• 33 Sexy sans sexe : le bac philo.

     

    Jérém est tellement proche de moi que je sens son épaule frôler mon dos, je sens son souffle chaud sur mon cou, comme de la braise, comme pendant la baise ; je sens son déo, mélangé à sa transpiration légère… tellement proche que ses lèvres effleurent mon oreille pour y glisser :

    Chez moi, maintenant…

    Putain de putain de mec… cette voix basse, tendue par l’excitation, ce ton autoritaire qui n’admet d’autre possibilité que l’obéissance… et que faire devant l’urgence absolue de sa jouissance de mec ? Obtempérer mon capitaine, obtempérer…

    Je vibre… je tremble… je frissonne… j’avais espéré qu’il le fasse mais je n’avais pas osé espérer que cela arrive vraiment… par ailleurs, j’aurai vraiment été déçu que ça ne se passe pas exactement comme ça…

    On est à quelques minutes à pied de la rue de la Colombette. On fait la route en silence, pas après pas, rue, après rue, il marche vite devant moi, sans m’accorder le moindre regard… je le suis, je cours après lui, je suis comme tenu en laisse… c’est une chaîne qui me lie à lui, une chaîne faite de beauté, d’assurance virile, de désir, de testostérone, de puissance, de déo de mec… d’envie pure…

    La porte d’entrée de l’immeuble est ouverte à cette heure-ci… je monte les escaliers derrière lui, envoûté par son déo qui traîne derrière son passage et qui me donne une trique d’enfer…  je ne sais même pas comment je résiste à la tentation de me jeter sur ce putain de petit cul bien serré dans son short, sur ces fesses rebondies, comment je résiste au bonheur de lui arracher le short et le boxer et de fourrer ma langue dans son ti trou…

     

    Retour en arrière de quelques heures.

     

    Lundi 11 juin 2001, 8h00, devant l’entrée du lycée Pierre de Fermat. Nous voilà, nous y sommes. Bac philo. C’est toujours un bon paquet de stress un exam. C’est assez solennel, une sorte de grande messe et je le vis comme une espèce de passage important dans la vie, une sorte de transition de l’enfance à l’age adulte. C’était ma façon à moi de vivre cette expérience, en lui donnant un sens et en l’autorisant à représenter quelque chose.

    Je voyais bien que nombre de mes collègues de classe le vivaient de façon bien plus détendue… ils y allaient presque en touristes… peut-être avaient-t-il raison de ne pas se prendre le bourrichon… quand on sait ce qu’est devenu le bac depuis… un bout de papier qu’on donne à tout le monde, avec n’importe quel niveau…

    Hélas j’étais ainsi câblé… perso le bac me faisait angoisser. Le stress m’avait cueilli dès le réveil ; il m’avait accompagné sous la douche, pendant que je m’habillais ; tenace, il m’avait suivi au petit déjeuner et perturbé pendant que j’avalais mon bol de café au lait ; entêté, il m’avait poursuivi durant tout le trajet à pied vers le lycée.

    Non, le stress pour le bac ne semblait pas destiné à me quitter ce jour là : j’étais un jeune homme très sensible au stress. Heureusement pour moi, il y avait quelque chose pour laquelle j’étais bien plus sensible encore: c’était la beauté masculine, cette perfection virile qui avait pour moi le visage, le corps et l’allure de Jérémie T.

    Certes, en repensant à mon départ de chez lui la veille, je flippais grave à l’idée de le retrouver au bac… j’avais beau avoir construit dans ma tête le Dimanche Matin 2.0 pour essayer de me convaincre que son changement d’attitude entre la nuit et le matin, que son agressivité n’étaient que la conséquence de son malaise vis-à-vis de cette relation qui le chamboulait, de son impossibilité à s’assumer, lui qui était tellement installé dans son rôle de mâle à femmes ; j’avais beau essayer de me convaincre que sa tendresse de la nuit était le plus bel aperçu du vrai Jérém, de ce qu’il était en réalité au plus profond de lui, un garçon marqué par les blessures du passé ; un garçon qui, l’espace d’une nuit, avait trouvé la force de laisser tomber la carapace…; oui, j’avais beau avoir conçu le Dimanche Matin 2.0 pour me persuader que, en prenant sur moi et en laissant du temps au temps, Jérém se rendrait compte des sentiments qu’il éprouvait pour moi et que notre relation pourrait évoluer ; il n’en demeurait pas moins vrai que ce matin là au réveil j’appréhendais grave de croiser son regard, de crainte de le voir toujours si noir envers moi, si haineux… ou, pire, distant, indifférent…

    Mais au delà de tout, au delà des toutes mes craintes, tout ce dont j’avais envie ce matin là en arrivant au lycée, c’était de le voir débarquer. Peu importe la couleur du regard, qu’il soit noir, énervé, méchant, fulminant avec des flammes… à vrai dire je m’en foutais… Jérém, ce merdeux si mauvais la veille, si injuste, si virulent, au point que mon avant bras portait encore une trace sensible de la prise de sa main… Jérém me manquait horriblement, j’en avais mal au ventre tellement j’avais envie de le revoir…

    Je l’aperçois arriver de loin, en baillant ; je ne peux pas le quitter des yeux, le regard caché derrière de grandes lunettes de soleil noires, avec sa démarche de mec assuré et bien dans ses baskets… il est sex, mon Dieu qu’il sent le sexe même à 50 mètres ou plus de distance… je le regarde avancer, grand, beau, sa silhouette parée avec des vêtements d’été, un t-shirt bleu ciel estampillé Airness qui a l’air  une fois de plus cousu main et sur mesure… un short clair bien taillé, ses jambes musclées non pas coupées par des chaussettes qui bien souvent cassent la beauté de ces lignes mais se terminant direct dans les baskets blanc et rouge…

    Oui, une tenue d’été dévoilant toute la perfection de sa morphologie… c’est une des raisons pour lesquelles j’aime l’été… si ce n’est pas la véritable raison… voir les mecs se découvrir, dévoiler leur beauté, des bouts de leur anatomie… de la sensualité se dégageant à travers ces tissus de coton fin qui laissent deviner des atouts qui ne demandent qu’à être mis à jour et admirés…

    Ainsi, dès que Jérém pointa son nez devant l’entrée du lycée, le bac devint soudainement à mes yeux un sujet d’une importance tout à fait relative. Il s’arrête un peu à l’écart de l’attroupement de 4 ou 5 garçons de notre classe qui constituent sa meute… il soulève enfin ses lunettes de soleil qu’il appuie sur le haut de sa tête et commence à dire bonjour à ses potes avec des bonnes poignées de main de mec, tout en approchant la joue et en leur claquant le genre de bise bien virile que jamais il ne me ferait à moi et que moi non plus je n’oserais jamais lui faire… qu’est-ce qu’elle est mal foutue la vie !

    J’ai toujours été « troublé » par le fait que certains mecs, bien hétéros, ces petits cons surs de leur virilité, se font parfois la bise entre potes. J’en voyais étant étudiant, au lycée, à la fac et ça m’arrive d’en voir encore. C’est toujours tellement troublant et quelque part émouvant, mais si érotique à mes yeux.

    Le voilà, ce petit con dans toute sa splendeur : toujours à la bourre, toujours à la dernière minute… le voilà, sentant la douche fraîchement prise, ses cheveux bruns bien coiffés, plus courts autour de la tête, un peu plus longs sur le haut, réunis par un gel à l’effet mouillé en une espèce de crête d’jeunz, ses pattes bien taillées descendant le long de ses oreilles droites et fines… finissant par aller rejoindre sa petite barbe de trois jours, sexy à en pleurer… la gueule enfarinée d’une nuit trop courte… oui, une nuit trop courte qui laisse tout imaginer… est ce qu’il a révisé ? Peu probable… Est-ce qu’il a baisé une nana ? Déjà plus réaliste…

    Il a fini sa tournée de poignée de main, arborant son sacré sourire charmant, il sort son paquet de cigarettes, il n’en allume une ; il tire une taffe, et tout en gardant un instant la fumée avant de l’expirer, il a ce geste qui doit être certainement à moitié inconscient… il lève les bras, il plie les avant bras faisant gonfler ses biceps en boule dans les manchettes du t-shirt ; il ferme les yeux, il s’étire et son t-shirt commence à remonter sur sa braguette ; c’est tellement agréable cet étirement du matin qu’il continue, augmentant la tension de son torse, cherchant à dégourdir tous ses muscles… et alors, au delà d’un certain seuil, voilà la zone rouge approcher… son t-shirt bleu ciel se soulève encore un peu… putain… dans sa recherche du bien être, sans se soucier ni même peut être se douter de l’effet que son geste va avoir sur bon nombre de sujets féminins et au moins un sujet masculin à proximité, il s’étire un peu plus encore… là on approche vraiment de cette vision magique que je me retrouve à attendre avec des frissons dans tout le corps… vas y, vas y, vas y encore Jérém… à peine un peu plus… ouiiiii, comme ça !... et là je vois bien apparaître le chemin de poils qui relient son nombril à son sexe… c’est un outrage, c’est de la provoc, c’est beau et infernal à la fois… surtout à mon égard… moi qui sais à quel endroit paradisiaque ce chemin amène, surtout quand on l’emprunte en direction du sud…

    Une fois terminé son étirement plutôt spectaculaire et remarqué, Jérém repart pour un petit tour de bonjour à quelques autres copains attroupés un peu plus loin ; il fait la bise à quelques nénettes, je suis un peu plus loin en train de discuter avec d’autres copains, le clan des loosers, il ne nous calcule même pas. Les mecs bien foutus avec les mecs bien foutus… les bons étudiants entre eux. Putain qu’est-ce que c’est injuste la vie !

    Putain de petit con ! Même pas un regard… pas un regard, après ce qui s’est passé samedi soir, après ce moment si magique ; pas un regard qui exprimerait le moindre regret pour son comportement brutal et à l’apparence incompréhensible le dimanche matin, pour cette pipe qu’il m’avait arrachée à grands coups de reins comme s’il voulait me défoncer la gueule et dont mon palais endolori se souvenait encore si bien 24 heures plus tard… non, son attitude était énervante de normalité… comme si tout allait bien… comme si tout était normal…

    Mais Jérém était beauuuu ce matin là, beau, beau, beau, et le soleil le rendait encore plus beau… j’avais envie de lui et j’avais envie de le cogner, de lui faire mal, autant de mal qu’il m’en faisait… ces deux sentiments là, l’envie de lui faire l’amour et l’envie de le cogner, seront souvent présents en moi pendant les années durant lesquelles on se côtoiera… et tout particulièrement ce matin là… heureusement, je choisirai presque toujours la solution « bonobo » pour apaiser les tensions entre nous…

    Non, rien dans l’attitude de Jérém ce matin là aurait pu laisser penser qu’il regrettait quoi que ce soit de ce fameux dimanche matin, de cette sorte de festival de l’humiliation et de la déception qu’il m’avait fait vivre, où j’avais cru toucher le fond de ce que je pouvais endurer… hélas je ne le savais pas encore, mais j’étais loin du compte…

    Mais ça c’est un autre sujet et l’heure de rentrer dans la salle d’exam était bien arrivée. On nous appelle et nous franchissons la porte du lycée. Nous traversons le grand couloir et je sens le stress me rattraper… oui, dès que je détourne le regard de Jérém, je sens cette putain d’angoisse pour l’examen refaire surface en moi et me prendre aux tripes… Jérém était ça pour moi, la seule personne au monde capable de tout me faire oublier… il était là et il n’y avait plus rien ni personne qui existait… on m’aurait dit que la fin du monde approchait à quelques secondes, je m’en serais fichu, si seulement il avait été là, si seulement la dernière image que j’aurais pu emporter avec moi était celle de sa beauté et de l’émotion débordante dont sa simple présence remplissait mon coeur…

    C’est intimidant de se retrouver devant des surveillants à l’air mauvais, agacés d’être là alors que dehors il fait beau, face à des copies du Ministère, devant les épreuves qui vont nous donner accès à la suite de notre vie. Avec le recul, il me faut admettre que je stressais pour rien, car franchement, le bac de philo ne me faisait pas peur. S’il y avait un truc que j’avais pigé au lycée, c’est qu’on ne peut pas rater une disserte de philo. Dans la pensée humaine, le vrai et le faux ne sont que des partis pris : dans l’absolu il n’y a pas de vrai, ni de faux ; il n’y a que des points de vue.

    Et des capacités plus ou moins habiles et honnêtes à fournir des arguments pour façonner, pour étayer la réalité, notre réalité, la seule que nous voyons, car elle nous arrange. Non, il n’y a pas de vérité absolue dans la vie.

    Pendant tout le lycée, chaque semaine, chaque mois on abordait un philosophe différent. A chaque fois, quand on étudiait la pensée d’un tel, je me disais : tiens, lui il a tout pigé… c’est lui qui a raison… je me faisais la promesse de tout lire de lui et de faire miens ses principes que j’admirais comme une vérité absolue…

    J’avais trouvé mon tuteur spirituel qui aurait donné un équilibre à ma vie toute entière… hélas, ma certitude était destinée à être mise à mal tout juste quelque jours plus tard, lorsqu’on abordait un nouveau penseur, avec des idées très différentes du précédent, parfois même opposées… je me surprenais à trouver sa pensée tout à fait à mon goût… ainsi pour le penseur suivant et le suivant encore…

    Alors, je finis par me dire que tous ces hommes avaient chacun leur point de vue sur la vie, ni bon ni mauvais, un point de vue façonné par leurs expériences et leurs références culturelles… je finis par me dire que dans la vie il n’y a pas de vérité, ni de réalité absolues, mais différentes façons de les appréhender.

    Dès qu’on a intégré cela voilà que la disserte de philo est dans la poche : pour peu qu’on lise l’intitulé, qu’on surveille l’ortho, qu’on sache trouver deux arguments pour ou contre, qu’on glisse ensuite n’importe quelle citation de grand penseur (à condition bien sur de la citer dans le bon sens et de la caser au bon endroit), le bac philo est inratable. Un pur exercice de style.

    Certes, à 18 ans, on manque peut-être un peu de maturité et de réflexion pour aborder une disserte philo sans tomber dans la répétition de notions apprises en cours et pour fournir un travail un peu fouillé…

    Encore faut-il disposer d’un minimum de calme et de concentration pour écrire des phrases avec un minimum de sens : hélas, ce matin là, je n’allais disposer ni de calme, ni de concentration. La faute à qui ? Je vous le donne en mille…

    Ce matin là, assis à mon petit banc de lycéen, ce banc que j’allais bientôt devoir abandonner, je me fis une réflexion qui ressemblait un peu à ceci : dans la vie il n’y a pas de bon ou de mauvais, il n’y a que la beauté qui soit vraie. Aussi vraie quand elle est devant nos yeux que quand elle en est loin. Dans les deux cas elle nous hante. Dans la vie, il n’y a que des beaux mecs et des moches. C’est l’injustice de l’existence.

    Côté beaux mecs, ce qui se résumait pour moi à la seule présence de Jérém, ce matin là j’étais encore servi. Les initiales de nos noms de famille étant proches, nous nous retrouvons ainsi placés sur le même alignement de bancs, de sorte que juste en tournant le regard de quelques degrés sur ma gauche, je peux le voir. Il est là, à tout juste deux bancs de moi. Le hasard a fait superbement les choses, car son banc n’est pas parfaitement sur l’alignement, il est à peine un peu plus avancé… ce qui fait que, sans même tourner la tête, sa silhouette est pleinement dans mon champ visuel…

    Putain de Jérémie… ce petit t-shirt bleu ciel de l’Airness… aaaahhhh qu’est ce que ça fait jeune mec sexy cette marque… ce coton qui moule ses biceps, qui épouse à la perfection les lignes de son dos puissant et musclé, de ses épaules, et qui a le culot d’être d’une longueur tout juste parfaite, comme étudiée, pour se relever dès que le bassin est un peu avancé, dès que le dos est légèrement penché en avant, pour remonter et montrer la beauté extrême de ses reins, pour laisse entrevoir l’élastique de son boxer Athena blanc qui dépasse du haut de son short… putain de bassin posé vers l’avant de la chaise, laissant bailler le short d’une façon si outrageusement provocatrice et érotique… je crève d’envie d’aller poser mon nez dans l’espace béant ainsi crée entre sa peau tiède et ce beau short… putain de position, enfin, qui me donne toute la vue sur son tatouage de mec…

    Il est là, assis à tout juste deux bancs de moi… alors, dites moi, en étant normalement constitué, quoi faire d’autre mis à part le mater ? Pendant que le surveillant donne les consignes pour le bon déroulement de l’épreuve, je ne peux détacher mes yeux de lui…

    Je le mate comme un malade mais Jérém regarde ailleurs… le regard fixé dans le vide, les paupières lourdes, toute l’allure du mec qui manque sérieusement de sommeil… putain de Jérém, même la veille du bac il lui faut faire la fête… et baiser ? avec qui, putain, avec qui ? ces questions, surtout la dernière, vont me rendre fou…

    Il me plait ce mec, il me plait plus que de raison, je me sens attiré vers lui avec une violence inouïe… et à chaque fois je me heurte violemment à cette putain de barrière, je m’épuise avec cette putain de distance qu’il met entre nous… je l’aime, je l’aime plus que tout mais par moments je le déteste… ce sont des moment comme celui là où je me rends compte que je ne comprends vraiment pas son comportement du matin d’avant… j’y pense et j’y repense, et même si je peux admettre qu’il ne voulait pas de câlins à ce moment là, je ne comprends toujours pas pourquoi il a été aussi brutal avec moi, alors que je suis depuis longtemps complètement soumis à sa queue… je ne demande qu’à lui faire plaisir… sans déconner… je ne comprends pas ce qu’il veut de plus… vraiment je ne comprends pas comment on peut être si beau et si con à la fois…

    Quoi qu’il en soit, je ne peux pas m’arrêter de le mater… c’est même pas que je ne le veux pas, c’est que je ne PEUX pas… dès que j’essaie de regarder ailleurs, dès que j’essaie de détourner mes yeux ou ma tête, voilà qu’ils reviennent aussitôt vers lui, mus par un réflexe incontrôlable, comme montés sur ressort, aimantés… je ne peux rien y faire… il me semble de l’entendre, notre reine Gloria « can’t take my eyes out of you ».

    Et quand on mate à ce point, ce qui doit arriver, finit par arriver. A un moment il tourne la tête et nos regards se croisent… putain de regard de beau brun, il frappe le mien comme une claque assénée pour faire mal, il m’éblouit comme le choc d’un éclair… j’en suis surpris, déboussolé, comme un lapin pris dans les phares d’une voiture… croiser son regard… lire son attitude à mon égard après ce qui s’est passé ce week-end… j’ai peur de voir comment va réagir mon regard au contact du sien… j’ai la hantise de me taper la honte dans cette confrontation… peur de rencontrer son mépris, sa froideur… peur d’y voir le reflet de mon malaise, de mon humiliation…

    Et maintenant que nos regards sont accrochés, je suis aussi mal à l’aise que je l’avais imaginé… non, peut-être davantage : l’énergie de son regard est si forte, j’ai l’impression de fixer le soleil par une belle journée d’été… il ne lâche rien, et pendant un instant qui me semble se dilater à l’infini… non, il n’en démord pas ce petit con… non seulement rien dans son regard semble revenir sur son attitude du dimanche matin, mais j’ai la nette impression qu’il me fusille avec ses yeux bruns implacables, plantés dans les miens, il me fixe sans l’ombre d’un sourire, sans le moindre soupçon d’émotion… est-ce qu’il m’en veut encore pour hier matin ? Est-ce qu’il me méprise ? Qu’est-ce que j’ai fait de si mal à la fin ? Pourquoi les mecs hétéro ont-t-ils si peur d’assumer leurs sentiments ?

    Son regard est si puissant, si intense que ça en devient intimidant, insoutenable… au bout d’un moment je me sens trop mal à l’aise et je suis obligé de baisser les yeux… putain il a encore gagné…

    Tel Icare au contact du Soleil, je me suis brûlé non pas les ailes, mais bien les yeux ; pourtant, la vision troublante de sa beauté me manque déjà… ainsi, le moment d’aveuglement passé, mes yeux s’ennuient déjà de celui qui est l’objet de leur plaisir le plus grand… et le plus dangereux… je n’arrive pas à soutenir son regard mais lorsque le contact est rompu, il me manque instantanément…

    Alors j’y reviens un instant plus tard, juste avec le coin de l’œil, pour ne pas prendre son regard de plein fouet… je me protége car je suis encore convalescent suite à la brûlure de notre premier contact. Je cherche son regard mais je dois constater qu’il est perdu ailleurs.

    Frustré mais apaisé de ne pas avoir pu établir ce contact, je laisse mes yeux divaguer dans l’espace clos de la salle. Tiens, j’y repense enfin… mais oui, c’est ça : on passe le bac aujourd’hui. C’est vraiment la fin du lycée. Quelques épreuves de plus et ce sera vraiment fini. Cette semaine. Finis les cours, finie la vie de lycéen, finies les révisions avec Jérémie. La fenêtre est ouverte et le beau temps persistant me rend triste.

    Interrogez n’importe qui et la plupart du temps vous vous entendrez dire que le soleil amène la bonne humeur. Pas pour moi, pas ce jour là. Pas pour moi, car le soleil de ce jour là annonce la venue de l’été qui va me séparer de Jérémie. Oui, la fin du lycée me fait peur : comment se revoir après ? Est-ce que Jérém pense à cela ? Ou alors est ce qu’il s’en fout totalement ? Est-ce qu’il réalise qu’on n’a désormais plus aucune raison de se revoir ? Est-ce que sa bite va pouvoir se passer de moi ? Oh, que oui, aisément oui. Est-ce que je vais pouvoir me passer de sa queue ? Est-ce que je vais pouvoir me passer de lui ?

    Quand je pense comment il a été dur avec moi hier matin… belle façon de terminer nos révisions… et maintenant il est là, à deux mètres de moi, et il me manque horriblement… j’ai envie de coucher avec lui, j’ai envie de le serrer dans mes bras, de toucher son torse, de le caresser, de l’embrasser de la tête aux pieds… une légère brise rentre par les fenêtres ouvertes, elle caresse la peau de mon visage, de mon cou, de mes bras, je sens une sensation de déchirure dans mon ventre… j’entends un oiseau chanter le Printemps caché dans un arbre devant le lycée… c’est le seul son qu’on entend dans le silence qui domine dans la classe, à part la voix du surveillant…

    C’est beau et c’est touchant ce chant, c’est la voix de la belle saison qui arrive, du bonheur qu’elle est censée amener dans l’esprit de chacun… hélas, ce beau temps, cette annonce d’été était pour moi l’annonce d’une séparation annoncée et inévitable… alors non, cette année là le printemps n’avait pas pour moi le son insouciant des violons de Vivaldi, il ressemblait plutôt à l’angoissante gravité d’une Toccata de Bach… l’arrivée de ce printemps, l’arrivée du bac, symbolisait à mes yeux le passage du temps, le temps qui avance et qui change tout, qui balaie tout sur son passage, le temps qui passe et qui nous enlève parfois ceux qu’on aime, de la vie qui tourne, qui apporte des choses, des rencontres et qui tourne toujours et finit par nous les enlever… … je me rends soudainement compte d’un truc qui me déchire les tripes… putain que c’est dur de réaliser et d’admettre que nos révisions appartiennent déjà au passé…

    Un assistant passe entre les bancs pour distribuer les sujets. Le fait de voir la copie retournée posée sur mon banc a le pouvoir de me ramener à la réalité imminente, et mes soucis sont momentanément effacés par la tension de l’exam. Certes l’exam m’inquiète un peu… mais qu’est ce bien cette tension face à l’émotion provoquée par la vision de Jérém ? Et je replonge…

    Son regard est toujours perdu ailleurs… alors je laisse mes yeux affamés de lui se rassasier de la vision de son torse moulé par ce bout de coton qui caresse sa peau… si ça ce n’est pas juste un mec jeune et sexy avec un petit physique né pour l’amour… un petit physique en demande d’amour… un petit physique aux muscles bien fermes, à la peau douce et soyeuse, avec une putain de queue raide et délicieuse… un corps avec les hormones à fleur de peau… un corps de rêve rempli de testostérone et qui ne semble aspirer qu’à ça… jouir… et franchement, dès que je le vois, drapé de sa jeunesse et de sa fraîcheur, je ne pense qu’à ça, je n’ai envie que de ça : le faire jouir… le voir jouir, et le voir repu juste après…

    Ainsi perdu dans mes réflexions, comme en état d’hypnose, j’ai un sursaut quand j’entends la voix du surveillant toute proche de moi : il se balade entre les bancs pendant qu’il finit de donner les consignes pour l’examen. J’ai un autre sursaut, de bien autre ampleur lorsque, ainsi tiré de mon état second, je me rends compte que Jérém est en train de me mater à son tour…

    Son regard semble avoir soudainement changé… exit la noirceur et l’hostilité, la rancoeur à mon égard… alors que tout à l’heure, en arrivant devant le lycée il semblait me faire la tête, à ce moment précis j’ai l’impression que Jérém n’est pas seulement en train de me mater… non, il est carrément en train de me défoncer avec ce regard canaille que je lui connais bien, avec ce petit sourire narquois, charmeur, impuni, odieux, irrésistible collé au coins des lèvres et rayonnant de ses yeux… j’ai du mal à respirer, je sens ma gorge se nouer… je me sens tout retourné… je me sens troublé par cette attitude inattendue, je suis trop mal à l’aise, je me sens humilié par ce sourire qui n’est à mes yeux ni plus ni moins que le spectacle de son triomphe viril sur moi…

    Je crève d’envie de lui, mais là, devant son attitude désinvolte, je sens monter en moi un étrange sentiment, je le sens arriver avec violence, avec puissance, au triple galop… c’est un sentiment plutôt noir, qui arrive à me faire oublier le désir même… putain… je sens que je lui en veux… je sens que j’ai envie de lui faire mal…

    Quelques heures plus tôt, seul dans mon lit, j’étais si mal au fond de moi que mon désespoir m’a conduit à imaginer le Dimanche Matin 2.0, un état d’esprit grâce auquel je pensais pouvoir lui pardonner ses sauts d’humeur en me disant que ça doit être dur pour lui d’assumer ce qu’on fait ensemble ; j’étais de bonne foi, je me disais que ce n’étais pas simple pour lui, qu’au fond il doit souffrir autant que moi… oui, j’étais prêt à prendre sur moi autant qu’il le fallait… je crois que j’étais prêt à tout, à tout, sauf à ça… sauf au retour du Jérém sûr de lui et arrogant, se pavanant comme s’il avait tout droit sur moi, comme si j’étais sa marionnette, sa poupée gonflable et… jetable…

    Et là, devant son sourire sans remords, sans scrupules, je suis vraiment en colère, j’ai vraiment envie de me lever et d’aller le gifler pour lui arracher cet air supérieur, cette arrogance dans le regard, ce naturel avec lequel il semble balayer d’un revers de main à la fois la nuit de tendresse qu’on a vécu, cette nuit qu’il a largement voulue, et son comportement ignoble le matin suivant…

    Le tout… sans transition… sans la moindre explication, son regard semblant m’annoncer sans détour la reprise de notre relation de baise, de domination et de soumission là où on l’avait laissé à la fin de notre semaine de révisions avant le bac… comme si de rien n’était… je sens une profonde exaspération monter en moi, je sens mes joues s’empourprer, un sentiment de raz le bol, d’injustice et d’humiliation qui tape dans mon bas ventre… je crois que pour la première fois ce jour là je l’ai vraiment détesté…

    Je me sens bouillir à l’intérieur… et puis il a ce truc… un truc contre lequel je ne peux pas lutter… la lutte n’est possible qu’avec des armes égales… on ne peut pas se battre avec un couteau en plastique contre l’avancée d’un blindé… Jérém se lance dans l’utilisation d’une arme largement non conventionnelle… le voilà qu’il fronce légèrement les sourcils, le voilà qu’il donne un peu plus d’éclat à son sourire (ce mec est un chef dans l’art de la maîtrise du sourire charmeur)… et voilà qu’il m’achève en me balançant un putain de clin d’œil qui a failli de me faire tomber à la renverse sur ma chaise...

    Une seconde plus tôt j’avais encore envie de le cogner… là je ne comprends plus rien, en moi c’est le black-out, je déconnecte, je me sens dériver… devant ce sourire et à ce clin d’œil inattendu et magnifique je suis à lui, entièrement à lui, avec ce sourire et ce clin d’œil il peut faire de moi tout ce qu’il veut, son pouvoir sur moi est infini…

    Oui, à l’instant où ce sourire m’envahit, je sens que mon regard devient chancelant : j’essaie de tenir, la colère aidant… mais qu’est-ce la colère la plus noire devant ce désir à côté duquel rien ne compte plus? Si épaisse et gluante la seconde d’avant, je sens d’un coup ma colère fondre, s’évaporer. Tout offensé, tout humilié que je suis, tout désireux de lui faire payer son assurance et son arrogance, de l’atteindre ne serait-ce que par mon indifférence, je sais que je ne vais pas résister longtemps devant ce séducteur avec licence de tuer… du regard !

    Il le fait exprès, il veut ma mort ce petit con… non, mais Jérém… t’es quand même bien conscient de ce que tu fais, la, avec ce regard, hein ? T’es conscient que t’es à la limite de me rendre hystérique, dingue de chez dingue, le loup de Tex Avery tu vois ? Tu le sais que t’es un grand malade ? Avec ce regard tu touches ma corde sensible, celle qui éveille tout mes sens et qui me met dans un état indescriptible d’excitation… AHHHHHHH, putain, tu veux ma mort ? 

    Tu crois vraiment que c’est le moment ? Tu ne te rends pas compte… ou alors si, tu t’en rends bien compte et tu fais exprès de m’infliger cela… est-ce que tu t’as idée de comment ton regard me renvoie à tous ces coups de bélier que tu m’as mis pendant nos baises … ? Est-ce que tu te rends compte de comment ton goût de mec a rarement quitté ma bouche, en vrai ou en souvenir, depuis des semaines… ? Est-ce que tu t’imagines toutes les images que tu fais remonter en moi avec ce regard ? Le souvenir de cette semaine de révisions de dingue… le souvenir de ton odeur de mec… de ta présence olfactive…

    Oui, sa présence olfactive… elle remonte à mon esprit avec la puissance inattendue d’un coup de fouet… j’en suis tellement secoué que je ferme les yeux pour la retenir à moi… et là j’ai la surprise non pas de la voir se disperser, mais de la sentir devenir plus intense… j’ai l’impression que ce n’est pas vraiment un souvenir, mais plutôt une sensation bien présente… j’ai l’impression que le petit vent qui rentre des fenêtres ouvertes, ce petit vent qui caresse sa peau avant d’arriver à moi, m’apporte son parfum…

    Envahi par son sourire brun et rayonnant à craquer, submergé par son odeur de mec, je perds définitivement pied… je dépose mes armes ridicules et une fois de plus je sors perdant de ce duel de regards… oui, il a encore gagné ce petit con… certes, s’il a gagné cette fois ci, c’est bien à la déloyale… on avait dit un duel de regards… le sourire à tomber et l’attaque olfactive rentrent dans la catégorie des armes non conventionnelles…

    Naaan mais la c’est mort… je ne vais pas pouvoir tenir pendant quatre heures… je sens la trique gagner mon bas ventre… comment vais-je pouvoir philosopher dans cet état d’excitation ? C’est mal barré…

    Je ne peux éloigner ma vue de lui que pendant quelques secondes… des longues secondes pendant lesquels je suis alors un garçon en apnée visuelle… rien n’intéresse mes yeux que sa présence, rien ne leur donne raison d’être que son existence. Alors j’y reviens : et c’est pas possible, il regarde encore vers moi… il me défie, il me provoque… il savoure la vision du désir et du trouble qu’il sait m’inspirer… putain de petit con libidineux et limite sadique !

    Me revoilà reparti dans un jeu de soumission à lui… dans une obéissance à ses envies obtenue par son simple regard… un jeu qu’il a lancé lui-même, avec un simple sourire. Je déteste qu’il ait autant de pouvoir sur moi et en même temps j’adore ce jeu, cette complicité entre nous. Un jeu dont il a la main depuis le début. Et dont il tient tous les atouts. Tous ou presque. En tant que soumis, j’ai un atout majeur dans mon jeu : c’est la carte de l’insoumission. La mutinerie. Le défi soudain de l’autorité que j’ai si souvent acceptée et célébrée. C’est un atout qui se joue par surprise et qui, je ne vais pas tarder à m’en rendre compte, peut chambouler tout le jeu en table. Il faut juste oser le faire.

    Je sais que c’est un atout dont l’utilisation peut se révéler extrêmement dangereuse et entraîner des représailles pas toujours faciles à assumer… au même temps, je me rends compte que je trouve extrêmement excitante l’idée de défier ce petit con, de le provoquer et d’attendre ensuite sa réaction… il faut dire que ce matin là j’en avais quand même gros sur la patate… son attitude de faire comme s’il ne s’était rien passé de spécial entre nous depuis le week-end me rendait fou… alors, je me dit : fonce, fais le chier !

    C’est ainsi que, juste au moment où le surveillant démarre le chronomètre, je sens monter en moi l’envie de tenter de renverser le déroulement sans encombres de son jeu, en me servant de mon atout « Insoumission ». Je décide dès lors de soutenir son regard, coûte qui coûte… c’est un défi de taille que je lui lance, que je me lance, mais je le fais avec la ferme conviction d’avoir toutes mes chances pour que cela marche : mon défi va se dérouler dans une situation complètement insolite, une situation où nous ne sommes pas seuls et où il n’a pas vraiment de prise sur moi, si ce n’est par le regard… dans cette situation, sa voix et son attitude corporelle, sa nudité, l’exhibition de sa virilité, si importantes pour installer sur moi le harnais de sa domination, ne peuvent pas lui venir en aide : mon petit Jérémie, là t’es dépouillé d’une bonne partie de ton arsenal de dominant… est ce que ton regard seul suffira à m’assujettir ?

    Oui, je soutiens son regard. Pendant un long instant. Au bout d’un moment, mes yeux tremblants semblent se stabiliser. Mon regard charmé semble retrouver un équilibre et prendre de l’assise pour résister aux assauts puissants de son esprit. On se fait face, et il ne me fait plus peur. J’essaie de résister à son charme, j’essaie de ne plus me sentir humilié, j’essaie de tenir debout… et curieusement, dès que j’ai l’idée de le faire, tout cela me semble facile. Où est-il écrit que je lui serai soumis à jamais ? Où est-il écrit que je dois tout accepter de lui ? Certes, parfois j’ai envie de tout accepter… mais il est également bon de savoir que dans d’autres occasions, il y a un bouton rouge devant moi avec marqué « Insoumission », un bouton sur lequel je peux appuyer pour arrêter le jeu et le faire redémarrer avec mes règles… quitte à en assumer les conséquences plus tard. Ou pas. C’est mon choix. Du moins ce matin là. Le choix de me dégager de sa domination. Un choix que je peux faire mais qui peut entraîner la fin de notre relation. Un choix implique toujours des conséquences qu’il faut savoir assumer.

     

    Bonjour à tous, merci pour l’attention que vous portez à mon histoire. Dans quelques semaines, la saison 1 de l’histoire de Jérém et Nico va prendre fin et l’auteur va prendre quelques semaines de pause pour avancer dans la saison 2 et dans sa vie.

    Avant de lire la suite de l’épisode du bac (plus tard dans la journée ou demain matin), je lance un appel à tous les lecteurs qui aiment cette histoire pour savoir si quelqu’un maîtrisant l’art du dessein, aimerait de se lancer dans l’illustration de certaines scènes clés de mon histoire. Peut-être il y a parmi vous un artiste capable de cela, ou connaissant un artiste apte à cela.

    J’aimerais que ce soit un dessin sensuel, esthétique, sans les excès de la plupart des représentation graphiques des anatomies et des scènes de rencontres gay qu’on voit sur internet. Quelques images d’abord, et pourquoi pas une bd ensuite ? On peut toujours rêver…

     

     

     


    33.2 Sexy sans sexe : le bac philo.

     

     

    C’est là que Jérém s’engage dans un mouvement, une attitude, une position qui a fallu lui valoir un sale quart d’heure… avec une nonchalance absolue, qui mériterait déjà à elle seule qu’on lui retire le permis de séduire, il laisse glisser encore un peu plus son fessier sur le plat de la chaise ; ses omoplates appuyés sur le bord haut du dossier, il finit par se retrouver en position mi-allongée, les pieds plantés sur le sol, les jambes légèrement écartées, la bosse du short bien en évidence, les bras repliés et les mains croisées derrière la nuque, dans une attitude typique de jeune mec sexy, celle que j’appelle l’attitude « qu’est-ce que tu attend pour venir me sucer ? ». 

    On peut facilement imaginer dans quel état j’étais…

     

    Lundi 11 juin 2001, bac philo, retour en arrière d’une heure environ. 

     

    Le chrono est lancé depuis quelques minutes et je n’ai pas écrit un seul mot sur ma copie. Je soutiens toujours son regard de braise. Ca chauffe sérieusement, mais je tiens bon. Je réfléchis à mon choix de ce matin là. Le choix de me dégager de sa domination. Un choix que je peux faire mais qui peut entraîner la fin de notre relation. Un choix implique toujours des conséquences qu’il faut savoir assumer.

    Oui, le choix, ce concept dont il est justement question dans le sujet de mon bac philo. Je lis l’intitulé :

    Être libre est-ce pouvoir choisir? Sommes nous toujours libres dans nos décisions ? La liberté est-ce le refus de toutes contraintes?

    Oh, là, vaste programme. Concentre toi, Nico, tu vas y aller par étapes.

    Être libre est-ce pouvoir choisir?

    Choisir c’est préférer, dire oui à quelque chose ou à quelqu’un et exclure le reste, les autres. C’est dur de faire des choix. C’est parfois plus reposant de laisser les autres les faire pour nous. Mais dans ce cas, qu’en est-il de notre liberté, justement ? La liberté est en effet une affaire bien peu reposante. Est il donc préférable d’être libre de choisir ou bien d’être libre de ne pas choisir ? Et au final, le fait de ne pas choisir, n’est-ce déjà un choix ?

    Je n’ai pas choisi de rentrer dans la vie de Jérém, je n’ai pas choisi de le faire rentrer dans la mienne. C’est lui qu’il l’a choisi, pour lui, pour moi. Si ça n’avait tenu qu’à moi, Jérémie T. ne serait pour moi à ce jour qu’un pur fantasme sur pattes, mon plus grand fantasme masculin, certes, mais bel et bien un fantasme. J’avais choisi avec Jérém, de ne pas choisir, justement. C’était ma liberté à moi, une liberté reposante, celle de renoncer. Une liberté frustrante, mais une liberté quand même. Et quand le premier jour de nos révisions il a voulu me donner accès à sa sexualité, j’aurai pu choisir de dire non. Mais j’ai dit oui… dans ma tête il n’y avait pas d’autre choix possible… ou bien si… si je pouvais contrôler mes envies, mes passions…

    Putain… même le sujet de philo me ramène à lui… heureusement que je n’ai pas encore posé le stylo sur ma copie, sinon je pense que le nom de Jérém y apparaîtrait noir sur blanc. Et ça franchement, ça ne va pas le faire…

    Je prends une inspiration profonde, sans savoir si j’arrête de mater ce petit con et si je plonge illico dans la disserte… ou si bien je vais foncer derrière mon idée… je regarde bien au fond de ses yeux et ce que je vois me donne la mesure de combien ce matin du bac je suis en colère après lui… et s’il y a bien un truc grâce auquel ou peut provisoirement contrôler nos passion, c’est bien la colère…

    Alors je me dis que aujourd’hui ou jamais il est temps de choisir… choisir, l’espace d’un instant, de ne plus me soumettre à lui, de lui montrer que je ne lui suis pas acquis… quitte à en payer le prix, un prix que je ne connaissais pas mais qui pourrait être si important que celui de la fin de nos rencontres…

    Alors, je le défie ouvertement, outrageusement. Je ne me démonte pas et j’affiche un petit sourire narquois qui part de mes yeux et parcourt tout mon visage jusqu’à mes lèvres, un sourire détaché, insolent ; je fais pire : je lui lance un clin d’œil genre le sien de tout à l’heure et je reviens soudainement à ma copie. En mon for intérieur, je jubile en me repassant l’image de son air surpris, de cette expression un brin déroutée que j’ai eu l’impression de capter sur son visage juste avant de rompre le contact… j’adore l’idée de le faire languir… c’est nouveau pour moi… et si excitant… je vais laisser mijoter un peu tout cela… 

    Je plonge dans mon sujet, et j’y reste pendant plusieurs minutes. Quand je lève la tête, il lève la sienne : Jérém me regarde fixement, lourdement, durement. Oui, le défi est lancé et Jérém a l’air d’avoir bien reçu le message. Dès lors, la situation semble basculer. Son regard est redevenu si noir, dur, je le sens s’assombrir comme le ciel avant l’orage d’été… Oui, il est vexé. Oui, il essaye de me faire plier. Non je ne me laisserai pas faire… je sens également en moi mon esprit se raidir, mon affront se faire de plus en plus insolent. On dirait que nos regards se battent en duel avec violence, qu’ils se frottent en provoquant des étincelles… il y a comme de l’électricité dans l’air… je sens le rythme de ma respiration augmenter, je sens mon esprit donner toute son énergie pour soutenir ce duel… c’est tellement puissant que je finis par en avoir la tête qui tourne, la vue troublée…  

    Je ferme les yeux et je frotte les mains sur le visage pour me ressaisir… le contact est rompu… mais je n’en sors pas perdant… Jérém a bien saisi le défi que je lui ai lancé, et voilà que dans son regard, l’expression de l’emportement a remplacé celle du triomphe… petit con, va… 

    Allez, trêve de bêtises… il est temps de se mettre au boulot… je balaye mon espace visuel hors Jérém et je me rends compte que tout le monde est en train de gratter du papier… je me secoue un brin et je ne peux pas m’empêcher de revenir une fois de plus vers lui… je le fixe, longuement… je sais qu’il sent mon regard sur lui, j’ai vu qu’il l’a capté du coin de l’œil… mais là il boude, il ne répond plus à mes appels visuels… je l’ai trop défié, peut-être… sa sanction sera à la hauteur de l’affront, elle a d’ailleurs bel et bien commencé, elle est là sous mes yeux, dans son refus de poursuivre ce petit jeu si excitant… mais à bien regarder cette pause qu’il a décidée de façon unilatérale, dans l’attente d’étudier sa prochaine manœuvre, est-ce bien une punition ou plutôt une marque de vexation ? Qui a la main du jeu ?

    Je me force à écrire, mais ça ne vient pas, je n’y arrive pas… je me retrouve le bec en l’air, me disant que l’heure tourne et que je vais rater cette épreuve à priori inratable… je n’arrive pas à écrire plus de deux lignes d’affilé, ma première page est bourrée de ratures et je n’arrive pas à enchaîner deux phrases logiquement… heureusement que je m’étais fait la réflexion que le bac philo n’allait pas poser de problème…

    Je suis perdu dans ces pensées et je ne me rend pas compte que mon regard dérive vers Jérém… et dès que mes yeux se posent sur lui, comme si ma main se posait sur son épaule, Jérém tourne légèrement le cou et nos regards se rencontrent à nouveau… il n’est plus vexé, ou alors il va me sortir un atout inattendu… je le regarde droit dans les yeux… il en fait de même pendant une seconde seulement… l’instant d’après son regard est parcouru par un petit sourire coquin et ses yeux se décrochent des miens pour faire un aller retour vers sa braguette… c’est un mouvement presque imperceptible, mais ça a le pouvoir de capturer mon regard et de l’orienter pile là où il le veut…

    Dès lors, je suis irrémédiablement happé par cette braguette qui a l’air bien rebondie… son paquet semble avoir pris de l’ampleur… je suis presque sûr qu’il bande… je le regarde et je suis sûr qu’il me regarde à son tour du coin de l’œil pendant qu’il fait semblant d’être à sa copie… son sourire narquois parcourt toujours son visage et le rend juste sexy à en pleurer…

    Oui, j’en suis sûr… je suis sûr qu’il se rend compte que je le regarde, que je LA regarde… que je regarde sa bosse… plus je la regarde, plus j’en suis aimanté, plus je la mate, plus j’ai l’impression de sentir l’odeur de sa queue… mes surprises ne sont pas terminées… un instant plus tard je vois sa main gauche disparaître dans la poche du short… et là je jurerais l’avoir vu discrètement se tripoter la bite… ça ne dure que quelques secondes, ensuite il retire sa main, je la vois se faufiler sous le t-shirt, pour aller se poser sur ses abdos…

    Bien joué, Jérém, là tu tiens une sacrée mains dans ton jeu… je me disais bien que tu me préparais un truc… un truc qui fait que la situation rebascule en ta faveur… tu le sais, petit con, que je suis fous de toi et de ta queue…

    Il me regarde, les yeux débordants de libido, d’appétit sexuel… c’est chaud, c’est de plus en plus chaud… mon coeur bat à 100 à 1000… j’ai l’impression grisante que son sourire narquois, que sa superbe ont disparu, ne laissant que l’envie s’afficher sur son visage et dans son allure toute entière… j’ai l’impression de sentir la vibration de son désir, de la sentir frémir dans son regard, dans l’air, d’en sentir presque l’odeur…

    Oui, c’est chaud… je transpire, je le regarde et je suis excité de voir que lui aussi il transpire, je vois dans le V de son t-shirt que sa peau commence à être moite… mon excitation se nourrit de son excitation et j’ai l’impression que la sienne se nourrit de la mienne… c’est une escalade apparemment sans fin… jusqu’où va-t-on aller ainsi ?

    Je sais qu’il a envie, autant que moi il en a envie… il a envie de me baiser… ce n’est pas assez pour moi, mais je sais que c’est tout ce dont il a envie à ce moment précis… je le lis dans ses yeux, dans son regard, dans son sourire…

    Je le sens agité, nerveux, excité. Son assurance a disparue, balayée par l’envie de jouir. Il détourne brusquement le regard… impatient, frustré… il jette carrément son stylo sur la copie, il allonge les jambes, il croise ses pieds, il pose les bras et les mains sur le banc, lourdement…le dos appuyé au dossier de sa chaise, le bassin toujours poussé vers l’avant laissant bailler ce putain de short et dépasser l’élastique du boxer Athena : son changement d’assise est rapide, brusque, surprenant, j’ai l’impression qu’il n’est qu’à moitié contrôlé. Que c’est plus instinctuel que réfléchi.

    Un camarade juste à coté est surpris par ce remue ménage et il relève la tête. Il se regarde autour brièvement et il finit par revenir aussitôt à sa copie.

    Je vois Jérémie doser sa respiration par de longues inspirations et expirations, plus lentes, plus profondes… je vois son t-shirt se soulever sous le mouvement régulier de son diaphragme : mon dieu qu’il est beau… ses cheveux noirs épais, coiffées au gel sur sa tête dans un brushing très mec… des yeux noirs, un regard ténébreux, viril à faire peur… 

    A un moment il passe la main dans le col du t-shirt, il se gratte un pecs… ça ne dure qu’une fraction de seconde, mais ça me fait hurler intérieurement… laisse moi faire, petit ! 

    Je regarde le poils courts et fins sur la peau soyeuse de ses bras, ça a vraiment l’air tout doux tout ça… ça en a pas que l’air, c’est le cas, et je le sais si bien… j’ai trop envie de le caresser… de le dévorer… je remonte vers ses biceps dessinés à la lisière du coton de la manchette de son t-shirt, jusqu’à rencontrer le rebond délicieux de son biceps… et là j’ai failli perdre la raison

    C’est là que Jérém s’engage dans un mouvement, une attitude, une position qui a fallu lui valoir un sale quart d’heure… avec une nonchalance absolue, qui mériterait déjà à elle seule qu’on lui retire le permis de séduire, il décroise ses jambes, il laisse glisser encore un peu plus son fessier sur le plat de la chaise ; ses omoplates appuyés sur le bord haut du dossier, il finit par se retrouver en position mi-allongée, les pieds plantés sur le sol, les jambes légèrement écartées, la bosse du short bien en évidence, les bras repliés et les mains croisées derrière la nuque, dans une attitude typique de jeune mec sexy, celle que j’appelle l’attitude « qu’est-ce que tu attend pour venir me sucer ? ». 

    On peut facilement imaginer dans quel état j’étais… 

    Dans cette position, Jérém y reste un petit moment ; et puis, soudainement, il retire ses pieds, relève le buste, rappelle ses bras à lui et, tout en me toisant avec ce regard de braise dans lequel je vois tout l’incendie de son désir, de son envie de mec, il fait un geste avec le bassin comme s’il voulait se relever de sa chaise… je sens mon cœur s’accélérer… pendant une fraction de seconde j’ai l’impression qu’il va se lever et venir me choper là au beau milieu de l’examen… putain de mec… on dirait un petit taureau excité et tenu en cage devant une femelle d’humeur qu’il crevé d’envie de saillir… il va le faire… il va se lever… mon cœur s’accélère encore… il va me sauter dessus… il va me baiser là devant tout le monde…

    Je sens son désir dans l’air, comme un appel aux phéromones. Je lui montre le mien. Ma respiration s’est faite également plus profonde, j’ai l’impression d’avoir des spasmes au visage tellement je sens mas lèvres frémir…  

    Et Jérém les regarde mes lèvres, putain qu’est-ce qu’il les regarde… il les mate avec l’envie précise d’y glisser sa queue bien raide et de la faire coulisser jusqu’à me remplir la bouche de son jus… 

    Sentir son envie palpable et penser à des souvenirs coquins de notre incroyable semaine de révisions… voir ressurgir le souvenir de Jérém affalé sur le canapé en attendant que je vienne le sucer… et ses mots… ses mots de petit con macho…

    Viens me faire jouir, sinon je ne vais pas pouvoir me concentrer… Viens me sucer… j'ai envie de me vider dans ta bouche de salope… A genoux… T’as envie que je te baise… T’aimerais que je rentre dans ton cul et je le baise bien profond… C’est baloo… moi je n’ai pas envie de te baiser aujourd’hui… j’ai envie que tu me suces encore… que tu me vides les couilles avec ta bouche… Viens sucer, mec, aujourd'hui ta chatte va serrer la ceinture mais ta bouche va prendre cher… Vas-y comme ça… Tu vas te faire remplir ta bouche et garder mon goût jusqu’à demain… Allez, viens me sucer… Putain, tu vas sucer à la fin… Tiens, putain, avale-la bien, avale bien ma queue, vas-y !! Tu l’aimes, tu l’aimes l'odeur de ma bite et de mes couilles… t’aime mon odeur de mec… vas-y, dis le… Suces, putain… tu l’aimes mon jus, tu aimes mon goût… t’es une vraie salope, je te le dis depuis le début… Suces bien, vas y, je viens, plus vite, plus vite… Oui, oui, oui, prend ça, prend ça, encore, oui, oui, encore…

    Je sais qu’il bande, maintenant j’en suis sur et certain : je le regarde dans les yeux… je sais qu’il a envie de moi, de ma bouche, de mon cul… il a envie de jouir, je le vois déglutir sa salive, je sens la testostérone envahir son esprit et le brouiller…

    Allez, stop… respire, Nico, calme toi… je suis tellement excite, je sens qu’il est tellement excité que j’ai l’impression que l’une de nos queues va sortir de notre pantalon et gicler sur la copie… elle aurait bonne mine la copie… et puis il faut bosser, enfin… je ne sais plus où j’habite… je vous dis elle va être top la disserte de philo… la sienne autant que la mienne…

    Oui, pendant un instant j’ai l’impression qu’il va bondir de sa chaise et me prendre là devant tout le monde. Au lieu de quoi, il relève précipitamment le buste, il cale le bassin dans la chaise, ses jambes formant désormais un angle droit avec sa colonne, ce qui aura la fâcheuse conséquence de refermer cet aperçu de bonheur qu’était le bâillement de son short dans le bas de son dos associé au soulèvement de son t-shirt…

    Mon cœur bat toujours le disco mais un instant plus tard j’ai l’impression qu’il va s’arrêter de battre : je vois le surveillant arriver face à moi, approcher à grands pas… dans un retour à la réalité un peu brusque je me dis qu’il a du remarquer notre petit jeu et qu’il doit croire qu’on est en train de tricher… ou alors il s’est bien rendu compte de ce qui se passe entre nous deux… je ne sais pas ce qui me fait le plus peur… la crainte de me faire choper sur un soupçon de tricherie ou de me taper la honte de me faire gauler en train de chauffer Jérém… il est tout proche de moi… je sens qu’il va s’arrêter, il va me pourrir… putaaaaiiin Nico… plonge toi dans ta copie… c’est ce que je fais, je commence à écrire, à écrire à peu prés n’importe quoi… et là, contre toute attente, le surveillant arrive à hauteur de mon banc, il avance et me dépasse, sans rien dire, sans même me regarder… 

    Je reprend alors ma respiration et je relis l’intitulé pour la énième fois :

    Être libre est-ce pouvoir choisir? Sommes nous toujours libres dans nos décisions ? La liberté est-ce le refus de toutes contraintes?

    Oh, là là… ça me saoule… vraiment quand on n’a par la tête à la tâche, tout semble bien compliqué. Même une disserte de cette matière inratable qu’est la philo.

    Sommes nous toujours libres dans nos décisions ?

    Bah, je n’en sais foutrement rien… mon choix de dire oui aux avances de Jérém… ma soumission à ses envies… l’acceptation d’une relation qui n’est que sexuelle et qui ne me comble pas au final… oui, c’est mon choix, c’est le sien mais le mien aussi… je pourrais refuser, arrêter de le voir… j’ai décidé de lui dire oui, de dire oui à tout ce qui me permet de le voir, de coucher avec lui quand il le veut, comme il le veut, de tout accepter pour le sentir en moi…

    Ma décision de lui dire oui, est-ce qu’elle en est bien une ? Est-ce que le fait que je l’aie autant dans ma peau ne fausse pas mon libre arbitre ? Bien sur que oui, voyons… je fais mon malin à mon petit jeu de l’insoumission mais au final je ne peux pas lui résister… est ce que ma décision de tout accepter de lui, de dire oui à toutes ses envies est bien un choix qui s’est fait en toute liberté ? J’aurai pu refuser, je pourrais toujours refuser… mais je suis sous son charme, sous sa domination… alors finalement mes choix me sont dictés par le désir qui me lie à lui, et au final mes choix sont dictés par le bien vouloir de Jérém…

    Est-ce que je suis libre dans mes décisions… je serais libre de mes décisions si j’avais tout pouvoir sur moi… ce qui n’est pas le cas aujourd’hui… je serais libre de mes décisions si j’arrivais à dire non aux appétits sexuels… ce qui pour le Nico de 18 ans en présence de son Jérém T. paraît une option complètement inenvisageable… je serais libre de mes décisions si je savais imposer à Jérém une relation basée sur les règles que j’aurais choisies et non pas me ranger tant bien que mal aux règles que lui a choisies pour moi…

    Tiens, Jérémie s’est mis au travail. Je le regarde en train de rédiger sa copie et je trouve ce geste d’écriture, qui a pourtant l’air très lourd et pas très aisé, très sexy également… qu’est ce que je ne trouve pas sexy venant de lui… putain… le buste légèrement penché en avant, sa chaînette de mec se détache de la peau parfumée de son cou et, suivant la gravité, vient pendouiller et osciller à l’avant… putain de détail à craquer… détail magique… aaaahhhhh, soupiiiirs…

    Et au même temps, aussi inattendue que craquante, une autre image me frappe, sa bouche malaxant discrètement un chewing-gum que je ne l’ai pas vu porter à sa bouche… Jérém, tu es vraiment un grand malade… est-ce que tu te rends compte de l’état dans lequel tu me mets avec ces mouvements bien virils de ta mâchoire, ces gestes que tu accomplis tout en plissant les yeux comme tu le fais parfois pendant l'amour… ? Tu me fais un effet de dingue, mec… si, tu sais…

    Je laisse traîner mon regard sur lui et un quart de seconde plus tard il me regarde à son tour… je crois que jamais je me suis senti autant excité et frustré… et je crois bien que jamais je ne l’ai vu autant excité et… frustré… son genoux est en train de sautiller, signe évident d’une tension qui parcourt son corps tout entier… mon œil est soudainement attiré par ce petit grain de beauté juste en dessous de sa pomme d’Adam… comment exprimer l’intense beauté de cette petite imperfection de sa peau, ce petit « défaut » par ailleurs si débordant d’un charme qui lui est bien propre, ce grain de beauté posé sur cette peau moite de transpiration… j’imagine à quel point il doit commencer à sentir bon son t-shirt imbibé de sueur et imprégné de son déo... et son boxer… n’en parlons pas… j’imagine le bonheur de sentir ce t-shirt avant de le soulever et lécher la peau humide de son torse… le délire de caresser sa queue avec mes lèvres à travers le tissu fin…

    Et quoi dire de cette pomme d’Adam qui se balade sans cesse de haut en bas de sa gorge ? Que dire à propos de ses déglutitions nerveuses traduisant un niveau d’excitation palpable ?… Je sens que le mec a envie de tout sauf que d’être assis à ce banc ; non, il n’a pas envie de tout : il a juste envie de se retrouver quelque part, debout ou allongé, en train de se faire sucer. Je le lis carrément sur son visage. Sacré Jérém, est-ce que tu te doutes de toutes les images qui me passent par la tête en ce moment ?

    Penser à des souvenirs coquins et s’imaginer qu’il pense aux mêmes. Le revoir en train de jouir dans le cul de Guillaume ; ou alors en train de me baiser la bouche, la tête coincée contre le mur ; retrouver le délice de ses giclées puissantes qui percutent mon palais ; et retrouver toutes ces fois où j’ai eu la chance de voir l’expression de sa belle petite gueule pendant qu’il jouit…  

    Une brise légère rentre par la fenêtre et caresse ma peau : je la sens passer à travers le t-shirt, effleurer mes tétons, elle aura sur mon excitation le même effet d’un coup de soufflet sur une braise déjà bien rouge… je regarde Jérém et je suis heureux de voir qu’il a l’air de ressentir les mêmes sensations sur sa peau… surtout quand, sous l’effet d’un léger courant d’air provoqué par l’ouverture d’une porte, j’ai l’impression de le voir sursauter… ce petit con est vraiment à fleur de peau… il ne tient plus en place… chaque fibre de son corps est secouée par l’excitation et la frustration… il ronge son frein, et je sais que tout cela ne sera pas sans conséquences pour moi…

    Il passe à nouveau sa main sous le t-shirt, il se caresse les abdos… et un instant plus tard, elle monte ensuite jusqu’aux tétons!... sa jambe n’arrête pas de sautiller, il inspire, il expire presque rageusement… et puis, sous couvert de son t-shirt, sa main redescend vers son short, ses doigts se glissent dedans… dans son short… dans son boxer… je suis presque sûr que ses doigts sont en contact avec son gland, avec cette queue que je devine bien droite, à un rien de dépasser du short… qu’est-ce que je voudrais glisser mes doigts à la place de siens pour sentir la chaleur brûlante de cet endroit…

    J’ai une folle envie de défaire sa ceinture, d’ouvrir sa braguette… qu’est ce que j’ai envie de lui… c’est troublant, c’est grisant… je bande comme un malade à l’idée d’avoir réussi à l’exciter à ce point rien qu’avec des regards… je sens mon excitation mouiller mon caleçon, j’ai l’impression que ma queue va déchirer mon pantalon…

    Ça fait une bonne heure que je ne cesse de le provoquer, de défier son autorité… de lui faire du rentre dedans, de voir son regard lancer des flammes, ses yeux brûler d’intensité érotique, tout son être s’exciter au contact de mon effronterie…  je sens que ses représailles vont être à la hauteur de ma mutinerie… j’en ai à la fois peur et vraiment trop envie… être à sa merci, sentir sa fougue, sa rage, son machisme, sa domination de petit mec viril se croyant un homme… l’air saturé de sa testostérone… les couilles bien pleines… sa vengeance de petit mec ayant été défié par la salope que je me conformais à être pour lui… 

    Je suis excité et je suis rassuré, heureux… je crois qu’au pire on baisera au moins une fois de plus… je suis certain qu’après la fin de l’exam il va se passer un truc… Jérém est trop excité, il ne va pas me laisser partir comme ça…  

    Je me surprends à me demander ce qu’il va avoir envie de me faire quand il va m’attraper… quand il va pouvoir poser ses mains sur moi et enfoncer sa queue en moi… où est ce qu’il la fourrerait en premier… est ce qu’il se laisserait sucer ou est qu’il me baiserait sauvagement la bouche, ma tête coincée entre un mur et son bassin, ou alors avec ses deux mains qui ramènent sans pitié ma tête vers sa queue et son gland vers le fond de ma gorge… comment aurait-t-il envie de jouir ? 

    Je me retrouve à espérer que ça se fasse vite après l’épreuve, un coup sauvage dans les toilettes… et puis c’est le bonheur, l’extase… Jérém s’étire à nouveau, le t-shirt monte encore, je revois son chemin de poils, presque le nombril, la peau douce et ferme de ses abdos; il lève les bras, plie les avant-bras, il ramène les poings vers sa tête… et voilà l’instant magique… ses biceps gonflent, gonflent, gonflent… et c’est trop trop trop beau à voir… mais putain ça me rend diiiiingue !!!!  

    Il me fait face et la flamme lubrique qui brûle dans ses yeux est vive comme jamais… le mec est chauffé à blanc, il n’en peut vraiment plus… je sens qu’il va péter un plomb… le désir est dans ses yeux, sur son visage, dans tout son être…

    C’est un instant… sa langue glisse entre ses lèvres, à la fois lentement et furtivement… ça ne dure qu’une fraction de seconde, elle disparaît aussi vite qu’elle est apparue, je ne suis même pas sur que le mec ait eu conscience de ce mouvement chargé d’un érotisme brûlant, bouillant…  

    Il a envie de jouir, il a besoin de jouir, je l’ai rendu fou d’envie… il me toise, comme sa proie… et quand un mec te regarde de cette façon là, avec cette envie animale, comme un lion prêt à bondir, ça c’est juste le Graal, le Graal absolu, le Graal du gay!!!!

    J’ai chaud, chaud, chaud…!!! Mon cœur s’emballe, les mains sont moites, tremblantes, le dos ruisselant de transpiration… je suis tellement hors de moi que j’ai peur que ça se voit… 

    L’heure tourne, il est déjà onze heures, il ne reste plus qu’une heure pour boucler la disserte. Je me fais violence et je décide de m’y mettre, dans mon intérêt, et dans le sien. Je relis les deux pages que j’ai écrites et je me rends compte que je ne me comprends même pas moi-même en me relisant… je reviens une fois de plus à l’intitulé :

    Être libre est-ce pouvoir choisir? Sommes nous toujours libres dans nos décisions ? La liberté est-ce le refus de toutes contraintes?

    Le choix, la liberté, les contraintes… ça me saoule… j’ai envie de crier haut et fort, de graver sur ma feuille que tout tout TOUT ce qui m’intéresse c’est Jérém !!!!

    Tu vas voir, elle va être vite fait la disserte…

     

    Postulat :

    Tout ce qui m’intéresse c’est… Jérém ! 

    Thèse :

    Pour moi la liberté c’est pouvoir choisir de faire l’amour avec Jérém sensuellement, tendrement, en couvrant son corps de baisers et de caresses… et une fois l’amour physique passé, me retrouver enlacé à lui, sentir sa main sur moi, sa peau contre la mienne… pouvoir m’abandonner à ces câlins qui me manquent à en crever… c’est une liberté que j’ai eu la chance de vivre ce week-end mais qui ensuite m’a été à nouveau refusée, car Jérém c’est le mec qui baise et qui ne fait pas de câlins… 

    Antithèse :  

    Pour moi la liberté de mes décisions c’est d’accepter de me faire baiser par Jérém comme il en a envie… de tout accepter de lui pour lui rendre agréable ma compagnie, quitte à tout lui laisser passer, à m’humilier devant lui plus que mon dû… je n’ai que cette liberté là, lui offrir mon corps à son plaisir de mec… le plaisir débridé où tout lui est permis, le plaisir qu’il ne trouve pas ailleurs… 

    Synthèse : 

    Pour moi la liberté c’est refuser les contraintes qui m’empêchent de baiser avec Jérémie quand il en a envie… mes sentiments je les laisse au vestiaire, les raisons d’Elodie je les oublie, les craintes pour l’avenir je les fais taire… je fais le mur le samedi soir quand il me siffle par sms interposé et rien ne pourra m’empêcher de le voir tant que sa porte et sa braguette me seront ouvertes, rien ni personne ! 

    Citation :

    La plus perverse des soumissions est le sentiment amoureux. C’est la plus difficile à soigner car elle touche ce qu'il y a de plus cher en nous, notre amour propre. Elle peut nous faire faire les choses les plus incongrues, les plus folles. (Voici la citation d’un grand philosophe femme que je ne connaissais pas à l’époque et dont j’aurai l’occasion de découvrir l’œuvre plus tard dans ma vie : ce philosophe s’appelle Marie Alice Young).

    Conclusion :

    Tout ce qui m’intéresse c’est Jérém, encore et toujours. J’aimerai faire l’amour avec lui, mais cela n’est pas possible, alors j’accepte de me laisser baiser, c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour être avec lui, pour voler des instants d’éternité à ce temps qui nous est compté.

     

    Je me fais cette réflexion, je vois les lignes s’écrire dans ma tête, ma main prête à les coucher noir sur blanc, et dans l’emportement je ne me rends pas compte que mon regard s’est à nouveau posé sur Jérém, s’attardant à le mater en train de gratter sa copie… et là je ressens une présence à coté de moi… je ne l’ai pas entendu arriver… il est arrivé dans mon dos, et là il est en train de contourner mon banc, lentement.

    Le voilà planté devant moi : prenant appui sur ses deux mains posées juste devant ma copie, je le vois plier son buste et ensuite poser son regard dans le mien… le surveillant… à le voir aussi de près, je me rends compte que c’est un brun qui doit avoir tout juste la trentaine, un age qui à l’époque me le faisait classer parmi les vieux ; je lui trouve cependant un certain charme dans son look d’intello à lunettes… il est là planté devant moi et il me regarde fixement dans les yeux, un petit sourire au coin des lèvres. Au bout d’un instant, il finit par me lancer :

    « Je vous comprends… ce n’est pas facile d’arrêter de regarder ça… (et, ce disant, ses yeux se tournent légèrement en direction de Jérém) mais je vous rappelle que là vous êtes au bac… il vous reste moins d’une heure pour finir… regardez donc votre copie au lieu de chauffer votre camarade… ». 

    La honte. Putain, le mec a tout capté. Je sens mon visage passer par toutes les couleurs, je sens ma peau bouillir, je n’ai qu’une envie, c’est creuser un trou dans le sol et de m’y enterrer dedans… je n’arrive pas à articuler le moindre son… ma gorge est comme paralysée… je le regarde se relever, et ce n’est que lorsque je le vois s’éloigner que je commence à retrouver mes esprits…  

    Mais monsieur… est-ce que vous avez vu comment il est gaulé ? Est-ce que vous vous imaginez à quel point il me rend dingue? 

    Ça c’est évidemment ce que j’aurais voulu crier haut et fort tellement c’était ce que je ressentais dans mes tripes… au lieu de quoi, je passerai toute la dernière heure à essayer de me remettre de la honte de m’être fait gauler par le surveillant en train de mater Jérém ; et à me demander si lui aussi avait flashé sur Jérém… et comment ça pourrait en être autrement si… si ce mec est un mec à garçons ? Et même sans que ce soit le cas, la beauté de Jérém est tellement universelle, une véritable œuvre d’art, elle transcende les préférences sexuelles, c’est juste un canon esthétique, un absolu devant lequel, à l’instar d’une aube ou d’un coucher de soleil un soir d’été, à moins d’être non voyant, on ne peut pas être insensible…

    Je passerai toute la dernière heure à me demander si Jérém avait compris que le surveillant avait deviné notre manège et à essayer de résister à la tentation de le mater à nouveau… j’y arriverai à peu près, dans la mesure où lui aussi il sera plongé dans la disserte et que par conséquent je ne croiserai plus son regard jusqu’à la fin de l’épreuve…

    Je passerai toute la dernière heure à gratter accessoirement quelques lignes de plus à mon texte, à essayer de lui donner une organisation à peu prés potable. J’avais voulu faire une omelette et je me retrouvais avec des œufs brouillés collés au fond de la poêle…

    La fin de l’épreuve est arrivée, le surveillant nous annonce qu’il est temps de poser nos stylos et de faire glisser nos copies à notre droite. Pendant que l’assistant se balade entre les bancs pour récupérer nos torchons, je lance un dernier regard à Jérém. J’ai l’impression de posséder un pouvoir surnaturel car dès que mon regard se pose sur lui, il tourne la tête vers moi… son regard est chargé de testostérone, son corps est parcouru par une charge de sensualité qui me fait délirer. J’ai l’impression que son regard dégage un message dont la teneur est à quelque chose près la suivante :

    « T’as voulu me chauffer, maintenant fais gaffe si je t’attrape… ».

    Programme enchanteur.

    On nous donne enfin la permission de nous lever et de quitter la salle. Je ramasse mes affaires et je me dirige vers la porte : ça bouchonne un peu à la sortie, j’ai le temps de voir du coin de l’œil que Jérém est juste derrière moi : il est tellement proche que je sens son épaule frôler mon dos, je sens son souffle chaud sur mon cou, comme près de la braise, comme pendant la baise ; je sens son déo, mélangé à sa transpiration… tellement proche que ses lèvres effleurent mon oreille pour y glisser :

    Chez moi, maintenant…

    Je vibre… je tremble… je frissonne… j’avais espéré qu’il le fasse mais je n’avais pas osé espérer que cela arrive vraiment… par ailleurs, j’aurai vraiment été déçu que ça ne se passe pas comme ça…

    Putain de putain de mec… cette voix basse, tendue par l’excitation, ce ton autoritaire qui n’admet d’autre possibilité que l’obéissance… et que faire devant l’urgence absolue de sa jouissance de mec ? Obtempérer mon capitaine, obtempérer…

    Obtempérer, certes, mais pas tout de suite… en vrai, je n’ai qu’une envie, c’est de m’abandonner à lui, de le suivre dans sa chambre et de le faire jouir comme un malade… en même temps, je sens une idée de dingue venir me chatouiller l’esprit… ma provocation pendant la philo a si bien marché, ça l’a amené dans un tel état d’excitation que là, avant de lui céder pour de bon, j’ai envie de lui porter l’estocade finale, de lui balancer un truc auquel il ne s’attendrait pas… c’est risqué, c’est quitte ou double… car Jérém n’est pas le genre de mec qui essayerait de me rattraper si je faisais mine de lui résister… mais au même temps je me dis que si ce que j’ai en tête va marcher, je vais faire monter son ivresse libidineuse d’un cran supplémentaire… en clair, je vais le rendre carrément dingue… et ça va être ma fête…

    C’est décidé : je vais le faire. Je compte sur son excitation extrême pour que son envie de mâle en rut soit plus forte que sa fierté de mec… je suis moi-même très excité et peut-être je ne mesure pas le risque que je prends… le risque qu’il me laisse partir tout bonnement et que je rate le coche de ce bon moment de baise qui s’annonce pour cet après midi là…

    Mais j’ai envie de le faire, envie de tester un peu plus ce pouvoir que je commence à apprécier, le pouvoir de lui donner envie de me baiser… peut-être que je ne pourrais jamais lui donner envie de me faire des câlins ou de m’aimer, mais qu’est-ce que c’est bon, en attendant, de savoir que je peux lui donner envie de me sauter…

    Et puis, tout en adorant être soumis à lui et à sa queue, je sens en moi un sursaut de dignité… j’ai envie de lui faire payer son comportement du dimanche matin, j’ai envie de lui montrer que je ne suis pas un objet dont il peut disposer à sa guise… du moins pas tout de suite…

    Chez moi, maintenant…

    J’ai un petit frisson en entendant son ordre, en percevant son souffle sur mon oreille… je prends sur moi pour me contrôler, pour ne pas répondre. Pour l’ignorer. Pour faire mine, du moins… j’ai une gaule d’enfer, mais je fais comme si je n’avais rien entendu…

    Par chance, voilà que l’attroupement devant moi se met à avancer ; une seconde plus tard je suis dans le grand couloir… j’avance à grands pas, je double mes camarades comme si j’étais très pressé… je ne regarde pas vers l’arrière mais j’espère qu’il est en train de me suivre, je n’ose pas me retourner de peur qu’il m’ait lâché… j’avance, j’avance, je fonce, je ne sais pas si j’ai plus peur qu’il me rattrape et de le retrouver très énervé contre moi ou si je crains davantage qu’il me laisse partir comme ça…

    Je croise un flux d’étudiants sortant d’une autre classe et je me mélange à eux, j’avance encore, je fonce vers la sortie du lycée, je suis dans la cour, le soleil du mois de juin m’éblouit… je n’ose toujours pas me retourner et je commence à me dire que mon petit jeu n’a pas marché, que je vais rentrer chez moi bredouille, que j’ai été con de vouloir trop le chercher, de montrer ma fierté que je commence à trouver vraiment mal placée vu qu’elle me faisait rater celle qui était certainement la dernière baise avec Jérém…

    C’est à ce moment là que je sens une main se poser lourdement sur mon épaule, la saisir fermement, m’arrêter net. L’allure qui était la mienne, associé de la fermeté de ce « stop » sans ménagement, fait que j’accuse le contrecoup, je suis déséquilibré et je faillis me vautrer et tomber dans ses bras.

    Tu crois aller où comme ça ?

    Il est là. Il m’a rattrapé. Je suis super heureux. Je n’y croyais plus. C’est trop trop bon. Je me retourne, son regard est toujours autant marqué par l’excitation, une excitation mélangée maintenant à une certaine contrariété provoquée par mon geste… une contrariété qui rend Jérém encore plus beau… je l’aime quand il dort, je l’aime quand il sourit, je l’aime quand il a le regard coquin, quand il a le regard tendre, je l’aime quand il est en colère…

    De quoi ? – j’essaye de me dédouaner.

    Fais le con, va… t’as pas entendu?

    Si… mais…

    Il n’y a pas de mais… dépêche!

    Le ton de sa voix, pourtant pas très élevé, discrétion oblige, est encore monté d’un cran dans la fermeté et l’autorité… je sens toute la puissance de son ego de mâle m’envahir, ses yeux dégagent de l’envie sexuelle à l’état pur, son regard est noir, brun, puissant… il est à point… je crois que je ne pourrais jamais le chauffer davantage… la voix et le regard, en plus de sa beauté qui m’étourdit… là il n’y a plus de fierté ou de provoc’ qui tienne… je suis à lui…

    Il relâche sa prise et, sans un mot, il cache son regard brûlant derrière ses lunettes noires et il commence à s’éloigner du lycée, sûr de lui. Il sait que je vais le suivre. Son assurance me rend dingue. Je lui emboîte le pas, j’en ai trop envie, de toute façon je n’ai pas le choix : je suis trop a fond sur le bogoss. 

    On est à quelques minutes à pied de la rue de la Colombette. On fait la route en silence, pas après pas, rue, après rue : il fait beau et les terrasses des restaurants débordent de toulousains en train de prendre le temps de déjeuner par cette belle journée du mois de juin… le vent tiède souffle sur ma peau, sur sa peau, c’est le vent d’Autan, celui qui annonce que l’été approche, celui qui amène avec lui les beaux t-shirts moulants les torses des garçons, celui qui me parlera et encore toujours de mon beau Jérémie… ça sent les vacances, envie de s’échapper, de prendre du bon temps, de faire l’amour avec l’homme qu’on aime… jamais je n’ai eu autant envie de lui, envie à en pleurer, envie de pleurer à l’idée d’être en train de vivre les derniers moments avec lui…

    Soudainement il s’arrête devant une sandwicherie où il n’y a pas trop de monde. Il a faim, le bel étalon. Il faut bien nourrir la bête. Moi aussi j’ai faim et je me tâte si de oui ou de non je vais prendre un sandwich moi aussi… une fille surgit de nulle part et s’adresse à lui… je la comprends, Jérém est le genre de client pour qui on se battrait jusqu’au sang… je le regarde et sa peau mate moite de transpiration, la droiture et l’extrême harmonie virile de sa silhouette me font chavirer… je suis perdu dans mes pensée et je ne me rends pas compte que Jérém a déjà payé alors que je n’ai toujours pas décidé si je vais prendre un truc ou pas… tant pis… je mangerai plus tard…

    C’est Jérém qui me secouera de mes pensées : il est devant moi, deux sandwichs dans ses mains. Il m’en tend un. Je vais craquer, je vais pleurer, je vais mourir.

    Merci, Jérém…

    Il ne répond pas, il reprend sa route. Il marche vite devant moi, en attaquant son sandwich comme un fauve sa proie… là encore je trouve ses gestes d’une beauté masculine à me rendre dingue… on arrive place Wilson, le soleil tape sur les façades en briques apparentes qui bordent l’espace circulaire en leur restituant tout l’éclat rose qui fait la renommée de la ville… place Wilson est elle aussi bondée de monde à cette heure là… qu’est ce que c’est beau et plein de vie et de gens à l’air heureux la ville de Toulouse au mois de juin, ça a presque un air de Dolce Vita… ça me fait penser à un vieux film italien, mais surtout ça me donne envie de réécouter une chanson plus toute jeune elle non plus, une chanson qui a pour moi la couleur chaude et plaisante des vacances, des plages, des maillots de bain, de la liberté, d’une caresse du vent sur ma peau devant la mer… ça me met de bonne humeur…

     

    We're walking like in a Dolce Vita/Nous marchons comme dans une douce vie
    This time we got it right/Cette fois nous l'avons bien obtenu
    We're living like in a Dolce Vita/Nous vivons comme dans une douce vie
    Mmm, gonna dream tonight/Mmm je vais rêver ce soir
    We're dancing like in a Dolce Vita/Nous dansons comme dans une douce vie
    With lights and music on/Avec de la lumière et de la musique
    Our love is made in the Dolce Vita/Notre amour est fait d'une douce vie
    Nobody else than you/Personne d'autre que toi
    It's our last night together with our love again/C'est notre dernière nuit ensemble encore avec notre amour
    Another light before we drown in darkness/Une autre lumière avant que nous nous noyions dans l'obscurité

    C’est bon d’être amoureux à 18 ans, de l’être au printemps, de l’être à Toulouse, de l’être de Jérém…
    Jérém avance sans m’accorder le moindre regard… je le suis, je cours après lui, je suis comme tenu en laisse… c’est une chaîne qui me lie à lui, une chaîne faite de beauté, d’assurance virile, de désir, de testostérone, de puissance, de déo de mec… d’envie pure…

    On traverse boulevard Carnot, on retrouve rue de la Colombette, on la remonte très vite… La porte d’entrée de l’immeuble est ouverte à cette heure-ci… je monte les escaliers derrière lui, envoûté par son déo qui traîne derrière son passage et qui me donne une trique d’enfer…  je ne sais même pas comment je résiste à la tentation de me jeter sur ce putain de petit cul bien serré dans son short, sur ces fesses rebondies, comment je résiste au bonheur de lui arracher le short et le boxer et de fourrer ma langue dans son ti trou…

    On passe la porte de sa chambre, il la referme derrière nous. Je suis seul avec lui… putain de Jérém…

     

    Bonjour à tous, merci pour l’attention que vous portez à mon histoire. Dans quelques semaines, la saison 1 de l’histoire de Jérém et Nico va prendre fin et l’auteur va prendre quelques semaines de pause pour avancer dans la saison 2 et dans sa vie.

    Avant de lire la suite de l’épisode du bac (plus tard dans la journée ou demain matin), je lance un appel à tous les lecteurs qui aiment cette histoire pour savoir si quelqu’un maîtrisant l’art du dessein, aimerait de se lancer dans l’illustration de certaines scènes clés de mon histoire. Peut-être il y a parmi vous un artiste capable de cela, ou connaissant un artiste apte à cela.

    J’aimerais que ce soit un dessin sensuel, esthétique, sans les excès de la plupart des représentation graphiques des anatomies et des scènes de rencontres gay qu’on voit sur internet. Quelques images d’abord, et pourquoi pas une bd ensuite ? On peut toujours rêver…

     

     


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