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    D’abord merci. Merci à mon ami lyonnais, mon Jiminy Criquet, dont l’aide et l’encouragement sont si précieux pour moi et pour les textes. Merci à Ptitfreddo45 pour m’avoir soufflé en premier l’idée de l’arrivée de Jérém : grandiose. Et merci à vous tous pour avoir voté si nombreux pour le final 2, qui devient désormais une évidence. Vos commentaires sont précieux, merci de continuer à donner votre avis, ça fait un bien fou ! Un nouveau vote sera demandé à la fin de l’épisode de la semaine prochaine. Nico devra faire un choix… faudra l’aider… wait and see…

    Et maintenant, la suite !

     

    Précédemment, dans 50 nuages de Jérémie : un mec bien éméché s’était laissé allumer par un regard un peu trop appuyé… Nico s’était ainsi trouvé dans les chiottes d’une boite de nuit toulousaine face à une situation plutôt délicate… la suite de la soirée s’était jouée sur un vote, un vote obtenant un score à la soviétique… dès lors, un beau brun s’était pointé à son secours, en parlant un langage très viril et plutôt musclé qui avait fait fort impression dans l’esprit de Nico… un crime odieux avait été commis : un t-shirt blanc Airness, moulant un torse à se damner, avait été irrémédiablement souillée…

     

    Je n’ose pas le regarder dans les yeux alors que j’en ai tellement envie… tellement envie que le cœur m’y amène… lentement, timidement, je lève mon regard et je croise le sien, brun, ténébreux, inquiet… un regard qui me semble bien différent du regard froid, arrogant et insolent du jeune mâle en rut que je lui ai connu jusque là pendant nos baises… non, là c’est un regard touchant, troublant, presque doux… j’ai comme l’impression… putain… j’ai comme l’impression qu’il a envie de tendresse ce soir… nos têtes sont à une vingtaine de centimètres, je sens sa respiration, je sens les battements de mon coeur qui secouent ma poitrine… j’ai envie et j’ai peur, je ne sais pas lire dans son regard…

    Et c’est là que l’impensable se produit… je crois rêver… je le vois sa tête approcher et un instant plus tard je sens ses lèvres se poser sur les miennes… son approche est hésitante, furtive… je sens de l’excitation et le refus de s’y abandonner, comme un flottement, je le sens nerveux, inquiet… il finit par mordiller ma lèvre supérieure… ça ne dure qu’une fraction de seconde, juste avant de me repousser sèchement avec ses avant bras, comme dans un mouvement de répulsion… nos têtes sont à nouveau séparées, son regard est sur ses chaussures…

     

    Retour en arrière de 60 minutes.

     

    Putain – s’exclame Jérém en attrapant entre deux doigts un bout du coton élastique de son t-shirt juste au dessus de ses pectoraux et en regardant les taches rouges qui gâchent la perfection de sa blancheur – c’était vraiment pas le bon soir pour foutre un t-shirt blanc…

    (j’ai envie de pleurer et de rire au même temps… putain de Jérém… tu rigoles là, j’espère… gaulé comme tu es, pour toi c’est toujours le bon soir pour mettre un t-shirt blanc moulant…)

    T’as ta bagnole… ?

    Oui…

    Tu rentres avec tes potes…

    Naaan…

    Il y a une place dans ta voiture ?

    Faut voir pour qui…

    Il sourit le coquin.

    Je vais prévenir mes potes…

    Je vais prévenir ma cousine…

    On se retrouve au parking dans 10 minutes…

    Entendu…

    Si ça ce n’est pas de l’entente, si ça ce n’est pas de la complicité, là alors je n’y connais rien.

    Je pars à la recherche Elodie un brin chancelant après la brusque montée d’adrénaline que je venais de vivre, une tension qui vient de retomber brutalement me laissant ko. Je la retrouve en bord de piste et je l’entraîne à part pour lui expliquer que je vais partir plus tôt que prévu et avec un moyen tout aussi inattendu. Evidemment, je ne me sens pas le courage de lui raconter la petite aventure que je viens de vivre… Je ne lui ai pas dit grand-chose, mais ma cousine ne me rate pas… elle est ma conscience, elle est mon Jiminy Cricket à moi…

    Il a envie d’une gâterie… une pipe et au lit, comme disent les mecs…

    C’est à peu près ça…

    Et toi, en toutou bien sage, tu pars sucer la queue de ton maître dès qu’il claque des doigts…

    Elodie, stp…

    Je t’aime bien, mon cousin, mais tu sais ce que j’en pense…

    Je t’adore, Elodie…

    On s’embrasse et on se serre dans les bras l’un de l’autre… je lui souris pendant que je m’éloigne d’elle pour aller rejoindre « mon » mec… je me dirige vers la sortie et je vois Jérém en train de discuter avec Thibault… mon Dieu que ça me remue les idées, que ça me fait de l’effet, que ça me fait remonter des fantasmes lubriques de voir ces deux mecs magnifiques côte à côte… oui, quand deux beaux mecs se rencontrent, l’imagination commence à s’emballer…

    Je passe une main sur mon visage pour m’ôter de la tête des images crées de toute pièce par mes fantasmes, des images de deux corps musclés en train de s’enlacer, de deux queues en train de se frotter entre elles, de douches coquines, de siestes crapuleuses… j’accélère le pas, je coupe le contact visuel avec ce couple d’apollons en t-shirt moulant, ce qui me permet, dans l’ordre :

    1) de reprendre ma respiration

    2) de chasser de ma tête ces putains de fantasmes qui emballent mon imagination

    3) de repenser à ce qui vient de se passer aux chiottes et d’en être une fois de plus ébloui…

    4) de penser à ce qui va se passer une fois qu’on sera chez lui, vu l’envie démesurée que j’avais de lui vider ses putains d’attributs, ces couilles dont ce soir là il venait de montrer toute l’envergure…

    Je suis dehors dans la fraîcheur de la nuit du mois de juin… depuis notre arrivée, la brise du soir s’est transformée en rafales puissantes… putain de vent d’Autan… la météo l’avait pourtant bien annoncé… du vent, encore du vent… vent de printemps, vent puissant, vent insistant, vent qui parle de la belle saison qui est en route, vent qui balaie ma peau et mon esprit et qui, en notifiant un nouveau changement de saison, semble me parler du temps qui avance inexorable, des jours passés, de mon enfance perdue, des chemins inattendus, des chemins empruntés pur me retrouver ce soir là à ce moment précis à l’extérieur de cette boite de nuit en train d’attendre le mec qui me fait vibrer pour rentrer avec lui et m’offrir à lui… le vent me parle du bac qui approche, encore en toujours, du saut dans le vide que représente la fin du lycée, ma nouvelle vie, sa nouvelle vie, une vie dans laquelle je n’aurai plus ma place… j’ai envie de pleurer en pensant que dans quelques semaines, dans quelques jours, ça en sera fini de nos révisions… c’est une idée qui m’angoisse profondément, depuis pas mal de temps, mais que depuis quelque jours tourne à l’obsession, au cauchemar… j’ai un petit coup de blues, mais il me suffit de repenser au fait que je vais rentrer avec Jérém et instantanément je suis le mec le plus heureux de Toulouse…

    Je regarde les jeunes qui se pressent à l’entrée de la boite pour être de cette folle nuit toulousaine… je nage à contre courant, comme un saumon à la saison des amours…  et pour cause… je rentre avec « mon » Jérém… ce n’est toujours qu’une heure du matin d’un samedi soir…

    Je n’attends pas plus d’une minute ou deux avant de le voir sortir… je le vois passer le sas d’entrée et je sens mon cœur s’arrêter de battre… putain de Jérém… putain de putain de Jérém… le voilà avancer dans sa démarche bien mec dans son jean parfait… le voilà envahissant mon champ visuel, sa simple présence prenant d’assaut mon esprit conquis… le voilà, oui, et le voilà non pas tout seul mais accompagné de ce putain de bogoss de Thibault… mon imagination s’emballe…

    Pour ceux qui ont suivi toute l’histoire, il sera simple de deviner pourquoi le fait de voir Jérém et Thibault sortir de boite ensemble alors qu’une révision nocturne est prévue, ait le pouvoir de me mettre dans un état pareil… pour les autres, il suffira de rappeler que lors de l’une de nos premières révisions, pendant une baise plutôt intense, Jérém avait envisagé un plan avec Thibault… un plan qui n’avait pas été suivi d’effet, certes, une éventualité irréaliste que je considérais juste une boutade sortie sous l’effet d’une excitation extrême… une idée qui était quand même toujours tapie dans l’ombre au fond de mon esprit, dans cette partie qui recèle les fantasmes les plus inavouables… et là, le simple fait de voir les deux mecs cote à cote, le fait d’imaginer que Thibault puisse rentrer en voiture avec nous… ce souvenir et ce fantasme remontaient en moi avec une violence inouïe…

    Putain de Jérém… alors il n’a pas bluffé en me parlant de ce plan avec Thibault… non seulement il n’a pas bluffé, il l’a vraiment envisagé, non seulement il l’a envisagé mais il a carrément tout préparé… il a tout préparé et il le veut ce soir son putain de plan !… je me sens pris au dépourvu, je n’y suis pas préparé, j’ai jamais vraiment pensé qu’il oserait ça, que je me serais trouvé confronté à ça… alors qu’un instant plus tôt, en les regardant discuter ensemble, je sentais le ventre papillonner devant des images torrides inspirées de la rencontre de leurs plastiques parfaites, là je me dégonfle… non, ce soir là je ne me sens pas prêt pour un plan à trois…

    Non, je ne me sens pas prêt pour ça : je ne suis pas prêt car d’abord un plan à trois me fait peur… peur de ne pas assurer, peur de trop me faire soumettre par deux mecs… peur de tout accepter, de trop accepter dans le feu de l’action et de me dégoûter après, une fois l’excitation retombée, me dégoûter de moi-même…

    Je ne suis pas prêt à cause de la crainte qui me taraude, la peur de gâcher ce truc spécial que je ressens pour Jérém en couchant avec quelqu’un d’autre que lui, quelqu’un qui jouerait le même rôle que lui… j’ai peur de découvrir que je pourrais peut-être prendre du plaisir avec un autre garçon que Jérém… et alors relativiser son charme, sa puissance sexuelle, mes sentiments pour lui… je n’avais pas envie de ça… j’avais tellement envie que Jérém soit à jamais le coup de ma vie, faute d’être le garçon de ma vie…

    Certes, coté plan à trois, il y a déjà eu Guillaume… mais avec Thibault ce serait tout à fait autre chose… avec Guillaume on avait été deux vide couilles pour un seul mâle… avec Thibault je me retrouverais à devoir satisfaire les envies viriles de deux mâles… est ce qu’il n’y aurait pas compétition entre eux ? de la jalousie ? arriverais-je à m’occuper comme il faut de tous les deux ? sans en laisser un sur le carreau ? est ce que ils se disputeraient ma bouche, ma langue, mon ti trou ? est ce que l’un materait l’autre dans la beauté de sa course vers le plaisir ou est ce qu’il frémirait en attendant son tour, impatient, à la limite de se battre pour assouvir ses pulsions de mâle en rut pendant la parade amoureuse, excité au plus haut point ?

    Est-ce que Jérém mesurait bien que cette expérience pourrait changer son regard sur moi ? Est-ce que c’était bien cela à quoi il visait ? M’entraîner dans l’humiliation ultime de faire assister son pote à ma complète soumission à sa sexualité, soumission qui aurait été accomplie dans le geste de me mettre à disposition des envies de son pote, de me mettre à disposition comme si j’étais un t-shirt, une chaussette, un objet qu’on partage sans état d’âme ? M’humilier jusqu’au bout pour ensuite me laisser tomber comme un jouet qu’on aurait usé jusqu’à la corde et qui ne représenterait dès lors plus aucun intérêt ?

    Est-ce qu’il en avait simplement quelque chose à carrer ? Est-ce que le seul truc qui lui importait c’était à la fin de faire jouir sa queue et de pousser un peu plus loin le plaisir qu’il éprouvait à exercer sa domination sur moi en m’obligeant à vider les couilles de son meilleur pote ? Faut dire que j’imaginais bien qu’il devait y avoir des choses bien plus désagréable que de vider les couilles de ce beau Thibault, mais j’avais peur également que ce qu’on allait vivre puisse changer ma façon de voir Jérém, me pousser dans l’humiliation au delà du seuil de non retour… tout dépendait de la façon dont Jérém allait jouer… et jouir…

    Et il y avait une dernière raison qui faisait que ce soir là en particulier je ne me sentais pas prêt à un plan à trois… après autant d’émotions, après tout ce que je venais de vivre, après ce qui s’était passé dans les chiottes, j’avais plutôt envie de me retrouver juste avec lui, sentir sa puissance, la chaleur de ses bras, être au petit soin pour lui et m’employer comme jamais à lui donner du plaisir pour le remercier, pour lui montrer ce que représentait pour moi ce qu’il avait fait…

    Salut – je lance à Thibaut dès qu’ils furent assez proches.

    De toute façon, si Jérém avait décidé que ce soir là plan à trois il y aurait, je ne vois pas comment j’aurais pu m’y soustraire. D’autant plus qu’en voyant Thibault de prés… putain que T-es-beau, mon Thibault… presque un pléonasme… en sentant son putain de déo, je n’avais déjà plus qu’une envie, c’est de le voir à poil avec Jérém, leurs deux queues bien tendues devant mon nez… comme quoi quand les sens et la raison sont amenées à s’affronter, c’est une bataille à l’issue foncièrement prévisible… du moins pour le Nico de 18 ans…

    Salut – me répond Thibault en dégainant un sourire à faire fondre le soleil lui-même. Putain qu’il est craquant ce petit con lui aussi… il est carré, un peu plus petit que Jérém, mais beauuuu mon Dieu, beau à en pleurer… lui aussi…

    Il me tend son bras puissant et voilà que dans le pivotement de l’épaule la manchette moulante de son t-shirt se déforme dévoilant un peu son biceps… je suis tellement sous le choc de sa beauté que je tarde à lui tendre la mienne… putain… s’il pouvait bien me tendre autre chose que sa main… faute de mieux, j’attrape sa paluche et je me retrouve, comme à chacune de fois qu’on s’est dit bonjour, avec ma main broyée par sa putain de prise de mec…

    Pendant une fraction de seconde, mon regarde croise le sien… ce charme… putain… je vais me taper ça… ce soir… comment vais-je faire pour m’occuper d’autant de beauté masculine à la fois ? Je vais devenir dingue, je le sens…

    Jérém semble pressé, alors Thibault lui emboîte le pas, se retrouvant vite à sa hauteur. Les deux potes marchent presque épaule contre épaule, ils avancent à travers le parking… putain, on rentre vraiment tous les trois… ensemble… il ose ça ce petit con de Jérém… j’ai tant de fois fantasmé sur ce plan et là qu’il se profile je suis à deux doigts de me dégonfler…

    Le vent souffle puissant pendant qu’on avance dans les allées du parking immense de l’Esmeralda, les cimes des arbres bordant la route en face sont secouées dans tous les sens ; on marche toujours, la voiture de Jérém doit être garée assez loin… je regarde les deux potes côte à côte… ils sont beaux tous les deux… beaux et virils… putain de dos, de cous puissants… et quoi dire de ces deux culs, de ces deux paires de fesses rebondies à se damner… et quoi dire surtout à propos de mon manque de discernement… depuis le temps je devrais savoir… et surtout savoir l’éviter… éviter l’irrespirable torture de marcher derrière ce genre de petit con à la plastique si parfaite, au déo si généreux, laissant dans le sillage de leur déambulations une trace olfactive qui sublime leur attrait et leur charme… je suis sous hypnose et j’arrive tout juste à capter leur conversation… c’est d’abord la voix calme et bienveillante de Thibault :

    T’es sur que t’as rien ?

    Naaan, ça va…

    Mais c’était qui ce con ?

    Je sais pas, un type qui cherchait la merde… il était beurré… il m’a fait des réflexions…

    Fallait m’appeler…

    Pas eu le temps, mais il a eu son compte…

    (ça je confirme, il a eu son compte ce petit con)

    Tu fais gaffe à toi…

    Mais oui… - il lui sourit, Jérém, complice et un brin taquin…

    Tu sais que si t’as une merde…

    Je sais, je sais…

    Et ce disant, Jérém porte une main sur l’épaule de Thibault, fait mine de le frapper avec son poing tout en le poussant, l’obligeant à faire un écart… Thibault fait mine de se rebiffer, il semble charger, Jérém fait un écart dans l’autre sens… Thibault arrive sur lui, il lui passe un bras autour du cou, le pince presque à hauteur de la machoire… c’est un jeu, un jeu de mec, un jeu de complicité entre potes… on dirait une danse, un ballet… c’est harmonieux, esthétique, sensuel… et c’est beau, putain c’est beau à chialer… cette putain de complicité entre beaux mecs…

    Petit con – réagit Jérém au geste de Thibault… en se dégageant promptement.

    Espèce de petit con toi-même… – lui donne le change Thibault – on dirait que t’as égorgé un cochon…

    C’est un peu ça…

    C’est beau, beau et suggestif cette complicité entre mecs… putain ils ont l’air vraiment en forme, je sens que vais passer un bon sale quart d’heure… putains de mecs jouant dans la même section de bogoss modèle premium… je trouve qu’à l’image comme dans les mots, ces deux là vont si bien ensemble… Jérém, Thibault sont des mots qui vont très bien ensemble… et ça marché même quand on essaye de caler cela sur l’air de McCartney… au point que j’ai du mal à croire qu’il ne se soit jamais passé un truc entre eux, qu’il n’y ait que de l’amitié entre ces eux là… je trouve même cela dommage à la rigueur…

    Certes je suis fou de Jérém, fou de ce que je crois ressentir pour lui, fou de ses blessures que je sens sous-jacentes, masquées par sa carapace de froideur, de dureté, de domination… oui, je suis fou de Jérém, fou bien au delà de l’intimité sexuelle qui s’est crée entre nous, fou à m’en arracher les tripes… mais tout fou de lui que je suis, cela n’empêche pas que le fait de les imaginer ensemble, les deux meilleurs amis du monde, seuls dans un lit en train de se donner du plaisir, franchement je trouve ça beau, beau et naturel, naturel et excitant par-dessus tout…

    On arrive enfin à la voiture… je sens encore ma respiration se couper quand je vois Jérém ouvrir la porte passager et fouiller dans son bordel comme pour faire de la place… là je me dis que l’on va vraiment monter tous les trois dans la voiture et rappliquer dans sa chambre, dans son lit… j’ai les jambes qui tremblent, la gorge sèche… je me surprends en train de prier de me tromper… sauf me retrouver un instant plus tard à éprouver une énorme déception lorsque je vois Jérém se relever et tendre un portefeuille noir à Thibault… putain ce n’était que ça… je suis soulagé et déçu au même temps…

    Déçu car j’avais vraiment cru l’espace d’un instant que ça allait se faire, surtout que vu de près ce putain de Thibault est vraiment à craquer lui aussi… je m’étais bien vu goûter à sa virilité sous le regard excité de Jérém, me faire baiser par les deux potes pour qui je serais alors le moyen ultime de partager le seul truc, le plus intime, qu’ils n’aient jamais partagé : leur sexualité…

    Et maintenant que tout cela devenait à nouveau impossible, que ça redevenait pur fantasme, je me voyais bien rendre Jérém heureux en me regardant donner du plaisir à Thibault, autant que de voir Thibault, excité, me regarder faire à Jérém tous ces trucs de dingue que je lui faisais depuis des mois… lui montrer comment c’est bon l’amour avec un garçon… lui montrer sur Jérém, lui montrer sur lui… oui, définitivement je me voyais bien être celui qui mettrait le mot « fin » à cet effroyable gâchis, à l’Inacceptable Suprême, le fait qu’un mec aussi canon ne connaisse pas les caresses magiques que seul un autre garçon, un garçon qui aime les garçons et qui n’a peur de rien quand il s’agit de leur donner du plaisir, lui seul sait faire…

    D’autre part, j’étais soulagé qu’on ne rentre finalement que tous les deux… j’étais vraiment heureux à l’idée de me retrouver seul avec le beau Jérémie surtout ce soir là, un soir si spécial à mes yeux, et ainsi pouvoir me concentrer sur le plaisir le plus délicieux et sensuel que je me sentais prêt à lui donner après ce qu’il venait de faire… ce soir là j’avais envie de m’offrir à lui comme jamais encore auparavant… je sentais pour lui une attraction qui me faisait bouillir le sang, qui secouait chaque cellule de mon corps, qui emballait ma respiration, qui troublait ma raison… et pourtant Dieu sait à quel point j’avais ce mec dans la peau depuis bien longtemps déjà… mais là ça dépassait et de loin tout ce que j’avais pu ressentir jusqu’à là pour lui…

    T’es sur que ça va aller ? t’as pas trop bu ?

    Putain qu’il est mignon ce Thibault, sous tout point de vue.

    Naaan, ça va, j’ai déjà dessoulé…

    Thibault n’a pas l’air convaincu par les mots de son pote. Il s’adresse à moi :

    T’as pas le permis toi ?

    Non, non… pas… pas… pas encore, juste le code… - pris au dépourvu, je bégaie…

    T’inquiète pas pour moi, papa… - rigole Jérém…

    Faut pas qu’il t’arrive un pépin…

    C’est pas loin chez moi… tu sais… - rigole Jérém - surveille plutôt Julien et Mickael, ce sont eux qui ont besoin de Sam…

    Oh con, eux ils ne rigolent pas avec la boisson…

    C’est à deux heures demain ? – fait diversion Jérémie.

    Oui, à Tournefeuille…

    Durs à cuire ceux là…

    En plus, à deux matches de la fin du tournoi, ils vont tout donner…

    Et nous aussi on va tout donner, cette année on n’est vraiment pas loin… un dernier effort et on l’a le tournoi… demain on va les cramer… - conclut Jérémie.

    C’est pour cela que notre meilleur attaquant doit rester entier…

    Oui, papa…

    Dégage ou c’est moi qui va te frapper… - coupe court Thibault, faisant mine d’être vexé, affichant sur son visage un beau sourire plein de tendresse et d’attachement qui rajoute encore quelque chose à l’attitude bienveillante qui se dégage de ses mots et de sa personne toute entière.

    Ça en est touchant au point d’en être presque émouvant. Je sens que Thibault a pris Jérém sous son aile depuis bien longtemps et qu’il essaie de protéger son pote de ses propres excès… de sa tendance à se mettre en danger… je réalise que dans le beau couple d’amis qu’ils forment tous les deux, Thibault est définitivement le pilier de stabilité, le garçon qui veille sur son pote.

    J’ai déjà dit que c’est beau à pleurer cette complicité entre mecs ? Il se peut bien, mais c’est tellement ça, tellement beau que ça me fait du bien de le redire… c’est carrément à pleurer…

    A demain… - répond Jérém en faisant le tour de la voiture pour aller ouvrir la porte côté conducteur. Il se penche alors vers le vide poches, attrape un truc et se relève, il s’adresse à Thibault :

    T’as des capotes ?

    De quoi ?

    La petite brune de toute à l’heure…

    Quoi la petite brune ?

    Elle en veut après toi…

    Arrête…

    Elle n’a pas arrêté de te mater pendant toute la soirée…

    Conneries…

    Tiens… - tranche Jérémie tout en lui balançant une petite boite en carton – tu vas juste la voir et elle va rentrer avec toi… elle n’attend que ça, que t’ailles la lever…

    Arrêtes de balancer des conneries…

    Fais moi confiance… je le sais…

    Tu sais quoi ?

    J’ai été lui parler…

    N’importe quoi…

    Et je lui ai dit que t’es monté comme un chevreuil…

    Mais tais toi…

    Elle a eu l’air bien intéressée la coquine… elle n’a pas arrêté de te mater de toute la soirée…

    Elle te matait toi plutôt, oui…

    Tu verras, tu t’approches d’elle, tu lui souris et tu la mets dans ton lit comme qui rigole…

    Je suis Sam, tu te souviens ?

    Bah, tu fourgues Juju et Micka à Vincent, il a de la place dans sa caisse…

    Avec toi, tout a l’air simple…

    Tu me diras demain si c’est un bon coup… - lance Jérém, taquin, en s’asseyant dans la voiture.

    C’est ça…

    Bonne bourre… - je l’entends lancer depuis l’intérieur de la 205 rouge, un instant avant de démarrer le moteur…

    Putain… là j’ai eu peur… oui, pendant un instant j’ai eu peur que Thibault réponde « toi aussi »… là j’aurais été mal… dans ma tête c’était tellement clair que je partais me faire sauter par Jérém que je me disais que ça devait se voir… j’avais tellement l’impression qu’il y avait une complicité tacite entre les deux potes, comme si Thibault savait et Jérém savait que Thibault savait et que Thibault savait que Jérém savait qu’il savait… une complicité où les paroles auraient tout gâché… c’est ça être potes… savoir des choses sur l’autre et savoir parfois les passer sous silence quand on sait que ça pourrait créer un malaise ou blesser… savoir comprendre, respecter les choix et les besoin de l’autre, accepter sans juger… ça s’appelle l’amitié…

    Dans tous les cas, je me dis que même si Jérém ne lui en a pas parlé, Thibault a quand même du comprendre… dès lors, j’ai peur de rencontrer son regard et d’y lire ce qu’il doit penser de moi, le vide couilles de son pote…

    Bon retour – il se contente de lancer.

    Ouf, je suis soulagé.

    Bonne soirée… - je lance en direction de Thibault…

    Je claque la porte presque au même temps que Jérémie. Pendant que la 205 sort de la place de parking, Thibault est toujours planté là, juste à l’écart du passage des roues… je croise son regard quand les phares de la voiture mettent sa silhouette magnifique presque en plein jour… je regarde ses yeux et j’ai l’impression d’y voir un peu de tristesse, un petit malaise, un soupçon de nervosité… je me fais peut-être encore un de mes films, mais j’aurais juré d’y voir un peu de déception… oui, j’ai l’impression qu’il serait bien monté dans la voiture avec nous…

    Juste avant d’être ébloui par les phares de la voiture, Thibault lance un clin d’œil qui devait certainement être adressé à son pote mais que pendant un instant je prends pour moi… je sens au plus profond de moi qu’il sait tout pour Jérém et moi… qu’il sait au moins depuis la toute première fois qu’on s’est croisés devant la porte de la chambre de Jérém, quelques semaines plus tôt… ce jour là, en arrivant devant sa porte pour une de nos révisions de l’après-midi en même temps que Thibault quittait la chambre, pour la première fois j’avais éprouvé de la vraie jalousie à l’égard de Jérém… en pensant justement qu’il avait pu se passer un truc entre eux juste avant que j’arrive… ou bien dans une ou dans plusieurs des autres innombrables occasions que deux potes comme eux auraient pour se retrouver tous les deux…

    Ce jour là, dans sa poignée de main, dans son regard, j’avais eu l’impression qu’il savait tout. Et puis il y avait eu cette petite conversation au bar du KL… c’est lui qui m’avait branché, il m’avait parlé de Jérém… son discours était tellement débordant d’affection vis-à-vis de son pote que j’avais eu l’impression qu’il me le confiait en quelque sorte, qu’il me demandait de m’occuper de lui et de faire attention à lui…

    J’avais eu l’impression que ce mec était vraiment un bon gars et qui se souciait du bien-être, du bonheur de Jérém… parce que Jérém comptait beaucoup pour lui, vraiment beaucoup, il semblait me demander de lui apporter une forme de bonheur dont il me devinait capable, un bonheur que sa position de meilleur amis ne lui permettait pas de lui apporter, bien que l’envie soit bel et bien là…

    Jérém suit les flèches blanches au sol qui l’obligent à aller au fond du parking et à contourner un petit rond-point avant de revenir sur ses pas pour diriger la voiture vers la sortie : ce qui fait qu’on repassera forcement devant Thibault…

    Jérém demeure silencieux… j’ai vraiment l’impression que quand il est avec Thibault et quand il ne l’est pas, c’est vraiment un autre mec… à présent, seul dans la voiture avec moi, il a l’air affecté, sombre… son sourire ne fait qu’une courte apparition quand on arrive à la hauteur de son pote, en train de remonter le parking pour retourner dans la boite… Jérém met un petit coup de klaxon et pour toute réponse Thibault lève la main et dégaine un sourire des plus craquants… un sourire doux et sexy à la fois…

    Plus je regarde ce charmant Thibault et plus je me dis qu’il me plait vraiment comme mec… Thibault est vraiment un garçon plaisant… au-delà de sa beauté assez hors normes, ce mec a l’air rassurant, solide, facile à vivre, attentionné, chaleureux, sensible, loyal, fidèle à lui-même, à ses amis et à ses engagements… oui, Thibault est un garçon dont je pourrai facilement tomber amoureux… si seulement je ne l’étais déjà pas, et plus que de raison, d’un certain Jérémie…

    Putain de Thibault, débordant de sensualité, un mec trankil qui respire le calme et la puissance, l’équilibre et les bien être dans ses baskets… un garçon bien bâti tant dans le physique que dans le mental, un garçon à l’intérieur duquel on devine une tendresse, une douceur qui ne demandent qu’à être dévoilées… j’ai même l’intuition qu’il pourrait être le gendre de mec avec qui il serait doux de faire l’amour et de se perdre en gestes de tendresse juste après…

    Et puis, qu’est qu’il est touchant dans son attitude protectrice vis-à-vis de Jérém… on dirait son grand frère, alors qu’ils ont tout juste le même âge… ce petit con de Jérém l’appelle « papa »… Thibault est le mec réglo, qui veille sur son pote, qui sait offrir une véritable amitié… Thibault est le pote qui sera toujours là quand Jérém aura besoin de lui, le mec qui se mettra en danger s’il le faut pour sauver son pote… ça doit réchauffer le cœur d’avoir un pote comme Thibault… sentir quelqu’un qui veille sur soi…

    J’ai vu leur complicité et je trouve cela hyper touchant… je suis d’abord jaloux de cette complicité, de cette amitié que j’ai vue entre eux, une amitié qui remonte à l’enfance, une amitié que rien ne peut faire disparaître… oui, je suis jaloux car je n’ai jamais connu une telle complicité avec un pote, avec personne… je me dis que ça doit être beau et rassurant de compter dans l’amitié de quelqu’un qu’on estime, qu’on porte haut dans son cœur…

    C’est une amitié qui forge leurs personnalités et qui fait se sentir un jeune homme moins seul, surtout à ce moment de la vie, à ce moment du passage de la jeunesse insouciante vers l’âge adulte où on a tant besoin de repères… surtout pour un garçon comme Jérémie, s’étant construit dans le manque de l’affection familiale…

    Thibault était sa famille, le grand frère qu’il n’a pas eu… Thibault était le pote toujours là quand il le faut, qui sait quand parler, comment parler et quand se taire, qui sait quand il faut juste partager une cigarette, un silence… ces deux mecs se comprenaient au quart de tour, parfois sans mots, juste avec un regard… on aurait dit qu’ils se connaissaient par cœur, surtout Thibault vis-à-vis de Jérém, il connaissait par cœur ses faiblesse, ses point sensibles, il savait comment le faire rire, comment le provoquer en mode bon enfant pour le faire rire, pour l’apaiser, pour le rassurer… ils se connaissaient tellement par cœur que j’avais l’impression qu’ils pouvaient percevoir le ressenti de l’autre dans les moindres détails…

    J’avais l’impression que Thibault était perturbé à l’idée que Jérém ait pu se trouver en danger, qu’il ait pu se battre sans qu’il ait pu lui venir en secours… et évidemment il ne m’avait pas échappé ce petit détail, le fait que Jérém ne lui avait pas données les véritables raisons pour lesquelles il s’était battu… je me demandais bien pourquoi… Jérém avait donc un secret pour Thibault ? Notre secret ? Ça faisait partie de leurs non dits ?

    Jérém allume la radio, la musique est jeune et branchée, ça doit être Le Mouv’. Le vent d’Autan souffle toujours aussi fort lorsqu’on prend la rocade ; la voiture semble faire des petits écarts de trajectoire sous l’effet des rafales successives. On est à hauteur de la Cépière quand la pluie commence à tomber ; les essuie glaces usés couinent sur le pare brise plus qu’ils ne font le travail pour lesquels ils sont prévus…

    Jérém ne parle toujours pas, je le regarde du coin de l’œil dans la pénombre, même sa façon de conduire est virile, sa façon d’attraper le volant, de s’installer dans le siège… putain de bijou de mec dans cette caisse pourrie… cette caisse pourrie qui grâce à sa seule présence a pour moi l’allure et le bruit d’une Lamborghini… dans l’espace confiné de l’habitacle, son deo me met en transe… ses bras découverts me font un effet de dingue… son cou, son profil, tout est beau chez ce mec… je suis seul avec lui et j’ai déjà oublié Thibault… il n’y a que lui qui compte, mon insupportable magnifique Jérém, mon héros, le mec grâce à qui je me suis sorti sans une égratignure d’un sacré pétrin…

    Il y a quand même une petite ombre au tableau, un petite note discordante… dans son allure de mec viril, j’ai l’impression de déceler une sorte de fébrilité… son genoux semble sautiller sans répit, ses inspirations sont profondes, ses expirations bruyantes…

    J’ai l’impression que Jérém est bien plus secoué par ce qui vient de se passer que ce qu’il a voulu montrer à Thibault, certainement pour le rassurer… ou alors, est-ce que, désormais à froid, il se rendait désormais compte du danger qu’il avait bravé ?... pensait-t-il au fait qu’il recroiserait peut-être un jour le type avec sa meute et que celui-ci chercherait à se venger ?

    Je le trouve de plus en plus crispé, à fur et à mesure qu’on s’approche de la rue de la Colombette. Je pense avoir quelques idées pour le décrisper… je pense alors au bonheur qui m’attend incessamment sous peu… Jérém m’amène chez lui pour me laisser accéder à sa virilité… je bande comme un malade en essayant de m’imaginer ce que je vais lui faire, ce qu’il va avoir envie que je lui fasse… putain… j’ai envie de lui… j’ai une envie folle de le serrer contre moi, de l’embrasser, de le couvrir de baisers, de le caresser partout, je suis fou de lui… j’ai envie de lui montrer que ce qu’il a fait représente beaucoup à mes yeux…

    Et puis il a dit que je suis son pote… putain, ça vient de sortir ça… j’ai la tête qui tourne en pensant à ces simples mots et en me repassant la scène pour l’énième fois dans la tête, en revoyant son attitude macho et so sexy, en le revoyant prendre mon parti sans même savoir ce qui s’était passé, chasser le danger au péril de soi, défier sans hésiter un mec plus baraqué que lui… putain… ce mec était prêt à se faire cogner pour me sauver la mise…

    Mais pour l’instant son silence me gêne. J’ai envie d’entendre sa voix grave, virile… je me lance, maladroit comme toujours.

    Jérém…

    Quoi ?

    C’est toujours la même réponse quand je m’adresse à lui en l’appelant par son prénom : un « Quoi ? » sec et tranchant, presque hostile, balancé sur un ton dissuasif pour couper au plus court mon courage à aller plus loin… mais cette fois ci je n’ai rien à lui demander, juste un truc à lui dire, alors je ne me gêne pas pour revenir à la charge.

    Juste merci… pour
    J’allais pas laisser ce con te cogner quand même…

    Ouais… comment ça se fait que vous n’êtes pas parti au KL ?

    Bah, changement de programme… et apparemment c’étai une bonne idée…

    Putain oui…

    Qu’est ce qui s’est passé ?

    Je n’ose pas lui dire que le type voulait que je le suce à cause d’un regard un peu trop insistant…

    Je ne sais pas trop…

    Tu l'as chauffe ?

    Jérém a enfin tourné la tête vers moi : il me regarde, je fond. Son regard est pénétrant, interrogatif, profond. Je sens qu’il attend ma réponse. C’est nouveau ça… il s’intéresse à moi autrement que par le biais de mes trous…
    Non… enfin… juste un regard... 

    T’allais le sucer ?

    Il regarde à nouveau devant lui, dans la lumière des phares… il semble légèrement tourmenté.

    Non…

    Mais il te l’a proposé…

    Je n’ose pas lui répondre… je suis mal à l’aise.

    Je l’ai juste regardé parce que je trouvais qu’il n’était pas mal…

    Pas mal ? Tu le trouvais pas mal ?

    Sa main se crispe autour du volant.

    Bah, il n’était pas moche…

    T’as des goûts de chiottes…

    Toujours troublant et ambigu d’entendre ce genre de remarque de la part d’un hétéro… allons voir, là je sens que je vais en apprendre un peu plus sur ce petit con de Jérém. Vas y Nico, piques encore un peu dans le vif et tu vas voir… 

    Il y a plus moche, je veux dire…

    Jérém inspire un bon coup et en haussant la voix sans s’en rendre compte, me lance :

    Thibault est un beau mec, Julien est un beau mec… mais ce machin, enfin Nico… ne te mets jamais en danger pour un nullard pareil…

    (tiens tiens, nous y venons… ah oui, Jérém, t’as raison, Thibault et Julien ce sont des beaux mecs, surtout Thibault d’ailleurs, il est comme toi, il est beau et en plus il a un charme fou… mais le nullard des chiottes il était quand même pas à jeter, loin de là)

    T'as du être rélou pour qu'il soit si énervé
    J’ai l’impression qu’il me sonde pour voir si je serais capable de coucher avec un autre mec que lui. Il me semble de capter un petit truc qui ressemblerait à de la jalousie ?

    Il puait la vodka… - je me dédouane.
    Ça c'est vrai
    Tu devrais faire gaffe… tu sais… les mecs n'aiment pas être regardés comment tu les regardes

    Voilà une mise en garde qui ressemble à une recommandation tendancieuse.
    J'aime les mecs

    Ah, ça je sais… suffit de voir comment tu les mates…

    Toi tu mates bien les nanas…

    Oui, mais pour un mec mater les nanas est moins dangereux que mater d’autres mecs… si je n’étais pas arrivé, le mec t'aurait cogné…

    Ca c’est vrai… merci encore… tu as été incroyable…

    Je sens que mes compliments le décrispent un peu. On arrive rue de la Colombette, on la parcourt de tout son long mais il faut rejoindre le Canal Riquet pour trouver une place. On remonte la rue de la Colombette jusqu’au numéro … là où se trouve l’entré du dortoir. Il pleut toujours et les gouttes finissent par tremper nos t-shirts et nos cheveux. Putain… ce coton blanc collé à la peau… on ne peut pas imaginer plus sexy, mon esprit en est carrément incapable…

    Une fois encore, j’ai l’impression que nous sommes des saumons nageant à contre courant… c’est exactement l’heure de la migration gay du comptoir de la Ciguë à la piste de danse du ON OFF… la rue de la Colombelle est le lit de rivière qui unit les deux extrémité d’un écosystème bien connu… le Toulouse gay vit à fond la nuit encore jeune.

    On croise pas mal de garçons, certains seuls, d’autres accompagnés, d’autres encore en bandes plus ou moins fournies, se dirigeant vers le Canal… de nombreux regards fuyants dévorent carrément mon beau Jérém… et les traces rouges sur son t-shirt blanc doivent bien intriguer les esprits…

    A cet instant précis je réalise quelque chose qui ne m’avais jamais encore chatouillé l’esprit… putain, je me dis… Jérém habite vraiment pas loin de deux hauts lieux du milieu gay toulousain… et la question tombe comme une lame dans mon esprit… est ce qu’il y a déjà mis les pieds ? Est-ce qu’il ne s’est jamais fait brancher en rentrant chez lui ? Impossible à croire à mon sens…

    Je commence à sentir la jalousie monter en moi et parasiter dans mon esprit le plaisir d’être là avec lui, après cette folle soirée, en train de marcher sur le trottoir pour regagner sa petite chambre… heureusement le malaise est de courte durée… lorsque nous arrivons devant la porte du dortoir, je réalise tout simplement que c’est avec moi qu’il va rentrer ce soir, que dans un instant je serai en train de m’envoyer en l’air avec lui… à ce moment là plus rien d’autre ne compte, rien d’autre n’a de sens… je vais coucher avec le garçon que j’aime…

    Je monte les marches derrière lui, toujours en état de choc à cause de ce putain de deo entêtant, toujours en train de me demander comment je fais pour ne pas me jeter direct sur lui… et encore le supplice est de courte durée… sa chambre n’est qu’au premier étage…

    Et nous voilà devant la numéro 23… Jérém tourne la clef dans la serrure, la porte s’ouvre sur l’obscurité de sa chambre… je lui emboîte le pas… et il est là, moi avec lui, son t-shirt Airness blanc mouillé épousant d’une façon scandaleuse son physique de dingue, son jean tenu par une belle ceinture de cuir épaisse, une vraie ceinture de mec, la braguette laissant entrevoir une jolie bosse à travers de laquelle je devine, je reconnais l’érection de sa queue… je peux presque sentir l’odeur de son sexe à travers son jean…

    Le mec est là, appuyé au mur, devant moi, il me toise, il me jauge. Ses cheveux mouillés dégoulinent sur son visage, putain que c’est sexy, rien que ça… Il a un regard très viril mais qui semble moins dur que d’habitude… dans ce regard il y a quelque chose de doux et de touchant ce soir là…

    Jérém se débarrasse de son t-shirt mouillé et taché en le laissant atterrir nonchalamment au sol, avec un geste rapide et tellement mec que j’en ai déjà la tête qui tourne, même avant de me trouver confronté à la beauté de son torse dans la pénombre… le store de la porte fenêtre n’est baissé qu’à moitié, quelques rayons de la lumière de la rue arrivent à rendre justice à cette plastique indescriptible… sa chute de reins dépassant outrageusement de son jean et de l’élastique d’un boxer Calvin Klein…

    Quel bonheur de me retrouver devant mon beau Jérém, en pleine forme, sain et sauf… j’ai vraiment eu peur qu’il se fasse mal dans ces putains de chiottes… on ne sait jamais ce qui peut se passer quand deux mecs un tantinet éméchés par l’alcool se lancent dans la bagarre… on sait où ça commence mais pas où ça peut se terminer… peut-être à l’hôpital ou bien à la morgue… il suffit que l’un des deux glisse sur le sol humide… ça peut arriver très connement un accident… ça arrive toujours connement… un coup, un gars perd l’équilibre, il tombe, sa tête cogne quelque part et c’est le drame… j’ai vraiment eu peur de le perdre, de le perdre à cause de ma bêtise… la vie est fragile, elle ne tient qu’à un fil, même celle d’un garçon de 19 ans foutu comme Jérémie…

    Ce soir là j’ai envie de m’offrir à lui comme jamais encore auparavant, j’ai envie de lui montrer à quel point ça compte à mes yeux ce qu’il a fait pour moi… j’ai envie de lui montrer à quel point j’ai trouvé cela sexy et touchant à la fois… je ne sais même pas comment faire pour exprimer ce que je ressens, son parfum arrive à mes narines, je suis fou… je me débarrasse de mon t-shirt à mon tour… et soudainement je réalise… c’est décidé… ce soir je vais juste me laisser transporter par mon instinct, par mes envies, quitte à me faire jeter… nos révisions nous sont comptées, alors, un peu plus ou un peu moins… je sais que je m’en voudrais un jour si ce soir je ne tentais pas ce que mon cœur emballé me commande de faire…

    Dans un élan sans hésitation, presque désespéré, je m’avance vers lui… je passe mes bras sous les siens… mes mains se rejoignent dans le creux de son dos juste en dessous de ses épaules; je pose mon visage dans le creux de son cou…, mes lèvres effleurent la peau entre sa clavicule et la base de son cou… limite de zone autorisée… je m’aventure en terrain miné… je sais que ça peut partir en vrille à chaque instant… tant pis… j’ai dit que ce soir là j’allais aller là où le cœur m’amenait… je le serre à moi décollant ses épaules de la paroi, permettant ainsi à mes mains de remonter vers ses épaules… je me surprend à oser l’audace extrême d’en pousser une jusqu’à son cou pour atteindre cette région à la base de sa chevelure, si douce et si sensible… je le serre encore à moi, je sens la chaleur et la fermeté de ses abdos, de ses pectoraux, je sens son parfum de tout près, je suis au Paradis… je ne suis plus sur Terre, je plane je suis le mec le plus heureux de la Haute Garonne…

    Jérém ne réagit pas mais se laisse faire quand même… ses bras sont toujours immobiles mais je ne décèle aucune réaction hostile… mon audace devient alors folie… je laisse libre cours à ma bouche… j’embrasse son épaule, son cou, je remonte sur sa joue, jusqu’à son arcade sourcilière, jusqu’au front… mes mains sont fébriles… elles se baladent dans ses cheveux, dans son dos, sur ses épaules…

    Et c’est là que tout semble basculer… Jérém s’anime d’un coup… c’est comme un éclair, je sens ses avant bras se plier, ses mains saisir mes bras à hauteur des biceps dans une prise ferme et puissante… il serre très fort, il me fait presque mal… je me dis que j’ai franchi la ligne invisible et qu’il va me jeter, que j’ai encore gâché cet instant magique avec trop de mièvrerie… je sens sa prise se faire encore plus puissante, ses bras m’éloigner lentement de son torse, je perds le contact avec ses pectoraux, avec la chaleur et la douceur de sa peau… je me sens comme un ours à qui on aurait arraché sa fourrure… j’ai froid, mon corps souffre…

    Je n’ose pas le regarder dans les yeux alors que j’en ai tellement envie… tellement envie que le cœur m’y amène… lentement, timidement, je lève mon regard et je croise le sien, brun, ténébreux, inquiet… un regard qui me semble bien différent du regard froid, arrogant et insolent du jeune mâle en rut que je lui ai connu jusque là pendant nos baises… non, là c’est un regard touchant, troublant, presque doux… j’ai comme l’impression… putain… j’ai comme l’impression qu’il a envie de tendresse ce soir… nos têtes sont à une vingtaine de centimètres, je sens sa respiration, je sens les battements de mon coeur qui secouent ma poitrine… j’ai envie et j’ai peur, je ne sais pas lire dans son regard…

    Et c’est là que l’impensable se produit… je crois rêver… je le vois sa tête approcher et un instant plus tard je sens ses lèvres se poser sur les miennes… son approche est hésitante, furtive… je sens de l’excitation et le refus de s’y abandonner, comme un flottement, je le sens nerveux, inquiet… il finit par mordiller ma lèvre supérieure… ça ne dure qu’une fraction de seconde, juste avant de me repousser sèchement avec ses avant bras, comme dans un mouvement de répulsion… nos têtes sont à nouveau séparées, son regard est sur ses chaussures…

     

    Au secours… quelqu’un aurait-t-il le mode d’emploi de ce mec ?


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    Précédemment dans « Cinquante nuages de Jérémie » : L’apparition de Thibault à côté de Jérémie sur le parking de l’Esmeralda avait provoqué des émotions plutôt intenses dans la tête de Nico. L’esprit heureux et emballé, Nico était monté dans la voiture de Jérémie direction rue de la Colombette. Thibault semblait déçu de ne pas avoir sa place dans la 205, et peut-être dans le lit de Jérémie ce soir là. Quelque chose qui ressemblait à de la jalousie semblait s’être dévoilée au travers de certains mots du beau brun vis-à-vis de l’attitude de Nico face au type dans les chiottes de l’Esmeralda…

    Le vent qui souffle, la pluie qui tombe, une chambre d’étudiant plongée dans la pénombre, des gestes tendres et sensuels vécus sans laisser les mots gâcher l’instant magique… un baiser hésitant avait été posé sur les lèvres de Nico… un nouveau choix à faire pour Nico à la fin de l’épisode… de la semaine prochaine…

     

    Et c’est là que l’impensable se produit… je crois rêver… je le vois sa tête approcher et un instant plus tard je sens ses lèvres se poser sur les miennes… son approche est hésitante, furtive… je sens de l’excitation et le refus de s’y abandonner, comme un flottement, je le sens nerveux, inquiet… il finit par mordiller ma lèvre supérieure… ça ne dure qu’une fraction de seconde, juste avant de me repousser sèchement avec ses avant bras, comme dans un mouvement de répulsion… nos têtes sont à nouveau séparées, son regard est sur ses chaussures…

    Au secours… quelqu’un aurait-t-il le mode d’emploi de ce mec ?

    Allez, laisse toi aller Jérém ! Voilà ce que j’ai envie de dire, de crier… mais je sais que ça ne servirait qu’à le crisper davantage et à me faire jeter… s’il veut aller plus loin, il faut qu’il y vienne tout seul, coûte que coûte… quitte à y passer la nuit entière… c’est un instant, je le sens inspirer très fort, j’ai l’impression qu’il lutte contre lui-même, que sa tête et son cœur sont le théâtre d’un combat épique entre raison et sentiment, entre envie et crainte, entre passion et doutes…

    Jérém, pourquoi résistes-tu ?

    Je respire très fort, mon cœur s’emballe, cette fois ci c’est sûr, il va bondir de ma poitrine, tomber par terre, s’écraser au sol devant lui… j’ai envie de sa bouche, de ses lèvres tièdes et douces, de sa langue chaude et humide… je me jette sur lui, je l’embrasse à pleine bouche… il se laisse faire, je lui fais des bisous tout légers… je bande comme un malade, lui aussi il bande comme un malade, je le sens au travers de sa braguette qui se presse contre la mienne… ce soir là je ne suis plus son soumis et lui n’est plus mon dominant, nous sommes deux garçons qui se donnent du plaisir…

    Déjà il ne me repousse pas, ce qui est un exploit en soi… de plus, à un moment j’ai l’impression de sentir ses lèvres bouger, seconder les mouvements des miennes…

    Je sens Jérém trifouiller sa ceinture, défaire sa braguette, descendre son jean et son boxer, sortir sa queue dressée comme un I et la presser contre ma bosse… je défais à mon tour ma ceinture et ma braguette, je me retrouve la queue en l’air… Jérém pousse son bassin vers l’avant, nos queues se rencontrent, la sienne est si tendue que j’ai l’impression qu’elle écrase la mienne… nos tétons se frôlent, s’excitent…

    Je l’embrasse longuement dans le creux du cou, mes bras le serrent contre moi… et maintenant les siens aussi m’attirent vers lui, on est collés l’un à l’autre… c’est dans le transport d’une excitation sensuelle encore jamais atteinte que je porte une main entre nos bassins, mes doigts cherchant nos deux sexes, les réunissant en une seule prise… je commence à nous branler, gland contre gland, tout doucement… un truc de fou, de fou !… il adore, il frissonne, le mec a une trique d’enfer…

    Je continue ainsi pendant un petit moment mais je finis par succomber à l’envie de le sucer… je relâche la prise de ma main, celle de mes bras, je remue mon torse pour lui communiquer mon intention de me dégager… il saisit mes intentions car je sens ses bras relâcher l’étreinte… je peux ainsi plier mon buste, embrasser son torse, agacer ses tétons, descendre tout doucement vers son sexe… humer au passage tous les parfums délicieux, les senteurs, les odeurs masculins propres à chaque région de son corps… au milieu de ma randonnée olfactive et buccale, je fais étape à son nombril magnifique posé au beau milieu de ses abdos saillants… et une fois repris mon chemin, je suis hypnotisé par cette ligne de poil délicate qui me ramène les premiers petits odeurs de son sexe… je suis dingue quand j’arrive à son pubis… je me perd dans cette chaleur, dans cette douceur, dans cette envie…

    J’ai envie de tout sentir, de tout déguster… je contourne sa queue magnifiquement tendue et je vais rendre hommage à sa sacrée paire de couilles, tout en recommençant à le branler doucement… ma bouche s’affaire sur ses bourses, j’ai vraiment faim de lui faire plaisir, de lui montrer à quel point je suis impressionné par sa sexualité… ma langue chatouille ses couilles sans répit, j’en gobe une et puis l'autre, insatiable, inlassable, ivre…

    Qu’est ce que ça peut être distrayant et plein de surprises que l’amour physique avec un beau garçon… je suis dingue, je suis dingue d’autant plus qu’il me laisse faire, qu’il ne semble pas pressé de précipiter les choses… il me permet de me faire plaisir… à lui faire plaisir… c’est l’osmose, c’est jouissif… je profite de cette aubaine, de ce temps octroyé à mes envies, je renifle, je lèche, je caresse, je regarde, je m’enivre de la forme douce de ses bourses bien remplies, de la puissance de sa queue en érection… je reste ainsi un petit moment comme sous hypnose, jusqu’à que l’envie de l’avoir en bouche soit plus forte que tout…

    D’un geste rapide, je remonte mon buste, j’avale son gland, je laisse glisser sa queue entre mes lèvres bien serrées et humides jusqu’à que ma bouche soit complètement envahie par son gourdin, jusqu’à que le haut de mon palais ne soit flatté par le contact avec le bout de son gland pulpeux…

    Mes lèvres coulissent sur sa tige, ma langue cherche le creux de son gland dès qu’il arrive à sa portée… j’apprécie le bonheur de m’approcher et de m’éloigner alternativement de son nombril, de ses abdos, de son parfum, de l’odeur de sa peau, de sa chaleur…

    J’entends le vent dehors souffler à bloc… les rafales sont parfois tellement puissantes que le store fait un bruit de lattes en plastique secouées, je l’entends siffler sur les murs de l’immeuble, se faufiler dans les rues de Toulouse… et moi je suis là, bien à l’abri, en train de prendre en bouche mon fabuleux Jérémie… j’ai envie d’être nu, j’ai envie de le voir complètement nu dans toute sa beauté… j’ai envie de sentir sa nudité sur moi, son torse contre mon torse, son bassin pressant mon bassin, se jambes contre les miennes… alors je prends sur moi pour accomplir cet effort surhumain… oui, il faut bien un effort surhumain pour obliger sa propre bouche à quitter cette queue délicieuse avant qu'elle n'ait craché tout son jus...  

    J’ôte mes lèvres de son mat comme un pansement de la peau, presque en l’arrachant… ma bouche se décolle de son gland avec un grand bruit de succion. Pendant que je me dessape, fébrile, maladroit, empâté, je ne peux pas quitter son sexe des yeux… ce sacré manche tendu, son gland décalotté… je ne sais même pas comment je finis par me retrouver à poil, tellement occupé à le mater en train d’enlever son jean, son boxer… ses baskets, ses chaussettes, terminer avant moi et se redresser, son corps athlétique dans toute son envergure, dans toute sa perfection, tout juste habillé de sa petite chaînette de mec… habillé de sa nudité, de sa splendeur, sa queue tendue comme une branche d’arbre… j’ai vraiment faim de lui…  

    Je le regarde, scotché… je finis par me secouer, par ravaler ma salive, par respirer un grand coup, par lui lancer un petit sourire tout timide et embarassé… par avancer vers lui et lui tendre la main… il me toise, sans réagir… je fais alors un autre pas et je lui saisis carrément la main, je fais le geste de l'attirer vers le lit… il oppose une résistance… il dégage sa main de ma prise et se dirige tout seul vers le lit, me devançant. Il s'y allonge, appuyé sur ses deux coudes, le torse incliné. Il veut ma peau, là c’est clair…  

    Ce qui s’en suit est tout simplement beau, beau et naturel... je le suce… c’est une évidence, une loi naturelle… il s'allonge, accoudé, et je le suce… c'est ainsi que l'univers tourne… un beau mec s’accoude sur un lit et un homo le suce… oui, je le suce, j’ai envie de lui faire plaisir comme jamais encore auparavant… je lui poli le gland avec des grands coups de langue… et puis c’est l’extase… il change de position, son buste redescend sur le matelas abandonnant l’appui de ses avant-bras… je sens ses mains derrière ma tête et là je suis fou, je sens ma respiration s’accélérer, j’ai l’impression que je vais m’évanouir… ses mains ne se posent pas sur ma nuque pour me faire mieux avaler sa queue… non, le contact est léger, feutré… waaaaah… je rêve… ce contact ressemble à une… à une… oui, à une caresse ! Une caresse qui se prolonge, qui a presque raison de moi… 

    J’en tremble, presque secoué de spasmes… je n’arrive plus à contrôler mes mouvements… ma bouche a du mal à tenir le rythme… trop d’émotions parcourent ma peau, mon ventre, ma tête, mon cœur… je sens mes sentiments déborder, j’ai envie de pleurer tellement je suis heureux… à ce moment là je suis le mec le plus heureux de Midi-Pyrénées… 

    Je sors sa queue de ma bouche et j’entreprends de le branler lentement pendant que ma langue s’affaire gourmande dans le creux de son gland… je sais que Jérém est particulièrement excité… et je sais ce qui se produit quand Jérém est excité à ce point… sa queue commence à délivrer ce petit jus de mec qui précède parfois l’éjaculation… et alors c’est le plein bonheur… pendant que ma main entretien l’excitation de sa tige, ma langue s’active dans le creux de son gland, heureuse à la fois de contribuer au plaisir de Jérém, de faire jaillir ce jus de mec, et de récolter le goût sans cesse renouvelé de la mouille qui suinte de son gland…

    J’ai envie… non… j’ai besoin de le sentir jouir dans ma bouche... je gobe entièrement sa queue, bien décidé à lui offrir le bouquet final… j’ai à peine commence à faire coulisser mes lèvres sur sa bite avec un entrain renouvelé que je l’entends me chuchoter : 

    Attends… 

    Je le vois remonter le torse avec une souplesse incroyable… je vois ses muscles abdominaux se contracter et devenir encore plus saillants… son torse est désormais complètement relevé devant moi, prenant appui sur ses genoux… j’en fais de même et nous nous retrouvons face à face… il me regarde dans les yeux et je m’aperçois que dans son regard il y a quelque chose de séduisant et de touchant que je ne lui ai encore jamais connu… décidemment je ne suis pas au bout de mes surprises avec ce mec… non, vraiment pas… et je vais par tarder à en avoir une preuve encore plus saisissante… je suis tellement hypnotisé par son regard brun et pénétrant que je ne m’aperçois pas que son bras a bougé, que sa main a bougé… c’est la surprise la plus totale, la plus excitante, quand je sens le contact de ses doigts sur ma queue...  

    Petit con de Jérém… il est en train de me branler lentement tout en me regardant droit dans le yeux… oh, c'est beau… oh, c’est bon… c’est si bon de sentir la prise ferme de sa main, la chaleur de sa paume, le frottement de son pouce sur mon gland… non, je ne rêve pas… Jérém est vraiment en train de me branler… son regard se déplace de sa main, en train de faire des va-et-vient sur ma queue et mes yeux… son autre main a entrepris de coulisser lentement sur sa queue… je sens ses respirations profondes, je les vois soulever sa poitrine, mettre encore plus en relief ces abdos qui me font tant délirer…

    C’est tellement bon… l’effet de sa main sur ma queue… jamais aucune main autre que la mienne n’avait encore jamais touché ma queue et c’est dingue comme sensation… et en plus c’est Jérém ! Jamais je n’aurais cru que cela se produirait un jour, jamais je n’aurais cru qu’il es serait seulement capable… mon ventre est parcouru de spasmes… tout mon corps tremble, je sens ma transpiration se mettre en route, je sens que s’il continue de cette façon je vais jouir très vite…

    Vas y doucement, Jérém… sinon…

    Il ne me laisse pas terminer la phrase, ses deux mains arrêtent d’un coup leurs occupations jumelles… elles sont désormais chargées d’une autre mission… se poser sur mes épaules pour communiquer à mon buste la volonté de leur maître… je me laisse entraîner par les bras de Jérém et je sens mon corps pivoter doucement, lentement, on finit par échanger de position sur le lit… Jérém est désormais vers le fond du lit et moi je suis dos aux oreillers.  

    Il s’avance vers moi, nous visages ne sont désormais qu’à une distance si réduite qu’avec une simple inclination du dos nos bouches peuvent se rencontrer. Je regarde ses lèvres et j’ai soudainement envie de les embrasser à nouveau… je regarde ses yeux et j’y vois un regard qui a toujours l’air ouvert à des expériences auparavant taboues… j’ai envie de l’embrasser et je vais l’embrasser… mon buste s’incline, mes lèvres se posent sur les siennes et Jérém accepte mon baiser… ce premier sera suivi d’autres, très nombreux tant j’avais l’impression que ses lèvres, bien qu’immobiles, semblaient apprécier ce contact doux…  

    Je ne peux pas résister à la tentation de le serrer à nouveau très fort à moi, un bras retenant fermement son torse contre le mien, l’autre main s’agitant à caresser sa magnifique chevelure de beau brun charmant… je le serre très fort pendant un petit moment, avant de relâcher mon étreinte… nous sommes à nouveau face à face et il me regarde en silence… et puis à un moment son regard s’ouvre en délivrant ce qui ressemble à un beau petit sourire… un sourire léger, doux mais coquin à la fois, un sourire comme il en aura souvent le secret plus tard, dans une autre saison de notre histoire… 

    Et là, voilà que le petit fripon lève sa main pour la poser sur mon sternum et exercer une pression délicate mais ferme… Je seconde son mouvement pendant que je déplie mes genoux, j’allonge mes jambes et je me trouve ainsi allongé sur le dos… il s’allonge sur moi, ses jambes enlacées aux miennes, son bassin sur le mien, sa queue contre la mienne, son torse sur mon torse… il saisit mes poignées et les relève au dessus de ma tête… c’est sexy mais c’est doux, terriblement doux, il me regarde avec une intensité troublante… j’ai l’impression qu’il va m’embrasser… allez, Jérém, un petit effort, tu vas y arriver… 

    Il a l'air bien secoué mon Jérém « à moi »... ce soir là il était passé par toute une palette de sensations les une plus forte que les autres... la colère, l'agressivité, l'emportement... et puis… et puis j’avais vraiment eu l’impression que l’idée que j’aie pu mater et envisager un autre mec lui avait fait bouillir son sang à moitié napolitain... il me voulait tout pour lui, son pd… et je me prend alors à rêver que le fait d’avoir vu un autre mec s’intéresser à moi, même si juste pour un tour dans une chiotte de boite de nuit, ça avait du faire un déclic dans sa tête, lui donner l’envie d’aller plus loin avec moi…

    Mais là, à froid, voilà cette lutte dans sa tête, dans son cœur, cette lutte entre l'envie de se laisser aller à des moments de tendresse, de complicité, de sensualité et ses résistances, ses réticences à y céder, cette lutte battait son plein... son esprit submergé par la peur de franchir le point de non retour vers un érotisme qui lui faisait toujours peur… la peur d'aller trop loin, de se perdre, de devenir quelqu'un d'autre, la peur de perdre le contrôle de soi et de céder irrémédiablement et définitivement à une tentation, à une pulsion inavouable... la peur d’aller au delà d'une histoire de cul somme toute acceptable tant que c'était lui le mec et qu'il n'y avait pas de sentiments... et qu’il gardait le contrôle…

    C’était bien là le gros dilemme du beau brun… il sentait des trucs changer en lui... et ça l'inquiétait… ça le déchirait ça le secouait... j’avais l'impression que pour la première fois de sa vie Jérém avait laissé tomber l'armure et il avait laissé parler ses envies profondes, ce besoin d'affection et de tendresse qu'il refoulait depuis toujours… oui, j'avais l'impression que pour la première fois Jérém n’allait pas simplement me baiser… j’avais l'impression qu'il allait me faire l’amour...

    Je regarde son visage au dessus du mien, sa petite chaînette qui pendouille et qui arrive par moments à effleurer la peau de la base de mon cou… nom d’un chien, qu’est ce que c’est excitant ce contact léger et inconstant… ah ! là ! là !… il va le faire… mince alors… il n’a pas fait tout ça, il ne s’est pas allongé sur moi, il n’a pas mis son visage à quelque centimètres du mien pour se dégonfler… il va m’embrasser… enfin, Jérém, t’attends quoi, fais le… embrasse moi !

    Ça ne vient pas, je m’impatiente, je ne résiste pas à la tentation et je tente de remonter la tête pour approcher mes lèvres des siens… d’un geste brusque il relève légèrement son buste, portant sa bouche hors de ma portée… la prise de ses mains sur mes poignets s’est faite encore plus puissante, plus serrée… son regard s’est un peu assombri : s’il reste charmant, doux, gentil, il est désormais plus loin de moi, perdu… je le savais que ça allait arriver… j’ai gâché l’instant… j’ai envie de pleurer… qu’est ce que je m’en veux… qu’est ce que je suis con !

    Jérém lâche la prise sur mes poignets et je ne vais par tarder à comprendre pourquoi… il se prépare pour son assaut, il se prépare à prendre son pied en moi… il crache une première fois dans sa main et il enduit sa queue, il crache une nouvelle fois sur ses doigts et vient étaler sa salive sur ma rondelle… un de ses doigts se pousse jusqu’à l’intérieur provoquant en moi un sursaut de plaisir…

    Ses mains puissantes attrapent mes hanches et m’attirent fermement à lui… le geste est puissant, décidé, assuré… elles se chargent ensuite d’écarter mes fesses et de préparer le passage de son gourdin… un instant plus tard je sens sa queue humide se glisser au fond de ma raie et exercer une pression bien visée sur mon ti trou… ça y est… sa tête puissante finit par vaincre la petite résistance opposée par ma rondelle et son manche finit par rentrer lentement en moi…  

    Ses mains sont revenues sur mes poignets… il me regarde dans les yeux… son regard brun est si intense que j’en suis étourdi… Qu'est ce que j’ai fait ? Qu'est ce que un simple regard maladroitement adressé à un bourrin avait pu engendrer comme révélation autant dans mon coeur que dans le sien…

    Son bassin commence à onduler avec ces mouvements cadencés qui me rendent dingue… Je sens sa respiration sur moi, son regard sur moi, ses yeux un peu tristes, pleins de douceur et de doutes… je regarde les muscles de part et d’autre de son cou puissant dessinant cette chute d’épaules si parfaite, je les vois se gonfler sous l’effet de ses mouvements… tous les muscles dessinant le V époustouflant de son beau thorax sont en action… pectoraux, abdos, grand oblique, grand dorsal … jusqu’à sa chute de reins saillante, vertigineuse… ce mec est un cours d’anatomie masculine à part entière… à donner vocation à faire médecine…

    Ce sont exactement les mêmes muscles que j’avais vu se mettre en action lorsqu’il se préparait à attaquer le type dans les chiottes de l’Esmeralda, mis à part le fait que là ils sont complètement nus, exposés devant mes yeux, rien que les miens… c’est beau, c’est beau, c’est beau, j’ai envie de pleurer tellement c’est beau ce mec enfoncé au plus profond de moi, en train de prendre son pied en moi et de m’en donner tellement par la même occasion…

    Sa queue coulisse en moi, lentement, avec des aller retours amples… à chaque retour je sens la tête de son gland titiller l’entrée de mon ti trou… c’est beau et sensuel… ça aussi c’est nouveau… son attitude… on dirait qu’il cherche son plaisir, certes, mais qu’il cherche également à me faire plaisir… peut-être que ce n’est que le fruit de mon imagination, une idéalisation de lui après ce qui s’est passé un plus tôt dans la soirée… peut-être…

    Ce soir là Jérém n'est plus à mes yeux que le magnifique apollon qui me rend fou de lui, la bête de sexe qui me rend dingue de sa queue, le garçon insaisissable, mystérieux et ténébreux qui me rend amoureux de lui… ce soir là Jérém est le mec qui m'a sauvé la mise, le mec qui a pris ma défense comme jamais personne ne l'a fait au collège et au début du lycée quand je souffrais sous les moqueries et les insinuations sur ma sexualité…

    Ce soir là je suis là avec lui, et j’ai l’impressions que lui aussi il est là avec moi, entièrement là avec moi, pour la toute première fois… et c’est beau cet instant, cet instant pendant lequel je sens sur moi la puissance de son corps dans le feu de l’action, sa recherche du plaisir mélangée à son besoin de tendresse… oui, c’est beau et c’est bon… bon à me rendre fou, bon au delà de tous mes espoirs les plus insensés…

    Dans son regard, fini cette attitude de mâle dominateur, cet aplomb insolent de petit con trop assuré de son charme et de sa sexualité, de petit con tour juste bon à gifler… ce soir là Jérém ressemblait à s’y méprendre à un être sensible et touchant dans un corps d'apollon… zut… je me dis… c’est donc ça… son arrogance limite méprisante n’est qu’une carapace dont le vernis commencerait enfin à craqueler sous mes yeux ébahis ? Je commence vraiment à y croire et je suis le mec le plus heureux de France…

    Il lâche mes poignées et finit par prendre appui sur ses mains plantées de part et d’autre de mon torse… il arrête ses foulées, je le sens frissonner, ayant du mal à contenir son excitation, luttant contre con physique pour résister à la venue trop rapide d’un orgasme qu’il veut repousser pour goûter encore à cette excitation qui a l’air de le rendre dingue… sa queue bien calée au fond de moi, il cherche à maîtriser ses sens… il respire profondément, sa peau et moite, à la limite de la transpiration… son cou se plie, sa tête se baisse… et alors ce n’est plus son beau visage que j’ai devant les yeux… ce sont ses beaux cheveux bruns épais dont la fixation au gel est en train de cesser son effet… ils me font si envie… ils ont l’air si doux… je ne peux pas me retenir de lever mes bras et de caresser sa nuque, son cou, ses cheveux, d’offrir à mes doigts la sensation agréable de caresser la peau douce de son dos… là encore il se laisse faire, docile, sans broncher…

    Au bout d’un moment, il finit par relever la tête… et lorsque nos regards se croisent… j’ai l’impression que son regard est carrément troublé… j’ai l’impression de lire dans ses yeux une angoisse et une inquiétude palpables… c’est si attendrissant que je sens un frisson monter de ma poitrine… je dois me maîtriser pour ne pas partir en sanglots…

    J’ai l'impression que nombre de tensions sont en train de se libérer de son cœur, de son ventre, de sa tête… un séisme puissant est en train de le secouer de fond en comble… Jérém est en train de gagner son bonheur pas à pas, en luttant contre lui-même, à chaque instant… c’est une guerre fratricide entre deux factions opposées appartenant au même cœur, au même esprit… une lutte dévastatrice, épuisante, lui laissant pourtant entrevoir quelque chose au delà des décombres d'une bataille sans merci et qui n’est hélas qu’à ses débuts… c’est un nouveau monde, un nouveau lendemain qu’il semble entrevoir... une nouvelle façon d’être vers laquelle il se sent attiré mais dont la route d’accès s’annonce si longue, si fatigante et si douloureuse, au point de paraître effrayante…

    Son coeur est à feu et à sang. J’ai l’impression qu’il attend quelque chose de moi, un geste, un réponse, un signe, à être rassuré… je ne sais pas comment lui apporter ce dont il a besoin ce soir là… à cet instant précis… j’ai envie de l’embrasser, de lui dire tous les mots doux qui remontent à mes lèvres… mais j’ai tellement peur de rater le coche, tellement peur de me prendre les pieds dans le tapis, tellement peur de me faire jeter comme déjà trop de fois… je n’ose pas… pourtant Dieu seul sait oh combien j’en ai envie… je suis farouchement attendri par son regard… j’ai l’impression qu’il est en train de m’ouvrir son cœur, de me montrer ses faiblesses… pendant que moi je me dérobe…

    Alors que j’ai toujours prié qu’un moment comme celui là se produise, je suis en train de laisser passer l’occasion comme un con… il faut que je marque le coup… à tout prix… je sais que les mots peuvent faire plus de mal que de bien… alors il ne me reste pas le choix… un sourire, un petit sourire plein de douceur et de tendresse… je me dis qu’un petit sourire ça ne peut pas faire de mal… je lui apporte ce sourire et Jérém reprend une profonde inspiration, il me sourit à son tour et… et… et… je fonds, je me liquéfies… son sourire est tendre et d’une douceur incroyable… mais alors… alors d’où il sort encore ça… décidemment, ce garçon n’a pas fini de me surprendre …

    Dès lors, mes mains ne peuvent plus résister à la tentation de glisser sur ses épaules à la chute époustouflante… mon geste semble donner le signal pour remettre en branle la (sex) machine « Jérémie »… ses coups de reins reprennent doucement, ses allées venue sont lentes, délicieuses… par moments il ferme les yeux… il les rouvre de façon inattendue… il me regarde… il frémit… il me regarde frissonner… il déguste son plaisir et le mien en chaque moindre parcelle… je sens que c'est tellement intense que cette nuit là « mon » Jérém ne va jouir qu'une fois, mais que cette fois là sera unique de par sa durée, de par l’intensité du plaisir partagé avant, de par la complicité de nos corps et de nos esprits.

    Et lorsqu’il s'arrête parfois au fond de moi, ce n'est plus de la domination… c’est tout simplement prendre son temps pour le plaisir… son plaisir… mon plaisir… non, je ne me suis pas trompé tout à l’heure… c’est bien ça… il y a des mouvements de son bassin qui me donnent plus de plaisir que d'autres… et alors que mon corps le lui montre par des frissons et par de gémissements qui s'échappent incontrôlables de ma bouche, Jérém il a fini pour repérer ce qui me donne le plus de plaisir… et il y revient régulièrement… alors là… je ne me sens plus… qu’est ce que c’est bon de m’imaginer qu’il s’intéresse enfin à mon plaisir à moi… on dirait qu'il dose son plaisir dans le but de faire durer ce moment, on dirait qu’il aime me voir jouir par sa queue…

    Les paumes de ses mains sont désormais fermement appuyées sur mes tétons et parfois même je surprends ses doigts en train de les agacer carrément… je suis fou et je lui rends la pareille… mes mains se portent sur ses pectoraux, elles en goûtent la fermeté… la puissance… mes doigts caressent ses tétons et Jérém semble être très sensible à ce genre d’attention…

    J'ai l'impression qu'il prend un plaisir de dingue, qu'il est au bord orgasme et que chaque élan peut être le dernier… alors je le vis, je l’apprécie en tant que tel… mon ti trou frissonne, se contracte… je ne suis plus maître de mon corps, mes muscles réagissent tous seuls … je lis sur son visage l'effet que ça lui fait…

    Et cette paire, cette sacrée paire de couilles, ce soir j'ai vraiment envie qu’elles se vident en moi, envie  comme jamais… et cela arrive enfin… je le vois jouir, je vois l’orgasme passer sur son visage, traverser ses traits comme un vent de printemps anime un champs de blé… c'est beau comme le premier rayon de soleil qui filtre des nuages après un orage d’été… c’est beau à en pleurer… d'ailleurs je crois que je pleure vraiment, mais qu’importe au fond… il est en train de jouir en moi, il est en train de me faire ce cadeau magnifique… j'ai juste envie que sa jouissance dure le plus longtemps possible, qu'il ne sorte jamais de moi… je porte mes mains sur son cou et je le caresse fébrilement…

    Son bas ventre se replie légèrement et je sens mon bassin se crisper quand ses abdos frôlent ma queue et commencent à glisser alternativement sur mon gland sous l’effet des coups de reins qui n’ont jamais cessé même après qu’il ait joui… sa queue remue encore en moi… alors que les doigts de ses deux mains s’affairent à pincer mes tétons avec une légèreté et une sensualité qui me mettent hors de moi… car il le fait pour moi… il le fait pour me faire plaisir…

    Et il finit par atteindre son but, ce sale môme, il me fait jouir en deux temps trois mouvements, je jouis en me répandant en plusieurs jets qui vont souiller nos torses. J’ai tout juste fini de me vider que Jérém s’affale sur moi tout son poids… sa joue enfouie dans le creux de mon épaule… il est toujours en moi, je suis rempli de lui, envahi par lui… il est épuisé comme peu d’autres fois je l’ai vu… je le couvre de caresses et de bisous dans le cou, sur le front, sur l’oreille…

    Un instant plus tard, Jérém relève son torse, il sort de moi et il s’allonge sur le lit juste à coté de moi… il est taciturne et je me dis que c’est bien ainsi… tout a été parfait ce soir et il ne faut pas donner l’occasion aux mots de tout gâcher… je regarde sa queue encore tendue, luisante de son jus et je ne sais résister à la tentation d’aller chercher avec ma langue les dernières traces de sa jouissance de mec… je me pousse jusqu’à nettoyer ses abdos des éclaboussures de ma propre jouissance… j’attrape mon t-shirt et je m’en sers pour m’essuyer le gland et le torse… 

    Un instant plus tard je m'abandonne sur son torse repu, animé par une respiration redevenue régulière et harmonieuse… ses yeux demeurent fermés, j’ai presque l’impression qu’il est parti dans un sommeil léger… 

    Je me mets sur le flanc, calé contre son corps… ma joue posée sur ses pectoraux, je caresse son cou, je descends vers ses tétons, j’atterris sur ses abdos… chronique d’un voyage merveilleux… je le caresse dans la demi obscurité, ma main parcourt sa peau, inlassable de ce contact… ce soir là je ne peux pas m'arrêter… je remonte, je lui caresse le cou, le visage… je joue avec sa chaîne… j'ai envie de l’embrasser, j’ai envie de poser des baisers partout sur sa peau, alors je décide de prendre le risque… j’embrasse son torse de mille baisers légers, rendant ainsi dans mon esprit hommage à sa beauté, à mon Jérém tout entier… c’est délicieux, enivrant… c’est d’autant plus délicieux qu’il se laisse toujours faire, même après avoir joui…

    Ce soir là je ressens soudainement pleins de sensations vis-à-vis de mon beau Jérémie… est ce que je compte vraiment un pour lui au delà de nos baises ? « Il se trouve que lui c'est mon pote, alors c’est mes oignons… »… il faut imaginer combien ça m’a touché cette simple phrase…

    Je repense à notre courte conversation dans la voiture… quand il m’a demandé ce qui s’était passé… si j’avais chauffé le type… son regard interrogatif… son attente d’une réponse quand il m’a demandé si j’avais envisagé de le sucer… quand il s’est montré étonné, presque offensé que je trouve le type à mon goût… quand il m’a mis en garde du fait de mater les mecs avec trop d’insistance, une mise en garde qui ressemble à une recommandation tendancieuse… quand j’ai eu l’impression qu’il me sondait pour voir si je serais capable de coucher avec un autre mec que lui… envie lui dire que jamais je ne pourrai regarder un autre mec comme je le regarde à lui… que si on était dans une relation normale je ne demanderai qu’à lui être fidèle… envie de le rassurer… envie de savoir si dans ses mots je pourrais vraiment voir quelque chose qui ressemblerait à de la jalousie…

    Jérém finit par trouver le chemin de son indécrottable cigarette, soustrayant par la même occasion son beau corps à mes caresses incessantes. Le vent souffle toujours très violemment et Jérém se contente de remonter le store et d’ouvrir à peine la porte vitré pour permettre à la fumée de s’évacuer… ce n’est qu’une solution de repli, et l’odeur dérangeant de la cigarette arrive à fouetter mes narines… je n’aime vraiment pas l’odeur de la cigarette, sauf quand elle me parle d’un beau garçon : dès lors, elle me devient presque agréable car elle devient une caractéristique de ce garçon… « il sent la cigarette », au même titre que « il est brun », « il est musclé », « il a un petit grain de beauté dans le cou ».

    Sa cigarette est bien entamée, il va vouloir se coucher… je décide alors de me faire violence pour me rhabiller… j’ai eu tellement d’émotions ce soir là que je tombe de fatigue et j’ai besoin de me retrouver seul pour tout repasser au ralenti et m’en faire un débriefe détaillé… oui, c’est le fête dans a tête, un feu d’artifice… mais attend… Jérém qui m’embrasse… Jérém qui accepte des câlins… Jérém qui me montre ce regard presque tendre, amadoué, touchant… je suis dessus dessous, faut que je me pose dans mon lit et que je rembobine tout ça… j’ai du rater un épisode ou alors il y a incohérence dans le scénario…

    Je n’ai toujours enfilé que mon caleçon et mon t-shirt que j’entend Jérém fermer la porte fenêtre et baisser le store replongeant la chambre dans une pénombre plutôt sombre. Je suis en train d’enfiler mes chaussettes quand je sens le corps de Jérém enfoncer le matelas dans mon dos… et je suis en train de ramasser mon jean quand j’entends sa voix dans mon oreille, presque un chuchotement, accompagné pas son souffle chaud caressant mon cou :

    Restes… t’en va pas…

    Oh je le savais… je suis dans mon lit en train de rêver… je me disais bien que tout ça ce n’était pas possible, que c’était le fruit de mon imagination…

     

     

    Plusieurs dizaines d’épisodes de l’histoire de Jérém et Nico sont écrits, en cours de finalisation ou en chantier. Certains lecteurs s’impatientent parfois de savoir quand la suite va paraître. Avec l’accord d’HDS, j’ai décidé de publier un épisode par semaine, toujours au même moment, soit le samedi matin à minuit (nuit entre vendredi et samedi). Voilà, le rendez-vous est donné… Et on va essayer de s’y tenir… Bonnes lectures à venir…

     

    Prochain épisode donc, samedi prochain… avec un nouveau choix à faire pour Nico à la fin de l’épisode…

     


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    Précédemment dans « Cinquante nuances de Jérémie » : une drôle de nuit d’amour et de tendresse venait de se dérouler entre Nico et le beau brun ; des caresses inédites, inattendues avaient été tentés d’une part et d’autre ; face a tant de surprise, dans la tête de Nico c’était carrément la fête… Le vent qui souffle, la pluie qui tombe, une chambre d’étudiant plongée dans la pénombre, des gestes tendres et sensuels vécus sans laisser les mots gâcher l’instant magique… un baiser hésitant avait été posé sur les lèvres de Nico… un nouveau choix à faire pour Nico à la fin de cet épisode (cette fois-ci c’est la bonne)… Nico compte sur vous !

     

    Je n’ai toujours enfilé que mon caleçon et mon t-shirt que j’entend Jérém fermer la porte fenêtre et baisser le store replongeant la chambre dans une pénombre plutôt sombre. Je suis en train d’enfiler mes chaussettes quand je sens le poids du corps de Jérém enfoncer le matelas dans mon dos… et je suis en train de chercher mon jean quand j’entends dans mon oreille presque un chuchotement accompagné pas son souffle chaud caressant mon cou :

    Restes… t’en va pas…

    Je le savais… je suis dans mon lit en train de rêver… je me disais bien que tout ça ce n’était pas possible, que c’était le fruit de mon imagination…

    Je suis tellement interloqué que je laisse mon pantalon tomber sur mes chevilles… la boucle en métal de ma ceinture percute le sol dans un bruit aigu qui a le pouvoir de me secouer de mes rêveries et de me replonger dans le réel…

    Je me retourne, incrédule, je le regarde… pourtant… pourtant il est bien là… il s’est glissé sous la couette et dans la pénombre je ne vois plus que le haut de ses pectoraux dépasser, ses bras, son cou, sa tête posée sur l’oreiller ; son visage est tourné de trois quarts vers la porte fenêtre, je ne peux pas capter son regard perdu dans le noir presque complet…

    Bah, non Nico, tu n’as pas rêvé… il t’a bien demandé de rester… maintenant, si tu en as vraiment envie, faudrait réagir et vite, sinon il risque de changer d’avis… Jérém n’est pas le mec qui va finir par quémander quelque chose qu’il a envisagé et qui ne lui est pas donné tout de suite… surtout ce genre de chose… surtout après le combat qui a du mener à l’intérieur pour aboutir à ces mots, à cette demande…

    Je rattrape mon jean, je fouille dans la poche et j’en retire mon portable : les mains tremblotantes, j’envoie un message à ma mère :

    Tout va bien je dors chez Dimitri

    Il a bon dos Dimitri… ça fait au moins 6 mois que je ne l’ai pas vu… si un jour ma mère tombe sur la sienne… mais peu importe, tout ce qui compte c’est que mon portable ne sonne pas au milieu de la nuit et ne pas devoir répondre à la question la plus désagréable qui soit quand on est dans ce genre de situation : « T’es où ? ».

    Je me dessape à nouveau, en gardant juste mon caleçon. Un instant plus tard je me glisse sous la couette et je suis dans le lit à coté de mon beau mâle. Jérém reste immobile, le regard perdu dans le vide… je ne sais pas comment procéder, je ne sais pas ce qu’il attend de moi… il m’a demandé de rester, mais est-ce qu’il a toujours envie que je lui fasse des câlins ??? Son attitude semble quand même un peu différente depuis qu’il a fumé sa cigarette… quoi faire ?

    Ce soir là encore, la réponse viendra de lui.. la réponse à mes questions est toujours venue de lui et de lui seul et elle viendra toujours de lui, ce soir là comme pendant tout le temps que le destin nous permettra de partager. Jérém se retourne sur son flanc droit, m’offrant une vision très sensuelle du haut de son dos, de ses épaules… pendant un instant, il reste immobile… dans ma tête, mes questions deviennent encore plus insistantes et explosives… et puis je sens la couette bouger… c’est son bras qui est en train de bouger… sa main s’approche de moi… elle trouve ma main… elle la saisit, doucement mais fermement… le message est clair, il m’attire à lui… oui, le message est clair et il est tellement beau que je sens ma gorge se nouer… les larmes monter aux yeux… je suis le mec le plus heureux de la Terre… son geste n’est plus un ordre… c’est une invitation, tout ce que je peux imaginer de plus tendre et de plus adorable… je ne suis toujours pas sûr que ce que je vis est bien réel… je plane, impatient de connaître la suite…

    C’est moi qui vais l’écrire cette suite, quand mes doigts se resserrent autour des siens et que je laisse mon corps aimanté par le sien pivoter sur le flanc et aller se coller contre son dos. Non, décidemment je commence à penser que j’ai passé l’arme à gauche et que, par une erreur administrative, je me suis retrouvé au Paradis…

    Ah, oui, ça doit être ça… me voilà dans le lit de Jérémie, mes jambes contre les siennes, mon bassin contre ses fesses musclées, mon ventre contre son dos, mes bras enlacés autour de son torse, ma main gauche à plat sur ses pectoraux en béton armé… et sa main qui vient se coller sur la mienne, ses jambes qui s’entremêlent aux miennes… je ne parle même pas de la douceur de sa peau… de la chaleur de son dos… du parfum de son déo… du contact de mon visage dans le creux entre son cou et l’épaule… du bonheur extrême de porter mon corps tout entier en contact avec le sien ; et, qui plus est, de le faire à sa demande…

    Le vent souffle toujours violemment contre le store qui s’agite bruyamment. La tempête souffle dehors, elle a l’air d’empirer… la fin du monde pourrait venir, je sais que rien ne pourrait m’arriver car je suis dans cette petite chambre bien au chaud sous la couette enlacé à l’homme que j’aime… autour de nous la ville pourrait se transformer dans une ville fantôme, je n’en aurais cure…

     

    Maybe it was all too much/Too much for a man to take/Everything's bound to break/Sooner or later, sooner or later
    You're all that I can trust/Facing the darkest days/Everyone ran away/But we're gonna stay here/We're gonna stay here

     

    Un rêve je vous dis, un rêve… je me sens comme le dernier homme sur terre, le dernier homme avec mon homme… je me blottis un peu plus contre lui, je le serre un peu plus dans mes bras et j’ai l’impression que sa main se resserre un peu plus autour de la mienne… je sens sa respiration contre ma peau, dans ma peau, dans mon ventre… je sens que ma respiration est en train de se régler au rythme de la sienne… je sens que je fais un effort surhumain pour me retenir de me mettre à chialer…

    Et puis à un moment, je crois devenir fou, je crois que mes sens me jouent des tours… je sens sa main trembler sur la mienne… je sens son corps comme secoué par une vibration, un tremblement léger mais perceptible… je sens sa respiration changer, devenir irrégulière… oui, je crois délirer… je sens sa respiration s’emballer, devenir rapide, profonde, angoissée… et à un moment… à un moment j’aurais juré l'entendre respirer très fort dans le noir… si je ne savais pas que c’est Jérém que je tiens dans mes bras, je jurerais l’avoir entendu étouffer des soupirs…

    J’ai trop envie de lui parler, de le rassurer, de savoir ce qui se passe dans sa tête à cet instant… j’ai envie de lui faire encore plus de câlins… de lui montrer que je suis là et qu’il peut se laisser aller… mais je sais, je sens qu'il n’est pas prêt à s'ouvrir à moi, pas encore, pas cette nuit… je sais qu’essayer de forcer son intimité, de lui parler, de lui poser des questions, de trop lui montrer ma présence, en lui signalant au passage que je suis témoin de ce moment d’angoisse, ça le mettrait en pétard et ça serait tout juste bon pour me faire jeter. Le brusquer ne servirait à rien à part à le pousser à s'enfermer et gâcher cet instant magique.

    Je décide de respecter sa dignité, sa fierté. L'homme qui vient de me défendre en jouant de ses gros bras, l'homme qui vient de jouir en moi, cet homme est en train de sangloter dans mes bras... nous ne sommes plus que tous les deux et je suis le seul à veiller sur lui, le gardien silencieux de ses jours, de ses nuits… seuls, seuls dans un paysage de fin de monde, seuls dans la ville fantôme…

     

    I...I... I know you're scared tonight/I...I... I'll never leave your side
    Maybe it was all too much/Too much for a man to ta
    ke/Everything's bound to break/Sooner or later, sooner or later


    Je sens ma tête tourner, mon cœur s’emballer, mon souffle s’étrangler dans ma gorge… je suis un garçon de 18 ans profondément romantique et alors… qu’est ce que j’ai envie d’y croire… croire que ce qui s’est passé cette nuit, depuis son irruption dans les chiottes de l’Esmeralda jusqu’à que sa main se pose sur la mienne dans cette étreinte sous la couette, croire que tout cela soit le début d’une nouvelle phase de notre histoire… la fin de la baise et le début de l’amour… sacré Jérém, il m’a enfin montré qu’il en est capable, capable de se montrer aimant, tendre…

    Oui, j’ai envie d’y croire, j’ai besoin d’y croire… besoin de tenter de faire taire cette petite voix au fond de moi qui me dit que je suis en train de vivre quelque chose qui ne survivra peut être pas à cette nuit où rien ne s’est passé comme prévu… cette petite voix qui me répète incessamment que si la carapace de Jérém s’est fendillée ce soir, sous l’effet de plusieurs émotions, d’un cheminement intérieur dont j’ignore à peu près tout, voilà que demain, à la lumière du soleil, les brèches se colmateront comme par magie, il les masquera avec son insupportable arrogance de jeune coq et il ne sera plus du tout question de laisser entrevoir des blessures, des fêlures… non, cet état de grâce où Jérém a besoin de tendresse, où il accepte de la recevoir, où il se pousse même à la demander et même jusqu’à m’en donner, cet état de grâce ne durera pas… c’est un flash, une parenthèse, genre une éclipse solaire totale ou un passage de comète… oui, cette magnifique comète qu’est son regard charmant un peu triste posé sur moi pendant presque toute la durée de cette nuit magique…

    Croire que tout cela a un sens, qu’au fond je ne suis pas que son vide couilles… on ne demande pas à un vide couilles de rester dormir, de se serrer contre soi… naaaan, on ne le regarde pas comme il m’a regardé ce soir là un instant avant de jouir en moi… on n’essaie pas de l’embrasser avec l’intensité et l’hésitation qu’il m’a montrée… non… on ne demande pas à sa main, à sa queue ou à ses abdos de donner du plaisir à un vide couilles…

    Oui, j’ai besoin d’y croire… alors je me concentre sur l’électricité qui parcourt tous mes sens… je me concentre sur le contact de sa peau avec la mienne, sur la chaleur de son corps qui me chauffe la peau et le cœur, je me concentre sur la pression de sa main que je charge de significations qui n’en sont peut-être pas, je me concentre sur son parfum, sur la douceur de ses cheveux… je m’enivre de lui jusqu’à m’échapper du réel, je chasse ma conscience et je plane… ce n’est plus la réalité que je perçois à cet instant mais un monde de bonheur idéal… et c’est peut-être cela la meilleure façon de jouir de ce moment, oublier la raison pour lui empêcher de tout gâcher avec ses projections, avec ses questionnement sur l’avenir… ce moment est tellement beau qu’il faut le vivre au présent, sans me demander si Demain saura tenir les promesses que cette Nuit semble prodiguer d’une façon plutôt désinvolte…

    Je suis complètement shooté à cette drogue puissante, le « Jérém », une drogue aux effets incontrôlables… je suis malade, malade de lui… malade comme devant la beauté d’une œuvre d’art sublime… car, sans hésitation aucune, Jérém est mon œuvre d’art à moi… une multitude d’œuvres d’art vivantes ressemblées en lui, dont le catalogue non exhaustif a de quoi donner le tournille… ces ouvres d’art portent le nom de « Jeunesse insolente », « Beauté indicible », « Sourire ravageur », « Charme dévastateur », « Harmonie anatomique », « Perfection masculine », « Voix grave », « Parfum entêtant », « Odeur de mec », « Sexualité débordante », « Brun ténébreux » … et puis, tout dernièrement ajoutée au catalogue, suite à une découverte fortuite, une œuvre majeure jusqu’à là inconnue : « Sensualité et tendresse ».

    Oui, Jérém est une véritable œuvre d’art à mes yeux, une œuvre d’art vivante que ce soir là a besoin qu’on s’occupe d’elle, qu’on la soigne, une œuvre d’art qui a besoin d’une présence à ses côtés, une présence et de rien d’autre. De MA présence.

    Je sens qu’il y a beaucoup de noir tapi au fond de lui, beaucoup de colère réprimée et macérée dans le temps… suite aux événements inattendus de ce soir là, elle est en train de ressortir, de remonter de sa conscience… et ça a l’air de lui faire un mal de chien au passage… d’où est-ce qu’elle vient cette colère, ça, je ne sais pas, pas encore à ce moment là… mais je sais qu’elle est en lui, je le sais, je le sais depuis longtemps.

    J’ai vu cette colère et cette noirceur se déchaîner parfois sur moi, pendant nos baises… je l’ai vu me dominer, prendre du plaisir à m’humilier, j’ai vu de la rage dans certaines de ses attitudes… je l’ai vu s’emporter soudainement car j’ai tenté une caresse, un baiser… j’ai vu sa façon de prendre son pied, comme en l’imposant, en le volant…

    Je connais cette colère, pour l’avoir vue surgir dans ses mots, dans ses réactions… mais ce soir là j’ai vu cette colère jaillir encore plus forte et soudaine, arriver comme un tsunami, en une seconde, lors de son entrée dans les chiottes de l’Esmeralda… certes, le danger était bien réel, pour moi d’abord, pour lui ensuite, à partir du moment où il a pris ma défense… oui, le danger était bien là… mais quand même… il me semble que Jérém est monté vite dans les tours… il a vite cherché la confrontation… la bagarre… certes, avec ce genre d’énergumène imbibé d’alcool, ce n’est pas avec de la belle prose qu’on va faire entendre raison… cependant, l’attitude de Jérém m’a eu l’air volontairement et excessivement provocatrice… d’entrée… une petite voix en moi me dit que Jérém avait flairé la bagarre et qu’il en avait été ravi… ravi à l’idée de se mettre en danger, de jouer des mains, de faire ressorti cette rage profonde et mystérieuse… dès lors, la situation ne pouvait pas ne pas tourner à l’affrontement…

    Oui, Jérém est un garçon à fleur de peau : il monte vite en régime, comme si la machine s’emballait et trouvait soulagement dans l’expression même de cette colère, dans la violence, qu’elle soit verbale ou physique… une fois sa rage lancée à toute vitesse, Jérém a du mal à revenir dans ses gonds et à retrouver le calme… une fois que cette colère refait surface, une fois qu’il en est envahi, il a du mal à s’en débarrasser, à la faire redescendre…

    Jérém s’est jeté sur le mec comme une bête enragée… je revois sa façon de le balancer si violemment contre la cloison en plastique, de le coincer si brutalement, si méchamment… son bras retourné dans le dos si étiré que j’avais l’impression que son épaule allait se déboîter… le mec était déjà immobilisé mais Jérém semblait vraiment vouloir l’humilier, lui faire mal…

    Je repense à son dernier coup dans les reins du type, inutile et surfait, alors qu’il s’était déjà excusé, qu’il avait déjà pas mal rabattu sa fierté… je repense à son expression d’animal enragé qui n’arrivait pas à se résoudre à rentrer ses griffes, ou à sa façon de le balancer vers la porte de sortie…

    Soudainement, je repense à la phrase glissée par Thibault en boite de nuit : « … tu sais, des fois il est un peu… un peu dur avec les gens, mais au fond c’est un gentil garçon… il n’a pas toujours été heureux, faut pas lui en vouloir… »… alors ça fait « tilt » dans mon esprit… 

    Maintenant je sais que cette colère est au plus profond de lui, prête à bondir comme un fauve… et maintenant que je sais qu’elle n’est pas forcement dirigée contre moi, qu’elle doit puiser sa férocité dans son passé, dans la souffrance d’une blessure non guérie… je le trouve tellement attendrissant que j’abandonne tout grief à son encontre, je lui pardonne en bloc tous ses excès, toutes les humiliations qu’il m’a infligées… je me rends soudainement compte que son comportement n’est peut-être que l'expression maladroite et d’un mal-être profond et ancien...

    Et maintenant que je sais pour sûr que Jérém est définitivement humain car capable d’autre chose que de baise brutale, maintenant que je sais qu'il recèle une grande détresse au plus profond de lui, j’entrevois l’abysse qui se profile devant moi… J’ai terriblement envie d’en savoir plus sur son passé, sur ses souffrances… envie de rentrer dans sa vie, dans son jardin secret si inaccessible…  

    Ce soir là je renonce à aller plus loin ; mais si sur l’émotion du moment j’arrive à me résoudre à laisser mes questions en suspens, je sais pertinemment que si notre rapport est destiné à prendre le chemin qui semble se dessiner à ce moment là, je ne résisterais pas longtemps à la tentation de chercher à connaître les causes de sa souffrance et à essayer de la guérir… c’est le propre de l’être amoureux, de l’être aimant, se sentir investi de la mission dont personne ne l’a chargé, celle de sauver l’être aimé. 


    I know we're alright/Cause we'll never be alone/In this mad mad, in this mad mad world
    Even with no light/We're gonna shine like gold/In this mad mad, in this mad mad world
     

     

    Oui, j'étais un jeune homme naïf et amoureux pour avoir la prétention de pouvoir aider qui que ce soit, et qui plus es l'homme que j'aimais, à guérir d'un passé qui m’était par ailleurs inconnu. Mais quand on est amoureux on a l'impression que tout est possible ; et que le pouvoir de l'amour, notre pouvoir, est tout puissant…

    C’est illusoire que l'amour puisse guérir quoique ce soit. Au mieux, il peut faire momentanément oublier, anesthésier l’esprit, mais jamais guérir… l’amour peut faire cela, apaiser… tant qu'il dure. Il n’existe guère de remède pour nos blessures profondes : elles ne guériront jamais, le mieux qu’on puisse faire, c’est apprendre à vivre avec…

    Pourtant… qu’est ce qu’il me touche ce petit con, qu’est ce que je le trouve attachant… sexy et touchant… attendrissant même… comme un enfant, l’enfant qui refait surface en lui… quand on cherche bien, il y a toujours au fond de nous, de nous tous sans exception, un petit enfant qui pleure… on essaie de le cacher de différentes manières, avec l’humour, avec la froideur, avec la distance, avec l’agressivité, avec l’indifférence, derrière une carapace, le noyer dans l’alcool, l’effacer avec toute sorte de substances, avec le sexe… mais cet enfant est toujours là, même si on arrive parfois à l’oublier… cet enfant est toujours là, même dans le cœur, à l’apparence très froid, d’un Jérémie T. Un cœur que cette nuit là s’était ouvert… sans un mot, juste laissant sortir un peu de cette tension trop longtemps refoulée…

    Son corps est toujours secoués par des respirations profondes, par des frissons… mon beau brun n’arrive toujours pas à se calmer… j’ai à mon tour envie de pleurer, de pleurer avec lui… j’en ai une envie folle mais j’étouffe mes sanglots pour ne pas qu’il se rende compte que je l’écoute pleurer... je pleure quand même, en silence… des larmes finissent par glisser de mes yeux sur son épaule... j’ai envie de lui faire un million de câlins…

    C’est à contrecœur, en me faisait violence, que je ne bougerai plus un seul cheveu, ma respiration se fera la plus discrète possible, je ferai même semblant de dormir… j’écouterai sa tristesse parcourir son corps pendant un long moment, attendri, touché dans mes tripes… la tentation de lui montrer ma présence si forte, ma volonté la bridant de justesse, je m’imprégnerai de sa souffrance, qui deviendra la mienne…

     

    When it all falls, when it all falls down/I'll be your fire when the lights go out/When there's no one, no one else around/We'll be two souls in a ghosttown/When the world gets cold/I'll be your cover/Let's just hold/Onto each other
    When it all falls, when it all falls down/We'll be two souls in a ghosttown


    Je me dis que tout ça est bien trop beau pour être vrai, trop beau surtout pour être durable… je me dis qu’un jour il va regretter cette faiblesse d'un soir et surtout il va regretter de m’en avoir rendu témoin… je me rends compte qu’il est épuisé autant physiquement que moralement et peut-être tous simplement il « subît » ma présence comme le moindre mal, un mal plus supportable que la solitude… ce soir là il « subît » ma présence tout en tirant un certain réconfort, mais un jour il va s’en vouloir et il va m’en vouloir…

    Je sais que ce changement si brusque et soudain va me péter à la figure et que je vais payer ce moment délicieux, ce moment pendant lequel j’ai presque l’impression de « profiter » de sa faiblesse passagère… hélas… je ne peux rien faire d’autre que m’abandonner… à savourer ce moment jusqu’à la dernière seconde… je finis par m’endormir dans ses bras et à ce moment je me dis que je suis le mec le plus heureux de l’Univers…

    Je me réveille un peu plus tard dans la nuit alors que le vent semble s’être remis à souffler comme un dingue… je me réveille en me rendant compte que ce n’est plus moi qui tient Jérém dans mes bras, mais bien le contraire… le torse de Jérém enveloppe le mien, ses jambes imbriquées aux miennes, son visage dans le creux de mon épaule… j’ai envie de pleurer tellement c’est bon de me sentir enlacé, protégé par ce corps puissant, de me sentir dans ses bras… si proche de son cœur…

    Une image me revient à l’esprit… quelques vers d’une vieille chanson italienne que ma mère écoutait souvent quand j’étais petit… elle avait ramené le 45 tours lors d’un voyage en Italie, un voyage avec mon père, un voyage pendant lequel elle avait du être très amoureuse…

    Quelle beauté, ce texte… le mec a du l’imaginer une nuit dans une situation qui devait certainement ressembler à la mienne, dans un état de bonheur très proche du mien, tellement ça colle à mon ressenti de ce moment précis… quand Gino Paoli a écrit cette chanson, il devait tout simplement être… amoureux !

    Quando sei qui con me/Quand tu es ici avec moi
    questa stanza non ha più pareti/Cette chambre n'a plus de parois
    ma alberi, alberi infiniti/Mais des arbres, des arbres infinis.
    Quando sei qui vicino a me/Quand tu es ici à côté de moi
    questo soffitto viola/ce plafond violet
    no, non esiste più.../non, il n'existe plus ...
    Io vedo il cielo sopra noi/Je vois le ciel au-dessus de nous
    che restiamo qui, abbandonati/que nous restons là, abandonnés
    come se, se non ci fosse più/comme si, il n'y avait plus
    niente, più niente al mondo/rien, plus rien au monde.

    Je ne veux pas me rendormir, je veux vivre ce moment le plus longtemps possible… je veux que cette nuit ne se termine jamais ; hélas, je finis quand même par retrouver le sommeil, enveloppé de la chaleur de sa peau, de son parfum… je me sens comme un chaton dormant dans le panier à linge de son propriétaire, comme un labrador couché sur les vêtements abandonnés à terre par son maître… je sens sa présence et ça me rassure, ça me rend heureux, comblé.

    Il est 7 heures quand j’ouvre les yeux à nouveau… le store n’est pas complètement déroulé et le jour commence à rentrer par le bas de la porte fenêtre… Jérém n’est plus enlacé autour de moi… il est endormi, beau comme un enfant, juste à coté… il est presque tourné sur le flanc, vers moi, une main entre la tête et l’oreiller… canaille de mec, qu’est ce qu’il est beau dans son sommeil… son regard est tellement doux, apaisé, ses angoisses et ses inquiétudes de la veille semblent complètement effacées de son visage… j’adore le voir dormir car je me fais la réflexion que quand il dort il est là, tout entier avec moi… il ne fait pas des trucs que je ne voudrais pas qu’il fasse, il ne pense pas à des trucs dont je ne voudrais pas qu’il pense… je ne suis pus jaloux, je ne suis pas angoissé, je suis bien, je le regarde et je veille sur lui… je sens que ma jalousie vis-à-vis de ses nombreuses aventures du passé s’estompe, je sens que mon cœur est conquis… je sens qu’il ne peut plus me faire souffrir, que nos deux esprits sont si proches, liés à jamais… je sens une étrange sensation parcourir mon corps, un truc qui m’attire vers lui, un truc d’une tendresse infinie, comme un parfum d’amour, de douceur, de bonheur…

    Tout a été parfait cette nuit. Tout. Il n’y a qu’un truc qui pourrait gâcher cette perfection : le matin. Ce morning after m’angoisse… je me demande dans quelles dispositions il sera au réveil et la magie de la nuit dissipée… comment on pourra renouer avec la beauté de ces instants incroyables de la nuit passée en évitant la fausse note qui fera tache…

    Je le regarde une fois encore, presque au bord des larmes… quand je pense que je n’ai qu’une envie, c’est de lui faire un câlin et, pourquoi pas, lui faire tomber cette bonne trique qu’un garçon de son âge doit avoir au réveil…

    Alors, quoi faire ? Partir, en laissant un mot ? « J’ai du rentrer, merci pour cette nuit » : tu en fais trop, Nico ; ou tout simplement « Je suis rentré » : il va le voir tout seul ; ou quoi d’autre ? Pas de mot du tout ? Comment prendrait-t-il mon absence ? Soulagé ? Vénère ?

    Et si jamais je reste, si j’attends qu’il se réveille ? Comment prendrait-il ma presence ? Serait-t-il gêné ? Me regarderait-t-il avec une seule envie, que je me tire ? Ma présence, lui rappelant ce qui s’est passé cette nuit là, lui serait-t-elle insupportable au réveil ?

    Je n’ose même pas penser qu’il puisse assumer le matin venu ce que l’alcool et l’enchaînement plutôt inattendu des événements de la veille avaient rendu possible… jamais à un instant j’ai osé penser que ça pourrait lui faire plaisir de me retrouver dans son lit en ce dimanche matin où les rayons de soleil déjà puissants filtrent du bas de la porte fenêtre.

    Oui, quoi faire? Partir en laissant intacte la beauté de la nuit passée ou tenter de renouer avec la tendresse et la sensualité, le réveiller avec une pipe, des caresses, des baisers ? Partir avec le risque qu’il le prenne mal ou rester avec le risque de me faire jeter ? De me sentir humilié devant sa froideur après la tendresse de la nuit passée ? Quelle conséquence aura-t-il mon choix sur la suite de notre relation ? Should I stay ou should I go ?

     

    Allongé dans le lit à coté du beau Jérémie, enivré de son parfum, écoutant la lente mélodie silencieuse de sa respiration, Nico ne sait pas quelle décision prendre. Partir ou rester ?

    Les deux issues sont écrites. Les 20 premiers lecteurs qui aideront Nico à faire son choix (en laissant leur mail), recevront en avant-première, le soir de la parution de leur commentaire, l’issue qu’ils auront choisie. La plus plébiscitée sera publiée en début de l’épisode de samedi prochain.

     

     


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    Précédemment dans « Cinquante nuances de Jérémie » : le vent qui souffle, la pluie qui tombe, une chambre d’étudiant plongée dans la pénombre, des gestes tendres et sensuels échangés sans laisser les mots gâcher l’instant magique… le beau brun demande à Nico de rester dormir, il saisit sa main et par l’intermédiaire de ce geste inattendu l’invite à l’enlacer… Jérémie qui se laisse aller dans le noir… sa tristesse insoupçonnée, sa détresse inattendue perçue par Nico… un Nico touché, ému, un Nico aux anges tenant dans ses bras l’homme qu’il aime plus que tout au monde… ce même Nico qui croit mourir en se réveillant un peu plus tard dans la nuit enserré dans des bras bien musclés…

    Le matin arrive, et en regardant le beau brun dormir, Nico se surprend à repenser au refrain d’une vieille chanson de Clash…

     

    Darling you gotta let me know/Chéri, tu dois me dire/Should I stay or should I go ?/Devrais-je rester ou devrais-je partir ?/If you say that you are mine/Si tu dis que tu es mien/I'll be here until the end of time/Je serai là jusqu'à la fin des temps/ If I go there will be trouble/Si je pars il y aura des problèmes/And if I stay it will be double/Et si je reste il y en aura le double (1)/Well come on and let me know/Alors, vas-y et dis moi/

    Should I Stay or should I go ?/Devrais-je rester ou devrais-je partir ?

    Voici la question qui me taraude l’esprit. Je le regarde toujours dormir. J’ai envie de le caresser, de le serrer à moi, de lui faire un million de bisoux bien doux… j’ai envie de respirer son odeur, sa beauté, sa jeunesse… j’ai tout simplement besoin de rester là à le regarder, suspendu entre des désirs contradictoires… rester ou partir… j’ai juste envie de lui faire un câlin des plus tendres, de lui faire sentir ma présence… mon amour… un peu, sans l’effrayer, juste ce qu’il faut, juste être là sans trop en faire…

    Alors je reste là, la tête posée sur l’oreiller, à le contempler pendant un long moment, à le regarder respirer, le regarder dormir, rêver peut être… s’il rêve, il rêve de quoi, de qui ? Est-ce qu’il y a de la place pour moi dans ses rêves… ? C’est trop beau, Jérém qui fait dodo… je ne veux pas le réveiller, pas encore, je voudrais que ce moment de perfection dure toute une vie… jamais je ne me suis senti aussi bien avec ce mec, jamais… pendant son sommeil, tout est possible… imaginer qu’il m’appartient tout entier, imaginer que la nuit passée ne soit pas qu’un épisode isolée, qu’une erreur de scénario… imaginer que Jérém s’est enfin aperçu que je compte pour lui, un peu quand même…

    Au fond de moi, je sais que quand il se réveillera je serai à tous les coups confronté à une réalité trop dure… la réalité du matin… d’une lumière trop forte sur des sentiments encore trop fragiles et timides, des sentiments né dans la pénombre d’une nuit de pluie et de vent… j’ai peur de cette confrontation, car je sais que je risque d’en sortir blessé, meurtri… je sais à quel point, suivant le moment, ses états d’âme peuvent être changeants… et par-dessus tout je crains son indifférence, son hostilité… je les connais, je les ai déjà croisées et je sais à quel point elles peuvent être impitoyables, rudes, blessantes…

    Dans ma tête c’est carrément le feu d’artifice… et voilà que après l’envie de câlins, une idée plutôt coquine s’empare de mon esprit… sa peau sent bon, son visage est si beau, son épaule dénudée trop sensuelle… j’ai soudainement envie de le réveiller avec une gâterie, de le faire jouir, là, tout de suite… j’ai envie de savoir… savoir à quoi ressemble sa trique du matin… dans sa position, tourné sur le flanc vers moi, il me suffirait de relever les draps pour en avoir le cœur net… vais-je oser ? si, si, si, si, Nico, tu vas oser, t’en crèves d’envie… il dors… alors il faut en profiter… et c’est donc tout en douceur que je soulève les draps…

    La voilà sa queue… tendue, belle, délicatement posée sur le matelas avec ses bourses bien pleines… la peau douce et soyeuse, la queue raide et délicieuse… je meurs d’envie de la sentir dans ma bouche, de lui faire une gâterie d’anthologie… je bande à mon tour à une vitesse que je ne croyais même pas possible… j’ai envie de la prendre dans ma main, de sentir mes doigts envahis par ce sexe tendu, j’ai envie de la sucer… j’ai envie de la faire gicler dans ma bouche…

    Je ne sais toujours pas ce que je dois faire… rester ou partir… si c’est pour partir, il ne faut pas que je le réveille… dans ce cas je ne connaîtrai peut-être jamais le bonheur de faire une pipe du matin à Jérémie… est-ce qu’il en a seulement envie ? Est-ce que si je le tente, je ne vais pas me faire jeter ?

    Je sens mon ventre papillonner, ma respiration se faire profonde, le désir envahir toutes les fibres de mon corps… j’ai la tête qui cogne tellement je suis fou de désir… je prend une profonde inspiration pour essayer de secouer mon esprit et de me résoudre à partir… et là… bingo… en un instant c’est la panique à bord… je ne sais pas ce qui s’est passé… je sens dans mon nez un chatouillement qui grossit, qui enfle sans cesse… j’ai envie d’éternuer… je sens que ça monte, ça monte, ça monte… j’essaie de me retenir… ça monte encore, impitoyable… je ne vais pas pouvoir l’éviter, plus j’essaye de l’étouffer plus j’ai l’impression que ça va exploser dans un bruit immense…

    Merdeeeee !... je vais le réveiller, je vais le réveiller en sursaut… c’est la pire des options… merde, merde, merde… celle là je ne l’ai pas vue venir… je me force tellement à retenir l’onde de choc qui gonfle dans mon thorax que ça me fait mal dans les poumons, j’ai l’impression que je vais m’ouvrir en deux… et malgré mes efforts, à un moment je sens que je ne peux plus… je lâche le drap et je porte mes mains sur le nez et sur la bouche, je les resserre du plus que je peux autour de mon visage, juste avant de laisser exploser mon éternuement… une libération d’énergie tellement puissante que, malgré mes précautions, je n’arrive pas complètement à contenir… mes mains sont comme éjectées de mon visage, mon éternuement ressemble à une déflagration, le bruit est aussi court qu’intense, la vibration se propage dans la petite chambre d’étudiant dans un boucan d’enfer… mon corps est secoué par un sursaut puissant… un véritable tremblement… un tremblement intérieur… un tremblement de chairs… je suis presque en apnée… mes côtes sont tellement endolories que j’ai du mal à reprendre la respiration…

    Je regarde Jérém. Il a l’air de toujours dormir comme un bébé… j’ai un mal de chien mais le plus important c’est que Jérém ne se soit rendu compte de rien… j’ai quand même remarqué un léger mouvement sur son visage… ses lèvres se sont un peu ouvertes, un petit bruit étouffé s’en est échappé… j’ai eu peur qu’il se réveille d’un coup, qu’il me regarde et qu’il trouve désagréable de me retrouver là devant lui… je crois que le danger est passé, que son sommeil va continuer comme si de rien n’était… hélas, non : sa bouche laisse échapper un autre grognement à peine plus prononcé que le premier et sans ouvrir les yeux, le bogoss se retourne et, avec un geste très certainement inconscient, il pivote sur l’autre coté, cherchant un nouvel appui pour continuer son sommeil…

    Et là je suis déçu… sa queue est désormais hors de ma portée… sa trique m’est désormais inaccessible sauf à oser l’audace d’enrouler mon corps autour du sien et de commencer à le branler avec ma main gauche… je me prends à imaginer le simple bonheur de tenir sa belle queue dans ma main, cette sensation de chaleur, de douceur, de puissance ; et voilà que, faute d’oser mettre en pratique mon envie profonde, et sans presque m’en rendre compte, je commence à me branler tout doucement…

    Je sens son odeur, je sens sa présence à coté de moi… l’odeur de ses draps… le parfum du bonheur… des images de lui refont surface dans ma tête, c’est un tourbillon d’instantanés tous plus excitants les uns que les autres… et par-dessus tout, une image se détache, belle,vive, étincelante… c’est l’image de son visage, de son expression de la nuit dernière juste avant de jouir en moi… cette image ma hante et je sais à ce moment là qu’elle va me hanter longtemps, peut-être à jamais…

    Je me branle lentement, prenant le temps de goûter à chaque moindre sensation que cette situation inattendue est en train de m’apporter… je veux faire durer encore et encore cet instant d’excitation, d’attente, de bonheur… je ne veux surtout pas le réveiller… alors je fais ça tout légèrement… je suis trop bien, je suis trop excité, trop heureux, je vais me lâcher bientôt…

    Ça y est, ça vient… et pendant que je jouis, voilà qu’un seul choix me parait possible… une évidence : partir. Partir pour ne pas gâcher le bon moment qu’on a passé ensemble. Partir pour pouvoir imaginer un acte manqué plutôt que rester en regrettant un acte forcé. Raisonnement de lâche. Je me protège. J’ai joui. Et on est beaucoup moins brave quand on a joui…

    J’ai joui… j’en ai partout sur le torse, dans ma main, j’ai même souillé ses draps… je sens ma respiration bruyante et j’ai l’impression qu’elle fait un bruit assourdissant, au point que je suis étonné qu’il ne se soit pas encore réveillé… je le regarde, de dos, les épaules mues par le rythme de sa respiration silencieuse… il est beau, il est beau, il est beau… il n’y a pas d’autres mot pour dire cela… il dort toujours et il est beau…

    Et moi j’accuse le contre coup de ma jouissance… je suis scié… je transpire… il fait chaud d’un coup… je suis sur le dos, la main toujours autour de ma queue, je n’arrive pas à me décider à bouger… tous mes muscles sont décontractés, je sens le bonheur de l’après jouissance irradier de mon ventre et parcourir tout mon corps, remonter à mon cerveau et l’inonder de bien être, de bonheur… un bonheur immense, un bonheur sur lequel une ombre s’étire peu à peu…

    Oui, une ombre… mon regard parcourt cette chambre que Jérém va bientôt devoir quitter à tout jamais, juste après le bac… et moi avec lui… que sera donc de notre histoire, une fois privée de cette endroit qui a été le théâtre de notre toute première révision, de la plupart de nos ébats ? ; et, qui plus est, de cette nuit si spéciale… si spéciale à mes yeux… l’a-t-elle été également aux siens ?

    Il faut que je me prépare… il faut que je me prépare à dire adieu à cette chambre ou j'ai connu pour la première fois l’amour physique avec un garçon, un garçon nommé Jérémie… cette chambre où j’ai connu l'amour physique sans amour, avant de faire l’amour pour la première fois avec ce même garçon… cette chambre où j’ai dormi pour la première fois avec l’homme que j’aime en le tenant dans mes bras, avant de me trouver enlacé à mon tour dans les bras de l’homme de la vie. Chambre de l'amour et des illusions. Chambre du bonheur et de tristesse. Chambre de désirs et de désenchantements… de surprises et d’angoisse, de plaisir et de jalousie… chambre qui m’a apporté toutes les émotions qu’un coeur amoureux puisse connaître un jour… chambre où je viens de passer la plus belle nuit de ma vie !

    Je regarde la porte fenêtre, la porte de la salle de bain, le petit canapé où tant de fois j’ai trouvé Jérém la queue bien bandante, ce canapé devant lequel j’ai tant de fois avalé sa bite et goûté à son jus… la petite table avec deux chaises où je ne me serai assis que très rarement et une fois seulement pour y manger, le meuble télé, la petite télé, le bazar de cette tanière de mec… j’essaye de m’imprégner à fond de toutes ces images, de l’odeur de cette pièce, son odeur… de cette odeur de cigarette froide mélangée à un parfum bien à lui, j’essaye de graver dans ma tête à tout jamais les sensations que je ressens en franchissant cette porte au numéro 23, de me souvenir dans les moindres détails de la présence de Jérém, de son esprit installé dans cette pièce…

    Je me rends compte que cette nuit est peut-être le dernier moment passé dans cette chambre, que je ne la reverrai peut-être jamais… dans deux jours ce sera le bac et après… pour quelle raison on se retrouverait encore ici ? est-ce qu’il aura envie de me revoir ? de me refaire l’amour ? est ce que cette nuit aura voulu dire quelque chose pour lui ? quand est ce qu’il doit rendre les clefs ? j’ai souvent eu envie de lui poser la question, je n’ai jamais trouvé le moment pour la lui poser… je suis triste d’un coup… 

    Décidemment, dans ma tête c’est trop le bazar, je ne pourrai jamais supporter son regard du matin. J’ai envie de pleurer. Je ne veux pas qu’il me voit pleurer… il faut me décider, il ne dormira pas indéfiniment. Et lorsqu’il ouvrira les yeux, ma décision sera encore plus difficile à prendre. Il faut que je la prenne maintenant. Tant que je suis seul et que j’ai tout mon arbitre. Si j’attends d’être en sa présence, ce sera lui qui choisira pour moi. Alors, entre la fuite et une confrontation dans laquelle je ne me sens pas assez armé pour affronter l’adversaire, mon choix est vite fait.

    C’est bien de choisir, on se sent soulagés après. J’ai besoin d’air, je me sens étouffer… j’ai besoin de sortir de là, avant de perdre tous mes moyens… j’ai déjà trop tardé…

    Oui, ma décision est prise… quitte à qu’il se pose des questions en se réveillant seul dans son lit, alors qu’il s’y était endormi en compagnie, je préfère ne pas prendre le risque de le voir contrarié de me trouver encore là… quand on couche avec un hétéro bi qui n’assume pas sa part de bi, handle with care, produit dangereux, risque de réactions imprévues… risque de blessures…

    J’attrape mon caleçon pour m’essuyer et je rassemble mes forces pour sortir du lit quand je le sens remuer de son coté… il rejette la couette au fond du lit en gardant juste le drap sur lui, il pivote légèrement sur son épaule, désormais il est sur le dos… je me rend compte que sa main glisse sous les draps, elle suit le chemin qui conduit tout droit à sa queue raide… je le vois trifouiller, j’ai l’impression qu’il la saisit et qu’il se caresse, qu’il se branle tout doucement… j’ai trop envie de lui… le voir se caresser me rend dingue… alors que je suis juste à coté et que je ne demande pas mieux que de m’appliquer à le faire jouir… il se caresse mais ça ne dure qu’un instant… un instant au bout duquel il finit par enlever sa main… et là le drap léger se pose sur sa queue comme un voile, moulant ses attributs avec une précision juste diabolique…

    Je le regarde… ses yeux sont entrouverts… pendant un court instant mon regard a croisé le sien… c’est presque imperceptible, il a déjà refermé ses paupières… je ne sais pas s’il est encore vraiment dans les bras de Morphée ou si tout simplement il n’a pas envie d’affronter ma présence après cette nuit… est-ce ma petite branlette qui l’a tiré de son sommeil ?

    J’hésite un peu… il s’est caressé, il s’est un peu branlé… il s’est arrêté… sa queue bien à ma vue… à ma disposition… ? j’hésite… je ne veux pas lui déplaire… j’hésite, mais au bout d’un moment je ne peux plus me retenir…

    Je dégage un peu plus les draps, sa queue se présente devant mes yeux en toute sa splendeur… droite comme un I, le gland décalotté, juste les poils qu’il faut à sa naissance, il se soigne ce petit coquin… tout, mais vraiment tout pour donner envie… bonbon pour les yeux, bonbon pour la bouche… naaaan, pas possible de laisser passer ça, pas possible de gaspiller ça, une bonne grosse trique matinale de Jérém, je ne sais même pas si l’occasion se représentera un jour… trop envie de le sucer comme un mec aussi beau mérite d’être sucé…

    Alors mon bras bouge quasiment tout seul, ma main se pose délicatement sur son service trois pièces… pas de réaction hostile… je m’enhardis… je caresse ses couilles, je remonte tout au long de son manche en direction de son gland, juste en l’effleurant avec mes doigts… je viens de jouir, mais le simple contact de mes doigts avec sa queue est suffisant pour me refaire bander comme un taureau… je caresse par touches légères… je le sens frissonner… je fais quelques aller-retours avant de changer de stratégie… maintenant mon pouce et mon index se promènent de bas en haut (et de haut en bas) de son manche, comme pour en jauger le diamètre, tels un pied à coulisse… je ne veux pas le réveiller en sursaut, je veux qu’il revienne à lui tout en douceur et que son réveil soit sensuel, l’amenant petit à petit vers une volupté inattendue… je finis par enserrer sa queue entre mes doigts, je la sens chaude et raide dans la pomme de ma main… j’adore cette sensation… sentir ma main remplie par son sexe… tenir dans ma main son plaisir de mec…

    Je commence à le branler tout doucement… ses paupières demeurent closes… et toujours pas de réaction hostile, bien au contraire, de touts petits spasmes, témoins de son plaisir… je continue… il prend son pied… je l’aime… j’ai envie de lui donner encore plus de plaisir… j’augmente légèrement le rythme et j’entends sa respiration changer… il a dû se réveiller… je détourne mon regard posé sur sa queue pour regarder son visage… c’est fugace, furtif, j’ai l’impression qu’il a à nouveaux les yeux entrouverts, mais dès que je me retourne il le referme à nouveau… petit coquin… il était en train de me regarder faire… mais il ne veut pas me le montrer… ce mec est un véritable-petit-adorable-insupportable voyou…

    Maintenant je sais qu’il est réveillé et qu’il n’est pas contre une bonne gâterie matinale… alors je me laisse aller à mes envies… j’approche ma bouche de sa bite et après avoir passé ma langue sur mes lèvres, je fais glisser son gland à l’intérieur de ma bouche ; ma langue et mes lèvres s’affairent pendant un petit moment autour de ce fruit délicieux, titillant ce petit creux d’où jaillira sa semence, ce petit truc qu’il aime tout particulièrement… j’arrive ainsi à lui extirper de petits frissonnements de plaisir… qu’est que c’est bon ça… le sentir frissonner quand je le tiens dans ma bouche… qu’est ce que je suis fier de connaître tout cela… quasiment tout le mode d’emploi du logiciel « Plaisir de Jérém 2001 »… j’avale sa queue jusqu’à presque sentir ses couilles frôler mon menton…

    Je le suce avec tellement d’envie de lui faire plaisir que je pourrais passer la journée entière à cet exercice délicieux… après cette nuit, j’ai vraiment envie de lui donner un plaisir intense mais tendre… je suis heureux, heureux qu’il se laisse faire… je libère mes mains, je suis fou, je les laisse parcourir son torse à l’aveugle, aller chercher ses tétons… elles sont libres, libérées… elles remontent jusqu’à ses épaules… cette chute d’épaules qui a pour moi l’angle et les proportions de la perfection masculine… je les caresse, je ne m’en lasse pas… je le suce, je le caresse, je nage en plein bonheur, j’ai l’impression que tout est possible, qu’il n’y a plus d’interdit… alors mes mains osent plus… elles osent remonter au long de son cou… il reste assez d’amplitude à mes bras pour pousser mes doigts jusqu’à effleurer ses oreilles, ses cheveux, assez d’envergure et de courage, de désinvolture pour lui faire des caresses légères… assez de courage, trop de courage…

    Eh, oui, Jérém ne sera jamais là où je l’attends. Jamais ou presque. En tout cas pas ce matin là. Comment savoir qu’on est en train de franchir la ligne interdite quand on croit qu’elle avait disparu la veille ? Comment ne pas se prendre les pieds dans le tapis alors qu’on croyait marcher sur un sol stabilisé ? J’ai tout juste commencé à le câliner, à laisser mes doigts titiller ses oreilles, que ses mains saisissent les miennes, fermement, les immobilisant dans une prise plutôt serrée… il me fait presque mal… je suis tellement ébahi que sans m’en rendre compte j’arrête de le sucer…

    Dans ma tête un million de questions commencent à clignoter… je suis déstabilisé, j’ai l’impression que je vais disjoncter… mais qu’est ce qu’il me fait encore ce petit con… ? Il va pas recommencer à faire son macho… non, c’est pas possible, pas après cette nuit… il ne va pas gâcher tout ça… putaaaaaaaain ! je savais que je devais partir avant qu’il ne se réveille !!! Nico, t’as tout gâché, t’as tout gâché ! Tu en veux toujours trop ! Quand on aime, on en veut toujours trop…

    Je sens ses bras éloigner mes mains de son visage, d’abord lentement, ensuite les repousser en les relâchant d’un geste rapide, avec un élan presque enragé… ses mains sont désormais libres… et là, d’emblée, je sais ce qui va se passer… je le sais, je le redoute… je ferme les yeux, j’espère qu’il ne va pas le faire, je prie pour qu’il ne le fasse pas… j’ai presque envie de pleurer quand je sens ses mains se poser lourdement sur ma nuque pour m’obliger à avaler sa queue que son bassin a déjà approché de mes lèvres…

    Non, pas ça, pas ça pitié… pas ça après cette nuit d’amour, après m’avoir demandé de rester, après s’être tenu dans les bras l’un de l’autre, après avoir sangloté dans mes bras… pas ça…

    Pourtant… pourtant c’est tout ce que j’aurais ce matin là… un Jérém pressé de jouir… de jouir à sa façon… ses mains ont glissé d’un coté et d’autre de ma tête, elles enserrent mes oreilles, je n’entends plus aucun bruit, sauf celui, assourdissant, de l’humiliation et de la déception que je suis en train de vivre… ses avant-bras s’affairent pour imprimer à ma fellation, une fellation dont je ne suis plus maître mais que je subis, un mouvement rapide, profond et cadencé… il y va si fort que je n’ai pas le temps de reprendre mon souffle, je me sens étouffer, j’ai presque des hauts le cœur… il n’en a plus rien à faire de mon plaisir à moi, il est à nouveau tous seul à baiser, à me baiser la bouche… je voulais lui donner le plaisir le plus doux qui soit, il est en train de m’imposer son plaisir… de me le faire subir… de le voler, le prendre par effraction… par pillage…

    Voilà, le matin venu, je suis à nouveau son vide couilles… retour à la case de départ…

    J’aurais dû me dégager à ce moment là, repousser ses mains comme lui il l’avait fait avec les miennes… j’aurais dû partir, l’envoyer chier, passer la porte de sa chambre en le laissant seul avec sa putain de trique mauvaise, partir en courant… j’aurais dû, certes, j’aurais dû mais je ne le pouvais pas… je ne pouvais pas concevoir de ne pas laisser jouir ce mec… je savais qu’en faisant un truc dans ce style, plus jamais je ne le reverrai… alors je me laissais faire, je prenais ce qui venait… faiblesse d’un garçon perdu, car trop, vraiment trop amoureux…

    J’ai de plus en plus de mal à respirer, la bouche commence à me faire mal tellement ses assauts sont violents… heureusement, alors que ses mains impriment toujours à ma tête le mouvement bon pour son plaisir exclusif et que quelques coups de bassin sont venu seconder cet « andante con brio », je sens plusieurs jets chauds et puissants s’abattre au fond de mon palais… il avait été tellement violent que je n’avais presque pas eu envie d’avaler… alors que j’ai toujours adoré ça, pour la première fois je ne l’ai pas fait par envie, mais juste pour ne pas le contrarier…

    Jérém… mon Jérém… pourquoi, Jérém ? Je me sens humilié et toujours ce couplet de Mylène dans la tête…

    Quand de mes lèvres tu t’enlèves, un goût amer…

    Et bien plus dans mon cœur que dans ma bouche…

    Il a joui et à peine son dernier jet expulsé il sort sa queue de ma bouche et il se tourne de l’autre coté… il me tourne le dos… je suis vraiment déçu… je suis triste, abasourdi, interloqué… je ne sais plus où j’habite… je ne sais plus quoi penser… j’ai mal… mal dans ma bouche, mal dans mon petit cœur brisé… je sens que je tombe, je sens que je dégringole… je sens le monde s’effondrer autour de moi… j’ai besoin de retrouver un peu de la tendresse de cette nuit, je ne peux pas partir comme ça, j’ai un mal de chien… j’ai besoin de m’accrocher à quelque chose pour ne pas me fracasser dans cette chute sans fin, impitoyable… je décide de l’enserrer entre mes bras, comme plus tôt ce matin là… j’ai envie de retrouver un peu de cette sensation de plénitude… je m’accroche à ça… et pendant un instant je crois avoir ralenti ma chute, je crois que je ne vais pas tomber plus bas… hélas, quand on chute d’une falaise, si on arrive parfois à s’accrocher à une branche providentielle, il n’est pas sur qu’elle soit assez robuste pour supporter notre poids démultiplié par la chute…

    Je viens tout juste de l’enlacer qu’il se dégage violemment, il repousse mon bras… son geste est tellement rapide que son coude vient cogner contre mes côtes provoquant une vive douleur… il se lève presque d’un bond, il passe un boxer et un t-shirt qui traînaient par terre, il attrape son paquet de cigarettes et, sans un regard, il part en terrasse…

    Je suis triste, j’ai envie de pleurer… je le regarde de dos, appuyé à la rambarde en train de fumer… mon Dieu, qu’est ce qu’il est beau… mon Dieu comment je l’aime… mon Dieu comment je le hais… pourquoi j’ai laissé ce mec prendre autant de pouvoir sur moi ? pourquoi sait-t-il m’apporter à la fois autant de bonheur et me faire autant de mal ? Presque dix ans plus tôt, il était dit dans une chanson bien connue « Only the one that hurts you can make you feel better »… et vice-versa. Sacrée Madonna.

    Je suis envahi par la déception, déstabilisé, je suis paralysé. Il a fini sa clope, je n’ai pas bougé du lit. Je suis incapable de me résoudre à partir dans cet état d’âme. J’ai envie de penser que je suis en train de vivre un cauchemar et que je vais bientôt me réveiller. Je le vois jeter son mégot, se relever et revenir vers la porte fenêtre.

    Pendant un court instant, je m’illusionne qu’il va avoir un mot pour me réconforter. J’aurais dû partir en courant pendant qu’il fumait, ma dignité en avait déjà pris un coup, certes, mais là elle allait être pulvérisée. Je m’apprêtais à boire le poison jusqu’à la lie.

    Il s’arrête sur le seuil, le regard fixe sur moi, dur, hostile. Il me toise, et avec un effort inhumain je tente de soutenir son regard pour essayer de déceler le moindre signe d’empathie à mon égard. En vain. Face à mon regard défait, face à un Nico en demande de la suite naturelle, du prolongement des câlins de la nuit, son regard à lui est impitoyable, implacable…

    Le silence est assommant. Je suis gêné, je baisse mes yeux. C’est à ce moment là que je l’entends lancer, froidement, le ton détaché, presque méprisant :

    T’es encore là ?

    Je suis brisé. Tellement ahuri que j’ai d’abord l’impression de ne pas avoir bien entendu… je lève mon regard, les yeux aux bord des larmes dans l’espoir désespéré que son visage montre autre chose que l’agressivité de ses mots et de sa voix… hélas, son regard est encore plus noir, ses yeux froids comme la glace, je ressens presque de la haine sur moi… je ne sais pas comment c’est arrivé, mais j’ai l’impression qu’à ce moment là je suis à ses yeux le pire de connards… je viens de faire jouir et il me déteste… il vient de m’utiliser pour jouir et il me déteste…

    Jérém... – je m’entends lancer d’une petite voix ridicule, hachée par la détresse…

    Il se tait, le regard toujours aussi intimidant.

    Jérém s’il te plait… - ma voix ressemble à un couinement ridicule… je suis désespéré… j’ai envie de mourir… j’ai envie de le supplier de me faire un câlin, de me dire un mot, juste un mot, de me montrer un regard un peu humain… j’en ai besoin…

    Rien de bon ne viendra de lui ce matin là. Mon insistance à essayer d’obtenir quelque chose de lui pour ne pas m’effondrer n’aura pour résultat que de lui offrir le possibilité de me blesser encore et encore.

    Il faut que tu partes… t’as rien à faire ici…

    Mais Jérém… cette nuit…

    Ne te fais pas d’idées…

    On était si bien, pourquoi tu fais ça ? – je pleure. Dans la confrontation, j’ai perdu, j’ai tout perdu et ma défaite tourne à l’humiliation la plus cuisante.

    Je fais quoi ? Je veux juste que tu foutes le champ de chez moi…

    Mais cette nuit… - j’insiste, fou.

    Cette nuit j’étais défoncé… je t’ai baisé comme d’hab…

    Jérém…

    Putain… il lance, et je vois qu’il commence à s’énerver… il est si sexy et si détestable à la fois…

    Il s’approche de moi, il me saisit méchamment l’avant bras et il m’oblige à sortir du lit.

    Tu te casses, oui ou merde ?

    J’ai mal au bras, mal à l’épaule, j’ai mal au plus profond de moi…

    Je ramasse mes vêtements, je commence à m’habiller en pleurant à chaudes larmes… il se tient là, débout à moins d’un mètre de moi… je sens son regard sur moi, je sens son odeur… j’ai envie de me jeter à son cou, de le serrer contre moi, de le sentir me serrer contre lui, comme cette nuit… j’ai envie de le câliner, j’ai envie de le cogner… j’ai surtout envie de partir loin de cette putain de chambre de malheur… j’ai passé mon pantalon, mon t-shirt, mes chaussures, je suis toujours assis sur le rebord du lit, j’ose un dernier regard. Jérém n’a pas bougé, ses yeux sont si loin de moi, perdus dans le vide… j’ai trop mal, trop mal…

    Jérém, s’il te plait… cette nuit…

    Putain… ! oublie cette nuit, je t’ai dit ! et débarrasse moi le plancher à la fin !

    On m’avait frappé avec un bâton, je n’aurais pas eu si mal. J’étouffe. Je sens que si je reste je vais vraiment le frapper. Je sens la rage m’envahir. Je n’ai pas envie d’en arriver là, alors je commande à mes jambes de se redresser, de me porter vers la sortie. C’est un effort surhumain que je leur demande, que je m’impose.

    Je suis enfin debout. J’avance vers la porte… j’attrape la poignée, je la fais pivoter… et là j’ai l’impression d’entendre un bruit derrière moi… je me retourne, je suis abasourdi… j’ai l’impression qu’il a fait un pas vers moi, j’ai tout juste le temps de croiser ses yeux, pendant qu’il fait demi tour pour disparaître dans la salle de bain en claquant la porte… j’ai vu un truc, je crois que j’ai vu un truc, pourquoi tu fais ça Jérém ? je vais mourir, c’est trop, c’est trop dur, trop cruel…

    Je suis trop mal, il faut que je parte, j’ouvre la porte, je suis dans le couloir sombre, je referme le battant derrière moi, je fais quelques pas chancelants et je m’effondre… les larmes sortent comme rivières… intarissables… j’ai mal comme jamais je n’ai eu mal… il me faut bien une minute pour me ressaisir, pas avant qu’un des résidents du dortoir passe devant moi pour prendre l’escalier… j’essuie mes larmes comme je peux et je lui emboîte le pas…

    Je me retrouve dans la rue et je suis le gars le plus malheureux de l’Univers. Pourquoi cette nuit si c’est pour redevenir aussi dur, aussi méchant ce matin? Pourquoi ne suis-je pas parti dès mon réveil, avant qu’il ne se réveille à son tour? Je savais que c’était la seule bonne solution à prendre… pourtant je suis resté ! Quel con !

    Quel connard ce Jérémie T !!! Ce que je voyais à ce moment là, en ce dimanche matin de toutes les désillusions, c’était que Jérém se comportait comme un con et qui était d’une méchanceté et d’une injustice sans nom à mon égard… je le haïssais… je l’aimais et je le haïssais à la fois… dans ma tête ce n’était plus le feu d’artifice, c’était un paysage de désolation et de cauchemar… ça cognait avec une violence à m’en donner la migraine… la fatigue et le dégoût me terrassaient.

    Au beau milieu du Grand Rond, je me suis assis sur un banc et j’ai pleuré. Le jardin d’Eden avait laissé place à une ghosttown… mais dans cette ghosttown on n’était plus deux, ensemble, amoureux et forts… j’étais seul et meurtri, cette ghosttown me faisait vraiment peur, l’angoisse, le sentiment d’abandon me prenaient à la gorge, j’avais du mal à respirer…

    Je finis par me calmer un peu et pour prêter mon oreille aux chants des oiseaux célébrant le printemps sur le silence de la ville encore endormie… c’est dingue ça… je ne sais pas où ils sont ces oiseaux, pourquoi sont-t-ils en ville alors qu’ils seraient bien mieux à la campagne ? Sacrée bonne idée que cet énorme espace vert en ville… Quoi qu’il en soit, ils sont là et leur chant gai et coloré est fait pour donner la pêche… c’est tellement riche comme son, tellement rond comme mélodie… on dirait du Abba…

    Hélas, quand on est malheureux, la joie autour de nous est impuissante à nous remonter le moral ; au contraire, elle participe à nous donner encore plus la mesure de notre malheur. Pauvres petits oiseaux chantant le printemps, comme votre chant me rend triste ce matin !

    Je suis si accablé… je me surprends à regarder en arrière à ce qui a été jusqu’à là ma vie… je me pose la question de savoir si je n’avais jamais vraiment été à ce point amoureux… amoureux et malheureux… et la réponse que je me donne est… non, clairement non… jamais à cause d’une fille, ça c’est sur, et jamais à cause d’un garçon non plus… depuis très longtemps déjà j’appréciais l’exercice de regarder les bogoss, je me branlais parfois en pensant à un tel ou à un tel que je trouvais sexy… j’avais souvent été attiré, charmé, entiché… mais ça s’arrêtait là… jamais encore je n’avais eu la possibilité de pénétrer assez dans la vie, dans l’intimité de l’un ou l’autre d’entre eux, pour avoir de quoi réellement tomber amoureux… jamais quelqu’un avait eu autant de pouvoir sur moi… le pouvoir de me rendre heureux pendant une nuit incroyable, le pouvoir de me mettre plus bas que terre juste après…

    La pluie avait cessé de tomber mais le vent soufflait toujours en ce triste dimanche matin. Comme il soufflait le jour de notre première révision. Je réalise soudain qu’à chaque épisode marquant de mon histoire avec Jérém, qu’il soit heureux ou malheureux, il y avait du vent… il y aura toujours du vent… sacré vent d’Autan… presque la partition de ma vie, de notre histoire… un peu comme notre chanson à Jérém et à moi… cette chanson à nous qu'on n'aura jamais… 

    Dès lors le vent me parla de Jérém. Ce sont des mots heureux, parfois des mots amers, ou encore des mots nostalgiques. Dès que le vent se lève, surtout au printemps, lors de ces journées de soleil très claires, quand le vent souffle sur plusieurs jours, je revois Jérém le jour de notre première révision, son t-shirt blanc, son sourire coquin, son insupportable et irrésistible assurance quand il avait donné le coup d’envoi à notre histoire… je me souviens encore de ses mots précis…

    « Eh mec - me dit en posant une main sur mon épaule - je sais que tu veux la voir, je sais que tu en as envie... alors viens la chercher... »…

    Qui eut cru ce jour là qu’on en serait arrivé à une nuit comme celle que je venais de vivre ? Et que le matin aurait tout gâché ? Comment ne pas me sentir déchiré entre ces deux Jérémie, meurtri par le contraste criant entre les sentiment d’amour et de haine qu’il avait su inspirer en moi, à si peu de distance l’un de l’autre ?

    Je trouve le courage de continuer à marcher vers la Patte d’Oie et quand j’arrive chez moi, je m’aperçois avec soulagement que la maison est toujours endormie. C’est déjà ça. Je ne supporterai pas d’affronter ma mère ou mon père à cette heure là, dans cet état de fatigue, de mort dans l’âme, avec cette mine défaite, avec cette tête d’enterrement, les larmes intarissables ruisselant sur mon visage. Entendre des questions. Ne pas avoir le courage de donner des explications. J’ai juste besoin de mon lit. Du noir de ma chambre. De ma couette. De me recroqueviller en position foetale et de continuer à broyer du noir. Essayer de comprendre. Je sais que n’y arriverai pas et que ça va me prendre la tête mais je sais aussi que je ne pourrai pas m’en empêcher.

    J’ai laissé un mot sur la table de la cuisine « Suis rentré tard, désolé, besoin de dormir, stp maman. Bisous ». Elle aura mon sms de la nuit mais je serai rentré, alors ça n’aura plus d’importance. J’espère qu’elle va comprendre. On parlera de ça plus tard, mais pas à huit heures du mat. Pas un dimanche matin. Pas ce dimanche matin.

    Je suis dans ma chambre. Je me déshabille. Je suis dans mon lit. Son goût, un goût plus amer que d’habitude, persiste dans ma bouche. Le souvenir de ses allés venues brutales aussi. Je serre sa chemise contre moi, son odeur m’apaise immédiatement. C’est magique et ça le sera toujours. Je suis fatigué, j’ai du dormir moins de deux heures… je me sens fiévreux, les images se bousculent en moi sans que je puisse les analyser, je suis tellement affaibli que même ma souffrance semble suspendue… alors, entre le sommeil et la veille, dans un dernier sursaut émotionnel avant de céder au besoin de repos de mon corps, je revois Jérém dans mes bras… je retrouve l’odeur de sa peau, sa chaleur, cette sensation de plénitude, ce corps au creux du mien… le rêve… je l’aime… je pleure…  

    Nuit de dingue, nuit magique. Je rembobine une dernière fois depuis le début de cette folie de moins de douze heures , je rembobine pour tenter de comprendre, pour ne pas devenir fou de tristesse et de malheur: le mec des chiottes ; la bagarre ; Jérém hors de lui, sa rage, la violence de ses actes et de ses mots ; le t-shirt blanc taché de sang : le bonheur de voir ce beau mâle accourir pour me défendre ; le départ précipité de l’Esmeralda : l’excitation de savoir que je vais le voir nu, le toucher, coucher avec lui ; Thibault dans la lumière des feux de la 205 : peut-être un désir refoulé, touchant ; le retour en 205, ses questions : l’impression qu’une certaine forme de jalousie ou de possession à mon égard se dégage de ses mots ; le trajet à pied entre le canal et l’entrée de son immeuble, les mecs qu’on a croisés se dirigeant vers le On Off, tous ces regards qui se tournent vers mon beau : ma jalousie à l’idée que Jérém habite à mi chemin entre la Ciguë et l’On Off; une jalousie complètement effacée par l’amour de cette nuit féerique, son attitude de mec attentionné et câlin, son besoin de se laisser aller ; et puis sa demande, non pas un ordre mais une demande chuchotée au creux de mon oreille : Reste, t’en vas pas… et sa main qui saisit la mienne, cette invitation à l’enlacer sous la couette; le sentir dans mes bras, être fou de lui et ne plus rien comprendre quand je l’entends sangloter…

    Toujours du mal à réaliser que le champion de rugby, le mec que toute nana avait eu ou voudrait avoir un jour dans son lit, le meilleur ami de Thibault, si souriant et épanoui en sa présence, le mec à la réputation d’être froid et sans sentiments au lit, la bête de sexe, le mec le plus populaire, le plus en vue du lycée, comment réaliser que ce mec non seulement couchait avec moi depuis des mois, mais qu’il terminait sa soirée en cherchant dans mes bras consolation à sa détresse… 

    Pourtant je ne l’avais pas rêvé… mes lèvres avaient brûlé d’envie de lui apporter des mots doux, de comprendre ce qui se passait dans son cœur, de savoir le pourquoi de ce mal-être si inattendu… alors qu’on venait de faire l’amour, alors qu’on avait pris un plaisir fou, alors que notre entente avait été si parfaite, et bien au delà de la sexualité…

    … j’avais eu envie de lui parler, pour le calmer, pour le rassurer, mais j’avais eu l’intuition que les mots ne serviraient qu’à tout gâcher, à gâcher la magie absolue de cet instant. Alors j’y avais renoncé. Et j’avais même renoncé à lui faire sentir ma présence au delà de ce contact physique qu’il avait lui même souhaité : ainsi, alors que mes mains et mes lèvres languissaient de lui faire les câlins les plus doux du monde, je m’étais fait violence pour ne pas lui montrer que j’étais en train d’assister à sa détresse d’un instant… il se serait senti humilié et il m’en aurait voulu à mort… il en allait de sa fierté, et avant sa fierté, tout simplement de sa dignité… je savais fort bien qu’il n’était pas encore prêt à assumer ses blessures, ses fêlures, ses angoisses… pas du tout… 

    Me réveiller un peu plus tard enserré dans ses bras… je ne suis plus sur terre, j’ai migré au Paradis… je me suis transformé en Ange…

    Mais le matin et les Anges ne font apparemment pas bon ménage… après avoir été adorable cette nuit, au réveil le beau brun a été odieux, méchant, violent, blessant… comment y comprendre quelque chose ? On dirait la bande annonce d’un film à suspense… des images mises côte à côte pour perdre le futur spectateur…

    Comment ne pas être défait après un tel changement d’attitude surtout à si peu de temps d’intervalle… avoir eu envie de lui faire plein de câlins et un instant plus tard avoir ressenti la rage me prendre au ventre, ressentir un sentiment d’injustice, le sentiment de m’être fait avoir, d’avoir été berné… d’avoir passé la plus belle soirée et la plus belle nuit de ma vie… d’avoir connu le plus beau réveil de ma vie… d’avoir cru vivre tout ça et découvrir que ce n’était que pure illusion, une illusion que son comportement avait par ailleurs grandement contribué à créer… avoir été le plus heureux des gars pendant un instant, juste avant de connaître la pire désillusion de ma vie, la douche la plus glaciale que l’on puisse imaginer…

    Vraiment j’aurais du partir tant qu’il dormait… laisser intact le souvenir de cette nuit… peut-être ça aurait été mieux dans sa tête à lui… j’en sais rien… faut croire que s’il a réagit comme ça, c’est que cette nuit n’a vraiment rien changé… j’ai trop du le faire chier avec mes câlins… je suis trop tactile, trop en demande… pourtant c’est lui qui a demandé, merde, je n’y comprends plus rien, je n’y comprendrais jamais rien à ce con de mek !

    Oui, j’aurais dû partir : j’aurai au moins connu un dimanche de bonheur, en attendant la suite… partir en portant avec moi tous les énormes espoirs que cette nuit avait su créer dans mon esprit amoureux… partir avec une illusion… être heureux en m’appuyant sur une illusion que j’aurais prise pour la réalité… partir sans savoir qu’un désenchantement me guettait dès la prochaine révision... dans l’attente je me serai fait mille films, des long-métrages dont j’aurais certainement rendu Elodie spectatrice unique, contrainte et forcée… j’aurais vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué…

    Et dès la prochaine éventuelle rencontre, je n’aurais pas pu résister, j’aurai tenté de lui faire des câlins et je me serais fait jeter de la même façon… ma désillusion, mon désenchantement aurait ainsi été encore plus violents…

    Quelque part c’est mieux que ça se soit passé ainsi… au moins j’en aurai le cœur net… crever l’illusion avant qu’elle ne devienne dévastatrice… mais ça fait mal… un mal de chien… ça me prend aux tripes… je me sens tellement sur les nerfs que mon corps est secoué par des frissons, j’en suis courbaturé… je n’ai jamais eu si mal dans ma vie… ce putain de sentiment de trahison et d’abandon… cette fois-ci c’est sûr, je ne le reverrai plus jamais…

    Non, c’es pire que ça… je vais le revoir au bac la semaine prochaine… toute une semaine à le mater arriver au lycée, beau comme un Dieu, il sera là devant moi avec un putain de t-shirt moulant… il sera là, comme d’hab, l’air de rien, il ne me regardera même pas… il ignorera ma tristesse, mes larmes tout justes retenues, ma mine défaite d’un week-end de chagrin… je passerai une semaine à l’aimer, à avoir envie de lui, une semaine à le détester, à le haïr, à avoir envie de lui faire mal comme il m’en a fait…

    J’ai envie de crever… j’ai envie de déchirer sa chemise, de lui foutre le feu, j’ai envie d’oublier son odeur, son visage, son corps, son nom, son existence… j’ai envie de passer tout ce dimanche seul à pleurer, à m’épuiser de tristesse…

    Je sais que je ne vais pas dormir et que demain je serai incapable de me concentrer sur autre chose pendant les épreuves du bac que sur les sentiments de haine viscérale et d’amour infini que je ressens envers ce connard de mec… j’ai l’impression que je vais rater mon bac…

    Le sommeil ne viendra pas ce matin là, je passerai des heures à ruminer tout cela sans arriver à trouver le moindre réconfort… un peu avant midi, il me faudra quand même me lever, ma mère commençant à gueuler que le repas allait être prêt. Maman a du voir que ça n’allait pas fort. Elle ne m’a pas fait la morale. Avant de nous mettre à table, dans la cuisine, pendant que j’attrapais les couverts, elle m’a juste demandé si ça allait. Un peu fatigué. Et Dimitri ça va ? Ca va.

    Pendant tout le repas de midi je retiendrai mes larmes. De justesse, en faisant un effort inhumain. Je ne sortirai presque pas de mots. Je pense que ce dimanche là je me serai noyé si quelqu’un n’était pas passé me tendre une main charitable.

    A deux heures, Elodie était dans ma chambre. Je ne l’avais pas appelée. Elle n’avait pas appelé. Elle est juste passée. Elle l’a senti. J’avais besoin d’elle. Et une fois seul avec elle, ce ne sont pas les mots qui sont sortis en premier. Oui, à midi j’ai retenu mes larmes de justesse. Pas avec Elodie. Elles sont venues chaudes, copieuses, dans ses bras…

     

    A suivre… samedi prochain…


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    Précédemment dans Cinquante Nuances de Jérémie : une soirée en boite de nuit s’était terminée en bagarre entre deux beaux garçons ; une drôle de soirée s’était transformée en nuit de bonheur ; hélas, la magie d’un instant avait été souillée par un réveil plutôt brutal : oui, après avoir été adorable pendant l’amour, le matin venu Jérém s’était révélé odieux et méchant ; Nico avait quitté la chambre Rue de la Colombette triste et malheureux, regrettant de ne pas avoir écouté la petite voix intérieure que, depuis le réveil, lui avait signalé sans détour que le seul choix à faire que le seul choix à faire aurait été de partir avant le réveil du beau Jérém ; c’est un Nico meurtri, incapable de comprendre le comportement à la con du beau brun, qui se retrouve en larmes assis sur un banc en plein milieu du Grand Rond… heureusement une main charitable lui avait été tendue en début d’après midi…

     

    … je sens que le sommeil vient en ce dimanche soir… je ferme les yeux et j’ai l’impression d’être dans ses draps, comme la nuit dernière… j’inspire encore son odeur à travers le tissu froissé de sa chemise et j’ai l’impression que si je bouge mon bras il va être là à coté de moi, que je vais pouvoir le caresser, le serrer à moi… l’avoir contre moi, l’avoir en moi… son expression juste avant de jouir en moi revient sans cesse à mon esprit, elle me hante… ma main glisse sur ma queue et, tout naturellement, je me branle…

    Je suis tellement fatigué que je sens que ça va être difficile d’arriver au bout… je pense que le sommeil va me gagner avant… je suis bien, je me branle plus pour continuer à penser à lui que pour vraiment jouir… je suis bien, son odeur avec moi, ça me calme, je ressens un doux apaisement, je suis suspendu entre veille et sommeil, entre envie de me faire jouir et besoin irrésistible de céder au marchand de sable…

     

    Retour en arrière de quelques heures.  

     

    A deux heures ce dimanche là, Elodie était dans ma chambre. Je ne l’avais pas appelée. Elle n’avait pas appelé. Elle est juste passée. Elle l’a senti. J’avais besoin d’elle. Et une fois seul avec elle, ce ne sont pas les mots qui sont sortis en premier. Oui, à midi, devant ma famille, j’ai retenu mes larmes de justesse. Pas avec Elodie. Elles sont venues chaudes, copieuses, dans ses bras.

    Calme toi, Nico…

    Ses mots ont une douceur et une délicatesse infinies, bien loin des piques qu’elle me lance parfois. Merci Elodie. Elle a vu que je suis vraiment mal, elle n’est pas en mode « je te l’avais dit », elle est juste en mode « je suis là, ti cousin ». Je l’adore. Pendant toute ma crise elle m’enserre dans ses bras, sans un mot ; une de ses mains caresse mon dos et ça me fait un bien fou… ce petit câlin me donne encore plus envie de pleurer, mais c’est une bonne chose, il faut que ça sorte, il faut qua ça sorte jusqu’au bout…

    Il me faut un bon moment pour me calmer et trouver la force de parler.

    C’était génial, cette nuit…

    Je vois ça… - elle recommence à se moquer. Mais c’est bon enfant, elle arrive à m’arracher un sourire humide. Elle a toujours le bon tempo. Je ne sais pas comment elle fait. C’est une super nana.

    Te moque pas, stp…

    Excuse…

    Cette nuit il était si tendre, si adorable… jamais on l’a fait de cette façon là…

    A savoir…
    Ce n’était plus de la baise…

    De l’amour ? il t’a fait l’amour ? tu ne te fais pas des films ?

    Il m’a même embrassé…

    Tu l’as fait boire… ! T’as pas trouvé mieux ? C’est une ruse vieille comme le monde… – si je n’avais pas été si triste, le ton sur lequel elle a sorti sa boutade me ferait esclaffer de rire.

    Il n’était pas dans son état normal… il avait un peu bu mais ce n’est pas ça, pas que ça…

    Quoi donc ?

    A l’Esmeralda j’ai failli me faire cogner par un type aux chiottes…

    Tu ne me l’as pas dit…

    Je ne voulais pas t’effrayer… et il est venu me défendre… il a cogné le type…

    Jérém ?

    Oui…

    Oh, putain… tu ne devais plus tenir en place…

    J’étais fou…

    Alors, quand il t’a proposé de rentrer avec lui…

    J’avais pas le choix…

    Ca se conçoit… à ce stade ce n’est même plus une question de choix, c’est une évidence…

    Déjà dans la voiture il m’a fait son jaloux…

    Son jaloux ?

    Il a compris que le mec voulait me cogner parce que je l’avais trop maté…

    Nico, surveille tes regards, un jour il va t’arriver un truc, à force…

    Oui…

    Jaloux… le Jérém… d’un autre mec qui s’intéresserait à toi ? ? Tiens, curieux ça…

    Il m’a presque fait la morale…

    Très fort venant d’un mec qui prête sa queue bien plus souvent que son dû…

    C’est clair…

    Et une fois chez lui ?

    Elodie… tu veux le croire ou pas… on s’est retrouvés face à face… je l’ai embrassé… il m’a laissé faire… je le sentais secoué, par ce qui venait de se passer en boite, par notre conversation dans la voiture, je sentais qu’il avait besoin de moi, de chaleur, de tendresse… je lui en ai donné, je l’ai caressé comme jamais avant cette nuit… à un moment il m’a arrêté… et… et… il m’a embrassé à son tour… du bout des lèvres, mais c’est venu de lui…

    Il a pris de l’exta !

    Elodie…

    Continue, mon cousin…

    Et pendant l’amour… il était doux, attentionné… il m’a même touché…

    Touché ?

    Jamais il ne m’avait branlé…

    Non, putain, de la coke… il s’est fait un rail sur le rebord des chiottes…
    Elodie…

    Excuse, j’essaie juste de te faire rire un peu…

    Oui, Elodie, tu es adorable…

    Continue ti cousin…

    Il n’a pas été jusqu’au bout… ensuite il est… il est…venu…

    Il est venu en toi ?

    Oui… quand il est venu en moi, il était différent des autres fois… il ne faisait plus son macho, son serial baiseur… il prenait son pied sans se presser, j’avais même l’impression qu’il faisait attention à moi… qu’il faisait attention pour que moi aussi j’aie du plaisir…

    C’est ça un homme, un vrai …

    Quoi donc ?

    Un homme…

    Ça veut dire quoi ?

    Pour un homme, ce qui est également important, c’est de voir que l’autre prend du pied grâce à lui, en plus de son propre plaisir et parfois même avant son propre plaisir… un homme ne se contentera pas de jouir… sa jouissance ne sera complète que si son partenaire aura joui à son tour… je ne te parle même pas d’amour, c’est juste une histoire de psychologie masculine, de maturité…

    Pas tout compris Elodie…

    Ton Jérém avait envie de te faire plaisir car ça le confortait encore plus dans sa « virilité »… te voir prendre ton pied grâce à son sexe, ça doit sacrement flatter son ego… et qui sait… il commence peut-être à se rendre compte qu’en plus d’être beau garçon, tu n’es pas qu’un objet sexuel…

    Je ne sais pas, j’ai trop de mal à le comprendre… il avait un regard, pendant qu’il était en moi, un regard que je ne lui ai jamais connu… doux, touchant… si différent…

    Tu sais, Nico, parfois pendant qu’ils couchent, les mecs se lâchent un peu, baissent un peu la garde, mais faut pas croire que c’est définitif… un mec près de jouir est prêt à tout pour conclure… il n’est plus vraiment lui-même…

    Non, tu ne connais pas ce mec comme je le connais… hier soir il était pas comme d’hab… il avait tombé sa carapace…

    La carapace d’un mec après l’orgasme remonte souvent aussi vite que sa queue retombe, mon cousin… certains s’ouvrent sur l’oreiller, d’autres se referment comme des huîtres… pardon d’être si directe…

    C’est ça que j’aime le plus en toi…

    Nico, regarde les choses en face… il s’est bagarré, tu l’as rendu jaloux… il avait picolé… tu l’as câliné… tout s’est enchaîné bien différemment que d’habitude…

    Oui…

    Ote moi d’un doute… ta nuit a l’air de s’être plutôt bien passée… alors comment ça se fait que je te retrouve dans un état pareil ?

    C’est pas fini…

    Et quand tu es parti, il était comment ? – enchaîne Elodie avant que je puisse aller plus loin.

    Je ne suis pas parti…

    Ah bon ??? t’as dormi chez lui ?

    Il me l’a demandé…

    De rester dormir ?

    Oui, et de le prendre dans ses bras…

    On parle bien de Jérém… de Jérémie T ?

    Lui-même !

    Exta+coke+alcool… il avait chargé le mek…

    C’est malin…

    Tu devais être dingue…

    A deux doigts de disjoncter…

    Bon pour l’Hôpital Marchand… ou alors… prêt pour un petit séjour longue durée à Lannemezan ?

    Elodie !!!!

    Pardon, j’arrête mes conneries… t’as réussi à dormir ?

    Très peu…

    Tu m’étonnes…

    Je me suis réveillé un peu plus tard et c’est lui qui me tenait dans ses bras…

    Tu me donneras ton numéro de chambre et les horaires de visite quand tu sera interné ?

    Bien sur…

    Toujours pas compris comment ça se fait que tout ça t’as mis dans un état pareil… tu devrais être le gars le plus heureux de la terre…

    C’est pas fini…

    Oh, non… non… non… non… nooooon !… je me refuse ce croire que même mon ti cousin Nico, le roi des maladresses, le prince des gaffeurs ait pu se cogner à un obstacle si facile à esquiver… je vais t’appeler Titanic…

    Quoi donc ?

    T’es resté… t’as attendu qu’il se réveille…

    Je suis resté…

    Dis-moi au moins qu’il s’est réveillé avant toi… que tu n’as pas sciemment attendu qu’il se réveille, que tu ne lui as pas carrément tendu le bâton pour te faire battre…

    Je la regarde, sans savoir quoi dire.

    T’étais réveillé avant lui…

    Oui…

    Et t’as pas pensé qu’il valait mieux te tirer avant qu’il ouvre les yeux ?

    Si… si…

    Et il a été odieux je te parie…

    Oui…

    Tu t’en doutais pas que ça allait arriver ?
    J’en avais peur mais j’avais envie que ça se passe autrement… après cette nuit, j’y croyais un peu… j’avais trop envie de…

    De lui faire une gâterie au réveil ?

    Aussi…

    Comment ne pas avoir envie de faire tomber la trique du matin d’un beau garçon… mais là c’est vraiment mal joué mon cousin… puisque tu semble ne pas la connaître, je te donne une règle très utile pour ce genre de situation : à savoir que, lorsqu’elle est agrémentée d’un peu d’alcool, de substances illicites…

    Je te dis qu’il n’a rien pris…

    Elle continue, faisant mine de ne pas avoir entendu mes mots.

    … et de quelques émotions, la nuit est capable de déclencher des événements que certains ne savent guère assumer le matin venu. C’est déjà vrai pour les amours hétéros, ça doit l’être d’autant plus dans ce genre de situation, là un des deux partenaires est, comme Jérém l’est à l’évidence, un bi qui ne s’assume pas… il faut savoir comprendre s’il faut rester ou partir… tu sais, cousin, une fois ça m’est arrivé de coucher avec un mec qui…

    Elodie enchaîne sur le récit de l’une de ses nuits compliquées… je fais semblant d’écouter mais en réalité je n’entends plus ses mots… je pars ailleurs dans ma tête… deux de ses phrases résonnent en moi comme un écho dans les Pyrénées : « des événements que certains ne savent guère assumer le matin venu… un des deux partenaires est un bi qui ne s’assume pas » et soudainement j’entends un déclic en moi. D’un seul coup tout devient clair dans ma tête. Tous s’enchaîne et s’organise. Ma cousine est un as. Ou alors je suis tout simplement trop bête. Aveuglé par mon amour. Abruti par mon manque d’expérience et de connaissance de la psychologie masculine. De la psychologie « Jérémie ».

    Mais tout est pourtant clair depuis le début… pourquoi cette nuit Jérém était-t-il dans cet état d’âme si étrange? Pourquoi sa détresse dans mes bras ?

    La raison est pourtant si simple, si évidente… porté par des évènements, par des émotions inhabituelles, une fois dans sa vie il a accepté qu’on lui apporte, que JE lui apporte, un peu de tendresse… il s’est rendu compte que ça lui faisait un grand bien, un bien dont il avait besoin mais qu’il avait toujours refusé, refusé pour ne pas en devenir dépendant, suivant une philosophie qui consiste à renoncer à vivre ce dont on a envie pour se protéger des conséquences…

    Un peu de tendresse et voilà, voilà d’un coup d’anciennes tensions se relâcher, des blessures jamais guéries recommencer à saigner… il a dû se sentir perdu… égaré dans cet univers d’affection qui lui était jusqu’à là si étranger et dans lequel il s’est retrouvé projeté sans vraiment le vouloir, par la présence d’un petit mec prénommé Nico…

    Pourquoi son changement brutal de comportement le matin venu ? Ca aussi c’est limpide comme eau de roche. Le prix à payer pour ce nouveau bonheur lui parait pour l’instant trop élevé : laisser un pd rentrer dans son intimité, lui donner les clefs de son coeur… en fin de compte, Jérém n'est pas difficile a comprendre… c’est un mec à nana qui tombe amoureux d'un garçon, qui finit par se rendre compte qu'un gay n'est pas qu'un trou et qui ne sait pas, ne veut pas, ne peut pas accepter ça, il ne peut pas se remettre en question… être un canon, en plus du fait de s’être taillé une réputation de serial baiseur, l'a placé dans un rôle de mâle qui est difficilement compatible avec des envies qu’il découvre malgré lui… il se sent attiré vers l’inconnu, vers quelque chose qui lui fait peur…

    Mais oui… il affectionne un homme ! il m’affectionne moi !! c’est un changement brutal dans sa vie… tellement brutal et inattendu que ça explique sa façon d’avancer à reculons… il va lui falloir du temps pour digérer tout ça… il va me falloir comprendre ses regards, comprendre et accepter que certaines de ses attitudes disent autre chose que ses mots durs et que ses réactions à la con, aller au delà de son incapacité présente à assumer tout ça…

    Je repense alors à ce petit bruit dans mon dos pendant que je saisissais la poignée de la porte de sa chambre… un doute hante mon esprit se transformant petit à petit en certitude… je suis presque sûr que Jérém avait avancé vers moi pendant que je prenais la porte de sa chambre… quand je me suis retourné, son bras revenait vers son buste comme pour cacher un geste inaccompli et non assumé…

    Il avait fait un pas, certes retenu, retiré, mais un pas quand même… un pas, quelle symbolique… et puis son regard, ce bout de regard que j’ai capté pendant que déjà il partait loin de moi, pendant qu’il complétait son demi tour hâtif juste avant de disparaître aux chiottes en claquant la porte… ce ne fut qu’une fraction de seconde, une fraction qu’aucun horloge ne serait capable de mesurer… une fraction de temps où j’ai cru mourir… un tout petit moment de rien du tout pendant lequel j’aurais juré, sans vraiment être sûr que ce ne soit pas mon imagination qui me joue des tours, voir quelque chose au fond de ses yeux… comme de la tristesse… humide…

    Avait-t-il voulu me retenir pour ne pas me laisser partir dans cet état là ? Avait-t-il pendant un court instant regretté sa dureté, sa méchanceté? Avait-t-il été touché par ma détresse et mon désespoir ? Avait-t-il à un moment voulu me réconforter sans pouvoir se forcer à le faire en bout de compte?

    Mon pauvre Jérém… Jérém pourquoi résistes-tu ? Pourquoi te fais-tu violence ? Pourquoi te rends-tu si malheureux ? Pourquoi nous rends-tu si malheureux ?

    C’est dur, si dur… c’est dur mais il faut que tu sois fort, Nico. Il faut te battre. Tu le sais désormais, sa violence est une armure… tu l’as bien découvert cette nuit… tu sais qu’il est capable d’être aimant, d’être humain… tu commences à avoir quelque clef, il faut que tu t’accroches à ça, il faut que tu fasses le dos rond, il faut que tu prennes sur toi pour l’instant, tu es assez fort, tu vas y arriver… ce mec en vaut la peine… c’est l’homme que tu aimes… il faut que tu penses à ses regards, à ses gestes pendant l’amour, il faut que tu penses à l’homme que tu as vu cette nuit et non pas au mec énervé et agressif que tu as croisé ce matin…

    A quoi penses-tu, mon cousin ? – c’est Elodie qui m’arrache à mes pensées. En quelques secondes à peine, elles ont totalement changé de polarité. 

    Pourquoi ?

    Tu ne parles plus, tu souris tout seul… t’as pris de l’exta toi aussi ?

    T’es conne ! Non, Elodie, je viens de comprendre quelque chose… grâce à toi…

    Qu’est ce que tu ferais sans ta cousine préférée ?

    Elodie est restée pendant tout l’après-midi. On a encore parlé de Jérém, je lui ai expliqué ce que je venais de comprendre à son sujet, et au sujet de son comportement du matin… elle m’a écouté, elle sait désormais que c’est peine perdue que d’essayer de me persuader que Jérém n’est pas un garçon pour moi, qu’il faut que j’arrête de penser à lui, de le voir, que ma vie serait infiniment plus simple si j’arrivais à l’oublier… oui, c’est peine perdue car le mal est fait… ce garçon a pris mon cœur à jamais, et je ne peux rien contre cette force irrésistible qui m’attire vers lui ; je sais ce qu’elle pense, elle sait que je le sais, elle respecte mon choix ; je sais qu’elle a compris que je dois aller au bout de ce que j’ai à vivre avec ce garçon, coûte qui coûte, je le dois car je n’ai carrément pas le choix… et je sais désormais que je pourrai venir pleurer dans ses bras à chaque fois que j’en aurais besoin car elle m’a montré le mode « Je suis là, Nico » en prenant sur elle pour me réconforter.

    Oui, Elodie, comment ferais-je si tu n’étais pas là ?

    Après avoir traité du dossier « Jérémie T » en long, en large et en travers, on a aussi parlé d’elle, de ses amours compliquées ; et à la fin, on a parlé de notre enfance. Depuis quelque temps, quand on reste longtemps ensemble, on finit toujours par parler de notre enfance. Ça doit être le signe que l’on est en train de grandir… On s’est surpris à être un peu nostalgiques de cette époque qu’on a vécue ensemble, une époque où tout était simple, où l’amour ne faisait pas encore battre nos cœurs en chamboulant nos vies de la sorte. Une époque où Jérémie n’était pas encore rentré dans mon existence. Une époque où le monde avançait sans nous. Où personne ne nous demandait de comptes. Une époque où on se sentait en sécurité. On passe les dix premières années de notre vie à vouloir sortir de l’enfance. Et le restant de notre existence à rêver d’y revenir.

    Elodie est restée dîner. Elle a fait la conversation à table. Et moi avec elle. J’étais presque euphorique. Rien à voir avec la gueule de midi. C’est bon de l’avoir à mes côtés. Elodie est mon Thibault à moi. Elle me met de bonne humeur, elle veille sur moi, elle est toujours là quand il le faut, elle sait toujours quoi faire. Ni trop, ni pas assez. Le juste milieu. Elle sait ce qui est bon pour moi, avant même que je le sache moi-même. Depuis qu’elle est arrivée ce dimanche après midi, j’ai trouvé comment sécher mes larmes.

    Elle est partie peu après le repas.

    Il n’est que 21h30 mais je sens l’appel du lit. La nuit dernière je n’ai dormi que deux heures à peine… demain c’est le bac, il faut que je récupère, il me faut être en forme… je regarde mon portable… écran vide… inutile d’espérer un sms de mon beau, il n’est pas du genre… surtout pas après ce qui s’est passé cette nuit, surtout pas après s’être énervé comme il s’est énervé ce matin… surtout avec le bazar que ça doit être dans sa jolie tête… sacré bazar… un peu comme dans la mienne…

    Elodie n’est partie que depuis une demie heure et, privé de sa présence, je sens rapidement mon état d’esprit changer : oui, sans ma cousine à mes côtés, je me sens beaucoup moins fort. Je sens que mes résolutions de l’après-midi, si déterminées il y a encore quelques minutes, semblent perdre de leur audace, de leur énergie, de leur conviction. Je sens le courage me quitter. Je sens l’angoisse s’emparer de mon esprit, l’envahir, le submerger, l’étouffer. La décision d'affronter bravement l'hostilité et les humeurs changeantes de Jérém s'évapore à vitesse grand V et voilà mes doutes me rattraper. Je me sens seul et sans ressources, sans défenses face à son agressivité et à sa dureté, à l’instabilité affective dans laquelle son comportement me plonge. 
    L’idée de le revoir dans quelques heures au bac recommence à me paraître insoutenable, angoissante. Il me faut reprendre tout ça une fois de plus et retrouver l’état d’esprit de l’après-midi quand Elodie était avec moi, quand je me suis senti fort et déterminé, capable de faire face à Jérém, à son attitude à la con, quand je me sentais assuré du fait qu’il faudra du temps pour qu’il se rende compte de certaines choses, mais qu’il y arrivera un jour, c’est sur… retrouver la sensation rassurante qu’il me faut juste du temps, de l’énergie et du courage pour apprivoiser la bête… parce que l’enjeu est trop grand pour que j’envisage, ce ne serait que pendant une seconde, d’y renoncer…

    Je me cale sous la couette dans le noir et dans le silence de ma petite chambre. Je m’isole, je ferme les yeux sur le monde et je les ouvre sur mon monde intérieur. Je voyage dans ma tête. Je pars loin du présent. J’ai toujours été très bon à ce jeu là : m’évader dans l’espace infini de mon jardin secret.

    J’en ai vraiment besoin car, depuis qu’Elodie est partie, je ne me sens pas bien, je me dis que c’est moi qui ai tout gâché ce matin… je décide alors de remonter le temps pour voir exactement là où ça a foiré, pour imaginer une autre issue, plus heureuse. Je ferme les yeux et dans la salle obscure de ma tête, je lance la bande des dernières 24 heures en mode rembobinage… 

    Je fais défiler ce dimanche image par image, je revois le dîner de tout à l’heure, mon état d’esprit guilleret tant que ma cousiné était là ; je remonte mon après-midi avec Elodie, je me remémore nos conversations, nos rires, mon récit de la nuit avec Jérém, ses blagounettes pour détendre l’ambiance, ses mots qui ont fait clic dans ma tête « la nuit est capable de déclencher des événements que certains ne savent guère assumer le matin venu… là un des deux partenaires est, comme Jérém l’est à l’évidence, un bi qui ne s’assume pas… »… je voudrais à ce moment là faire arrêt sur image, mais tout circule si vite que je ne peux qu’en être spectateur ; je me revois en pleurs lorsqu’elle est rentrée dans ma chambre… je me replonge dans l’affreux repas en famille de midi, passé en silence retenant mes larmes prêtes à déborder ; mon esprit se balade encore plus loin … je suis sous la couette où je tente de m’endormir en ce matin de dimanche… je recule encore la bande vidéo dans ma tête et je me revois rentrer chez moi à huit heures et laisser un mot à ma mère ; image après image, je suis dans la rue, je suis triste, je suis perdu, je suis assis sur un banc du Grand Rond, je suis déjà en larmes et le chant des oiseaux du matin me donne la mesure de mon malheur ; je continue à regarder les images défiler à rebours avec un mouvement rapide et inversé qui n’a rien de naturel : je me retrouve rue de la Colombette, ensuite je me revois dans le couloir du dortoir, la porte de sa chambre dans mon dos, l’impression que tout s’effondre autour de moi, la porte se ferme et se rouvre, je suis à nouveau dans sa chambre, la poignée de la porte devant moi, Jérém qui disparaît dans les chiottes après avoir fait un demi pas vers moi et s’être retiré… dans l’image juste avant, me voilà encore assis sur le lit, Jérém débout à un mètre de moi, en silence, en colère… envie à la fois de lui faire un câlin et de le frapper… je revois son regard noir, dur, fuyant, ses gestes sans pitié, ses mots qui résonnent dans ma tête avec une violence brutale… je les entends repasser à rebours…

    Putain… ! oublie cette nuit, je t’ai dit ! et débarrasse moi le plancher à la fin ! (J’ai mal au bras, mal à l’épaule, j’ai mal au plus profond de moi)… Tu te casses, oui ou merde ?... (il s’approche de moi, il me saisit méchamment l’avant bras et il m’oblige à sortir du lit… Je le revois en train de s’énerver… si sexy et si détestable à la fois)… Ne te fais pas d’idées… Cette nuit j’étais défoncé… je t’ai baisé comme d’hab… Je veux juste que tu foutes le champ de chez moi… Il faut que tu partes… t’as rien à faire ici… T’es encore là ? (Sacrée petit con ce Jérém !).

    Je tente de chasser ce cauchemar de ma tête, en vain, tous les détails remontent… je voudrais passer vite sur ces moments mais la bande vidéo semble ralentir toute seule… ou bien est-ce que ce serait moi qui est inconsciemment en train de la retenir ? la bande recule encore… je retrouve son goût, cette fois ci bien amer, dans ma bouche, ses mains sur mes oreilles enserrant ma tête, ses coups de bassin dans ma bouche, ses mains qui saisissent les miennes, coupables d’avoir tenté juste avant une caresse sur son visage, une caresse comme celle permise quelques heure plus tôt et redevenue tabou à la lumière du jour ; je me revois prendre sa queue raide dans ma bouche, le faire de mon propre chef, la caresser, hésiter devant le drap moulant ses attributs, avoir pensé avec tristesse au fait que c’était peut être la dernière fois que je revoyais cette chambre, avoir joui tout seul dans ses draps un instant plus tôt, avoir éternué, avoir essayé en vain de retenir mon éternuement, avoir eu peur de le réveiller… avoir soulevé le drap, l’envie de voir sa trique du matin…

    Et voilà qu’arrive enfin la dernière image heureuse : Jérém endormi à côté de moi… Dernière séquence utile. Je mets sur pause. L’image est trop belle pour ne pas s’y attarder un instant. J’ai du mal à m’en détacher, mais je finis par rembobiner l’enregistrement jusqu’au début de la scène.

    Mon réveil. Il est 7 heures quand j’ouvre les yeux… le store n’est pas complètement déroulé et le jour commence à rentrer par le bas de la porte fenêtre… Jérém n’est plus enlacé autour de moi… il est endormi, beau comme un enfant, juste à coté… il est presque tourné sur le flanc, vers moi, une main entre la tête et l’oreiller… canaille de mec, qu’est ce qu’il est beau dans son sommeil… son regard est tellement doux, apaisé, ses angoisses et ses inquiétudes de la veille semblent complètement effacées de son visage… j’adore le voir dormir car je me fais la réflexion que quand il dort il est là, tout entier avec moi… il ne fait pas des trucs que je ne voudrais pas qu’il fasse, il ne pense pas à des trucs dont je ne voudrais pas qu’il pense… je ne suis plus jaloux, je ne suis plus angoissé, je suis bien, je le regarde et je veille sur lui… je sens que ma jalousie vis-à-vis de ses nombreuses aventures du passé s’estompe, je sens que mon cœur est conquis… je sens qu’il ne peut plus me faire souffrir, que nos deux esprits sont si proches, liés à jamais… je sens une étrange sensation parcourir mon corps, un truc qui m’attire vers lui, un truc d’une tendresse infinie, comme un parfum de bonheur…

    Alors je reste là, la tête posée sur l’oreiller, à le contempler pendant un long moment, à le regarder respirer, le regarder dormir, rêver peut être… s’il rêve, il rêve de quoi, de qui ? Est-ce qu’il y a de la place pour moi dans ses rêves… ? C’est trop beau, Jérém qui fait dodo… je ne veux pas le réveiller, pas encore, je voudrais que ce moment de perfection dure toute une vie… jamais je ne me suis senti aussi bien avec ce mec, jamais… pendant son sommeil, tout est possible… imaginer qu’il m’appartient tout entier, imaginer que la nuit passée ne soit pas qu’un épisode isolée, qu’une erreur de scénario… imaginer que Jérém s’est enfin aperçu que je compte pour lui, un peu quand même…

    Le choix qui se présente à mon esprit est difficile à appréhender… partir maintenant, quitte à qu’il se pose des questions en se réveillant seul dans son lit, alors qu’il s’y était endormi en compagnie ; ou bien rester, rester et prendre le risque de le voir contrarié de me trouver encore là…

    La scène touche à sa fin. Je mets sur pause. Cette image de Jérém endormi ce matin là à coté de moi est d’une beauté à m’étourdir. Je décide que je garderai cette image là en dernier ; et que la suite sera entièrement réécrite. Sur la puissante table de montage installée dans ma tête, je coupe toute la bande tournée après ce moment et je la remplace par une scène que je suis en train de créer de toute pièce en partant du seul choix qui s’imposait ce matin là… dans ma tête, je revis ce dimanche matin… c’est le Dimanche Matin 2.0…

    … dans le Dimanche Matin 2.0, je sais que la seule bonne décision à prendre, c’est celle de partir avant qu’il se réveillé. Je suis sûr de ma décision et je sais que je ne vais pas la regretter. C’est bien de choisir, on se sent soulagé après. Quand on couche avec un jeune homme bi qui n’assume pas sa part de bi, handle with care, produit dangereux, risque de réactions imprévues… risque de blessures

    … dans le Dimanche Matin 2.0, je m’oblige, la mort dans l’âme, à m’habiller en faisant bien attention à ne pas réveiller le beau dormant ; je me retourne vers lui, je le regarde amoureusement, je lui offre une dernière caresse et un ultime baiser sur le front… je me tiens debout devant le lit, prêt à partir… je m’arrache non sans difficulté du contact visuel avec ce visage d’ange endormi… je dois me faire violence, et pendant un instant ça fait mal comme quand on arrache un pansement… je prend la porte et je la referme doucement derrière moi… je quitte sa chambre la larme à l’œil… je me pose encore une fois la question de savoir ce qu’il ressentira à son réveil, voyant que je suis parti… ça y est, je suis dehors… je reprends enfin une bonne inspiration bien profonde…

    ... dans le Dimanche Matin 2.0, imaginer Jérém ouvrant les yeux en entendant la porte se refermer derrière moi, lui qui ne dormait peut-être plus déjà depuis un certain moment, le laissant se réveiller trankil, sa trique matinale lui faisant regretter une gâterie que je ne lui aurais pas faite, lui faisant ressentir une frustration qui aurait gardé vif en lui le souvenir de moi pendant un long moment, lui inspirant ainsi de bonnes branlettes sous la couette et sous la douche en repensant à tout cela…

    … dans le Dimanche Matin 2.0, je revis mon départ ce matin là avec un tout autre état d’esprit… dans cette réalité parallèle, après l’avoir quitté avant son réveil, je me retrouve en bas de chez lui, dans la rue déserte à cette heure là. J’ai les yeux pleins d’étoiles, j’ai l’impression que toute la ville est pour moi, que je suis seul au monde, je me retiens de justesse de pousser un grand cri de joie… s’il n’était pas si tôt, j’appellerai Elodie pour la faire délirer… tous mes sens sont en éveil et je suis tellement heureux que j’ai l’impression que autour de moi tout est plus beau que la veille… je descends la rue de la Colombette et je tourne vers St Aubin direction La Patte d’Oie… j’ai envie de marcher pour me calmer… j’ai l’impression que tout est facile et que la vie est vraiment belle et que rien ne peut m’ôter ce sentiment…

    … dans le Dimanche Matin 2.0, j’arrive au Grand Rond et je suis tellement heureux que je dois m’arrêter un instant sur un banc pour reprendre mon souffle ; mes oreilles sont ravies par des chants d’oiseaux célébrant le printemps sur le silence de la ville encore endormie… c’est dingue ça… je ne sais pas où ils sont ces oiseaux, pourquoi sont-t-ils en ville alors qu’ils seraient bien mieux à la campagne ? Sacrée bonne idée que cet énorme espace vert en ville… quoi qu’il en soit, ils sont là et leur chant gai et coloré est fait pour donner la pêche… c’est tellement riche comme son, tellement rond comme mélodie… on dirait du Abba… mon cœur est heureux et lorsque on a la joie dans le cœur, la joie qu’un ressent autour de nous ne fait que faire écho à la notre et à nous rendre encore plus heureux…

    … dans le Dimanche Matin 2.0, je suis enchanté et je me surprends à regarder en arrière à ce qui a été jusqu’à là mon existence… je me pose la question de savoir si de ma vie je n’avais jamais vraiment été amoureux… et la réponse que je me donne est… non, clairement non… jamais d’une fille, ça c’est sur, et peut être jamais d’un garçon non plus… depuis très longtemps déjà j’appréciais l’exercice de regarder les bogoss, je me branlais souvent en pensant à un tel ou à un tel que je trouvais sexy… j’avais souvent été attiré, charmé, entiché… mais ça s’arrêtait là… jamais encore je n’avais eu la possibilité de pénétrer assez dans la vie, dans l’intimité de l’un ou l’autre d’entre eux pour avoir de quoi réellement tomber amoureux…

    … et si parfois je m’étais dit que même Jérém n’était au fond qu’un coup de cœur, que c’était plus de son physique, de sa beauté aveuglante et de sa queue toujours droite dont j’étais épris… à partir de cette nuit là j’aurais la certitude que ce que je ressentais pour lui c’était bien plus que ça…  jamais encore je n’avais rien vécu quelque chose qui ressemble, de loin ou de près, à ce que je venais de vivre…

    … dans le Dimanche Matin 2.0, je me suis rendu compte que non, définitivement je n’avais jamais été amoureux de ma vie avant cette nuit là… je ne pouvais pas avoir été amoureux car je n’avais jamais senti ce que je sentais ce matin là en partant de chez lui… le ventre plein de papillons, un optimisme infini au regard de l’avenir et de l’évolution de notre relation… c’était comme si d’un coup tout devenait possible, grâce à un baiser, à un regard… à cette certitude qui s’est soudainement installée en moi, la certitude qu’il ressent un truc spécial pour moi, la certitude que je ne suis pas que son vide couilles comme il me l’a montré jusqu’à là, ou du moins que je ne suis plus son vide couilles… merde, alors !... cette nuit il y a eu de la tendresse, on s’est fait des câlins… j’ai envie de le crier dans la rue, de le crier à tue-tête…

    … dans le Dimanche Matin 2.0, j’ai l’impression d’avoir vécu mille nuits en une seule… j’ai l’esprit embrumé et confus… oui, décidemment il y a des images de cette nuit dont j’ignore si elles appartiennent vraiment au souvenir ou si elles ne sont pas directement issues de mon imagination trop excitée… comme des flash, comme dans la bande annonce d’un film, des extraits, des images percutantes juxtaposées pour créer des effets de surprise, des questionnements, des coups de théâtre, des chutes, un véritable feu d’artifice… oui, dans ma tête il y avait tout ça… de la surprise, des questionnements, un feu d’artifice…

    … dans le Dimanche Matin 2.0, la pluie avait cessé de tomber mais le vent soufflait toujours en ce dimanche matin heureux… comme il soufflait le jour de notre première révision. Je réalise soudain qu’à chaque épisode marquant de ma relation avec Jérém il y avait du vent… le vent d’Autan… presque la partition de ma vie, un peu comme notre chanson à Jérém et à moi… cette chanson à nous qu'on n'aura jamais… dès lors le vent me parla de Jérém. Des que le vent se lève, surtout au printemps, lors de ces journées de soleil très claires, quand le vent souffle sur plusieurs jours, je revois Jérém le jour de notre première révision, son t-shirt blanc, son sourire coquin, son insupportable et irrésistible assurance quand il avait donné le coup d’envoi à notre histoire… je me souviens encore de ses mots précis… 

    « Eh mec - me dit en posant une main sur mon épaule - je sais que tu veux la voir, je sais que tu en as envie... alors viens la chercher... »…

    Ça ne doit pas être facile pour toi, mon beau Jérémie… passer du mec qui couche avec toutes les meufs… à une situation où tu as envie de te faire enlacer par un mec (et ce mec, c’est moi !) pour dodo. Tu as besoin de temps pour admettre cette réalité... je suis ce que je fuis, n’est-ce pas mon beau Jérém ?… il te faut du temps, mais tu finiras par te rendre compte que l’on est fait l’un pour l’autre… pour l’instant tu ne peux pas assumer tout ça, c’est trop nouveau et trop puissant pour toi, tu ne le peux pas encore, mais tu m’aimes, mon Jérém, tu me l’as montré cette nuit… tu m’aimes à ta façon à toi mais tu m’aimes, ça c’est sur…

    Je ferme les yeux et j’ai l’impression d’être dans ses draps, comme la nuit dernière… j’inspire encore son odeur à travers le tissu froissé de sa chemise et j’ai l’impression que si je bouge mon bras il va être là à coté de moi, je vais pouvoir le caresser, le serrer à moi… l’avoir contre moi, l’avoir en moi… son expression juste avant de jouir en moi revient sans cesse, elle me hante… ma main glisse sur ma queue, tout naturellement, je me branle…

    Je suis tellement fatigué que je sens que ça va être difficile d’arriver au bout… je pense que le sommeil va me gagner avant… je suis bien, je me branle plus pour continuer à penser à lui que pour vraiment jouir… je suis bien, son odeur avec moi, ça me calme, je ressens un doux apaisement, je suis heureux, demain je vais le revoir au bac… il faut pas que je lui tienne rigueur pour ce matin, je dois lire entre les lignes, surtout pas m’arrêter à son comportement à la con, penser qu’il peut être quelqu’un de bien, qu’il peut se laisser aller, faut juste trouver la bonne porte, le bon moyen, le bon moment… et tu vas y arriver, Nico, tu vas y arriver… non, il ne faut pas que tu lui tienne rigueur pour ce matin, d’ailleurs ce matin n’a jamais existé car tu es parti avant son réveil !

    Assuré de son amour, un amour réel dont le seul défaut est celui de ne pas s’assumer, assuré de ma capacité à attendre qu’il mûrisse et qu’il en prenne conscience, avec au plus profond de moi la certitude, comme une lueur dans une nuit sombre, que cette nuit soit un peu plus qu’une scène ratée coupée au montage d’un film magnifique, me voilà suspendu entre veille et sommeil, entre envie de me faire jouir et besoin irrésistible de céder au marchand de sables…

    … entre rêve et conscience, mes pensées se déforment… qui eut cru ce jour là qu’on en serait arrivé à une nuit comme celle que je venais de vivre ? Qui eut cru à ce fabuleux matin, le Dimanche Matin 2.0 que je viens de fabriquer, le matin qui aurait certainement été si je n’avais pas commis l’erreur de rester…

    Quand on a à ce point envie de croire en quelque chose contre vents et marées, c’est impressionnant la capacité de l’esprit de créer des rêves sur mesure et de les prendre pour des réalités. Je sens en moi une force incroyable, inattendue, je l’aime, je me sens fort. Aimer rend fort, aimer rends fou. Imaginer l’impossible. Même si on est seul à y croire.

    Mais qu’importe, définitivement, en concevant le Dimanche Matin 2.0, je suis le garçon le plus heureux de l’Univers… et je le suis toujours en arrivant au bout de mon plaisir solitaire. Je finis par m’endormir dans des draps moites.

    En m’endormant, j’ai aperçu l’écran de mon portable s’allumer. Un sms vient d’arriver. Je n’ai pas le courage d’attraper mon téléphone. Je m’endors. Je l’aurai demain matin au réveil. Un sms d’Elodie :

    Bon courage pour demain,

    pour ton bac, et pour le reste

    je pense très fort à toi, mon cousin…

     

    Au même moment, à l’autre bout de la ville, dans une petite chambre d’étudiant, un beau brun cherchait lui aussi le sommeil… et il finirait par le trouver de la même façon que Nico trouva le sien… quant aux images qui défilaient dans sa tête pendant la recherche de son plaisir solitaire…

     

    … à suivre… samedi prochain…

     

    Certains d’entre vous reconnaîtront dans certains passages de ce texte, des mots ou des phrases tirés des commentaires de l’épisode de la semaine dernière. C’est mon hommage à l’intérêt que vous portez à mon histoire.

     


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