu sait que nous en avons commises, tous les deux, étaient « innocentes », sans intention de faire du mal à l’autre. Même nos baises les plus « sauvages » n’étaient en réalité que le préalable de jours heureux, une façon de nous apprivoiser.

    Nous nous sommes fait du bien, et aussi beaucoup de mal. Le premier était une évidence, le deuxième rien d’autre que le fruit de nos maladresses. C’était ma première histoire, mon premier amour, et ça l’était pour lui aussi. Nous avions tout à découvrir de la vie, et de nous-mêmes.

    Nous étions heureux. J’étais heureux. Avec le recul, j’ai l’impression que même quand je souffrais, j’étais heureux. Car je me sentais si vivant ! 

     

    Ce samedi, je me suis rendu dans un magasin d’électroménager dans une zone commerciale de Toulouse pour m’acheter un nouveau lave-linge. Et tu étais là, beau mâle Kevin au charme sauvage, derrière le comptoir, et tu avais l’air d’un fauve en cage. Je t’ai maté, et c’est de cette façon que j’ai ouvert la porte de ta « prison ». Je t’ai fait retrouver ta liberté et ta fierté, et tu m’as fait profiter de toute sa sauvagerie. J’ai bien kiffé, mais tes griffes ont laissé quelques blessures derrière elles.

     

    Je quitte enfin la cabine, les toilettes, je repasse devant le magasin pour quitter le centre commercial et rentrer chez moi au plus vite. Je crois que la première chose que je ferai en rentrant ce ne sera pas me branler, mais pleurer. 

     

    * * *

     

    30 Le vendeur du magasin d’électroménager (version 2014)

    Attention. Ceci est une fiction. Pensez à vous protéger. La santé, c'est important.


    C’est un beau brun aux cheveux mi longs, très épais, je lui donne tout juste la trentaine. Sa chevelure plutôt fournie est coiffée vers l’arrière avec un bon coup de gel. Brun, les yeux gris. Ça, ça ne court pas les rues. Et ça intrigue. Moi, en tout cas, ça m’intrigue. Et ça me charme.

    Un regard intense, indompté, un regard de grand félin, un regard de tigre, un tigre mâle, plein d’une sauvagerie qu’on sent latente, pas très loin de faire surface et qu’on hume presque autour de lui. Un tigre en cage, derrière le comptoir du magasin d’électroménager, un tigre bien musclé, au sommet de sa vigueur.

    Un regard de tueur sexy, de beautiful killer, fusillant autour de lui, un regard difficile à capter et encore plus difficile à soutenir. Un regard qu’on ne peut pas croiser sans se sentir intimidé. Quand, par un hasard que j’ai un peu provoqué, mes yeux on pris contact avec les siens pour la première fois, je n’ai pas pu tenir plus d’une fraction de seconde sans les baisser.

    Ce mec a vraiment l’air d’un tigre prêt à bondir, et il faut du courage pour défier le regard du tigre. Un courage que le Nico que je suis n’a jamais eu. Surtout avec ce genre de mec. Quel genre ? Le genre que j’affectionne tout particulièrement… le genre de mec à l’air plutôt bad boy, le genre de mec avec qui on sent qu’on va se mettre en danger dès qu’on va l’approcher… faut aimer le danger… et en ce qui me concerne, c’est bon le danger, surtout ce type de danger…

    Oui, ce mec est vraiment du genre bad boy, avec ce truc bien viril et intriguant sur lui, ce truc que je ne sais pas expliquer et qui est propre à ce type de gus, cet air de caillera, un peu macho, cette vigueur virile débordante, cette agressivité qu’on sent latente et prête à démarrer au quart de tour, ce truc qu’ont souvent les mecs issus des cités, ce truc qui fait cet effet de dingue sur la plupart des nanas, et sur les mecs comme moi… c'est souvent vers le même type de garçon qu'on aime se perdre, quitte à y laisser des plûmes…

    Bad boy est un plat épicé et piquant… on sait qu’on risque d’avoir du mal à en supporter les conséquences, mais on en est attiré sans retenue… c’est un plat qui flatte mes sens, et auquel je ne sais pas résister… bad boy est une attitude, un mystère viril planant autour d’un keum, une insaisissabilité, une sorte de défi permanent dans le regard, le goût du risque, une façon de s’opposer à toute forme d’autorité et de contrainte, au risque de s’y cogner… bad boy… une sorte de mise en danger de soi permanente… comme une voiture sans freins roulant en ville à toute allure … une mise en danger pouvant entraîner ceux qui se trouveraient trop à proximité…

    Mon tigre brun, c’est le genre de mec qui s’habille avec des t-shirts noirs col en V plutôt profonds, laissant voir une belle portion d’un torse qu’on devine rasé depuis quelques temps déjà, une peau sur laquelle ses poils de brun ont recommencé à pousser, drus, raides, une peau qui a l’air très douce au contact des lèvres qu’on voudrait y poser dessus sans tarder, sans retenue…

    Mon Royaume pour poser mes lèvres là-dessus, juste un instant…

    Et par-dessus son t-shirt noir, un gilet rouge : dans le dos, le logo du magasin et sur le devant, un badge imprimé annonçant : Kevin… ça y est, je connais son petit nom : voilà, on est potes ; non, plus que ça : on est intimes. Dès lors, dans ma tête tout devient possible. Je le connais déjà, je sais de quoi il a envie. C’est beau de rêver, mon ti Nico.

    Le coton noir semble avoir coupé exprès pour mouler l’arrondi de ses épaules, alors que des biceps plutôt conséquents écartent bien les manchettes du t-shirt ; et ils deviennent presque impressionnant à chaque fois que le bras et l’avant-bras se plient dans l’effort, lorsqu’ils gonflent encore, dessinant ainsi une jolie bosse musclée…

    Et puis il y a le détail qui tue, le truc sexy qui achève. Pas un, deux. D’abord, une chaîne de mec aux mailles larges posée autour de son cou puissant, descendant sur la peau de son torse à l’intérieur du V du t-shirt… ensuite, et c’est là que l’on comprend pourquoi ce genre de mec devrait être surveillé pour éviter des émeutes, voilà le détail d’un tatouage qui sort de la manchette gauche de son t-shirt, passe sous le coton et sous la chaîne pour remonter jusqu’à une dizaine de centimètres sous l’oreille. C’est une pointe, un motif torsadé et je devine que ça ne doit être que la partie émergée d’un tatouage qui doit courir sur son épaule, partir sur son torse ou dans son dos… putain de t-shirt…

    Mon Royaume pour le voir poser ce t-shirt, pour découvrir ce tatouage en entier…

    Et quand je le regarde, je ressens toujours et encore, inlassablement, ce truc qui me pique à vif, qui m’attire et qui me fait peur au même temps… cette tentation dangereuse qu’il inspire. Un truc brutal, un je ne sais quoi d'animal dans le regard, un truc qui inspire une indéniable attraction envers lui, une tentation cependant mêlée de crainte. C’est qu’il porte sur lui cette attitude de caillera, de petite frappe qui me fait un effet de dingue…

    Voilà le truc : le mec a quand même l'air pas facile, il a l’air d’être le genre de gus sacrément hétéro de base, le modèle bourrin et intolérant, viscéralement homophobe dans la notice, le mec à fleur de peau vis à vis de sa sexualité, capable de démarrer au quart de tour des qu'on le chatouillerait à peine sur ce terrain là. On le devine bagarreur, plus à même de jouer de ses poings que de sortir des argumentaires cohérents.

    Je regarde alors se grandes mains puissantes de mec et j’imagine la prise qu’elles pourraient avoir sur mon corps qu’il retournerait à sa guise dans sa recherche de la bonne position pour prendre son plaisir. Il n’y a pas à chipoter… il me fait une envie de ouf…

    Je rode entre les étalages, télé, ordi, frigo, consoles, smart… j’erre sans but réel, je crois qu’en réalité je cherche à attirer son attention et à le pousser à venir me voir.  

    Bingo, le voilà qui quitte son comptoir et marche vers moi avec sa démarche féline, assurée, implacable.

    Putain, qu’est ce que je vais bien lui dire ? T’as le chic Nico, pour te fourrer dans des situations pas possibles… là, il faut assumer mon grand. Le mec est devant toi, à un mètre de toi, et il te regarde. Et moi je regarde son jean moulant affichant une jolie bosse à l’avant, ce jean sur lequel son t-shirt noir tombe tout droit, annonçant un ventre dessiné ou en tout cas bien plat et plaisant à regarder une fois dénudé… je bande déjà rien qu’en imaginant la ligne des poils, cette autoroute vers le plaisir, qu’est le chemin entre le nombril et le sexe d’un beau mâle…

    Bonjour monsieur…

    Et en plus, évidemment, il a la voix de l’emploi… chaude, caverneuse, ça sent la testostérone à plein nez, ça sent le mec sur de lui, le mec qui est habitué à se faire entendre et à être écouté. (Oui, mec, vas y, donne moi des ordres, dis moi qu’il faut que j’avale ta queue et que tu vas jouir en moi…)

    Bonjour…

    Vous avez besoin d’un conseil ?

    (j’ai besoin de vous sucer, oui) Je… je… je… regarde… (oui, tu regardes quoi, Nico ?) je regarde… (mais regarde devant toi, espèce d’idiot, tu es en face des casques audio)… je me tâte pour acheter un casque audio ! (sauvé, Nico… respire maintenant)…

    Voyons... je peux vous conseiller ce modèle…

    Faut admettre que le mec est encore plus intimidant maintenant qu’il est devant moi… et puis il y a ce truc que je ressens autour de lui… je ne sais pas trop comment décrire cette autre sensation que je ressens encore plus forte maintenant qu’il est si près, presque à l’intérieur de mon espace vital… on dirait… oui, on dirait qu’autour de lui ça sent le mâle… il n’y a pas d’autre mots… il est juste là, sans rien faire et on sent le mec bien chaud, plein de sève bouillante… oui, ça pue carrément le sexe autour de lui…

    Pendant qu’il parle, j’ai du mal à me concentrer sur ses mots. Maintenant qu’il est si près, mes narines sont percutées de plein fouet par un parfum, son parfum de mec… l'odeur, c'est la cerise sur le gâteau… après le physique, la voix, le charisme, l'odeur d'un type peut me faire chavirer...

    C’est un parfum frais, dépaysant, à la fragrance poivrée et entêtante, un parfum qui me transporte loin de là, dans une salle de bain où le mec est certainement en train de se doucher plus tôt ce matin là… je l’imagine en train d’étaler le gel douche sur sa peau, de couvrir ce beau corps d’homme d’une mousse fine et soyeuse… je l’imagine parcourir chaque recoin, arriver au sexe, s’y attarder, pourquoi pas le caresser, faire tomber une belle trique matinale par une bonne branlette sous l’eau bouillante, pendant que sa copine est encore au lit ou est en train de préparer le petit déjeuner… je n’irai peut-être pas jusqu’à me demander si le soir d’avant il a couché avec elle, s’il lui a fait l’amour ou s’il l’a juste sautée… trop émoustillé comme je le suis à la simple idée de l’imaginer tout seul sous sa douche en trains d’astiquer son manche et en pensant à quoi ou à qui lui seul le sait…

    Je l’imagine arriver à l’orgasme, à son bonheur de sentir plusieurs jets sortir de sa queue… je l’imagine rester encore un moment sous la douche, presque ébahi, en train de récupérer de l’effort ; et enfin refermer l’eau, sortir de la cabine le corps ruisselant, les cheveux mi-longs dégoulinant et retombant lourdement, en bataille ; je l’imagine passer une main dans sa crinière épaisse pour la rabattre en arrière et dégager son regard, geste inutile sans l’application ultérieure d’un bon coup de gel, mais pour moi très sensuelle quand il est exécuté par un beau garçon…

    Il attrape sa serviette, il s’essuie partout, il commence par la tête, il descends sur les épaules, le dos, les pectoraux, il continue direction les abdos, le sexe, les fesses, l’entrejambes, les jambes, les pieds…

    Il approche du miroir… il passe un coup de tondeuse avec sabot 3 mm sur sa barbe brune… il attrape le tube de gel, il en fait gicler une bonne dose dans sa main et il l’applique dans ses cheveux, passant ses doigts plusieurs fois dans sa chevelure pour lui donner cet aspect tiré vers l’arrière qui joue un rôle pas du tout secondaire dans son look de bad boy…

    Il attrape son déo, il s’en vaporise sous les aisselles, il vaporise copieusement son torse à hauteur de ses pectoraux, avec un geste ample, assuré, tel un Sébastien Loeb dans la fameuse pub qu’on ne voit plus, hélas… il passe son t-shirt noir, il passe un caleçon blanc, un pull gris à capuche, un jean plutôt bien coupé, et il sort de la salle de bain, tout beau tout propre. Dans quelques heures, la fraîcheur de son déo, ainsi que le parfum de son gel pour cheveux viendront flatter mes narines et démultiplier le désir que ce mec suscitera en moi dès que mon regard se posera sur lui. Mais ça c’est une autre histoire, que ni moi ni Kevin ne connaissons d’avance.

    Le mec est vraiment tout près de moi, mes yeux sont aimantés par cette large portion de peau découverte en forme de V au dessous de son cou, ce V fabuleux façonné par son putain de t-shirt scandaleusement échancré que je rêve de lui arracher juste après lui avoir ôté le gilet ridicule du magasin… cette peau sur laquelle les poils bruns ont commencé à repousser a quelque chose de terriblement sensuel à mes yeux… son parfum se dégage de là, de ce bout de peau mate… j’ai envie de plonger mon nez dedans, d’humer son parfum sublimé par la tiédeur de sa peau, j’ai envie de lui caresser les tétons par-dessus le coton fin, de le faire languir, de l’exciter à le rendre fou… juste avant de soulever son t-shirt et de découvrir ses abdos, son nombril, avant d’aller plus loin, plus bas, beaucoup plus bas dans son anatomie…

    Maintenant que je le vois en entier si près de moi, maintenant qu’il est sorti de derrière son comptoir, je mate son jean de marque qui tombe si bien sous son t-shirt noir… je me sens captivé par la jolie bosse que fait sa braguette, je m’attarde sur la boucle de sa ceinture en cuir bien épaisse… je m’imagine déjà en train de défaire tout ça et me retrouver devant une jolie queue bien raide prête à bondir hors d’un sous vêtement bien moulant… j’imagine le bonheur d’avoir en bouche un mec pareil… je me perds dans mes pensées jusqu’à que je me rends compte que quelque chose a changé autour de moi…

    Ce qui a changé c’est que je n’entends plus le son de sa voix… le silence qui en découle est clairement assourdissant et me rappelle à la réalité de façon plutôt abrupte… mon regard passe directement de sa braguette à son regard à lui, le trajet est un peu trop direct et un peu trop rapide, et lorsque mes yeux croisent les siens, j’ai l’impression qu’il s’est rendu compte de mon manège…

    Il me regarde fixement, j’ai l’impression qu’il plisse légèrement ses paupières, qu’il m’interroge, qu’il est en train de se demander si vraiment j’étais en train de mater sa braguette… arffff… et il a encore ce regard intense… ce regard qui transperce dans tous les sens du terme, j’ai l’impression que ce mec transpire le sexe par tous les pores de sa peau, j’ai l’impression qu’il me baise simplement du regard, comme si rien qu’en l’observant je sentais déjà ses coups de reins puissants, son souffle chaud et bestial dans le cou, son animalité déchaînée au service de son plaisir…  

    Je me dis que ce mec est dangereux oui, dangereusement beaux et sexy… le sexe personnifié… un félin, un beau tigre mâle, puissant, mais « élégant », sauvage mais classe… presque diabolique… oui, si le diable existe, c’est comme ça que je l’imagine…

    Je suis carrément sous le charme, mais devant son regard fixe et à son silence prolongé je suis vite mal à l’aise… il faut que je me sorte de cet embarras… vite Nico, vite un truc… t’as rien écouté de ce qu’il racontait au sujet des casques, tu ne sais pas quoi lui répondre, tu vas avoir l’air con, il faut vite changer de stratégie…

    En fait… j’étais en train (de mater ta braguette, le bogoss) de penser… (de penser à quoi à part à sa queue ?) que j’ai besoin… (de te voir à poil… de te prendre dans la bouche !)… j’ai besoin… (de baiser avec toi… arrête Nico, ça a failli t’échapper !)… j’ai besoin…

    Vous avez besoin de quoi, monsieur…

    Ah, cette voix de mec… chaude et profonde, à la vibration puissante. Sa simple question m’a mis la pression : d’autant plus que l’accent qu’il m’a semblé poser sur le mot « quoi » n’a pas manqué de capter mon attention, un accent qui m’autorise à imaginer pendant un instant qu’il pourrait envisager de fournir, à la demande, un « produit ou service » n’apparaissant pas dans l’inventaire du magasin. Fais toi des films, Nico. Surtout que, pour obtenir un produit « hors rayon », faut déjà avoir le cran de oser le demander… et toi, mon Nico, t’es pas vraiment du style à savoir demander ce genre de « produit » qui n’est pas vraiment pas pour tout le monde… comme l’accès à la sexualité du beau vendeur…

    J’ai besoin… (de te sucer…) d’un téléphone…

    Ouf, sauvé par le gong, mon Nico…

    Fixe ou portable ?

    Un smartphone…

    Venez, nous en avons en promo…

    Il se retourne, direction le rayon concerné. Ça y est, je sors de mon apnée… le contact de nos regards est rompu, je déstresse un peu. Il marche devant moi, je lui enjambe le pas, les yeux rivés sur ce cul fabuleux moulé dans ce jean qui semble caresser ses fesses et qui les mets en valeur d’une façon déconcertante. Et puis il y a sa chute d’épaules… j’ai toujours aimé ça, une jolie chute d’épaules chez un beau garçon… et voilà qu’en laissant le regard descendre encore un peu, je me sens happé par la vision d’un dos large, puissant… il a tout pour lui ce petit con… un beau fauve dans toute sa splendeur, dans toute sa puissance …

    Nous y voilà – annonce-t-il en s’arrêtant devant une vaste expo de smartphones – vous avez plusieurs modèles… du plus simple à 50 euros, au plus sophistiqué à près de 700 euros…

    Vous cherchez quoi ?

    (Bonne question, tu ne serais pas déçu de la réponse)…

    Je cherche un smart milieu de gamme, c’est mon premier… jusqu’à là j’avais un portable classique…

    Alors je vous conseille celui-ci ou celui-ci… ce sont des modèles que nous vendons beaucoup en ce moment… la différence entre les deux c’est que…

    Et le voilà reparti sur un speech technique pour me vanter les qualité de tel ou tel modèle… je sais déjà que je vais prendre un smart à 100 euros max, peu importe s’il fait le café le matin ou s’il sait faire cuire un œuf, mais je lui laisse faire son numéro au sujet de plusieurs modèles, tant sa voix m’enchante… et que son parfum entêtant monte à mes narines et me shoote… j’ai toujours été sensible aux parfums de mec… mais je dois dire que depuis Jérém, ce mec est le premier dont l’odeur corporelle me fait autant d’effet…

    Je me montre intéressé pour un modèle qui a l’air assez bien par rapport à mon budget. Il l’attrape, il me le tend, et il a cette phrase magique, dans laquelle j’aurais bien voulu voir une arrière pensée un peu canaille…

    Tenez, vous voulez prendre en main pour essayer…

    Il me fait craquer… (essaie d’utiliser la même formule au sujet de ta queue…).

    Il me passe l’appareil, et au moment de le saisir, voilà que mes doigts effleurent brièvement les siens… ce contact de peau est particulièrement excitant pour moi, la peau de ses doigts est douce, j’ai m’impression que, dans le contact, nos doigts ont fait des étincelles.

    J’ai toujours cette impression quand j’ai la possibilité de rentrer en contact avec les doigts d’un beau garçon, d’un vendeur, d’un caissier, d’un guichetier… je cherche ce contact, je lui tends ma carte bleue, mes espèces, mon papier, je laisse traîner mes doigts, je les pousse au delà du mouvement strictement nécessaire de façon à effleurer les doigts de l’autre, la main de l’autre, de façon à établir ce contact troublant… évidemment, avec une femme on un homme pour lequel je n’éprouve aucune attirance, je sais très bien maîtriser mes mouvements pour éviter le contact… mais avec un beau garçon…

    Je suis encore perdu dans mes réflexions quand je m’entends demander :

    Qu’est ce que vous en pensez, monsieur ?

    Qu’est ce que j’en pense ?

    Du téléphone…

    Oui, du téléphone…

    (pas de toi, évidemment, évidemment, si tu t’aventurais à poser la question dans ce sens là, tu verras, là encore tu ne seras pas déçu de la réponse…).

    Nos regards se croisent, je n’arrive toujours pas à soutenir la puissance aveuglante du sien.

    Je pense que je voudrais en voir un autre…

    Il tend la main vers moi pour récupérer le premier… je lui rends, et nos doigts se touchent à nouveau. Nouvelles étincelles… Lui il a l’air comme si de rien n’était… (putain, mais il n’y a qu’à moi que ça me fait cet effet ? Il n’a rien ressenti ce petit con ?).

    Vous voudriez voir lequel ?

    Celui-ci…

    Il est un peu plus cher…

    Ca ne fait rien…

    Il décroche l’appareil de son support et il me le tend. Mes doigts glissent sur le flanc du petit boîtier et finissent  par effleurer la peau de sa paume… d’un coup je me sens gêné… je n’ai pas fait exprès et ce contact inattendu me trouble… je ne suis pas sans savoir que pour beaucoup de monde, le geste de caresser le creux d’une main par le bout de ses doigts, n’a d’autre signification que « j’ai envie de toi »… franchement je kiffe à mort, c'est troublant ces premiers contacts, les plus intenses…

    Je suis troublé et ma main a une réaction involontaire, comme pour se dégager de cette situation embarrassante, un geste qui lui fait heurter l’arrière du téléphone et le décrocher de la prise de Kevin : le téléphone tombe et c’est grâce à la rapidité et à la souplesse du jeune tigre qu’il ne s’écrase pas sur le carrelage du magasin…

    Je suis désolé, je suis tellement maladroit, je suis confus…

    C’est pas grave – répond Kevin, alors que l’expression de son visage semble montrer une certaine vexation. Je le regarde, cherchant à comprendre s’il est vraiment contrarié. Il me regarde à son tour. Cette fois-ci je décide de ne rien lâcher. J’ai envie de lui faire du bon rentre dedans. Je n’ai rien à perdre. Je soutiens son regard et il soutient le mien. Je sais que à ce jeu là je n’ai aucune chance, d’autant plus que, si je tente vraiment de gagner, je prends un gros risque de mettre le mec en pétard…  

    Il me fait toujours un peu peur, j’ai vraiment l’impression qu’il peut démarrer au quart de tour, mais au vu de la situation, je décide de tenter coup. Ca passe ou ça casse.  

    Le mec est sur son lieu de travail, il y a d’autres clients qui se baladent dans le magasin, sa collègue est au comptoir… alors je me lance.

    En fait je ne cherche ni de casque ni de téléphone…  

    Comment ça…

    Je suis juste passé pour vous voir…

    Moi ?

    Je suis venu dans ce magasin il y a quelque temps avec ma cousine pour acheter un ordinateur mais on a eu affaire avec votre collègue…

    Et donc ?

    Pendant que ma cousine choisissait son ordi, je vous ai repéré…

    Et donc ?

    J’avais envie de vous revoir…

    Pour quoi faire ?

    Juste pour vous dire que je trouve que vous êtes le mec le plus sexy que j’ai vu depuis longtemps…

    (Ouahhhh putain c’est gonflé, Nico… je n’arrive même pas à croire que ces mots sont sortis de ta bouche).

    Pardon ?

    La météo de son regard est en train de passer à l’orage. Les nuages s’amoncellent à l’horizon.

    Oui, je pense que vous êtes terriblement sexy…

    Ne me cherche pas, t’as compris… ?

    Ça y est, il est passé au tutoiement. Un hétéro inconnu que vous abordez pour lui faire du rentre dedans direct et qui passe au tutoiement, c’est un mec qui est en train de chauffer. Il me fusille du regard. Alerte maximale, Nico. Fais gaffe à toi… mais qu’est ce que c’est sexy un beau mec en rogne…

    Je ne vous cherche pas, je dis juste que vous m’avez l’air d’un bomec qui a ce qu’il faut dans son caleçon…

    Je ne suis pas ce genre de mec…

    Je ne sais pas quel genre de mec vous êtes, je dis juste que vous êtes très sexy… et que quand je vous regarde j’ai envie de vous faire tout ce dont vous vous auriez envie… vraiment tout…

    Son regard ne fusille plus. Il fulmine. Il est si noir, si hostile, on dirait le ciel chargé juste avant un orage d’été. Plus qu’un orage. Une tornade. Je sens que d’un instant à l’autre ça pourrait commencer à tomber. Dru et violent. A arracher des toitures. Instinctivement, je recule d’un demi pas.

    Si je ne bossais pas, je t’aurais déjà mis ma main dans la gueule…

    (Bien vu le demi pas en arrière, Nico).

    Oui, mais vous ne le ferez pas…

    Essaye donc pour voir…

    Vous ne le ferez pas… et pas parce qu’on est ici, pas parce qu’il y a du monde…

    Ah oui, comment ça ?

    Vous ne le ferez pas, parce que ce que je vous dis ça vous fait plaisir…

    Tu devrais vraiment arrêter tes conneries, mec…

    Je vois ses poings se serrer au bout des bras qu’il tient, raidis, le long de son torse. Je l’ai déjà dit, mais vraiment j’ai toujours trouvé sexy un beau mec en pétard. Mais là je vais trop loin… là je fais du hors piste en période de dégel. Faudra pas s’étonner si l’accident arrive. Mais il me plait trop ce type… j’ai envie de le chauffer… putain… j’ai envie de me le taper…

    Si vous êtes le mec que je pense, aussi bien dans ses baskets que dans son caleçon, vous ne pouvez qu’être flatté que je vous dis que vous êtes sexy…

    (Là, Nico, tu es suicidaire. Carrément. Vraiment, je ne te reconnais plus).

    Tires-toi, mec, avant que je m’énerve vraiment…

    Tiens, sa réplique me fait penser à une réplique de mon beau quand il était vraiment fâché contre moi… je déteste ces mots… « tire toi, mec »…

    Oui, je vais y aller… mais je pense que ce que je vais te proposer avant ça va te plaire…

    Quoi donc ?

    Une pipe ça ne se refuse jamais, c’est bien ça que vous dites entre vous, les mecs ?

    Je te dis que je ne suis pas pd…

    Mais je ne l’ai pas dit non plus… tu es à mes yeux tout ce qu’il y a de plus mec… je dis juste que j’ai envie de te faire la pipe de ta vie…

    Vas-y… dégage avant que je t’en mette une dans la figure…

    « Dégage » c’est encore pire. Il me regarde avec mépris, presque avec dégoût. Pendant une seconde, je me sens pire qu’une merde. Mais à ce stade je me suis trop avancé pour reculer, alors je fais appel à toutes mes forces pour garder une contenance. Le moyen pour y arriver : le culot ! encore plus de culot…

    Si tu veux cogner… je suis partant… mais fais-le avec ta queue…

    Il avance vers moi, je recule encore… il s’arrête, le visage empourpré par la colère…

    C’est avec fermeté mais avec prudence qu’il convient de tenter d’apprivoiser un fauve. L’aventure avec le petit chauffagiste il y a quelques semaines m’a donné de l’assurance. Certes, Pierre, était un genre de gibier bien plus facile à apprivoiser que le Kevin. Ici le challenge est de taille. Je me lance le défi de faire capituler un mec aussi bourrin. Je me sens pousser des ailes. J'ose.

    Allez, j'ai juste envie de te sucer, de te faire jouir comme tu le voudras…

    Il me regarde fixement dans les yeux, je sens sa férocité monter en pression… eh ouais, il faut admettre que c’est pour exactement les mêmes raisons qu’il semble dangereux, qu’il est aussi furieusement, scandaleusement, odieusement excitant…

    J’ai l’impression qu’il est à deux doigts de charger… au delà de mon bluff, je sais bien que le seul truc qui le retient de me cogner c’est que le magasin est de plus en plus rempli… alors je me décide à porter l’estocade finale :

    Je vais être clair… tu seras le seul mec aux commandes, tu me demandes ce que tu veux et je te le fais… ou je me le laisse faire… surtout des trucs que les filles n’ont pas forcement envie de faire… il y a bien des trucs qui te trottent dans la tête…

    Il me toise avec un regard où je vois à la fois, de la colère, du dédain et du mépris… et peut-être un brin de surprise et de curiosité…

    Alors la, putain c’est chaud mon Nico…

    J'ai l'air d'un pd… moi ? – il me balance à brûle-pourpoint.
    C’est justement parce que tu n’as pas l’air d’un pd que tu me fais envie…

    Tu joues à quoi ?

    Mais je te l’ai dit, je ne te veux aucun mal, je veux juste te sucer… il n’y a pas de quoi en faire tout un flan…

    Arrête ça je t’ai dit...
    J'ai envie de te faire jouir… - j’insiste en appuyant mes mots avec un léger sourire ; il me faut dédramatiser l’enjeu, et j’ai besoin de me donner une contenance. Il ne faut pas que le fauve voit ma peur, sinon je suis foutu ; j’enchaîne – tu finis à quelle heure ?

    C’est le jour ou Nico fait péter les barrières…

    Ca ne te regarde pas…

    Je trouve que c’est un gâchis sans nom qu’un mec comme toi ait vécu quoi… trente, trente-cinq ans sans connaître le plaisir avec un mec… il est vraiment temps que tu saches ce que tu as manqué jusqu’à aujourd’hui…

    (Oui, je me dis ça de chaque mec hétéro qui me plait, comme s’il n’existait pas de nana qui savent faire jouir un beau mec comme il convient, ce qui doit certainement être faux… mais bon, j’aime à me rassurer de cette façon là… et puis, quand on veut obtenir un suffrage favorable, il faut bien promettre des choses dont on n’est vraiment pas sûr de pouvoir tenir...)…

    Je décide de tenter le tout pour tout. Au point que j’en suis… je relâche mes yeux, je les envoie se balader sans retenue, au casse-pipe, je les laisse libres de toiser ce magnifique spécimen, libres de le reluquer à leur guise, à leur faim, libres d’exprimer toute la coquinerie que ce mec, que cette situation et ma proposition effrontée m’inspirent ; je regarde fixement braguette, je m’attardé sur le V de son t-shirt, sur sa chute d’épaules, et encore sa braguette, encore et toujours sa braguette… en faisant des aller retour rapides et incessant avec ses yeux le chauffer… j’hume son parfum, et ça me rends dingue…

    Je relève mon regard et je rencontre le sien qui me semble remonter de sa propre braguette. J’ai regardé si fixement qu’il a du se demander pourquoi. Est-ce qu’elle est ouverte ? Bah, non, mon grand, pas ouverte, mais j’ai l’impression qu’elle est de mieux en mieux remplie… est-ce l’effet de mon rentre-dedans ? Il a l’air gêné à son tour et un brin désarçonné…

    Putain, qu’est-ce que tu sens bon en plus – je finis par lâcher, les sens ravis, ivre de lui.

    Il me regarde toujours fixement mais quelque chose semble être parti dans son intransigeance, comme si les nuages étaient en train de se dissiper et qu’un rayon de lumière allait bientôt trouver le moyen de pointer le bout de son nez. Ai-je touché une corde sensible ? Est-ce que l’un de mes arguments ont fait mouche ? Va savoir…

    En tout cas, je ne vais pas surenchérir, je vais la jouer « mec qui a envie sans plus ». J’ai envie de le laisser mijoter un peu.  

    Ecoute, mec… je ne vais pas te forcer, ni te supplier… si t’as pas envie, t’as pas envie, tant pis pour toi…

    Sans attendre sa réponse, je fais demi-tour et je me dirige d’un pas décidé direction la sortie du magasin vers la galerie marchande… je n’ai pas fait trois pas que j’entends sa voix.

    Eh, toi… reviens là…

    J’adore le ton qu’il a mis dans ses mots. Ça ressemble à un ordre. Je stoppe net. Je me retourne. Son regard noir a laissé place à un regard sensuel, viril, puissant. Avec un geste rapide de la tête, il me fait signe d’approcher. Je m’exécute, docile devant mon maître. J’ai l’impression que le jeu est amorcé.

    J’ai une pause dans 20 minutes… à moins le quart va aux chiottes à cotés de la sortie 3 et enferme toi dans les wc handicapés… je taperai à la porte…

    Entendu – je m’entends lui répondre. Je ne m’attarde pas, au cas où il change d’avis…  

    Je suis à nouveau en train de faire demi tour que j’entends une nouvelle fois sa voix dans mon dos.

    Eh, toi…

    Quoi ?

    T’as intérêt à assurer…

    Je suis même plutôt bon, on me le dit assez souvent…

    Tu met la barre haute, Nico, depuis quand es-tu si sûr de toi ? Depuis le petit chauffagiste ?

    Je passe les quelques minutes avant le rancard à prendre un café et à lire la Dépêche du Midi qui gît déjà froissée sur la table où je me suis installé. Je regarde plusieurs fois ma montre.

    Je serai au rendez-vous pile à l’heure. Je m’enferme dans les toilettes. J’ai le cœur qui bat à dix mille à l’heure… j’ai le soufflé coupé… je n’arrive pas à croire que je vais me taper ce mec… je me prends à imaginer qu’il va se dégonfler, qu’il va me poser un lapin…

    Au bout d’un moment, mes narines finissent par me ramener les odeurs mélangées d’urine et de javel typiques de ce genre de lieux… et là je suis scotché… transporté… c’est pas banal, faut l’admettre, que des odeurs de toilettes puissent assurer la fonction de « madeleine de Proust », ce sera pourtant le cas pour moi ce jour là… cet odeur me hante depuis longtemps, à chaque fois que je me rends dans une toilette publique pour soulager ma vessie… à chaque fois ça me rappelle un plan avec Jérém dans les chiottes du lycée… une de nos premières baises, une des plus chaudes… quel souvenir que cette bonne sauterie entre midi et deux, entre deux cours, Jérém qui me prend direct par derrière, moi plié au dessus du wc, Jérém qui jouit en moi et qui se tire juste après sans un mot…

    Sacré Jérém, j’ai le souvenir d’une baise bien corsée, le souvenir de l’avoir senti en moi durant tout l’après-midi en cours, pendant que je le matais assis devant moi dans son beau t-shirt blanc moulant, le souvenir de n’avoir pu débander qu’une fois m’être branlé chez moi après les cours…

    Aujourd’hui l’attente me semble longue comme cette fois là… je ferme les yeux, je replonge dans ce moment vieux de quatorze ans… c’est comme si j’avais à nouveau 18 ans et j’étais à quelque semaines du bac… j’ai presque l’impression que c’est Jérém qui va taper à la porte et qui va venir me baiser… et c’est pile à ce moment là que j’entends trois petits coups portés sur la porte en plastique… je ressorts en sursaut de mon souvenir…

    Je rouvre les yeux… je débloque le loquet, je me range derrière la porte… au fond de moi j’espère toujours que c’est Jérém… mais non, on est bien en 2015, les enceintes au dessus des lavabos diffusent « Sugar » de Maroon 5… et c’est bien le beau et sexy Kevin qui passe la porte et qui la referme derrière lui. C’est pas Jérém, certes, mais c’est plutôt pas mal…

    Il est debout devant moi, appuyé à la cloison carrelée. Je m’approche de lui. J’ai envie de poser mes lèvres sur la peau dans le V de son t-shirt. Putain qu’il sent bon ce petit con.

    Le volume de la musique est assez haut, on peut parler discrètement sans peur d’être entendu…

    Je n’ai que dix minutes – il me lance – fous toi à genoux et viens me sucer…

    Et ce disant, il ôte le gilet qu’il laisse atterrir au sol, découvrant ainsi son t-shirt noir bien moulant, laissant deviner un torse superbe… rien qu’à travers le t-shirt on se rend compte qu’il est dessiné… le coton fin épouse le relief de ses pectoraux alors que ses tétons pointent de façon plutôt saillante… il défait sa ceinture, déboutonne sa braguette…

    Il a les idées claires et bien arrêtées le mec. Il sait ce qu’il veut. J’adore. Je m’exécute et ma tête est déjà à hauteur du centre de son corps… il baisse un peu son jean et me plaque la tête contre sa bosse. Il me fait renifler son caleçon, je kiffe son odeur…

    Ca dure un petit moment, ses mains exercent une pression assez forte sur ma tête, mon nez et ma bouche s’écrasent contre le tissu de son caleçon, contre cette queue qui est en train de prendre de l’ampleur… je la sens gonfler près de ma bouche, je commence à remuer mes lèvres, j’ai envie de sortir le bout de ma langue pour lécher son gland à travers le tissu… mais le mec appuie encore plus fort, rendant impossible toute initiative de ma part… voilà un bon mâle dominant, c'est lui qui mène la parade.. c'est tellement bon de se soumettre, de faire plaisir au un beau mâle, mon plaisir est dans son plaisir et sa jouissance à venir…

    Sa queue est déjà bien raide quand il relâche sa pression et qu’avec sa main il éloigne ma tête d’un geste rapide et presque dédaigneux. Il baisse son caleçon, il dégage son engin…  je kiffe sa queue, une belle bite droite comme je les aime… sans autre forme de procès, il me la met directement en bouche en me disant :

    « Bouffe bien ma queue, petite pute ».

    J’avale son manche goulûment, jusqu’à le faire disparaître presque entièrement…

    « Oui… vas y comme ça, salope… ».

    Et là il me baise carrément la bouche. Pendant que ses mains se portent sur ma nuque pour la maintenir et décupler l’efficacité de ses coups de reins, j'ose aller lui titille les tétons… il a l'air d'apprécier… il me traite de salope, de petite pute, je kiffe… ça m’excite encore plus et je caresse ses tétons avec encore plus de sensualité… ses coups de reins prennent encore plus de vigueur… j’adore voir un mec prendre son pied, plus il en prend, plus j’ai envie de lui en donner… c’est une spirale… vertueuse…

    Et puis à un moment il dégage ses mains de ma tête, il ralentit les oscillations de son bassin jusqu’à s’arrêter. Il arrête de baiser ma bouche. Il veut que je le suce. Je m’y mets avec un plaisir que j’aurais du mal à cacher… j’adore ce mec, ce mâle, j’ai vraiment envie de lui faire plaisir… je m’attarde sur son gland, j’enroule ma langue dans tous les sens, je mouille copieusement son gland et là encore le mec n’a vraiment pas l’air dégoûté… fallait essayer, mon grand, pour découvrir que la bouche d'un mec c'est pas si degueux que ça, c'est même plutôt bon!

    J’ai envie de croiser son regard pendant qu’il prend son pied… alors je dégage provisoirement ma bouche de sa bite tout en continuant à le branler, et là je lui dis…

    « T’es vraiment bien foutu... ».

    Il me répond « Ta gueule, je suis pas là pour du love... suce ! ». J’adore ce genre de sens de la réplique dans ces moments là. Je me remets alors à le sucer, avec de plus en plus d’entrain… pendant que je m’applique à son plaisir de mec, voilà que Kevin décide de se mettre à l’aise, me faisant par la même occasion un cadeau que je commençais à désespérer de pouvoir obtenir…

    D’un geste rapide et presque inconscient, il relève l’avant du t-shirt et le fait pivoter derrière la tête, calé derrière le cou, autour des épaules qui resteront ainsi couvertes… bien dommage… son torse est ainsi dégagé et en levant un peu les yeux je peux enfin mater ce torse qui m’a tant fait fantasmer… d’abord sa chute de reins, à couper le souffle ; par ailleurs, la ligne de poils entre le nombril et le sexe que j’avais imaginée, elle est bien là… et là, il faut bien l’admettre, ce n’est plus beau a pleurer, c’est beau a mourir… là, vraiment, j’ai chaud…

    Je lève un peu plus le regard et là, surprise… voilà la solution de l’énigme irrésolu de son mystérieux tatouage… le dessin torsadé aux motifs tribaux descend de son cou et bifurque à hauteur de sa clavicule, d’une part vers son épaule, ce qui donne le bout visible sortant de sa manchette, et d’autre part vers son téton… alors là, c’est carrément à tomber… c’est sexy un tatouage fin et isolé sur la peau d’un beau mec… un seul tatouage, bien entendu, et non pas la l’overdose graphique à la mode ces derniers temps chez les jeunes mecs, une mauvaise mode qui est de nature à gâcher le plaisir de mater un beau torse…

    C’est bien ça que tu voulais, salope, sucer une bonne queue…

    Ses mots me font vibrer, son coté macho et dominateur, tout ce que j’aime… je le suce avec de plus en plus d’enthousiasme… mais ce n’est pas ça qu’il attend le mec… une seconde plus tard, à mon grand étonnement, il m’attrape par les cheveux, il m’arrache sa bite de la bouche, il ramène violemment ma tête en arrière et me demande à nouveau, excité, énervé, agressif…

    Je t’ai posé une question, espèce de pute… c’est bien ça que tu voulais… sucer une bonne queue… réponds quand on te pose une question…

    Le fauve sort ses griffes, c’est impressionnant… c’est excitant… j’adore… je suis complètement dominé par ce mec. Je ne peux que me soumettre un peu plus à sa volonté, à ses ordres.

    Oui, c’est ça que je voulais… j’adore ta queue… tu me fais un effet de dingue… j’ai trop envie de te sucer, de te faire jouir…

    Je me doutais que t’étais une bonne salope… mais là t’es pire que ce que j’imaginais…

    Et moi, ce que je ne me doutais pas en revanche, c’est qu’il prenne à nouveau ma tête entre ses mains pour m’obliger a avaler sa queue de plus en plus profondément… ça va, j'encaisse bien, malgré un haut le cœur… elle est trop grande pour que je puisse toute l’avaler, alors le mec insiste avec sa main sur ma tête… sa pression est tellement forte que je sens son gland glisser encore et forcer le passage de ma gorge et s’insinuer dedans… c’est d’abord un peu douloureux, mais ça finit par devenir tellement excitant…

    Qu’est-ce qu’il y a, salope ? Tu n’arrives pas à toute l’avaler ?

    Ça encore, on dirait des mots de Jérém à l’époque de nos révisions avant le bac ou pendant l’été suivant… si macho, si fier de sa queue… bandant…

    Et là, juste avant que je commence à m’étouffer, il sort son manche de ma bouche et me lance :  

    « Lève toi, bouge ton cul, descend ton culbute… ».  

    J’ai tout juste le temps de m’exécuter, j’ai tout juste baissé mon jean et mon boxer, qu’il me retourne face au mur et, sans prévenir, il plonge direct son pieu dans ma raie ; le mec avance à coup sur, sans se tromper d’un poil ; avec sa queue à tête chercheuse à guidage GPS, il s’enfonce en moi en me collant contre le mur…  

    Sa queue est certes copieusement enduite de ma salive, mais mon ti trou n’est pas préparé du tout, alors je ressens d’abord une douleur aigue… je serre les dents, en attendant que ça passe…

    Il me dit « Quel trou de pute, t'es vraiment une salope… t’as du prendre de sacrées bites pour avoir un trou si accueillant... il me fait comme une clé de bras, il me bloque les bras derrière mon dos, me fait cambrer le cul et il me bloque, je ne peux plus bouger…

    Il m’a pris tellement vite, tellement par surprise que je ne l'ai pas vu venir... sur le coup, je suis tout à gérer ma douleur et ce n’est qu’au bout de 30 secondes que je réalise qu'il n’a pas mis de capote et lui fais remarquer…

    Il me dit « T’inquiète pas, je suis clean, j’ai une nana… ». Comme si ce détail était une garantie en soi.  Bref, petit coup de flippe, mais je suis tellement excité que je me laisse faire…

    Il reste calé au fond de moi sans bouger pendant de longues secondes... il commence ensuite ses va et vient, j ai un peu mal car je suis quand même encore assez serré… je me contracte, je gigote, j’incline mon buste pour tenter d’évacuer la douleur qui me lance toujours dans mon bas ventre… ça ne devait pas lui convenir car il finit rapidement par me lancer :

    « Relève toi salope ! ».

    Trop centré sur la gestion de ma douleur, je ne réalise pas sur le coup. Comme il ne se passe rien de mon côté, le mec sort de moi, il relâche mes bras pour dégager ses mains, il saisit mes épaules, il relève mon buste et me pousse à nouveau assez brutalement contre le mur. Mon visage va heurter la faïence, j’ai un peu mal au nez mais ça va, j’adore me faire bousculer par ce mâle en rut. Je sens ses mains baisser un peu plus mon jean et mon boxer.

    Il me dit : « Cambre toi bien, salope » et, ce disant, il m'écarte les jambes comme un dingue… j’ai l’impression que mon jean baissé sur mes genoux va craquer…

    D’un coup sec et toujours aussi bien visé, il replonge sa queue au fond de mon cul ; il m'arrache un petit cri étouffé et me dit :

    «T’aime ça salope, tu l’aimes ma queue dans ton cul, cambre-toi, je te dis, cambre-toi bien, salope… ».

    Je m’exécute. Apparemment il kiffe mon cul et moi je kiffe sa queue et son corps.

    C’est ça que tu cherchais, dis-le… pas de casque, pas de téléphone, juste un bon coup de queue dans ton cul de pute…

    Je suis trop excité je surkiffe. J’adore sa sommation de me soumettre à sa virilité… j’ai vraiment envie d’être sa pute…

    Oui, c’est ça, c’est tout ce que je cherchais… et je suis tombé sur le bon mec, avec une queue d’enfer…

    Elle te plait ma queue, hein ?

    Putain qu’elle me plait… j’aimerais en avoir une comme la tienne…

    Tu aimerais l’avoir dans le cul, oui…

    Ah, ça oui… elle est trop bonne…

    Quelle pute tu fais…

    Il sort de moi et un instant plus tard il rentre à nouveau sa queue pour la ressortir aussi sec… putain que c’est bon… il recommence son manège à plusieurs reprises, me rentrer sa queue et la sortir vite fait, il me fait languir… son parfum, ses couilles qui frappent les miennes… je suis dans un état second… je ne suis plus moi, je suis une pure salope, c’est lui qui me rends aussi dingue… j’en peu plus et là je lui dis :

    « Défonce moi, putain… »… jamais je n’aurais cru que cette phrase sortirait un jour de ma bouche.

    Il me répond : « Tu veux que je te défonce… c’est bien ce que tu as dit ? ».

    « Oui » je lui réponds « défonce moi bien... ». Non, jamais je ne me serais senti capable de dire et de faire ça... pourtant… ce jour là je n’avais rien à perdre, juste du plaisir à y gagner…

    Et là il rentre sa queue vraiment violemment… ses burnes fouettent mon entrejambes avec lourdeur, je les sens s’écraser contre ma raie pendant que son manche termine sa course au fond de moi… je suis envahi par sa bite, comblé… un instant après, il pose ses mains sur mes épaules, il enserre ses doigts dans une prise ferme, brutale et il commence à me limer comme un dingue, ses coups de reins sont puissants, assénées avec une brutalité dont je me délecte… je ne contrôle plus rien, je sens juste mon cul qui chauffe et qui lui appartient. Je suis vraiment son vide couilles…

    Il me pilonne comme ça pendant quelques minutes, c’est tellement bon que j’en perds la notion du temps. J’ai tout juste remarqué qu’il a mis deux doigts dans ma bouche et qu’il m’oblige à les sucer pendant qu’il me baise. Putain que je kiffe. Je prends vraiment mon pied...

    Une seule ombre au tableau… certes, mon excitation fait que j’ai vraiment envie qu’il se lâche en moi… mais ma raison me taraude l’esprit en me répétant sans cesse que, même s’il a dit qu’il est clean, ce n’est toujours que sa parole, et tu sais bien qu’ils sont assez nombreux les mecs que dans l’action raconteraient n’importe quoi pour jouir… dès lors, je n’arrive pas à m’enlever de la tête l’idée que ce que je suis en train de faire avec un parfait inconnu et une pratique vraiment dangereuse… même s’il ne jouit pas en moi…

    Je ne connais pas ce mec, pas du tout, si ça se trouve, il n’a même pas de copine… et même s’il en a une, peut-être qu’il baise ailleurs parfois, sans capote, avec des nanas qui couchent avec d’autres mecs sans capote… ou alors, pire, peut-être que de temps en temps il va peut-être se soulager avec des putes qui acceptent de baiser avec lui, comme avec d’autres hommes, sans capote pour quelques euros de plus…

    Ces pensées parasitent mon esprit au point que mon plaisir en est même un peu compromis… Kevin est toujours en train de me pilonner avec de coups de reins puissants, ses couilles frappent mes fesses avec une violence intense… c’est vraiment ce côté sauvage qui me fascine, un mec est tout entier a son propre plaisir, déchaîné… j’ai l’impression que d’un coup il laisse s’échapper et s’exprimer tous ses instincts primitifs, qu’il se lâche et se libère comme il n’a sûrement jamais pu le faire avant, comme si des vannes avaient été relâchées, comme s’il avait toujours attendu ça sans jamais se l’avouer ou avoir l’occasion de le faire…

    Parallèlement, je commence à me douter qu’à ce rythme là, vu que les dix minutes doivent être largement dépassées, ça ne va pas tarder à venir… je ressemble mes forces et mes esprits pour trouver le courage d’interrompre cette situation à risque, je suis à deux doigts de reculer mon bassin et de l’avancer par surprise pour me dégager de lui, quand d'un coup je le sens se retirer et m’intimer :

    « A genoux ! ».

    Je m’exécute et une nouvelle fois et il m’enfonce sa queue dans la bouche. Je le suce bien comme il faut, et un instant plus tard il me donne ses boules à lécher, tout en me tenant fermement la tête pour que je puisse rien faire d’autre. Putain que je kiffe...  

    Il lâche ma tête, il me fourre encore sa bite dans la bouche et me dit : « Fais moi jouir, putain ! » et sur ce, il recommence à mettre de bons coups de reins dans ma bouche, tout en bloquant ma tête avec ses deux mains. Ses couilles s’écrasent de plus en plus violemment sur mon menton.

    Hélas, mon plaisir est toujours parasité par ma raison qui avec tout le mal du monde arrive quand même à faire surface et à attirer mon attention au milieu de cette débauche de plaisir… oui, quelques instant plus tôt je m’étais senti soulagé qu’il sorte de mon petit cul avant de jouir, et là je recommence à m’inquiéter qu’il veuille gicler dans ma bouche et m’obliger à avaler… bien sûr, j’ai très envie de ça, mais j’ai également une peur bleue des mst…

    C’est encore lui qui décidera de la suite. C’est lui qui mène le jeu. J’adore quand le mec est aussi dominant. Quand il sait ce qu’il veut. Un instant plus tard il sort sa queue de ma bouche, il me chope par le bras, il m’oblige à me relever en vitesse, il me tourne dos contre le mur, il me pousse violemment contre la faïence froide, il porte une main derrière mes fesses, tout en se branlant avec l’autre main, il décolle mon cul du mur, je suis obligé d’avancer mes pieds pour garder l’équilibre, ce qui fait que mon bassin se retrouve avancé vers l’avant, offert à ses projets de jouissance que je commence à deviner…

    Je le vois se branler vigoureusement, et ce n’est désormais qu’une questions de secondes pour que l’orgasme vienne chahuter ce beau mâle… je relève mon t-shirt car j’ai envie de recevoir son jus sur ma peau… et voilà que ça vient… et c’est beau… ça vient… je le vois sur son visage et dans les spasmes qui secouent son beau physique… je le lis sur ses paupières qui retombent lourdement, sur la sueur qui a commencé à perler sur son front…

    Oui, ça vient… c’est pour maintenant… il jouit… je vois ses lèvres s’ouvrir et laisser s’échapper des expirations puissantes que cette putain de musique m’empêche de capter… je vois sa pomme d’Adam se balader nerveusement de haut en bas et de bas en haut de sa gorge sous l’effet d’une déglutition certainement inconsciente et liée à cet instant de plaisir intense…

    Et voilà qu’il largue un premier jet de foutre chaud qui vient s’abattre pile sur mes couilles, suivi d’une bonne série de jets aussi chauds, aussi copieux, aussi denses… pendant une poignée de secondes, les mec est ailleurs, perdu dans une dimension de jouissance totale, complètement déconnecté… ça ne dure qu’un instant, mais c’est beau, beau à en crever…

    Lorsque ses giclées se tarissent enfin, ma queue est trempée de son jus, mon ventre est parcouru de plusieurs traînées parfumées qui ont fusé jusqu’à mon téton et sur mon t-shirt. J'adore cette odeur, l'odeur du jus de mec, l’émanation du plaisir d’un mec.
    Kevin vient tout juste de jouir et il attrape un bout de pq pour s’essuyer la main et la queue ; il en fait un bouchon qu’il balance sans même regarder en direction de la cuvette : son geste est tellement vite fait que ça cogne contre le rebord et ça retombe parterre, à mes pieds ; sans même y prêter attention, le mec est déjà en train de remonter son caleçon blanc et son jean ; je le regarde boucler sa ceinture, avec le regret qu’il ne me propose pas de lui nettoyer la queue avec ma langue… il fait repasser son t-shirt noir par-dessus la tête… le coton est tellement élastique et moulant qu’il vient se poser sur son torse sans le moindre pli…

    C’est une loi naturelle, un beau mec est toujours à son avantage, rien ne lui empêche d’être d’aplomb… ça c’est bien quelque chose que j’ai toujours trouvé épatant chez les bogoss… non seulement t’as l’impression qu’ils ont toujours des fringues qui les mettent sacrement en valeur, des fringues que les mecs normaux comme moi ne savent même pas où aller dénicher… à croire que le bogoss est livré en kit à la naissance avec toute sa garde-robe de série… mais tout tout leur va comme du sur mesure… le pire c’est lorsque, à contrario, le bogoss a décidé de s’habiller en mode cool décontract à donf… on les voit alors porter des bonnets, des t-shirt ou autres fringues complètement improbables, des trucs, des machins qui ne ressemblent à rien… morale de l’histoire… ils peuvent s’habiller avec un sac à patates, ils sont toujours sexy ; alors que moi, portant le même genre de garde-robe, j’aurais pile l’air d’un clown…

    Fin de réflexion. A méditer.

    Kevin défait le loquet et disparaît sans un mot, sans le moindre regard. Je referme la porte en me disant que c’était sacrement bon sur le coup… au même temps je sens déjà une petite voix se frayer un chemin dans mon esprit et me faire prendre conscience à quel point c’est triste ce genre de plan, lorsque ça prend fin. Tu te sens encore plus seul après ; et, en plus de se sentir humilié, tu te sens un peu honteux et sale...  Encore que je n’ai pas joui. Et c’est sciemment que j’y renonce, préférant garder en moi un peu d’excitation que je ramènerai jusqu’à chez moi, un peu d’excitation capable de me motiver à quitter ce lieu sans que le vide post-coïtal vienne me foutre la cafard.

    Je me nettoie avec du papier toilette ; j’en ai partout, et quand je regarde mon t-shirt, je me rends compte qu’il est taché de son jus : je ressens de la honte à l’idée de sortir des toilettes dans cet état là.

    Soyons clair... j’ai adoré baiser avec Kévin, ce qui vient de se passer était viril, brutal, bestial, le mec était dominant, limite agressif, j’ai vraiment adoré me sentir bousculé par un type pareil, soumis à la seule volonté de son plaisir, de sa queue… j’ai kiffé comme un malade, au point de pouvoir imaginer tout lui donner… oui, avec ce type, dans ce plan, j’étais pile dans mon kiffe, dans mon délire…

    Hélas, une fois le fantasme évacué, lors du retour à la réalité, je me sens seul et perdu. J’ai du mal à assumer mes actes, à accepter le type de mec que je deviens face à un gus viril et dominateur. Oui, devant ce style de mec, je deviens illico sa salope. Son vide-couilles… cette idée me happe et vient angoisser mon esprit… je ne me sens pas bien… mon corps est hanté de partout par le passage de la queue du beau Kevin et je me dis que je me suis trop laissé faire… il faudrait que je sache m’arrêter avant… ce mec m’a rendu vraiment salope…

    Pourtant… est-ce que je fais quelque chose de mal en prenant du bon temps à ma façon, tant que l’autre me suit et prend également son pied dans mes délires, surtout dans la mesure où ses délires à lui se combinent parfaitement aux miens? Est-ce que le fait d’avoir envie de me sentir la salope d’un mec pendant une bonne baise fait de moi quelqu'un de mauvais ? Est-ce que ce rôle doit ternir le reste de ma personnalité, et avant tout l’image que j’ai de moi-même ? Je ne le pense pas… « And, I’m not sorry, it’s human nature » chantait Madonna il y a vingt ans déjà.

    Oui, it’s juste human nature… hélas, j’ai beau penser à ça, j’ai beau me dire que mon attitude face à ce type de mec n’a rien de répréhensible ni de mal… j’ai beau me dire que prendre autant de plaisir des sens ne peut pas être mauvais… au fond je ne peux rien y faire… parfois cette angoisse me happe, et je finis par me dire que je suis en train de descendre plus bas que terre et que dans cette course à la débauche, je vais devenir quelqu’un d’autre, je vais me perdre…

    Simple problème de tristesse post-coïtale, ou incapacité à assumer ce que je suis au fond de moi… à bien regarder, je crois que le problème est bien ailleurs, plutôt lié à mon vécu qu’à des principes dont je fais fi avec une relative facilité…

    Parfois… souvent… tout le temps en fait, à l’aune d’une baise qui s’annonce purement mécanique et sans la moindre trace de chaleur humaine, devant un mec prêt à se déshabiller et à sortir sa queue pour la fourrer d’abord dans ma bouche, devant le genre de plan qui excite pourtant si violemment mon imaginaire érotique, je retrouve en moi, mélangé à l’excitation du moment, un sentiment d’échec, d’humiliation, de régression, de trahison de moi même et de mon passé, de la personne que j’ai été, du garçon amoureux, du garçon aimé que j’ai été, ce garçon qui n’avait pas besoin de se retrouver dans des chiottes pour baiser brutalement avec un bel inconnu juste avant de le regarder se tirer sans un mot, sans un regard…

    Qu’est donc devenu ce garçon ? Est-ce qu’il est devenu ce jeune homme couvert de sperme, ayant un instant plus tôt pris son plaisir en se sentant le trou à bite d’un Kevin ? Un trou parmi d’autres que ce mec pourrait avoir et qu’il aura peut-être après cette première expérience, des trous à qui il n’accordera d’importance qu’en tant que moyen pour atteindre son orgasme? A ce compte là, je me sens aussi important et aimé qu’une capote…

    Oui, cette idée de trahir mon passé et l’amour que j’ai connu dans d’autres moments de ma vie, me taraudera l’esprit au début du plan qui démarre ; dans l’acte, je me prendrai tellement au jeu que je finirai par oublier cette petit voix et par me laisser aller : c’est le pouvoir des sens sur notre esprit, un pouvoir aussi absolu qu’éphémère…

    Mais une fois la tempête des sens dissipée, c'est triste de me dire que le Nico qui se livre ainsi à ses plus bas instincts est définitivement indigne du Nico pour qui il y a longtemps déjà, un garçon nommé Jérém T était le seul but de sa vie. Avoir autant aimé, avoir autant souffert, avoir par moment senti son amour... avoir pris un plaisir fou avec lui, parce que c’était lui et personne d’autre, avoir connu la tendresse avoir été bien avec lui, avoir cru que ce serait possible que tout serait possible, l’avoir cru parfois, dans ces merveilleuses occasions, trop rares à mon goût, quand nos esprits arrivaient à s’accorder… avoir un jour connu le Paradis, en être tombé, et aujourd’hui me perdre en Enfer…

    Lorsqu’on a connu le plaisir avec l'homme qu'on a aimé plus que tout, plus que soi, tout autre plaisir fera in fine pâle figure face à la grandeur déchue et aveuglante ce de Paradis Perdu. Oui, on entend souvent que le plus beau des Paradis est celui que l’on a perdu. Mais il en est un parmi d’autres, encore plus difficile à oublier : l’amour avec le Seul et l’Unique qui n’ait jamais vraiment compté dans notre vie.

    Comment regarder en face mon beau Jérém le jour que je le retrouverai, alors que je sais qu’en rentrant tout à l’heure, je n’oserai pas me regarder moi même dans la glace ?

    Jamais dans ces moments là, quand je regardais mon beau, quand je sentais son regard doux et aimant sur moi, jamais j’aurais imaginé un seul instant avoir un jour besoin de me faire chahuter par un inconnu dans les chiottes d’un centre commercial. Prendre du plaisir à devenir le trou d’un beau mâle… alors qu'un jour j'ai été quelqu'un de spécial pour la seule personne qui n'ait jamais compte dans ma vie… quand le cœur est privé d’amour, le corps prend le dessus et s’enfonce dans la luxure.

    Avec Kevin c’était bon, vraiment un bon coup ; oui, c’était bon… mais pour bon que ça puisse être, ça ne le sera jamais autant que ça l’a été avec mon beau tout au long des années pendant lesquels on s’est côtoyés… non, aucun plan ne pourra jamais être aussi bon que les coucheries avec Jérém, surtout lorsqu’on se retrouvera après s’être perdus, lors de retrouvailles où coucher rimera enfin avec faire l’amour.

     


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    Dimanche soir, 23h58, rue de la Colombette.

     

    Allongé sur son lit en train de se faire sucer, Jérémie ne tarde pas à se rendre compte qu’il va avoir du mal à venir… il est fatigué, il n’a ni la forme ni le moral et rien ne l’excite vraiment dans cette situation…

    Au bout d’un moment, il se dégage de sa bouche, il ouvre le tiroir de la table de chevet, il attrape une capote, il l’enfile… un instant plus tard, sa queue glisse entre ses cuisses…

    Jérémie commence ses allers retours… il est tendu, il bande dur mais il ne prend pas vraiment son pied, il est pressé d’arriver au bout, il est en nage, il est essoufflé, ce n’est presque pas agréable, c’est mécanique… le cœur n’y est pas… l’angoisse commence à s’emparer de lui, l’angoisse de ne pas y arriver, pire d’avoir une panne… il ferme les yeux, il part ailleurs… et c’est en pensant à quelqu’un d’autre que Jérémie arrive enfin à jouir en ce dimanche soir…

     

    Petit retour en arrière, dimanche matin, 7h50, rue de la Colombette.  

     

    Pendant que Nico subit le contrecoup d’un réveil marqué par un retour à la réalité un peu brutal, nous retrouvons Jérémie dans sa salle de bain, nu, les mains posées sur les rebords de la vasque du lavabo, sa chaînette pendouillant au dessus du robinet, se regardant dans le miroir, impatient d’entendre la porte d’entrée claquer, marquant ainsi le départ de Nico. 

    Oui, Nico vient de connaître un dimanche matin difficile : c’est à cause de la réaction inattendue et plutôt virulente de Jérém suite à des gestes de tendresse qu’il croyait les bienvenus après la nuit magique qu’il venait de passer à ses cotés. Hélas, il faut croire que bien souvent la nuit et le matin ne sont pas pétri de la même pâte. 

    Le beau brun frémit, ses mains tremblent, son visage empourpré porte les traces de son emportement, son corps sculpté a du mal à tenir en place et à ne pas se laisser aller à des gestes violents pour évacuer la colère qui est en lui ; il a envie de cogner, de se défouler… il finit par détourner son regard de la glace, sa propre image lui étant insupportable… il n’aime pas le type qu’il voit dans le miroir, il n’aime pas ce qu’il voit dans son regard… de l’agressivité, presque de la haine… il est en colère, il l’est contre Nico, il l’est contre lui même…  

    Jérémie a l’impression que sa vie lui échappe des mains… « qu’est ce qu’il est en train de me faire ce con de Nico ? Pourquoi a-t-il besoin toujours de me tripoter de partout? ». 

    Jérémie n’était certainement pas contre une petite pipe ce matin…  

    « Mais ses mains… elles sont allées trop loin ses mains… il m’a foutu une colère… et c’est normal que je sois en colère… je ne veux pas me laisser caresser par un mec, même par Nico… je ne suis pas pd…»…  

    Jérémie ressent en lui un mélange de sentiments explosifs et contradictoires, il se sent déchiré, tour à tour sûr de lui, de ce qu’il est, de ce qu’il veut ; un instant plus tard il se sent perdu, sa mauvaise foi lui pète à la figure, il la déteste, il s’y accroche, il se raconte des histoires en étant bien conscient de s’en raconter…  

    Jérém est sur les nerfs, Jérém est aux aguets… il attend toujours le claquement de la porte d’entrée… pendant un instant il redoute que Nico puisse faire demi tour et le rejoindre dans la salle de bain… l’idée d’un Nico planté au milieu de sa chambre, hésitant à venir quémander une fois de plus une tendresse qu’il ne saurait pas lui donner, lui apparaît comme insupportable… dans sa tête c’est le gros bordel, ça cogne dans sa tête, il a l’impression que ses tempes vont exploser…Jérémie a par-dessus tout envie de se retrouver seul… 

    « Qu’est ce qu’il attend pour dégager? Je vais y retourner et je vais le foutre dehors encore plus méchamment… il va comprendre, le con…»…  

    Jérémie sent une colère de plus en plus grande monter en lui, l’aveugler… il est sur le point de bondir hors de la salle de bain quand il entend enfin le bruit de la serrure accompagné du bruit de la porte qui se referme. La porte n’a pas claqué. Elle a été refermé lentement. Il tend une nouvelle fois l’oreille. Pas de bruit dans la chambre. Nico est parti, il ne viendra plus le faire chier ce matin là. Jérémie est soulagé. Il ferme les yeux, il prend une inspiration profonde. Il souffle. Tétanisé par sa rage, il n’a toujours pas bougé de sa position en appui sur les rebords de la vasque du lavabo. Il remue la tête, il essaye de se débarrasser des pensées qui s’accrochent à son esprit troublé… il ouvre l’eau et se rince le visage plusieurs fois à l’eau froide… 

    Il reste un long moment à regarder dans la glace, comme dans le vide, le visage ruisselant, les cheveux en bataille, essayant d’évacuer tout ce bazar de sa tête. Il sent la fatigue le rattraper, il est tenté d’aller se recoucher illico mais son corps tendu lui réclame une douche. Il fait couler l’eau et il rentre dans la cabine dès que la température lui paraît agréable.  

    L’eau coule sur sa tête et sur ses épaules, glisse tout au long de son corps, de ses muscles, de sa peau, comme une caresse, apaisante, revigorante. Hélas, ses tensions ne semblent pas vouloir se relâcher si facilement, son esprit est toujours chahuté par des sentiments troublants…

    Après une nuit trop courte, le réveil est souvent difficile… et ce n’est par forcement le choc du passage prématuré de l’état de sommeil à celui de veille qui pose le plus souci : le réveil le plus difficile à assumer, le plus dur à appréhender est le réveil des illusions, de celles qu’on a l’impression d’avoir données autant que de celles qu’on se serait crées tout seul… c’est le genre de réveil le plus dur qui soit, celui qui est souvent assorti d’une bonne douche froide…  

    Oui, quand on ne prête pas gare au mélange et à l’équilibre des éléments, quand on ne prépare pas suffisamment le moment avant de passer sous l’eau, la douche du matin peut se révéler glaciale. Elle l’avait été pour Nico. Il aura beau tourner à fond le robinet de l’eau chaude, elle ne le sera pas moins pour Jérémie. 

    Toujours d’humeur plutôt massacrante, il retrouvera son lit juste après, pour ne le quitter qu’autour de midi, juste à temps pour manger un bout, avant de se rendre au match de l’après-midi. Vers deux heures il retrouvera Thibault et ses autres coéquipiers pour l’une des dernières compétitions du tournoi. Jérémie transformera deux essais et son équipe gagnera la rencontre haut la main.

    C’est ainsi que pendant quelques heures, Jérémie trouvera le moyen de s’éloigner du malaise et de la colère du matin et qu’il aura l’impression que tout cela est derrière lui et que plus jamais il ne se trouvera dans un tel état d’esprit… la boisson aidant, entouré de ses potes, de leurs blagues, de leur façon d’être ensemble, entouré de cette convivialité qu’il connaissait par cœur et à laquelle il essayait de participer comme toujours ; l’espace d’un après-midi, enveloppé par cette camaraderie, par cette complicité entre potes qui avaient le don de le faire presque sentir « en famille », Jérém aura l’illusion presque parfaite qu’il était le Jérém de toujours, le Jérém qui contrôlait sa vie et qui était bien dans ses baskets, le Jérém qui se suffisait à lui même, qui ne se posait jamais de questions, le Jérém pour qui il n’y avait que trois buts dans la vie… les potes, le rugby, les meufs… bref, le Jérém que tout le monde connaissait, le Jérém qui était un vrai mec qui ne se fait pas emmerder par qui que ce soit, même pas par une nana…

    … et certainement pas le Jérém tourmenté et sans couilles qui se met à angoisser dans les bras d’un pd… à bannir, celui-là !

    Une fois cette idée chassée de son esprit, la troisième bière faisant des miracles, Jérém ne pensera plus à sa colère du matin, se berçant dans l’illusion que tout reprendrait son cours, que le fait de reprendre en main les commandes de sa vie était certes urgent, mais définitivement à sa portée…

    Dans la tête de Jérémie, l’illusion était presque parfaite : hélas, une illusion n’est jamais une réalité, elle est fragile ; il suffit d’un élément discordant, pour insignifiant qu’il soit, pour dissiper la plus belle et la plus soignée d’entre elles… Le rappel à la réalité se fera pendant la troisième mi temps : lorsque, au détour d’une conversation entre deux bières, Thibault lui demandera :

    Ça s’est bien passé le retour de l’Esmeralda… avec Nico… ?

    Question étrange venant de Thibault… question que Jérémie esquivera d’un revers de main non sans éprouver et laisser transparaître un certain embarras… question qui aura le pouvoir de replonger directement le beau brun dans le même état d’esprit du matin… de le faire repenser à Nico, à la nuit précédente, à la haine qu’il avait ressentie au réveil ; oui, la question de Thibault aura le pouvoir de lui ôter toute envie de faire la fête…

    Jérémie a désormais envie de se retrouver seul… eh, oui, très difficile de faire face à ses tourments, de devoir faire semblant, de faire croire que tout va bien alors qu'à l'intérieur tout va mal, alors que les questions s’emmêlent dans la tête, et que ça nous est impossible d’y donner des réponses claires... 

    Ainsi, prétextant un besoin de repos pour le bac du lendemain, il quittera ses potes aux alentours de 20h30. Il sera chez lui à 20h50. Il reprendra une douche et il s’affalera sur le canapé devant la télé. Il zappera en boucle sur les cinq chaînes existantes, regrettant de ne pas avoir pris l’abonnement à Canal. Il regardera le bazar dans sa chambre, ça ne lui donnera pas envie de s’y mettre. Il regardera ses cahiers de notes en vrac. Ça non plus ça ne lui donnera pas envie… de toute façon le bac c’est demain et pour les révisions c’est foutu…

    Oui, les révisions… le révisions avec Nico… sacrées révisions… décidemment, tout le ramène à ce con de Nico… et à sa colère…

    « Pourquoi ai-je prouvé tant de colère ce matin ? (il ne faut pas qu’il me tripote comme ça… qu’il s’occupe donc de ma queue… il l’a bien cherché, putain, il me colle, j’ai chaud, je viens de jouir, il me colle encore… j’ai besoin d’être seul, de recharger…) 

    Pourquoi ses mains sur mon visage pendant qu’il avalait ma queue m’ont-t-elle mis autant en pétard, alors que cette nuit j’ai accepté et aimé bien plus que ça ? (je ne sais pas, il m’embrouille, il profite de moi quand je suis pas dans mon état normal… il veut me rendre pd comme lui…)…

    Pourquoi sa branlette au réveil m’a-t-elle autant excité ? (je suis un mec… je bande au réveil…)…  

    Est-ce que je prends du plaisir à le sentir ou à le mater prendre son plaisir à lui? (le mater se branler c’est comme mater un porno… il aurait du me sucer d’abord…)… 

    Ca m’a fait quoi de le faire jouir cette nuit? (c’était dans le feu de l’action, j’ai même pas fait express… il a mouillé sans prévenir…)… 

    Pourquoi je prends autant de plaisir avec lui ? … (parce que je peux me vider les couilles autant que je veux, comme je le veux et lui faire des trucs que je n’ose pas demander aux meufs…)… 

    Pourquoi ai-je eu envie de lui demander de rester ? … (pour le sauter encore, si l’envie m’en prenait, pendant la nuit…)…  

    Pourquoi étais-je dans cet état cette nuit ? … (j’avais trop bu, j’étais naze… des conneries de mec beurré… il m’a chauffé… il m’a cherché, il me casse les couilles… il me prend la tête… il en fait toujours trop… ses caresses, son sourire, ses baisers sur mon cou, sur mon visage, sur mes lèvres… pourquoi il fait ça ?… pourquoi il m’a embrassé, ce pd ? j’ai eu envie de le frapper… je me suis rebiffé… j’avais envie de lui arracher la lèvre… je me suis arrêté juste à temps…)… 

    Pourquoi je me suis énervé en voiture quand il m’a parlé de cet abruti qui voulait le coincer dans les chiottes de l’Esmé ? Pourquoi ai-je senti un pincement désagréable en l’imaginant en train de faire une gâterie au type ? … (j’ai eu peur que le mec le tape… qu’il l’oblige à lui faire des trucs… ce type ne peut pas le toucher… ni le frapper, ni l’obliger à… Nico est à moi… il ne peut pas aller voir d’autres mecs… je ne vais jamais accepter ça… si jamais il me fait ça, je ne pourrai plus le baiser… putain… vraiment il me prend la tête…)… 

    Pourquoi le regard de Nico m’a fait sentir si bien quand le type est parti sans demander son reste après être revenu à la charge ? … (il fallait voir comment Nico m’a regardé après que j’ai foutu sa raclée au type… j’étais carrément son héros, son Dieu vivant, jamais personne ne m’a regardé ainsi…)…  

    Jérémie se sent emporté par le flux de ses pensées, trop de questions dans sa tête, trop de réponses données à la va vite à défaut d’être crédibles, des réponses bidons… Sont-elles bien les bonnes questions, les seules questions ? et du coté des réponses ??? tout semble facile quand on botte en touche… mais à bien y penser… il y a trop de ressentis de la nuit précédente qui remontent à son esprit, ils sont si troublants, et les questions qu’ils semblent poser si énormes, qu’elles ne trouvent pas d’écran assez grand dans la tête déjà trop remplie de Jérémie pour s’afficher…  

    Se poser des questions c’est humain, et il est plutôt signe d’une bonne et saine attitude face à la vie. Hélas, le tout n’est pas de se poser des questions, pour avancer il faut se poser les bonnes questions. Mais quand les bonnes questions font peur, on essaie avant toute chose de les enrober avec des questions plus anodines, des questions qui permettent de donner les réponses qui nous rassurent. 

    Ces questions, les vraies questions, Jérém les sens venir, comme les signes annonciateurs d’un ouragan… mais pour l’instant la tornade gronde encore au loin, il décide alors de fermer les volets sur sa conscience et d’ignorer le cataclysme intérieur qui approche… 

    Jérémie se sent étouffer dans sa petite chambre. Il a envie de s’arracher à ses pensées, il a envie de prendre l’air. De bouger. Il n’a même plus de cigarettes. Très dur quand on est de mauvais poil. Tout pour plaire. C’est 23h00. Il est fatigué, demain c’est le bac philo. C’est pas raisonnable mais il en a besoin. Il va sortir faire un tour. Rentrer dans un pub, boire un coup et lever une nana. Si en plus d’écarter les jambes elle a des cigarettes, ce sera le top. 

    Jérémie est dans le couloir du dortoir. Il descend les escaliers et se retrouve dans la petite rue. Le maghrébin débout sur le seuil de l’épicerie de nuit située juste a coté de l’internat le reconnaît et lui souhaite une bonne soirée. Jérémie le salue et tourne à gauche direction boulevard Carnot. 

    Il a envie d’aller place du Capitole, continuer vers la Daurade ou vers le quartier des Carmes. Il y a des endroits sympas par là, avec des jolies nanas. Les terrasses des cafés débordent dans les rue étroites et l’ambiance est à la fête quand la belle saison arrive et les nuits tièdes s’écoulent agréables sur les façades en briques roses des immeubles du centre ville à Toulouse. 

    Ce soir là, Jérémie aura envie de pousser la porte d’un bar pour oublier ses angoisses. Difficile de savoir ce que Jérémie cherchait ce soir là : peut-être avait-t-il simplement envie de se retrouver seul avec de la présence humaine anonyme en bruit de fond… une bonne bière, un peu de musique, une cigarette ça se grattera toujours… avait-t-il envie de se rassurer en mesurant sa capacité d’emballer au pied levé, besoin réconforter son ego de mâle ? Quoiqu’il en soit, ce soir là Jérémie ne sera pas seul longtemps. Partout où il met les pieds, un garçon aussi beau attire forcement l’attention et les convoitises.  

    Dix minutes après être sorti de chez lui, Jérémie est assis au comptoir du bar devant sa bière, en train de fumer la clope qu’un autre client lui a passée. Quelques minutes plus tard, il voit une silhouette quitter la petite piste de danse au fond du local, s’approcher de lui et prendre place sur le tabouret vide juste à coté du sien. Ca fait un moment qu’il se fait mater. Depuis son arrivée. Des regards, un sourire, une attitude. Il n’a pas cherché ça. Tout d’abord, il s’est employé à faire semblant comme si de rien n’était. Ensuite, face à l’insistance de ce regard, il n’a pas pu se dérober plus longtemps. Leurs regards se sont rencontrés et le processus de séduction s’est enclenché… 

    Non, ce soir là Jérém n’a pas cherché sciemment à séduire ou à attirer l’attention… il ne l’a pas cherché mais il aurait sans doute été déçu que ça n’arrive pas…

    Et lorsqu’il a compris que son charme a une fois de plus exercé son effet tout seul, sans effort de sa part, il a laissé faire, jouant la séduction en mode « beau brun ténébreux indifférent ». Arme redoutable, presque non conventionnelle, aussi puissante que celle ayant fait bien de preuves : l’arme « beau brun charmeur ».

    Un instant plus tard, Jérémie sent ses lèvres fines et sensuelles s’approcher de son oreille, presque l’effleurer, son souffle caresser son cou, une sensation très excitante.

    « Tout va bien pour toi, bomec ? ». 

    Jérémie ne répond rien, se contentant d’afficher un petit sourire sournois qui ferait craquer n’importe qui. Les nanas en sont folles. Il est rassuré. Il n’a jamais pu sortir quelque part sans se faire brancher ce ne serait que par un regard appuyé. Et ça ne se dément pas. Et ça le flatte. Il a beau être le mec le plus convoité du lycée, à chaque fois que son charme exerce son effet, Jérém ne peut s’empêcher de ressentir une fierté qui se transforme vite en véritable impression de bien être… et ce soir là il a sacrement besoin de se sentir bien dans ses baskets…

    Ce soir là, il s’entendra dire qu’il est charmant, qu’il a l’air triste mais qu’il est craquant… que c’est  dommage qu’un aussi beau garçon ait l’air si seul et si accablé… que ce n’est pas possible qu’un mec comme lui rentre seul chez lui… Jérémie ne répondra que par des regards, au plus des monosyllabes.

    En fait, Jérémie ne sait pas trop ce qu’il cherche à cet endroit… à l’origine, il est juste sorti de chez lui pour ne pas se retrouver seul dans sa chambre, pour arrêter de ressasser les dernières 24 heures… pour échapper au générique de fin du film du dimanche soir qui amène avec lui l’angoisse de la fin du week-end et annonce à élèves et employés l’arrivée imminente d’un lundi qui n’enchante guère…

    Jérémie le sait… il sait qu’il n’a pas forcement besoin d’une aventure… des aventures il en a eu tellement depuis cinq ans que sa vie sexuelle a commencé pour savoir que c’est pas ça qu’il lui faut, pas dans des moment comme celui là… combien de fois, lorsque ça n’allait pas fort dans sa tête, il a cherché à baiser des nanas pour se changer les idées : à chaque fois il en avait fait l’expérience… celle de se retrouver encore plus mal après… Jérémie sait bien qu’une aventure flatte son ego mais finit toujours par laisser un goût amer à la sortie, ce sentiment de solitude et d’abandon sans cesse renouvelé…

    Hélas, la chair est faible et son besoin de compagnie ce soir là finit par l’emporter : un quart d’heure plus tard, Jérémie est allongé sur son lit en train de se faire sucer… une pipe est une pipe, mais toutes les pipes ne se ressemblent pas forcement… sous les coups d’une langue et d’une bouche bien moins averties que celles qui ont fait son bonheur la nuit précédente, Jérémie ne tarde pas à se rendre compte qu’il va avoir du mal à venir… il est fatigué, il n’a pas la forme ni le moral et rien ne l’excite vraiment dans cette situation qu’il regrette déjà… dès lors, son imagination se met à errer, cherchant l’image la plus excitante qui soit à ses yeux… et voilà que pendant qu’il se fait sucer ce soir là, Jérémie se surprend à penser à quelqu’un d’autre… Jérémie se surprend à penser à…

    … à ce petit Nico… à sa façon de s’occuper de lui…

    «… qu’est ce que je fais là en train de me laisser faire une mauvaise pipe… alors que j’ai envie de lui, je n’ai envie que de lui, envie d’être dans la bouche, envie d’être en lui… de jouir en lui… c’est avec Nico que c’est bon…  pourquoi est-ce que je me suis laissé embarquer dans ce plan… il faut que ça cesse, vite»…

    Au bout d’un moment, il se dégage de sa bouche, il ouvre le tiroir de la table de chevet, il attrape une capote, il l’enfile… un instant plus tard, sa queue glisse entre ses cuisses…

    Jérémie commence ses allers retours… il est tendu, il bande dur mais il ne prend pas vraiment son pied, il est pressé d’arriver au bout, il est en nage, il est essoufflé, ce n’est presque pas agréable, c’est mécanique… le cœur n’y est pas… l’angoisse commence à s’emparer de lui, l’angoisse de ne pas y arriver, pire d’avoir une panne…

    …et puis, pendant que ses coups de reins perdent de la vigueur, il se surprend à nouveau à penser à son Nico… au plaisir d’être dans sa bouche, au bonheur d’être entre ses fesses, au plaisir et à l’excitation que lui apporte l’image de Nico prenant son plaisir, un plaisir qui vient du sien… le plaisir de Nico dans la soumission à son propre plaisir de mâle… c’est un plaisir bien autre que ce simulacre qu’il est en train de vivre…

    Il ferme les yeux et c’est comme s’il était en Nico… il revoit son regard extasié sous ses coups de reins, son envie palpable, son envie de lui, son sourire magnifique la nuit d’avant, juste avant qu’il jouisse… et c’est avec cette image en tête que Jérémie arrive à se lâcher dans la capote, haletant, épuisé, mal dans sa peau, contrarié…

    Jérémie vient de jouir et il se sent épuisé, d’une humeur encore plus massacrante qu’il l’était avant de sortir de chez lui une peu plus d’une heure plus tôt. Il se sent triste, frustré, il n’a qu’une hâte, c’est de se retrouver seul dans son lit. Il en est largement à regretter ce qui vient de se passer. Pour la première fois de sa vie, il regrette une baise. Il la regrette parce qu’il n’a presque pas pris de plaisir. Il regrette d’avoir fait ça alors qu’il n’en avait quasiment pas envie… il regrette presque d’avoir fait ça à Nico…

    Il se dégage, il enlève la capote et passe à la salle de bain.

    C’était trop bon… - il s’entendra lancer dès son retour dans la chambre.

    C’est le genre de compliment qui, sortant de la bouche d’une nana et malgré son attitude indifférente, à toujours ravi l’esprit un brin macho de Jérémie ; cependant, ce soir là ces mots résonnent bien désagréables à ses oreilles. L’excitation passée, sa petite lampe de chevet lui parait jeter une lumière aveuglante sur la bêtise qu’il vient de commettre.

    Le silence, accompagné d’un regard froid et distant, sera sa seule réponse.

    Je ne t’ai jamais vu à la Ciguë…

    C’est parce que je n’y ai jamais foutu les pieds…

    Jérémie regarde le mec en train de se rhabiller. C’est un petit blond plutôt bien foutu, mais sa présence le met mal à l’aise. Il se rend compte qu’il est incapable de se souvenir de son prénom.

    Nouveau, ici ? – insiste le type.

    Tu peux partir maintenant… - coupe court le beau brun.

    Je te reverrai ?

    Non, oublie.

    C’est dommage… j’ai plein de truc à te faire découvrir…

    Je survivrai…

    Mais tu baises comme un Dieu et t’as un engin à se damner…

    Bon, tu pars maintenant…

    T’es hétéro, je me trompe ? T’as quelqu’un ?

    Fous moi le camp avant que je m’énerve… - seront les derniers mots de Jérémie, des mots accompagnées d’un mouvement du buste intimidant qui feront en sorte que le type n’aura plus envie de déconner. Voir un beau corps musclé se contracter et dégager de la colère, un beau regard brun se faire noir et menaçant, ça coupe bien des ambitions.

    Ça va, ça va…

    Le type finit se s’habiller sans chercher son reste. Quelques secondes plus tard, il prendra la porte en lâchant une dernière pique :

    Bye mec, je me souviendrai de toi…

    Jérémie ne répondra rien, se contentant de prêter attention à une petite voix dans sa tête qui dit sans détour « bah… pas moi, t’arrives pas à la cheville de Nico, personne comme lui sait comment me faire jouir comme un dingue…»…

     

    Jérémie est couché dans son lit, dans le noir. Il est fatigué, mais le sommeil ne vient pas. Son esprit est secoué par des vents de plus en plus puissants, la tornade est de plus en plus proche… c'est dur d'accepter des choses dont on a envie mais que l'ont croit mauvaises, on essaie de les éloigner mais on y revient toujours car elles font partie de nous... quand on essaie de résister, de fuir la vérité et qu’elle te revient en face comme un élastique qui pète…

    « Pourquoi je suis si bien avec Nico et pourquoi il me manque autant ce soir ? (Nico me fait jouir comme personne d’autre… il n’y a qu’avec lui que c’est vraiment bon… )…  

    Alors pourquoi ai-je éprouvé tant de colère ce matin ? Pourquoi sa présence m’a semblée agréable la nuit dernière alors que ce matin elle m’est parue si chiante ? Pourquoi ses caresses sur mon visage pendant qu’il avalait ma queue m’ont-t-elle mis autant en pétard, alors que cette nuit j’ai accepté et aimé bien plus que ça ? (il ne faut pas qu’il me tripote comme ça… qu’il me colle… mais le fait est que Nico me fait vraiment du bien…)… 

    Pourquoi sa branlette au réveil m’a-t-elle excité ? (je crois que je prends du plaisir à le sentir ou à le mater prendre son plaisir à lui… je deviens dingue…)… 

    Pourquoi ai-je aimé le faire jouir ? (oui, pourquoi ?…)… 

    Pourquoi je prends autant de plaisir avec lui ? … (… son regard, amoureux fou, perdu, charmé… ce petit regard coquin qui me fait cet effet de malade, cette envie de moi qu’il a constamment dans les yeux… je suis un Dieu pour lui…et ça c’est rudement bon)…  

    Pourquoi cette nuit ai-je aimé le prendre dans mes bras ? (…)… 

    Pourquoi cette nuit ai-je eu besoin qu’il me prenne dans ses bras ? … (… jamais personne ne m’a serré contre lui comme Nico… le bonheur de savoir qu’au delà du désir c’est bien quelque chose de plus fort et plus réconfortant que Nico ressent pour moi… je suis bien avec lui…)… 

    Pourquoi ai-je eu envie de lui demander de rester ? … (sur le moment, j’en avais vraiment envie… oui, cette nuit j’avais besoin d’être avec lui… j’étais bien avec lui et… je me suis laissé aller… et il faut bien l’admettre… qu’est ce que ça fait du bien de se laisser aller… cette nuit j’avais bien besoin de ça)…  

    Pourquoi étais-je dans cet état cette nuit ? … (…)… 

    Pourquoi me ai-je aimé qu’il me caresse pendant que j’étais en lui ? … (qu’est ce que ça a été bon de coucher avec lui cette nuit, encore meilleur que d’habitude…)… 

    Pourquoi cette nuit ai-je supporté et même… aimé… ses baisers sur mon cou, sur mon visage, sur mes lèvres ? (J’ai l’impression que la nuit dernière j’ai découvert une autre façon de baiser… et c’était bon… ça doit être ça que les nénettes appellent faire l’amour ???... je ne sais pas ce que c’est que de faire l’amour… je n’aime que baiser… mais il faut croire qu’il y a baiser et baiser et cette façon de baiser là, il faut vraiment admettre que ça n’a rien à voir… à force de le baiser, je commence à l’avoir dans la peau ce petit Nico et ça… ça je ne peux pas… je ne peux pas admettre cela, je ne peux pas permettre cela… avec Nico ça ne devait être que de la baise et là ça prend des proportions insupportables…)… 

    Pourquoi ai-je moi même eu envie d’approcher mes lèvres des siennes ? 

    Pourquoi est-ce que j’ai autant aimé ses câlins, sa douceur, ses attentions ? 

    Pourquoi je me suis énervé en voiture quand il m’a parlé de cet abruti qui voulait le coincer dans les chiottes de l’Esmé ? 

    Pourquoi ai-je senti un pincement désagréable en l’imaginant en train de faire une gâterie au type ? … (Nico est à moi, c’est mon Nico…)… 

    Jérémie voudrait penser à autre chose, mais les dernière 24 heures repassent en boucle dans sa tête, se bousculent, se chassent et se rattrapent les unes les autres, sans cesse… son esprit revient encore et encore au matin même, lui balançant à la figure l’image de ce petit mec meurtri se levant lentement et se dirigeant vers la porte comme un petit animal blessé… à la dernière minute il avait bien eu un sursaut de sensibilité, l’envie de le rattraper, de le serrer à lui, mais il n’avait pas pu… il n’avait pas pu aller jusqu’au bout de son geste, de son intention… et alors il n’avait pas trouvé mieux que de se barrer dans la salle de bain… y rester en attendant le claquement de la porte d’entrée…

    Pendant un instant il avait redouté que Nico puisse faire demi tour et venir le retrouver dans la salle de bain… il l’avait redouté, il en avait eu envie, il ne voulait pas qu’il vienne, il tendait l’oreille, il avait senti son cœur faire des bonds quand il lui avait semblé d’entendre un bruit ; pendant un instant, l’idée qu’il vienne le rejoindre lui était parue adorable… adorable et insupportable à la fois… Jérémie savait que si Nico était venu il aurait été méchant avec lui, et qu’il l’aurait regretté ensuite… il avait voulu qu’il ne vienne pas… mais il avait bien envie de voir la porte de la salle de bain s’ouvrir…

    Et quand il avait enfin entendu la porte claquer, quand Jérémie avait réalisé que Nico était bien parti, qu’il ne viendrait plus, il s’ était senti soulagé… soulagé, frustré et triste à la fois… Nico venait de partir en larmes, écoeuré par ce qui venait de se passer… et Jérémie s’était senti mal à son tour… fautif, coupable, déplorable…  

    « Au fond il ne mérite pas ça… il est si attachant ce petit mec… il cherche juste à me faire plaisir, à me faire du bien et je le traite comme de la merde… je n’arrive pas à arrêter de penser à lui… il me manque déjà… Nico me manque… envie qu’il soit là… mais il faut arrêter, Jérém… Nico s’attache trop, je m’attache trop… on ne peut pas continuer comme ça… on va où comme ça ? …  

    …je dois garder de la distance… je dois remettre de la distance, des limites… au départ il était d’accord pour baiser comme je l’entends, on n’avait prévu rien d’autre… je le baise comme j’en ai envie, il aime se faire baiser… il faut que ça s’arrête là, il faut que ça reste aussi simple et aussi clair…  

    Pourtant, l’image de Nico assis sur son lit meurtri par son comportement ne cesse de le hanter… il prend une bonne inspiration, il se frotte le visage, il essaie de recouvrir ses esprits… ses émotions changent de polarité pour l’énième fois depuis le matin :  

    « Au fond, qu’est ce que j’en ai à foutre de lui… je ne lui ai rien demandé… »… 

    Toutes sortes de sensations troublantes et contradictoires secouent l’esprit du beau brun ; il s’en veut d’avoir imaginé pendant un instant, au cours d’une nuit qui ne ressemble à aucune autre, que laisser rentrer Nico dans son intimité puisse être envisageable et opportun… 

    « … je ne dois pas lui donner l’illusion que j’ai besoin de lui… pourtant… pourtant c’était vrai à ce moment là… cette nuit j’avais bien besoin de lui, besoin qu’il reste avec moi… mais ce matin je ne supporte plus l’idée de le savoir enlacé à moi, l’idée qu’il ait été témoin de ma détresse… l’idée qu’il puisse avoir pitié de moi…  

    … qu’est ce qui m’arrive ? Je deviens faible, je ne suis plus maître de moi-même… ça ne me ressemble pas, ça ne peut pas être moi… je suis un mec, je ne peux pas me laisser aller de cette façon, et surtout pas avec un pd… il va falloir lui montrer que cette nuit n’a rien changé, que je suis toujours le Jérémie qui a besoin de personne, que je suis fort… je n’ai pas besoin de lui, je ne peux pas avoir besoin de lui…

    … il faut que je lui montre que ce qui s’est passé cette nuit ne veut rien dire… il faut qu’il comprenne que c’est toujours moi qui dirige le jeu… il ne faut pas qu’il se fasse des illusions… il ne faut pas qui s’attache à moi, mais il ne faut pas non plus qu’il aille voir ailleurs… il ne doit s’intéresser qu’à moi…  je vais le baiser tant que j’aurais envie de le baiser, ensuite je le laisserai tomber… non, ce ne sera pas lui qui me laissera tomber, on ne laisse pas tomber Jérémie T… on ne le laisse plus tomber, plus jamais…

    Il nous arrive parfois dans la vie de sentir que les événements nous échappent des mains ; parfois c’est si difficile à accepter, que nous essayons longtemps de nier l’évidence. On a toujours peur d’admettre un grand changement, car cela nous amène à devoir reconsidérer notre vie toute entière. On a un mal de chien pour arrêter à maîtriser les tentations qui viennent d’une part un peu plus sombre de nous.

    Et lorsque notre équilibre est mis à mal par un grand changement que nous n’arrivons pas à accepter,  on essaie de se rassurer en prenant des résolutions. Et peu importe qu’elles soient bonnes ou mauvaises ou qu’elles soient manifestement hors de notre portée. Quand on est mal, on essaie de s'accrocher, quand on se sent couler on attrape n'importe quoi pourrait nous tenir la tête hors de l'eau. On appelle cela l'esprit de survie. Mais c'est sans compter avec nos forces qui parfois ne sont pas d'envergure à seconder les ambitions de notre esprit.  

    C’est ainsi que, après avoir pris la résolution d’oublier toutes « ces conneries » et de ne considérer Nico que comme un plan baise, Jérém se retrouvera dans son lit  avec les questions qu’aucune résolution n’aura plus jamais le pouvoir de faire taire dans sa tête…

    … pourquoi je n’ai pas continué vers les Carmes ? pourquoi le fait de voir ce blond rentrer à la Ciguë juste pendant que je passais sur le trottoir en face m’a donné illico l’envie de traverser la route et de pousser la porte de ce bar, ce pub où je n’avais jamais mis les pieds auparavant et devant lequel j’étais passé mille fois sans même lever les yeux ?… pourquoi ai-je eu envie de décharger ma colère et de me vider les couilles avec un autre mec ? pourquoi ai-je eu envie de savoir si d’autres mecs me font de l’effet… si le contact avec un autre mec est aussi bon qu’avec Nico…

    … pourquoi j’ai eu autant de mal à jouir… pourquoi j’ai eu besoin de penser à Nico pour jouir… pourquoi la tendresse de Nico m’a autant manqué une fois que j’ai joui, alors qu’avec les nanas je n’avais besoin de rien de plus…

    … pourquoi je me suis trouvé dans cette galère, avec ce mec pour qui je ne représente qu’un bon coup parmi d’autres, un beau physique, un trophée pour se vanter auprès de ses potes pd… c’est triste de ne se sentir qu’une bite sur pattes alors que pour mon Nico je suis tout et plus que ça encore et qu’il me le fait sentir tout le temps dans son regard … ce regard qui me met parfois en colère, que je repousse méchamment, ce regard reflet de l’amour qu’il me porte et que parfois me fait vraiment peur, ce regard qui me trouble quand Nico le pose sur moi et qui me manque terriblement quand il est loin… ce regard perdu de jeune homme amoureux fou…

    … pourquoi je me sens mal d’avoir sauté ce mec ? …  pourquoi ai-je si peur que Nico en fasse de même ?... pourquoi je me sens mal à l’idée de retrouver Nico demain, de le regarder en face, comme s’il pouvait savoir ce qui s’est passé ce soir et qu’il ne voulait plus de moi comme je ne voudrais plus de lui s’il allait voir ailleurs… j’ai l’impression d’avoir gâché quelque chose… que même si Nico ne saura jamais rien de cette connerie, j’ai peur qu’après ça pour moi ce ne sera plus comme avant…

    Quand on se pose enfin les bonnes questions, pas sur qu’on ait le cran d’y répondre honnêtement, car la réponse à ces questions là entraîne souvent des questions encore plus grandes et plus puissantes, capables de nous déraciner et de nous emporter à jamais…

     

    Jérém est mal dans sa peau et n’arrive pas à trouver le sommeil : il a chaud et il a l’impression d’avoir toujours dans des narines et sur sa peau l’odeur de ce type… il se lève, il change les draps, il passe à la douche. Il reste un long moment sous l’eau, hagard, essayant de rassembler ses esprits, essayant de chasser le sentiment de malaise persistant qui a pris la place de la colère du matin. Il se savonne plusieurs fois, il se rince, il laisse couler jusqu’à que l’eau chaude ne le soit plus. L’eau froide rafraîchit sa peau, il la trouve agréable au début, mais il finit par commencer à frissonner et par fermer le robinet presque contrarié. Il a froid, il grelotte. Il est à nouveau en colère. Ça c’est encore du Jérémie. On laisse les choses venir, quitte à se faire surprendre et à être débordé par les événements. Et finir par être énervé par ce qui arrive, même si à bien regarder ce n’est que le résultat de sa propre conduite.

    Jérém avait vidé son cumulus de toute l’eau chaude, pourtant, il sentait que sa douche n’était pas terminée. Oui, il existe des souillures qu’aucun savon ni douche ont le pouvoir de faire partir. Quand on se sent sali à l’intérieur, à rien ne sert de faire couler l’eau longtemps sur sa peau.

    Il n’a toujours pas de cigarettes, mais il lui reste un bout de joint. Il le fume en terrasse, nu, profitant de la douceur du soir. Une fois au lit, dans le noir, Jérémie se fera jouir une dernière fois en pensant aux câlins, aux accolades et à la tendresse de la nuit précédente.

    Et quand les effets combinés du joint et de l’orgasme lui apporteront cette fatigue et cette douceur de l’esprit qui font souvent remonter à la conscience, et parfois même aux lèvres, ce qui est enfoui le plus profondément dans le cœur, Jérém s’endormira en pensant une dernière fois à son Nico…

    …Nico, où es tu Nico ? pourquoi je me sens si mal à l’idée d’avoir été si dur avec toi ce matin… je t’ai foutu dehors comme un chien, après t’avoir demandé de rester cette nuit...  comment as-tu passé ton dimanche ? Est-ce que tu as passé une journée de tristesse à cause de moi ? Est-ce que tu as pu penser à autre chose ? … pardon Nico, pardon pour tout…

     

    * * * * *

     

    Au même moment, à l’autre coté de la ville, dans un autre appartement, un autre beau garçon musclé, couché sous sa couette, n’arrive pas à trouver le sommeil… il repense à son meilleur pote avec qui il était parti en boite le soir d’avant : il le revoit en partir plus tôt que prévu, suite à une bagarre qu’il avait affrontée tout seul et à son insu. Ce petit con de Jé-Jé… toujours en train de se mettre en danger… il le revoit partir accompagné d’un autre garçon, un garçon qu’il connaît à peine, mais qu’il sait être plus qu’un simple ami pour lui…  

    Oui, ça fait un moment que Thibault sait, qu’il imagine ce qui se passe entre Nico et son meilleur pote à lui… et le malaise évident de Jérém lorsqu’il lui avait posé la question sur son retour de boite cet après-midi là, n’avait fait que conforter son ressenti… 

    Un autre appartement, un autre lit, un autre beau garçon la tête pleine de questionnements et d’envies… un autre plaisir solitaire pour apaiser provisoirement un esprit inquiet et pour amener un sommeil réparateur… 

     

    à suivre… samedi prochain…

     

     


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    Jérémie allongé sur le lit, nu. Son corps musclé, sa peau mate, abandonnée au plaisir qu’il reçoit par des lèvres qui semblent conçues sur mesure pour lui délivrer le plus grand bonheur. Ses abdos ondulant sous l’effet d’une respiration accélérée, excitée. Son visage parcouru par les vagues de plaisir qu’une langue, elle aussi « sur mesure », lui envoie par petites touches, comme de petites décharges électriques qui chatouillent ses sens et qui font monter son excitation vers des sommets. C’est beau de regarder un beau garçon en train de prendre son pied.

    Penché sur son entrejambe, Nico est en train de coulisser ses lèvres sur le manche du beau brun. Nico adore sucer ce bogoss de Jérém. Et il a vraiment l’air de savoir comment s’y prendre. Ses mains se baladent sur ses pectoraux, titillant ses tétons. Un corps d’apollon frissonnant de plaisir. Peut-t-on imaginer tableau plus magnifique ?

    Et Jérém, mec de chez mec, adore se faire faire ce genre de gâterie. Nico est tellement bon dans son affaire, que le beau brun ne tarde pas à voir l’orgasme approcher. Il pose une main sur la tête de Nico, il exerce une pression alternée et rapide pour lui montrer qu’il faut désormais accélérer le mouvement. Un instant plus tard il se soulage les couilles en lâchant plusieurs jets bien chauds et denses dans la bouche de Nico, alors que le tout dernier se posera sur ses lèvres… c’est beau ce qui se passe sur le visage d’un garçon qui jouit…

    Jérémie est toujours allongé sur le lit, la respiration haletante, en train de récupérer de l’effort. Nico est en train de lécher sa queue toujours tendue, de goûter à la moindre trace de ce jus qu’il adore. Jérém prend une grande inspiration en fermant les yeux ; quand il les rouvre, Nico a terminé son affaire, il a relevé le buste, il est à genoux entre ses jambes, le regardant comme son Dieu. Jérém tourne la tête légèrement vers moi, allongé sur le lit juste à coté de lui ; et voilà qu’il me lance, un petit sourire coquin:

    Il va te faire la même chose, tu vas voir comment il suce bien…

    L’idée que ses lèvres, sa langue et sa bouche toute entière vont s’occuper de mon engin alors qu’elles viennent de se faire rincer par le jus de Jérém, cette idée me rend fou d’excitation… le jus de Jérém autour de ma queue… mélanger nos jus dans la bouche de Nico… je ne sais plus où j’habite tellement ça me rend marteau…

    Nico se déplace de coté, vers moi, il commence à branler ma queue qui est déjà bien raide du fait de l’avoir copieusement caressée pendant que je matais avidement sa performance sur le sexe de mon meilleur pote; il penche sa tête vers mon bassin et il commence à avaler mon gland, à le titiller avec la langue, à le masser entre ses lèvres… quand ma queue se trouve au fond de sa bouche et que ses aller retours se font bien amples et rapides, là je me dis que décidemment Jérém n’avait pas menti… et je comprends mieux pourquoi il aime coucher avec lui… oui, ce petit Nico fait ça comme un chef !

    Nico est en train de me sucer et je suis de plus en plus excité ; malgré le ravissement de mes sens et l’envie de regarder ce petit mec se soumettre à mon plaisir, je ne peux m’empêcher de regarder ce qui se passe à coté de moi… Jérém, à son tour excité par l’enthousiasme avec lequel Nico s’affaire sur ma queue, est en train de jouer avec la sienne, de se branler tout doucement…

    Cette queue… la voilà enfin… après l’avoir tenue dans ma main et de l’avoir branlée jusqu’à la faire jouir par une nuit lointaine, l’été de nos 13 ans, sous une tente en camping… après l’avoir si souvent matée dans les vestiaires, sous les douches, au gré des mouvements d’une serviette, désormais elle est là, complètement exposée à ma vue, à quelques centimètres de moi, à portée de ma main…

    L’excitation provoquée par celle qui ressemble déjà à la pipe de ma vie, une excitation des sens qui ressemble à une ébriété alcoolisée, me fait lentement glisser vers un état de bonheur et de bien être total… je suis tellement bien que je vois mes barrières tomber les unes après les autres… une fois dans ma vie, je sens que je perds contrôle…

    La queue de Jérém est là, elle vient de cracher dans la bouche de Nico et elle est à nouveau raide, chaude, dressée devant mes yeux, excitée… j’en a envie, j’en ai envie depuis trop longtemps pour ne pas profiter de l’occasion… ce soir, dans l’ivresse des sens, tout est possible… ce soir et rien que ce soir… alors il faut y aller… j’allonge la main et je l’approche de sa queue… j’ai un peu peur de sa réaction, mais je suis surpris et heureux de voir que dès que mes doigts effleurent les siens, jusque là serrés autour de son manche, sa main se dérobe, laissant place à la mienne… ce geste a pour moi la signification d’un feu vert inespéré mais tant attendu… je m’enhardis et je la saisis… quel bonheur de tenir un engin de ces proportions dans la main, longue, épaisse, douce, chaude, puissante… il est mieux monté que moi, ce petit con de Jé-Jé… c’est une queue magnifique, à l’image de son propriétaire… et puis c’est la queue de Jérém… un pur fantasme depuis si longtemps… alors je vais encore plus loin et j’entreprends de la branler…

    Je sens Jérém sursauter de plaisir… j’essaie de capter son regard, mais ses yeux semblent rivés sur ma main en train de secouer son manche. La pipe de Nico est mémorable, un feu d’artifice… mais le bonheur de tenir dans ma main la queue de Jérém dépasse tout autre plaisir des sens, du rêve à l’état pur…

    Je relève le buste, je me penche un peu vers Jérém pour être davantage à l’aise avec les mouvements de mon coude… je me penche encore un peu plus, comme aimanté par ce gland qui apparaît et disparaît au gré des mouvements de ma main… je suis de plus en plus proche du bassin du beau brun… je sens l’odeur de son sexe et du sperme qu’il vient de balancer dans la bouche de Nico… j’ai trop envie de le prendre en bouche…

    Mais j’hésite et j’hésite encore… tout ça est trop beau, tout ça est tellement inespéré… je lève le regard à la recherche du sien… je croise son sourire coquin, accompagné d’un petit clin d’œil à craquer, agrémenté par un léger signe de la tête, comme une invitation claire et nette à y aller sans plus attendre… oui, son regard est une invitation à me laisser aller… il a envie de ça ce petit con… une envie plutôt pressante qu’il saura me communiquer un instant plus tard, à sa façon…

    C’est d’abord la surprise quand je sens sa main se poser sur ma tête, approchant ainsi mes lèvres vers son gland pulpeux… je suis presque choqué par son geste si clair, si direct, ça me fait bizarre comme sensation que Jérém me pousse aussi ouvertement et violemment à faire ce truc dont j’ai par ailleurs très envie depuis toujours… j’ai comme un mouvement de recul, j’oppose une petite résistance… c’est mon pote… et ça ce n’est pas ce qu’on fait d’habitude entre potes… comment je le regarderai en face après ça ?

    Je me dis qu’il ne faut pas réfléchir, il faut que je me laisser aller, je suis excité à un point que j’en deviens dingue… je me dis que demain au pire on mettra ça sur l’excitation du moment, sur le fait d’avoir un homo à notre disposition pour nous soulager, c’est soirée sans limites, soirée jouissance sans tabous, soirée on se vide les couilles et on fait tout ce qu’on a envie… je sens alors la dernière barrière tomber, comme s’évaporer…

    « Allez, c’est bon » je l’entends chuchoter à mon oreille pendant que mes lèvres sont si proches d’approcher son gland… j’y suis presque, ses odeurs de mâle sont si intenses, si fortes… mes lèvres vont se poser sur son gland… mais c’est à ce moment précis que Nico décide d’augmenter la vitesse de sa fellation, me procurant un sursaut de plaisir et m’approchant dangereusement de l’orgasme… j’essaie de rassembler mes esprits pour me contrôler, pour ne pas me répandre de suite dans sa bouche, j’ai besoin de mon excitation pour faire plaisir à mon Jé-Jé… non Nico, pas encore… ne me prive pas de ça… j’ai envie de lui crier d’arrêter de me sucer mais je suis concentré à fond sur la maîtrise de mon corps et à un point envoûté par la proximité extrême du sexe de mon meilleur pote que je n’arrive pas à m’exprimer… mon cerveau est en panne, ma gorge est bloquée, mes lèvres, déjà entrouvertes pour accueillir le gourdin de Jérém, ne peuvent plus bouger…

    Non, Nico, ne me fait pas jouir, pas encore… j’ai envie de lui faire une pipe d’abord, car après avoir joui, pas sur que j’en aurai encore envie… Nico, Nico, Nico, attends, stp… ah non, je viens, ah non… je viens, c’est bon, je viens c’est triste… Nico… Pourquoi, Nico ?…

     

    Précédemment, dans 50 nuances de Jérémie : un regard un peu trop intéressé et Nico s’était trouvé dans une situation délicate face à un abruti imbibé d’alcool dans les chiottes d’une boite de nuit toulousaine; un t-shirt taché, une soirée écourtée pour Jérémie; Thibault l’accompagne à la voiture pour récupérer son portefeuille ; Thibault qui regarde Jérémie s’installer au volant et Nico prendre place coté passager, cette place qui avait tant de fois été la sienne, et ce soir là encore, pendant le trajet entre la Bodega et l’Esmé ; Thibault qui songera, l’esprit troublé, à la fin de soirée de son meilleur pote en compagnie de Nico…

     

    Dimanche soir, juin 2001, 23h58

     

    Quartier des Minimes, un beau garçon musclé, seul sous sa couette, vient de se réveiller d’un rêve plutôt bizarre qui l’a laissé retourné comme peu de fois dans sa vie… un rêve qui vient d’avoir un prolongement dans le réel, car la jouissance dont il a rêvé, est bien celle qui fait que ses draps sont moites…

    Il vient de rêver qu’il était dans la chambre rue de la Colombette, avec Jérémie et Nico ; ce dernier venait de faire jouir son pote dans sa bouche, juste avant de le sucer lui… pendant que lui, non seulement était en train de branler la queue de Jérém, mais à (moins) de deux doigts de l’avaler… rêve de fou… rêve duquel il a été éjecté en jouissant… et maintenant qu’il est réveillé, voilà que ce rêve de dingue tourne en boucle dans sa tête…

    Du rêve à la réalité, Thibault se retrouve à repenser à son meilleur pote avec qui il était parti en boite le soir d’avant : il le revoit venir lui parler de retour des chiottes avec son t-shirt blanc taché de sang, il le revoit partir plus tôt que prévu, suite à une bagarre qu’il avait affrontée tout seul et à son insu. Il le revoit partir accompagné d’un autre garçon, un garçon qu’il connaît à peine, mais qu’il sait être plus qu’un simple ami pour lui.

    Oui, ça fait un moment que Thibault s’imagine ce qui se passe entre Nico et son meilleur pote. Quand on connaît quelqu’un aussi bien que Thibault peut se prévaloir de connaître Jérémie, il y a des signes qui ne trompent pas. Et le malaise évident de Jérémie lorsqu’il lui avait posé la question sur son retour de boite cet après-midi là, n’avait fait que conforter son ressenti.

    Une question d’apparence anodine, qui pourtant en cachait une autre bien plus difficile à poser. Thibault se surprend à réaliser que c’est bien la première fois qu’il hésite à poser une question à son meilleur pote… c’est nouveau ça… avec son Jé-Jé ils s’étaient toujours tout dit, ils étaient tout l’un pour l’autre… mais depuis quelque temps l’intimité fusionnelle de leur amitié était en train de se brouiller du coté de Jé-Jé… Jérémie avait mis de la distance, avait érigé une barrière protégeant un coin reculé de son jardin secret… et à ce coin, même lui, Thibault, le confident de toujours, n’y avait pas accès… c’était dur d’admettre qu’une partie de la vie de son meilleur pote lui était désormais interdite… dur de voir que Jérémie lui cachait des choses…

    Oui, une toute autre question lui taraudait l’esprit, elle lui avait gâché toute la nuit d’avant, une nuit qu’il n’avait pas passée seul par ailleurs ; elle lui avait empêché de prendre vraiment son pied au lit, empêché de dormir, lui réservant par ailleurs un réveil d’humeur plutôt maussade ; elle était devenue carrément insupportable lorsqu’il avait vu Jérémie arriver cet après midi là, avec la mine des mauvais jours, un regard accablé et fuyant, un malaise qui avait l’air de s’être peu à peu dissipé : dans les vestiaires avant le match, à la faveur des retrouvailles entre potes ; pendant le match, à la faveur des résultats sportifs que ce petit con ne ratait jamais ; après le match, à la faveur de la bière coulant à flots…

    Cependant, Thibault connaissait trop bien son pote pour ne pas voir que même si son comportement essayait de sauver les apparences, même s’il faisait son possible pour faire « comme si », Jérémie n’était pas vraiment dans ses baskets ce jour là. Un truc le tracassait.

    Qu’est ce qui s’était passé avec Nico ?

    Ou, en clair :

    Qu’est-ce qui se passe au juste avec Nico ?

    Voilà la véritable question qui tournait en boucle dans la tête de Thibault. La réponse, ou une partie de la réponse, il la devinait. Pourtant, il avait besoin de l’entendre de la bouche de son meilleur ami. Il avait besoin de savoir comment il allait, son Jé-Jé.

    Thibault n’étant pas dupe, il sait que ce genre de question ça ne se pose pas à brûle-pourpoint, elle demande une approche progressive, en douceur. Alors, quand on n’ose pas poser la véritable question, on commence par en poser une autre assez éloignée du but, histoire d’établir le contact et de gagner la confiance avant d’orienter la conversation.

    Profitant d’une pause cigarette, Thibault avait entraîné Jérémie sur le terrain de jeu. Il s’était mis à marcher en parlant du match et Jérémie l’avait suivi. Après quelques banalités, en se faisant un peu violence, il avait fini par lui demander :

    Ça s’est bien passé le retour de l’Esmeralda… avec Nico… ?

    Jérémie ne répondra pas de suite à la question, se cachant derrière deux longues taffes tirées sur sa cigarette. Son regard partira loin, entre deux inspirations de fumée de tabac il s’éclaircira la gorge de façon inconsciente, ses dents mordilleront nerveusement sa lèvre inférieure : Thibault reconnaîtra ainsi les signes de la tension et de l’embarras chez son meilleur pote. Pendant un instant, il imaginera que Jérémie se mettra à table, comme toujours dans le passé, et qu’il lui confierait tout ce qu’il avait sur le cœur. Son espoir en sera vite déçu, lorsque son pote, après une troisième taffe et une main passée nerveusement sur le visage comme pour se débarbouiller, finira par lui lancer :

    « Ca a été… j’étais fatigué… il faut que j’arrête de boire autant… (il jettera sa cigarette, pourtant fumée qu’à moitié, il l’écrasera d’un geste rapide et approximatif, il fera demi tour de façon presque précipitée, se dédouanant ainsi d’autres questionnements, le regard toujours fuyant)… viens, on va retrouver les autres… »…

    Si ça ce n’est pas de la réponse évasive… Définitivement, cet après midi là, en posant une simple question sans vraiment obtenir de réponse, Thibault avait compris bien des choses : que ses soupçons sur ce qui se passait entre son meilleur pote et Nico étaient bien fondés ; que même si Jé-Jé devait bien trouver son compte dans cette relation, cette histoire le perturbait; que cette fois-ci son Jé-Jé ne lui laisserait pas jouer le rôle de confident auquel il était habitué ; que Jérémie était en train de changer et que certainement leur amitié allait être profondément bousculée. Et que, pire que tout, elle allait l’être à jamais. Et une profonde tristesse avait envahi le cœur de Thibault en regardant Jérémie se précipiter vers les vestiaires, comme en le fuyant, lui, Thibault, l’ami de toujours.

     

    Retour en arrière de quelques heures. Le matin du même dimanche, 4h18.

     

    Dans un appartement du Quartier des Minimes, Thibault, couché sous sa couette avec une présence féminine endormie à ses cotés, n’arrive pas à trouver le sommeil. Il revoit la 205 sortant du parking de l’Esmé et disparaissant dans la nuit… se surprenant à ressentir un étrange mélange de sentiments de déception et de frustration vis-à-vis de son Jé-Jé de toujours, rentrant seul avec ce petit Nico…

    Il n’a jamais posé de questions, personne ne s’est ouvert à lui à ce sujet… pourtant il sait… c’est une intuition, presque une certitude qu’il a eue un jour quelques semaines plus tôt, lorsqu’il a croisé ce garçon devant la porte de la chambre de son meilleur ami. Lui, Thibault, en sortait après une bière entre mecs à la fin de sa journée de travail: le garçon arrivait pour des révisions de maths. C’était un garçon qui avait l’air de quelqu’un de très gentil et de très timide. Son regard était mal à l’aise lorsqu’ils s’étaient serré la main.

    L’image de Nico arrivant à la chambre de Jérém, d’abord surpris de le voir en sortir, ensuite gêné de le croiser, s’accompagne d’une autre image, une image de quelques minutes plus tôt, celle d’un Jérémie lui non plus pas très à l’aise de le voir débarquer à l’improviste, lui, son meilleur pote Thibault, un Jérémie semblant pressé de finir cette bière pour se consacrer aux révisions avec ce pote qui allait débarquer d’un moment à l’autre.

    Quelques temps plus tard, il y avait eu cette soirée au KL, une soirée pendant laquelle il avait eu l’occasion, ou plutôt il avait eu la curiosité et pris le temps de regarder évoluer ce Nico : il avait ainsi pu remarquer cette façon qu’il avait de regarder les garçons… oui, Nico regardait les beaux garçons au KL ; mais il y avait un garçon qu’il ne quittait jamais des yeux pendant plus de dix secondes… et ce garçon était son Jé-Jé.

    A un moment de la soirée, à la faveur d’une occasion qu’il avait un peu provoquée en allant s’asseoir juste à coté de lui au bar, il y avait eu cette petite conversation… dès les premiers échanges, et malgré la musique assourdissante autour d’eux, il avait ressenti dans les mots, dans les regards, dans les yeux de Nico quelque chose qui ressemblait bien à de la tendresse vis-à-vis de Jé-Jé. « Je l’aime bien aussi » avait dit Nico; alors qu’une étincelle, à la fois émue, rêveuse et pleine de douceur, passait sur ses yeux… ses sentiments à l’égard de Jérémie lui avaient paru si évidents que dans cette simple phrase « Je l’aime bien aussi », les mots « bien » et « aussi » s’en trouvaient complètement inutiles…

    Très vite, Thibault avait compris non seulement que Nico était homo mais que par-dessus tout, il était  amoureux, très amoureux, de son meilleur pote.

    Quant à l’attitude de ce dernier, même si elle restait plutôt discrète, voilà qu’elle ne semblait pas complètement insensible à celle de Nico. Il l’avait remarqué ce soir là, parfois le regard de son Jé-Jé semblait de poser sur ce garçon d’une façon qui confirmait son intuition. Comme s’il avait besoin de se sentir désiré par ce garçon comme avant il avait eu besoin de se sentir désiré par les nanas.

    Décidemment cette fameuse soirée au KL avait été bien révélatrice pour Thibault. Et lorsque Jérémie était venu lui annoncer qu’il rentrait à 1h35, 1h35, bon sang !, et qu’il ramenait Nico, ses doutes avaient soudainement pris la consistance d’une certitude.

    Ainsi, réalisait Thibault en ce dimanche matin, depuis plusieurs semaines il se passait un truc entre eux… oui, force était de constater que Jérémie avait bien changé depuis quelques temps. Et ce « depuis quelques temps », correspondait bien au début des révisions avec Nico… sacrées révisions… jamais Thibault n’avait vu Jérémie réviser autant… au point de manquer des entraînements, au point de renoncer à une soirée entre potes… certes, le bac approchait, mais il savait son Jé-Jé bien plus nonchalant que ça… ça a bon dos les révisions…

    Non seulement, « depuis quelque temps », Thibault avait remarqué que son incorrigible queutard de pote chassait moins la gonzesse, beaucoup moins… que, « depuis quelque temps » les nanas se faisaient rares dans le lit de Jé-Jé… en plus de ça, « depuis quelque temps », plusieurs fois Jé-Jé lui avait parlé de ce Nico… ce petit pd qui le kiffait… ce petit pd qui l’aidait à réviser car il devait espérer des trucs que jamais de la vie… et vas y que « ce petit pd n’arrête pas de me mater », ce « petit pd avait dit cela » et « ce petit pd avait dit ceci»…

    Au final, en dépit de sa façon de faire mine d’être agacé par les attentions du petit Nico ; en dépit de son attitude, qui semblait se moquer ouvertement des ses penchants, une attitude de mépris et de dédain, le sujet « Nico » revenait de plus en plus souvent sur le tapis… et, à bien regarder, au-delà des railleries et des boutades, Thibault avait vraiment l’impression que son pote avait l’air flatté que ce « petit pd » s’intéresse à lui…

    D’ailleurs, Nico semblait être de plus en plus présent dans sa vie. De plus en plus souvent, alors qu’avant ils ne le voyaient jamais, ils le croisaient presque à chaque fois qu’ils sortaient en boite; ce samedi là, début de soirée à la Bodega, il est là ; ensuite, sur proposition de Jérém et sans une véritable raison, exit l’éternel KL, les voilà partis pour l’Esmé, une boite où ils avaient du mettre les pieds qu’une seule autre fois de leur vie ; ils arrivent là bas, Nico est là encore ; Jérém part aux chiottes et il en revient quelques minutes plus tard avec lui, le t-shirt éclaboussé de sang… en racontant qu’il s’est battu avec un type à cause d’un mot de travers…

    Et pour finir, une fois de plus ils repartent de boite que tous les deux. C’est déjà arrivé plus d’une fois, Jérém qui repart tout seul avec lui… Jérém qui part de boite avec des prétextes bidons… Jé-Jé naze un dimanche matin à 1h35 ? deux fois dans un mois ? Lui qui « avant » faisait la fermeture des boites après s’être tapé une ou plusieurs nanas dans les chiottes du KL ? Non, ça ne tient pas debout…

    Jérém ne lui avait pas parlé de cet aspect de sa vie, c’était certainement quelque chose de difficile à assumer pour lui. Peut-être c’était tous simplement trop tôt, ou alors cette chose était brouillée dans sa tête, enveloppée dans un brouillard épais… une simple passade, peut-être ? L’envie d’essayer un truc nouveau ? De la curiosité ? Est-ce que son pote avait besoin de savoir où il en était, où il allait, avant de lui en parler… ?

    Non, Jérém ne lui avait pas parlé de ce qui se passait réellement avec ce petit Nico ; cependant, si les mots n’étaient pas au rendez-vous, il y avait un truc assez troublant dans l’attitude de Jérém vis-à-vis de tout ça… parfois, lorsqu’il faisait des allusions à Nico, quand il lui parlait des révisions, quand il venait lui annoncer qu’il le raccompagnait, Thibault avait l’impression que Jé-Jé savait : il savait que, lui, Thibault, savait… comme une complicité au delà des mots, comme un truc de plus qu’ils partageaient, un secret entre potes… oui, un truc dont on ne parlera jamais, comme cette petite branlette partagée sous une tente il y a bien longtemps…

     

    [Août 1995. C’est l’été de leurs treize ans et Jérémie est parti en camping avec Thibault et sa famille... les deux copains dorment dans la même tente... quelques branlettes côte à côte... imaginant que le copain n’a rien remarqué... et puis un soir, une main glisse sur le sexe du pote qui est en train de se caresser dans le noir… c’est agréable la sensation d’une autre main que la sienne sur sa zigounette… alors, après une première surprise, on laisse faire, ce touche pipi est si délicieux qu’on ne se pose plus de questions; d’ailleurs, après une petite bière achetée en cachette à la buvette du camping, tout semble permis... on sent ce truc monter, ce truc si plaisant dans son bas ventre... ça vient, qu’est ce que c’est bon, on jouit si fort qu’on a du mal à ne pas crier... c’est tellement bon qu’on arrive pas à s’endormir...

    On reste en silence à coté du copain qui nous a fait ce plaisir... on sent qu’il est en train de se branler à son tour et alors on ne peut pas se priver de lui rendre la pareille... on allonge la main, on rencontre la sienne, elle laisse la place et on continue de branler le sexe de ce pote qui nous a fait ce cadeau en premier... on le sent jouir dans notre main et on est contents de l’entendre haleter de plaisir…].

     

    Oui, c’est ça être potes… savoir des choses sur l’autre et savoir parfois les passer sous silence, lorsqu’on comprend que les mots ne seraient d’aucun secours… savoir comprendre, accepter sans juger… comprendre sans que la parole ne vienne gâcher ce que l’on sait déjà sans se le dire… ça s’appelle l’amitié…

    Pourtant, il avait vraiment besoin de savoir, besoin que Jérém s’ouvre à lui plutôt qu’il ne se sente obligé de le brancher sur une jolie fille pour le ménager, une jolie fille dont le plus grand attrait était à ses yeux celui d’avoir couché quelques temps plus tôt avec son meilleur ami. Une jolie fille à qui Jérém avait peut-être promis de remettre ça si ce soir là elle s’était occupé de son pote…

    Ça c’était bien un coup à la Jérémie… un coup qu’il lui avait fait par deux fois déjà, un coup que la nana avait toujours fini par lui avouer après l’amour… voilà une attitude de Jérém capable de le toucher et de le vexer à la fois… oui, c’est touchant un pote qui s’inquiète que vous ne finissiez pas la soirée tout seul… mais au même temps c’est humiliant de penser qu’il ait pu imaginer que vous aviez besoin de cela pour lever un coup du samedi soir…

    Quelle drôle de sensation pour Thibault que d’accompagner son Jé-Jé à la voiture… il y a un truc qui le dérange, un truc qu’il n’arrive pas encore bien à s’expliquer, ou tout simplement à admettre, un truc qui lui prend bien la tête comme il faut… sur le parking, Thibault essaye de retrouver, et de montrer à « l’intrus », un peu de cette complicité qu’il y a depuis toujours entre lui et son pote… il lui lance des piques et son Jé-Jé réagit à ses petites bousculades. Pourtant, imagination ou réalité, Thibault a l’impression que Jérém n’est pas comme d’habitude… Nico est là et Jé-Jé est comme différent… alors que d’habitude il n’a aucune gêne à déconner avec lui et à être très tactile, même devant plein de monde, Thibault le trouve moins libre dans ses mouvements… il a l’impression que Jérém est pressé d’arriver à la voiture et de rentrer… alors les questions envahissent son esprit…

    Qu’est ce qui se passe au juste avec Nico ? Qu’est-ce qui se passe dans la tête de Jé-Jé ? Que s’est-t-il passé dans ces putains de chiottes avec le type avec qui il s’était battu ?

    Thibault regarde Jérémie et Nico prendre place dans la 205, une sensation bizarre dans le ventre. Pourtant, depuis bien longtemps déjà, Thibault est habitué aux escapades de son Jé-Jé… combien de fois il l’a vu s’éclipser avec une gonzesse à une fête de village ou dans les chiottes d’une boite de nuit, ou repartir direction rue de la Colombette en charmante compagnie… à chaque fois ça l’a rendu un peu jaloux, jaloux du succès de son meilleur pote avec la gent féminine…

    Mais au final, les aventures de son pote l’avaient toujours fait sourire… d’autant plus que le lendemain, ou plus tard le soir même, il serait venu lui en parler, lui raconter, faire des blagues de mec… ils auraient rigolé ensemble, retrouvé à l’instant cette entente de potes qui avait toujours été la leur depuis l’enfance…

    Oui, Thibault est habitué aux escapades de son Jé-Jé… en quoi le fait que ce soit un mec et non pas une nana devrait le perturber ? Il n’y a pas de raison… pourtant c’en est ainsi…

    En revenant vers l’entrée de l’Esmeralda, Thibault ne peut pas quitter la 205 des yeux; il reste là, planté sur le parking, à fixer la lumière rouge des feux arrière s’éloignant dans la nuit jusqu’à qu’elle soit définitivement hors de sa vue ; le vent souffle sur sa peau et il se surprend à penser à son pote seul avec Nico… en vrac, au fond de lui, de la tristesse, un peu de déception et, il faut bien l’admettre, un autre truc qu’il ressemble bien à de la jalousie… comme si on le privait de quelque chose… comme si on lui arrachait quelque chose… comme s’il était laissé… sur le carreau…

    Est-ce qu’il est jaloux que Jé-Jé ait un autre pote ? Ou bien jaloux du fait qu’il se passe un truc, ce truc, avec ce pote ? Est-ce qu’il est jaloux de savoir son pote en train de s’envoyer en l’air ?... Ou alors, est-ce qu’il est jaloux de savoir son pote en train de s’envoyer en l’air… avec Nico ? Jaloux de savoir son pote en train de s’envoyer en l’air loin de lui ? Pourquoi donc ? Est-ce qu’il a envie de voir Jérémie s’envoyer en l’air ? Envie de le voir nu, en train de prendre son pied ? Est-ce que ce soir là, à pouvoir choisir, il aurait eu envie de monter dans la voiture avec eux ? Est-ce que, à pouvoir choisir, il serait bien monté dans la voiture à la place de Nico et… pour la même fin de soirée que Nico… Est-ce qu’il est tout simplement jaloux qu’ils couchent ensemble, que Jérém partage avec ce Nico quelque chose qu’il n’a jamais partagé avec lui ?

    L’idée est tellement énorme et difficile à assumer que Thibault ressent le besoin de rester seul pour accuser le coup de toutes ces nouvelles questions qui se bousculent dans sa tête et secouent son esprit au point de lui brouiller la raison. Il s’arrête un instant appuyé à la rambarde à coté de l’entrée de la boite. Il ne se sent pas le courage de retourner dans le boucan de la salle, dans la chaleur étouffante, au milieu de tout ce monde, de retrouver les potes, de devoir déconner alors que le cœur n’y est pas… il prend une inspiration profonde, il essaie de faire le vide dans sa tête, de repousser cette image, cette idée complètement délirante… avoir envie de rentrer avec Jérém… d’être à la place de Nico pour tout…

    Il avait fallu qu’un petit Nico surgisse dans la vie de son pote pour que les désirs de Thibault, des envies que sans cela seraient certainement restés tapies au fond de son cœur, remontent à la surface de sa conscience avec une violence inouïe. Une violence nourrie par la jalousie.

    Celle là, alors, Thibault se disait qu’il ne l’avait pas vue venir… que jamais il n’aurait cru que Jérém chercherait un jour la compagnie d’un garçon… « Et moi qui croyais le connaître… – se dit-t-il, le regard perdu dans le vide, sentant une étrange fatigue le gagner, le malaise se dissipant petit à petit laissant apparaître une sorte de tristesse empreinte de résignation  – mais comment ça se fait qu’un mec comme Jé-Jé ait eu envie de se taper un garçon alors qu’il peut avoir toutes les nanas qu’il veut ? Bien sûr… beau comme il est, il doit se faire brancher par des mecs… et dans le quartier où il habite, c’est pas ça qui manque, les mecs à mecs »…

    Tu le sais, Thibault, il a des gars qui ont un truc, une façon de regarder qui fait qu’on a envie de les regarder aussi… ça t’est arrivé à toi aussi de te faire mater… au taf, en boite… une fois t’as même du refuser du rentre dedans plutôt cash… t’avais même trouvé que le mec n’était pas mal et en plus il savait s’y prendre… il était charmant… ça avait été dur pour toi de lui dire que tu n’étais pas intéressé… alors, si ces trucs là t’arrivent à toi, ils doivent arriver dix fois plus à Jé-Jé… toutes les nanas sont folles de lui… alors les homos…

    Eh oui, Thibault, il faut bien admettre que de mater les mecs… parfois ça réveille des trucs… est-ce bien que de la curiosité ce truc qui se passe dans ta tête quand tu ressens cette sensation de bien être et de douceur en regardant les potes rigoler entre eux, se dessaper dans les vestiaires, faire les cons, nus sous les douches… ce sont des potes, tu es bien avec eux… ce sont des potes marrants, ils sont cool… mais tu te surprends bien souvent à être admiratif devant leur nudité, devant leur aisance, devant leur beauté…

    C’est vrai, c’est beau le corps d’un garçon… on ne peut pas dire le contraire… tu aimes les regarder, respirer, t’imprégner de cette ambiance chargée de testostérone propre aux vestiaires, mais jamais tu ne pourrais passer à l’acte, n’est-ce pas Thibault ? Jamais tu ne pourrais faire des trucs avec un mec… jamais… jamais ou bien… sauf si c’était avec lui… juste un ti truc, histoire de se souvenir de ce bon moment sous la tente il y a six ans déjà, ce moment que tu n’as jamais pu oublier…

     

    [Août 1995. On reste en silence à coté du copain qui nous a fait ce plaisir... on sent qu’il est en train de se branler à son tour et alors on ne peut pas se priver de lui rendre la pareille... on allonge la main, on rencontre la sienne, elle laisse la place et on continue de branler le sexe de ce pote qui nous a fait ce cadeau en premier... on le sent jouir dans notre main et on est contents de l’entendre haleter de plaisir.

    A treize ans, l’excitation est si forte, la sensation de découvrir son propre corps si prenante que l’on recommence une, deux fois dans la même nuit... le sommeil est entrecoupé de plaisirs inattendus...

    Ensuite le matin arrive, trop tôt, le soleil est haut dans le ciel quand on décide enfin de se lever. On ne reparlera plus jamais de ce qui s’est passé cette nuit là et on ne recommencera plus jamais ce même manège. On est un peu gênés au début, on n’ose pas trop se regarder dans les yeux, mais on retournera rapidement à la vie de tous les jours et on reprendra l’amitié là où on l’avait laissée avant cette parenthèse fermée, avant cette folle nuit hors du temps…].

     

    Eh oui, Thibault, il faut bien avouer que Jérémie te fait bien plus d’effet que quiconque… depuis toujours… c’est le seul mec qui te fait cet effet là… combien de souvenirs de ton Jé-Jé, de ces instants d’éternité ou tout semble possible…

     

    [Septembre 2000. Souvenir d’un soir d’entraînement de rugby, d’être resté pour faire de la muscu dans la salle à côté des vestiaires… souvenir d’avoir traîné assez longtemps pour que l’on soit que tous les deux… souvenir d’avoir passé de longues minutes à regarder Jé-Jé faire des haltères et puis des exercices pour muscler le dos, les abdos…

    Et puis avoir attendu avec impatience le moment de prendre une douche rien que tous les deux… avoir eu envie de le voir poser son t-shirt, son short, envie de le voir nu… sentir l’effet que ça fait de le voir tout près, à poil, sous la douche, les peaux si proches, s’effleurant par moments, essayer de penser à autre chose, sans pouvoir, sentir la trique venir toute seule; se retourner en catastrophe, gêné, fermer l’eau chaude et laisser le jet glacial fouetter la peau pour essayer de se calmer… alors qu’on ressent une envie de dingue de serrer son corps contre le sien, l’envie de toucher à nouveau, après tant de temps, cette queue jamais oubliée et qui hante bien des rêves… envie de lui faire plaisir… envie à en crever, envie impossible… envie tellement pressante, tellement obsédante qu’on se dit à un instant : j’y vais, je vais y aller, je vais le caresser, il ne peut pas refuser, juste une branlette... le cœur qui cogne dans la poitrine, la tête qui semble devoir exploser…

    Envie impérieuse, grandissante à l’extrême, envie qui semble pouvoir tout rendre possible, comme si en raison de sa puissance elle pouvait devenir contagieuse et se transmettre à lui à l’instant… envie déchirante, et si vite rattrapée par la déception soudaine, lorsque on entend le robinet qui se ferme, quand on voit son corps ruisselant d’eau s’éloigner avec cette démarche assurée qui est la sienne depuis bien longtemps déjà… tristesse et désillusion quand on réalise que l’instant est passé… quand on se rend compte qu’un instant plus tôt, alors que tout était encore possible, on avait estimé que ce n’était pas le moment, alors qu’un instant plus tard, maintenant, sans crier gare, ce n’est déjà plus le moment…

    … rester alors sous la douche, hagard, dépité, et le regarder en train de s’essuyer, reluquer sa queue apparaître et disparaître au gré des passages de la serviette sur son anatomie parfaite…

    ... respirer un bon coup avant de fermer l’eau à son tour, avant de sortir de la douche, grelottant, la queue toujours raide… avoir honte de s’approcher pour chercher la serviette, honte de lui montrer cette putain de trique qui ne tombe pas, alors qu’il a déjà passé son jean et que, torse nu, son t-shirt dans les mains, beau comme un Dieu, il pose son regard exactement là où on ne voudrait pas qu’il le pose… se sentir gêné comme jamais, embarrassé devant son petit sourire narquois, troublé d’entendre sa réflexion pas gênée du tout, elle : « Dis donc, c’est l’effet de la douche, ça ? »...

    ... avoir envie de lui balancer à la figure… putain, Jé-Jé, non ça c’est juste l’ « effet douche avec toi » !!! Mais sentir la honte plus forte que le courage d’assumer ses envies… faire semblant de sourire de sa blague, mais se sentir frustré, déçu, s’en vouloir à mort, sentir en soi un sentiment lancinant de défaite qui fait mal au ventre…

    « Souvenir de m’être branlé une fois rentré chez moi en pensant à Jé-Jé me matant sortir de la douche, la queue tendue, avec son petit sourire en coin, avec cette étincelle canaille »… ].

     

    [Janvier 2001. Une autre soir, tard dans la nuit, se retrouver tous les deux chez moi après une virée en boite, parler rugby, boire une bière, rigoler, boire une autre bière, refaire le monde, boire une troisième bière… parler nana, parler cul… espérer trouver le moyen, envisager quelque chose, ne pas oser l’exprimer… avoir honte rien que d’y avoir pensé… espérer qu’il me tende une perche… qu’il m’offre une occasion… parler pendant des heures en espérant que le bon moment se présente… chercher les yeux de Jé-Jé, chercher à y lire un ressenti semblable au mien… et puis fuir son regard quand il semble accrocher mon désir et lui laisser une ouverture…

    Oui, il y a des moments où il me semble de lire un truc dans son regard, comme une invitation… au fond de moi, je me dis que je n’ai qu’a sourire à mon tour et à me laisser aller… mais à chaque fois qu’une occasion du genre s’est présentée, voilà, je n’ai pas eu le cran… à chaque fois j’ai baissé mon regard, j’ai sorti une connerie, j’ai lancé un sujet sans importance, j’ai fait le clown, j’ai volontairement raté le coche, ignoré l’instant, fui mon désir, son désir ? Notre désir ?…

    Je connais Jé-Jé, je sais qu’il est bien trop fier pour faire ce genre de pas… pourtant il a bien du voir ce truc dans mon regard… s’il a vu, il fait mine de rien… il est ainsi fait ainsi mon Jé-Jé… alors, il n’y a que moi qui puisse débloquer la situation, prendre le courage à deux mains et faire arriver ce dont on a peut-être envie tous les deux…

    En plus il y a entre nous un putain de feeling… il est de ces moments où il y a une espèce de tension, une telle complicité, une telle perfection de l’instant, une entente, une magie… je sens nos jeunesses se frôler, nos amitiés se frotter l’un à l’autre en faisant des étincelles… il n’y a pas de mots pour ça, c’est un ressenti épidermique, je suis bien avec lui, je me sens vivre avec lui, je sens qu’il est bien avec moi, qu’il m’apprécie, qu’il y a un truc qui se passe… c’est vrai, on se comprend, on s’entend pour tout… pour tout sauf que pour ça… pourtant je crois vraiment qu’on en a envie tous les deux, mais c’est comme si tous les deux on avait peur de gâcher la perfection de notre amitié en passant à l’acte… comme si en passant à l’acte plus rien après ne pouvait plus être comme avant…

    Pourtant le désir est toujours là, dans ma tête : j’essaie alors de l’évacuer autrement, en vain, en restant avec lui pendant des heures, en rigolant… au fil de la nuit, se retrouver à vivre un de ces moments que je ne connais que trop bien, ces moments où l’on sent venir une bonne dynamique de franche rigolade, d’intimité, comme de promiscuité… une conversation cul qui arrive de nulle part et semble aller dans le bon sens… des instants qui se prolongent, durent et donnent l’impression que oui, tout est possible, que c’est possible, qu’il SE passe un truc, qu’il VA se passer un truc… Et puis, un détail, un mot et patatras, tout s’écroule…

    Faut que je rentre…

    Quatre mots et toute la magie a disparu d’un coup, un seul. Je lui souris et je lui souhaite la bonne nuit. Rentre bien…

    Et patatras…

    Tu sais Thibault que tu es le seul à pouvoir faire le premier pas, mais tu as laissé passer tellement d’occasions… si connement… toujours fui l’instant présent t’en remettant aux espoirs encore intacts de celui qui viendra dans une meilleure occasion, demain sûrement. C’est con d’attendre de demain ce que aujourd’hui pourrait nous amener. C’est con mais c’est ce qu’on fait souvent, lorsque on n’ose pas assumer nos envies. Par peur, par crainte. C’est con… surtout qu’il n’y aura peut-être pas toujours un demain… la vie change si vite et au gré des rencontres, les envies peuvent changer et les occasions de les assouvir aussi…

    Tristesse et désillusion quand on réalise que l’instant est passé…].

     

    [Août 2000. Dans la tête de Thibault, voilà l’image d’un soir de l’été d’avant, bien avant le début de ces putains de révisions avec Nico, quand Jérém était encore le Jé-Jé qu’il connaissait, « son Jé-Jé à lui », un soir où l’alcool était joyeux, à point pour faire tomber quelques barrières et suffisant pour adoucir les mœurs.

    Ce soir là ils s’étaient retrouvés tous les deux sur ce même lit dans lequel il lui était si difficile à présent de trouver le sommeil : il faisait tellement chaud qu’ils s’étaient mis torse nu en arrivant, avant d’ouvrir des bières bien fraîches qu’ils étaient en train de boire, allongés l’un à cote de l’autre…

    Ca tapait la discute autour de tout et de rien, la conversation n’étant que prétexte pour faire durer cet instant entre potes…

    La nuit d’été était chaude, et il n’y avait pas que la nuit qui l’était… des images torrides se bousculaient dans la tête de Thibault… envie de lui, envie de sentir son torse sur le sien, sa peau contre la sienne… son parfum de mec aux effets ravageurs… alors, une fois la bière avalée, trouver un prétexte quelconque pour faire le con, pour se jeter sur lui, pour le chatouiller, pour passer sa main sur son dos, sur ses épaules, frôler sa braguette et sentir son paquet à travers le jean… un pur fantasme que de sentir son corps musclé contre le sien…

    Thibault se retrouve allongé sur Jérémie, torse contre torse, la tête penchée sur la sienne… les yeux dans les siens… il lui sourit et il continue à parler et à déconner pour que cette situation ambiguë ne tape pas trop dans l’œil de son pote et que ça ne lui donne pas l’envie de s’y soustraire ; parler pour ne pas se laisser gagner par ses fantasmes… parler encore et encore pour ne pas céder à la tentation insupportable de l’embrasser… lui sortir une connerie, tenter de sonder le terrain en le flattant…

    J’aimerais avoir la moitié de la cote que t’as toi avec les filles…

    T’en as autant que moi, mais tu as peur d’aller les voir…

    Je n’ai pas l’impression qu’elles s’intéressent à moi plus que ça…

    Je te dis que si…

    Pas sûr…

    Ne sois pas bête, tu sais que tu es beau garçon, tu plais…

    C’est toi qui plais, Jé-Jé… t’as vu comme tu es foutu… comme t’es beau… toutes les nanas ont envie de toi…

    De toi aussi, faut juste que tu aies un peu plus de confiance en toi…

    Se sentant pousser des ailes, le joint qu’ils avaient partagé en arrivant à la chambre faisant son effet, Thibault avait au cette phrase qu’il avait regrettée presque instantanément :

    Moi si j’étais une nana, je préférerais coucher avec un mec comme toi qu’avec un mec comme moi…

    Un silence gêné s’en était suivi. Thibault avait croisé un regard troublé sur le visage de Jérémie, juste avant qu’il ne détourne les yeux, alors qu’un seul petit sourire de la part de Jé-Jé ça aurait été pour lui le feu vert pour aller plus loin… Jérémie n’avait pas saisi son désir et s’il l’avait deviné il n’avait pas souhaité faire un pas vers lui…

    Thibault se sentait désormais super gêné de se trouver toujours sur lui, torse contre torse, bassin contre bassin, braguette contre braguette… plus tard, il repassera mille fois cette scène dans sa tête, en se disant à chaque fois qu’il avait laissé passer le bon moment, comme un con… il aurait voulu revenir en arrière pour avoir le cran de porter une main sur la braguette de son pote qu’il avait senti bander sous son jean, contre son propre jean… au lieu de quoi, par crainte, il avait reculé, il avait reculé alors que c’était gagné… il avait rigolé comme un idiot, il avait chatouillé son pote pour détendre l’ambiance et il s’était laissé glisser sur le flanc, se retrouvant à nouveau allongé sur le lit, à côté de Jérémie…

    Il aurait suffit qu’il ose lui ouvrir la braguette, saisir sa queue comme cette nuit sous la tente, rien de plus, ils auraient certainement passé tout les deux un super moment… et le faire jouir n’aurait été qu’un pas de plus pour lui montrer à quel point… à quel point… à quel point… quoi ? A quel point son amitié était… forte ?].

     

    Dimanche matin, juin 2001, 4h52. Thibault n’arrive pas à trouver le sommeil et il n’a cesse de penser à Jé-Jé en train de s’envoyer en l’air, de l’imaginer en train de prendre son pied avec Nico. La chance, ce petit Nico… la chance et le bonheur de sentir son corps musclé contre le sien... le contact de sa peau mate et chaude… la chance de voir ce beau garçon en train de jouir… il est jaloux, il est frustré mais au même temps il trouve ça extrêmement excitant... il l’imagine bien son Jé-Jé en train de se faire sucer ou en train de coulisser entre les fesses de Nico, ce petit Nico qui, faut bien l’admettre, possède quand même un charme bien à lui…

    Ils doivent être bien ensemble… Nico est homo, un vrai mec qui aime les mecs et qui s’assume… il doit lui faire des trucs que je n’oserais pas lui faire ou qu’il ne saurait pas accepter de moi, qui a été son meilleur pote… est-ce que Jé-Jé fait toujours… le mec ? A priori, on pourrait penser qu’un garçon aussi viril ne peut que faire le mec… à moins que… chercherait-t-il peut-être à assouvir un fantasme que seul un mec peut lui faire vivre ?

    Au final, en étant vraiment honnête, est-ce bien vrai que le coup de Jérém cherchant la compagnie d’un garçon dans son lit, il ne l’avait pas vu venir ? Est-ce que plutôt il n’avait juste pas voulu le voir venir ?

    Il avait fallu qu’un petit Nico surgisse dans la vie de son pote pour que certains signes avant coureurs lui sautent aux yeux, alors que sur le moment il était passé à coté de tout cela… dès lors, voilà que les regards de Jérém posés sur certaines nudités dans les vestiaires, à l’origine passés inaperçus par le fait de sa conviction que Jérém était un mec 100% à nana, prenaient aux yeux de Thibault une nouvelle dimension.

    Creuser un peu et retrouver dans la mémoire certains de ses regards dans les vestiaires ou sous la douche… et encore plus flagrant, des regards de certains potes sur son Jé-Jé… avoir parfois capté des échanges fuyants, flottants, des regards qui décrochent à l’instant même où ils se rencontrent, des regards qui ne s’avouent pas, qui sont là, qui disparaissent, qui reviennent, des regards gênés, regards appuyés, regards gênants quand ils se font un peu insistants, regards qui manquent quand ils cessent, regards sur Julien et sur d’autres gars, regards troublés par les nudités qui apparaissent et disparaissent au gré du passage d’une serviette… regards sur lui, parfois… souvenir de s’être branlé une fois dans les chiottes des vestiaires en pensant à Jé-Jé le matant sous la douche avec son petit sourire en coin, avec cette étincelle canaille… sacré fripon de pote ! ».

    « Mais oui, oui, oui… oui, il matait… mais comment je ne me suis pas rendu compte avant que Jé-Jé était sensible à tout ça… les corps nus, les muscles chauds, les odeurs de douche mélangées aux odeurs de peaux masculines… l’excitation des corps qui se frôlent… qui se caressent du regard, alors que l’imagination est vive… le corps est faible… alors qu’un garçon de notre âge a toujours envie… alors que l’excitation toujours présente et que la promiscuité adoucit les mœurs dans l’ambiance moite d’un vestiaire de rugby après le match »…

    Tant qu’il avait été persuadé que Jérém n’était qu’un mec à filles, ses désirs étaient restés enfouis dans le domaine de l’irréalisable : Jérém 100% hétéro avait de quoi décourager toutes des envies de rapprochement au delà de la plus stricte amitié virile… mais maintenant qu’il savait que son meilleur pote était ouvert à d’autres horizons sexuels, il ne pouvait pas s’empêcher de se demander pourquoi Jérém n’avait pas pensé à lui pour essayer un truc entre mecs, alors qu’il pouvait bien se douter que s’il s’était fait laisser faire une fois, il y avait de fortes chances pour qu’il soit d’accord pour recommencer…

     

    [Août 1995. A treize ans, l’excitation est si forte, la sensation de découvrir son propre corps si prenante que l’on recommence une, deux fois dans la même nuit... le sommeil est entrecoupé de plaisirs inattendus...

    Thibault ne pourra jamais oublier ce soir là quand, au delà de ses espoirs les plus fous, Jérémie avait allongé en premier sa main dans le noir pour la poser sur sa queue et commencer à le branler délicatement en l’amenant tout doucement vers sa première jouissance à deux]…

     

    Est-ce qu’il repense parfois à cette nuit lointaine quand il couche avec Nico ? Comment Jérém a vécu cela ? On n’en a jamais reparlé… jamais, pas un mot, pas une allusion… j’ai cru que Jérém en avait honte ou pire que ça ne signifiait rien pour lui, alors j’ai essayé de faire comme si elle n’avait jamais existée… je n’en ai jamais parlé à personne, mais j’y ai repensé mille et mille fois… en me disant que je n’ai jamais pris autant mon pied que lors de cette branlette sous la tente… et ce n’était qu’une simple branlette…

    Est-ce que il s’en souvient seulement ? Avec toutes les coucheries qu’il a connues, il a du certainement oublier tout ça, alors que moi je n’ai jamais pu oublier cette nuit… cette nuit qui a bel et bien existée malgré mes efforts pour l’oublier, pour faire comme s’il ne s’était rien passé…

    Décidemment, ce petit Nico avait bousculé sur son passage pas mal de choses autour de lui… alors, comment faire face au changement de son pote ? Comment ne pas en être affecté ? Déjà que c’était pour lui une torture de voir toutes ces nanas qui lui tournaient autour… déjà que, en étant enfin honnête avec lui-même, il fallait bien reconnaître qu’il avait été souvent si jaloux des aventures de Jérém… jaloux au point de se poser la question s’il l’était davantage de son succès inouï avec les nanas ou s’il n’était pas plutôt jaloux de la nana elle-même qui avait la chance de partager l’intimité de son beau Jérém, une nana pour qui son pote n’aurait été qu’un coup parmi d’autres alors que pour lui il représentait le seul mec avec qui il avait envie de cajoler et de faire jouir?

    Oui, déjà que c’était pour lui une torture de voir toutes ces nanas qui lui tournent autour… depuis quelques semaines, depuis qu’il sait que Jérém couche avec Nico, Thibault a remarqué qu’il n’y a pas que les nanas qui matent Jérém en boite de nuit… il y a bien de garçons qui pourraient tenter leur chance si un jour il devait se montrer à peine un peu réceptif à leurs charmes…

    Ainsi, voilà que la jalousie résignée qu’il éprouvait à l’égard de ses aventures avec des nanas, se transformait en une véritable jalousie maladive en imaginant Jérém avec Nico ou un autre garçon… avec combien de garçons a-t-il couché ? Quand ? Où ? Comment ? Est-ce qu’il a pris son pied ?

    Comment a-t-il pu ne pas remarquer toutes ces fins de soirée où j’ai été à deux doigts de lui montrer ce que je ressentais… toutes ces fois où j’ai renoncé de justesse, meurtri par cette terrible frustration endurée au nom de cette putain d’amitié… c’est quoi donc cette foutue amitié qui empêche deux garçons qui s’aiment d’un amour pur de s’unir dans un lit dans un plaisir sexuel intense ?

    On se connaît si bien, on est si complices… je saurais comment lui faire plaisir, c’est sur, je l’aime trop, on s’aime trop, il n’y a pas de doute qu’on saurait être bien ensemble sans besoin de jouer le rôle de mâle rassurant comme avec une nana. Il me semble que la tendresse entre mecs doit être si reposante… qu’elle doit arriver quand on en a besoin, qu’elle est là sans demander de grandes promesses… qu’elle doit avoir ce petit goût défendu qui rend la vie excitante… qu’elle doit ressembler à la beauté de la liberté… oui, ça doit être beau et troublant que de caresser un garçon… J’aurais eu mille occasions pour faire arriver des choses… et maintenant… maintenant ça en est peut-être fini de ces moments de complicité, ces moments d’ambiguïté où l’espace d’un instant tout parait possible… depuis quelques mois, depuis qu’il voit Nico, Jé-Jé n’est plus tout à fait le même… parfois il part vite après les entraînements pour le rejoindre… putain de révisions… depuis qu’il voit Nico, finis ses regards qui traînent dans les vestiaires, sous la douche, sur la nudité des potes, sur ma nudité… dans les vestiaires, il a l’air comme mal à l’aise… ses douches sont bien plus courtes qu’auparavant, son regard perdu dans le vide, sa nudité vite rangée sous une serviette, fini le mec capable de commencer un débriefe de match en sortant de la douche pendant qu’il s’essuyait longuement… désormais l’attirail est vite rangé… comme s’il était moins à l’aise avec sa nudité, avec la promiscuité avec d’autres garçons…

    Est-ce à cause du malaise qu’il doit ressentir vis-à-vis de sa nouvelle vie, une vie qui ne doit pas être facile à assumer ? Ca doit être difficile pour lui désormais de regarder un garçon nu, comme s’il se sentait coupable et qu’il avait peur de se trahir, peur qu’on devine ce truc qui est en train de se révéler en lui… quand on se sent coupable, on a l’impression que tous les regards nous accusent… alors on essaie de tenir une conduite exemplaire, une conduite qu’on croit capable d’éloigner tout soupçon de nous, une conduite qui ne nous ressemble pas, une conduite qui, en essayant de ne pas se faire remarquer, finit par obtenir l’effet exactement inverse…

    Ça te rend dingue, Thibault, que ton pote Jérémie se tape un mec… et puis… si ce n’était qu’un coup d’un soir, sur un malentendu, après une cuite… non… ça fait des semaines, des mois que ça dure… pourquoi lui ? Pourquoi il n’a pas vu à quel point tu avais envie de ça ?

    De toute façon, il faut être réaliste Thibault, comment imaginer un seul instant de coucher avec lui alors que vous êtres potes, les meilleurs potes du monde ? Comment l’amour physique et l’amitié pourraient se combiner sans s’affronter, sans se détruire l’un l’autre? Est-ce que l’amour physique entraînerait d’autres sentiments que l’amitié?

    Jérémie est ton pote depuis toujours, et depuis toujours il a été ton petit Jé-Jé. Depuis que tu le connais, tu as eu envie de le protéger, de le prendre sous ton aile… c’est ce que tu as fait et lui il s’y est bien installé… oui, depuis que tu le connais, depuis que tu l’as vu se faire bousculer par la vie, tu as toujours eu envie de protéger Jé-Jé… de l’apaiser, de l’aider à trouver le calme au delà de ses aventures qu’au fond ne lui apportent rien au-delà d’un plaisir immédiat suivi d’une tristesse indélébile…

    Qu’est ce qu’il est beau ce jeune homme en devenir, fort, puissant, avec cette allure affichée de conquérant, froid et déterminé, droit dans ses baskets… mais toi, Thibault, toi et toi seul, tu sais que sous la carapace il y a un gentil garçon avec qui la vie n’a pas toujours été tendre…

    Tu te souviens de Jérémie à l’age de 11-12 ans, malmené par les plus grands dans la cour de recré ; tu te souviens quand sa mère lui manquait à en crever et sa belle mère le harcelait pour le pousser à quitter la maison; tu te souviens de l’avoir vu pleurer, plus jeune, et de l’avoir pris dans tes bras pour le réconforter.

    Tu te souviens avoir vu le petit bonhomme mal dans sa peau se transformer en un jeune homme magnifique pour qui les nanas se battent et dont les mecs se jalousent l’amitié. Tu te souviens d’avoir vu ce même Jérém construire jour après jour cette armure à double face, cette double défense qui le rend cool et marrant, admiré par les potes ; qui le rend charmeur, froid et intransigeant, limite goujat avec les nanas…

    Tu es le seul à savoir que Jérém, faute de faire confiance à l’amour, cherche à charmer, à 360 degrés : en amitié, avec de ses potes de rugby, par l’excellence du jeu, ce qui lui donne l’impression (et donne l’impression autour de lui, cette impression qui lui est renvoyée régulièrement par l’estime de ses potes et qui est si précieuse pour son ego) d’être incontournable ; le fait de se sentir admiré, jalousé, ça le galvanise, ça lui donne l’impression d’exister, sans pour autant combler le vide qui est depuis toujours en lui…

    Ç’en est de même avec les nanas, le besoin d’avoir un pouvoir de séduction quasiment absolu… Jérémie aime plaire, se sentir désiré, profiter de la position de force qui lui offre son charme pour collectionner les aventures, parce que ça le rassure… il ne l’a jamais vu rester avec une nana plus de quelques semaines… et en aucun cas leur être fidèle… il lui semble même que son pote prendrait un malin plaisir à se faire désirer, à chaparder rageusement ce que son charme lui offrirait sur un plateau… ce que Jé-Jé aime, c’est le défi que représente une nana à séduire…

    Oui, Thibault sait beaucoup de choses au sujet de la sexualité de Jé-Jé… tout comme Jé-Jé en sait pas mal sur la sienne… entre potes ils se sont souvent confiés ce genre de trucs… il sait que Jé-Jé aime tout dominer pendant la baise, et il sait que Jé-Jé aime par-dessus tout faire craquer les nanas qui font mine de lui résister au premier abord, ce qui est quand même chose plutôt rare ; c’est le désir, la soif jamais étanchée de jauger la puissance de son pouvoir de séduction qui le fait courir vers ce genre de nanas ; une fois dans son lit, une fois dingues de son physique et de sa queue, soumises à sa virilité, il aime tout particulièrement obtenir d’elles tous ces trucs devant lesquels elles rechigneraient avec d’autres… il sait que Jé-Jé aime qu’on se laisse baiser la bouche, qu’on avale son jus, qu’on se laisse prendre par derrière…

    Ce qu’il aime par-dessus tout, ce sont les territoires vierges, ou du moins vierges de son passage… ensuite, du moment qu’il a posé son empreinte, ces territoires ne l’intéressent plus le moindre du monde…

    Thibault a parfois essayé de lui faire remarquer que son attitude, en plus de ne rien lui apporter à part quelques orgasmes, était machiste, presque méchante, mais il s’est toujours heurté à la position bien arrêtée de son pote sur le sujet: Jérémie veut juste sauter (sur) tout ce qui bouge… c’est sa façon d’exister, de se sentir vivant…

    Thibault connaît tout ça de son pote, car c’est avec lui que jusqu’à il y a pas si longtemps Jérém avait terminé toutes ses soirées après les sorties en boite ; c’est avec lui que Jérémie avait partagé ces moments tard dans la nuit ou la fatigue et l’alcool amènent souvent le plus fermé des gars à s’ouvrir à son meilleur pote… dans ces moments là, l’étalon assuré et un brin imbu de lui-même vis-à-vis de son succès avec les nanas, laissait ressortir devant lui tous ses doutes, ses faiblesses, ses craintes, ses angoisses. Et Thibault était là pour le réconforter, à attendre que les fumées de l’alcool se dissipent, que les angoisses se calment, à le serrer dans ses bras, à lui empêcher, parfois en se disputant, de prendre la voiture pour rentrer avant qu’il ne soit à peu près en état de le faire…

    C’est l’un des plus beaux souvenirs pour Thibault, se rappeler de certains soirs l’alcool aidant avoir entendu son Jé-Jé lui dire « Thibault, tu es un frère pour moi, je t’aime plus que tout ». Et s’être serré l’un contre l’autre pour s’apaiser mutuellement…

    Tu le connais si bien, Thibault, ton Jé-Jé… tu l’aimes si fort… tu sais qu’il a besoin de quelqu’un pour veiller sur lui, pour lui empêcher de se perdre dans ses anciens démons, dans sa souffrance profonde.

    Dans un monde idéal, tu voudrais être l’ami qui partage tout avec lui, son amitié, ses confidences, sa tendresse, des câlins, du plaisir… tu as envie de tout lui offrir, tout ce qui pourrait lui faire du bien au corps et à l’esprit…

    Et une fois repus de tendresse et de jouissance, le prendre dans tes bras et lui montrer à quel point tu l’aimes, comme un ami, comme un frère, lui montrer que l’intimité de vos corps n’est qu’un moyen de pour rapprocher vos esprits et renforcer encore votre amitié… tu le sais que vous ne pourrez jamais être plus que copains, amis…

    Alors, tu voudrais juste lui montrer que dans vos vies à venir, ces vies qui vous éloigneront peut être, il y aura toujours un ami, un lit, un refuge prêt à l’accueillir quoiqu’il arrive, d’où qu’il arrive, de n’importe quelle situation ou nana ou mec qu’il soit en train de fuir, dans n’importe que état d’âme ou d’esprit… tu voudrais qu’il sache que si la vie lui met des coups, il pourra toujours trouver dans tes bras un peu de chaleur, un peu de cette sensualité qui est pour un mec le préalable à sa détente, la détente qui lui permet de s’ouvrir et faire ressortir ses angoisses… lui faire comprendre qu’il pourra venir taper à ta porte à n’importe quelle heure pour parler de tout et de rien, pour rigoler, pour se cajoler, pour passer une nuit ensemble, jouir ensemble…

    Tu sais que les blessures de ton meilleur ami sont profondes, tu sais à quel point ses démons sont puissants… comme Nico, tu redoutes l’échéance du bac, car tu crains qu’après le diplôme Jérém ne soit amené à partir travailler ailleurs… tu redoutes le moment où tu ne pourras plus être assez présent dans sa vie pour lui empêcher de boire le dernier verre ou pour le ramener quand il aura trop bu, pour lui empêcher de toucher à autre chose que le shit… pour lui rabâcher que la capote n’est pas qu’un contraceptif… pour lui demander de ralentir en voiture, pour le rassurer, parfois par ta simple présence, quand tu sens que ça ne va pas fort, que ses angoisses refont surface et que Jé-Jé semble retrouver des attitudes autodestructrices…

    Au fil du temps, tu as gagné la confiance de Jérémie et tu es devenu pour lui quelqu’un dont la parole compte vraiment. De par ta conduite droite et simple, tu as inspiré du respect à ton égard dans l’esprit de Jérém. Ton opinion a de l’importance pour lui. Ta simple présence a de l’importance pour lui. Le fait de savoir que quelqu’un d’aussi droit que toi est son pote, un pote qui tient à lui, a fait que Jérém se tient à peu près à carreau pour ne pas te décevoir à toi, son meilleur pote… il craint de te déplaire, et cette crainte lui a empêché à plus d’une occasion de faire de trop grosses bêtises… le respect et l’estime pour toi, Thibault, il n’y a que ça qui peut le dissuader de se foutre en l’air…

    Et ça Thibault tu le sais bien… Jérém te l’as bien montré, il te l’a même dit parfois, un soir tard dans la nuit… « Merci d’être là et de m’empêcher de faire des bêtises »…

    Ainsi, tu as fini par endosser et assumer ce rôle de tuteur, de figure paternelle qui manque dans sa vie… quand Jérémie te lance à la cantonade un « oui, papa ! », comme sur le parking de l’Esmé ce samedi là, tu as à la fois envie de le gifler et de le serrer dans tes bras… de le gifler car, en t’attribuant un rôle de rabat-joie, ce mot semble l’éloigner quelque part de toi, d’une intimité que tu désires établir avec lui… et de le serrer dans ses bras car tu as tout simplement envie de lui montrer que tu es là… Jérém a besoin de quelqu’un qui le protége de ses excès d’instabilité, qui le protége de lui-même…

    Tu es sa famille, le grand frère qu’il n’a pas eu… tu le connais par cœur… au fil du temps tu as appris à être proche de lui sans l’étouffer, à être présent sans t’imposer, à parler quand il le faut, à te taire parfois, à partager une déconnade, une conversation joyeuse ou plus intime, parfois rien qu’une cigarette, d’autres fois encore rien qu’un silence… tu as appris à deviner ses états d’esprit, à t’y adapter au quart de tour… tu as appris à connaître ses faiblesse, ses point sensibles, tu sais comment le faire rire, comment l’apaiser, comment le rassurer… tu le connais tellement par cœur que tu as l’impression de percevoir son ressenti dans les moindres détails… comme après sa bagarre à l’Esmé… tu le sais qu’il a été bien plus remué de ce qu’il veut bien l’admettre…

    Tu sais que depuis quelque temps Nico est rentré dans la vie et dans le lit de ton Jé-Jé. Tu te demandes aussi si tout ça ce n’est qu’une passade pour Jérém ou si au final c’est ça, sa véritable vie… quoi qu’il en soit, tout ce qui compte c’est qu’il soit heureux et que quelqu’un veille sur lui... et au fond de toi tu es content que ce soit ce petit Nico qui va s’occuper de lui… il a l’air très amoureux, ce petit Nico… il suffit de voir comment il le mate… et l’idée qu’il soit amoureux de Jé-Jé et que ton Jé-Jé puisse en pincer à son tour pour lui, ça te fait chaud au cœur… oui, même si ça te rend aussi un peu jaloux, l’idée que ce soit Nico l’élu du cœur de Jérém ça te rassure… car tu en es sûr... Jé-Jé sera bien avec lui...

    Et, en tout cas, tu trouves rassurant que ton Jé-Jé soit dans un lit avec Nico plutôt qu’en train de picoler à en être malade et puis chercher la bagarre ou prendre la voiture et rouler jusqu’à avoir un accident… tu trouves apaisant de le savoir en train de jouir plutôt qu’il se fourre dans des mauvaises passes, comme cette fois qu’il s’était fait tabasser pour avoir trop fait le malin à cause de l’alcool et d’une coucherie de trop, plutôt qu’il cherche de la compagnie dans des endroits plus dangereux… plutôt qu’il prenne des risques pour sa santé, qu’il se livre à une sexualité du chiffre, qu’il se laisse aller à des rencontres qui ne lui apporteront rien qu’un plaisir passager et une solitude encore plus grande une fois la jouissance passée…

    Nico est amoureux, très amoureux … pour lui ce n’est pas qu’une passade… pour lui Jérém est tout et encore plus… oui, Nico est amoureux et en plus il est homo… alors, il doit certainement oser lui faire des trucs dont tu serais incapable… Nico devait faire jouir Jé-Jé comme pas permis pour que ce dernier en soit devenu si accroc, accroc comme jamais il ne l’avait vu l’être avec aucune nana… et savoir que Jé-Jé est en train de jouir comme un dingue le rendait heureux, car il savait que le sexe l’apaisait, certes momentanément, mais assez longtemps pour lui faire terminer une soirée au chaud dans un lit…

    Peut-être qu’avec Nico il trouvera enfin le vrai plaisir, celui qu’on éprouve avec la personne qu’on aime, ton Jé-Jé a besoin de tendresse, de douceur… il a besoin de trouver la force d’accepter qu’on puisse enfin lui en apporter, la force de faire confiance… peut-être qu’avec Nico il redécouvrira son corps, sa sexualité, qu’il arrivera à mettre un peu d’ordre dans sa petite tête si embrouillée… qu’il trouvera sa place et qu’il arrivera enfin à s’apaiser…

    Parce que le bonheur de Jé-Jé est très important pour toi, Thibault… parce que Jé-Jé compte beaucoup pour toi, vraiment beaucoup, tu es content qu’il soit bien avec Nico, ce petit Nico qui peut lui apporter une forme de bonheur que ton rôle de meilleur ami ne te permet pas de lui apporter, bien que l’envie soit bel et bien là… et maintenant que ton amitié semble ne plus lui suffire, c’est à Nico de prendre le relais… il a besoin de ça, ton Jé-Jé, de se sentir aimé… alors tu le lui confies en quelque sorte, tu lui demandes de garder un oeil sur lui…

    En même temps qu’il se rendait compte de charger le dos du pauvre Nico de lourdes responsabilités, Thibault sentait une question lui marteler l’esprit, le rendant inquiet : pour l’instant Jérém a l’air de trouver son compte dans la compagnie de Nico… cette situation le rend peut-être un peu nerveux car c’est tout nouveau pour lui, mais j’en mettrai la main à couper qu’il était content de rentrer avec Nico… mais qu’adviendra donc de tout ça, de cette amitié, de cet amour si un jour Jé-Jé part travailler loin, loin d’ici, loin de Nico ? Ca va se terminer entre eux, comme ça va se terminer entre nous…

    Sacré Jé-Jé… au fond de lui il devait culpabiliser de te planter là et de partir seul avec Nico ; oui, il est fort probable qu’il avait deviné ta frustration… son tour de passe-passe pour te pousser dans les bras d’une nana comme pour tenter de ménager ta jalousie qu’il avait perçue… tu t’es même senti un peu con, comme s’il te lançait : « vas y mon pote, va baiser toi aussi pendant que je baise loin de toi »…

    Sa bienveillance intéressée te fait mal aux tripes… c’est charmant de sa part de se préoccuper de ta fin de soirée… mais tu as envie de lui, pas de la brune…

    Ce soir là, une demi heure à peine après avoir vu son Jé-Jé partir avec Nico, Thibault rentrera avec Julie; il couchera avec, l’esprit ailleurs… pendant qu’elle le sucera, il pensera à son pote Jé-Jé dans les bras de Nico, pendant qu’il la baisera il s’imaginera le pied que Jé-Jé est en train de prendre loin de lui, il se demandera dans quelle position, combien de fois, à quoi ressemble l’expression de son visage pendant qu’il prend son plaisir de mec… son esprit divaguera loin, vers des images de son pote nu, dans les vestiaires du rugby, sous la douche, ou alors son torse moulé par un t-shirt blanc OxBow hyper sexy… pendant qu’il jouira, il verra remonter à son esprit l’image de son meilleur pote sortant de la douche, sa peau mate et trempée sur laquelle ses lèvres rêvaient de se poser, comme aimantées…

    Et quand il aura fini sa besogne, lorsqu’il sera allongé sur le noir dans le lit a côté de cette fille qu’il vient de baiser pour se soulager le corps et l’esprit, il repensera une fois encore à cette nuit de l’été de ses 13 ans en camping sous la tente avec Jé-Jé cette branlette réciproque… ce putain de truc qu’il aurait bien remis à la nuit suivante sans jamais oser le faire, sans que son Jé-Jé ne lui propose non plus… dans un moment de nostalgie et de tristesse, il se demandera encore et toujours pourquoi Nico est dans le lit de Jérémie à sa place...

    Une heure après avoir joui, Thibault n’aura toujours pas trouvé le sommeil ; en pensant à tout ça, il sentira à nouveau la trique monter… Julie dors déjà… Thibault se lèvera lentement, il ne veut pas la réveiller… il se dirigera vers la salle de bain ; il se postera devant le lavabo et commencera à se branler en pensant au corps et à la queue de Jé-Jé, il jouira une dernière fois cette nuit là en imaginant son Jé-Jé en train de coucher avec Nico…

    Pendant qu’il jouit, dans l’illusion de toute puissance qu’on éprouve pendant la courte durée de l’orgasme, Thibault se retrouvera à imaginer un monde idéal où l’amour et l’amitié s’arrangent dans un bonheur qui se mélange… un monde impossible, un bonheur inaccessible… un monde à inventer pour le bonheur des mecs, un monde où il n’y aurait pas de jalousie, pas de désir frustré, peut-être pas de désir tout court, rien que de l’amour et des esprits qui s’assemblent, en grappes…

     

    Retour à Dimanche soir, juin 2001, 23h59.

     

    Avis de mauvais temps persistant sur la vielle de Toulouse : Quartier St Michel c’est les giboulées ; rue de la Colombette c’est la tempête; aux Minimes c’est carrément l’ouragan… trois garçons seuls dans leur lit, seuls dans le noir de leur chambre, trois plaisirs solitaires pour tenter de trouver un sommeil réparateur.

    Thibault, seul dans son lit en ce dimanche soir, n’arrive toujours pas à trouver le sommeil. Le sentiment d’être en train de perdre son meilleur pote… le sentiment d’avoir gaspillé tellement de temps, d’avoir laissé passer tellement d’occasions… non, il faut bien se rendre à l’évidence : quand on ne sait pas saisir la chance, il n’y aura pas toujours un demain pour rattraper le coup… la vie change si vite et au gré des rencontres, les envies peuvent muer et les occasions de les assouvir passer et ne plus jamais se représenter… il faut savoir profiter de chaque instant de bonheur. Le temps ne nous appartient pas, notre vie n’est qu’un grain de sable emprunté à l’éternité.

    The time is only borrowed…

    En se branlant ce soir là encore, Thibault ne pourra pas s’empêcher de revenir une fois de plus à cette nuit d’été six ans plus tôt… l’été de ses treize ans…

     

    [Août 1995. Allongé sur son duvet, nu, profitant de la fraîcheur de la nuit d’été, le corps heureux  après deux bonnes jouissances amenées par la main de son pote, les sens toujours en éveil par ce truc de dingue qui vient de se passer, excités par la proximité de son Jé-Jé, par l’odeur de mec et de sperme qui imprègne les t-shirts avec lesquels ils se sont essuyés et qui persiste dans le petit espace de la tente, Thibault sent la trique monter à nouveau ; il a envie de se toucher, il a surtout envie de sentir à nouveau l’autre main le faire à sa place… est-ce que son pote aurait envie de recommencer ?

    Comme s’il l’avait senti, c’est précisément à ce moment là que, au delà des espoirs de Thibault les plus fous, la main de Jérémie se posera une troisième fois sur sa queue, qu’elle recommencera à la branler doucement… pour arrêter un instant plus tard…

    Thibault s’imaginera alors que son pote allait renoncer, terrassé par la fatigue qu’il sentait le gagner lui aussi… mais quelle sera alors sa surprise, comment imaginer son enchantement lorsque, après un court moment de pause, peut-être d’hésitation, il entendra un bruit dans la tente, son pote qui s’approche de lui, ses lèvres qui se posent sur son sexe tendu, le bout de sa langue qui joue avec le bout de son gland… dans le noir, la bouche de son pote autour de sa queue lui procurera un tel panel de sensations agréables, une découverte si intense et si plaisante qu’il sentira vite son plaisir monter…]…

     


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    Jérém est tellement proche de moi que je sens son épaule frôler mon dos, je sens son souffle chaud sur mon cou, comme de la braise, comme pendant la baise ; je sens son déo, mélangé à sa transpiration légère… tellement proche que ses lèvres effleurent mon oreille pour y glisser :

    Chez moi, maintenant…

    Putain de putain de mec… cette voix basse, tendue par l’excitation, ce ton autoritaire qui n’admet d’autre possibilité que l’obéissance… et que faire devant l’urgence absolue de sa jouissance de mec ? Obtempérer mon capitaine, obtempérer…

    Je vibre… je tremble… je frissonne… j’avais espéré qu’il le fasse mais je n’avais pas osé espérer que cela arrive vraiment… par ailleurs, j’aurai vraiment été déçu que ça ne se passe pas exactement comme ça…

    On est à quelques minutes à pied de la rue de la Colombette. On fait la route en silence, pas après pas, rue, après rue, il marche vite devant moi, sans m’accorder le moindre regard… je le suis, je cours après lui, je suis comme tenu en laisse… c’est une chaîne qui me lie à lui, une chaîne faite de beauté, d’assurance virile, de désir, de testostérone, de puissance, de déo de mec… d’envie pure…

    La porte d’entrée de l’immeuble est ouverte à cette heure-ci… je monte les escaliers derrière lui, envoûté par son déo qui traîne derrière son passage et qui me donne une trique d’enfer…  je ne sais même pas comment je résiste à la tentation de me jeter sur ce putain de petit cul bien serré dans son short, sur ces fesses rebondies, comment je résiste au bonheur de lui arracher le short et le boxer et de fourrer ma langue dans son ti trou…

     

    Retour en arrière de quelques heures.

     

    Lundi 11 juin 2001, 8h00, devant l’entrée du lycée Pierre de Fermat. Nous voilà, nous y sommes. Bac philo. C’est toujours un bon paquet de stress un exam. C’est assez solennel, une sorte de grande messe et je le vis comme une espèce de passage important dans la vie, une sorte de transition de l’enfance à l’age adulte. C’était ma façon à moi de vivre cette expérience, en lui donnant un sens et en l’autorisant à représenter quelque chose.

    Je voyais bien que nombre de mes collègues de classe le vivaient de façon bien plus détendue… ils y allaient presque en touristes… peut-être avaient-t-il raison de ne pas se prendre le bourrichon… quand on sait ce qu’est devenu le bac depuis… un bout de papier qu’on donne à tout le monde, avec n’importe quel niveau…

    Hélas j’étais ainsi câblé… perso le bac me faisait angoisser. Le stress m’avait cueilli dès le réveil ; il m’avait accompagné sous la douche, pendant que je m’habillais ; tenace, il m’avait suivi au petit déjeuner et perturbé pendant que j’avalais mon bol de café au lait ; entêté, il m’avait poursuivi durant tout le trajet à pied vers le lycée.

    Non, le stress pour le bac ne semblait pas destiné à me quitter ce jour là : j’étais un jeune homme très sensible au stress. Heureusement pour moi, il y avait quelque chose pour laquelle j’étais bien plus sensible encore: c’était la beauté masculine, cette perfection virile qui avait pour moi le visage, le corps et l’allure de Jérémie T.

    Certes, en repensant à mon départ de chez lui la veille, je flippais grave à l’idée de le retrouver au bac… j’avais beau avoir construit dans ma tête le Dimanche Matin 2.0 pour essayer de me convaincre que son changement d’attitude entre la nuit et le matin, que son agressivité n’étaient que la conséquence de son malaise vis-à-vis de cette relation qui le chamboulait, de son impossibilité à s’assumer, lui qui était tellement installé dans son rôle de mâle à femmes ; j’avais beau essayer de me convaincre que sa tendresse de la nuit était le plus bel aperçu du vrai Jérém, de ce qu’il était en réalité au plus profond de lui, un garçon marqué par les blessures du passé ; un garçon qui, l’espace d’une nuit, avait trouvé la force de laisser tomber la carapace…; oui, j’avais beau avoir conçu le Dimanche Matin 2.0 pour me persuader que, en prenant sur moi et en laissant du temps au temps, Jérém se rendrait compte des sentiments qu’il éprouvait pour moi et que notre relation pourrait évoluer ; il n’en demeurait pas moins vrai que ce matin là au réveil j’appréhendais grave de croiser son regard, de crainte de le voir toujours si noir envers moi, si haineux… ou, pire, distant, indifférent…

    Mais au delà de tout, au delà des toutes mes craintes, tout ce dont j’avais envie ce matin là en arrivant au lycée, c’était de le voir débarquer. Peu importe la couleur du regard, qu’il soit noir, énervé, méchant, fulminant avec des flammes… à vrai dire je m’en foutais… Jérém, ce merdeux si mauvais la veille, si injuste, si virulent, au point que mon avant bras portait encore une trace sensible de la prise de sa main… Jérém me manquait horriblement, j’en avais mal au ventre tellement j’avais envie de le revoir…

    Je l’aperçois arriver de loin, en baillant ; je ne peux pas le quitter des yeux, le regard caché derrière de grandes lunettes de soleil noires, avec sa démarche de mec assuré et bien dans ses baskets… il est sex, mon Dieu qu’il sent le sexe même à 50 mètres ou plus de distance… je le regarde avancer, grand, beau, sa silhouette parée avec des vêtements d’été, un t-shirt bleu ciel estampillé Airness qui a l’air  une fois de plus cousu main et sur mesure… un short clair bien taillé, ses jambes musclées non pas coupées par des chaussettes qui bien souvent cassent la beauté de ces lignes mais se terminant direct dans les baskets blanc et rouge…

    Oui, une tenue d’été dévoilant toute la perfection de sa morphologie… c’est une des raisons pour lesquelles j’aime l’été… si ce n’est pas la véritable raison… voir les mecs se découvrir, dévoiler leur beauté, des bouts de leur anatomie… de la sensualité se dégageant à travers ces tissus de coton fin qui laissent deviner des atouts qui ne demandent qu’à être mis à jour et admirés…

    Ainsi, dès que Jérém pointa son nez devant l’entrée du lycée, le bac devint soudainement à mes yeux un sujet d’une importance tout à fait relative. Il s’arrête un peu à l’écart de l’attroupement de 4 ou 5 garçons de notre classe qui constituent sa meute… il soulève enfin ses lunettes de soleil qu’il appuie sur le haut de sa tête et commence à dire bonjour à ses potes avec des bonnes poignées de main de mec, tout en approchant la joue et en leur claquant le genre de bise bien virile que jamais il ne me ferait à moi et que moi non plus je n’oserais jamais lui faire… qu’est-ce qu’elle est mal foutue la vie !

    J’ai toujours été « troublé » par le fait que certains mecs, bien hétéros, ces petits cons surs de leur virilité, se font parfois la bise entre potes. J’en voyais étant étudiant, au lycée, à la fac et ça m’arrive d’en voir encore. C’est toujours tellement troublant et quelque part émouvant, mais si érotique à mes yeux.

    Le voilà, ce petit con dans toute sa splendeur : toujours à la bourre, toujours à la dernière minute… le voilà, sentant la douche fraîchement prise, ses cheveux bruns bien coiffés, plus courts autour de la tête, un peu plus longs sur le haut, réunis par un gel à l’effet mouillé en une espèce de crête d’jeunz, ses pattes bien taillées descendant le long de ses oreilles droites et fines… finissant par aller rejoindre sa petite barbe de trois jours, sexy à en pleurer… la gueule enfarinée d’une nuit trop courte… oui, une nuit trop courte qui laisse tout imaginer… est ce qu’il a révisé ? Peu probable… Est-ce qu’il a baisé une nana ? Déjà plus réaliste…

    Il a fini sa tournée de poignée de main, arborant son sacré sourire charmant, il sort son paquet de cigarettes, il n’en allume une ; il tire une taffe, et tout en gardant un instant la fumée avant de l’expirer, il a ce geste qui doit être certainement à moitié inconscient… il lève les bras, il plie les avant bras faisant gonfler ses biceps en boule dans les manchettes du t-shirt ; il ferme les yeux, il s’étire et son t-shirt commence à remonter sur sa braguette ; c’est tellement agréable cet étirement du matin qu’il continue, augmentant la tension de son torse, cherchant à dégourdir tous ses muscles… et alors, au delà d’un certain seuil, voilà la zone rouge approcher… son t-shirt bleu ciel se soulève encore un peu… putain… dans sa recherche du bien être, sans se soucier ni même peut être se douter de l’effet que son geste va avoir sur bon nombre de sujets féminins et au moins un sujet masculin à proximité, il s’étire un peu plus encore… là on approche vraiment de cette vision magique que je me retrouve à attendre avec des frissons dans tout le corps… vas y, vas y, vas y encore Jérém… à peine un peu plus… ouiiiii, comme ça !... et là je vois bien apparaître le chemin de poils qui relient son nombril à son sexe… c’est un outrage, c’est de la provoc, c’est beau et infernal à la fois… surtout à mon égard… moi qui sais à quel endroit paradisiaque ce chemin amène, surtout quand on l’emprunte en direction du sud…

    Une fois terminé son étirement plutôt spectaculaire et remarqué, Jérém repart pour un petit tour de bonjour à quelques autres copains attroupés un peu plus loin ; il fait la bise à quelques nénettes, je suis un peu plus loin en train de discuter avec d’autres copains, le clan des loosers, il ne nous calcule même pas. Les mecs bien foutus avec les mecs bien foutus… les bons étudiants entre eux. Putain qu’est-ce que c’est injuste la vie !

    Putain de petit con ! Même pas un regard… pas un regard, après ce qui s’est passé samedi soir, après ce moment si magique ; pas un regard qui exprimerait le moindre regret pour son comportement brutal et à l’apparence incompréhensible le dimanche matin, pour cette pipe qu’il m’avait arrachée à grands coups de reins comme s’il voulait me défoncer la gueule et dont mon palais endolori se souvenait encore si bien 24 heures plus tard… non, son attitude était énervante de normalité… comme si tout allait bien… comme si tout était normal…

    Mais Jérém était beauuuu ce matin là, beau, beau, beau, et le soleil le rendait encore plus beau… j’avais envie de lui et j’avais envie de le cogner, de lui faire mal, autant de mal qu’il m’en faisait… ces deux sentiments là, l’envie de lui faire l’amour et l’envie de le cogner, seront souvent présents en moi pendant les années durant lesquelles on se côtoiera… et tout particulièrement ce matin là… heureusement, je choisirai presque toujours la solution « bonobo » pour apaiser les tensions entre nous…

    Non, rien dans l’attitude de Jérém ce matin là aurait pu laisser penser qu’il regrettait quoi que ce soit de ce fameux dimanche matin, de cette sorte de festival de l’humiliation et de la déception qu’il m’avait fait vivre, où j’avais cru toucher le fond de ce que je pouvais endurer… hélas je ne le savais pas encore, mais j’étais loin du compte…

    Mais ça c’est un autre sujet et l’heure de rentrer dans la salle d’exam était bien arrivée. On nous appelle et nous franchissons la porte du lycée. Nous traversons le grand couloir et je sens le stress me rattraper… oui, dès que je détourne le regard de Jérém, je sens cette putain d’angoisse pour l’examen refaire surface en moi et me prendre aux tripes… Jérém était ça pour moi, la seule personne au monde capable de tout me faire oublier… il était là et il n’y avait plus rien ni personne qui existait… on m’aurait dit que la fin du monde approchait à quelques secondes, je m’en serais fichu, si seulement il avait été là, si seulement la dernière image que j’aurais pu emporter avec moi était celle de sa beauté et de l’émotion débordante dont sa simple présence remplissait mon coeur…

    C’est intimidant de se retrouver devant des surveillants à l’air mauvais, agacés d’être là alors que dehors il fait beau, face à des copies du Ministère, devant les épreuves qui vont nous donner accès à la suite de notre vie. Avec le recul, il me faut admettre que je stressais pour rien, car franchement, le bac de philo ne me faisait pas peur. S’il y avait un truc que j’avais pigé au lycée, c’est qu’on ne peut pas rater une disserte de philo. Dans la pensée humaine, le vrai et le faux ne sont que des partis pris : dans l’absolu il n’y a pas de vrai, ni de faux ; il n’y a que des points de vue.

    Et des capacités plus ou moins habiles et honnêtes à fournir des arguments pour façonner, pour étayer la réalité, notre réalité, la seule que nous voyons, car elle nous arrange. Non, il n’y a pas de vérité absolue dans la vie.

    Pendant tout le lycée, chaque semaine, chaque mois on abordait un philosophe différent. A chaque fois, quand on étudiait la pensée d’un tel, je me disais : tiens, lui il a tout pigé… c’est lui qui a raison… je me faisais la promesse de tout lire de lui et de faire miens ses principes que j’admirais comme une vérité absolue…

    J’avais trouvé mon tuteur spirituel qui aurait donné un équilibre à ma vie toute entière… hélas, ma certitude était destinée à être mise à mal tout juste quelque jours plus tard, lorsqu’on abordait un nouveau penseur, avec des idées très différentes du précédent, parfois même opposées… je me surprenais à trouver sa pensée tout à fait à mon goût… ainsi pour le penseur suivant et le suivant encore…

    Alors, je finis par me dire que tous ces hommes avaient chacun leur point de vue sur la vie, ni bon ni mauvais, un point de vue façonné par leurs expériences et leurs références culturelles… je finis par me dire que dans la vie il n’y a pas de vérité, ni de réalité absolues, mais différentes façons de les appréhender.

    Dès qu’on a intégré cela voilà que la disserte de philo est dans la poche : pour peu qu’on lise l’intitulé, qu’on surveille l’ortho, qu’on sache trouver deux arguments pour ou contre, qu’on glisse ensuite n’importe quelle citation de grand penseur (à condition bien sur de la citer dans le bon sens et de la caser au bon endroit), le bac philo est inratable. Un pur exercice de style.

    Certes, à 18 ans, on manque peut-être un peu de maturité et de réflexion pour aborder une disserte philo sans tomber dans la répétition de notions apprises en cours et pour fournir un travail un peu fouillé…

    Encore faut-il disposer d’un minimum de calme et de concentration pour écrire des phrases avec un minimum de sens : hélas, ce matin là, je n’allais disposer ni de calme, ni de concentration. La faute à qui ? Je vous le donne en mille…

    Ce matin là, assis à mon petit banc de lycéen, ce banc que j’allais bientôt devoir abandonner, je me fis une réflexion qui ressemblait un peu à ceci : dans la vie il n’y a pas de bon ou de mauvais, il n’y a que la beauté qui soit vraie. Aussi vraie quand elle est devant nos yeux que quand elle en est loin. Dans les deux cas elle nous hante. Dans la vie, il n’y a que des beaux mecs et des moches. C’est l’injustice de l’existence.

    Côté beaux mecs, ce qui se résumait pour moi à la seule présence de Jérém, ce matin là j’étais encore servi. Les initiales de nos noms de famille étant proches, nous nous retrouvons ainsi placés sur le même alignement de bancs, de sorte que juste en tournant le regard de quelques degrés sur ma gauche, je peux le voir. Il est là, à tout juste deux bancs de moi. Le hasard a fait superbement les choses, car son banc n’est pas parfaitement sur l’alignement, il est à peine un peu plus avancé… ce qui fait que, sans même tourner la tête, sa silhouette est pleinement dans mon champ visuel…

    Putain de Jérémie… ce petit t-shirt bleu ciel de l’Airness… aaaahhhh qu’est ce que ça fait jeune mec sexy cette marque… ce coton qui moule ses biceps, qui épouse à la perfection les lignes de son dos puissant et musclé, de ses épaules, et qui a le culot d’être d’une longueur tout juste parfaite, comme étudiée, pour se relever dès que le bassin est un peu avancé, dès que le dos est légèrement penché en avant, pour remonter et montrer la beauté extrême de ses reins, pour laisse entrevoir l’élastique de son boxer Athena blanc qui dépasse du haut de son short… putain de bassin posé vers l’avant de la chaise, laissant bailler le short d’une façon si outrageusement provocatrice et érotique… je crève d’envie d’aller poser mon nez dans l’espace béant ainsi crée entre sa peau tiède et ce beau short… putain de position, enfin, qui me donne toute la vue sur son tatouage de mec…

    Il est là, assis à tout juste deux bancs de moi… alors, dites moi, en étant normalement constitué, quoi faire d’autre mis à part le mater ? Pendant que le surveillant donne les consignes pour le bon déroulement de l’épreuve, je ne peux détacher mes yeux de lui…

    Je le mate comme un malade mais Jérém regarde ailleurs… le regard fixé dans le vide, les paupières lourdes, toute l’allure du mec qui manque sérieusement de sommeil… putain de Jérém, même la veille du bac il lui faut faire la fête… et baiser ? avec qui, putain, avec qui ? ces questions, surtout la dernière, vont me rendre fou…

    Il me plait ce mec, il me plait plus que de raison, je me sens attiré vers lui avec une violence inouïe… et à chaque fois je me heurte violemment à cette putain de barrière, je m’épuise avec cette putain de distance qu’il met entre nous… je l’aime, je l’aime plus que tout mais par moments je le déteste… ce sont des moment comme celui là où je me rends compte que je ne comprends vraiment pas son comportement du matin d’avant… j’y pense et j’y repense, et même si je peux admettre qu’il ne voulait pas de câlins à ce moment là, je ne comprends toujours pas pourquoi il a été aussi brutal avec moi, alors que je suis depuis longtemps complètement soumis à sa queue… je ne demande qu’à lui faire plaisir… sans déconner… je ne comprends pas ce qu’il veut de plus… vraiment je ne comprends pas comment on peut être si beau et si con à la fois…

    Quoi qu’il en soit, je ne peux pas m’arrêter de le mater… c’est même pas que je ne le veux pas, c’est que je ne PEUX pas… dès que j’essaie de regarder ailleurs, dès que j’essaie de détourner mes yeux ou ma tête, voilà qu’ils reviennent aussitôt vers lui, mus par un réflexe incontrôlable, comme montés sur ressort, aimantés… je ne peux rien y faire… il me semble de l’entendre, notre reine Gloria « can’t take my eyes out of you ».

    Et quand on mate à ce point, ce qui doit arriver, finit par arriver. A un moment il tourne la tête et nos regards se croisent… putain de regard de beau brun, il frappe le mien comme une claque assénée pour faire mal, il m’éblouit comme le choc d’un éclair… j’en suis surpris, déboussolé, comme un lapin pris dans les phares d’une voiture… croiser son regard… lire son attitude à mon égard après ce qui s’est passé ce week-end… j’ai peur de voir comment va réagir mon regard au contact du sien… j’ai la hantise de me taper la honte dans cette confrontation… peur de rencontrer son mépris, sa froideur… peur d’y voir le reflet de mon malaise, de mon humiliation…

    Et maintenant que nos regards sont accrochés, je suis aussi mal à l’aise que je l’avais imaginé… non, peut-être davantage : l’énergie de son regard est si forte, j’ai l’impression de fixer le soleil par une belle journée d’été… il ne lâche rien, et pendant un instant qui me semble se dilater à l’infini… non, il n’en démord pas ce petit con… non seulement rien dans son regard semble revenir sur son attitude du dimanche matin, mais j’ai la nette impression qu’il me fusille avec ses yeux bruns implacables, plantés dans les miens, il me fixe sans l’ombre d’un sourire, sans le moindre soupçon d’émotion… est-ce qu’il m’en veut encore pour hier matin ? Est-ce qu’il me méprise ? Qu’est-ce que j’ai fait de si mal à la fin ? Pourquoi les mecs hétéro ont-t-ils si peur d’assumer leurs sentiments ?

    Son regard est si puissant, si intense que ça en devient intimidant, insoutenable… au bout d’un moment je me sens trop mal à l’aise et je suis obligé de baisser les yeux… putain il a encore gagné…

    Tel Icare au contact du Soleil, je me suis brûlé non pas les ailes, mais bien les yeux ; pourtant, la vision troublante de sa beauté me manque déjà… ainsi, le moment d’aveuglement passé, mes yeux s’ennuient déjà de celui qui est l’objet de leur plaisir le plus grand… et le plus dangereux… je n’arrive pas à soutenir son regard mais lorsque le contact est rompu, il me manque instantanément…

    Alors j’y reviens un instant plus tard, juste avec le coin de l’œil, pour ne pas prendre son regard de plein fouet… je me protége car je suis encore convalescent suite à la brûlure de notre premier contact. Je cherche son regard mais je dois constater qu’il est perdu ailleurs.

    Frustré mais apaisé de ne pas avoir pu établir ce contact, je laisse mes yeux divaguer dans l’espace clos de la salle. Tiens, j’y repense enfin… mais oui, c’est ça : on passe le bac aujourd’hui. C’est vraiment la fin du lycée. Quelques épreuves de plus et ce sera vraiment fini. Cette semaine. Finis les cours, finie la vie de lycéen, finies les révisions avec Jérémie. La fenêtre est ouverte et le beau temps persistant me rend triste.

    Interrogez n’importe qui et la plupart du temps vous vous entendrez dire que le soleil amène la bonne humeur. Pas pour moi, pas ce jour là. Pas pour moi, car le soleil de ce jour là annonce la venue de l’été qui va me séparer de Jérémie. Oui, la fin du lycée me fait peur : comment se revoir après ? Est-ce que Jérém pense à cela ? Ou alors est ce qu’il s’en fout totalement ? Est-ce qu’il réalise qu’on n’a désormais plus aucune raison de se revoir ? Est-ce que sa bite va pouvoir se passer de moi ? Oh, que oui, aisément oui. Est-ce que je vais pouvoir me passer de sa queue ? Est-ce que je vais pouvoir me passer de lui ?

    Quand je pense comment il a été dur avec moi hier matin… belle façon de terminer nos révisions… et maintenant il est là, à deux mètres de moi, et il me manque horriblement… j’ai envie de coucher avec lui, j’ai envie de le serrer dans mes bras, de toucher son torse, de le caresser, de l’embrasser de la tête aux pieds… une légère brise rentre par les fenêtres ouvertes, elle caresse la peau de mon visage, de mon cou, de mes bras, je sens une sensation de déchirure dans mon ventre… j’entends un oiseau chanter le Printemps caché dans un arbre devant le lycée… c’est le seul son qu’on entend dans le silence qui domine dans la classe, à part la voix du surveillant…

    C’est beau et c’est touchant ce chant, c’est la voix de la belle saison qui arrive, du bonheur qu’elle est censée amener dans l’esprit de chacun… hélas, ce beau temps, cette annonce d’été était pour moi l’annonce d’une séparation annoncée et inévitable… alors non, cette année là le printemps n’avait pas pour moi le son insouciant des violons de Vivaldi, il ressemblait plutôt à l’angoissante gravité d’une Toccata de Bach… l’arrivée de ce printemps, l’arrivée du bac, symbolisait à mes yeux le passage du temps, le temps qui avance et qui change tout, qui balaie tout sur son passage, le temps qui passe et qui nous enlève parfois ceux qu’on aime, de la vie qui tourne, qui apporte des choses, des rencontres et qui tourne toujours et finit par nous les enlever… … je me rends soudainement compte d’un truc qui me déchire les tripes… putain que c’est dur de réaliser et d’admettre que nos révisions appartiennent déjà au passé…

    Un assistant passe entre les bancs pour distribuer les sujets. Le fait de voir la copie retournée posée sur mon banc a le pouvoir de me ramener à la réalité imminente, et mes soucis sont momentanément effacés par la tension de l’exam. Certes l’exam m’inquiète un peu… mais qu’est ce bien cette tension face à l’émotion provoquée par la vision de Jérém ? Et je replonge…

    Son regard est toujours perdu ailleurs… alors je laisse mes yeux affamés de lui se rassasier de la vision de son torse moulé par ce bout de coton qui caresse sa peau… si ça ce n’est pas juste un mec jeune et sexy avec un petit physique né pour l’amour… un petit physique en demande d’amour… un petit physique aux muscles bien fermes, à la peau douce et soyeuse, avec une putain de queue raide et délicieuse… un corps avec les hormones à fleur de peau… un corps de rêve rempli de testostérone et qui ne semble aspirer qu’à ça… jouir… et franchement, dès que je le vois, drapé de sa jeunesse et de sa fraîcheur, je ne pense qu’à ça, je n’ai envie que de ça : le faire jouir… le voir jouir, et le voir repu juste après…

    Ainsi perdu dans mes réflexions, comme en état d’hypnose, j’ai un sursaut quand j’entends la voix du surveillant toute proche de moi : il se balade entre les bancs pendant qu’il finit de donner les consignes pour l’examen. J’ai un autre sursaut, de bien autre ampleur lorsque, ainsi tiré de mon état second, je me rends compte que Jérém est en train de me mater à son tour…

    Son regard semble avoir soudainement changé… exit la noirceur et l’hostilité, la rancoeur à mon égard… alors que tout à l’heure, en arrivant devant le lycée il semblait me faire la tête, à ce moment précis j’ai l’impression que Jérém n’est pas seulement en train de me mater… non, il est carrément en train de me défoncer avec ce regard canaille que je lui connais bien, avec ce petit sourire narquois, charmeur, impuni, odieux, irrésistible collé au coins des lèvres et rayonnant de ses yeux… j’ai du mal à respirer, je sens ma gorge se nouer… je me sens tout retourné… je me sens troublé par cette attitude inattendue, je suis trop mal à l’aise, je me sens humilié par ce sourire qui n’est à mes yeux ni plus ni moins que le spectacle de son triomphe viril sur moi…

    Je crève d’envie de lui, mais là, devant son attitude désinvolte, je sens monter en moi un étrange sentiment, je le sens arriver avec violence, avec puissance, au triple galop… c’est un sentiment plutôt noir, qui arrive à me faire oublier le désir même… putain… je sens que je lui en veux… je sens que j’ai envie de lui faire mal…

    Quelques heures plus tôt, seul dans mon lit, j’étais si mal au fond de moi que mon désespoir m’a conduit à imaginer le Dimanche Matin 2.0, un état d’esprit grâce auquel je pensais pouvoir lui pardonner ses sauts d’humeur en me disant que ça doit être dur pour lui d’assumer ce qu’on fait ensemble ; j’étais de bonne foi, je me disais que ce n’étais pas simple pour lui, qu’au fond il doit souffrir autant que moi… oui, j’étais prêt à prendre sur moi autant qu’il le fallait… je crois que j’étais prêt à tout, à tout, sauf à ça… sauf au retour du Jérém sûr de lui et arrogant, se pavanant comme s’il avait tout droit sur moi, comme si j’étais sa marionnette, sa poupée gonflable et… jetable…

    Et là, devant son sourire sans remords, sans scrupules, je suis vraiment en colère, j’ai vraiment envie de me lever et d’aller le gifler pour lui arracher cet air supérieur, cette arrogance dans le regard, ce naturel avec lequel il semble balayer d’un revers de main à la fois la nuit de tendresse qu’on a vécu, cette nuit qu’il a largement voulue, et son comportement ignoble le matin suivant…

    Le tout… sans transition… sans la moindre explication, son regard semblant m’annoncer sans détour la reprise de notre relation de baise, de domination et de soumission là où on l’avait laissé à la fin de notre semaine de révisions avant le bac… comme si de rien n’était… je sens une profonde exaspération monter en moi, je sens mes joues s’empourprer, un sentiment de raz le bol, d’injustice et d’humiliation qui tape dans mon bas ventre… je crois que pour la première fois ce jour là je l’ai vraiment détesté…

    Je me sens bouillir à l’intérieur… et puis il a ce truc… un truc contre lequel je ne peux pas lutter… la lutte n’est possible qu’avec des armes égales… on ne peut pas se battre avec un couteau en plastique contre l’avancée d’un blindé… Jérém se lance dans l’utilisation d’une arme largement non conventionnelle… le voilà qu’il fronce légèrement les sourcils, le voilà qu’il donne un peu plus d’éclat à son sourire (ce mec est un chef dans l’art de la maîtrise du sourire charmeur)… et voilà qu’il m’achève en me balançant un putain de clin d’œil qui a failli de me faire tomber à la renverse sur ma chaise...

    Une seconde plus tôt j’avais encore envie de le cogner… là je ne comprends plus rien, en moi c’est le black-out, je déconnecte, je me sens dériver… devant ce sourire et à ce clin d’œil inattendu et magnifique je suis à lui, entièrement à lui, avec ce sourire et ce clin d’œil il peut faire de moi tout ce qu’il veut, son pouvoir sur moi est infini…

    Oui, à l’instant où ce sourire m’envahit, je sens que mon regard devient chancelant : j’essaie de tenir, la colère aidant… mais qu’est-ce la colère la plus noire devant ce désir à côté duquel rien ne compte plus? Si épaisse et gluante la seconde d’avant, je sens d’un coup ma colère fondre, s’évaporer. Tout offensé, tout humilié que je suis, tout désireux de lui faire payer son assurance et son arrogance, de l’atteindre ne serait-ce que par mon indifférence, je sais que je ne vais pas résister longtemps devant ce séducteur avec licence de tuer… du regard !

    Il le fait exprès, il veut ma mort ce petit con… non, mais Jérém… t’es quand même bien conscient de ce que tu fais, la, avec ce regard, hein ? T’es conscient que t’es à la limite de me rendre hystérique, dingue de chez dingue, le loup de Tex Avery tu vois ? Tu le sais que t’es un grand malade ? Avec ce regard tu touches ma corde sensible, celle qui éveille tout mes sens et qui me met dans un état indescriptible d’excitation… AHHHHHHH, putain, tu veux ma mort ? 

    Tu crois vraiment que c’est le moment ? Tu ne te rends pas compte… ou alors si, tu t’en rends bien compte et tu fais exprès de m’infliger cela… est-ce que tu t’as idée de comment ton regard me renvoie à tous ces coups de bélier que tu m’as mis pendant nos baises … ? Est-ce que tu te rends compte de comment ton goût de mec a rarement quitté ma bouche, en vrai ou en souvenir, depuis des semaines… ? Est-ce que tu t’imagines toutes les images que tu fais remonter en moi avec ce regard ? Le souvenir de cette semaine de révisions de dingue… le souvenir de ton odeur de mec… de ta présence olfactive…

    Oui, sa présence olfactive… elle remonte à mon esprit avec la puissance inattendue d’un coup de fouet… j’en suis tellement secoué que je ferme les yeux pour la retenir à moi… et là j’ai la surprise non pas de la voir se disperser, mais de la sentir devenir plus intense… j’ai l’impression que ce n’est pas vraiment un souvenir, mais plutôt une sensation bien présente… j’ai l’impression que le petit vent qui rentre des fenêtres ouvertes, ce petit vent qui caresse sa peau avant d’arriver à moi, m’apporte son parfum…

    Envahi par son sourire brun et rayonnant à craquer, submergé par son odeur de mec, je perds définitivement pied… je dépose mes armes ridicules et une fois de plus je sors perdant de ce duel de regards… oui, il a encore gagné ce petit con… certes, s’il a gagné cette fois ci, c’est bien à la déloyale… on avait dit un duel de regards… le sourire à tomber et l’attaque olfactive rentrent dans la catégorie des armes non conventionnelles…

    Naaan mais la c’est mort… je ne vais pas pouvoir tenir pendant quatre heures… je sens la trique gagner mon bas ventre… comment vais-je pouvoir philosopher dans cet état d’excitation ? C’est mal barré…

    Je ne peux éloigner ma vue de lui que pendant quelques secondes… des longues secondes pendant lesquels je suis alors un garçon en apnée visuelle… rien n’intéresse mes yeux que sa présence, rien ne leur donne raison d’être que son existence. Alors j’y reviens : et c’est pas possible, il regarde encore vers moi… il me défie, il me provoque… il savoure la vision du désir et du trouble qu’il sait m’inspirer… putain de petit con libidineux et limite sadique !

    Me revoilà reparti dans un jeu de soumission à lui… dans une obéissance à ses envies obtenue par son simple regard… un jeu qu’il a lancé lui-même, avec un simple sourire. Je déteste qu’il ait autant de pouvoir sur moi et en même temps j’adore ce jeu, cette complicité entre nous. Un jeu dont il a la main depuis le début. Et dont il tient tous les atouts. Tous ou presque. En tant que soumis, j’ai un atout majeur dans mon jeu : c’est la carte de l’insoumission. La mutinerie. Le défi soudain de l’autorité que j’ai si souvent acceptée et célébrée. C’est un atout qui se joue par surprise et qui, je ne vais pas tarder à m’en rendre compte, peut chambouler tout le jeu en table. Il faut juste oser le faire.

    Je sais que c’est un atout dont l’utilisation peut se révéler extrêmement dangereuse et entraîner des représailles pas toujours faciles à assumer… au même temps, je me rends compte que je trouve extrêmement excitante l’idée de défier ce petit con, de le provoquer et d’attendre ensuite sa réaction… il faut dire que ce matin là j’en avais quand même gros sur la patate… son attitude de faire comme s’il ne s’était rien passé de spécial entre nous depuis le week-end me rendait fou… alors, je me dit : fonce, fais le chier !

    C’est ainsi que, juste au moment où le surveillant démarre le chronomètre, je sens monter en moi l’envie de tenter de renverser le déroulement sans encombres de son jeu, en me servant de mon atout « Insoumission ». Je décide dès lors de soutenir son regard, coûte qui coûte… c’est un défi de taille que je lui lance, que je me lance, mais je le fais avec la ferme conviction d’avoir toutes mes chances pour que cela marche : mon défi va se dérouler dans une situation complètement insolite, une situation où nous ne sommes pas seuls et où il n’a pas vraiment de prise sur moi, si ce n’est par le regard… dans cette situation, sa voix et son attitude corporelle, sa nudité, l’exhibition de sa virilité, si importantes pour installer sur moi le harnais de sa domination, ne peuvent pas lui venir en aide : mon petit Jérémie, là t’es dépouillé d’une bonne partie de ton arsenal de dominant… est ce que ton regard seul suffira à m’assujettir ?

    Oui, je soutiens son regard. Pendant un long instant. Au bout d’un moment, mes yeux tremblants semblent se stabiliser. Mon regard charmé semble retrouver un équilibre et prendre de l’assise pour résister aux assauts puissants de son esprit. On se fait face, et il ne me fait plus peur. J’essaie de résister à son charme, j’essaie de ne plus me sentir humilié, j’essaie de tenir debout… et curieusement, dès que j’ai l’idée de le faire, tout cela me semble facile. Où est-il écrit que je lui serai soumis à jamais ? Où est-il écrit que je dois tout accepter de lui ? Certes, parfois j’ai envie de tout accepter… mais il est également bon de savoir que dans d’autres occasions, il y a un bouton rouge devant moi avec marqué « Insoumission », un bouton sur lequel je peux appuyer pour arrêter le jeu et le faire redémarrer avec mes règles… quitte à en assumer les conséquences plus tard. Ou pas. C’est mon choix. Du moins ce matin là. Le choix de me dégager de sa domination. Un choix que je peux faire mais qui peut entraîner la fin de notre relation. Un choix implique toujours des conséquences qu’il faut savoir assumer.

     

    Bonjour à tous, merci pour l’attention que vous portez à mon histoire. Dans quelques semaines, la saison 1 de l’histoire de Jérém et Nico va prendre fin et l’auteur va prendre quelques semaines de pause pour avancer dans la saison 2 et dans sa vie.

    Avant de lire la suite de l’épisode du bac (plus tard dans la journée ou demain matin), je lance un appel à tous les lecteurs qui aiment cette histoire pour savoir si quelqu’un maîtrisant l’art du dessein, aimerait de se lancer dans l’illustration de certaines scènes clés de mon histoire. Peut-être il y a parmi vous un artiste capable de cela, ou connaissant un artiste apte à cela.

    J’aimerais que ce soit un dessin sensuel, esthétique, sans les excès de la plupart des représentation graphiques des anatomies et des scènes de rencontres gay qu’on voit sur internet. Quelques images d’abord, et pourquoi pas une bd ensuite ? On peut toujours rêver…

     

     

     


    33.2 Sexy sans sexe : le bac philo.

     

     

    C’est là que Jérém s’engage dans un mouvement, une attitude, une position qui a fallu lui valoir un sale quart d’heure… avec une nonchalance absolue, qui mériterait déjà à elle seule qu’on lui retire le permis de séduire, il laisse glisser encore un peu plus son fessier sur le plat de la chaise ; ses omoplates appuyés sur le bord haut du dossier, il finit par se retrouver en position mi-allongée, les pieds plantés sur le sol, les jambes légèrement écartées, la bosse du short bien en évidence, les bras repliés et les mains croisées derrière la nuque, dans une attitude typique de jeune mec sexy, celle que j’appelle l’attitude « qu’est-ce que tu attend pour venir me sucer ? ». 

    On peut facilement imaginer dans quel état j’étais…

     

    Lundi 11 juin 2001, bac philo, retour en arrière d’une heure environ. 

     

    Le chrono est lancé depuis quelques minutes et je n’ai pas écrit un seul mot sur ma copie. Je soutiens toujours son regard de braise. Ca chauffe sérieusement, mais je tiens bon. Je réfléchis à mon choix de ce matin là. Le choix de me dégager de sa domination. Un choix que je peux faire mais qui peut entraîner la fin de notre relation. Un choix implique toujours des conséquences qu’il faut savoir assumer.

    Oui, le choix, ce concept dont il est justement question dans le sujet de mon bac philo. Je lis l’intitulé :

    Être libre est-ce pouvoir choisir? Sommes nous toujours libres dans nos décisions ? La liberté est-ce le refus de toutes contraintes?

    Oh, là, vaste programme. Concentre toi, Nico, tu vas y aller par étapes.

    Être libre est-ce pouvoir choisir?

    Choisir c’est préférer, dire oui à quelque chose ou à quelqu’un et exclure le reste, les autres. C’est dur de faire des choix. C’est parfois plus reposant de laisser les autres les faire pour nous. Mais dans ce cas, qu’en est-il de notre liberté, justement ? La liberté est en effet une affaire bien peu reposante. Est il donc préférable d’être libre de choisir ou bien d’être libre de ne pas choisir ? Et au final, le fait de ne pas choisir, n’est-ce déjà un choix ?

    Je n’ai pas choisi de rentrer dans la vie de Jérém, je n’ai pas choisi de le faire rentrer dans la mienne. C’est lui qu’il l’a choisi, pour lui, pour moi. Si ça n’avait tenu qu’à moi, Jérémie T. ne serait pour moi à ce jour qu’un pur fantasme sur pattes, mon plus grand fantasme masculin, certes, mais bel et bien un fantasme. J’avais choisi avec Jérém, de ne pas choisir, justement. C’était ma liberté à moi, une liberté reposante, celle de renoncer. Une liberté frustrante, mais une liberté quand même. Et quand le premier jour de nos révisions il a voulu me donner accès à sa sexualité, j’aurai pu choisir de dire non. Mais j’ai dit oui… dans ma tête il n’y avait pas d’autre choix possible… ou bien si… si je pouvais contrôler mes envies, mes passions…

    Putain… même le sujet de philo me ramène à lui… heureusement que je n’ai pas encore posé le stylo sur ma copie, sinon je pense que le nom de Jérém y apparaîtrait noir sur blanc. Et ça franchement, ça ne va pas le faire…

    Je prends une inspiration profonde, sans savoir si j’arrête de mater ce petit con et si je plonge illico dans la disserte… ou si bien je vais foncer derrière mon idée… je regarde bien au fond de ses yeux et ce que je vois me donne la mesure de combien ce matin du bac je suis en colère après lui… et s’il y a bien un truc grâce auquel ou peut provisoirement contrôler nos passion, c’est bien la colère…

    Alors je me dis que aujourd’hui ou jamais il est temps de choisir… choisir, l’espace d’un instant, de ne plus me soumettre à lui, de lui montrer que je ne lui suis pas acquis… quitte à en payer le prix, un prix que je ne connaissais pas mais qui pourrait être si important que celui de la fin de nos rencontres…

    Alors, je le défie ouvertement, outrageusement. Je ne me démonte pas et j’affiche un petit sourire narquois qui part de mes yeux et parcourt tout mon visage jusqu’à mes lèvres, un sourire détaché, insolent ; je fais pire : je lui lance un clin d’œil genre le sien de tout à l’heure et je reviens soudainement à ma copie. En mon for intérieur, je jubile en me repassant l’image de son air surpris, de cette expression un brin déroutée que j’ai eu l’impression de capter sur son visage juste avant de rompre le contact… j’adore l’idée de le faire languir… c’est nouveau pour moi… et si excitant… je vais laisser mijoter un peu tout cela… 

    Je plonge dans mon sujet, et j’y reste pendant plusieurs minutes. Quand je lève la tête, il lève la sienne : Jérém me regarde fixement, lourdement, durement. Oui, le défi est lancé et Jérém a l’air d’avoir bien reçu le message. Dès lors, la situation semble basculer. Son regard est redevenu si noir, dur, je le sens s’assombrir comme le ciel avant l’orage d’été… Oui, il est vexé. Oui, il essaye de me faire plier. Non je ne me laisserai pas faire… je sens également en moi mon esprit se raidir, mon affront se faire de plus en plus insolent. On dirait que nos regards se battent en duel avec violence, qu’ils se frottent en provoquant des étincelles… il y a comme de l’électricité dans l’air… je sens le rythme de ma respiration augmenter, je sens mon esprit donner toute son énergie pour soutenir ce duel… c’est tellement puissant que je finis par en avoir la tête qui tourne, la vue troublée…  

    Je ferme les yeux et je frotte les mains sur le visage pour me ressaisir… le contact est rompu… mais je n’en sors pas perdant… Jérém a bien saisi le défi que je lui ai lancé, et voilà que dans son regard, l’expression de l’emportement a remplacé celle du triomphe… petit con, va… 

    Allez, trêve de bêtises… il est temps de se mettre au boulot… je balaye mon espace visuel hors Jérém et je me rends compte que tout le monde est en train de gratter du papier… je me secoue un brin et je ne peux pas m’empêcher de revenir une fois de plus vers lui… je le fixe, longuement… je sais qu’il sent mon regard sur lui, j’ai vu qu’il l’a capté du coin de l’œil… mais là il boude, il ne répond plus à mes appels visuels… je l’ai trop défié, peut-être… sa sanction sera à la hauteur de l’affront, elle a d’ailleurs bel et bien commencé, elle est là sous mes yeux, dans son refus de poursuivre ce petit jeu si excitant… mais à bien regarder cette pause qu’il a décidée de façon unilatérale, dans l’attente d’étudier sa prochaine manœuvre, est-ce bien une punition ou plutôt une marque de vexation ? Qui a la main du jeu ?

    Je me force à écrire, mais ça ne vient pas, je n’y arrive pas… je me retrouve le bec en l’air, me disant que l’heure tourne et que je vais rater cette épreuve à priori inratable… je n’arrive pas à écrire plus de deux lignes d’affilé, ma première page est bourrée de ratures et je n’arrive pas à enchaîner deux phrases logiquement… heureusement que je m’étais fait la réflexion que le bac philo n’allait pas poser de problème…

    Je suis perdu dans ces pensées et je ne me rend pas compte que mon regard dérive vers Jérém… et dès que mes yeux se posent sur lui, comme si ma main se posait sur son épaule, Jérém tourne légèrement le cou et nos regards se rencontrent à nouveau… il n’est plus vexé, ou alors il va me sortir un atout inattendu… je le regarde droit dans les yeux… il en fait de même pendant une seconde seulement… l’instant d’après son regard est parcouru par un petit sourire coquin et ses yeux se décrochent des miens pour faire un aller retour vers sa braguette… c’est un mouvement presque imperceptible, mais ça a le pouvoir de capturer mon regard et de l’orienter pile là où il le veut…

    Dès lors, je suis irrémédiablement happé par cette braguette qui a l’air bien rebondie… son paquet semble avoir pris de l’ampleur… je suis presque sûr qu’il bande… je le regarde et je suis sûr qu’il me regarde à son tour du coin de l’œil pendant qu’il fait semblant d’être à sa copie… son sourire narquois parcourt toujours son visage et le rend juste sexy à en pleurer…

    Oui, j’en suis sûr… je suis sûr qu’il se rend compte que je le regarde, que je LA regarde… que je regarde sa bosse… plus je la regarde, plus j’en suis aimanté, plus je la mate, plus j’ai l’impression de sentir l’odeur de sa queue… mes surprises ne sont pas terminées… un instant plus tard je vois sa main gauche disparaître dans la poche du short… et là je jurerais l’avoir vu discrètement se tripoter la bite… ça ne dure que quelques secondes, ensuite il retire sa main, je la vois se faufiler sous le t-shirt, pour aller se poser sur ses abdos…

    Bien joué, Jérém, là tu tiens une sacrée mains dans ton jeu… je me disais bien que tu me préparais un truc… un truc qui fait que la situation rebascule en ta faveur… tu le sais, petit con, que je suis fous de toi et de ta queue…

    Il me regarde, les yeux débordants de libido, d’appétit sexuel… c’est chaud, c’est de plus en plus chaud… mon coeur bat à 100 à 1000… j’ai l’impression grisante que son sourire narquois, que sa superbe ont disparu, ne laissant que l’envie s’afficher sur son visage et dans son allure toute entière… j’ai l’impression de sentir la vibration de son désir, de la sentir frémir dans son regard, dans l’air, d’en sentir presque l’odeur…

    Oui, c’est chaud… je transpire, je le regarde et je suis excité de voir que lui aussi il transpire, je vois dans le V de son t-shirt que sa peau commence à être moite… mon excitation se nourrit de son excitation et j’ai l’impression que la sienne se nourrit de la mienne… c’est une escalade apparemment sans fin… jusqu’où va-t-on aller ainsi ?

    Je sais qu’il a envie, autant que moi il en a envie… il a envie de me baiser… ce n’est pas assez pour moi, mais je sais que c’est tout ce dont il a envie à ce moment précis… je le lis dans ses yeux, dans son regard, dans son sourire…

    Je le sens agité, nerveux, excité. Son assurance a disparue, balayée par l’envie de jouir. Il détourne brusquement le regard… impatient, frustré… il jette carrément son stylo sur la copie, il allonge les jambes, il croise ses pieds, il pose les bras et les mains sur le banc, lourdement…le dos appuyé au dossier de sa chaise, le bassin toujours poussé vers l’avant laissant bailler ce putain de short et dépasser l’élastique du boxer Athena : son changement d’assise est rapide, brusque, surprenant, j’ai l’impression qu’il n’est qu’à moitié contrôlé. Que c’est plus instinctuel que réfléchi.

    Un camarade juste à coté est surpris par ce remue ménage et il relève la tête. Il se regarde autour brièvement et il finit par revenir aussitôt à sa copie.

    Je vois Jérémie doser sa respiration par de longues inspirations et expirations, plus lentes, plus profondes… je vois son t-shirt se soulever sous le mouvement régulier de son diaphragme : mon dieu qu’il est beau… ses cheveux noirs épais, coiffées au gel sur sa tête dans un brushing très mec… des yeux noirs, un regard ténébreux, viril à faire peur… 

    A un moment il passe la main dans le col du t-shirt, il se gratte un pecs… ça ne dure qu’une fraction de seconde, mais ça me fait hurler intérieurement… laisse moi faire, petit ! 

    Je regarde le poils courts et fins sur la peau soyeuse de ses bras, ça a vraiment l’air tout doux tout ça… ça en a pas que l’air, c’est le cas, et je le sais si bien… j’ai trop envie de le caresser… de le dévorer… je remonte vers ses biceps dessinés à la lisière du coton de la manchette de son t-shirt, jusqu’à rencontrer le rebond délicieux de son biceps… et là j’ai failli perdre la raison

    C’est là que Jérém s’engage dans un mouvement, une attitude, une position qui a fallu lui valoir un sale quart d’heure… avec une nonchalance absolue, qui mériterait déjà à elle seule qu’on lui retire le permis de séduire, il décroise ses jambes, il laisse glisser encore un peu plus son fessier sur le plat de la chaise ; ses omoplates appuyés sur le bord haut du dossier, il finit par se retrouver en position mi-allongée, les pieds plantés sur le sol, les jambes légèrement écartées, la bosse du short bien en évidence, les bras repliés et les mains croisées derrière la nuque, dans une attitude typique de jeune mec sexy, celle que j’appelle l’attitude « qu’est-ce que tu attend pour venir me sucer ? ». 

    On peut facilement imaginer dans quel état j’étais… 

    Dans cette position, Jérém y reste un petit moment ; et puis, soudainement, il retire ses pieds, relève le buste, rappelle ses bras à lui et, tout en me toisant avec ce regard de braise dans lequel je vois tout l’incendie de son désir, de son envie de mec, il fait un geste avec le bassin comme s’il voulait se relever de sa chaise… je sens mon cœur s’accélérer… pendant une fraction de seconde j’ai l’impression qu’il va se lever et venir me choper là au beau milieu de l’examen… putain de mec… on dirait un petit taureau excité et tenu en cage devant une femelle d’humeur qu’il crevé d’envie de saillir… il va le faire… il va se lever… mon cœur s’accélère encore… il va me sauter dessus… il va me baiser là devant tout le monde…

    Je sens son désir dans l’air, comme un appel aux phéromones. Je lui montre le mien. Ma respiration s’est faite également plus profonde, j’ai l’impression d’avoir des spasmes au visage tellement je sens mas lèvres frémir…  

    Et Jérém les regarde mes lèvres, putain qu’est-ce qu’il les regarde… il les mate avec l’envie précise d’y glisser sa queue bien raide et de la faire coulisser jusqu’à me remplir la bouche de son jus… 

    Sentir son envie palpable et penser à des souvenirs coquins de notre incroyable semaine de révisions… voir ressurgir le souvenir de Jérém affalé sur le canapé en attendant que je vienne le sucer… et ses mots… ses mots de petit con macho…

    Viens me faire jouir, sinon je ne vais pas pouvoir me concentrer… Viens me sucer… j'ai envie de me vider dans ta bouche de salope… A genoux… T’as envie que je te baise… T’aimerais que je rentre dans ton cul et je le baise bien profond… C’est baloo… moi je n’ai pas envie de te baiser aujourd’hui… j’ai envie que tu me suces encore… que tu me vides les couilles avec ta bouche… Viens sucer, mec, aujourd'hui ta chatte va serrer la ceinture mais ta bouche va prendre cher… Vas-y comme ça… Tu vas te faire remplir ta bouche et garder mon goût jusqu’à demain… Allez, viens me sucer… Putain, tu vas sucer à la fin… Tiens, putain, avale-la bien, avale bien ma queue, vas-y !! Tu l’aimes, tu l’aimes l'odeur de ma bite et de mes couilles… t’aime mon odeur de mec… vas-y, dis le… Suces, putain… tu l’aimes mon jus, tu aimes mon goût… t’es une vraie salope, je te le dis depuis le début… Suces bien, vas y, je viens, plus vite, plus vite… Oui, oui, oui, prend ça, prend ça, encore, oui, oui, encore…

    Je sais qu’il bande, maintenant j’en suis sur et certain : je le regarde dans les yeux… je sais qu’il a envie de moi, de ma bouche, de mon cul… il a envie de jouir, je le vois déglutir sa salive, je sens la testostérone envahir son esprit et le brouiller…

    Allez, stop… respire, Nico, calme toi… je suis tellement excite, je sens qu’il est tellement excité que j’ai l’impression que l’une de nos queues va sortir de notre pantalon et gicler sur la copie… elle aurait bonne mine la copie… et puis il faut bosser, enfin… je ne sais plus où j’habite… je vous dis elle va être top la disserte de philo… la sienne autant que la mienne…

    Oui, pendant un instant j’ai l’impression qu’il va bondir de sa chaise et me prendre là devant tout le monde. Au lieu de quoi, il relève précipitamment le buste, il cale le bassin dans la chaise, ses jambes formant désormais un angle droit avec sa colonne, ce qui aura la fâcheuse conséquence de refermer cet aperçu de bonheur qu’était le bâillement de son short dans le bas de son dos associé au soulèvement de son t-shirt…

    Mon cœur bat toujours le disco mais un instant plus tard j’ai l’impression qu’il va s’arrêter de battre : je vois le surveillant arriver face à moi, approcher à grands pas… dans un retour à la réalité un peu brusque je me dis qu’il a du remarquer notre petit jeu et qu’il doit croire qu’on est en train de tricher… ou alors il s’est bien rendu compte de ce qui se passe entre nous deux… je ne sais pas ce qui me fait le plus peur… la crainte de me faire choper sur un soupçon de tricherie ou de me taper la honte de me faire gauler en train de chauffer Jérém… il est tout proche de moi… je sens qu’il va s’arrêter, il va me pourrir… putaaaaiiin Nico… plonge toi dans ta copie… c’est ce que je fais, je commence à écrire, à écrire à peu prés n’importe quoi… et là, contre toute attente, le surveillant arrive à hauteur de mon banc, il avance et me dépasse, sans rien dire, sans même me regarder… 

    Je reprend alors ma respiration et je relis l’intitulé pour la énième fois :

    Être libre est-ce pouvoir choisir? Sommes nous toujours libres dans nos décisions ? La liberté est-ce le refus de toutes contraintes?

    Oh, là là… ça me saoule… vraiment quand on n’a par la tête à la tâche, tout semble bien compliqué. Même une disserte de cette matière inratable qu’est la philo.

    Sommes nous toujours libres dans nos décisions ?

    Bah, je n’en sais foutrement rien… mon choix de dire oui aux avances de Jérém… ma soumission à ses envies… l’acceptation d’une relation qui n’est que sexuelle et qui ne me comble pas au final… oui, c’est mon choix, c’est le sien mais le mien aussi… je pourrais refuser, arrêter de le voir… j’ai décidé de lui dire oui, de dire oui à tout ce qui me permet de le voir, de coucher avec lui quand il le veut, comme il le veut, de tout accepter pour le sentir en moi…

    Ma décision de lui dire oui, est-ce qu’elle en est bien une ? Est-ce que le fait que je l’aie autant dans ma peau ne fausse pas mon libre arbitre ? Bien sur que oui, voyons… je fais mon malin à mon petit jeu de l’insoumission mais au final je ne peux pas lui résister… est ce que ma décision de tout accepter de lui, de dire oui à toutes ses envies est bien un choix qui s’est fait en toute liberté ? J’aurai pu refuser, je pourrais toujours refuser… mais je suis sous son charme, sous sa domination… alors finalement mes choix me sont dictés par le désir qui me lie à lui, et au final mes choix sont dictés par le bien vouloir de Jérém…

    Est-ce que je suis libre dans mes décisions… je serais libre de mes décisions si j’avais tout pouvoir sur moi… ce qui n’est pas le cas aujourd’hui… je serais libre de mes décisions si j’arrivais à dire non aux appétits sexuels… ce qui pour le Nico de 18 ans en présence de son Jérém T. paraît une option complètement inenvisageable… je serais libre de mes décisions si je savais imposer à Jérém une relation basée sur les règles que j’aurais choisies et non pas me ranger tant bien que mal aux règles que lui a choisies pour moi…

    Tiens, Jérémie s’est mis au travail. Je le regarde en train de rédiger sa copie et je trouve ce geste d’écriture, qui a pourtant l’air très lourd et pas très aisé, très sexy également… qu’est ce que je ne trouve pas sexy venant de lui… putain… le buste légèrement penché en avant, sa chaînette de mec se détache de la peau parfumée de son cou et, suivant la gravité, vient pendouiller et osciller à l’avant… putain de détail à craquer… détail magique… aaaahhhhh, soupiiiirs…

    Et au même temps, aussi inattendue que craquante, une autre image me frappe, sa bouche malaxant discrètement un chewing-gum que je ne l’ai pas vu porter à sa bouche… Jérém, tu es vraiment un grand malade… est-ce que tu te rends compte de l’état dans lequel tu me mets avec ces mouvements bien virils de ta mâchoire, ces gestes que tu accomplis tout en plissant les yeux comme tu le fais parfois pendant l'amour… ? Tu me fais un effet de dingue, mec… si, tu sais…

    Je laisse traîner mon regard sur lui et un quart de seconde plus tard il me regarde à son tour… je crois que jamais je me suis senti autant excité et frustré… et je crois bien que jamais je ne l’ai vu autant excité et… frustré… son genoux est en train de sautiller, signe évident d’une tension qui parcourt son corps tout entier… mon œil est soudainement attiré par ce petit grain de beauté juste en dessous de sa pomme d’Adam… comment exprimer l’intense beauté de cette petite imperfection de sa peau, ce petit « défaut » par ailleurs si débordant d’un charme qui lui est bien propre, ce grain de beauté posé sur cette peau moite de transpiration… j’imagine à quel point il doit commencer à sentir bon son t-shirt imbibé de sueur et imprégné de son déo... et son boxer… n’en parlons pas… j’imagine le bonheur de sentir ce t-shirt avant de le soulever et lécher la peau humide de son torse… le délire de caresser sa queue avec mes lèvres à travers le tissu fin…

    Et quoi dire de cette pomme d’Adam qui se balade sans cesse de haut en bas de sa gorge ? Que dire à propos de ses déglutitions nerveuses traduisant un niveau d’excitation palpable ?… Je sens que le mec a envie de tout sauf que d’être assis à ce banc ; non, il n’a pas envie de tout : il a juste envie de se retrouver quelque part, debout ou allongé, en train de se faire sucer. Je le lis carrément sur son visage. Sacré Jérém, est-ce que tu te doutes de toutes les images qui me passent par la tête en ce moment ?

    Penser à des souvenirs coquins et s’imaginer qu’il pense aux mêmes. Le revoir en train de jouir dans le cul de Guillaume ; ou alors en train de me baiser la bouche, la tête coincée contre le mur ; retrouver le délice de ses giclées puissantes qui percutent mon palais ; et retrouver toutes ces fois où j’ai eu la chance de voir l’expression de sa belle petite gueule pendant qu’il jouit…  

    Une brise légère rentre par la fenêtre et caresse ma peau : je la sens passer à travers le t-shirt, effleurer mes tétons, elle aura sur mon excitation le même effet d’un coup de soufflet sur une braise déjà bien rouge… je regarde Jérém et je suis heureux de voir qu’il a l’air de ressentir les mêmes sensations sur sa peau… surtout quand, sous l’effet d’un léger courant d’air provoqué par l’ouverture d’une porte, j’ai l’impression de le voir sursauter… ce petit con est vraiment à fleur de peau… il ne tient plus en place… chaque fibre de son corps est secouée par l’excitation et la frustration… il ronge son frein, et je sais que tout cela ne sera pas sans conséquences pour moi…

    Il passe à nouveau sa main sous le t-shirt, il se caresse les abdos… et un instant plus tard, elle monte ensuite jusqu’aux tétons!... sa jambe n’arrête pas de sautiller, il inspire, il expire presque rageusement… et puis, sous couvert de son t-shirt, sa main redescend vers son short, ses doigts se glissent dedans… dans son short… dans son boxer… je suis presque sûr que ses doigts sont en contact avec son gland, avec cette queue que je devine bien droite, à un rien de dépasser du short… qu’est-ce que je voudrais glisser mes doigts à la place de siens pour sentir la chaleur brûlante de cet endroit…

    J’ai une folle envie de défaire sa ceinture, d’ouvrir sa braguette… qu’est ce que j’ai envie de lui… c’est troublant, c’est grisant… je bande comme un malade à l’idée d’avoir réussi à l’exciter à ce point rien qu’avec des regards… je sens mon excitation mouiller mon caleçon, j’ai l’impression que ma queue va déchirer mon pantalon…

    Ça fait une bonne heure que je ne cesse de le provoquer, de défier son autorité… de lui faire du rentre dedans, de voir son regard lancer des flammes, ses yeux brûler d’intensité érotique, tout son être s’exciter au contact de mon effronterie…  je sens que ses représailles vont être à la hauteur de ma mutinerie… j’en ai à la fois peur et vraiment trop envie… être à sa merci, sentir sa fougue, sa rage, son machisme, sa domination de petit mec viril se croyant un homme… l’air saturé de sa testostérone… les couilles bien pleines… sa vengeance de petit mec ayant été défié par la salope que je me conformais à être pour lui… 

    Je suis excité et je suis rassuré, heureux… je crois qu’au pire on baisera au moins une fois de plus… je suis certain qu’après la fin de l’exam il va se passer un truc… Jérém est trop excité, il ne va pas me laisser partir comme ça…  

    Je me surprends à me demander ce qu’il va avoir envie de me faire quand il va m’attraper… quand il va pouvoir poser ses mains sur moi et enfoncer sa queue en moi… où est ce qu’il la fourrerait en premier… est ce qu’il se laisserait sucer ou est qu’il me baiserait sauvagement la bouche, ma tête coincée entre un mur et son bassin, ou alors avec ses deux mains qui ramènent sans pitié ma tête vers sa queue et son gland vers le fond de ma gorge… comment aurait-t-il envie de jouir ? 

    Je me retrouve à espérer que ça se fasse vite après l’épreuve, un coup sauvage dans les toilettes… et puis c’est le bonheur, l’extase… Jérém s’étire à nouveau, le t-shirt monte encore, je revois son chemin de poils, presque le nombril, la peau douce et ferme de ses abdos; il lève les bras, plie les avant-bras, il ramène les poings vers sa tête… et voilà l’instant magique… ses biceps gonflent, gonflent, gonflent… et c’est trop trop trop beau à voir… mais putain ça me rend diiiiingue !!!!  

    Il me fait face et la flamme lubrique qui brûle dans ses yeux est vive comme jamais… le mec est chauffé à blanc, il n’en peut vraiment plus… je sens qu’il va péter un plomb… le désir est dans ses yeux, sur son visage, dans tout son être…

    C’est un instant… sa langue glisse entre ses lèvres, à la fois lentement et furtivement… ça ne dure qu’une fraction de seconde, elle disparaît aussi vite qu’elle est apparue, je ne suis même pas sur que le mec ait eu conscience de ce mouvement chargé d’un érotisme brûlant, bouillant…  

    Il a envie de jouir, il a besoin de jouir, je l’ai rendu fou d’envie… il me toise, comme sa proie… et quand un mec te regarde de cette façon là, avec cette envie animale, comme un lion prêt à bondir, ça c’est juste le Graal, le Graal absolu, le Graal du gay!!!!

    J’ai chaud, chaud, chaud…!!! Mon cœur s’emballe, les mains sont moites, tremblantes, le dos ruisselant de transpiration… je suis tellement hors de moi que j’ai peur que ça se voit… 

    L’heure tourne, il est déjà onze heures, il ne reste plus qu’une heure pour boucler la disserte. Je me fais violence et je décide de m’y mettre, dans mon intérêt, et dans le sien. Je relis les deux pages que j’ai écrites et je me rends compte que je ne me comprends même pas moi-même en me relisant… je reviens une fois de plus à l’intitulé :

    Être libre est-ce pouvoir choisir? Sommes nous toujours libres dans nos décisions ? La liberté est-ce le refus de toutes contraintes?

    Le choix, la liberté, les contraintes… ça me saoule… j’ai envie de crier haut et fort, de graver sur ma feuille que tout tout TOUT ce qui m’intéresse c’est Jérém !!!!

    Tu vas voir, elle va être vite fait la disserte…

     

    Postulat :

    Tout ce qui m’intéresse c’est… Jérém ! 

    Thèse :

    Pour moi la liberté c’est pouvoir choisir de faire l’amour avec Jérém sensuellement, tendrement, en couvrant son corps de baisers et de caresses… et une fois l’amour physique passé, me retrouver enlacé à lui, sentir sa main sur moi, sa peau contre la mienne… pouvoir m’abandonner à ces câlins qui me manquent à en crever… c’est une liberté que j’ai eu la chance de vivre ce week-end mais qui ensuite m’a été à nouveau refusée, car Jérém c’est le mec qui baise et qui ne fait pas de câlins… 

    Antithèse :  

    Pour moi la liberté de mes décisions c’est d’accepter de me faire baiser par Jérém comme il en a envie… de tout accepter de lui pour lui rendre agréable ma compagnie, quitte à tout lui laisser passer, à m’humilier devant lui plus que mon dû… je n’ai que cette liberté là, lui offrir mon corps à son plaisir de mec… le plaisir débridé où tout lui est permis, le plaisir qu’il ne trouve pas ailleurs… 

    Synthèse : 

    Pour moi la liberté c’est refuser les contraintes qui m’empêchent de baiser avec Jérémie quand il en a envie… mes sentiments je les laisse au vestiaire, les raisons d’Elodie je les oublie, les craintes pour l’avenir je les fais taire… je fais le mur le samedi soir quand il me siffle par sms interposé et rien ne pourra m’empêcher de le voir tant que sa porte et sa braguette me seront ouvertes, rien ni personne ! 

    Citation :

    La plus perverse des soumissions est le sentiment amoureux. C’est la plus difficile à soigner car elle touche ce qu'il y a de plus cher en nous, notre amour propre. Elle peut nous faire faire les choses les plus incongrues, les plus folles. (Voici la citation d’un grand philosophe femme que je ne connaissais pas à l’époque et dont j’aurai l’occasion de découvrir l’œuvre plus tard dans ma vie : ce philosophe s’appelle Marie Alice Young).

    Conclusion :

    Tout ce qui m’intéresse c’est Jérém, encore et toujours. J’aimerai faire l’amour avec lui, mais cela n’est pas possible, alors j’accepte de me laisser baiser, c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour être avec lui, pour voler des instants d’éternité à ce temps qui nous est compté.

     

    Je me fais cette réflexion, je vois les lignes s’écrire dans ma tête, ma main prête à les coucher noir sur blanc, et dans l’emportement je ne me rends pas compte que mon regard s’est à nouveau posé sur Jérém, s’attardant à le mater en train de gratter sa copie… et là je ressens une présence à coté de moi… je ne l’ai pas entendu arriver… il est arrivé dans mon dos, et là il est en train de contourner mon banc, lentement.

    Le voilà planté devant moi : prenant appui sur ses deux mains posées juste devant ma copie, je le vois plier son buste et ensuite poser son regard dans le mien… le surveillant… à le voir aussi de près, je me rends compte que c’est un brun qui doit avoir tout juste la trentaine, un age qui à l’époque me le faisait classer parmi les vieux ; je lui trouve cependant un certain charme dans son look d’intello à lunettes… il est là planté devant moi et il me regarde fixement dans les yeux, un petit sourire au coin des lèvres. Au bout d’un instant, il finit par me lancer :

    « Je vous comprends… ce n’est pas facile d’arrêter de regarder ça… (et, ce disant, ses yeux se tournent légèrement en direction de Jérém) mais je vous rappelle que là vous êtes au bac… il vous reste moins d’une heure pour finir… regardez donc votre copie au lieu de chauffer votre camarade… ». 

    La honte. Putain, le mec a tout capté. Je sens mon visage passer par toutes les couleurs, je sens ma peau bouillir, je n’ai qu’une envie, c’est creuser un trou dans le sol et de m’y enterrer dedans… je n’arrive pas à articuler le moindre son… ma gorge est comme paralysée… je le regarde se relever, et ce n’est que lorsque je le vois s’éloigner que je commence à retrouver mes esprits…  

    Mais monsieur… est-ce que vous avez vu comment il est gaulé ? Est-ce que vous vous imaginez à quel point il me rend dingue? 

    Ça c’est évidemment ce que j’aurais voulu crier haut et fort tellement c’était ce que je ressentais dans mes tripes… au lieu de quoi, je passerai toute la dernière heure à essayer de me remettre de la honte de m’être fait gauler par le surveillant en train de mater Jérém ; et à me demander si lui aussi avait flashé sur Jérém… et comment ça pourrait en être autrement si… si ce mec est un mec à garçons ? Et même sans que ce soit le cas, la beauté de Jérém est tellement universelle, une véritable œuvre d’art, elle transcende les préférences sexuelles, c’est juste un canon esthétique, un absolu devant lequel, à l’instar d’une aube ou d’un coucher de soleil un soir d’été, à moins d’être non voyant, on ne peut pas être insensible…

    Je passerai toute la dernière heure à me demander si Jérém avait compris que le surveillant avait deviné notre manège et à essayer de résister à la tentation de le mater à nouveau… j’y arriverai à peu près, dans la mesure où lui aussi il sera plongé dans la disserte et que par conséquent je ne croiserai plus son regard jusqu’à la fin de l’épreuve…

    Je passerai toute la dernière heure à gratter accessoirement quelques lignes de plus à mon texte, à essayer de lui donner une organisation à peu prés potable. J’avais voulu faire une omelette et je me retrouvais avec des œufs brouillés collés au fond de la poêle…

    La fin de l’épreuve est arrivée, le surveillant nous annonce qu’il est temps de poser nos stylos et de faire glisser nos copies à notre droite. Pendant que l’assistant se balade entre les bancs pour récupérer nos torchons, je lance un dernier regard à Jérém. J’ai l’impression de posséder un pouvoir surnaturel car dès que mon regard se pose sur lui, il tourne la tête vers moi… son regard est chargé de testostérone, son corps est parcouru par une charge de sensualité qui me fait délirer. J’ai l’impression que son regard dégage un message dont la teneur est à quelque chose près la suivante :

    « T’as voulu me chauffer, maintenant fais gaffe si je t’attrape… ».

    Programme enchanteur.

    On nous donne enfin la permission de nous lever et de quitter la salle. Je ramasse mes affaires et je me dirige vers la porte : ça bouchonne un peu à la sortie, j’ai le temps de voir du coin de l’œil que Jérém est juste derrière moi : il est tellement proche que je sens son épaule frôler mon dos, je sens son souffle chaud sur mon cou, comme près de la braise, comme pendant la baise ; je sens son déo, mélangé à sa transpiration… tellement proche que ses lèvres effleurent mon oreille pour y glisser :

    Chez moi, maintenant…

    Je vibre… je tremble… je frissonne… j’avais espéré qu’il le fasse mais je n’avais pas osé espérer que cela arrive vraiment… par ailleurs, j’aurai vraiment été déçu que ça ne se passe pas comme ça…

    Putain de putain de mec… cette voix basse, tendue par l’excitation, ce ton autoritaire qui n’admet d’autre possibilité que l’obéissance… et que faire devant l’urgence absolue de sa jouissance de mec ? Obtempérer mon capitaine, obtempérer…

    Obtempérer, certes, mais pas tout de suite… en vrai, je n’ai qu’une envie, c’est de m’abandonner à lui, de le suivre dans sa chambre et de le faire jouir comme un malade… en même temps, je sens une idée de dingue venir me chatouiller l’esprit… ma provocation pendant la philo a si bien marché, ça l’a amené dans un tel état d’excitation que là, avant de lui céder pour de bon, j’ai envie de lui porter l’estocade finale, de lui balancer un truc auquel il ne s’attendrait pas… c’est risqué, c’est quitte ou double… car Jérém n’est pas le genre de mec qui essayerait de me rattraper si je faisais mine de lui résister… mais au même temps je me dis que si ce que j’ai en tête va marcher, je vais faire monter son ivresse libidineuse d’un cran supplémentaire… en clair, je vais le rendre carrément dingue… et ça va être ma fête…

    C’est décidé : je vais le faire. Je compte sur son excitation extrême pour que son envie de mâle en rut soit plus forte que sa fierté de mec… je suis moi-même très excité et peut-être je ne mesure pas le risque que je prends… le risque qu’il me laisse partir tout bonnement et que je rate le coche de ce bon moment de baise qui s’annonce pour cet après midi là…

    Mais j’ai envie de le faire, envie de tester un peu plus ce pouvoir que je commence à apprécier, le pouvoir de lui donner envie de me baiser… peut-être que je ne pourrais jamais lui donner envie de me faire des câlins ou de m’aimer, mais qu’est-ce que c’est bon, en attendant, de savoir que je peux lui donner envie de me sauter…

    Et puis, tout en adorant être soumis à lui et à sa queue, je sens en moi un sursaut de dignité… j’ai envie de lui faire payer son comportement du dimanche matin, j’ai envie de lui montrer que je ne suis pas un objet dont il peut disposer à sa guise… du moins pas tout de suite…

    Chez moi, maintenant…

    J’ai un petit frisson en entendant son ordre, en percevant son souffle sur mon oreille… je prends sur moi pour me contrôler, pour ne pas répondre. Pour l’ignorer. Pour faire mine, du moins… j’ai une gaule d’enfer, mais je fais comme si je n’avais rien entendu…

    Par chance, voilà que l’attroupement devant moi se met à avancer ; une seconde plus tard je suis dans le grand couloir… j’avance à grands pas, je double mes camarades comme si j’étais très pressé… je ne regarde pas vers l’arrière mais j’espère qu’il est en train de me suivre, je n’ose pas me retourner de peur qu’il m’ait lâché… j’avance, j’avance, je fonce, je ne sais pas si j’ai plus peur qu’il me rattrape et de le retrouver très énervé contre moi ou si je crains davantage qu’il me laisse partir comme ça…

    Je croise un flux d’étudiants sortant d’une autre classe et je me mélange à eux, j’avance encore, je fonce vers la sortie du lycée, je suis dans la cour, le soleil du mois de juin m’éblouit… je n’ose toujours pas me retourner et je commence à me dire que mon petit jeu n’a pas marché, que je vais rentrer chez moi bredouille, que j’ai été con de vouloir trop le chercher, de montrer ma fierté que je commence à trouver vraiment mal placée vu qu’elle me faisait rater celle qui était certainement la dernière baise avec Jérém…

    C’est à ce moment là que je sens une main se poser lourdement sur mon épaule, la saisir fermement, m’arrêter net. L’allure qui était la mienne, associé de la fermeté de ce « stop » sans ménagement, fait que j’accuse le contrecoup, je suis déséquilibré et je faillis me vautrer et tomber dans ses bras.

    Tu crois aller où comme ça ?

    Il est là. Il m’a rattrapé. Je suis super heureux. Je n’y croyais plus. C’est trop trop bon. Je me retourne, son regard est toujours autant marqué par l’excitation, une excitation mélangée maintenant à une certaine contrariété provoquée par mon geste… une contrariété qui rend Jérém encore plus beau… je l’aime quand il dort, je l’aime quand il sourit, je l’aime quand il a le regard coquin, quand il a le regard tendre, je l’aime quand il est en colère…

    De quoi ? – j’essaye de me dédouaner.

    Fais le con, va… t’as pas entendu?

    Si… mais…

    Il n’y a pas de mais… dépêche!

    Le ton de sa voix, pourtant pas très élevé, discrétion oblige, est encore monté d’un cran dans la fermeté et l’autorité… je sens toute la puissance de son ego de mâle m’envahir, ses yeux dégagent de l’envie sexuelle à l’état pur, son regard est noir, brun, puissant… il est à point… je crois que je ne pourrais jamais le chauffer davantage… la voix et le regard, en plus de sa beauté qui m’étourdit… là il n’y a plus de fierté ou de provoc’ qui tienne… je suis à lui…

    Il relâche sa prise et, sans un mot, il cache son regard brûlant derrière ses lunettes noires et il commence à s’éloigner du lycée, sûr de lui. Il sait que je vais le suivre. Son assurance me rend dingue. Je lui emboîte le pas, j’en ai trop envie, de toute façon je n’ai pas le choix : je suis trop a fond sur le bogoss. 

    On est à quelques minutes à pied de la rue de la Colombette. On fait la route en silence, pas après pas, rue, après rue : il fait beau et les terrasses des restaurants débordent de toulousains en train de prendre le temps de déjeuner par cette belle journée du mois de juin… le vent tiède souffle sur ma peau, sur sa peau, c’est le vent d’Autan, celui qui annonce que l’été approche, celui qui amène avec lui les beaux t-shirts moulants les torses des garçons, celui qui me parlera et encore toujours de mon beau Jérémie… ça sent les vacances, envie de s’échapper, de prendre du bon temps, de faire l’amour avec l’homme qu’on aime… jamais je n’ai eu autant envie de lui, envie à en pleurer, envie de pleurer à l’idée d’être en train de vivre les derniers moments avec lui…

    Soudainement il s’arrête devant une sandwicherie où il n’y a pas trop de monde. Il a faim, le bel étalon. Il faut bien nourrir la bête. Moi aussi j’ai faim et je me tâte si de oui ou de non je vais prendre un sandwich moi aussi… une fille surgit de nulle part et s’adresse à lui… je la comprends, Jérém est le genre de client pour qui on se battrait jusqu’au sang… je le regarde et sa peau mate moite de transpiration, la droiture et l’extrême harmonie virile de sa silhouette me font chavirer… je suis perdu dans mes pensée et je ne me rends pas compte que Jérém a déjà payé alors que je n’ai toujours pas décidé si je vais prendre un truc ou pas… tant pis… je mangerai plus tard…

    C’est Jérém qui me secouera de mes pensées : il est devant moi, deux sandwichs dans ses mains. Il m’en tend un. Je vais craquer, je vais pleurer, je vais mourir.

    Merci, Jérém…

    Il ne répond pas, il reprend sa route. Il marche vite devant moi, en attaquant son sandwich comme un fauve sa proie… là encore je trouve ses gestes d’une beauté masculine à me rendre dingue… on arrive place Wilson, le soleil tape sur les façades en briques apparentes qui bordent l’espace circulaire en leur restituant tout l’éclat rose qui fait la renommée de la ville… place Wilson est elle aussi bondée de monde à cette heure là… qu’est ce que c’est beau et plein de vie et de gens à l’air heureux la ville de Toulouse au mois de juin, ça a presque un air de Dolce Vita… ça me fait penser à un vieux film italien, mais surtout ça me donne envie de réécouter une chanson plus toute jeune elle non plus, une chanson qui a pour moi la couleur chaude et plaisante des vacances, des plages, des maillots de bain, de la liberté, d’une caresse du vent sur ma peau devant la mer… ça me met de bonne humeur…

     

    We're walking like in a Dolce Vita/Nous marchons comme dans une douce vie
    This time we got it right/Cette fois nous l'avons bien obtenu
    We're living like in a Dolce Vita/Nous vivons comme dans une douce vie
    Mmm, gonna dream tonight/Mmm je vais rêver ce soir
    We're dancing like in a Dolce Vita/Nous dansons comme dans une douce vie
    With lights and music on/Avec de la lumière et de la musique
    Our love is made in the Dolce Vita/Notre amour est fait d'une douce vie
    Nobody else than you/Personne d'autre que toi
    It's our last night together with our love again/C'est notre dernière nuit ensemble encore avec notre amour
    Another light before we drown in darkness/Une autre lumière avant que nous nous noyions dans l'obscurité

    C’est bon d’être amoureux à 18 ans, de l’être au printemps, de l’être à Toulouse, de l’être de Jérém…
    Jérém avance sans m’accorder le moindre regard… je le suis, je cours après lui, je suis comme tenu en laisse… c’est une chaîne qui me lie à lui, une chaîne faite de beauté, d’assurance virile, de désir, de testostérone, de puissance, de déo de mec… d’envie pure…

    On traverse boulevard Carnot, on retrouve rue de la Colombette, on la remonte très vite… La porte d’entrée de l’immeuble est ouverte à cette heure-ci… je monte les escaliers derrière lui, envoûté par son déo qui traîne derrière son passage et qui me donne une trique d’enfer…  je ne sais même pas comment je résiste à la tentation de me jeter sur ce putain de petit cul bien serré dans son short, sur ces fesses rebondies, comment je résiste au bonheur de lui arracher le short et le boxer et de fourrer ma langue dans son ti trou…

    On passe la porte de sa chambre, il la referme derrière nous. Je suis seul avec lui… putain de Jérém…

     

    Bonjour à tous, merci pour l’attention que vous portez à mon histoire. Dans quelques semaines, la saison 1 de l’histoire de Jérém et Nico va prendre fin et l’auteur va prendre quelques semaines de pause pour avancer dans la saison 2 et dans sa vie.

    Avant de lire la suite de l’épisode du bac (plus tard dans la journée ou demain matin), je lance un appel à tous les lecteurs qui aiment cette histoire pour savoir si quelqu’un maîtrisant l’art du dessein, aimerait de se lancer dans l’illustration de certaines scènes clés de mon histoire. Peut-être il y a parmi vous un artiste capable de cela, ou connaissant un artiste apte à cela.

    J’aimerais que ce soit un dessin sensuel, esthétique, sans les excès de la plupart des représentation graphiques des anatomies et des scènes de rencontres gay qu’on voit sur internet. Quelques images d’abord, et pourquoi pas une bd ensuite ? On peut toujours rêver…

     

     


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    Précédemment, dans « 50 nuances de Jérémie » : La philo terminée. Sortie de salle d’examen. Son souffle chaud dans mon cou, ses mots fermes dans mon oreille, lâchés sur un ton autoritaire et excité…

    « Chez moi, maintenant… ».

    Un trajet de quelques minutes dans un silence total entre la Daurade et rue de la Colombette, un silence lourd, épais, chargé d’érotisme brut, de sensualité palpable, comme une bulle autour de nous… et pour cause… après l’avoir chauffé à blanc pendant toute la durée de l’épreuve, Jérém est brûlant comme la braise…

    Il s’arrête prendre des sandwichs. L’animal a faim. Il m’en tend un. Mignon.

    On arrive devant le dortoir, on monte les escaliers, on rentre dans sa chambre. Il referme la porte derrière nous. Je suis seul avec lui… putain de Jérém…

     

    Sans un mot, sans transition, il me saisit par les épaules, fermement, brutalement ; il me retourne, me plaque contre le mur ; son geste dégage une virulence qui n’est pas sans me rappeler celle avec laquelle il avait balancé le mec qui me cherchait des noises dans les chiottes de l’Esmé le samedi précédent. Comme lui, j’ai failli cogner le nez contre la paroi, ce n’est pas passé bien loin…

    Ça m’apprendra à faire mon malin… Jérém est chaud bouillant, je ne l’ai jamais vu dans cet état là, c’est impressionnant, déroutant… mais au final, de le voir si débridé, si tendu vers sa jouissance, ça me fait un effet de dingue… c’est la première que je le vois autant enflammé, c’est la première fois de ma vie que je vois un garçon si brûlant… j’ai l’impression qu’il est excité au point qu’il pourrait me faire n’importe quoi… tout ce que je vois c’est qu’il a envie de jouir, et de jouir très fort… peut-on imaginer plus belle image, plus belle expérience qu’un beau mec hyper excité, un mec qui a envie de se vider les couilles et pour qui on représente à un instant précis le seul et unique moyen de le faire, la seule et unique cible de sa fixation de male en rut?

    Avoir chatouillé sa virilité, l’avoir défiée, avoir tout fait pour attirer l’attention sur soi, pour attiser ses envies sur moi, et jouir en voyant que le mec a mordu à l’hameçon de toute cette parade qu’on a mise en œuvre pour enflammer ses sens, pour réveiller sa queue…

    Ses gestes sont rapides, brusques, puissants, je le sens respirer dans mon dos, très fort et profondément, il dégage de la testostérone à plein nez, je sens son bassin exerçant une pression insistante contre mes fesses, son érection puissante arrivant à se faire sentir à travers le double tissu de son short et de mon jean…

    Son attitude est emportée, limite violente… j’ai l’impression que si je me refusais à lui, il me prendrait par la force… ou même qu’il pourrait me cogner… on ne chatouille pas un mâle en rut, au risque de se faire attaquer… je l’ai cherché, je l’ai trouvé, son cerveau reptilien est aux commandes de la bête et il ne lui inspire que des désirs… voire des instincts primitifs… j’aime imaginer que sa raison n’est plus qu’un lointain souvenir… que le mec est sans barrières…

    Certes, je ne veux pas en arriver jusqu’à là, je ne veux pas le rendre réellement violent, mais l’idée que ça puisse être possible, l’idée de ne pas avoir le choix, ça m’excite au plus haut point… bien sûr, au fond de moi j’aime à imaginer qu’il ne pourrait pas en arriver là… pas avec moi… je l’ai vu s’emporter… je sais qu’il en est capable… capable d’en arriver aux mains… mais pas avec moi… je sais qu’il peut être sauvage et violent dans la baise, humiliant, mais pas violent au sens propre… et si je m’amusais à le contrarier, je pense qu’il n’irait pas à me faire mal physiquement, car je pense qu’une ultime barrière se dresserait en lui pour empêcher ça…

    D’autre part, je suis bien placé pour savoir que la violence n’existe pas qu’au format physique… alors, pour ce qui est de la violence verbale, ça c’est une autre histoire… je sais à quel point il sait être sans limites sur ce plan là… et la pire violence qu’il pourrait me faire, c’est encore celle de me balancer des horreurs ou de… me priver de lui…

    Je me suis sciemment coincé dans une situation dans laquelle je sais que, pour maintenir son excitation en deçà du seuil où il perdrait tout contrôle, où il pourrait définitivement me jeter, je n’ai pas le choix, je dois me plier à ses envies, à toutes ses envies…

    Je me suis mis tout seul dans le pétrin, je suis dans une impasse… et quelle belle impasse celle qui amène à se faire coincer par un si beau mâle pour le soulager jusqu’à que la queue lui en tombe… oui, je me suis engagé dans une voie sans issue, et l’idée de me retrouver à sa merci me met dans tous mes états… non, je n’ai plus le choix, je dois perdre le contrôle, me laisser faire, il va se servir de moi pour évacuer toute cette puissance sexuelle que j’ai réveillée, il va me baiser autant qu’il voudra, comme il le voudra, je l’ai mis dans un tel état que la jouissance est son seul but, plus rien d’autre n’existe…

    Et, encore mieux, sa jouissance de ce jour là est autant un soulagement pour sa queue qu’une punition pour mon effronterie… ce jour là Jérém n’a qu’une envie, c’est de me baiser… non pas de me faire l’amour, ni même de baiser « avec » moi… ce jour là, il a juste envie de me baiser…, mais me baiser moi, rien que moi… le sale petit con qui a osé défier son pouvoir viril…

    Sacré petit con… il me garde plaqué contre le mur pendant un bon moment… sa bouche est toute proche de mon cou, son souffle caresse me nuque, son parfum m’envahit, l’odeur de sa bouche s’y mélange, je suis fou… j’ai envie de me retourner pour l’embrasser, mais il me tient si fermement collé au mur que même si je le voulais, je ne pourrais pas me dégager… et puis, ses lèvres me sont toujours interdites… je crois que si je tentais un truc de ce genre à ce moment là, il serait capable de me frapper…

    Son corps me domine, m’entrave, il est sur moi, je sens toute sa puissance sur mon dos, dans mes jambes, dans mes fesses, entre mes fesses… j’ai envie de lui, je bande, je mouille, je sens ma rondelle réclamer sa présence en moi…

    Il fait chaud sans sa petite chambre, la porte fenêtre est fermé et j’ai l’impression d’être dans un four… j’ai chaud, je commence à transpirer, je ne vais pas tarder à être en nage, l’ambiance est moite, j’ai envie de son jus sur moi, dans moi…

    J’ai envie de lui crier : Prends moi, baise moi, défonce moi… J’en crève d’envie et je ne sais pas ce qui me retient de le faire… rien en effet… on est là pour baiser… je suis là pour être sa salope… alors je sens toutes les dernières barrières s’ouvrir dans ma tête, enfoncées par un désir plus fort que tout… j’ouvre mes lèvres, je me sens perdre pied, je vais lui crier de me défoncer, de décharger son jus en moi… je vais me soumettre définitivement à sa virilité, je vais perdre toute dignité… qu’importe à ce moment là, devant le plaisir qui m’attend…

    Sa respiration s’accélère encore, il bande comme un taureau, je vais prendre une sacrée cartouche. Mais il prend le temps de me faire languir… il se fait violence pour attendre avant de prendre son pied de mec… et tout ça pour me faire crever d’envie… sacré mec, sacré petit con !

    J’en peux plus… je vais lui crier de me sauter, vite… j’inspire, la première lettre du premier mot de ma phrase prend naissance dans ma gorge quand mes oreilles se retrouvent percutées de plein fouet par la vibration de sa voix. Elle est sacrement tendue, le mec est chaud comme la braise :

    « Tu la sens ma queue, espèce de pute ? »

    (Ca fait trop bizarre de l’entendre prononcer ces mots là à ce moment là… où est donc passé le mec tendre de samedi soir ? Celui qui m’a sourit en me faisant l’amour ? Celui qui a voulu que je reste dormir avec lui ? Qui a voulu que je l’enlace ? Est-ce vraiment le même mec, ce type qui me plaque sauvagement contre le mur avant de me baiser… ou a-t-il été remplacé par un autre, sans que je m’en rende compte ? Mais bon, en attendant, faute de mieux, oui, j’ai envie de ça, être ta pute, mon beau Jérém… tu l’as cherché, maintenant il faut assumer, mon Nico… pour la tendresse, on repassera… ce n’est pas aujourd’hui, ni jamais d’ailleurs, que je retenterai quoique ce soit dans ce style là…)

    « Oui, je la sens, elle est trop bonne… »

    « Qu’est ce qui t’as pris de me chauffer tout à l’heure ? »

    (Quel culot le mec, c’est lui qui a commencé à me faire craquer avec son sourire infernal…)

    « J’avais trop envie de toi… »

    (J’ai tout le temps envie de toi, espèce d’idiot !)

    « T’avais envie de ma queue – dit-t-il en me bousculant – dis le ! »

    (J’ai juste envie de te faire jouir, mec)

    « Oui, j’avais envie de t’avoir dans la bouche… »

    « T’es vraiment une sale chienne en chaleur… »

    « C’est toi qui me rends comme ça… c’est toi qui me rends dingue… ta queue… »

    « Tu veux encore que je te remplisse la bouche de mon jus ? »

    « Oui, Jérém, fais moi ce cadeau, gicle-moi dans la bouche… »

    Il relâche à peine sa prise et il revient en mettant un bon coup de bassin dans mes reins, c’est plutôt violent, je sens toute sa puissance sur moi.

    « J’ai vu que t’as faim de ma queue, oui… »

    « S’il te plait, laisse moi te sucer… »

    « Tu me suceras quand j’en aurais envie… »

    « Tu en as pas envie là… »

    « Non, pas vraiment… »

    « Et t’as envie de quoi… ? »

    Là, tous de suite, j’ai envie de te défoncer le cul… »

    C'est clair, c'est direct, c'est ce dont j'ai envie. C’est bon de savoir qu’on est pile sur la même longueur d’onde… et ce qui est encore meilleur c’est que c’est lui à annoncer la couleur… il a vraiment envie, envie de moi, envie de mon cul…

    C’est bon comme jamais, cette attente ne fait qu’accroître mon désir, cette soumission amène mon envie de lui à son paroxysme… son parfum et sa transpiration, l’odeur de sa peau me rendent dingue, l’air est saturé par une claire odeur de mâle…

    Décidemment Jérém n’est pas un, mais plusieurs, 50 nuances de Jérémie défilent devant mes yeux au fil des jours… et là, le mec il a juste envie de me défoncer tout de suite… de toute façon, je n’aurais jamais mieux de lui… des bons coups de baise, mais pas son cœur… la nuit de samedi c’était une fausse note dans la partition de notre relation… Jérém est le mec qui baise, mais qui ne fait pas de câlins… je tâcherai de m’en souvenir… en attendant, vas-y mon beau, baise-moi…

    « Vas-y, ne t’en prive pas… »

    Je le sens souffler très fort, il n’en peut plus… lui non plus… j’ai presque l’impression qu’il essaie de résister à sa propre excitation… quelque chose me dit que le fait que j’arrive à l’allumer à ce point ça doit lui faire peur… ça doit le faire chier que j’aie ce pouvoir sur lui… certes c’est lui qui a commencé à me chercher ce matin, mais à partir du moment où je l’ai défié, c’est là qu’il est monté en pression… son excitation a grimpé tour après tour, elle a fini par lui échapper des mains… il a du essayer de se reprendre, de reprendre le contrôle… il n’y arrive pas, il sait que pour se calmer il n’a d’autre choix que me baiser… tout ce dont j’ai envie aussi… il est pris au piège, autant que je le suis…

    On est condamnés à baiser pour retrouver nos esprits… ça me plait comme idée…

    Il relâche enfin sa pression, il se décolle de moi… et à l’instant même où le contact cesse, il me manque déjà… je reprends ma respiration, je décolle légèrement ma poitrine et mon nez du mur… j’entends un bruit de cuir glissant très rapidement sur le même cuir, suivi d’un léger cliquetis métallique… qu’est-ce qu’il est chargé d’érotisme masculin, pour moi, ce bruit, depuis ce jour là… happé par ces petits bruits, attiré par des mouvements que je capte avec le coin de l’œil, je tourne illico la tête… d’un geste rapide et automatique Jérém a défait sa ceinture… ça ne dure qu’une fraction de seconde : pendant que, sans même se baisser, il enlève ses baskets, mes yeux sont aimantés par sa braguette ouverte, laissant entrevoir une portion assez vaste de son boxer déformée par une sacrée bosse… et la vision de ce bout de cuir baillant sur le côté, de cette ceinture défaite avant la baise, est pour moi une vision d’une intensité érotique absolue…

    Ca y est le short et le boxer tombent, sa queue en l’air, pointant le zénith, il ne reste que le t-shirt sur son torse… je croise ses yeux de fauve enragé… il s’arrête un instant, immobile, son regard est noir, il fulmine… putain de mec… il inspire un bon coup, d’un geste rapide et assuré il ôte enfin son t-shirt, je vois ce bout de tissu bleu ciel voler par terre… et c’est à mourir de désir toute la beauté et toutes les odeurs qui se dégagent de ce torse nu… sa chaînette sexy, son tatouage à tomber… je suis en transe… baise moi, Jérém…

    Je sais que je serai vite exaucé, je sens que Jérém est en mode mâle directif… le bonheur, quoi… alors, devant l’empressement et l’ardeur du mâle, je décide de me laisser faire, de m’abandonner totalement à ses actes, à ses initiatives, à être sa chose… il défait ma ceinture rageusement, il ouvre ma braguette à l’aveugle, presque en l’arrachant, je sens ses mains se saisir de mon jean, de mon boxer, les descendre à hauteur de mes genoux… je sens la fraîcheur sur mes fesses nouvellement découvertes… c’est si agréable et excitant…

    Je le sens revenir à la charge, virulent… sa queue est désormais fermement calée entre mes fesses… il saisit le bas de mon t-shirt et d’un geste puissant et précipité le soulève… j’ai tout juste le temps de soulever mes bras, il le fait glisser et le balance par terre sans regarder, il atterrit à coté du sien…

    Il me plaque à nouveau contre le mur, encore plus brutalement, violemment… qu’est ce que j’ai pu le chauffer pendant l’épreuve, et c’est exactement à cela que je m’attendais sans même pouvoir l’imaginer… c’est de ce genre de réaction, presque enragée, très virile, sauvage, instinctivement sexuelle dont j’avais envie…

    Il me maintient solidement plaqué au mur, ses mains saisissent fermement mes bras, mes hanches… sa queue est entre mes jambes, je sens sa raideur et sa douceur frotter ma raie et ma rondelle… je frissonne comme un fiévreux… je sens la chaleur et la fermeté de ses pectoraux au contact de la peau de mon dos… je vais disjoncter… c’est pas possible d’endurer autant d’excitation et de bonheur sensuel…

    « Tu vas la sentir passer, c’est moi qui te le dis… »

    « Tu es super bien monté… »

    « Et toi t’es une pute, un trou à bite… »

    « Je suis le trou pour ta bite… personne ne pourrait me faire ce que tu me fais… »

    « Je te fais quoi ? »

    « Tu me fais jouir… »

    « Jouir du cul ? »

    « Oui, jouir du cul… »

    « T’es une vraie salope… »

    « C’est ta queue qui me rends comme ça… »

    « Non, t’es une salope qui a tout le temps chaud au cul… je pourrai te rincer le fion dix fois dans la journée que tu l’aurais toujours en feu… »

    « J’ai juste envie de toi… »

    « Arrête… tu mériterais qu’une équipe de rugby au complet te défonce le cul… »

    (Saleté de petit con, où il est-ce qu’il a été la chercher celle là ?)

    « Je n’ai envie que de toi… »

    « Je suis sur que tu aimerais te faire fourrer jusqu’à en déborder… »

    « Jérém… »

    « Quoi ? »

    « J’ai envie de toi… »

    « T’as envie de quoi ? »

    « Que tu me prennes… »

    « T’as envie que je te casse le cul, c’est ça ? »

    « Viens jouir comme un mec et me faire jouir comme ta pute… »

    « Dis-le que t’as envie que je te démonte le cul… »

    « Oui, j’en ai envie… »

    « Dis-le ! »

    « J’ai envie que tu me démonte le cul, oui… »

    Je sens sa main glisser sur mes couilles, les attraper, les serrer…

    « T’en as rien à faire de ça… elles te servent à rien… il n’y a que ton cul pour te faire jouir… »

    « Oui, Jérém… « 

    Il n’est pas satisfait de ma réponse, il serre un peu plus sa main… j’ai un peu mal mais ce jeu de soumission, d’humiliation de ma sexualité est super excitant…

    « Non, elles me servent à rien… il n’y a que ta queue pour me faire jouir… »

    Il serre encore plus… j’ai vraiment mal, mais je suis excité à un point que je ne peux pas décrire… sa queue calée dans mon entre jambes… ses poils pubiens chatouillant le bas de mes fesses…

    Et puis, sans prévenir, il me lâche… je le sens cracher dans sa main, je sais qu’il est en train de préparer sa queue pour l’assaut de mon ti trou… je le sens recracher et ses doigts passer sur ma rondelle pour étaler sa salive… c’est rapide, c’est excitant, un instant plus tard ses mains passent sous mes aisselles et trouvent appui à hauteur de mes tétons… je me demande s’il se rend compte que cette région de mon corps est hypersensible ou alors s’il prend juste appui pour aider son bassin dans la pénétration et dans les coups de reins qui vont suivre…

    Je sens son gland se présenter pile devant l’entrée de mon intimité, gonflé à bloc, brûlant : sous la pression de son bassin, rapidement ma rondelle abandonne toute résistance, elle se laisse aller avec délectation à l’invasion du mâle, cette invasion qu’elle sait lui être si plaisante… son gland glisse lentement et je sens son gourdin s’enfoncer entièrement en moi… la défense de mon anus vaincue, sa queue ne rencontre aucune autre résistance à son passage… ça y est, il est au plus profond de moi, ses couilles chatouillent mes fesses et ses pectoraux caressent mon dos… lorsque sa queue arrive à la garde, je sens Jérémie se livrer à une profonde inspiration traduisant son plaisir… ses pectoraux et ses abdos semblent se contracter, le contact se perd pendant un instant avec la peau de mon dos mais il revient presque aussitôt, encore plus agréable…

    Avec ses mains puissantes et ses doigts bien écartés pour augmenter la surface de prise, il m’attire à lui, le contact de la paume de sa main contre mes tétons est une sensation purement et simplement délirante, il pourrait faire de moi ce qu’il veut, comme d’habitude, 100 fois plus que d’habitude…

    Il pourrait… et il le fait… un instant plus tard, il est en train de me sauter avec une rage de dingue …  quelque chose me dit que dans l’état qu’il est, Jérém ne sera pas long à venir… ses couilles sont bien pleines et son excitation extrême… je le sens très impatient, pressé de se lâcher, de précipiter sa jouissance… et putain comme il prend d’assaut mon cul avec ses coups de reins claquant sur mes fesses, son visage collé dans le creux de mon épaule… ses lèvres posées dans le creux entre la base de mon cou et mon épaule, je le sens mordiller ma peau, nerveusement… mouvement enragé de mâle hyper allumé…

    Qu’est-ce que c’est bon que de me faire tringler par ce mec, et qui plus est dans cet état là… j’ai juste pas envie qu’il vienne trop vite… j’ai envie qu’il me défonce pendant longtemps… je sais qu’il est trop en pression pour se retenir, pour rechercher autre chose que le chemin le plus court vers son plaisir… il faut qu’il calme sa queue avec un premier orgasme rapide et bestial, ensuite il reviendra à la charge, plus endurant…

    Et alors je le laisse faire, goûtant à chaque moindre bribe de ce plaisir extrême… et même si je sais qu’il viendra trop tôt à on goût, je sais que je serai content quand il jouira, quand son jus viendra en moi, quand l’orgasme secouera ce beau corps et qu’il sentira son esprit s’évaporer quelques instants sous la vague du plaisir… car son plaisir sera mon plaisir, le plaisir de le sentir jouir…

    Quelques foulées bien amples, sa queue s’enfonce en moi avec puissance, ses couilles frappent mes fesses violemment, son bassin écrase le mien sans ménagement… quelques coups de reins bien profonds et le mec rencontre cet orgasme qu’il ne peut contenir plus longtemps, tellement son jeune corps le lui réclame ; et pendant que Jérém jouit très fort en moi, comme un animal, sans réussir à contenir ses râles de plaisir, pendant que je sens le souffle bouillant sur mon cou, pendant que son nectar de mec quitte ses couilles pour aller se loger bien au fond de moi, je sens cette chaleur monter dans mon ventre… j’étais tellement pris à mon plaisir anal, à ma jouissance passive que je ne l’ai pas senti venir… je jouis à mon tour… mes giclées vont s’abattre sur la cloison et sur le carrelage…

    Oui, sans se soucier minimalement de mon plaisir à moi, Jérém s’est vidé les couilles en moi. Et moi aussi j’ai joui, sans même me toucher j’ai joui, et c’est sa queue qui m’a fait jouir… c’est dingue… sacré mec… prendre son pied et en procurer juste en cherchant le sien… prendre du pied avec sa queue et donner du pied avec sa queue, sans même en avoir l’intention, juste en baisant, en cherchant le moyen le plus rapide de jouir…

    Il est toujours en moi, la queue raide… je me sais rempli de son jus copieux et dense, ses mains sur mes tétons, son souffle chaud dans le cou… il fait vraiment chaud sans le petit espace de sa chambre… et après cet effort de dingue qu’il vient de produire, Jérém est carrément en nage… je le sens appuyer son front sur mon épaule et l’y frotter pour s’essuyer de sa transpiration abondante… putain que j’aime la transpiration masculine, et la sienne tout particulièrement…

    Un instant plus tard il se dégage de moi ; il me saisit par les épaules, il me décolle du mur et il appuie lourdement sur mes épaules pour me faire mettre à genoux, la tête appuyée contre le mur. Pendant un court instant je suis déçu de le voir s’éloigner alors que je m’attendais à qu’il me fourre directement sa bite dans la bouche… sans réfléchir sur le fait qu’il est nu, la queue tendue et qu’on est en pleine journée, je me dis qu’il va partir en terrasse fumer sa cigarette… non, je me trompe, le bogoss ne partira pas fumer, il ira juste ouvrir un peu la porte fenêtre pour laisser entrer de l’air. Il doit se sentir étouffer, le pauvre, sa respiration demeure profonde et excitée…

    Je le regarde revenir vers moi avec sa démarche assurée, tellement à l’aise dans sa nudité, la queue toujours tendue, luisante du jus qu’il vient de fourrer dans mon petit cul… il s’arrête à quelque centimètres de ma bouche, les mains sur sa bite pour la ramener pile à hauteur de mes lèvres…

    Mon esprit est happé par la vision de ce corps d’apollon en sueur se tenant débout devant moi, me dominant de toute sa taille, me soumettant à sa queue, un apollon ayant joui en moi et dont le passage bien viril pulse encore dans ma rondelle… je me dis que nos envies, nos sexualités sont si compatibles… qu’on est vraiment fait l’un pour l’autre, que nos corps sont fait l’un pour l’autre… et dans ma tête, c’est le bonheur…

    Mais la vue ce n’est pas le seul sens à en prendre pour son argent… mes narines sont ravies par l’odeur fort et intense de sa sueur, de sa transpiration pubienne, l’odeur de ce petit jus qui continue de suinter de sa peau et qui s’évapore petit à petit saturant l’air de cette odeur de mec… cette odeur de plus en plus forte et qui est en train de faire glisser le parfum de son déo à l’arrière plan olfactif… dans mon nez, mille odeurs délicieuses, les odeur d’un homme, un véritable bouquet d’où l’une d’entre elles se détache nette, forte, prégnante, entêtante… c’est une odeur reconnaissable entre mille, celle de son sperme… celle de son plaisir de mec…

    Devant mon hésitation, devant ma contemplation, cette véritable jouissance des yeux, cette attitude d’un instant qui n’est pour Jérém qu’une attente intolérable qu’on s’occupe de sa bite, le beau mâle avance le bassin, tout en portant une main sur ma nuque… son gland touche mes lèvres, elles s’ouvrent petit à petit, sa queue glisse entre, lentement, dans cette fente qui lui fait comme un haie d’honneur… son gland avance encore, il rencontre ma langue… et ma langue rencontre son goût qu’elle savoure avec gourmandise, ce mélange de nectar de mec et jus salé produit par sa peau… il avance jusqu’à rencontrer le fond de mon palais… et là la pression de sa main sur ma nuque se fait encore plus forte, il essaie d’enfoncer son gland dans ma gorge… je le sens avancer, m’étouffer… je le sens progresser encore, m’envahir… j’ai un peu mal mais ma douleur est vite compensée par la sensation de l’avoir complètement en bouche, jusqu’à la garde… ou presque… je sais qu’il aime ça… me remplir la bouche avec sa queue, avec toute sa queue… et voir que quoiqu’il fasse, quoi que je fasse, elle ne rentre pas entièrement… putain de petit con trop fier de sa queue !

    « Tu la sens bien là ma queue, petite pute en chaleur ? »

    Franchement Jérémie, t’as l’impression que je suis en position de te faire la causette ? S’il voulait une réponse à sa question à ce moment là, c’était mal barré. Je me limite à pousser un grand souffle à travers mes narines, ce qui doit lui sembler une réaction suffisante et allant dans le sens attendu.

    « Je le sais que tu adores ça… tenir ma queue bien au fond de ta gorge… »

    « Hummmmmmmmm… »

    « Tu vas l’avoir pendant un moment… je suis bien dans ton autre trou à bite… »

    Une partie de moi a toujours envie de le gifler pour ce qu’il est en train de faire, cette façon de faire de moi sa pute, de m’humilier, de me réduire à un ensemble de trous pour son plaisir exclusif (je ne sais même pas s’il s’est rendu compte que j’ai joui sur son mur)… je trouve qu’il pousse le bouchon un peu loin… j’ai envie d’autre chose avec lui… mais il faut bien admettre que, dans l’absolu, cette séance de soumission domination me rend dingue… oui, dans l’absolu, j’adore ça…

    Mais dans les faits, je me rends compte que cette situation me remet dans la position d’il y a quelques jours, je me conforme à être pour lui qu’un objet de baise et j’accepte implicitement que ce qui s’est passé samedi soir ne soit qu’une erreur de scénario…

    Sa deuxième main vient se coller sur ma tête et sa pression se maintient, puissante. Je sens ses couilles collées à mon menton, de ses poils pubiens chatouiller mon nez et dégager cette odeur si délicieuse de gel douche et de petits-poils-de-sexe-de-mec que j’adore… ils sont si doux ces petits poils, en plus il les entretient à une longueur raisonnable… c’est beau, propre et soigné, ça donne envie de les lécher, de les caresser, de plonger son nez dedans…

    Et puis, en levant à peine les yeux, j’aperçois une vision de rêve… cet alignement de poils fins qui descend direct de son nombril… ah, ça c’est beau, c’est à mourir tellement c’est beau… entre le nombril et le sexe d’un beau garçon, un seul chemin, ce chemin du bonheur que pour nos amis anglo-saxons est carrément un « treasure trail »…

    Tout son torse est en nage et la sueur glisse petit à petit sur sa peau lisse, chaude, mate… je me rends compte que ma lèvre supérieure est trempée de sa sueur. L’odeur de sa transpiration est de plus en plus forte, le liquide chaud est chargé de sa testostérone… je suis fou… le bout de mon nez trempe presque dans le jus… ce jus qui dégouline autour de sa queue et de ses couilles et qui vient tremper mes lèvres… j’ai envie de goûter à ça, à sa transpi… j’ouvre à peine les lèvres serrées autour de son mat puissant et je sens le jus s’infiltrer et envahir mon palais d’un arome fort et salé qui me ravit… je me rends compte que j’ai envie de le lécher partout… de cueillir jusqu’à la moindre goutte de cette humeur de mec…

    Soudainement, je sens la pression de ses mains se relâcher… son bassin recule, et sa queue avec, elle s’en va de ma bouche, je me sens vide, sa présence débordante me manque, sa chaleur, sa douceur, sa puissance… je suis déçu… j’étais si bien, la bouche remplie par sa queue, mon nez en train d’humer tous ces bonnes odeurs de mâle et ma bouche en train de goûter à sa transpi… je me dis que c’est là qu’il va se rhabiller et partir en terrasse, après s’être fait nettoyer la queue…

    Je me trompe une nouvelle fois car, après s’être dégagé de moi, Jérém se tient toujours debout devant moi, il doit être encore terriblement excité si l’appel de la cigarette ne s’est pas encore fait sentir… je ne sais pas ce qu’il veut exactement, j’ai plutôt l’impression qu’il veut être surpris…

    Eh bien, s’il attend à que je lui fasse un truc de dingue, c’est aujourd’hui que je vais lui donner… dans l’état où je suis, après le truc de malade qu’il vient de me faire, en me disant de surcroît que c’est certainement la dernière fois que je vois ce corps de ouf à poil et que j’ai accès à cette queue délirante, je vais tout donner…

    Je me déchausse, je me libère enfin de mon jean et de mon boxer qui entravent mes mouvements… j’avance mon buste vers lui, ma tête vers son bassin… je commence à lui lécher les couilles… elles sont moites de sa sueur, je les lèche comme un fou, délicatement mais inlassablement, je suis affamé, ma langue, mes lèvres, ma bouche ne savent plus où donner en premier tant sont nombreux les endroits qu’elles ont envie de visiter…

    Je reviens à ses boules, je les gobe, je les tiens dans ma bouche, je les masse avec mes lèvres… je fais une halte obligé dans ce petit creux à la naissance des bourses juste en dessous de la queue, ce petit creux qui m’excite tant, je le titille, je l’agace du bout de la langue… il frissonne, ses abdos se contractent dans un mouvement rapide et soudain… je sais désormais que cette réaction signifie dans son langage corporel « putain que c’est bon, ça m’a surpris tellement c’est bon »… j’ai l’impression de commencer à vraiment bien maîtriser une langue nouvelle, une langue qui n’a pas de mots, mais uniquement des signes, comme la langue des non voyants, cette nouvelle langue est la langue du plaisir masculin d’une bête assez spéciale et rare, le « Jérém à poil noir »…

    Je suis avide de son anatomie chaude, excitée, trempée de sueur… je recommence à lui lécher les bourses, à jouer avec ses couilles… j’envoie ma langue partout ou il y a du jus à collecter, dans son entrejambe ; je m’engouffre dans les creux entre les bourses et l’intérieur de la cuisse : avec mes doigts je décale délicatement son service trois pièces pour permettre à ma langue d’aller jusqu’au bout, à la rencontre du filet de liquide qui se cache tout au fond du joli canyon… je m’occupe d’un côté et ensuite de l’autre, avec la même cure, la même attention du travail bien fait, avec la même envie inlassable…

    Je remonte ensuite vers cette petite parcelle poilue située juste au dessus de sa bite, ce petit triangle de poils si doux est d’une beauté à faire chavirer… c’est trempé là aussi et je m’attarde à tout pomper, à tout éponger, ma langue et mes lèvres s’en donnent à cœur joie… ma bouche est envahie par ce goût salé qui me rend dingue… et ce qui me rend encore plus dingue ce sont les mouvements inattendus et brusques de ses abdos, sa respiration saccadée… ces râles à peine étouffés qui traduisent le bonheur que ma bouche est en train de lui procurer…

    Mais par-dessus tout, ce qui me rend vraiment fou c’est ce gland pulpeux, gonflé à bloc, cette queue qu’il a brutalement fait claquer sur ma gueule à plusieurs reprises pendant que j’épongeais sa transpiration, cette queue désormais lourdement appuyé sur ma joue et qui semble prête à jouir à nouveau quelques minutes à peine après m’avoir rempli le cul…

    Je suis tellement excité que j’ai envie de le prendre en bouche et de le pomper pour recevoir des bonnes giclées au fond de la gorge… j’ai envie de sentir sa queue entre mes lèvres, envie de la sentir coulisser propulsée par de grands bons coups de bassin, sentir son goût se répandre dans mon palais…

    J’ai envie de tellement de choses avec ce mec… j’ai envie de tout et j’ai envie de l’avoir tout à la fois… I want it all and I want it now… il faut choisir et je me dis que la pipe ça peut bien attendre un peu… j’ai envie de continuer dans ce voyage au pays non pas des terres chaudes, mais des peaux chaudes, mates et transpirantes… d’autant plus que je sens que ce que je suis en train de lui faire ça le ravit autant que cela me ravit moi… autant profiter de sa peau mate et moite, je le sucerai après, quand il me l’ordonnera…

    Je termine d’éponger la petite parcelle de poils bruns au dessus de sa queue et je décide de remonter contre courant… je me sens attiré de façon de plus en plus irrésistible vers la source de sa transpiration… c’est une magnifique petite rivière qui part de son front, dégouline sur son visage, se charge un peu plus au creux de son cou… elle perle sur ses pectoraux, sur ses épaules, contourne ses tétons, semble se ressembler dans la ligne médiane qui, du haut en bas de son torse, dessine la symétrie parfaite de son anatomie ; elle continue ainsi sa course pour arriver à traverser la région humide et vallonnée de ses abdos, elle passe par la craquante dépression de son nombril, elle s’infiltre par capillarité au travers cette ligne de poils fins qui agissent comme un canal de drainage dont la fonction est de convoyer le liquide chaud vers son pubis…

    Explorateur avisé de son anatomie, je pose le bout de ma langue tout en bas du chemin, et je sens le liquide couler, glisser, suinter, exciter mes papilles… je ne m’en lasse pas, je pourrais rester dans cette position, à genoux devant lui, ma langue posée juste au dessus de son pubis, sa queue appuyée sur ma joue pendant des heures… les odeurs qui envahissent mon nez et ma tête m’ôtent toute notion de temps, de réalité, de bac philo ou autre, de futur, de passé… je ne suis que dans le bonheur absolu de l’instant présent, devant cet apollon à qui je suis en train de donner tout le plaisir que je peux… voilà le seul but de ma vie à ce moment là…

    Et puis ma langue gourmande décide d’aller encore plus loin… elles sort complètement de ma bouche, elle s’appuie de toute sa surface sur la peau de son bas ventre et d’un seul coup elle remonte lentement tout l’alignement de poils jusqu’au nombril, rencontrant pour la toute première fois la douceur humide de ces petits poils qui me font délirer, drainant d’un seul coup le débit de ce bon liquide qu’elle rencontre sur son passage…

    A partir du moment où il est atteint, le nombril n’est plus qu’une étape vers de nouveaux territoires… ses abdos à peine traversés, ma langue veut suivre la ligne médiane de son torse, continuer vers le haut, vers le cou qu’elle devine si chaud, si humide lui aussi…

    Comme l’étoile polaire attire les marins, le petit grain de beauté en bas de son cou attire mon regard, happe ma raison, force mon voyage… mes genoux sont déjà en train de se déplier pour permettre à mon buste de remonter et à ma langue de continue plus loin dans son voyage de rêve ; quand, de façon soudaine, Jérém se dégage, se déplace à coté de moi, s’appuie contre le mur, les jambes écartées, les reins légèrement cambrés, le galbe de ses jolies fesses bien en vue… je sais ce qu’il attend… je veux lui donner aussi… j’en ai envie depuis que je l’ai suivi en montant les escaliers du dortoir quelques minutes plus tôt…

    J’ai dit qu’aujourd’hui je lui donnerai tout, tout pour notre dernière fois. Tout. Je me déplace et je m’agenouille derrière lui… j’approche ma tête de ses fesses et un instant plus tard je trempe mon nez et mes lèvres dans sa raie… je m’attarde un court instant à humer la chaleur moite de cet endroit… mes mains écartent délicatement ses fesses, juste avant que je me décide à lâcher ma langue à ses instincts, à ses envies…

    Elle sort de ma bouche, impatiente, frémissante, elle part à la recherche de sa rondelle qu’elle trouve du premier coup… elle commence à l’agacer par des petits coups… la bête frissonne de plaisir… ça me rend dingue… je continue avec mes petits coups, je le fais un peu languir… c’est moi qui le fais languir ce coup-ci… je sais à quel point il adore ça ce petit con… je vais lui donner, mais je le chauffe un peu plus… je lèche ses boules bien lourdes par l’arrière, je plonge mon nez dedans… j’inspire tous ces odeurs de mec… j’adore…

    Et puis je ne peux plus me retenir… j’ai envie de le voir vibrer de plaisir, alors je lèche copieusement sa rondelle… j’y vais franco et je sens que ça le rend dingue… encouragée, ma langue s’enroule, elle se raidit pour pouvoir s’introduire le plus loin possible dans son intimité… pour la fouiller sans ménagement… et quand elle s’insinue entre les parois de son petit trou, je le sens carrément trembler de plaisir… je l’entends souffler très fort, râler en frissonnant…

    Putain de salope, tu aimes ça…

     

    La partie deux de l’épisode très chaud demain matin.

    Qui veut dessiner Jérémie et Nico ? Des épisodes en avant première à la clé.

     

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    34.2 Jérém se lâche après le bac philo.

     

     

    Précédemment, dans « 50 nuances de Jérémie » : … je sais à quel point il adore ça ce petit con… je vais lui donner, mais je le chauffe un peu plus… je lèche ses boules bien lourdes par l’arrière, je plonge mon nez dedans… j’inspire tous ces odeurs de mec… j’adore…

    Et puis je ne peux plus me retenir… j’ai envie de le voir vibrer de plaisir, alors je lèche copieusement sa rondelle… j’y vais franco et je sens que ça le rend dingue… encouragée, ma langue s’enroule, elle se raidit pour pouvoir s’introduire le plus loin possible dans son intimité… pour la fouiller sans ménagement… et quand elle s’insinue entre les parois de son petit trou, je le sens carrément trembler de plaisir… je l’entends souffler très fort, râler en frissonnant…

    Putain de salope, tu aimes ça…

     

    Il fait exprès de me poser des questions auxquelles je suis momentanément dans l’impossibilité de lui répondre… je ne vais pas délaisser ma mission pour répliquer à une question dont il connaît la réponse… petit con ! Sans attendre de réaction, mais en appréciant ma soumission tacite, il enfonce un peu plus le clou :

    Vas-y goûte bien à mon fion…

    Ses mots salaces et vulgaires me font un effet tel que, sans que ma volonté s’en charge, les mouvements de ma langue augmentent en intensité. Et quand la notification de l’accueil positif de ma performance arrive à travers des mots encore plus triviaux, je suis le mec le plus excité de la terre.

    Ah oui… comme ça, salope, bien comme ça… vas-y, fais bien ta pute…

    Là je deviens vraiment dingue… je n’ai plus de limites, ma langue sort de ma bouche et se déploie vers sa rondelle comme un élastique en tension extrême, juste avant de casser… je sens le bout aller encore un peu plus loin dans son intimité… il adore, ses respirations sont de plus en plus courtes, bruyantes, saccadées, ses muscles se contractent, ce sont des spasmes de plaisir… je continue longuement, le rendant de plus en plus fou… j’ai quasiment l’impression que si je continue pendant assez longtemps, pour peu qu’il se caresse un peu, je finirais par le faire jouir, comme un malade… hélas je ne suis que simple acteur dans cette scène de baise… et quand le réalisateur décide de couper, on coupe.

    C’est ainsi que, à un moment, Jérém décide de priver ma langue du bonheur d’exciter sa rondelle…

    Je suis simple acteur, et je n’ai même pas accès au scénario. Je vis les événements en instantané. Le voilà donc qui se retourne, me chopant fermement par l’avant-bras et m’entraînant vers le lit. Une fois à proximité, il me saisit par les épaules et me balance vers l’avant, je perd l’équilibre, je tombe, je me retrouve allongé sur le ventre. Jérém est derrière moi, je le sens s’approcher, je sens son poids enfoncer le matelas…

    Je n’ose pas me retourner, mais mes oreilles se chargent de me raconter la suite… je l’entends à nouveau cracher dans sa main, un instant plus tard il est à nouveau en moi, sa queue a glissé comme un couteau dans du beurre chaud, le passage de mon trou largement préparé par la première visite remarquée de sa queue et la présence de son premier jus…

    Il reprend alors ses va-et-vient, je ne suis qu’un trou qui se fait divinement tringler par une bite insatiable… c’est bon, je la sens bien, j’adore cette position où ses boules frappent mes fesses si lourdement… je suis complètement concentré sur mon plaisir et plus rien ne compte autour de moi… ou presque… ça aurait été le cas si un petit détail n’avait pas frappe mon attention, mettant une note discordante dans cette mélodie de la jouissance que Jérém était en train de jouer dans mon ti trou…

    Mon regard est attiré par un emballage de capote déchiré sur la table de nuit… ce qui est sur, c’est que dimanche matin, à mon départ, il n’y était pas… ainsi, je réalisais que la veille au soir, pendant que dans mon lit je me tapais la branlette mentale du Dimanche 2.0, avant de m’en taper une bien réelle pour m’endormir, le beau Jérém était en train de péter une chatte… ce qui expliquerait sa gueule enfarinée du matin…

    Du coup je sens un sentiment d’humiliation m’envahir et mon excitation retomber… je n’arrive pas à détacher mes yeux de ce petit bout de plastique, je commence à être mal à l’aise (putain, il aurait au moins pu le faire disparaître !), mon corps ne prend plus de plaisir, je me raidis, ma queue perd rapidement de la vigueur, des frissons désagréables parcourent ma peau… je commence à avoir mal… oui, une fois que la fausse note est lâchée, c’est très difficile de rattraper le coup et de se remettre dans le tempo…

    Jérém lui aussi s’en rend compte… je ne suis plus en train de m’offrir à lui, je suis en train de lui résister… ses coups de reins finissent par ralentir… suivant la ligne de mon regard, il a du comprendre ce qui se passe dans ma tête… la preuve en est que, sans sortir de moi, il penche son buste, il allonge le bras pour aller attraper le petit bout de plastique et le faire glisser dans le tiroir de la table de nuit, hors de ma vue…

    Bien joué, Jérém, t’es pas complètement con… mais bon, t’aurais pu y penser avant… mais comment aurais-tu pu savoir que je serais là cet après midi… que t’aurais cette envie pressante de me baiser ? Tu t’en doutais pas hier soir, quand tu étais en train de te taper une nana, une de plus, n’est-ce pas ?

    Jérém a repris ses mouvements de bassin… une fois l’objet disparu, je sens mes muscles se détendre à nouveau et je recommence à sentir les bienfaits de sa queue coulissant en moi… il me semble que ses aller-retour sont plus amples, il joue à faire durer le plaisir… il ne le sait peut-être pas, mais c’est ainsi que je prends un max de plaisir à la sodomie, sa sodomie… des coups amples et pas trop rapides…

    Il me besogne ainsi pendant de longues minutes ; petit à petit, je retrouve une excitation et un plaisir intenses auquel je m’abandonne complètement… ma queue est à nouveau raide, je suis bien, heureux qu’il soit en moi et qu’il prenne son pied… j’aime penser qu’avec la nana qu’il a baisée hier soir il n’a pas pris autant son pied… déjà il a été obligé de mettre une capote, alors que avec moi, c’est nature… et surtout je sais qu’il l’aime trop mon ti cul endurant… je suis sur qu’il n’a même pas pu la baiser deux fois coup sur coup comme il est en train de faire avec moi, je suis sur qu’elle ne l’a pas léché partout pour recueillir sa transpi, je suis sur qu’elle n’a même pas pensé à lui bouffer la rondelle…

    Je suis perdu dans ces pensées, submergé par le plaisir d’être l’instrument illimité du sien, quand je sens ses coups s’accélérer à nouveau… c’est en lâchant un bon gros râle que Jérém jouit encore en moi… je l’entends inspirer très fort, juste avant qu’il ne se retire me moi, juste avant que le vide m’envahisse, froid, triste, désespérant… pourquoi t’es parti si tôt, Jérém… tu aurais pu rester en moi encore…

    Je n’ai pas bougé mais j’entends quelques bruits bien familiers… je tourne alors à peine la tête et je vois qu’il est en train de passer le short, sans le boxer, pour aller enfin fumer en terrasse.

    Je suis doublement rempli, mais je me sens vidé… deux pénétrations coup sur coup, le mec m’a démonté… c’est ça que de prétendre à satisfaire les envies d’un étalon endurant qu’on a chauffé à blanc… j’ai vraiment pris mon pied et en ce moment où il est en terrasse, où le contact de sa peau me manque déjà, je me dis une fois de plus que j’ai une chance inouïe de pouvoir accéder à sa sexualité…

    Je n’arrive toujours pas à le croire… on m’avait annoncé cela ne serait-ce que trois mois plus tôt, j’aurais cru qu’on se moquait de moi… pourtant… pourtant il vient bel et bien de jouir deux fois en moi… pendant que son regard est perdu dans la rue, j’en profite pour passer mes doigts dans la raie et les charger de ce goût de mec que mes lèvres seront ravies de savourer… putain, qu’est ce que j’aime le goût de sa semence, son goût…

    Sacré mec, sacré mâle… et si j’en crois au regard qu’il me lance en revenant de sa cigarette, pendant qu’il tombe son short en dévoilant une queue qui n’a pratiquement pas débandé, j’ai l’impression que l’après-midi baise n’est pas terminée… il avance, il s’allonge sur le lit à coté de moi, en position accoudée ; il tourne légèrement la tête vers moi, il me regarde droit dans les yeux, le regard déterminé, la voix posée, ferme et me lance :

    Maintenant tu peux me sucer…

    Une idée de fou me traverse l’esprit… lui répondre :

    Non, j’ai pas envie…

    Va savoir où cette réplique pourrait nous amener… Mais ce n’est qu’un instant, je le regarde dans cette position accoudée, le torse à nouveau moite de sueur et je me dis que même s’il en allait de ma vie, je le sucerai encore et encore… alors, l’idée de refuser ce qui m’est offert à cet instant précis et dont j’ai une envie qui dépasse l’entendement, c’est pas dans mes cordes… au diable la dignité, l’insoumission, la vengeance, son arrogance… j’ai envie de le sucer, il en a envie, alors je le sucerai, et je le sucerai longuement…

    Jérém allongé, appuyé sur ses coudes… la tête relevée, le petit regard lubrique pour me mater en train de lui faire ce qu’une pute se doit de faire à son maître… dès lors, c’est une évidence pour moi… je me dois de le sucer… c’est une notion aussi naturelle et évidente que « le soleil brille » et « l’eau mouille ».

    Ma bouche s’approche de son sexe pendant que l’envie me prend de tester un truc avec la langue autour du gland… je passe délicatement le bout humide à la lisière de la peau qui le recouvre à moitié avant que je ne le décalotte… le bout de ma langue s’insinue au bord, presque sous l’épiderme, et ça a l’air de le rendre dingue…

    Je continue mon jeu pendant un petit moment, jusqu’à ce qu’une bonne petite odeur de transpiration ne remonte à me narines en me rendant nécessaire de reprendre cette mission d’exploration interrompue un peu plus tôt…

    J’ai trop envie de ça… les petits poils au dessus de sa queue sont à nouveau moites… je me charge de corriger cela… je reviens avec ma langue autour de son pubis, je lèche les moindres recoins, je m’attarde sur ses couilles chaudes et odorantes… je pense lui faire plaisir, et c’est le cas j’imagine, du moins jusqu’à que sente ses mains se porter sur ma tête pour la guider de façon très directive et rapprocher ainsi ma bouche de sa queue… une fois la manœuvre d’approche accomplie, c’est en appuyant lourdement avec ses mains sur ma nuque qu’il enfournera son manche raide dans ma bouche et qu’il recommencera à y mettre des grands coups de rein en maintenant fermement ma tête avec ses deux mains… un truc qui me rappelle ce dimanche matin que j’ai voulu oublier et que ce sacré petit con semble prendre un malin plaisir à me rappeler… sacré petit merdeux… c’est sa façon à lui de me montrer que c’est encore lui qui dirige le jeu… lui et lui seul…

    Pendant un instant j’ai cru qu’il allait jouir de cette façon là, en me défonçant la bouche et en envoyant sa semence bien au fond de ma gorge… mais je suis surpris de voir qu’il s’arrête assez vite et qu’il dégage sa queue de ma bouche… ses mains sont toujours sur ma tête et je sens la pression s’exercer sur moi… je me laisse faire et je comprend qu’il veut que je revienne lui lèche les boules… ses mains m’y ont d’ailleurs amené… il aime ça le salop… je m’y attarde pendant un long moment, t’aime ça, mon salop de Nico !... ma langue ne se lasse pas de parcourir cette peux douce et chaude, de goûter à la fermeté de ces organes sièges de sa virilité…

    Je n’ose pas lever les yeux, mais je sens son regard sur moi, je sens qu’il ne perd pas une miette de mes mouvements accomplis dans une soumission totale et dans le seul but de lui offrir son plaisir de mec… juste du coin de l’œil il me semble capter un mouvement de sa tête se laissant nonchalamment basculer vers l’arrière… ce qui, dans le langage du « Jérém à poil brun », veut dire « putain que c’est bon, et surtout n’arrête pas de si tôt »… un geste, un message que je décrypte et qui me rend dingue…

    Pendant que je donne tout ce que je peux pour enchanter ses sens, pendant que son esprit et sa volonté s’évaporent devant tant de plaisir physique, je sens ses mains se dérober, je suis de plus en plus libre dans mes mouvements… je cesse alors de m’occuper de ses couilles et je décide de remonter le chemin de petits poil vers le nombril… j’ai trop envie de parcourir ses abdos, ce beau torse rasé de près et dont la peau est d’une douceurs incroyable, envie d’arriver jusqu’au territoire inexploré ce jour là, le paysage vallonné de ses pectoraux…

    Petit à petit je m’avance… cette fois-ci il me laisse faire, je m’enhardis, je me pousse encore plus loin, j’ai accès à ses tétons… je crains un peu sa réaction… mais je suis soulagé de voir que rien ne viens d’hostile… et quelle est ma surprise lorsque le bel étalon, renonçant à sa position accoudée, s’allonge sur le dos, repliant les bras jusqu’à croiser ses mains entre sa tête et l’oreiller, me lançant celle que je prends comme une claire invitation à accéder à la chaleur humide de ses aisselles…

    Si c’est pas beau ces poils bruns en bataille… on dirait qu’il a arrêté de les raser… cette petite touffe trempée d’où il se dégage cette odeur si masculine… il me semble avoir lu quelque part que c’est de cet endroit que certains odeurs mâles se dégagent après l’orgasme… et là je sens l’excitation monter encore d’un cran… je suis plus affamé que jamais de lécher ce jus chargé de sensualité, jusqu’à la dernière goutte… je m’y attarde, inlassable… l’une, puis l’autre, gourmand, insatiable…

    Je suis tellement enchanté par cette découverte que, une fois terminé mon double périple, comme dans un état second, je décide de m’aventurer jusqu’à la base de son cou, à la limite de la zone interdite… les bras de Jérém sont toujours coincés sous sa tête, alors je me dis que si ça part en sucette je vais le voir venir… pour l’instant la bête est tranquille… je m’avance doucement… ma langue arrive à caresser et drainer la transpiration juste en dessous de son petit grain de beauté… toujours pas de réaction… je décide de ne pas insister…

    Je me retire doucement… au passage, nos torses se frôlent, nos sexes se frôlent… pendant que ma langue titille l’un de ses tétons, ma mains descend vers nos queues… mes doigts saisissent les deux dans la même prise… les deux bites de taille différente se frôlent dans le bonheur des allées et venues de ma main… cette sensation de frottement de glands est magique pour moi et ça doit l’être deux fois plus pour lui, alors que le plaisir lui vient sans effort, sans que le mouvement de sa propre main ne le distraie… je le sens vibrer sous les assauts de ma prise, et de ma langue divaguant sur ses tétons et sur ses pectoraux… et c’est un bonheur magique… magique de lécher sa sueur, magique de sentir l’odeur de sa peau moite…

    Je suis fou… dans un état d’excitation où je commence à croire que tout est possible… ça le fait à certains moments… ma langue s’aventure à nouveau en direction de son cou, le cœur qui tape dans la poitrine comme s’il allait l’exploser… il me laisse faire, il se laisse faire… je plonge mon visage dans le creux entre le haut de son cou et son visage, mes lèvres se retrouvent à la limite de sa mâchoire, de sa barbe de trois jours…

    Et puis, comme je m’y attendais, c’est là que la machine se met en sécurité… c’est là que ça bloque… il existe des limites qu’on ne peut pas dépasser… le zéro absolu, la vitesse de la lumière, la mâchoire de Jérém… je le sais, mais une fois de plus je n’ai pas pu m’empêcher de tenter de forcer cette résistance… j’étais dans un état second… alors la réaction se met en marche… me ramenant à la réalité… ses bras se sont dépliés sans presque que je m’en rende compte, ses mains saisissent désormais mes avant-bras dans une prise puissante… voilà que, pris dans le mouvement, mon torse bascule lentement pour se retrouver à la verticale… mes fesse posées sur son pubis, sa queue raide calée dans ma raie…

    Jérém est toujours allongé… je n’ose pas le regarder de peur de croiser son regard… je crains de me faire jeter comme dimanche matin… il n’en est rien… le geste qui suit est ferme, mais calme en apparence… il sait ce qu’il veut, et surtout il sait comment il le veut… sacré mec…

    Il vient tout juste de relâcher sa prise sur mes avant bras que déjà je sens ses mains se faufiler sous mes cuisses… son intention est précise, il cherche à faire remonter mon bassin… je comprends de suite ce qu’il a en tête… ça me laisse un instant incrédule, mais ça m’enchante pleinement…

    Il veut encore venir en moi… ça me laisse rêveur… décidemment il a de la ressource ce jeune étalon fougueux… je le seconde en écartant mes cuisses et en prenant appui avec mes genoux sur le matelas… dès que mon bassin est remonté, sa main gauche se saisit de sa queue, je sens son gland passer et repasser dans ma raie, glisser dans ce passage bien lubrifié… effleurer ma rondelle rapidement… oui, Jérém s’amuse à laisser son gland agacer ma raie… petit con, tu me fais languir à ton tour, n’est-ce pas ?

    Il finit par arrêter son petit jeu en positionnant son gland pile en face de l’entrée de mon intimité, en le présentant, en me faisant frissonner avec un petit coup de bassin. La visée est parfaite. Il suffit que je me laisse glisser lentement… sa queue disparaît en moi… après les assauts que ma rondelle a subi depuis quelques heures, elle ne rencontre aucune résistance à son avancée, à sa pénétration… sans effort, comme le plus naturel au monde, il est à nouveau en moi et lorsque je regarde son visage, je le vois enchanté par la sensation d’avoir sa queue enfoncée dans la chaleur humide de mon ti trou déjà rempli et débordant de son jus…

    Je suis empalé sur sa virilité… je suis rempli de lui… là encore je sais ce qu’il veut… et lui aussi il le sait… il sait ce qu’il veut et il sait que j’ai compris ce qu’il veut… et que je vais le faire… c’est trop bon, ça, cette complicité de nos corps, de son envies, de nos plaisirs… je le regarde, ses yeux de feu perdus dans le vide, la peau de son torse ondulant sous l’effet d’une respiration rapide, excitée… comment peut-t-on être si jeune et si outrageusement sexy ? Comment peut-t-on avoir un corps comme le sien, une bonne petite gueule comme la sienne, une queue aussi endurante que la sienne ? Une bombe ce mec… une véritable bombe anatomique…

    Qu’est-ce que c’est beau de voir ses yeux se fermer, son visage grimacer, et ses abdos animés par la respiration profonde du plaisir… tu vas jouir encore, Jérém, c’est moi que te le dis… je n’ai envie que de ça, te faire jouir…

    Alors j’y vais, je vais faire ce qu’il attend de moi. Prenant appui sur mes genoux, j’entreprends de remuer mes reins en faisant coulisser mes fesses et mon trou sur son manche… je le sens trépider dès mon premier mouvement… si c’est pas beau ça… tenir dans ses mains (ou plutôt dans son trou) le pouvoir de faire jouir un si beau mâle…

    Mes mouvements, d’abord lentes et dosés, encore et toujours dans le but de le faire languir, de le préparer au déluge de plaisir que je lui réserve, s’accélèrent peu à peu, jusqu’à prendre une cadence régulière qui a l’air de lui convenir parfaitement…

    C’est une vision de rêve, son beau torse tout tendu vers le plaisir, ses bras à nouveaux pliés, ses mains croisées entre sa tête et l’oreiller… j’adore, j’adore, j’adore ! Il a l’air de prendre un pied de fou… je vois son dos se cambrer sous la vague de plaisir, je vois sa tête partir vers l’arrière (je kiffe à mort ce que tu me fais, en langage Jérém à poil brun)… qu’est-ce que c’est beau son petit grain de beauté noyé dans la transpiration qui a repris à perler de sa peau mate… et que dire de sa chaînette, négligemment posée sur sa peau moite…

    C’est beau à se damner… et même si je commence à fatiguer un peu, car cette fois ci c’est moi qui mouille la chemise pour le faire jouir, j’ai décidé que j’irai jusqu’au bout… je suis vraiment en nage mais ce jour là, l’homme que j’aime a envie de me baiser une fois de plus, alors je ne le décevrai pas… je penche mon dos vers l’arrière, je cherche appui avec mes mains sur le matelas entre ses jambes, mes jambes à moi se déplient et je prends appui sur mes pieds tout en gardant sa queue en moi… en changeant mes appuis, j’arrive a donner plus d’ampleur à mon mouvement… le beau mâle a l’air d’apprécier… je trouve la cadence qui me permet de stabiliser mon effort tout en continuant d’approcher mon Jérém de sa jouissance… tout en prenant un max de plaisir…

    Petit à petit je vois l’excitation grimper en lui, je suis son avancement sur cet écran qu’est son visage parcouru par les grimacements et les expressions typiques du plaisir masculin, un écran que je sais désormais lire si précisément… je vois que ça approche… en faisant appel à mes dernières forces, j’augmente encore la cadence… je vois son visage changer d’expression, je sens sa respiration s’accélérer, je vois ses yeux se plisser, ses lèvres s’entrouvrir… je sais qu’il va le dire dans les cinq secondes à venir… et quand je l’entends annoncer fièrement, sa voix coupée par la vibration de l’orgasme qui est en train de le submerger :

    Tu vas m’avoir… je viens…

    Je me retiens de justesse de lui répondre :

    Je sais, je le vois…

    Il n’empêche que je suis ému de cette merveilleuse entente de nos corps, je suis heureux de me rendre compte que je connais si bien cette merveilleuse machine qu’est la sexualité de mon beau brun. J’ai envie de pleurer, tellement je suis heureux de ce que je suis en train de vivre.

    Et Jérém jouit à nouveau en moi en émettant un râle puissant.

    Quand j’y repense, à distance de tant de temps, je crois que jamais par la suite je ne revivrai un moment aussi chaud, aussi intense, côté baise… je crois que cet après-midi là, on a touché un sommet de sensualité et de charge sexuelle qu’on ne vit qu’une fois dans sa vie.

    C’est vraiment beau et incroyable la sexualité d’un garçon de 19 ans… je ne saurais même pas dire combien de fois il avait joui ce jour là… en moi, dans ma bouche, sur ma peau… souvenir d’une dernière pipe à coté de la porte d’entrée, lui débout et moi à genoux, une gâterie dispensée avec un plaisir indescriptible, ivre que j’étais de son corps, de sa sexualité, de son plaisir, une pipe faite en relevant les yeux pour avoir une vue de soumis sur ses tablettes de chocolat si bien dessinées, si sexy, si fermes, à la peau si douce… souvenir d’une jouissance plus longue à venir et au contenu moins copieux, signe que le mec s’était vraiment vidé les couilles… souvenir d’une toute dernière giclée venue dessiner sur mon torse sa signature chaude et virile…

    Je suis claqué, épuisé… au fil de ses assauts, j’ai moi-même joui plusieurs fois… je suis carrément lessivé, endolori de partout… mon intimité a pris cher et je sais que je vais en faire les frais… tout mon corps garde un souvenir vif et marquant du passage de Jérém en mode « mâle en rut »… mais pour l’instant je suis encore sous l’effet d’une drogue puissante, une drogue faite de son odeur de mâle, de ses goûts virils, celui de sa semence, celui de sa transpiration, je suis comme hypnotisé par la puissance de son sexe…

    Pendant qu’il part en terrasse, je vais à la douche. Avant de passer la porte de la salle de bain, je le regarde une dernière fois, de dos, appuyé à la rambarde, sa chaînette pendouillant négligemment à la faveur de l’inclination de ses épaules. Souvenir de fierté en moi, de plénitude… voir ce mec en train de fumer sa cigarette, momentanément libéré de tout désir sexuel, repu par mon propre corps… c’est vraiment là tout ce que j’aime… c’est éphémère comme sensation, mais tellement intense…

    Je le regarde pendant un long instant, avec l’espoir fou qu’il se retourne et qu’il m’adresse un petit sourire, comme ce matin pendant la philo, le sourire qui a déclanché tout ça… j’attends, en vain… j’ai trop envie d’aller le rejoindre en terrasse au soleil, de le serrer à moi maintenant qu’il est revenu à lui, maintenant que le mâle laisse à nouveau entrevoir le garçon…

    Jérém en short, torse nu au soleil, beau comme un Dieu, en train de fumer, après m’avoir baisé un après-midi entier… Jérémie, mon héros et mon désespoir… cette image est destinée à s’imprimer sur ma rétine, et elle ne me quittera jamais… il y a des instantanées comme ça, qui nous quittent jamais… et celle là, aujourd’hui encore, tant d’années plus tard, elle est là, en moi, vive comme à cet instant précis…

    Soudainement un sentiment de solitude grandissant inonde mon cœur… souvenir d’avoir pensé que cette pipe à coté de la porte d’entrée c’était sans doute la dernière que je lui faisais… que ces deux mois de baise intense sont tout ce que je vivrai avec ce mec dont je suis fou… je me sens étouffer… ça fait un mal de chien… il faut que je parte vite, je suis comme ébloui par sa présence, par la beauté de cette image qui sent « la dernière scène du dernier épisode de série » que mon regard disjoncte, je coupe le contact visuel et je me retires dans la salle de bain…

    Je fais couler l’eau, je m’y glisse dessous… l’eau me fait un drôle d’effet… je la sens tomber sur ma tête et sur mes épaules, glisser sur mon corps comme une caresse… comme j’aimerais qu’il vienne me rejoindre dans cette petite cabine… je suis sur qu’on pourrait y tenir tous les deux, se serrer l’un l’autre, pendant que l’eau nous masse, nous revigore…

    Sous l’eau, je me dis qu’en arrivant dans la chambre de Jérém juste après le bac philo, j’étais tellement excité que rien d’autre que sa queue ne comptait à mes yeux ; maintenant que j’ai joui, maintenant que la tristesse du départ imminent m’envahit, je réalise que je suis revenu sans ciller à cette chambre d’où je suis parti en larmes moins de deux jours plus tôt, après une nuit qui me marquera à jamais, après un réveil qui me blessera longtemps… je me sens dériver… j’ai envie d’une tendresse qui ne viendra pas…

    Je reste longtemps sous l’eau, je ne suis pas pressé de passer la porte de la salle de bain… j’ai peur de me retrouver face à sa froideur de toujours, peur d’avoir mal quand il me laissera partir sans un mot, peur que, quoique je lui dise, il me réponde comme si je le dérangeais. Me baiser tout l’après-midi, certes, mais pas gaspiller son souffle pour un trou à bite…

    L’eau chaude commence à manquer, alors je me décide à fermer le robinet. Je me sèche, je me rhabille. Je me regarde un long moment dans le miroir, en attendant un miracle. T’es fous, Nico, si tu espères qu’il va venir te voir… Je retiens mes émotions, je prends une grande respiration, il faut bien ça pour affronter son regard… je passe la porte de la salle de bain presque d’un bond, je vais me tirer au plus vite…

    Et là, surprise. Quel est mon émerveillement quand je vois mon bel étalon, torse nu, négligemment allonge en travers du lit, les bras écartés, la tête légèrement inclinée vers son épaule gauche… il fait dodo… il s’est assoupi, tombé comme une pierre, comme un lapin après l’amour… il faut dire qu’il ne s’est pas vraiment ménagé cet après-midi… sacré petit taureau… ah, c’est beau de le voir  tranquille, abandonné, beau et inoffensif comme un bébé… de toute façon, tout est beau chez lui… à part son caractère de cochon…

    Je pourrais rester à le regarder ainsi, me perdre après sa respiration apaisée, ses abdos qui ondulent calmement ; un petit vent rentre par la porte fenêtre et caresse sa peau douce… sa transpiration a cessé, ce beau torse donne carrément envie de l’enlacer, de s’abandonner au sommeil en le serrant contre soi…

    J’ai envie de le prendre dans mes bras ou qu’il me prenne dans les siens, j’ai envie de passer la nuit avec lui peau contre peau, dans son lit, dans son parfum, dans son monde, dans sa vie…

    Sa tendresse, voilà justement tout ce qui m’est interdit et qui me le sera à jamais. J’ai beau me branler l’imagination avec un Dimanche 2.0, Jérém est Jérém et il ne changera pas parce que je le veux.

    Adieu mon beau Jérém. Je t’aime et je t’aimerais toujours, quoiqu’il arrive. Même si je sais que tu voulais juste me baiser. Et que les coups à répétition de cet après-midi étaient le bouquet final du feu d’artifice sexuel qu’ont été nos révisions, le bouquet final avant que le silence ne retombe à jamais sur notre histoire.

    Je voudrais passer la nuit avec toi, je voudrais passer ma vie… mais je ne ferai pas la pas la même erreur que la veille… je vais partir pendant que tu dors… je vais partir avec cette toute dernière image inattendue gravée dans mon cœur… avec celle de tout à l’heure, Jérém penché sur la rambarde en train de fumer sa cigarette, c'est la dernière image que je veux garder de lui… dommage que les smartphones n’existaient pas encore à l’époque…

    En tout cas, merci Jérém de m’avoir offert ces deux mois de baise incroyable… ces deux mois de bonheur, ce deux mois au contact de ta beauté, de ce corps de dingue, de cette sexualité de rêve… merci pour cette dernière révision… je savais que c’était la toute dernière, alors j’ai tout donné, tout…

    Merci Jérémie, merci d’exister et d’avoir apporté ce bonheur, bien que si court. Je sais que l’on ne se verra plus à part aux épreuves du bac, et que après le bac tu partira loin, je partirai loin ; que je souffrirai longtemps en essayant de t’oublier… mais ce qui est fait est fait et je ne regrette rien… non, je ne regrette rien car je sais que quoique tu fasse, où que tu ailles, qui que tu rencontres, personne, jamais, ne t’aimera comme j’ t’ai aimé, comme je t’aime, comme je t’aimerai…

     

     

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    La suite samedi prochain.


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