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    Elodie et moi, nous voilà dans la salle disco. Changement de décor, changement de musique. Radical.

     

    You're just too good to be true/Can't take my eyes off of you/You'd be like heaven to touch/I wanna hold you so much/At long last love has arrived/And I thank God I'm alive/You're just too good to be true/Can't take my eyes off of you…

     

    Vas y Gloria, fais nous rêver, toujours et encore… Là, pour le coup, impossible de ne pas se ruer sur la piste de danse, il faut vraiment être mec hétéro pour se faire violence à ce point, pour résister à l’ensorcellement que cette musique opère sur nos jambes, ôtées à notre contrôle et transformées en prolongement de cette rythmique insoutenable dans son genre, comme le sourire d’un beau garçon l’est dans un autre registre. Quoique, à bien réfléchir, entre une musique entraînante, un parfum troublant, un sourire charmant, tout est question d’émotion, de sensualité, d’emportement, d’étourdissement de la raison ; c’est l’instinct, le plaisir qui prend le dessus sur la discernement, qui nous fait perdre le contrôle et nous enivre d’une chaude douceur à qui on a envie de s’abandonner, de se laisser emporter vers l’inconnu.

     

    Certes, comme on pouvait s’y attendre, la moyenne d’âge dans cette salle apparaît légèrement supérieure à celle de la salle techno, mais on y retrouve quand même de beaux mâles… postés au bord de la piste, le verre à la main…

     

    Oui, on n’avait pas tout à fait franchi le sas de la salle disco, que la voix de Gloria nous rabattait vers la piste.

     

    …you're just too good to be true/Can't take my eyes off of you/Pardon the way that I stare/There's nothing else to compare/The sight of you leaves me weak/There are no words left to speak/So if you feel like I feel/Please let me know that it's real/You're just too good to be true/Can't take my eyes off of you…
    Gloria, as-tu connu un mec comme Jérém, un mec duquel on ne peut plus décoller les yeux, trop beau pour être réel ? Ou un mec comme ce type musclé au débardeur outrageusement blanc et tendu sur ses épaules et sur ses pecs qui dansait comme un Dieu sur la piste de danse de la salle techno ? Oui, on se comprend Gloria, you’re just too good to be true…

     

    Putain, ce regard… je n’arrivais pas à me l’enlever de la tête… ses yeux, j’en étais comme aveuglé,  étourdi… Ce regard m’avait tellement marqué que je n’arrivais même plus à penser à Jérémie… Jamais Jérém ne m’avait regardé ainsi. En général Jérém ne me regardait même pas. Il me permettait de l’approcher quand il en avait envie, il se rendait inaccessible le reste du temps. Quand je croisais son regard, c’était de la domination que je voyais, le plaisir de me voir soumis à tous ses caprices : ce n’était pas du désir, c’était de l’envie, l’envie de se faire soulager les couilles, de conforter la suprématie de sa virilité. Et son ego avec.

     

    Le regard de ce mec était autre chose… jamais je n’avais croisé un regard semblable… on aurait dit que je lui plaisais et qu’il voulait un gros câlin, mais pas comme Jérém, un câlin qui pouvait être autre chose… dans un autre rapport de force, peut être plus équilibré, peut être plus doux… oh combien d’infos peuvent passer par le regard… en voulait-t-il donc ? avais-je une touche ? avec un mec si canon ? ça se voit autant que je suis pd ? se moquait-t-il de moi ? Et même si c’était le cas, même s’il voulait aller plus loin, comment faire ? Comment l’approcher sans me faire repérer par cette moitié du lycée qui était en boite ce soir là ? Comment m’adresser à lui ? Lui dire quoi ? Quels mots ? Je n’avais jamais dragué de ma vie… comment l’approcher alors qu’il était entouré de toutes ces nanas… il avait l’air si complice avec elles… et si bien… aller où ensuite… partir avec ? aller aux chiottes comme Jérém ? Autant de questions qui me tourmentaient l’esprit et qui n’avaient pas de réponse…

     

    J’étais déçu de moi-même et frustré… une succession d’images dérangeantes commençaient à me saper le moral : l’idée de Jérém se faisait sucer par la blondasse de tout à l’heure ; la complicité avec Thibault ; tous ces trucs que ce dernier devait savoir de lui et que je connaîtrai sûrement jamais ; toute cette vie de Jérém qui m’échappait et que j’avais de plus en plus envie de découvrir ; cette phrase de Thibault : « tu sais, Jérém n’a pas toujours été heureux » qui tournait en boucle dans ma petite tête ; cette occasion manquée avec débardeur blanc ; l’idée de ne pas savoir lire dans le jeu de ce mec alors que lui il lisait apparemment en moi comme dans un livre ouvert ; l’idée de ne pas oser, de ne pas avoir le cran de soutenir son regard et aussi l’idée de ne pas oser faire ça à Jérém, comme si lui il se privait de son coté et comme si le fait de lui être fidèle représentait une quelconque valeur à ses yeux.

     

    Pris dans le tourbillon de ces pensées, j’avais besoin de réconfort, et Gloria était là pour moi. La musique Disco, du réconfort sur vinyle…

     

    Après un bridge à l’harmonie parfaite et au rythme sans pareil flairant bon les seventies, Gloria parachevait son message en ajoutant:

     

    …I love you baby and if it's quite all right/I need you baby to warm the lonely nights/I love you baby, trust in me when I say/Oh pretty baby, don't bring me down I pray/Oh pretty baby, now that I've found you stay/And let me love you baby, let me love you…

     

    Oui, la musique disco, du pansement pour l’esprit, un produit antidépresseur, comme le labrador. Et à ce titre, une compilation seventies autant qu’un labrador devraient rentrer dans le catalogue des produits remboursés de la sécurité sociale. Gloria terminait d’enfoncer le clou avant de laisser place à la voix savamment mélangée de Frida e Agnetha qui allaient nous parler de la reine de la danse… c’est ça le disco, du bonheur sur vinyle…

     

    You can dance, you can jive/Having the time of your life/See that girl, watch that scene/Dig in the Dancing Queen 

     

    Emportés par ces standards musicaux, bercés par la beauté absolue de cette musique intemporelle, Elodie et moi avons dansé comme de petits fous pendant un très long moment. J’étais bien parti pour me laisser emporter par ce son envoûtant jusqu’au fond de la nuit, cédant aux sirènes enchanteresses des Staying Alive, Daddy Cool et autres Born to be alive, quand ma cousine décréta qu’il fallait revenir à la salle techno pour voir ce que foutaient les autres. J’acceptai de la suivre un peu à contrecoeur alors que les premières mesures de River of Babylon dévalaient dans la piste… putain cousine, comment partir dignement alors que cette chanson est jouée ? Ca frôle l’outrage…

     

    Je la suis quand même et on passe le sas de la salle techno. Le contraste est saisissant : on quitte Boney M pour retrouver les oreilles agressées par une musique assourdissante et monotone. Quand on a goûté à du foie gras, manger des pâtes parait insipide. Bon, si le son était décevant, l’image était parfaitement en mesure d’occuper mon esprit tout entier. Premier fait remarquable : la disparition de débardeur blanc des écrans radar. Merde, j’avais espéré le retrouver… Le fait qu’il ne soit pas là est en même temps une déception et un réconfort… sa beauté me manque, mais le fait de savoir que j’oserai jamais l’approcher me frustrerait de façon insupportable. Son absence fait que mon esprit retrouve un état d’apaisement que je trouve reposant.

     

    Hélas, je dois avoir un coté maso… car à peine mon esprit calmé, je cherche à l’exciter à nouveau en faisant un tour d’horizon bien ciblé dans le moindres recoins de la salle. Tiens tiens, les voilà les deux… Jérém et Thibault, ils sont en compagnie d’autres mecs de la meute, assis sur des fauteuils dans un coin un peu éloigné de la piste, en train de déconner. Jérém et Thibault toujours côte à côte. Quand je regarde Jérém avec Thibault, je le trouve souriant, déconneur, joueur, une attitude qui contraste farouchement avec celle dure et dominatrice qui est la sienne pendant nos séances de baise.

     

    Et vas y que ça s’attrape par le cou, voilà que ça rigole, vas y que l’alcool libère les mœurs, voilà que le mec sur son 31 du début de soirée laisse place au garçon débraillé de nuit avancée qu’on imagine bien avoir des besoins bien précis dans son caleçon, une tension sexuelle inexprimée qui semble s’exprimer et se défouler au travers de cette complicité de males, une complicité socialement acceptée mais qui, pour l’esprit excité d’un Nico de 18 ans, a un parfum assez persistant de sexualité aux forts relents de testostérone…

     

    Quand je vois cette complicité, mon esprit frustré de ne pouvoir la partager trouve un étrange consolation dans la fuite… mon esprit divague, divague, divague… Et quoi penser, quand on les voit ensemble en soirée, avec cette complicité insolente et ambiguë... Ah, que ça me fascine….cette proximité de ces p'tits mecs hétéros, ça en devient presque louche, ça laisse la porte ouverte à toutes les spéculation, ça laisse rêveur... Ca se la joue macho et hétéro pur jus, mais ça se fait des chatouilles, ça a des gestes l’un envers l’autre parfois plus tendres que virils… des trucs que jamais je n’oserai avec un mec, même avec mon meilleur pote, de peur de me faire traiter de pédé.

     

    Ah, cette complicité des mecs hétéro, ça laisse souvent rêveur… Potes hétéro, ouais, mon œil… Surtout quand on a l’impression qu’il y a un truc un peu ambigu entre deux mecs, évidemment parfois ce n’est que le fruit de notre imagination, pas très objective, mais quand même des fois, on se dit : ces deux la, ils doivent avoir des pensées lubriques et sexuelles l’un envers l’autre, est-ce que ça leur est déjà arrivé de se branler en pensant a l’autre, se sont-ils vus à poil et qu’ont-il pensé ?

     

    Jérémie et Thibault, choupinous en diable et totalement inséparables. En soirée ou sur un terrain de rugby, on ne peut pas croiser l’un sans l’autre et leur complicité est vraiment touchante. Apres, sont-ils plus que potes, l’un éprouve-t-il quelque chose pour l’autre… peut-être que l'un des deux en pince pour l'autre et qu'il n'ose pas lui dire... qui ferait le mec et qui goûterait à la virilité de l'autre... des potes hétéros qui franchissent enfin le pas, qu'est que c'est beau cette image... C'est beau à en chialer, n’est-ce pas ???? On peut tout imaginer, non?

     

    Comme le disait Henri Tachan : « entre l’amour et l’amitié, il n’y a qu’un lit de différence».

     

    ... deux chemises ouvertes... des abdos, des pectoraux qui se frôlent, des lèvres qui se touchent, des langues qui se mélangent... Humm…. doucement, très sensuellement, insoutenablement érotique et sensuel…… les pantalons ont volé, avec les sous vêtements; les queues se rencontrent... Hummmmm... une main approche les deux sexes et les enserre dans la même étreinte... la main commence des mouvements de va et vient, les deux garçons frissonnent au même temps... c'est la main de Jérém? celle de Thibault? Ou alors branle réciproque, debout, les yeux dans les yeux, brûlants de désir... les glands s'excitent, la main continue ses allées venues... la jouissance monte... allez, faites vous jouir, il n'y a rien de mieux dans la vie, faire jouir un beau gosse!

     

    Un premier jet jaillit allant s'abattre sur le relief des pectoraux de Jérém... c'est la semence à qui? Un autre jet part, c'est l'autre queue qui crache, et ça continue ainsi, un jet après l'autre, jusqu'à que les deux garçons se sont vidés de leur semence, jusqu'à que la pression dans leurs couilles soit relâchée, jusqu'à que deux beaux torses soient complètement trempés... les langues ne se sont pas séparées et les torses se rapprochent à nouveau, mélangent les jus des deux petits mâles. Et puis, c'est inévitable... un des deux garçons se penche pour lécher le torse de l'autre et goûter à ce magnifique cadeau viril... les rôles s'inverseront un peu plus tard... les queues seront à nouveau excitées à ne pas en tenir... cette histoire se finira avec un magnifique 69, qui se finirait, lui, avec chacun remplissant la bouche de l’autre et un baiser ou ils se mélangeraient leur jus… Et pourquoi pas une belle sodomie? Je ne sais pas qui je préférais dans un rôle ou l’autre... mais je les imagine assez aisément inverser les rôles, jouir l'un dans l'autre à tour de rôle... Je les imagine, l’un comme l’autre a genoux entre les cuisses de l’autre, la bouche pleine de sa queue, le mec qui se fait sucer tenant fermement la tête du suceur et lui imposant le rythme de la pipe, s’enfonçant jusqu'à la garde, le sucé gémissant « putain c’est boooon »….. et puis je les imagine après avoir fait l'amour, vidés, repus, après des ébats torrides, s’abandonner enfin dans les bras l'un de l'autre, la queue encore luisante de sperme.

     

    Avant de s'endormir, dans le noir, les caresses seront douces et sensuelles. Le matin se lèvera à travers les baies vitrées de la porte fenêtre de la chambre de Jérémie, projetant ses rayons lumineux sur un grand lit où deux garçons dorment toujours, l'un enlaçant l'autre dans le creux de ses bras, le visage enfoui dans ses cheveux.

     

    Oui, à défaut de baiser avec eux, les voir baiser ensemble, ça peut le faire aussi !!!!! Et on peut toujours rêver, rêver, rêver...

     

    Ah, ces deux jeunes loups si proches, si pleins de charme et de jeunesse… aurai-je un jour le privilège de satisfaire leurs envies de jeunes mâles, comme Jérém avais semblé l’envisager pendant l’un de nos ébats ? Je ne pouvais pas encore le savoir, au moment où j'ai croisé Thibault.

     

    Eh oui, il y a plusieurs types de mecs, et ce soir là j'en avais eu sous les yeux deux espèces bien différentes: d'abord le « Jérémie », le p’tit con label rouge, AOC, la tête à claques dont l'arrogance et l'abus dans l'utilisation de ses atouts sont la clef de voûte d'un charme dévastateur; ensuite le « Thibault », des mecs dont le charme est beaucoup plus discret, situé à l’opposé des premiers, des mecs qui sont si mignons, que ce soit dans l’inconscience de leur charme, ou bien dans la sous estime de leur pouvoir de séduction: deux attitudes contraires, deux chemins qui mènent enfin au même endroit, à un charme à damner non seulement un Saint, mais carrément un Dieu (grec de préférence).

     

    Le pire avec lui, c'est qu'il était beau, incontestablement beau, mais on avait l'impression qu'il ne s'en rendait pas du tout compte !!! Contrairement a ces p'tits cons qui se la pétent et se la jouent parce qu'ils savent qu'ils sont sexy (c'est d'ailleurs une des raisons qui font qu’ils m’excitent), lui il avait vraiment l’air de ne pas être du tout conscient de ça... il était juste beau et ne se rendait pas compte de comment il affolait les nanas et certainement pas mal de mecs... il était là, posé, bien dans ses baskets, juste craquant.

     

    Oui, Jérémie et Thibault, c'était si beau de les voir évoluer ensemble, avec cette complicité de jeunes loups appartenant à la même meute, presque issus de la même portée, si inséparables... c'est d'autant plus frappant et plus étonnant de penser qu'un jour ils seraient fâchés et leurs existences séparées à jamais... Mais à ce point de l'histoire ils sont toujours les meilleurs copains du monde et les voir ensemble donne à ce jeune homme curieux et surexcité que j'étais des idées lubriques spectaculaires...

     

    Regarder Thibault et Jérém, surtout Jérém me fait oublier tout le reste. Oublier le débardeur blanc. Et la frustration. C’est fou comme la vision de Jérémie a le pouvoir d’apaiser mon esprit et de le transporter ailleurs, de me faire oublier mon quotidien et de me faire planer.

     

    Ma cousine me propose de prendre un dernier verre avant de partir. Je lui dis de commander pour moi pendant que je vais faire un tour aux toilettes. Je contourne de la piste et je m’engouffre dans le petit couloir qui mène aux chiottes. Plus je m’approche, moins ça sent bon… Je pousse la porte sur laquelle est marqué « Hommes » et je me retrouve devant un alignement de portes de cabinets. Je continue sur ma gauche, direction le coin des urinoirs muraux, situé dans un recoin un peu reculé.

     

    Aucun bruit dans la pièce, sauf quelques sifflement de trop plein à l’étanchéité approximative, alors je m’étais imaginé être seul au monde. Au point d’oser un truc qui me rebuté dès que quelqu’un d’autre est là : faire pipi aux urinoirs. Ma surprise fut plutôt de taille quand, une fois arrivé devant l’alignement des urinoirs, je remarquai que quelqu’un d’autre était en train de se soulager. Je sentis mon cœur bondir dans ma poitrine et pousser sur le coton de mon t-shirt. Putain, je ne pouvais pas croire à mes yeux…

     

    Débardeur blanc. Himself. Je suis dérouté, j’ai envie de faire demi tour, de disparaître avant qu’il ne me voie. Mes jambes n’obéissent plus à ma volonté, par ailleurs absente, et le temps que je trouve la force de me faire violence pour partir, le mec s’est retourné et a capté ma présence. Putain qu’est ce qu’il est beau, un petit regard malicieux et coquin, un petit piercing à l’arcade surcilliaire… et ce débardeur blanc à hurler… ouf, à provoquer une crise cardiaque… d’ailleurs j’avais l’impression d’en vivre une tellement je sentais mon cœur s’emballer…

     

    Putain, il m’a attrapé du regard, il ne me lâche plus, il a un truc tellement magnétique dans ses yeux, je ne peux plus m’en détacher… can’t take my eyes out of you…

     

    Et il sourit. Ahhhhhh, ce sourire. Cette arme redoutable. Ce concentré de séduction qui ferait capituler n’importe qui, qui ferait fondre un mur en béton armé.

     

    Toujours face à l’urinoir, à deux mètres de moi, je le vois reculer à peine et tourner son bassin dans ma direction. Avant de croiser son regard, avant d’envisager ma fuite ratée, je m’étais approché d’un autre urinoir, mais j’étais tellement ensorcelé par ce regard que je n’avais pas eu le réflexe de défaire ma ceinture. Putain de mec… sa queue était là devant moi, droite, plutôt bien foutue, jolie et circoncise…dans un début de prise de forme plutôt prometteur…

     

    Débardeur : T’as envie ?

     

    Moi : Je ne sais pas …

     

    Déb : T’as envie ou pas… ?

     

    Moi : Si j’ai envie, mais…

     

    Déb : Tu suces ou tu te fais sucer… ?

     

    Moi : Je suce plutôt…

     

    Déb : On va là… - suggère-t-il en indiquant la porte d’un cabinet…

     

    Moi : Je ne peux pas mec, je suis attendu…

     

    Déb : Moi aussi je suis attendu, on va faire vite…

     

    Je regardais sa queue dans sa main, je la trouvais vraiment belle et invitante.

     

    Moi : J’ai trop envie mais je ne peux pas…

     

    Déb : allez, rentre dans une cabine…

     

    Moi : en plus c’est tout ce que j’aime…

     

    Déb : Alors on y va, cinq minutes…

     

    Putain qu’il me faisait envie ce mec… J’étais à deux doigts de craquer.

     

    Moi : Tu as une capote ?

     

    Déb : Non, mais c’est que de la suce…

     

    Ouais, que de la suce… toujours la peur dans le ventre… sucer un inconnu sans capote… pourtant, putain de putain qu’est ce qu’il me faisait envie… plus les secondes passaient, plus je sentais mes jambes flageoler… j’avais peur, peur de quoi… je ne sais pas… mais je me sentais pas rassuré…

     

    Moi : désolé mec, désolé…

     

    Je pris mes jambes au cou et je sortis presque en courant des toilettes…

     

    Sans m’être soulagé, je me précipitai vers ma cousine. Elle n’avait pas bougé de place, elle discutait avec Benjamin et sa copine. Quant à Jérém et sa clique, disparus, envolés : les places où ils étaient assis cinq minutes plus tard étaient vides.

     

    Plus de débardeur blanc, que je fuyais, plus de Jérém, plus de Thibault, la salle était sans intérêt à mes yeux. Et la techno me tape sur les nerfs à la longue ! Quand je suis énervé ou angoissé, me fait d’la bonne musique ! Sans attendre plus longtemps et sans autre forme de procès, me forçant à afficher une attitude joyeuse et taquine capable d’empêcher toute objection éventuelle de sa part, je l’entraînai à nouveau sur la piste de la salle disco ; choix heureux, car à notre arrivée, nous nous retrouvâmes à danser sur les basses puissantes et entraînantes de Gimme ! Gimme ! Gimme !… a man after midnight dont l’intro rythmique, reconnaissable entre mille, s’annonçait dans la puissance des enceintes, faisant vibrer toutes les fibres de mon corps. Pouvoir de la musique d’adoucir les mœurs, pouvoir de la danse de libérer les tensions, de défouler la frustration, de vider l’esprit.

     

    Frustré et nerveux, j’étonnai ma cousine quant à ma descente vis-à-vis de la bière qu’elle m’avait commandée, moi qui ne boit jamais plus d'une bière et ne tiens pas l'alcool. Les basses de la musique disco qui pulsait inlassablement des enceintes me faisaient vibrer et m’étourdissaient, l'alcool me détendait. La nuit avançait à grand pas, il serait bientôt temps de partir. La copine qui était seule à l’arrivée était partie depuis belle lurette avec le mec de tout à l’heure ; Benjamin et sa copine nous attendaient au bord de la piste. Fatigués, les jambes fauchées, dégoulinants de sueur, le nez saturé de la fumée de cigarette, nous décidâmes de les rejoindre pour un dernier tour dans les autres salles du KL juste avant de partir. Il était plus de trois heures et la boite ne désemplissait pas : la foule était toujours aussi dense qu’à notre arrivée, voir davantage… ah, la folle nuit toulousaine, avec ses troupeaux de mâles de l’espèce Homo rugbys aux muscles si saillants déambulant en mode chasseur, éméchés par l’alcool et aux besoins sexuels si évidents en cette fin de soirée…

     

    Je me faisais ce genre de réflexions, j’admirais la plastique de dingue de quelque jeune spécimen quand je sentis une main m'attraper par l'épaule…

     

    Salut…

     

    Putain de sourire à tomber. C'était lui. Je m’étais arrêté, sans prêter attention au fait que ma bande avait continué à filer, insouciant de les perdre et de passer le reste de la nuit à les chercher… Je m’étais arrête, le cœur prenant une accélération soudaine, sentant mes jambes défaillir, les yeux rivés sur ce t-shirt noir moulant, sur sa chaînette posée dessus, presque une déclaration criante de virilité, hypnotisé par ce brassard tatoué, par sa coupe de cheveux de jeune loup sexy… putain de Jérém, il était passé chez le coiffeur… qu’est ce que c’est sexy un beau mec aux cheveux courts… et quand je me rends compte qu’il sont plus courts que la veille car entre temps il est passé sous les ciseaux du coiffeur, eh bien, ça me fait un effet dingue. Putain, l’alcool aidant et désinhibant ma volonté, je me surprends à me dire que j’ai une envie folle de me coller contre lui, de l’embrasser et de lui caresser ces putain de cheveux bruns, de le serrer dans mes bras… avec un sourire encore plus appuyé et charmeur, un sourire puisant sa force dans le désir que mes yeux devaient trahir à cet instant encore plus qu’à l’ordinaire, il me coupa net dans mes fantaisies…

     

    Tu sors en boite maintenant ?

     

    Ça m'arrive, oui…

     

    Je ne t'y ai jamais vu…

     

    Je ne suis jamais venu ici, c'est ma cousine qui m'y a amené…

     

    Mes mots sortaient tout seuls, comme propulsés par l’état second dans lequel les séquelles de mes beuveries inaccoutumées m’avaient mis.

     

    Je vais rentrer… - m’annonça-t-il - tu veux que je te ramène ?

     

    T’es pas avec tes potes ?

     

    Si, mais eux ils vont rester…

     

    Sans mentionner ni même penser au fait que j’étais en voiture avec Elodie, je m’entendis oser d’un ton excessivement désinvolte:

     

    Ouais, si la course fait étape dans ta chambre…

     

    Naaan, pas ce soir, mon frère dort à l'apart…

     

    Dommage…

     

    Il sourit d’un air tellement coquin que j’eus envie de le frapper. Un quart d'heure plus tard, après avoir envoyé un sms à Elodie pour lui dire que je rentrais par mes propres moyens, la voiture de Jérém garée à 100 mètres de la maison de mes parents, je payais ma course en me penchant sur sa braguette bien rebondie ; je défaisais les boutons un à un, impatient de sortir sa poutre raide du boxer où elle dépassait déjà ; je me penchais sur son entre jambe, sur ce sexe qu’une bouche de nana avait déjà fait jouir un peu plus tôt dans la soirée… sa queue avait goût de sperme mélangé à une léger relent d'urine, du vrai bonheur, quoi…

     

    Quelques instant plus tard je soldais le restant du de la note pour mon rapatriement en voiture en avalant goulûment les giclées que sa queue envoyait au fond de mon palais.

     

    Voilà comment je me suis trouvé dans la caisse de Jérémie à 4 heures du mat en train de sucer sa queue.

     

    J'avais trouvé cette expérience dans la voiture particulièrement excitante.

     

    Quand il eut estimé que ma langue avait assez ouvré sur sa queue, il entreprit de se contorsionner sur son siège pour remonter le boxer et le pantalon, reboutonner la braguette et agrafer sa ceinture, la cigarette toujours pincée entre ses lèvres. Le voilà à nouveau tranquillement assis, le coude appuyé à la vitre, affalé sur le siège, l’autre bras abandonné au long de son corps, le cou nonchalamment incliné, la nuque lourdement posée sur l’appuie tête, l’ensemble décrivant cet état typique du mec en fin de soirée, un mec qui est fatigué, un mec qui a pas mal bu et qui a enfin joui : il est détendu, sa volonté dans un état d’abandon presque total, la cigarette est sa dernière amie de la soirée, avant que le contact avec ses draps lui offre le refuge ultime. En attendant, il est là, et moi à côté de lui, il finit de fumer sa cigarette, ses inspiration sont comme ralenties, son esprit comme parti ailleurs.

     

    La dernière taffe tirée sur ce qui restait de sa cigarette, il balança nonchalamment le mégot par l’ouverture de la vitre.

     

    Faudrait y aller mec, je vais rentrer…

     

    Jérém tournait la clef sur le contact quand je m’entendis lui lancer :

     

    Dis-moi, Jérém, pourquoi Guillaume ?

     

    Quoi Guillaume…

     

    Ton cousin…

     

    On fait des conneries quand on a bu… il aurait pas fallu…

     

    Je le regardais fixement, l’alcool agissant toujours sur ma pudeur.

     

    Quoi – fit-t-il – j’étais saoul, il était saoul...

     

    Il n'était pas sou, ce n'était qu'une ruse, et tu t’es bien fait avoir, mon mignon - je brûlais de lui jeter à la figure, mon sens profond de solidarité entre salopes m'empêchant de vendre la mèche.

     

    Tu l’as laissé faire…

     

    Tais toi, ça te regarde pas…

     

    Pourquoi tu m’as appelé ? Tu n’aurais pas pu le baiser sans m’imposer ça ?

     

    Bah, je ne sais trop quoi te dire, j’étais bourré, je n’ai pas réfléchi…

     

    Tu vas le revoir ? Le baiser encore ?

     

    L’alcool moins que la jalousie enchaînait mes mots.

     

    J’ai pas de comptes à te rendre, mec… c’est notre deal…

     

    Mouais, je pensai dans ma tête, un deal dont tu as écrit toutes les clauses que tu changes d'ailleurs à ta guise et sans prévenir...

     

    Vas y mec, je vais rentrer.

     

    Merci pour la course…

     

    Il ne répondit pas et je claquai la porte pendant qu’il démarrait le moteur. La voiture disparut rapidement au coin de la rue et je restai immobile sur le trottoir jusqu’à que le bruit du moteur se dissipe dans la nuit silencieuse. Ce petit en cas inattendu avec Jérém m'avait vraiment mis de bonne humeur. Ce moment que j’avais passé dans la voiture, cette gâterie sur sa queue qui dépassait juste de sa braguette, putain quel bonheur !

     

    J’étais heureux et soulagé : apparemment mon baiser de la semaine dernière ne l’avait pas affecté plus que ça. J’étais toujours un coup envisageable à ses yeux. Une seule ombre au tableau… Ce putain de Guillaume. Jérém ne lâchait rien. Allait-t-il le revoir et coucher avec lui sans moi ? L’idée de le savoir au pieu avec son cousin m’excitait et me rendait fou de jalousie au même temps.

     

    Je passai le dimanche à me branler en me repassant les images de Jérém prenant son pied dans le cul de Guillaume. Et Thibault… putain qu’il sentait bon en boite, ce beau gosse de Thibault…

     

    Jérém, Thibault… Thibault, Jérém… deux mecs, deux potes, si différents, pourtant si proches…

     

     

     

    It's so easy now, cos you got friends you can trust/Friends will be friends/When you're in need of love they give you care and attention/Friends will be friends/When you're through with life and all hope is lost/Hold out your hand cos friends will be friends right till the end.

     

     

     

    Voilà, c’est fini pour cette année… avant de commencer 2014 avec d’autres moments coquins entre nos deux futurs bacheliers, avant d’assister à des évolutions assez spectaculaires dans leur relation, voici mes meilleurs vœux pour que l’année 2015 soit un cru d’exception pour vous tous. Merci de votre soutien et de votre fidélité. Un seul souhait pour la nouvelle année, le même avec lequel Florence Foresti termine son dernier spectacle… « Tachez de tomber amoureux ».

     


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    C’est beau de voir un beau garçon en train de jouir… c’est beau le voir pousser un râle puissant et qu’il tente d’étouffer sans entièrement y parvenir… c’est beau aussi de le voir s’envoler seul vers les hauteurs de ce plaisir ultime… pendant qu’il jouit, c’est le mâle… c’est un moment d’aliénation où le mec oublie tout, ses sentiments, sa sensibilité, même qui il est… l’important c’est juste qu’après l’orgasme, il retrouve assez vite la mémoire de qui il est, de la personne avec qui il l’a atteint ou qui lui a offert, la conscience que cette personne est toujours une personne et non pas un mouchoir ou une capote à jeter… 

     

    Et Stéphane, cette mémoire et cette conscience il les retrouve très vite… oui, je trouve incroyablement beau de le voir me sourire tout en s’essuyant le front de la transpiration et en poussant un bon soupir signifiant qu’il fait chaud et qu’il est épuisé, deux gestes très sexy à mes yeux… je trouve très touchant de le voir se pencher pour m’embrasser une fois de plus… je trouve définitivement et irrésistiblement craquant de voir que l’effort de contenir le cri de sa jouissance a fini par lui donner le hoquet… et le fait de l’entendre rire des spasmes qui secouent son torse et le mien en contact avec le sien me remplit de bonheur… 

     

    Je suis tellement bien avec lui à ce moment là que je me dis qu’au fond, savoir que je ne suis ni son premier ni son dernier, n’a plus d’importance… qu’importe au fond… on a fait l’amour, on s’est ’aimés… et même si ce n’est que l’espace d’un après midi, ce qui rend par ailleurs ce moment particulièrement intense, rare et précieux et triste à la fois, cet après midi j’ai l’impression d’être important pour lui, je suis le seul qui compte pour lui… jamais je n’ai encore ressenti cela avec Jérém…

     

    Cet atterrissage après l’orgasme me mettra du baume au cœur… ça me changera un max par rapport à ce à quoi j’ai été si longuement habitué, me retrouver face à un gars silencieux, froid, distant, si ce n’est agacé ou même hostile, pressé de me voir me tirer juste après m’avoir tiré… 

     

    Stéphane restera un petit moment allongé sur moi en train de récupérer de l’effort… j’ai toujours adoré ça, ce moment d’abandon du mâle après la jouissance, cet instant d’abandon et de vulnérabilité, d’épuisement… cet instant si propice à la tendresse, une tendresse qu’on m’a toujours refusée… et j’adore d’autant plus que ce moment n’a pas l’air d’être pour Stéphane qu’un abandon purement physique… certes, le mec est épuisé… mais ce geste est aussi… tendresse… envie de tendresse, envie d’en recevoir, envie de m’en apporter… 

     

    Lorsque le hoquet finit par cesser, je le vois relever le torse, me regarder dans les yeux, me sourire, porter sa main autour de ma queue comme tout à l’heure et, tout en restant en moi, reprendre le truc avec le pouce dans le creux de mon gland en actionnant un peu plus vite les mouvements de branlette avec sa main… j’ai pris tellement mon pied lorsqu’il était en train de coulisser en moi que j’en ai carrément oublié mon plaisir à moi, celui de ma queue… il faut dire que je suis habitué à ce que le plaisir de ma queue ne soit qu’un détail dont on ne s’occupe pas… j’oublie qu’avec ce garçon les choses en vont tout autrement… la force de l’habitude est quelque chose contre laquelle on a du mal à lutter… 

     

    Oui, j’ai oublié de jouir, et même si la chose ne me dérange pas au fond, Stéphane ne l’a pas oubliée… il a joui, mais au lieu de se tirer pour aller fumer sa cigarette, il reste avec moi, en moi… il a joui mais il a envie de me faire jouir une fois de plus… 

     

    Je bande comme un âne et sous l’effet de sa main enroulée autour de ma queue et de son pouce procurant le plus exquis des plaisirs au creux de mon gland, je jouis vite… quatre ou cinq traînées de sperme vont s’abattre sur mon torse, jusqu’à mon cou…
    A ce moment là, je me sens le garçon le plus comblé et heureux de l’univers… je me dis que ce que je suis en train de vivre est beau à en pleurer… voir d’abord ce beau gars jouir en moi… le voir ensuite s’appliquer pour me faire jouir aussi puissamment… le sentir sortir de moi tout doucement pour venir me faire un câlin, m’embrasser …  

     

    On est tous les deux calés sur un flanc, visage contre visage, torse contre torse, il se colle contre moi sans se soucier que le mien est mouillé de mon jus… ses poils doux caressent ma peau imberbe, ses tétons frottent contre les miens, sa chaleur corporelle se mélange avec la mienne, nos bras, nos jambes, nos queues, nos envies de tendresse se mélangeant, se perdant les une avec les autres… oui, c’est beau à en pleurer… et dire que je l’ai toujours su… qu’est-ce que c’est au fond que le sexe sans un câlin juste derrière ? 

     

    Ah, que cela change par rapport à ce que j’ai pu connaître avec Celui-dont-on-ne-doit-plus… je finis par me dire qu’on a beau se taper le plus incroyable apollon de la terre… prendre un pied de fou rien qu’en le voyant jouir… hélas, lorsque la baise, si torride soit-elle, est passée, on se sent seuls, humiliés… car le sexe sans un peu de considération pendant l’acte et sans un minimum de chaleur humaine juste après, n’est rien… le sexe pur, le sexe pour la baise, n’est que mécanique, une bonne mécanique, certes, mais la solitude après coup est si dure à supporter… 

     

    Je finis par me dire qu’un mec comme Celui-dont-on-ne-doit-plus… un mec aussi parfaitement beau, à la morphologie si incroyable, avec ce charme puissant de mâle dominant qui sait ravir ceux et celles qui y sont sensibles, un mec si sûr de lui, à la sexualité si débordante… ce genre de mec est, certes, un pur régal pour les yeux et un pur bonheur au lit… pour une bonne baise… hélas, un mec dont le charme est aussi largement reconnu, inspire à la fois un désir incroyable et une crainte effroyable, celle de le perdre… car un gars aussi sollicité ne sera jamais l’homme d’une seule femme, ni d’un seul homme… avec ce genre de mec on ne se sentira jamais en sécurité… avec ce genre d’apollon on ne sera généralement jamais comblés affectivement… 

     

    Non, le qui fait qu’on se sente bien avec un garçon ne tiendra jamais qu’à son physique, qu’à sa beauté… non, le charme d’un mec n’est pas tout dans sa sexualité, si intense et débordante soit-elle… il est des choses qui vont au delà d’une belle gueule, d’un corps de rêve et d’une bite capable de jouir presque à la demande… des choses qui s’appellent tendresse, partage, gentillesse, attention pour l’autre, douceur… 

     

    Lorsqu’elles manquent, une relation est bien bancale…  

     

    On reste enlacés pendant un long moment… on reste en silence, je l’entends respirer contre moi, je suis tellement bien que je finis par m’assoupir pendant un instant… lorsque je reviens à moi, je me sent moite, collant, j’ai envie d’une bonne douche…  

     

    « Je crois que je devrais aller prendre une douche… » je suggère. 

     

    « Ouais.. » il me répond « il y a juste un petit blème… » 

     

    « T’as pas d’eau chaude… » je plaisante. 

     

    « Naaan… » il répond, ses lèvres effleurant mon oreille, sa voix caressant quelques unes des cordes les plus sensibles de mon être « le blème c’est que pour aller prendre la douche il va falloir que je te laisse partir… et ça… j’en en ai aucune envie… ». 

     

    Il est trop mignon. Je l’embrasse. 

     

    « Va pourtant falloir… » je relance « mais c’est promis, après la douche je reviens te faire un câlin et je ne te laisse plus… ». 

     

    « Ok » il me répond « … à ce compte là, ça me va… ». 

     

    Ses bras s’ouvrent… j’amorce le mouvement pour me relever, lorsque sa main saisit mon avant bras pour m’attirer à nouveau à lui… il m’embrasse encore…

     

    « Ca c’est pour la route, bogoss… » il rajoute devant mon air à la fois ravi et interloqué.

     

    Je lui souris et je pars à la douche. Je suis tellement heureux que je sifflote en faisant couler l’eau. Je me savonne vite, son gel douche sent trop bon… quand je dis que tout est agréable chez lui… oui, je me savonne vite, je ne veux pas m’attarder sous la douche… j’ai trop envie de retrouver Stéphane… il me manque déjà…

     

    Il ne va pas me manquer longtemps… car c’est lui qui vient me retrouver… sous la douche…

     

    Je suis encore en train de me savonner lorsque la porte vitrée s’ouvre m’offrant l’image du beau Stéphane en train de me regarder… et de me sourire…

     

    « Je peux ? » il me demande, timide, le regard fuyant.

     

    « Fais comme chez toi… » je trouve sympa de lui répondre. Ses yeux replongent illico dans les miens, il a l’air content de mon feu vert… j’adore… là aussi c’est la première fois que l’on me demande mon avis… avec un simple regard un peu timide, un peu fuyant, le regard d’un mec qui, bien qu’un peu plus âgé que moi parfois, il doute parfois et il cherche en moi (oui, en moi… en moi !!!) de quoi être rassuré… c’est touchant, mignon, craquant, les mots me manquent pour décrire l’immense tendresse que ce garçon m’inspire lorsqu’il semble soudainement perdre ses repères et me donner les commandes… c’est la première fois que l’on tient compte de moi, de mes envies… c’est un détail infime mais si puissant à mes yeux…

     

    Il rentre, il referme la porte derrière lui… nos peaux humides se frôlent… c’est sacrement excitant…

     

    « J’ai toujours pensé que cette cabine est trop grande pour prendre une douche tout seul… » me balance, coquin.

     

    Oui, sa cabine est bien grande pour prendre une douche tout seul… et surtout ce serait vraiment dommage de la prendre sans la compagnie du charmant maître des lieux… ce beau Stéphane qui, depuis qu’il m’ait fait l’amour de cette façon puissante, sensuelle et pleine de douceur, a franchi un nouveau stade dans l’échelle de mon désir, de mes sentiments…

     

    C’est bon de se caresser sous l’eau… c’est beau de s’embrasser sous l’eau… c’est très bon de s’aimer sous l’eau… c’est très beau de bander sous l’eau… c’est beau et c’est bon de se branler sous l’eau… et c’est bon et c’est beau d’unir nos queues dans la même poignée de main et de les exciter l’une en contact de l’autre… alors que c’est incroyablement beau et terriblement bon de jouir presque au même temps sous l’eau sous les allers venues de sa main tout en s’embrassant… c’est si beau et bon que j’ai presque envie de pleurer… au point que lorsqu’il me serre très fort tout contre lui, lorsque mon visage se perd dans le creux de son cou et ses baisers se posent sur mon oreille, je suis secoué par des sanglots que je n’arrive pas à contrôler, mes larmes jaillissent immédiatement emportées par l’eau qui coule toujours… il doit me prendre pour un dépressif, un pauvre mec… mais non, non, non, il ne me prend pas pour cas soc… il me comprend, et c’est magique… il me serre encore plus fort, il pose des bisous partout dans mon cou, sur la joue, sur ma bouche…

     

    C’est pas possible d’être aussi bien, pas possible d’être si heureux, je me sens revivre… c’est comme si un énorme poids s'envolait de mon cœur et de ma poitrine, le poids de tous ces interdits stupides, de la peur de déplaire, la peur de mal faire en voulant juste bien faire, la peur de me faire engueuler, la peur d'une réaction violente… je sens mes poumons respirer enfin profondément, libérés d’un joug qui les étouffait…
    Dans cette étreinte c'est comme si rien n'existait plus en dehors de ce bonheur qui bouleverse ma façon de voir les choses et qui libère mon esprit car il le rend fort du fait de se retrouver, de se reconnaître, de s’assumer, d'être tout simplement lui-même. Dans cette étreinte je me sens fort et je sais que rien ne peut m'arriver…
    Lorsque l’eau cesse de couler, lorsque notre étreinte se délie, je me sens un homme nouveau.

     

    J'ai enfin trouvé ce que je cherchais et j'ai vu que c'est bien pour moi... je ne laisserai plus jamais personne me faire croire que ce qui me fait tant de bien puisse être mal… même pas un Celui-dont-on-ne-doit-plus…, si toutefois un jour nos vies et nos queues devaient se recroiser, éventualité que je considère à ce moment là plutôt improbable et même pas souhaitable à vrai dire… même si un jour je devais en rencontrer un autre mec style Celui-dont-on-ne-doit-plus… 

     

    « Ca fait du bien une bonne douche » me lance-t-il comme une caresse pendant qu’il me passe une grande serviette verte, toute douce au toucher… quand je dis que tout est super agréable chez lui… mais pourquoi doit-il partir maintenant que je sais que je vais pouvoir l’aimer… maintenant que je commence à l’aimer ? 

     

    « C’est vrai, ça fait un bien fou… » je lui réponds, enfin calmé, serein. Heureux.

     

    C’est drôle comment dans la vie il est des moments et des sensations qui nous marquent et à auxquels on repense souvent. Ce moment là, tous les deux en train de se sécher après avoir joui sous la douche, cette grande serviette verte toute douce sur ma peau, est l’un des plus marquants de ma vie. Et j’y repenserai de nombreuses fois par la suite.

     

    Nous finissons de nous sécher, nous nous embrassons et nous revenons dans sa chambre pour nous rhabiller. Gabin nous suit de près, l’air un peu fâché qu’on l’ait foutu dehors tout à l’heure. Stéphane me propose un truc à boire et on revient vers le séjour. Gabin nous surveille toujours. Je lui demande un coca. J’ai envie d’un coca. Maintenant je n’ai plus honte de lui demander un coca. Je sais qu’avec lui ça passera. Qu’il ne me considérera pas juste comme « un demi mec » car je ne bois pas d’alcool…

     

    Pendant qu’il part à la cuisine chercher les canettes, mon regard est attiré par les nombreux dvd rangés sur une étagère à coté de la télé… en m’y approchant sous le regard attentif du labranoir, je remarque une collection impressionnante de films Disney… de Fantasia au Roi Lion, de Blanche Neige à Aladdin, de Pinocchio à Mulan, tout y est… décidemment, un mec qui possède un labra comme Gabin et une collection aussi complète de films Disney ne peut être qu’un bon gars…

     

    Par curiosité, j’attrape la jaquette cartonnée contenant le double dvd du Roi Lion, l’un de mes préfères…

     

    « Tu aimes les Disney? ». 

     

    Je ne l’ai pas entendu revenir avec les canettes et les verres… sa voix me surprend un peu… voilà, je me suis fait gauler. 

     

    « J’adore… » je lui réponds, en rangeant le coffret.
    « C’est lequel ton préfère? » il enchaîne.
    « Aladdin » je réponds sans hésiter. 

     

    « Aaaaaaaaahhhhhhhhh… » il fait, bien appuyant sur le « a », faisant mine comme d’être contrarié… 

     

    « T’aime pas ? » je me renseigne. 

     

    « Non, non, pas trop » me répond-t-il « je crois que j’au du le voir pas plus que deux ou trois… » 

     

    « Deux ou trois fois ? C’est tout ? Moi je l’ai vu plein de fois… » j’enchaîne, maladroitement, avant qu’il puisse finir sa phrase. 

     

    Il me regarde, il marque une pause, un petit sourire petit moqueur mais bon enfant s’ouvrant peu à peu sur son visage comme un lever de soleil ; j’ai soudainement l’impression qu’il se fout gentiment de moi ; et je ne me trompe pas « oui, j’ai du le voir pas plus que deux ou trois cents fois… ». 

     

    « C’est ton préféré aussi… » je notifie en me rendant compte de ma maladresse. 

     

    « Oui, mec, c’est mon préféré, depuis qu’il est sorti en 1992… j’étais déjà un peu grand pour ça, mais j’ai trouvé ça magique… c’est un peu grâce à ce film que je ne suis jamais vraiment sorti de la magie Disney… que j’ai gardé un peu mon âme d’enfant… depuis, je n’en rate pas un, ni en salle, ni en dvd…». 

     

    J’adore, il est trop mignon. Voilà ce que je n’arrivais pas à verbaliser à son sujet. Il y avait un truc dans sa façon d’être qui me le faisait apparaître si mignon, si gentil, malgré son allure bien mec… oui, une âme d’enfant dans un corps d’homme… un mec qui me fait l’amour de cette façon puissante et tendre, qui a un torse viril, un mec séduisant et sensuel au possible, mais également un mec qui collectionne les Disney et qui possède un labranoir… et ça, c’est incroyablement craquant… et ça, j’achète… 

     

    Deux petits trucs ont retenu mon attention et aiguisé ma curiosité au début de sa phrase… « … en 1992… j’étais déjà un peu grand… ». Je sais qu’il a quelques années de plus que moi, mais donc : 

     

    « Tu as quel âge au fait ? » je ne peux m’empêcher de lui demander. 

     

    « Tout juste 26, je viens de les fêter le mois dernier… ». 

     

    Huit ans de plus que moi. Aux yeux du Nico.18 un mec de 26 ans, c’est un homme. Je me sens tout petit face à lui, face à ce mec qui, je l’imagine, doit avoir tant plus d’expérience avec moi dans le domaine des mecs et dans la vie en général. Un mec que je sens tellement bien dans ses baskets alors que moi je me sens un petit mec perdu qui ne sait pas par où commencer pour trouver sa place dans le monde. 

     

    Du coup, lorsque son inévitable question tombe, j’ai un peu « honte » d’y répondre. 

     

    « Et toi, le bachelier… 18… 19 ? ». 

     

    « 19… bientôt… ». Oui, bientôt, dans quatre mois, mais peu importe. 

     

    Une minute plus tard, le dvd est en train de ronronner dans le lecteur. Les images et la musique de ce magnifique Disney commencent à s’enchaîner et à ravir mes yeux et mes oreilles…

     

    Aladdin… moi aussi j’ai toujours trouvé ça particulièrement magique… oui, Aladdin est mon Disney préféré, et il l’est depuis toujours, depuis sa sortie ; il l’est bien avant que, en ce jour du début de l’été 2001, un garçon nommé Stéphane me le fasse aimer encore plus en le regardant avec moi tout me tenant dans ses bras après m’avoir fait l’amour ; et il l’est bien avant que des années plus tard, un autre garçon, nommé Rayane Bensetti, me donne des raisons supplémentaires pour que Aladdin soit mon Disney préféré… sa danse d’anthologie dans une célèbre émission télé sur la musique du film, voilà une vidéo que j’ai du me repasser au moins autant de fois que le film même…

     

    On mate Aladdin l’un à coté de l’autre avec labra en boule à l’autre coté du canapé… je regarde Aladdin dans les bras d’un garçon très câlin avec un petit coté nounours tout doux… je regarde Aladdin et je me rends compte qu’il me regarde regarder Aladdin… je ressens tellement de tendresse et de bienveillance dans son regard que j’en ai presque la tête qui tourne… oui, je suis dans les bras d’un garçon juste adorable et je suis juste indiciblement heureux… 

     

    Tellement heureux que tant de bonheur inattendu ne tient plus dans mon petit cœur… tellement heureux que je me retrouve à pleurer en silence… j’ai besoin de ce câlin… j’ai eu tellement mal la nuit d’avant lorsque j’ai vu Celui-dont-on-ne-doit-plus… et son acolyte partir avec ces deux nanas… et là tout ça me parait si loin, sans importance… oui, j’ai besoin de ce câlin et de rien d’autre… Stéphane est là, je crois qu’il se rend compte que je pleure, il me serre un peu plus fort dans ses bras, sans un mot… 

     

    Oui, je suis si bien, ce que je vis est si puissant, mon corps tellement détendu mais épuisé par les multiples jouissances que je finis par m’assoupir devant mon Disney préféré… 

     

    Quand je me réveille, il est sept heures. Le contact que je ressens sur ma cuisse n’est pas la main de Stéphane mais le museau de Gabin. Stéphane est en train de ranger le dvd dans l’étagère.

     

    « J’ai dormi longtemps ? » j’essaie de me donner contenance.

     

    « Presque tout le film… heureusement que c’est ton préféré… » il me répond, taquin.

     

    « Je suis désolé… t’aurais du me réveiller… ».

     

    « Si tu t’es endormi c’est que tu en avais besoin… » il me répond tout gentil ; et puis il ajoute, comme pour m’achever « je t’ai regardé dormir… t’étais beau… ».

     

    « Merci… » je lui réponds timidement. Je suis touché, il est trop ce mec.

     

    Soudainement je réalise qu’il est l’heure du dîner chez moi. Mon portable a du sonner mais comme il est en mode sans sonnerie, sans vibreur, ça ne m’a pas perturbé.

     

    « Je crois que je devrais y aller, vu l’heure… » je trouve adapté d’enchaîner comme pour me secouer du trouble que ses mots ont apporté dans mon esprit.

     

    « Tu veux rester manger ? » il réagit du tac-au-tac. Je crois que c’est un coup prémédité. Sacré Stéphane. Ça me fait drôlement plaisir mais…

     

    « Je ne peux pas m’incruster comme ça… » je lui réponds, même si c’est davantage pour prendre du temps pour déguster mon bonheur que pour une réelle volonté de partir… et aussi bien pour l’entendre me dire des trucs du genre :

     

    « Non, ça me fait plaisir… ».

     

    Des mots, qu’il faut l’admettre, sont sacrement plaisants à entendre. Tout comme c’est sacrement plaisant de lui répondre :

     

    « A moi aussi ça me fait plaisir… ».

     

    Il me sourit. Je lui souris à mon tour.

     

    « Tu aimes le risotto ? » me demande-t-il.

     

    « J’adore » je lui réponds, ravi.

     

    « Alors va pour le risotto… » me relance-t-il.

     

    « Parfait… » je lui relance à mon tour ; et j’enchaîne « je peux t’aider à faire quelque chose ? »

     

    « Non, merci, j’ai tout prêt… je me suis un peu avancé pendant que tu… regardais Aladdin… » se moque-t-il, bon enfant, et il enchaîne « t’as qu’à t’occuper de Gabin, ça m’évitera de l’avoir dans les pieds… dès qu’il sent l’odeur de l’oignon qui commence à frémir, il devient fou… ».

     

    Le lecteur dvd éteint, c’est sur une fin de dimanche en compagnie de Drucker que la télé tombe… mais qu’importe ce qui passe à la télé… je suis bien , je suis heureux… et comment pourrait-t-il en être autrement ? L’odeur de l’oignon qui frémit dans une poêle et qui ravît mes narines, la truffe de Gabin qui frémit sur mon jean et qui me fait sourire au moins autant que ça m’attendrit, le garçon avec qui je me suis baladé la moitié de l’après midi, le garçon qui vient de me faire l'amour et avec qui je vais passer ma soirée est, en plus, en train de me faire a dîner…  

     

    Au fil des minutes qui s’écoulent, ça sent de plus en plus bon dans la maison… l’odeur des oignons se mélange à celui des champignons… mon estomac crie famine et mon cœur crie Stéphane… j’envoie un sms à maman pour l’avertir que je dîne chez Dimitri (si un jour elle rencontre sa mère, je suis mort, mais je m’en fous) et je me lève pour aller le rejoindre en cuisine… je m’approche tout doucement, suivi du Nero à quatre pattes… je m’arrête sur le seuil de la cuisine et je le regarde faire… il est en train de touiller le riz dans la poêle… je me fais la réflexion que c’est beau à regarder un beau et gentil garçon en train de cuisiner… d’autant plus qu’il est en train de cuisiner un peu pour moi aussi… et cela représente tellement de choses pour moi… personne n’a jamais fait ça pour moi… à part ma maman… 

     

    Ainsi ça peut-être ça aussi la vie avec un garçon, partager une balade en ville un dimanche après midi, regarder un film en se câlinant, partager un repas, faire l’amour sans que les câlins ne soient interdits, sans qu’un jeu de soumission/domination de chaque instant ne vienne figer une relation frustrante et douloureuse à la longue… oui, avec un garçon on peut partager autre chose que de la baise
    Oui, c’est beau de voir un garçon en train de cuisiner… c’est la même pensée qui doit traverser l’esprit de Gabin, assis à coté de moi en train de le regarder faire, aussi intéressé que je le suis…
    La table est mise, un plat de charcuterie avec quelques cornichons disposés ici et là trône en son centre… ça aussi c’est beau à voir, et ça donne faim…

     

    Stéphane finit par remarquer ma présence.

     

    « Je ne t’ai pas entendu… » dit-il, tout attentif à son ouvrage ; et il continue « je suis désolé, quand je cuisine, je suis dans ma bulle… ».

     

    Et là, comme en écho à ses mots de tout à l’heure au sujet de ma sieste pendant Aladdin, je trouve mignon de lui répondre :

     

    « Je te regardais faire… si tu étais si concentré c’est… que tu en avais besoin… je te regardais cuisiner… c’était beau… ».

     

    « Merci… » il me répond timidement.

     

    « Ca donne faim ce plat au milieu de la table… » je dévie pour chasser un peu de l’émotion de cet instant qui semble nous troubler tous les deux.

     

    « C’est de la charcuterie de mes parents, ils sont paysans en Aveyron… ». 

     

    « Je croyais que tu étais de Toulouse… » 

     

    « Non, je suis sur Toulouse que depuis mes études sup… je suis né dans un bled en Aveyron, pas loin de la Couvertoirade… tu connais ? ». 

     

    « De nom, j’ai vu quelques images dans une émission, je crois Des racines et des ailes… ça a l’air super beau… »… 

     

    « C’est un village des Templiers, c’est super bien conservé, on a l’impression de se plonger dans le passé… si on s’était rencontré plus tôt je t’y aurais amené… ». 

     

    Oui, si on s’était rencontrés plus tôt. Si seulement tu ne devais pas partir, beau Stéphane. Soupirs… 

     

    « Tu vas voir, il est drôlement bon leur jambon… » 

     

    « Miam miam » je lui réponds. 

     

    « Ca va bientôt  être prêt… » il m’annonce tout en continuant à remuer son risotto avec la cuillère en bois. 

     

    Je fais un petit détour par la salle de bain et lorsque je reviens un deuxième coca m’attend sur la table basse dans le séjour à coté de sa bière blanche et du plat de charcuterie de ferme aveyronnaise. Stéphane est dans la cuisine en train de finaliser son risotto. Je le rejoins car je ne trouve pas sympa de le laisser seul pendant qu’il cuisine. Il est en train de mettre la touche finale avec de la crème fraîche… je le félicite de son risotto qui a l’air on ne peut plus moelleux et appétissant… le petit cuistot qui sommeille en lui en a l’air touché et commence à m’expliquer comment on prépare tout cela… je bois ses mots et ce jour là j’apprends à faire le risotto, ce qui deviendra un jour ma seule et unique spécialité en cuisine… on discute pas plus d’une minute ou deux… jusqu’à que LE drame ne se profile à l’horizon… 

     

    Stéphane s’arrête net de parler. Son visage change d’expression et presque de couleur. L’inquiétude efface son charmant sourire. Je ne sais pas ce qui se passe mais je vais vite comprendre… 

     

    Ses mains ont brusquement lâché la poêle, je le vois se figer, me regarder et demander sur un ton hésitant et super angoissé « Gabin… il… est… où… Gabin… ? ». La réponse va vite tomber. Gabin n’est pas dans la cuisine… il est donc dans le séjour… avec la charcuterie posée sur un table pile à porté de truffe… 

     

    Stéphane s’élance vers le séjour presque d’un bond, mais c’est déjà trop tard… le drame est consommé… le beau plat de charcuterie de tout à l’heure exhibe effrontément la couleur blanche de son fond, à peine cassé par quelques taches vertes que sont les cornichons que la bête n’a pas estimés à son goût… juste à coté de la table basse, le museau encore tourné en direction du plat, le labra est assis en mode chien porte journaux, toujours en train de se lécher les babines… lorsqu’il voit son maître bondir comme un fou dans le séjour, il a un léger mouvement de recul… immédiatement suivi de ce regard « qu’est ce qu’il y a, papa ? mais je n’ai rien fait, moi… », cet air que les labradors maîtrisent parfaitement et qui fait que même si on a envie de les cuire au four, on n’en fera rien… 

     

    Après une petite déception pour le jambon que l’on ne mangera pas, on éclate de rire simultanément… c’est bon de rire après avoir fait l’amour, beaucoup mieux que de se faire la tronche… je me dis que ce sont des petits trucs de rien de ce genre, des petits bonheurs quotidiens que j’ai envie de vivre avec un garçon… manger un risotto ensemble, se caresser et discuter sans même prêter attention au gros navet du dimanche soir qui défile sur TF1… 

     

    Parler et regarder ses jambes dépassant de son short, des jambes poilues et plutôt musclées… me dire qu’il doit faire du sport… avoir envie de lui demande lequel… oser le faire et m’entendre répondre qu’il fait de la balade en montagne, qu’il fait du canyoning depuis plusieurs années sur les Pyrénées et qu’il va désormais en faire sur les Alpes, son rêve depuis toujours… l’entendre dire que quand j’irai le voir il en fera avec moi, pour me montrer la beauté du massif montagneux le plus haut d’Europe… avoir envie de croire à cette promesse, une promesse qui est sans doute faite avec le cœur mais qui parait si difficile à tenir… je pense à mes études à Bordeaux, à mes moyens financiers limités… je pense à son départ, je pense avec tristesse que malgré les promesses que l’on peut de faire, on va tous les deux vers une nouvelle vie et que la distance fera qu’on oubliera cet après midi d’amour et de tendresse.

     

    « Tu sais, Bâle est à un peu plus d’une heure d’avion de Toulouse et si tu t’y prends un peu à l’avance, le billet est vraiment accessible… » je l’entends dire, comme pour panser ma tristesse qu’il a du déceler dans mon silence.

     

    Le film du dimanche soir s’en va sur le générique de fin, tout comme ce dimanche soir s’en va tout  court, ce dimanche trop court… oui, l’heure tourne et il est temps pour moi de rentrer… pas envie de partir, par envie de quitter ses bras, suis trop bien, plus rien n’existe, plus rien m’inquiète quand je suis dans ses bras, rien vraiment…plus rien sauf le moment de les quitter… 

     

    Eh, oui, dur dur de le quitter, en sachant que je ne vais pas le revoir avant son départ car sa mère va venir s’installer chez lui quelques jours pour l’aider à préparer les cartons… pas facile de se quitter et de trouver les mots pour se quitter après un dimanche comme celui que l’on vient de vivre… 

     

    Alors on renonce aux mots, on laisse la place aux baisers, aux caresses, aux regards, aux câlins de tout genre… 

     

    « J’ai bien aimé cette journée… tout… » il finit par me balancer, tout mignon, lorsque je serai presque sur le seuil de sa porte. 

     

    « Et moi, plus que ça… » je trouve la force de lui retourner « dommage que tu… ». 

     

    « On se reverra Nico, je le sais, on se reverra… » me coupe-t-il devinant la suite de ma phrase « … je t’enverrai mon tel dès que je serai installé et tu viendra me voir… en attendant tu as mon mail… on se tient au courant, mec… ». 

     

    Je reste en silence, tentant si mal que bien de maîtriser mon émotion. 

     

    « Tu vas me manquer… » je me laisse échapper. 

     

    « Toi aussi tu vas me manquer… » il me chuchote à l’oreille en me serrant très fort contre lui ; et il continue, adorable « … tu es super mignon Nico, tu es touchant, tu es gentil, adorable… tu as le droit d’être heureux, de demander ce qui te rend heureux… surtout ne laisse jamais personne te dire et te faire croire le contraire… ». 

     

    Là je pleure. Ah bravo… t’es content, Steph, t’es content de me voir chialer comme une gonzesse ? 

     

    « Pardon… » je m’excuse car j’ai honte de pleurer, encore « … désolé, je ne suis pas un beau cadeau… ». 

     

    « Ne t’excuse pas Nico, surtout ne t’excuse pas d’être comme tu es… un garçon touchant, sensible, gentil, un mec en or… tu as le droit de pleurer, si ça te dit, et surtout, tu as le droit d’être heureux… tu as le droit à tout, ou presque… il y a une chose que tu n’as plus le droit de dire, plus jamais de ta vie… ne dis plus jamais « je ne suis pas un beau cadeau »... jamais… tu as le droit de rire, tu as le droit de pleurer, tu as le droit d’aimer et tu as le droit de te sentir aimé… tu as le droit d’être là… tu as le droit d’être heureux… Nico, tu es un très beau cadeau...  

     

    La vie fait peur, le solitude fait peur, à tout âge, mais à ton âge en particulier… tu es un jeune garçon qui se cherche et qui a par-dessus tout besoin d’amour, de tendresse… toutes tes hésitations, tes peurs, tes craintes, tes inquiétudes, ta fragilité ont l'air de venir d'un endroit ou tu te dis « je n'ai pas vraiment le droit d'être heureux »… prends confiance en toi… ça suffit… tu existes… tout va bien, tu vas y arriver, tu vas la trouver ta place… pour peu que tu croies en toi… 

     

    Il faut que tu croies que tu as le droit d'être heureux, avant que les autres puissent te reconnaître ce droit… sois toi même, ne te laisse pas les autres choisir pour toi… »… 

     

    [If you don't make the choice/And you don't use your voice/Someone else will speak for you instead 

     

    Si tu ne fais pas le choix/Et si tu ne fais pas entendre ta voix/Quelqu'un d'autre parlera pour toi, à la place].
    Ses mots sont si touchants, presque une révélation. J’ai encore plus envie de pleurer. Mais il a raison. J’ai le droit. Je sais qu’il a raison, il a raison sur tout, mais je n’arrive pas encore à réaliser à fond ce qu’il vient de me dire, j’ai l’impression que c’est trop, que je ne suis pas digne… 

     

    « Je ne sais pas si je suis aussi bien que tu le dis… » j’essaie de me dédouaner, comme un élève qui n’aurait pas encore bien intégré sa leçon. 

     

    « Si… crois-moi… tu es un sacré petit bout de mec… mais fais gaffe à toi, Nico… tu es un bon gars, même trop bon, trop gentil, fais attention que cela ne te joue pas de tours… fais attention aux gens que tu vas rencontrer, surtout dans le milieu, car il n’y a pas que des gentils… il y a un passage dans une chanson de Mylène qui m’a toujours touché de par sa vérité, une vérité amère, dure à entendre mais incontestable… « la mauvaise herbe nique souvent ce qui est trop bien cultivé…

     

    A ton age j’étais un peu comme toi… c’est pour cela aussi que tu me touches… j’étais aussi gentil et un peu naïf comme tu l’es… je ne me méfiais de personne et j’en ai fait les frais… j’ai souvent souffert, et parfois méchamment… fais donc gaffe à ne pas te perdre, même pas par amour… veille toujours à rester toi-même… à tout donner mais à ne pas tout accepter par amour… et si un jour tu as besoin de quelqu’un pour parler, je serais toujours là pour toi… toujours… ».

     

    C’est après l’avoir serré une dernière fois dans mes bras que j’arriverai à m’arracher de lui avec un simple « Merci »… je dois m’arracher de lui de façon presque violente, comme un sparadrap qu’on voudrait arracher plutôt que de le décoller lentement, je dois m’arracher pour abréger les souffrances, pour ne pas recommencer à pleurer, pour ne pas gâcher ce bon moment… je vois que lui aussi a l’air bien ému et je sais que je ne vais pas pouvoir me retenir… je n’ai pas envie de le voir pleurer… je suis déjà bien assez triste…

     

    C’est ainsi que quelques instants plus tard je me retrouve dans la rue en train de chialer à chaudes larmes… je suis heureux et triste à la fois… heureux de tout ce que j’ai vécu en l’espace d’un après-midi, l’impression d’avoir carrément vécu les premiers mouvements d’un toute nouvelle vie qui se profile à l’horizon… heureux de toutes les découvertes de jouissance masculine et de tendresse que ce charmant Stéphane a su m’amener avec une douceur incroyable… heureux mais triste que cela se termine ainsi, que cette rencontre qui aurait pu être la première d’une belle série, d’une relation stable, avec un bel avenir, ne soit au final qu’une magnifique découverte suivie d’un inexorable adieu…

     

    Je sors de l’appartement de la Halle aux Grains repu d'amour et de plaisir,  je me sens déterminé à renoncer à Jérémie… à ce moment là je me sens vraiment déterminé… mais qu’en sera-t-il de cette détermination lorsque Stéphane sera parti a mille bornes de Toulouse? 

     

    Pourquoi doit-il partir ? C’est si injuste… s’il restait, peut-être qu’avec lui à mes cotés pour me guider je pourrais vraiment oublier Jérémie… s’il restait, peut-être qu’il pourrait même prendre sa place dans mon cœur… j’ai envie de faire demi tour, d’aller le serrer encore dans mes bras… 

     

    Je suis à un moment difficile de ma vie, je vais bientôt partir, les personnes qui comptent pour moi vont partir elles aussi, cette vie d’aujourd’hui m’est comptée… je suis à la croisée des chemins, c’est le grand saut dans le vide, je me sens seul et penser au futur me rend profondément  triste… 

     

    Le soir dans mon lit je m’endors en repensant à tous les bons moments passée en compagnie de ce charmant Stéphane… j’ai vraiment l’impression d’avoir été plongé dans une autre vie, dans une autre dimension… avec lui j’ai découvert que je peux être désiré, que l’on peut vraiment avoir envie de moi en tant que garçon, et non pas uniquement en tant que vide couilles… que l’on peut raisonnablement avoir envie de me faire plaisir, car on peut me trouver attirant et désirable… j’ai senti tout cela dans le regard d’un garçon qui me plait vraiment… que les câlins ce n’est pas une maladie ou une tare et que je peux en donner et en recevoir sans me faire jeter pour cela… que mon besoin de tendresse peut être partagé et que l’on peut trouver cela touchant plutôt que soûlant… et, au final, que l’on pourrait même m’aimer pour ce que je suis… 

     

    J’ai l’impression qu’avec un mec comme Stéphane tout serait possible, que ma vie changerait du tout au tout, que je pourrais vivre un grand amour, vivre une véritable relation de couple, m’assumer, faire mon coming out… trouver tout simplement ma place…  

     

    Ce soir là je me sens triste mais j’ai l’impression d’être plus fort grâce à l'amour et à la tendresse que je viens de recevoir, grâce au fait d'être enfin en accord avec moi-même… cet après-midi là j’ai vécu une expérience tellement intense, une expérience qui fait que, quoi qu’il arrive dans l’avenir, je me sens déterminé à ne plus tout accepter par amour, fort de pouvoir désormais penser qu’il peut y avoir sur terre (et sur Toulouse) d'autres mecs que Jérém qui sauraient m’aimer d'une façon qui me correspond davantage… 

     

    Juste avant de trouver mon sommeil, mon cœur vibre toujours et encore au rythme de la mélodie du bonheur de cet après midi, je me dis que j’ai envie de le revoir coûte qui coûte avant son départ… je vais essayer de le revoir, je dois le revoir avant son départ… oh, putain, comment la vie est mal foutue parfois… oui, si on s’était rencontres plus tôt…

     

     

     

    I wish we had another time/ I wish we had another place/ But everything we have is stuck in the moment/ And there's nothing my heart can do (can do)/ To fight with time and space/ Cause I'm still stuck in the moment with you
    Je souhaite que nous ayons un autre moment/Je souhaite que nous ayons un autre endroit/Mais tout ce que nous avons est coincé dans l'instant/Et il n'y a rien que mon coeur puisse faire (puisse faire)/Pour se battre avec le temps et l'espace/Car je suis toujours coincé dans l'instant avec toi.

     


    Ah, ce charmant Stéphane, arrivé si soudainement dans ma vie, et reparti aussi tôt… il est parfois dans une vie des rencontres comme celle-ci, des rencontres fortuites, isolées, improbables, et pourtant marquantes. En deux rencontres, mais à bien regarder à partir du tout premier instant, Stéphane est devenu une rencontre marquante dans ma vie. Et il le sera pour longtemps. 

     

    Non, dorénavant je ne accepterai plus tout de lui, surtout lorsqu’il deviendra odieux vis-à-vis de moi, surtout que je serais désormais en possession d’un mètre étalon pour mesurer mon malheur avec lui et le comparer avec le bonheur que je pourrais trouver ailleurs… 

     

    Car j’ai le droit d’être heureux, d’être moi-même, il a raison, et une chanson de ma star préférée viendra me le rappeler bien d’années plus tard, dans l’ouverture de son mémorable Rebel Heart Tour, comme un programme de vie, comme un manifeste… 

     

     

     

    If you try and fuck it up again/Destiny will choose you in the end 

     

    Si vous voulez tout foutre en l'air à nouveau/Le destin choisira pour vous à la fin
    If you don't make the choice/And you don't use your voice/Someone else will speak for you instead 

     

    Si tu ne fais pas le choix/Et tu ne fais pas entendre ta voix/Quelqu'un d'autre parlera pour toi, à la place
    What you want is just within your reach/But you've got to practice what you preach/If you leave sweat and tears/And overcome your fears/Never let the fire inside you leave 

     

    Ce que tu veux est juste à ta portée/Mais tu dois faire ce que tu dis/Au delà des larmes et de la sueur/Et surmonter tes peurs/Ne laisse jamais le feu à l'intérieur te quitter
    I can, Icon, two letters apart/One step, away, of being lost in the dark/Just shine your light like a beautiful star/Show the world who you are/Who you are 

     

    Je peux, « icône », deux lettres d'intervalle/Un pas pour quitter l'obscurité/Laisses briller ta lumière comme une belle étoile/Montre au monde qui tu es/Qui tu es 

     

     

     

    Je ne le sais pas encore, mais c’est à ce moment précis que je sème dans mon esprit les graines de la révolte intérieure qui m’amènera au clash avec Jérém, cette révolte qui fera tant de dégâts dans ma vie et dans celle du beau brun… 

     

     

     

    Chères lectrices, chers lecteurs, 

     

     

     

    dans quelques jours ce sera Noël et, dans la foulée, la nouvelle année va pointer son nez. 

     

    C’est l’occasion pour moi de vous remercier pour votre fidélité à mes textes, pour vos commentaires, pour votre présence tout simplement, pour m’avoir accompagné depuis les premier épisode en août 2014.  

     

    Vous étés de plus en plus nombreux. Et ça fait chaud au cœur. 

     

    Je profite de cette occasion pour souhaiter à vous tous, ainsi qu’aux personnes qui comptent pour vous, les meilleurs vœux pour un joyeux Noël et pour un 2016 resplendissant… 

     

    Normalement, si j’arrive à finaliser les premières parties de l’épisode 44 à temps (un épisode complexe, aux multiples rebondissements), l’histoire de Nico et Jérém (et de Thibault et de Stéphane) ne va pas s’arrêter lors des fêtes de fin d’année… 

     

    Quoi qu’il en soit, de nombreux épisodes sont prévus au tableau. 

     

    En attendant, bonnes fêtes à vous tous 

     

    Fabien 

     

     

     

    Dans le prochain épisode.. 

     

     

     

    Une semaine plus tard… 

     

     

     

    … deux étalons se font face, deux beaux mâles musclés, deux couillus se défient farouchement du regard… deux queues bien tendues s’affrontent comme en duel à distance rapprochée, deux paires de couilles bien chaudes et bien pleines, deux fiertés, deux virilités de jeune mâle s’opposent, se chargent, se frottent violemment, la tension est si palpable que j’ai l’impression de ressentir des étincelles de testostérone en train de jaillir partout dans la pièce… 

     

    Le défi est tout en regards et dans l’attitude on ne peut plus masculine des deux protagonistes, mais c'est tellement puissant que je me sens mal à l'aise... deux fiertés de mâles sont en jeu dans cette crânerie virile et il y en a forcement une qui va se faire démolir...
    Aucun des deux mâles ne donnant signe de vouloir reculer et de s’incliner devant l’autre au sens propre comme au sens figuré, j'ai peur que ça puisse se régler a la baston... c’est souvent ce qui arrive dans la nature lorsque deux mâles en rut se font face pour établir qui des deux est le plus couillu... c’est également ce qui arrive parfois chez nous les humains « civilisés » lorsque deux mâles se cherchent pour définir lequel est le plus « mec »...
    … une minute plus tard le beau brun est allongé sur le lit en train de découvrir avec bonheur le plaisir de sentir une bonne queue en train de coulisser entre ses fesses, le plaisir exquis de se faire sauter par un beau mec...  

     

    Je me dis alors que c’est vraiment beau que de voir le beau brun en train de prendre son pied de cette façon là, une façon si différente de celle à laquelle il est habitué, un plaisir si différent de celui de « vrai mec » qu’il a toujours cru être le seul qu’il prendrait jamais…

     

    Oui, il y a quelque chose d’extrêmement excitant dans le fait de voir le beau brun découvrir le plaisir inattendu, un plaisir dans sa tête si longtemps méprisé, redouté, refoulé ; le plaisir d’abdiquer provisoirement de son statut de sa propre virilité, un plaisir qui se situe au delà du tabou suprême, celui de l’inviolabilité de son ti trou ; le plaisir de lâcher prise, de se laisser déborder par le plaisir inattendu d’offrir son corps au plaisir d’une autre mâle ; le plaisir de goûter à la virilité d’un autre mec, de se sentir possédé, de se sentir l’objet du plaisir d’un autre mec, de sentir en soi cette puissance débordante, la vigoureuse émotion sensuelle d’une sodomie passive…

     

    Et ce qui est d’autant plus excitant, c’est de voir ce mec jusqu’à là incorrigiblement actif, découvrir et aimer ce nouveau plaisir… d’abord timidement mais très rapidement, au fil des coups des reins qui secouent son intimité, de façon de plus en plus claire, avec de moins en moins de retenue…

     

    Non, jamais je n'aurais cru voir ce mec prendre son pied de cette façon, en se faisant mettre bien profondément, tout en gémissant, en suppliant, en quémandant ce nouveau plaisir qui secoue chacune de ses fibres… en réclamant avec insistance, presque en criant, qu’on le défonce plus fort, encore plus fort, sans retenue… le voir gémir sous les coups de reins d’un mec qui est à ce instant précis… plus « mec » que lui… le voir complètement soumis au plaisir, à la puissance de la queue qui le fait jouir du cul…  

     

    Oui, je trouve cela extrêmement excitant de voir le beau brun renoncer à son statut de mâle, jouir de voir sa virilité écrasée de cette façon absolue, céder avec bonheur à l’assaut d’une virilité plus puissante que la sienne…

     

    Ce qui ne m’empêche pas de me demander comment le beau brun va assumer cela après coup, lorsque l’excitation sera retombée, lorsque son « maître » d’un soir se sera vidé les couilles et lorsqu’il verra dans son regard le triomphe de sa virilité sur la sienne…

     

    J’ai mal dans ma chair de voir une fierté masculine si impitoyablement malmenée… et de deviner les dégâts que cela va engendrer après coup… hélas, comme il est suggéré dans une fable célèbre, « Le beau brun et le brun beau », il n'est point de loi que celle du plus viril...

     

     

     

    Il y eut un jour

     

    Une belle rencontre

     

    Celle d’un très beau brun

     

    Avec un brun vraiment très beau.

     

    Le premier coq lui démangea

     

    Il voulut se frotter à l’autre

     

    Lui montrer sa crête bien haute.

     

    Le deuxième coq était on os

     

    Chatouilleux et fier en diable.

     

    Et voilà de l’histoire,

     

    La seule morale.

     

    Duel de coq, duel sans sang

     

    Duel de bites très fort tendues.

     

    Le premier coq baissa sa crête,

     

    Et au même temps

     

    Il écarta ses cuisses.

     

    Car la raison du plus couillu

     

    Est toujours la meilleure…

     


    1 commentaire
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    Recevoir une fellation, une bonne pipe, surtout la première de sa vie… c’est un plaisir autant physique, autant purement charnel qu’un plaisir de voir ainsi reconnue et célébrée sa puissance virile, c’est galvanisant, excitant, ça fait éclore en moi un sentiment que je n’avais jamais soupçonné pouvoir un jour éprouver, quelque chose qui ressemblerait à de la fierté purement masculine… ça me donne des ailes de voir un garçon très motivé à me donner du plaisir…  

     

    Putain, je me sens tout drôle… je me sens… je me sens mec, quoi… sous l’effet de l’excitation qui fait taire ma raison et sauter d’un seul coup tout le vernis de mes certitudes pour éveiller mes instincts primaires les plus enfouis, j’ai l’impression que dorénavant on va me regarder tout autrement, que ma queue et ma sexualité me rendent tout puissant… et si ça me fait cet effet à ma première pipe, si j’ai autant envie de jouir, qu’on me fasse jouir, si pour la première fois je ressens en moi cette envie nouvelle, impérieuse, capable même de faire disparaître la seule envie qui n’a jamais été la mienne devant un beau garçon, celle de le faire jouir… lui et juste lui… voilà, je comprends enfin que chez un gars comme Celui-dont-on-ne-doit-pas… un gars dont la sexualité est autrement reconnue et sollicitée que la mienne, ce sentiment de toute puissance sexuelle puisse monter à la tête… 

     

    Sa bouche redescend tout lentement, sa langue s’enroulant autour de mon nombril… et lorsque ses lèvres et sa langue retrouvent ma queue, il me suce encore, longuement 

     

    Et lorsque, après un long moment de bonheur, ses lèvres chaudes quittent ma queue, je ne sais plus où j’habite… j’en veux encore, j’en veux plus… ma queue est si raide, dégoulinante de sa salive, vibrante de plaisir et d’excitation, si proche à exploser dans un feu d’artifice de jouissance… elle réclame désormais ce contact lui étant devenu si indispensable… c’est frustrant… j’ai tellement envie de jouir je suis à deux doigts de lui dire d’y revenir illico… je sens que je suis à tout juste quelques mouvements de main bien administrés de jouir très fort… j’ai presque envie de me branler… sa bouche et sa langue me manquent… dans mon cerveau c’est une profusion de décharges électriques, je suis hors de moi, je n’arrive plus à réfléchir, à penser à autre chose, j’ai du mal à me maîtriser, à ce moment là je ne suis que pur désir… je comprends mieux quand Celui-dont-on-ne-doit-pas… m’ordonne de le sucer… je comprends mieux cette urgence complètement masculine que l’on s’occupe de son plaisir débordant… oui, je comprends mieux…  

     

    Ma queue réclame son « du »… oui, son « du », car on a l’impression, lorsqu’on prend autant de plaisir, que l’on n’est pas en droit de nous le retirer si près du bout… tout cela ne dure qu’un instant… un instant qui me parait une éternité… ma respiration se fait profonde, impatiente, je déglutis bruyamment, tous mes muscles sont tendus, mon cerveau complètement accaparé par la vibration intense de mon excitation…

     

    Ainsi, si sa bouche m’a semblé d’abord injustement délaisser et interrompre ce plaisir, c’est pour m’en offrir un autre encore plus puissant… ça me surprend, ma queue frémit de plaisir lorsque je ressens une pression légère, presque un effleurement sur le frein de mon gland… c’est le bout de sa langue qui vient de s’y poser… elle s’y retire, elle y revient, elle s’en va encore… elle commence à faire des allers et retours réguliers, comme si elle sautillait sur place, elle agace cette zone que je découvre hyper hyper hyper sensible avec des touches légères et rapides… putain de putain de putain que c’est bon…

     

    Les petits coups de sa langue deviennent peu à peu plus appuyés, plus insistants… parfois sa langue se laisse aller à faire le tour de mon gland… revenant toujours au même endroit, me procurant un plaisir intense et exquis… ses mains sur mes deux tétons, ses doigts exerçant une pression alternativement légère et plus accentuée, tout comme le bout de sa langue sur le creux de mon gland… je suis le mec le plus excité de la terre…  

     

    Oui, j’ai l’impression que j’approche à grands pas de l’orgasme, j’ai l’impression que je vais jouir très vite… j’en ai très envie… et ce dont j’ai vraiment envie c’est… soudainement je me surprends à sentir que j’ai envie… très envie de… de jouir dans sa bouche…  

     

    Je sais que ça c’est un truc que Celui-dont-on-ne doit… adore… j’ai envie, mais je sais que je ne vais jamais oser lui imposer ça… et surtout je n’oserais jamais lui demander d’avaler… je ne sais même pas si j’en ai envie… mais de lui jouir dans la bouche… il me faut admettre que de ça j’en ai foutrement envie… 

     

    Il y a en effet quelque chose de terriblement excitant dans cet acte… jouir dans la bouche d’un mec ou bien, à contrario, faire jouir un mec dans sa bouche, le sentir libérer en un long jet toute sa virilité, comme si on allait « avaler » cette virilité même, aspirer sa virilité, voilà l’élément ultime qui vient couronner le plaisir intense qu’on s’est soigneusement appliqués à lui offrir…  

     

    Mon corps est parcouru, secoué par des frissons de plaisir complètement dingues… je sens que je ne vais pas tenir longtemps… s’il continue ainsi je vais jouir… je vais lui jouir sur la langue, sur le visage… je ne peux par lui faire ça… de toute façon j’ai trop envie de lui jouir dans la bouche… mais je ne peux pas lui demander ça, j’ai trop peur qu’il le prenne mal…

     

    Je décide de lui annoncer ce qui va arriver et de lui laisser le choix de « gérer » ça de la façon dont il a envie… et tant pis s’il choisit de me faire jouir juste avec sa main et d’en foutre partout sur moi… même si je préfèrerais bien autre chose…

     

    « Steph… je vais jouir… » je finis par lâcher, la voix déjà à moitié étranglé par l’orgasme qui a commencé à envahir mon cerveau avant de déborder mon corps… une info qui veut à la fois signifier « fais gaffe, je vais jouir » et « je vais jouir, prends moi en bouche »…

     

    Heureusement pour moi, le charmant Stéphane aura envie de prendre mon info dans le sens le plus plaisant pour moi… je n’ai pas fini ma phrase, que ses lèvres enserrent ma queue, faisant des allers retours amples et rapides sur toute sa longueur… ses doigts caressent toujours mes tétons…

     

    Ainsi mon orgasme sera puissant, incroyablement long et intense, je jouirai des grands flots dans sa bouche en émettant des petits râles à la fois contenus et inéluctables… j’ai l’impression que je jouis tellement que je vais lui remplir la bouche… pendant que je jouis, voilà que l’idée qu’il puisse avaler mon jus m’apparaît soudainement comme sacrement excitante… force est d’admette que pendant ce moment de plaisir aussi rapide et aussi puissant que l’éclair, plus rien ne compte à part sa propre jouissance, plus rien n’existe, c’est une éclipse passagère mais complète de la raison, un instant de ténèbre ou l’instinct pur refait surface en nous accompagné par des images et des fantasmes inattendus… c’est une petite mort, mais une mort si plaisante…

     

    Lorsque je reviens à moi, je vois Stéphane partir vers la salle de bain et un instant plus tard je l’entends recracher discrètement… au fond, je suis heureux qu’il en soit ainsi… l’excitation passée, j’aime autant qu’il n’avale pas… je crois que je ne suis pas prêt à demander cela à un garçon… c’est tellement demander… c’est si intime… je me dis que le fait qu’il n’aille pas si loin, ça va rendre plus simple de se retrouver après…

     

    Avaler le jus d’un garçon… c’est d’ailleurs une envie que tous les homos, que ce soit par goût ou par précaution, n’ont pas… moi je l’ai eue dès la première pipe que j’ai faite à Celui-dont-on-ne-doit-pas…, mais je crois que c’est surtout pour la raison que, depuis le temps que je fantasmais sur lui, depuis le nombre de branlettes que je m’étais tapées dans mon lit en pensant à sa sexualité encore inconnue, je l’avais déjà furieusement dans la peau…

     

    Et puis, il y a aussi le fait qu’il me l’ordonné ce jour là sur un ton si décidé, un ton qui n’admet pas de contradiction, un ton chargé d’une puissance virile à laquelle je suis si sensible et à laquelle je ne peux pas m’opposer, un ton qui établira une règle de conduite à laquelle par la suite je ne dérogerai que très très rarement… c’est vrai que j’y ai rapidement pris goût, car j’adore son goût de mec et j’adore le voir kiffer quand je lui fais ça…

     

    La peur de certaines maladies est dissipée devant l’envie de lui faire plaisir, devant sa façon terriblement excitante de l’exiger, j’ai fait taire mes dernières réticences en me disant qu’avec un hétéro, bien que serial baiseur et pas toujours protégé contre les intempéries, je ne risque pas grand-chose… c’est stupide comme réflexion… mais lorsqu’on a 18 ans et que l’on est si amoureux, on n’est pas très futés…

     

    Oui, j’adore avaler son jus, car je considère que le fait de laisser un garçon jouir dans sa propre bouche, d’avaler son jus d’un mec est l’un des trucs les plus excitants qu’on puisse lui faire… une soumission si puissante à sa virilité, une reconnaissance ultime du pouvoir masculin qu’il a sur nous, une affirmation silencieuse qui est presque aussi forte que celle témoignée par une sodomie, même sans capote, si ce n’est davantage…

     

    Oui, faire jouir un garçon dans sa bouche, avaler son jus, lorsqu’il est raisonnablement possible de le faire… là c’est encore une autre dimension du plaisir, et ceci autant pour celui qui donne que pour celui qui reçois… car il y a un truc tellement « intime », tellement… « absolu », tellement symbolique dans cet acte… c’est un truc vraiment très fort qui me rend dingue quand je le vis ou quand tout simplement j’y pense… 

     

    Putain que c’est bon de jouir comme un mec… jouir dans la bouche d’un garçon… j’ai joui et je me sens trop bien… je me sens bien dans mon corps, chacune de ses fibres résonnant encore du plaisir qui vient de le faire vibrer, comme les cordes d’un piano après la dernière note puissante qui conclut une Sonata… oui, je me sens bien dans mon corps, et aussi bien dans mon esprit… car je me sens enfin… mec… après avoir été le vide couilles d’un mec trop sur de lui, après m’être laissé branler par Steph la dernière fois, c’est comme un troisième dépucelage…  

     

    Je profite de ces quelques instants avant le retour de Stéphane pour recouvrir mes esprits… car plusieurs pensées se bousculent dans ma tête… en ordre épars… voilà…  

     

    Primo : je me suis fait sucer et j’ai joui dans la bouche magique de ce garçon adorable… 

     

    Secondo : non seulement j’ai trouvé ça très bon, mais ce qui m’enchante c’est de savoir désormais que Terzo : je peux également prendre mon propre pied sans avoir besoin d'en donner…  

     

    Quarto : je sais que quand on s'occupe bien d'elle, ma queue peut avoir envie et besoin de jouir sans que le mec avec qui je couche ne jouisse d'abord…  

     

    Quinto : je sais aussi que l'urgence de jouir peut s'emparer de moi et que rien d'autre ne compte à ce moment là… 

     

    Ce que je me demande en revanche c’est si cela peut être valable dans toutes mes rencontres sexuelles ou si cela dépend de l'attitude du mec que j'ai en face… en clair, est-ce qu’il existe des mecs comme Celui-dont-on-ne-doit-pas…, des mecs qui m’inspirent une furieuse envie de les sucer, d’autant plus que pour ce genre de mec il n’y a que leur propre pied qui compte, avec qui les rôles sont établis et immuables… et puis il y aurait des mecs comme Stéphane, des mecs auxquels j’ai autant envie de faire plaisir que de me laisser faire plaisir et avec qui les rôles sont remplacés par un plaisir partagé et réciproque ?  

     

    Voilà… voilà comment s’est passée ma première fellation « active »… je ne sais même pas comment l’appeler… c’est ça donc une fellation « active », une fellation que j’ai reçu dans un rôle opposé à celui de soumis à la queue de mon beau brun ? Dans la fellation, plus encore que dans d’autres jeux sexuels, le rôle d’« actif » et de « passif » dépend de la façon de voir les choses… l’actif est-il au final celui qui se fait sucer sans rien faire si ce n’est prendre son pied ? Ou alors, au contraire, l’actif est-il celui qui s’active sur une queue à laquelle il veut offrir le plus grand plaisir ? Voilà une grande question philosophico-érotique sur laquelle on pourrait ouvrir un débat sur HDS… 

     

    Oui je profite de ces quelques instants de solitude en l’absence de Stéphane pour me livrer à ce genre de réflexion… en fait je ne suis pas seul du tout… Gabin est venu me rejoindre… il se frotte contre ma jambe qui tombe nonchalamment sur le coté du lit… ce qui entraînera un beau sourire sur le visage de ce beau Stéphane de retour de la salle de bain…  

     

    Oui, le labrador se frotte contre moi, et son maître va en faire de même… il vient s’installer à coté de moi sur le lit… il s’allonge sur un flanc, sa main libre me caresse les cheveux, le front, le cou… mon dieu que c’est agréable tout cela… et lorsque je me retourne vers lui pour chercher ses lèvres, il me prend dans ses bras et me serre très fort contre lui… 

     

    Oui, Stéphane me serre dans ses bras et me câline… Gabin, assis à coté du lit bouge dans tous les sens…

     

    « Il est jaloux… » m’explique Stéphane.

     

    « Pauvre chien, je te vole ton maître… » je rigole en m’adressant au labra.

     

    « Il n’est pas jaloux de toi, mais de moi… » il relance.

     

    « Comment ça ? » je m’étonne.

     

    « Il est jaloux que je puisse câliner un garçon aussi mignon que toi… » il balance sur un ton tout gentil ; et il continue « il a peur que je le remplace et que je l’oublie… »

     

    « C’est toi qui est mignon, Steph… » je m’émeus en l’embrassant et en le serrant super fort contre moi… car le sentir contre moi m’apaise, me fait du bien, je suis bouleversé.

     

    Je l’entends, je le vois sourire… ses caresses sont si douces, son sourire si charmant qu’il en est excessivement sexy… certes, son corps, sa morphologie n’ont pas la perfection plastique à laquelle je suis habitué avec Celui-dont-on-ne-doit-pas…  mais la douceur et la gentillesse, la bienveillance qui se dégagent de son être tout entier, de ses gestes, dans ses moindres mouvements, dans ses attitudes, dans ses sourires, dans ses mots, dans le ton de sa voix, dans ses regards, dans ses silences, lui donnent un coté craquant qui le rend définitivement séduisant… tout est gentillesse chez ce mec, douceur et sensualité, une douceur pourtant si… virile… si rassurante, si apaisante… 

     

    Une question me traverse l’esprit à cet instant, une question qui restera sans réponse, mais qui aura le mérite d’avoir été portée à la surface de mon esprit grâce à cette magnifique rencontre : est-ce qu’au final ce n’est pas ce genre de mec la qui est le plus sexy, au-delà des plastiques parfaites de mecs scandaleusement beaux ? 

     

    Oui, il a l’air d’un garçon tellement gentil qu’on lui donnerait la bonne pipe sans protection… c’est ce que je vais m’atteler de faire dans les instants immédiatement suivants… 

     

    Ce mec me fait tellement d’effet que je suis à nouveau excité quelques minutes à peine après avoir joui… ma bouche quitte la sienne et me lèvres commencent à se balader sur sa joue, descendent sur sa mâchoire, se perdent dans son cou… notre étreinte se délie tout naturellement, Stéphane se retrouve vite allongé sur le dos et moi… allongé sur lui… ma bouche parcourt son torse, se perd sans cet univers légèrement velu, tiède, doux… il a un petit coté nounours tout doux que je trouve craquant…

     

    Je parcours son chemin du bonheur, j’arrive à la lisière de l’élastique de son boxer DIM orange et blanc déformé par la bosse de sa queue bien tendue… 

     

    Je vais voir sa queue pour la toute première fois… je la caresse avec mon nez au travers du tissu, à la recherche des petits odeurs de mec qui peuvent se dégager de la queue d’un garçon bien excité… mes narines sont aux aguets… et elles finissent par capter quelques phéromones males… c’est tout léger, mais terriblement excitant… 

     

    Il y a là aussi quelque chose de presque « mystique » à l’idée de découvrir l’intimité encore inconnue d’une mec qui nous plait, de retarder le moment de la libérer du tissu du sous-vêtement, de la deviner a travers le tissu, de la sentir, de la toucher… 

     

    J’en profite pour le faire languir un peu, pour faire monter son excitation… j’en profite aussi pour faire durer l’attente, mon attente… sa queue est toujours dissimulée par le tissu de son beau boxer… c’est comme un cadeau que j’ai à la fois hâte de découvrir très vite et peur de déballer pour faire durer encore la surprise, l’inconnu, le désir… l’objet du désir est si près, et il n’appartient qu’à moi de l’approcher… je pense que Stéphane n’est pas du genre à sortir sa queue de son boxer et à me l’enfoncer profondément dans la gorge si je le fais un petit peu trop attendre, alors j’en profite… 

     

    L’envie de découvrir son intimité finit quand même par me décider… c’est un petit frissonnement de sa queue, provoqué par une caresse un peu plus appuyée de mes lèvres qui me fera attraper l’élastique de son boxer et découvrir une belle queue élancée, légèrement courbée vers le haut, naissant d’une touffe de poils tout doux et culminant avec un joli gland luisant… j’ai sacrement envie de l’avoir en bouche… alors je m’y attelle sans plus tarder… 

     

    Je commence par goûter à son gland, bien saillant par rapport à sa tige… mes caresses buccales sont toutes légères, là encore j’ai envie de le faire languir un peu… mais j’ai trop envie de le sentir frissonner sous les coups de ma langue, trop envie de voir comment ce mec ressent le plaisir masculin, alors je vais rapidement passer aux choses sérieuses… un instant plus tard je suis en train de le sucer avec une bonne cadence qui semble le ravir… je vois son diaphragme bouger sous les ondulations de sa respiration qui s’est faite profonde, espacée… je l’entends inspirer et expirer très longuement… j’ai l’impression que le mec est comme entré en connexion avec son corps, qu’il est à l’écoute de la moindre parcelle de son plaisir, qu’il est à l’écoute de moi aussi… 

     

    Car ses mains se portent à nouveau sur mes tétons… mais j’ai l’impression que ce n’est pas pour donner de l’entrain à ma fellation… du moins pas encore… il ne me connaît pas encore assez pour calculer cela, quoique… s’il a capté, comme il l’a captée, la sensibilité de mes tétons, il pourrait vite faire le rapprochement… mais non, j’ai l’impression que Stéphane est en train de me caresser pour me faire plaisir, pour me retourner une petite partie de la jouissance que ma bouche est en train de lui offrir…  

     

    Je continue alors à le sucer avec un plaisir non dissimulé… et Stéphane continue de prendre son pied avec une envie non dissimulée… mon plaisir est même grandissant… surtout depuis que mes papilles ont décelé, légèrement mélangé à ma salive quelque chose qui les ravit… un petit goût tout juste perceptible de ce liquide que, comme je le découvrirai par la suite, certains mecs sécrètent en plus ou moins grande quantité, mais de façon continuelle dès la montée de l’excitation…  

     

    J’ai envie de lui faire autant plaisir qu’il m’en a fait… je descends lui lécher les boules, ma langue s’attarde autour de ses bourses, ensuite elle parcourt sa tige de haut en bas s’attardant encore sur le gland… avec ma langue je titille le creux de son gland… j’ai l’intuition que cette petite chose si puissante qu’il vient de me faire, il doit autant aimer la recevoir… ça aussi je l’apprendrai par la suite… pour faire plaisir à un mec, il est parfois utile lui laisser nous faire plaisir… le laisser nous parler de lui… hélas, lorsqu’on est si porté sur l’envie de donner le plaisir aux hommes, dès qu’on a accès à leur intimité, on se précipite dans notre rôle de dispensateur de bonheur, on se précipite pour les faire jouir… c’est dommage, car bon nombre de mecs aime autant donner que recevoir, et lorsqu’il nous en donne, il nous indique comment il aime en recevoir… 

     

    C’est une chance qui est propre aux homos, celle d’avoir envie de s’occuper de partenaires qui ont notre propre morphologie, la même sexualité, les mêmes envies, les mêmes « équipements », la même façon de prendre le plaisir… lorsqu’on est homo et que l’on commence à connaître son propre corps, il est plus facile de faire plaisir à un autre garçon que pour un hétéro, dont le plaisir du partenaire demeurera à jamais un mystère… 

     

    Pour le coup, lui ayant permis de me donner du plaisir avant de m’atteler à lui en offrir à mon tour, j’ai eu l’occasion d’apprendre ce qui pourrait lui faire drôlement envie… je ne m’y suis pas trompé… et j’en suis ravi… c’est beau de voir un garçon frissonner sous les coups de sa propre langue… 

     

    Je me rends compte que c’est la première fois que je suce une queue qui ne soit pas celle de Celui-dont-on-ne-doit-pas… bon, si on veut être précis, il m’est arrivé de sucer une autre queue… mais ce n’est qu’une seule fois, et de plus il s’agit de celle de son cousin, une queue qu’il m’a autorisé lui même, ou plutôt commandé, de sucer… ce n’est pas non plus la première fois que je prends mon pied avec un garçon à l’insu de Celui-dont-on-ne-doit-pas… Stéphane m’a fait jouir en me branlant lors de notre première rencontre… 

     

    Mais c’est bel et bien la première fois que j’offre du plaisir à un garçon, que je vais le faire jouir à l’insu de Celui-dont-on-ne-doit-pas… si seulement il pouvait imaginer un truc pareil, ça le rendrait fou de jalousie… déjà que rien que le fait de me voir discuter avec Stéphane à la piscine lui a foutu les boules et m’a valu une bonne soirée de baise de rappel suivie d’une petite charmante petite scène… j’aimerais tellement qu’il le sache, j’aimerais tellement lui faire mal… 

     

    Je lève les yeux de sa queue, mais pas mes lèvres, et je le regarde allongé sur le lit, en train de prendre son plaisir… je regarde son nombril, son chemin du bonheur onduler sous la respiration et je me dis que vraiment il me donne envie ce garçon… 

     

    Oui, il me donne envie, très envie, et ce, même s’il n’a pas de tablettes de chocolat dessinées à la règle, ni de pecs de dingue… il a quand même de beaux tétons grands et saillants qui semblent une invitation sensuelle à s’y attarder avec la langue, des tétons dont j’ai déjà décelé une certaine sensibilité… non, Stéphane n’a pas de torse en V au profil délirant et rasé de prés mais un torse aux lignes un peu plus droites, un torse légèrement velu, avec une jolie ligne de poils au milieu un peu plus marquée, descendant vers le nombril, devenant de plus en plus épaisse lorsqu’on emprunte ce petit chemin du bonheur indiquant la direction de son sexe… non, pas de chute de reins vertigineuse mais quand même un joli petit cul… pas de muscle oblique de l’abdomen saillant à faire damner un saint, fut-il hétéro mais quand même un joli physique plutôt agréable à regarder et dégageant de chaque centimètre de peau une sensualité débordante… 

     

    Stéphane n’est pas le petit con qui passe du temps dans la salle de bain… il est assez nature… déjà il ne se rase pas le torse, il s’accepte, il s’assume, il s’aime tel qu’il est… un corps plutôt normal, un corps dont la normalité me met à l’aise, en confiance, un corps qui ressemble au mien et qui au final, dans sa charmante et exceptionnelle normalité, suscite en moi un désir aussi puissant que celui bien plus dessiné de Celui-dont-on-ne-doit-pas 

     

    Le bonheur de l’avoir en bouche est génial… génial est aussi le fait de le sentir frissonner, génial c’est sentir ses mains qui caressent désormais ma nuque, qui caressent mon cou, qui redescendent doucement sur mes épaules, ses doigts qui reviennent caresser mes tétons… en fin de compte, il a du finir par comprendre et intégrer que ce geste possède le pouvoir magique de donner une nouvelle dimension à ma fellation… câlin et coquin à la fois, j’adore…  

     

    Sous ses caresses si agréables, je me rends compte que pendant sa fellation à lui je ne l’ai même pas touché… je m’en veux un peu… mais je finis par me dire que, bon sang, c’était ma première pipe, juteuse qui plus est, et je ne savais plus où j’habitais tellement c’était bon, tellement il y avait de choses à découvrir, tellement j’étais perdu d’aller de surprise en surprise, tellement j’étais occupé à suivre ce plaisir inédit pour voir pas tant où mais surtout quand et comment mon bel amant allait m’y amener… 

     

    Honte à toi Nico de ne pas avoir caressé un peu le garçon qui t’offrait autant de plaisir… ce sera pour la prochaine fois… en attendant j’essaie de me rattraper en lui faisant une pipe du mieux que je peux… je m’imagine que parce qu’il est homo et qu’il a du rencontrer d’autres bouches et d’autres langues de garçons portés sur la chose, il me sera difficile de le surprendre, en tout cas plus difficile qu’avec Celui-dont-on-ne-doit-pas…, ce dernier habitué aux fellations octroyées avec parcimonie par des lèvres féminins n’aimant souvent que très moyennement offrir ce genre de plaisir…  

     

    Stéphane, lui, doit être habitué depuis toujours à des fellations offertes avec grand bonheur et dévouement, à des gorges profondes, à des bouches n’ayant qu’une envie, celle de le faire jouir et d’avaler son jus… oui, j’ai envie de le faire jouir dans ma bouche, il l’a fait pour moi et je pense que je peux lui faire confiance… c’est une pratique que je sais un peu à risque, mais je crois que s’il y avait un blème il me l’aurait dit… alors j’ai envie de lui rendre la pareille… mais je ne me sens pas prêt à avaler son jus… et dans la mesure où il n’a pas avalé le mien, je pense qu’il ne va pas non plus exiger que je le fasse avec le sien… 

     

    Je le suce encore et encore… je ne me lasse par de lui faire plaisir, je ne me lasse pas de sentir ses mains sur moi, je ne me lasse pas de cette complicité de peau et de ressentis et d’envies qui est en train de se créer entre nous, je ne me lasse pas de ce moment de partage, de cette sensation de n’être pas que l’objet du plaisir d’un beau mâle, mais bien un garçon à qui on a envie de faire plaisir, un garçon que l’on considère en tant que tel… qu’on écoute, dont les envies sont prises en compte… 

     

    Avec Stéphane, ni de soumission ni de domination, juste l’envie partagée de donner  autant de plaisir que d’en recevoir… à ce moment précis, devant l’osmose qui est en train de se créer entre nous, je me remet un peu en question par rapport aux fantasmes de soumission que j’affectionne tant avec Celui-dont-on-ne-doit-pas… pendant l’acte sexuel… 

     

    Au final je me dis que je ne récolte que ce que je sème… je cherche un mec dominant, je me retrouve soumis… dans la baise et dans la vie… car ce n’est pas évident de sortir d’un rôle lorsqu’on s’y est si profondément et si longuement calé… oui, depuis le début de ma relation avec Celui-dont-on-ne-doit-pas…  j’aime baiser avec un mec dominant sauf me plaindre après coup que cela ne me suffit pas… 

     

    Est-ce que c’est moi qui suis changeant, incohérent, inconséquent ? Est-ce que je veux le beurre, l’argent du beurre et le mec et/ou le fils de la crémière s’ils sont mignons ? Est-ce que ce ne sont pas les mecs qui m’inspirent des choses différentes à partir de leur façon d’être… avec Stéphane je n’ai pas du tout envie du même rapport qu’avec Celui-dont-on-ne-doit-pas…, même pas au lit… avec Celui-dont-on-ne-doit-pas…, le sexe est une urgence, le faire jouir, obéir a ses désirs de male dominant, une évidence… et, au fond, la seule relation possible au delà de mes envies profondes… 

     

    Alors qu’avec ce petit con de Celui-dont-on-ne-doit-pas…, le plaisir est à sens unique, avec Stéphane j’ai juste envie d’être bien, de prendre le temps de lui offrir du plaisir, d’écouter mon corps et de le laisser m’offrir du plaisir à son tour… puisqu’il le veut et que ça a l’air d’être important pour lui autant que d’en recevoir…  

     

    Stéphane apprécie ma fellation, je le sens à ses petits gémissements suffoqués, au léger tremblement de ses lèvres entrouvertes pendant l’écoute de son plaisir montant … je sais qu’il me regarde faire, j’ai parfois capté son regard… un regard dans lequel il n’y a pas de domination, juste du bonheur et toujours et encore de la douceur, même au milieu de cette excitation extrême…  

     

    J’ai vraiment envie de le faire jouir dans ma bouche… et maintenant même une petite envie montante de l’avaler… pouvoir magique de l’excitation que de changer mes envies et de faire sauter mes principes pour mieux me faire sauter… mais alors que je me prépare à accélérer le mouvement pour provoquer le feu d’artifice le bouquet final, Stéphane relève le torse et, pendant que je continue à le sucer, il me caresse le dos tout doucement, le cou, les cheveux… ses mains attrapent mes épaules et m’obligent à quitter mon poste, à délaisser cette « tache » que j’affectionne tant…  

     

    Je suis son invitation tactile, je relève mon buste, mon visage est à la même hauteur du sien, nos regards s’accrochent… son regard est clair, doux, toujours et encore… pas de regard de braise mais un regard gentil, rassurant… 

     

    Je suis habitué à un garçon aux corps et à l’esprit inaccessible, au caractère abrupte, imprévisible…  alors que chez Stéphane tout est accessible, tout a l’air simple et serein, doux, agréable… aimer Celui-dont-on-ne-doit-pas… est une course à obstacles, semée d’embûches, une course en terrain miné où chaque foulée peut tout faire sauter… aimer Celui-dont-on-ne-doit-pas… est épuisant… aimer Stéphane a l’air de pouvoir être extrêmement reposant, avec lui j’ai l’impression de pouvoir m’abandonner dans des bras chauds et robustes, de pouvoir le laisser aller, être moi-même et être compris, accepté, aimé pour ce que je suis… 

     

    Nos regards restent suspendus l’un à l’autre, et je ressens cela comme une caresse, une caresse de son esprit au mien… ah, putain qu’est-ce qu’il me touche ce garçon… il m’émeut… et puis, qu’est-ce qu’il est beau… j’adore l’odeur de sa peau, la chaleur de sa peau, chaque centimètre de sa peau est séduisant, c’est un ensemble, ce gars dégage un truc incroyablement sexy même au delà de son physique… je ne sais pas… c’est sa simple façon d’être… j’ai vraiment envie de lui… 

     

    Il me regarde dans les yeux et me chuchote : 

     

    « Je suis bien avec toi… » 

     

    « Moi aussi je suis bien avec toi… » je lui réponds, touché. 

     

    Il approche son visage du mien, ses lèvres se posent sur les miennes… il m’embrasse fougueusement en portant ses mains dans mes cheveux et me caressant de façon appuyée, ses bras animés par le désir, par la tendresse, par l’amour… 

     

    Lorsque notre étreinte se délie, il me regarde droit dans les yeux et me dit tout doucement : 

     

    « J’ai envie de toi, Nico… » 

     

    Je suis retourné par son attitude… c’est si gentiment proposé, je le vois un peu hésitant, guettant ma réaction qu’il a l’air de redouter un peu… c’est mignon comme tout… 

     

    Je suis content qu’il me l’ait demandé, car je ne suis pas sur que j’aurais osé le lui demander moi-même et je m’en serai certainement voulu d’être passé à coté de ça… 

     

    Voyant mon hésitation, il précise : 

     

    « Mais je comprendrai si tu n’es pas prêt… ». 

     

    C’est beau… ça me donne des frissons… pour la première fois on me demande si j’ai envie, on s’intéresse à mon opinion… on est prêt à accueillir un « oui » avec désir et avec bonheur mais également à accepter un « non » sans que la sanction de me faire jeter tombe… ça me fait prendre conscience que mon opinion compte, que ce n’est pas parce que j’aime par-dessous tout offrir mon corps, ma bouche et mon ti cul à la jouissance d’un mec, qu’il faut m’imposer des envies d’homme sans se soucier de moi, de mes envies à moi, de mon ressenti, m’humilier…  

     

    Pourtant j’aime ça, les mecs qui savent de quoi ils ont envie, qu’ils prennent leur pied en l’arrachant à moitié… mais parfois avec Celui-dont-on-ne-doit-plus… ça a été trop loin, vraiment trop loin… par sa faute, par ma faute, un peu des deux certainement… est-ce que le jeu de domination/soumission est un jeu qui a tendance à échapper des mains et à se prendre dans une spirale d’humiliation sans fin ? Est-ce que lorsque ces rôles s’établissent au lit, ils finissent par régir une relation toute entière ? Mais quelle relation au juste ? Est-ce que la dégringolade des rapports avec Celui-dont-on-ne-doit-plus… n’est pas seulement due au fait que je suis amoureux fou de lui et que lui il veut juste me baiser ? 

     

    Jamais je me suis entendu dire auparavant : « J’ai envie de toi, Nico… » « Mais je comprendrai si tu n’es pas prêt… ». Et de ce fait, j’apprécie d’autant plus cette attention à sa juste valeur. 

     

    Je ne sais pas en effet si j’en suis prêt… je ne sais pas si je suis prêt à me laisser pénétrer par un autre garçon que Celui-dont-on-ne-doit-plus… le premier garçon qui m’a fait jouir en me baisant… je ne sais pas si je suis prêt à être confronté à ça… à faire des comparaisons entre… garçons… à me dire pendant et après l’acte que « c’était mieux avec l’un » ou que « c’est mieux avec l’autre »… tout ce que je sais c’est que j’en ai envie, très envie... et que je regretterais de ne pas avoir su saisir cette occasion, certainement unique, de faire l’amour avec ce beau Stéphane… 

     

    « Moi aussi j’ai envie de toi… » je finis par lui répondre, le cœur tapant à mille à l’heure dans ma poitrine. 

     

    Il me sourit… 

     

    « T’es vraiment sexy comme garçon… » il me lance de but en blanc en me serrant dans ses bras très fort. 

     

    « C’est toi qui est sexy, Stéphane… » je lui relance à l’oreille. 

     

    On reste collés torse contre torse pendant un bon petit moment très agréable, je suis bien dans cette étreinte… dans ce mélangé explosif de sensualité et de tendresse…  

     

    Et puis à un moment ses mains se portent sur mes épaules pour m’inviter à basculer vers l’arrière… il me sourit toujours… je comprends qu’il veut que je m’allonge sur le dos… je seconde son geste avec bonheur, en me disant qu’il se prépare à venir en moi… 

     

    Je vais vite me rendre compte que Stéphane a prévu autre chose d’abord, quelque chose pour m’exciter très fort, pour m’offrir un plaisir bien puissant, un plaisir pour me préparer en douceur au sien… d’abord, pendant que ses doigts courent à mes tétons, le bout de sa langue revient se poser par petites touches dans le creux de mon gland bien gonflé… putain qu’est-ce qu’il a bien retenu le cours de « Géographie du plaisir de Nico »… et putain qu’est-ce que les mouvements bien appuyé du bout de sa langue à cet endroit me font vraiment vibrer, délirer…  

     

    Et lorsque les coups de sa langue cessent, ma queue s’ennuie d’eux à l’instant même… je vois Stéphane relever son buste, me regarder dans les yeux, une petit étincelle lubrique très sexy dans les yeux accompagné de l’un de ses sourires craquants… je sais que cette étincelle signifie qu’il me réserve encore un truc bien plaisant, qu’il n’a pas fini de me surprendre… je ne me trompe pas…  

     

    Ses mains quittent mes tétons, la droite approche de son visage, le pouce se dégage, il disparait entre ses lèvres d’où il ressort un instant plus tard tout humide… je ne capte pas tout de suite ce qu’il a dans la tête, mais je vais vite comprendre… sa main droite redescend vers mon bassin, s’enroule autour de ma queue, sa paume tiède et douce effleure ma tige sur toute la longueur, l’index enserre un peu plus fermement mon manche juste en dessous du gland… sa main toute entière me branle avec une douceur extrême… et voilà que son pouce humide de sa salive se pose dans le creux de mon gland pour commencer à s’y frotter de façon légère, répétée et rapide… c’est tellement, incroyablement bon que je mouille et le pouce finit par glisser tout seul…  

     

    Voilà, je ne me suis pars trompé… ce nouveau truc qu’il est en train de faire avec sa main autour de ma queue et avec son pouce sur mon gland, c’est du tonnerre… aaaahhhh, ça me fait un de ces effets… ça m’excite terriblement, c’est excessivement plaisant, j’ai l’impression que mon excitation monte mais que je ne vais jamais jouir… c’est incroyablement plaisant et frustrant à la fois… ça me donne des frissons incroyables… j’ai à la fois une envie folle de lui crier de me branler plus vite pour me faire jouir au plus vite et le désir de faire durer cette attente, cette annonce du plaisir à venir… oui, j’ai envie de jouir mais je sais que je dois me retenir, je sais qu’il a envie de moi et que moi j’ai envie de lui… et je sais aussi que si je jouis une fois de plus, je n’aurais plus envie de faire l’amour avec lui… 

     

    Stéphane est toujours en train de branler ma queue en laissant glisser le pouce sur le frein de plus en plus lubrifié par ma mouille… vraiment, ce truc me faire délirer… au milieu des décharges électriques qui parcourent mon corps et des flots de plaisir qui cognent dans ma tête, je me dis que ce truc de dingue, ce mélange d’excitation extrême et de frustration, doit ressembler à un truc que j’ai fait une fois à Celui-dont-on-ne-doit-PLUS…, un truc qu’il avait carrément rendu dingue, au point qu’il avait joui non pas avec des jets de sperme puissants mais avec un flot unique de jus, comme une rivière qui coule doucement, une rivière qui s’était copieusement déversée sur ma langue, dans ma gorge… il avait tellement aimé ce plaisir sans cesse reporté et amplifié, son orgasme avait été tellement puissant, certainement l’un des plus bouleversants de sa vie, qu’il l’avait même verbalisé en me disant que j’étais un grand malade à faire des trucs comme ça, en me demandant où est ce que j’avais appris à faire un truc aussi dingue… je n’avais alors pu lui répondre que la stricte vérité, c'est-à-dire que ce « truc » m’était tout simplement venu dans le feu de l’action… oui, ce truc avait rendu Celui-dont-on-ne-doit-plus… carrément dingue… et encore je n’avais même pas pensé à rajouter mon pouce… je n’ose même pas imaginer dans quel état il aurait été si je lui avais fait ça… dommage de ne pas y avoir pensé à ce moment là, dommage que je n’aurais désormais plus l’occasion lui faire goûter cela… 

     

    Stéphane me regarde prendre mon pied, je le regarde me regarder prendre mon pied et rien que cela en ajoute encore à mon excitation… je sens un deuxième orgasme approcher à grand pas… j’ai envie de lui, et je suis excité à un point que ma raison s’éclipse… ce gars me plait tellement, je le trouve à un point sexy que l’idée de le laisser me prendre sans capote, l’idée de lui offrir mon intimité pour l’y laisser déposer son jus, pour lui offrir un plaisir sexuel maximal, pour lui offrir la fierté de me fourrer avec sa semence s’affiche de façon de plus en plus insistante dans ma tête… 

     

    L’orgasme approche dangereusement, alors je le préviens : 

     

    « Arrête Steph, sinon je vais encore jouir… ». 

     

    Sa main s’arrête petit à petit, les mouvements de son pouce et de son poignet perdent de l’intensité jusqu’à disparaître… pendant que sa main quitte ma queue et que mon excitation tarde un instant à se calmer, pendant que ma frustration de voir mon orgasme si près s’éloigner petit à petit, Stéphane me sourit et vient m’embrasser. 

     

    Un instant plus tard il ouvre le tiroir de sa boite de chevet… je le regarde sortir une capote d’une boite déjà ouverte ainsi qu’un tube de gel déjà entamé… je ressens un petit pincement de jalousie mal placée, certes, mais bien présente, en m’imaginant que ce charmant Stéphane a pris son pied et offert du plaisir à d’autres gars avant moi… rien que du normal, bien sur, mais à ce moment là, l’évocation de sa sexualité par cette boite de capote pas vraiment toute neuve, par ce tube de gel bien entamé, cette sexualité qui a existé avant mon passage et qui existera après, me fait quelque chose…  

     

    Je sais qu’on n’est pas ensemble, et surtout qu’on ne l’était pas hier ni le mois dernier, ni avant… mais à chaque fois que je coucherai avec un garçon par la suite, l’idée de m’imaginer sa sexualité « avant moi » et celle « après moi », fera sonner en moi un petite ou grande note de jalousie… pour les mêmes raisons, j’aurais toujours envie de cacher aux garçons ma sexualité « avant et après »… pas envie de faire voir qu’ils ne sont que de passage…  

     

    Ca doit être à cause de cette incapacité d’admettre qu’un plan n’est qu’un plan « merci et au revoir », ça doit être ma peur de la solitude qui me pousse toujours plus ou moins inconsciemment à tenter de poser les bases d’une possible relation future, même au départ d’un pur plan cul… c’est con quand on y pense, c’est puéril, naïf, insupportable… hélas, si je suis ainsi fait…  

     

    Oui, l’idée de me faire prendre sans capote et de me faire fourrer par le jus chaud de ce beau Stéphane m’a traversé l’esprit à plusieurs reprises et est devenu une idée fixe juste avant que je lui dise que je n’allais pas tarder à jouir… mais le fait de le voir bien sagement décidé à nous protéger avec une capote me fait dire qu’il a bien raison… et même si mon désir de le savoir se décharger en moi est fort et tentant, même si je crois que je peux lui faire confiance et qu’il peut me faire confiance, même si je suis persuadé que l’on ne risque rien ni l’un ni l’autre, jamais je n’oserais lui proposer ça… trop peur de passer pour un inconscient, un idiot, un con… il me plait trop, je trouve ce garçon trop bien pour le décevoir de cette façon là… je le trouve trop bien car dans ce cas, comme dans d’autres à l’avenir, il me montre la voie, il me donne des repères… il me rappelle aux principes qui sont par ailleurs les miens mais que j’ai tendance à oublier un peu vite sous l’effet de mon désir…  

     

    Je ressens Stéphane un peu comme un grand frère qui me prendrait en main et qui m’indiquerait la voie à suivre, qui me mettrait en garde, qui veillerait sur moi et qui m’empêcherait de faire des bêtises, des erreurs, comme un guide qui éclaire pour moi ce chemin escarpé et sinueux, semé d’embûches qu’est l’éducation sentimentale d’un garçon gay de 18 ans… Stéphane est un garçon droit et bienveillant, c’est un peu… mon Thibault à moi… 

     

    Sans qu’encore j’arrive à le formuler, avec sa bienveillance qui me met déjà du baume au cœur, ce garçon est en train de m’apprendre quelque chose de terriblement important dans la vie… à me respecter et à m’aimer… 

     

    Oui, même si j'adore l'idée d'avoir en moi le jus d'un beau garçon, même si ça me fait un peu chier de voir que cette boite de capotes et ce tube de gel il ne les a pas entamés avec moi et il ne les terminera pas avec moi, la il faut admettre que la capote s'impose même si sa gentillesse me donne envie de lui faire confiance… elle s’impose dans le respect réciproque, car ni la gentillesse la plus exquise ni le désir le plus brûlant ne protègent hélas des maladies ou des accident de parcours qu’on ignorerait… lui, comme moi, on a pu un jour être exposé à une saloperie qu’on ignorerait… alors, dans le doute… 

     

    Je le regarde tenter de déchirer l’emballage du préservatif avec ses doigts, sans succès… je croise son regard, il me sourit… il se moque de lui-même… il est touchant… il retente avec ses dents… l’emballage cède enfin… je le regarde faire et je trouve ça sacrement excitant… il extrait le bout de caoutchouc, il le regarde de près pour en déceler le sens… il est mignon tout plein… il le place sur son gland, il tente de le dérouler… il n’y arrive pas, ce n’est pas le bon sens… il le retourne et il peut enfin commencer à le développer sur la longueur de sa queue… c’est la première fois que je vois un mec passer une capote et je trouve ça foutrement troublant à voir… il a un peu de mal, j’ai soudainement envie de l’aider… je n’ai même jamais touché une capote, je sais que je vais m’y prendre comme un pied, mais j’ai trop envie d’essayer de la faire glisser sur son manche, de toucher sa queue vibrante de désir, cette queue qui va bientôt être en moi… 

     

    Je relève mon torse et mes doigts effleurent sa queue, se mélangeant aux siens… dévinant mes intentions, il sourit et il me laisse faire… effectivement, je ne m’y prends pas mieux que lui, je m’y prends pile comme un pied… j’ai du mal, je suis gauche au possible mais il est patient, les bras au long de son corps, le bassin légèrement vers l’avant, la queue bien tendue, le regard amusé et adorable, un regard que je croiserai par deux fois braqué sur moi… il sourit, il ne s’impatiente toujours pas, alors que ça commence à durer… je le trouve super mignon et je ne peux me retenir de l’embrasser encore… il m’embrasse à son tour, et son baiser est fougueux… je sens sa queue frissonner entre mes doigts qui cherchent toujours à achever la course de ce bout de caoutchouc qui fait de la résistance… 

     

    Pendant qu’il m’embrasse, pendant que mon geste devient mécanique car ma conscience s’évapore sous l’effet troublant de ce contact de langues, voilà que, comme par miracle, mes doigts trouvent enfin le moyen… les plis du préso se dénouent et j’arrive à le dérouler jusqu’à la base de sa queue, le bord élastique terminant à moins d’un centimètre du début de ses bourses…
    Je lève mon regard, l’air victorieux, pas peu fier de moi…

     

    « C’est pas une mince affaire… » je lui balance sur un ton d’humour, satisfait de moi.

     

    Il sourit. Il est beau. Il est sexy. Il est surtout très très très sensuel. Il déborde de sensualité. Il est craquant avec sa queue bien raide et capoté, un beau petit mec bien chaud et que je devine être très en forme pour me prendre… j’ai autant envie de le serrer à moi que de l’avoir en moi. J’ai trop envie de lui. Je reste un petit instant à le regarder sans arriver à me décider laquelle des deux options je vais saisir en premier…

     

    C’est lui qui choisira pour moi… sa bouche se pose sur la mienne pour y déposer un dernier baiser… lorsque nos lèvres se quittent, je m’allonge tout naturellement sur le dos à nouveau, comme une évidence… il s’allonge sur moi, nos torses se frottent, nos queues se mélangent… on s’embrasse longuement, on se caresse… j’ai envie que cette étreinte dure longtemps mais le fait de sentir sa queue raide contre la mienne me donne très envie qu’il vienne en moi…

     

    Au gré des mouvements de nos bassins, sa queue finit par se faufiler entre mes fesses et caresser ma raie… je frissonne… il s’en rend compte et il continue, il y va de plus en plus franco, son gland glisse dans ma raie de plus en plus précisément, de plus en plus profondément…

     

    Soudainement mon regard est capté par un mouvement sur le coté du lit… Gabin est en train de nous mater avec ses grands yeux tendres et étonnés… je sens que je vais rire, et c’est le genre de truc qui peut gâcher l’instant magique… j’essaie de me retenir, mais je sais déjà que je ne vais pas y arriver… dès que j’ai croisé son regard de chien, j’ai su qu’à ce jeu du « qui rira le premier » l’animal a un avantage sur l’homme… j’essaie de me retenir mais je ne peux rien y faire, à un moment j’éclate dans un rire puissant…

     

    « Désolé… » je lance à Stéphane, un peu honteux… « … c’est de sa faute… ».

     

    Stéphane, d’abord étonné, tourne la tête et capte la présence du labranoir. Lui aussi se laisse aller à un petit sourire qu’on ne peut plus charmant.

     

    « Allez, ouste, va voir ta gamelle… » il lance à l’adresse de la bête, sans succès… Gabin tourne légèrement la tête mais fait la sourde oreille. « J’ai pas entendu, papa ». Il est trop ce chien. Stéphane essaie de le faire partir avec des ordres de plus en plus fermes mais à la fin il lui faut quitter le lit et mon corps pour le sortir de la chambre et fermer la porte… c’est marrant de le voir se lever et voir ses coucougnettes et sa queue capotée se balader à l’air libre… 

     

    La cessation soudaine de ce contact doux et chaud me laisse frustré… vite, Steph, revient… ça ne dure qu’un instant mais ça me manque déjà…

     

    Le voilà de retour, le voilà à nouveau allongé sur moi… ah, putain qu’est-ce que je suis bien… ses mains me caressent partout, ses lèvres ne quittent plus les miennes, sa queue revient dans ma raie, elle s’y frotte au gré de petits mouvements de son bassin… tout doucement, son gland a fini par trouver l’entrée de mon intimité… il appuie de façon de plus en plus précise, insistante… je le vois s’exciter, je le sens m’exciter…

     

    Et puis son torse se relève, ses mains attrapent le tube de gel, sa queue en est généreusement enduite… il en fait à nouveau couler une bonne dose sur ses doigts et cette fois-ci c’est au tour de mon ti trou d’être préparé… ses doigts étalent le liquide un peu froid sur ma rondelle, tout doucement… son medium appuie délicatement dessus et finit par vaincre la résistance… son doigt pénètre en moi, il fait quelques allers retours lents, apportant du gel et préparant mon ti trou au passage de son sexe…

     

    Un instant plus tard sa queue retrouve tout doucement mais précisément le chemin de ma rondelle… son gland s’y appuie fermement, de petits coups de reins lui donnent le petit plus qui fera céder les dernières résistances… elle se relâche et, pendant que ses yeux se ferment et que ses lèvres s’entrouvrent laissant échapper un petit gémissement de plaisir masculin, je sens sa queue glisser tout doucement en moi, comme tout doucement je vois, je sens le beau mâle prendre possession de mon corps…

     

    Il est en moi, complètement en moi… ses coucougnettes bien calés contre mes fesses… il ne bouge pas, il est tellement excité que j’ai l’impression qu’il en tremble… d’ailleurs ce n’est pas qu’une impression… tout son corps est secoué par un petit tremblement… il me regarde, le regard troublé par ce premier plaisir d’être en moi… il est touchant, attendrissant… il ferme à nouveau les yeux, il secoue la tête, il porte la main sur son visage pour le frotter comme pour recouvrir ses esprits… j’ai l’impression qu’il est tellement excité que lui non plus il ne sait plus où il habite… si ce n’est pas mignon, ça…

     

    Et ce qui est encore plus mignon c’est qu’il m’embrasse à nouveau, sans même avoir commencé à coulisser en moi… il est juste en moi, nos corps sont liés par nos sexualités, par nos lèvres… il est en moi et moi en lui… c’est beau cette complicité, cet instant magique où la tendresse est aussi importante que le plaisir, cet instant où les deux se mélangent dans un bouquet de sensations dont l’intensité en résulte ainsi démultipliée…

     

    Putain… mais qui a dit qu’il n’y a que la baise dans la vie ? Qui a dit qu’on ne peut pas se câliner en faisant l’amour… qui a dit que justement, baiser doit remplacer « faire l’amour » ?

     

    Nos câlins sont si doux et si plaisants que je m’aperçois tout juste que son bassin a commencé à bouger et que sa queue est en train de coulisser en moi par petits mouvements, m’apportant des beaux frissons dans tout le corps… je suis tellement enchanté que j’en ferme les yeux… il en tremble, j’en tremble… je rouvre les yeux, je cherche son regard… il est là, devant moi, il attend de croiser le mien… Stéphane est en train de prendre son pied en moi, les lèvres tremblantes et entrouvertes laissant échapper des ahanements traduisant son excitation… oui, il est en train de prendre son pied en moi, mais ses yeux et tous ses autres sens sont à l’écoute de mon plaisir à moi…

     

    Il me lime tout doucement, tout en m’embrassant, ses coups de reins sont de plus en plus profonds mais il y va en douceur, il essaie, il teste, il trouve… il comprend vite là où est mon plaisir, il décèle un par un les mouvements qui me font du bien… il les enregistre, il s’adapte, il innove, il varie… il est doux et entreprenant, attentionné et fougueux… dans son étreinte je sens à la fois le mec gentil et attentionné et le mec… bien mec… 

     

    Il me fait l'amour et c'est tendre et puissant à la fois… je me fais la réflexion qu’il n’est guère nécessaire une attitude macho et arrogante pour exprimer une virilité puissante… je me rends compte avec bonheur que Stéphane est un garçon doux et gentil dans la vie mais qu’au lit, tout en restant adorable, charmant, gentil, tendre et attentionné, est une véritable bête de sexe…

     

    Peu importe qu’un petit coté animal ressorte pendant l’acte sexuel, bien au contraire… c’est tout ce que j’aime… j’adore faire des galipettes bien chaudes avec un garçon dégageant un coté entreprenant, fougueux, osé, coquin… l’important c’est de se retrouver après, de ne pas rester enfermé dans la vie dans les rôles dans lesquels on a tendance parfois à glisser pendant l’acte sexuel…

     

    Pendant un bon petit moment, sa queue coulisse entre mes fesses avec des allers retours de plus en plus amples… et puis, à un moment je le vois, je le sens reculer, j’ai l’impression que sa queue va sortir de mon ti trou… mais non… son gland s’arrête tout juste au bord de ma rondelle, et un instant plus tard son bassin reprend de petits mouvements bien agréables… son gland oeuvrant à l’entrée de mon intimité, excite ma rondelle et je jouis comme un malade… on ne m’a jamais fait un truc pareil… il insiste, il appuie, il relâche… parfois il sort carrément, il revient à la charge, il appuie sur mon ti trou qui s’ouvre de plus en plus facilement, de plus en plus avec bonheur… mon corps est secoué par des frissons incroyables… c’est fou l’effet que cette queue, et surtout ce gland, me fait en insistant à agacer ma rondelle, alors que ses doigts sont reparti à l’assaut de me tétons… je suis dans un état d’excitation indescriptible… je me rends compte que ma queue est en train de mouiller à grands flots… 

     

    Je regarde Stéphane et je me dis que c’est beau et touchant de voir ce beau garçon entièrement avec moi pendant l’amour, ce mec qui partage le plaisir et qui ne fait pas que le chaparder, l’extorquer, l’imposer, le prendre, le donner, l’ôter… son amour est partage, son plaisir l’est aussi, cet acte sexuel est plaisir réciproque… 

     

    Un bogoss qui sait de l’être, qui voit tous les jours se présenter à lui plus de touches qu’il lui en faut, finit par croire que son charme est une monnaie universelle, que le monde entier tourne autour de ses envies, de son plaisir… il finit par se centrer exclusivement sur son plaisir à lui, considérant son partenaire sexuel comme un simple « instrument », accessoire et interchangeable, de son propre plaisir… un mec qui se sent autant désiré, finit par ne pas voir l’utilité de faire attention à l’autre, de s’occuper de l’autre…  

     

    Certes, le fait de voir son partenaire, femme ou homme, jouir tout simplement grâce à son propre plaisir à lui est un plus qui sait flatter pas mal d’ego masculins… mais cela reste pour la plupart du temps accessoire au plaisir que le mec « modèle bogoss » recherche… car pour la plupart des bogoss, la plupart du temps, le seul et unique plaisir qui compte est le sien… celui de sa queue… 

     

    Avec Stéphane tout est si différent, je le vois prendre son pied en moi, tout en me regardant prendre mon plaisir à moi… en fait, il prend son plaisir avec moi… et ça… j’adore… 

     

    Je sens qu’il ne va plus tenir très longtemps… il se penche sur moi et m’embrasse tout en continuant a mettre des bons coups de reins… il m’embrasse fougueusement, une dernière fois…  lorsque je le vois relever son torse, je comprends ce qu’il va se passer… je sais qu’il se prépare à jouir… il va bientôt remplir cette capote que je ne voudrais plus entre nous… le mec a acceleré ses coups de reins, et puis c’est l’apothéose, le bouquet final tant attendu… ses paupières tombent sous l’effet décoiffant de la vague de plaisir qui monte jusqu’à déborder son cerveau et sa conscience… son plaisir de mec est en train de l’accaparer complètement… 

     

    Je ne me lasse pas de regarder ce physique qui me fait craquer... un physique irrésistiblement normal combiné à un charme si puissant car si accessible… je ne me lasse pas de regarder son front désormais moite à cause de l’effort prolongé… je ne me lasse pas de regarder ce mec qui a su faire durer son plaisir, mon plaisir, notre plaisir, tant qu’il a pu pour nous offrir l’orgasme le plus long et le plus puissant possible… non, je ne me lasse pas de le regarder dans  ce moment magique qu’est celui qui précède la jouissance d’un beau garçon, surtout lorsqu’on le voit jouir pour la première fois et qu’on se demande encore comment ça va être, comment l’orgasme va s’afficher sur son visage, va traverser son corps, va s’exprimer dans sa respiration, dans ses râles… 

     

    Le torse relevé devant moi, les bras abandonnés au long de son corps, les yeux pratiquement fermés, la respiration profonde et saccadée, en ce moment d’absence où la puissance de l’orgasme fait basculer tout mec dans une dimension où il est tout seul avec son plaisir masculin…  

     

    Ce n’est qu’un instant, mais lorsqu’il jouit, pendant ces quelques secondes de bonheur pur, un mec est toujours tout seul avec son plaisir débordant, une sensation physique tellement intense qu’il ne peut penser à autre chose, même pas à la personne avec laquelle il est en train de prendre ce plaisir, la personne qui lui a offert ce plaisir… je m’en suis bien rendu compte tout à l’heure quand j’ai joui dans sa bouche, lors des derniers instants qui précèdent l’orgasme et à fortiori pendant la courte durée de ce dernier, tout mon être n’était plus qu’envie de jouir, indépendamment de la personne qui m’apportait cet orgasme… 

     

    C’est beau de voir un beau garçon en train de jouir… c’est beau le voir pousser un râle puissant et qu’il tente d’étouffer sans entièrement y parvenir… c’est beau aussi de le voir s’envoler seul vers les hauteurs de ce plaisir ultime… pendant qu’il jouit, c’est le mâle… c’est un moment d’aliénation où le mec oublie tout, ses sentiments, sa sensibilité, même qui il est… l’important c’est juste qu’après l’orgasme, il retrouve assez vite la mémoire de qui il est, de la personne avec qui il l’a atteint ou qui lui a offert, la conscience que cette personne est toujours une personne et non pas un mouchoir ou une capote à jeter… 

     

    Et Stéphane, cette mémoire et cette conscience il les retrouve très vite… oui, je trouve incroyablement beau de le voir me sourire tout en s’essuyant le front de la transpiration et en poussant un bon soupir signifiant qu’il fait chaud et qu’il est épuisé, deux gestes très sexy à mes yeux… je trouve très touchant de le voir se pencher pour m’embrasser une fois de plus… je trouve définitivement et irrésistiblement craquant de voir que l’effort de contenir le cri de sa jouissance a fini par lui donner le hoquet… et le fait de l’entendre rire des spasmes qui secouent son torse, et le mien en contact avec le sien, me remplit de bonheur… 

     

    Lorsqu’il m’avait demandé de faire l’amour, lorsque pour la première fois j’avais envisagé de me laisser prendre par un mec autre que Celui-dont-on-ne-doit-plus… j’avais eu peur de ne pas pouvoir m’empêcher de faire une comparaison entre… garçons… avec un gagnant et, par conséquent, une deuxième place… 

     

    Mais alors que j’ai souvent baisé avec Celui-dont-on-ne-doit-plus…, et que je viens de faire l’amour avec Stéphane… au final, il faut bien admettre que les deux actes, bien que « mécaniquement comparables » sont si différentes, si « autre chose » qu’on ne peut vraiment pas les comparer…  

     

    Non, la baise effrénée de Celui-dont-on-ne-doit-plus… suivie de son hostilité, de sa froideur, de sa distance ne peut en aucun cas se comparer à l’amour avec Stéphane, un amour fait avec attention, avec douceur, en me regardant dans les yeux… sauf, peut être, la fois ou Celui-dont-on-ne-doit-plus…, après être volé à mon secours dans les chiottes de l’Esmé, m’avait montré une facette de lui un peu plus tendre, peut-être plus vraie, mais, hélas, non assumée… une facette que le matin avait emportée à tout jamais… 

     

    Je suis tellement bien avec lui à ce moment là que je me dis qu’au fond, de savoir que je ne suis ni son premier ni son dernier, n’a plus d’importance… qu’importe au fond… on a fait l’amour, on s’est ’aimés… et même si ce n’est que l’espace d’un après midi, ce qui rend par ailleurs ce moment particulièrement intense, rare et précieux et triste à la fois, cet après midi j’ai l’impression d’être important pour lui, je suis le seul qui compte pour lui… jamais je n’ai encore ressenti cela avec Jérém…

     


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  • A l’approche de Paris, je découvre une banlieue au paysage monotone, grisâtre, peuplée de barres d’immeubles immenses et tristes, de tags plus ou moins heureux, de friches industrielles.
    Puis, alors que le train avance vers la ville intra-muros, la perspective se conforme peu à peu à l’image que je me fais de Paris. Le tout béton-goudron cède la place à la brique, à la pierre, à la grandeur.
    Le train s’arrête en gare de Montparnasse. C’est une gare immense, bien plus grande et imposante que celles de Toulouse ou Bordeaux. Ses espaces, quais, couloirs, halles, sont animés par un flux incessant de gens qui courent dans tous les sens. A Toulouse ou Bordeaux les gens courent aussi. Mais à Paris, ils semblent aller encore plus vite. D’autant plus que c’est la fin de journée et aussi la fin de la semaine.
    Dans toute cette pagaille, j’ai du mal à trouver ma direction, je suis désorienté. Et le flux incessant de la bogossitude ambiante défilant sous mes yeux ne m’aide pas vraiment à m’orienter.
    Un bobrun passe devant moi, puis un autre, puis un autre encore, puis un châtain, un blond, une casquette, une chaînette, un brillant à l’oreille, un t-shirt, une chemise, des shorts, des jeans.
    Un type au physique de basketteur me coupe le chemin sans même me voir et il trace sa route laissant derrière lui une trainée de parfum de mec qui contribue un peu plus à me perdre.
    A chaque fois, c’est comme si je me prenais une baffe inattendue et pleine figure. Ça surprend, ça décoiffé, ça laisse rêveur, ça enchante, ça ensorcèle. Et ça me fait hurler intérieurement : ah putain, qu’est-ce qu’il y a comme bogoss dans cette ville !
    Avec ce corollaire indissociable, indispensable, inévitable, cette sensation brûlante de baigner dans une immense voire infinie mer de sexytudes et de bogossitudes, une multitude de nuances telle qu’on a cette certitude qu’on ne pourra jamais tout capter, tout assimiler, tout percevoir, puisqu’à chaque seconde, chaque instant, une nuance chasse l’autre, la surpassant, la décuplant, avant de franchir un nouveau palier dans l’escalade de l’insoutenable l’instant suivant lorsqu’une nouvelle gifle nous assomme. Vertiges visuels, olfactifs, mentaux, à faire perdre la tête, presque insupportable tant l’esprit ne peut parvenir à se fixer et prendre le temps d’analyser, de profiter.
    Avant de m’engouffrer dans les entrailles de la terre, je ressens le besoin de sortir un instant à l’air libre et frôler le sol de la capitale. J’ai besoin de dire bonjour à Paris. Dès que je sors de la gare, la tour Montparnasse, imposante, se dresse fièrement devant moi. La façade en verre et métal de la gare fait également son effet. Mais pas autant que la foule qui gravite entre. Il y tant de monde qui grouille ici, tant de bogoss qui défilent, à ne plus savoir où donner de la tête. J’ai envie de capturer chaque éclat de bogossitude. J’ai aussi envie de visiter, de découvrir cette ville.
    Mais j’ai avant tout envie de retrouver mon Jérém. Pour mater du bogoss inconnu et pour visiter, j’ai tout un week-end à ma disposition. Mais je ne veux pas gaspiller une seule minute loin du gars que j’aime. Il est déjà 18 heures et mon bobrun m’a dit qu’il serait rentré à 18 heures. Chacune des minutes que je passe à traîner, est une minute volée à notre week-end.
    Je retourne alors à l’intérieur de la gare, et je m’enfonce dans le ventre souterrain de la capitale. Je tente de désactiver le radar à bogoss pour consacrer des ressources de système à la recherche d’un plan du métro qui m’indiquerait comment rejoindre enfin mon Jérém. J’ai vraiment du mal à m’orienter. J’ai l’idée de demander à un passant, mais tout le monde semble si pressé que je n’ose même pas.
    Je suis un peu perdu face à la frénésie du métro, à ses utilisateurs speedés, comme autant d’atomes excités par un courant mystérieux, comme un flux humain incessant qui circule dans les veines souterraines de la capitale.
    Je finis par trouver l’entrée du métro, puis le fameux plan du réseau. Je fixe le dédale de lignes multicolores pour définir la marche à suivre. C’est la première fois que je vois un truc aussi complexe. A Toulouse, il n’y a qu’une seule ligne. A Bordeaux, il n’y en a simplement pas. Je reste un petit moment planté devant ce plan, avant de réaliser que, pour me rapprocher de mon Jérém aux Buttes Chaumont, je dois emprunter la ligne 4, direction Porte de Clignancourt.
    Un brun, jeans et t-shirt blanc traverse mon champ de vision et manque de peu de me fait rater mon couloir de direction dans le métro.
    Je rejoins le quai, une rame arrive aussitôt. Une foule attend pour tenter sa chance. La rame est bondée. Une autre foule en sort, et pourtant la rame paraît toujours aussi bondée. Je me dis qu’il n’y a pas la place pour la plupart des gens qui attendent sur le quai. Et pourtant, ça commence à rentrer, ça se tasse à l’intérieur, et la plupart de ceux qui attendaient sont zippés à l’intérieur. Les portes se referment sans que j’aie pu tenter ma chance. Comment arrivent-ils à respirer ? Qu'est-ce qu'on est serré, au fond de cette boîte…
    Je regarde la rame repartir, disparaître dans le tunnel sombre, remplie de destins, de stress, de fatigue, des innombrables heures perdues par des hommes et des femmes qui se pressent chaque jour dans ce boyau de métal et de verre.
    La rame suivante arrive quelques minutes plus tard. Elle est presque tout autant bondée mais, avec une bonne dose de détermination, j’arrive enfin à m’y faufiler.
    Et je réalise très rapidement que dans ce lieu, ce monde à part, les rencontres avec la bogossitude y sont très nombreuses, tout aussi nombreuses que fugaces.
    Dans la rame, confronté à un renouvellement de paysage humain incessant au gré de arrêts aux stations, ma tête tourne dans tous les sens pour tenter de capter toutes les nuances d’une bogossitude si abondante, si variée et si éphémère que mon cerveau frôle la surchauffe.
    Il y a certains V de chemise ou de t-shirt qui donnent envie de plonger, plonger, plonger. Il y a des parfums qui m’hypnotisent. Des regards pleins de charmes qui m’assomment direct. Des petites gueules à pleurer. Des corps à la fois dissimulés et dévoilés par des vêtements, des corps qui font fantasmer. Des vies et des destins qui font fantasmer.
    Un bobrun assis juste à côté est en train de rigoler avec un pote. Son visage affiche un sourire tellement radieux et contagieux qu’il me donne envie de rigoler même si je n'entends pas ce que lui raconte son pote et qui l’amuse.
    Un peu plus loin, un mec qui est l’archétype du p’tit con avec une trop bonne p’tite gueule que tu as juste envie de gifler juste parce qu’il est sexy à un point que ça en est presque insoutenable. Il a les cheveux très courts autour de la tête, il porte une casquette à l’envers, une veste de jogging ouverte sur un t-shirt gris, un jean taille basse. Voilà un p’tit con qui doit inspirer d’innombrables désirs secrets partout où il passe.
    De l’autre côté de rame, un p’tit reubeu, la vingtaine, lui aussi sexy à mort. Ecouteurs sur les oreilles, jogging un peu satiné, sac à dos. Je ne sais pas ce qu’il écoute, mais ça a l’air de lui faire plaisir, car il affiche un petit sourire en coin très sexy, un petit sourire un peu arrogant, qui va avec la bonne petite arrogance de son attitude générale, avec cette façon de se tenir avec les jambes un peu écartées, les épaules légèrement penchées vers l’arrière, le front bien haut, fier de sa virilité.
    Et ce petit brun, que je n’avais pas remarqué auparavant parce qu’il n’est pas très grand et qu’il était caché par la foule, qui sort de la rame comme une fusée et qui court sur le quai : il va où ? Et cet autre assis contre une vitre, le regard perdu dans le vide, il pense à quoi, il rêve de quoi ?
    Et cet autre gars au profil charmant, les yeux rivés dans un bouquin, aperçu pendant un court instant sur la rame d'en face, lors d’un double arrêt en gare. C’est quoi sa vie ? Rencontre d’un instant, avant que nos deux rames repartent en directions opposées, éloignant à nouveau son destin du mien, et pour toujours, sans même que mon existence ne soit remontée à sa rétine et à sa conscience, sans même que le gars sache que, l’espace d’un instant, un mec venant de Bordeaux l’a trouvé tellement touchant.
    Je suis assommé par tant de nuances de mâlitude, par cette armée dispersée et pourtant impressionnante de détails virils, de brushing divers, de barbes sexy, de parfums, qui inspirent autant d’envies de douceur de plaisirs entre mecs.
    Je me demande combien de désirs, de regards furtifs, de bonjour, d'au revoir, d'adieux silencieux, et bien souvent à sens unique, se perdent chaque jour, chaque instant, dans couloirs, dans les gares, sur les quais, dans les rames, du métro parisien.
    Je suis impressionné par tous ces petits mâles lancés à toute allure vers des destins qui demeureront pour moi à jamais inconnus.
    Je descends à la gare de l’Est, et j’arrive enfin à me procurer un plan du métro. Mais je n’ai pas le réflexe de prendre une correspondance, d’autant plus que je suis toujours un peu perdu dans ce dédale de lignes multicolores. Je regagne la surface et l’air libre, j’ai envie de marcher. Une envie que je regrette un peu plus tard, lorsque je réalise que je suis bien plus loin de ma destination que je l’avais estimé sur le plan du métro.
    Une fois encore, j’ai du mal à trouver mon chemin dans cette ville inconnue. Je suis obligé de demander plusieurs fois à des passants pressés. Je me trompe, je suis obligé de revenir sur mes pas, je me trompe à nouveau, je fais des détours, je peste à cause du temps précieux que je suis en train de gaspiller.
    Puis, soudain, sans vraiment savoir comment, je tombe nez à nez avec le panneau portant le nom de rue indiqué par mon Jérém.
    La résidence où habite mon bobrun est un immeuble assez moderne, plutôt anonyme, avec une façade très minimaliste, sans balcons, peinte en un gris terne totalement quelconque. Et pourtant, cet immeuble brille à mes yeux de tous les feux, car il abrite la nouvelle tanière de l’homme que j’aime.
    Mon cœur bat la chamade lorsque je sonne à l’interphone qui porte une étiquette estampillée « Tommasi J. ».
    « Oui… ».
    Rien que d’entendre sa voix mâle filtrée par le mauvais son de l’interphone me fait vibrer. Putain de mec !
    « C’est moi… ».
    « Quelle surprise ! ».
    « T’es con ! ».
    « Prends l’ascenseur, c’est au 7ème étage, porte 717 ».
    Dans l’ascenseur, je me sens fébrile, j’ai tellement envie de lui. Après une montée qui me paraît interminable, les portes s’ouvrent enfin sur un couloir assez étroit et plutôt sombre.
    J’appuie sur un bouton lumineux et lis les numéros sur les portes. La première qui se présente à moi est la 711. Je n’ai même pas le temps de regarder dans quel sens est fichue la numérotation, lorsque j’entends un déclic de serrure suivi d’un :
    « Psssst ! Par ici ! ».
    Et là, en suivant le son de sa voix, ma tête pivote automatiquement sur ma droite. Et je vois mon bobrun passer sa belle gueule et le haut de son buste massif en biais dans l’encadrement.
    « Nico ! ».
    Dès que son image transperce ma rétine, je suis dans un état second. Mais lorsque j’avance vers sa porte, lorsque je peux apprécier sa présence en entier, je suis proche du KO.
    C’est fou la sexytude que dégage ce mec, avec sa bonne petite gueule sexy, son attitude de petit con ultime, l’épaule nonchalamment appuyée au montant de l’encadrement de la porte, la tête inclinée, elle aussi appuyée, son sourire charmeur et incendiaire.
    Et bien évidemment, sa tenue n’est pas en reste. Elle comporte une casquette rouge vissée à l’envers sur sa tête, avec une touffe de beaux cheveux bruns dépassant en vrac de l’espace au-dessus de la languette de réglage, un débardeur blanc à fines cotes, les bretelles dangereusement tendues sur ses épaules musclées et sur ses pecs saillants, un simple bout de tissu qui sait pourtant s’élever au rang de chef d’œuvre, tant il met bien en valeur le V et la puissance de son torse, ses biceps rebondis, la couleur mate de sa peau, ses tatouages sexy, les beaux poils noirs qui dépassent au-dessus de l’arrondi.
    « Salut » je lui lance, le souffle coupé par une overdose presque fatale de bogossitude et de désir brûlant.
    « Salut, toi » il me relance, en appuyant un peu plus sur son sourire, qui d’incendiaire devient ravageur canaille, coquin, absolument insoutenable. Un sourire agrémenté d'un petit haussement de sourcils qui fait griller mes derniers neurones.
    Car ce sourire, cette petite gueule, ce regard coquin, c'est un scandale absolu, un truc absolument insupportable. Car ce n’est juste pas NORMAL d'être aussi beau et charmant, pas normal et pas juste ! Car dans ce sourire il y a tout ce qui peut rendre un mec craquant, la sexytude, le charme, une bonne dose de coquinerie et de malice. Bref, tous les charmes de l’Homme sont dans ce sourire.
    Une tenue pareille, un sourire pareil, et je suis à lui sans conditions, il peut faire de moi ce qu’il veut.
    J’ai besoin d’un petit instant pour me remettre de ce sourire, si tant est que ce soit possible, et pour prendre une nouvelle claque, en remarquant que sa tenue est complétée par un short gris molletonné qui semble posé directement sur sa peau, sans rien dessous, mis à part sa queue déjà raide qui déforme insolemment le tissu souple.
    « Tu rentres pas ? » je l’entends me questionner, un brin moqueur, alors que je suis toujours figé à contempler sa bogossitude.
    « Si… c’est juste que » je bégaye, ivre de désir.
    « Juste que ? ».
    « C’est juste que tu es trop sexy ».
    Et là, pour toute réponse, le bogoss me lance un regard tellement chargé de sensualité que je dois me faire violence pour ne pas me jeter directement sur sa braguette.
    Car dans ce regard, je lis son désir à lui, parfaitement complémentaire au mien. Je sais qu’il a envie de moi, tout autant que j’ai envie de lui. Je sais qu’il a envie d’être en moi, tout autant que j’ai envie de l’avoir en moi. Je sais qu’il a tout autant envie de gicler en moi que moi j’ai envie de le sentir jouir en moi.
    Pendant un instant encore, nous nous faisons face sur le seuil de la porte, dont l’encadrement est bien occupé par sa silhouette mâle tout en muscles.
    Nos regards se mettent le feu l’un l’autre. Je ne suis plus qu’un être primaire guidé par l’instinct de plaisir. J’aime laisser ce moment suspendu se prolonger, j’aime attendre, sentir son désir, sentir que je vais lui donner du plaisir, j’aime cet instant où tout est possible mais rien n’est encore, cet instant où nos désirs s’entrechoquent, font des étincelles, cet instant pendant lequel l’excitation fait vibrer mon corps, coupe ma respiration. Pas de mots entre nous, mais tant de désir dans nos regards.
    « Allez, viens » je l’entends me lancer sur une voix basse, une invitation, une vibration, un ordre mâle auquel je ne saurais me soustraire.
    Puis, accompagnant le geste à la parole, Jérém pivote sur le côté, libérant un passage pour que je puisse pénétrer dans son appart. J’avance et je passe le seuil en sentant son regard proche et lourd sur moi, un regard qui me suit, qui me déshabille, qui me possède déjà. J’avance hypnotisé par le parfum entêtant de p’tit mâle fraîchement douché qui se dégage de son corps.
    J’ai tout juste le temps de jeter un regard dans le petit espace mansardé et de me faire la remarque que c’est tout aussi minuscule que chez moi à Bordeaux, lorsque je sens ses mains, à la fois douces et fermes, me libérer de mon sac de voyage, attraper mes épaules, me faire pivoter, me coller contre le mur.
    Ses lèvres se posent alors sur les miennes, et nous nous échangeons une longue série de baisers fougueux, au point que nous en oublions presque de reprendre notre souffle. Je suis enivré par sa proximité, son contact, le parfum frais et captivant, cette fragrance de p’tit mâle bien sexy qui se dégage de lui.
    « Ah, ça c’est de l’accueil ! » je me marre, lorsque j’arrive enfin à sortir de l’apnée causée par l’assaut de ses baisers incessants.
    « Tu m’as manqué ! » je l’entends me chuchoter.
    Ah putain, qu’est-ce que ça fait du bien de l’entendre dire ces simples mots ! A cet instant, toutes mes inquiétudes sont effacées par ce bonheur immense. Comment j’ai pu douter de lui, imaginer qu’il puisse aller voir ailleurs ? En tout cas, j’ai envie d’y croire.
    « Toi aussi tu m’as manqué, si tu savais ! ».
    Pour toute réponse, mon bobrun m’embrasse de plus en plus fougueusement, son torse chaud collé au mien, sa bosse raide collée à la mienne.
    Je n’en peux plus, j’ai trop envie de lui. Je le fais pivoter à mon tour, je le colle contre le mur. J’embrasse son cou, ses épaules, les poils dans l’arrondi du débardeur. Je glisse mes mains sous le coton tendu sur sa peau, j’effleure au passage les petits poils en dessous de son nombril, premier frisson. Puis, sa peau tiède et douce, deuxième frisson. Puis, le relief ferme de ses abdos, cette alternance de creux et de rebonds où les bouts de mes doigts lisent comme sur un texte en Braille le code de sa virilité puissante, un code que je ne me prive pas de parcourir plusieurs fois pour en apprécier pleinement le message. Tempête de frissons.
    Un instant plus tard, je me laisser glisser à genoux, je laisse mes lèvres caresser sa bosse chaude et saillante par-dessus le tissu molletonné, je presse mon visage contre, je hume les petites odeurs enivrantes de sa virilité palpitante. Du coin de l’œil, je vois le bogoss s’étirer, bomber son torse, plier ses bras, croiser ses mains derrière la nuque. Et je l’entends soupirer de bonheur et de d’impatience.
    Sans plus tarder, j’attrape le short de chaque côté de ses hanches et je le tire lentement vers le bas. Les poils bruns au-dessus de sa queue se dévoilent peu à peu à mes yeux. Je plonge mon nez dedans, ivre des petites odeurs qui se dégagent. Mais le tissu se tend, il oppose une résistance à mes projets. Le fait est qu’il est pris dans un « obstacle » qui lui empêche d’aller plus loin : il est retenu par sa queue raide.
    Je glisse alors ma main dedans, je saisis doucement son manche brûlant, je le dégage lentement de sa prison de tissu. Dès le premier contact de mes doigts, le bogoss pousse un grand soupir de bonheur. Sa queue se dresse désormais devant mes yeux, belle, fière, gonflée à bloc.
    Et lorsque mes lèvres et ma langue effleurent son gland, je le sens partir en extase, je me sens partir en extase. Je le pompe lentement, je veux faire durer nos excitations et nos plaisirs.
    Comme toujours, dès le premier contact avec la virilité de mon mâle, le premier besoin impérieux que réclament mon corps et mon désir est d’avoir sa queue dans ma bouche.
    Mais une fois assouvi le besoin de le sentir frémir de plaisir sous les assauts de ma bouche, les envies se bousculent en moi. J’ai envie de tout avec Jérém, sans jamais pouvoir faire un choix, sans arriver à me décider sur ce dont j’ai envie en premier. Si c’est d’avoir directement son jus dans ma bouche, de l’avaler, ou si je préfère juste une mise en bouche, au sens propre comme au sens figuré, avant de le sentir me limer, me posséder, avant de me laisser remplir les entrailles de son jus de mâle.
    En fait, j’ai envie de tout à la fois. Impossible pour moi de faire un choix. Comment choisir entre le plaisir et le plaisir ? Entre le bonheur et le bonheur ? Le choix le plus facile étant souvent de me laisser porter par les envies de mon beau mâle brun. Un choix qui a l’ailleurs davantage de me laisser surprendre et m’enchanter.
    Je ne le suce que depuis une petite minute, lorsque le bogoss sexy à mort dans son débardeur blanc et sa casquette à l’envers passe ses mains sous mes aisselles, me fait me relever, défait ma ceinture, puis ma braguette. Il me fait pivoter à nouveau, et je me retrouve face au mur à côté de la porte d’entrée. Sans plus attendre, il baisse mon froc et mon boxer, il les cale en bas de mes cuisses. Ses gestes sont fébriles, dictés par une envie on ne peut plus pressante. Une envie, la sienne, que je ressens dans le moindre de ses gestes et qui me met en confiance, car elle me rassure quant à sa fidélité pendant ces dix jours où nous avons été séparés.
    Quant à ses mains qui empoignent fermement mes fesses pour les écarter lentement, avant que sa langue s’insinue fougueusement à l’entrée de mon trou, voilà qui finit d’achever ma moindre réticence.
    Ainsi, lorsque je l’entends cracher dans sa main, lorsque je sens ses doigts humides badigeonner mon trou, je suis déjà complétement à lui. Et je le suis bien avant que son gland ne se presse contre mon trou, et qu’il gagne la résistance de mes muscles sans presque forcer, bien avant que sa queue s’enfonce lentement en moi, bien avant que mon mâle ne prenne réellement possession de mon corps.
    Et lorsque cela arrive, lorsque je l’entends frissonner de plaisir, c’est un bonheur sans commune mesure qui m’envahit. Sa queue enfoncée en moi jusqu’à garde, le bogoss me débarrasse de mon t-shirt, il colle son torse contre le dos. Le contact avec le coton doux de son débardeur est terriblement excitant.
    Le beau mec à casquette à l’envers pousse un dernier, profond soupir de bonheur avant de commencer à me limer. Son torse enveloppe mon dos, l’une de ses mains me branle, l’autre agace mes tétons avec fébrilité. Son parfum m’enivre et m’assomme de plaisir. Je jouis du cul à chacun de ses va-et-vient. Je jouis tellement que je ne peux m’empêcher de lui lancer, comme dans ivre :
    « Qu’est-ce que c’est bon, Jérém, qu’est-ce que c’est bon ! ».
    « Ah oui, c’est bon » je l’entends confirmer, la voix déformée par l’excitation.
    « Vas-y, défonce-moi bien ! ».
    Pour toute réponse, ses mains saisissent mes hanches, les empoignent d’une façon bien ferme, bien virile, me font sentir bien à lui. Ses va-et-vient deviennent plus rapides, plus puissants, ses couilles frappent lourdement les miennes, et c’est terriblement excitant.
    Mais déjà une minute plus tard à peine, la cadence de ses coups de boutoir ralentit presque d’un coup, sa queue s’immobilise au fond de moi. Et là, après un instant de flottement, j’entends Jérém me lancer, la voix étouffée par un frisson qui le dépasse :
    « Ok non… je viens déjà ».
    Ses coups de reins reprennent. Sa main saisit ma queue, recommence à la branler. Lorsque le bogoss lâche un premier râle de plaisir étouffé, je sais qu’il est en train de jouir en moi. Son souffle rapide excite ma peau, ses râles de plaisir ravissent mes oreilles. Les va-et-vient de sa main sur ma queue ne tardent pas à précipiter également mon orgasme à moi. Je jouis à mon tour, dans sa main.
    « Désolé » je l’entends me glisser, alors qu’il se déboîte lentement de moi.
    « Mais de quoi ? » je le questionne, après m’être retourné vers lui, l’avoir serré très fort dans mes bras et avoir posé quelques bisous fébriles dans son cou. J’ai toujours envie de le couvrir de bisous après qu’il m’a fait l’amour.
    « Je suis venu trop vite. Je n’ai pas pu me retenir ».
    Certes, j’aurais aimé que ça dure plus longtemps. Et pourtant, je suis aux anges. Non seulement, en dépit de la durée, j’ai bien pris mon pied. Mais en plus, son envie débordante et sa jouissance rapide me rassurent aussi quant à son abstinence pendant ces dix jours.
    « C’était trop bien, Jérém ».
    « J’avais trop envie ».
    « J’ai vu, et j’ai kiffé, tu peux même pas savoir combien j’ai kiffé ! ».
    « Tu veux boire quelque chose ? » il me demande, tout en se débarrassant enfin de sa casquette et de son débardeur sexy pour me mettre une énième claque en me dévoilant sa nudité. Le bogoss a l’air d’avoir bien chauffé pendant sa quête de l’orgasme.
    Sa nudité désormais totale me confirme ce que son débardeur m’avait largement annoncé. En dix jours de muscu et d’entraînements supplémentaires, le bogoss a encore pris du muscle et sa plastique est un bonheur absolu.
    « Ton jus de mec » je finis par répondre à sa question, ivre de lui.
    « Eh doucement, le coquin. T’inquiète, tu vas l’avoir mon jus, mais laisse-moi d’abord récupérer un peu ».
    « Je rigole ».
    « Tu veux quoi alors ? ».
    « Quelque chose de frais ».
    « Un jus d’orange ? ».
    « Très bien ».
    Je regarde mon bobrun promener sa nudité avec aisance dans la petite pièce, la queue toujours tendue. Je le regarde attraper deux verres dans un petit meuble suspendu et sortir une bouteille de jus d’orange d’un réfrigérateur tout aussi petit, encastré sous la plaque de cuisson.
    Je prends enfin le temps de jeter un regard un peu plus attentif à ce petit espace, une pièce unique où se côtoient une kitchenette minuscule, une table et deux chaises de Barbie, un lit et une porte qui doit donner sur des toilettes, une petite fenêtre qui est la seule source de lumière de la pièce.
    Le bogoss m’apporte un verre de jus orange et un bisou plein d’amour. Lui aussi il boit du jus d’orange. Je le regarde déglutir lentement, je regarde cette pomme d’Adam bien virile s’agiter nerveusement au gré de la descente du liquide dans son corps. Et je trouve cette image furieusement excitante.
    Un instant plus tard, le bogoss ouvre la petite fenêtre et allume sa cigarette inévitable après orgasme. Je suis content de voir qu’il se sert toujours du briquet que je lui ai offert à Campan, ce briquet que j’avais acheté dans la boutique de Martine et que je lui ai offert pour qu’il ne m’oublie pas.
    Je m’approche de lui, je le prends dans mes bras et je jette un premier regard curieux depuis cette fenêtre sans vis-à-vis, une fenêtre ouverte sur Paris. La butte de Montmartre se dresse au loin avec son église blanche reconnaissable entre mille.
    « C’est génial ici, la vue est magnifique et il n’y a même pas de vis-à-vis » je considère.
    « Oui, mais t’as vu comme c’est petit ? C’est même plus petit qu’à Toulouse ».
    « C’est ton petit chez toi, et moi j’aime bien ».
    Jérém termine sa cigarette et s’allonge sur le lit. Pendant un court instant, je suis happé par la vision de mon étalon allongé, et de ses pilosités. Mon mec à moi a du poil sur le visage, il a des poils tout doux sur les avant-bras, il a du poil bien sexy sur le torse, il a du poil bien viril sur les couilles. Mon mec est vraiment un magnifique jeune mâle.
    Je m’allonge à côté de lui, j’ai envie de le prendre dans mes bras. Mais avec l’agilité d’un félin, mon bobrun musclé se glisse sur moi, et il me couvre de bisous.
    « Je suis heureux d’être là » je lui lance.
    « Moi aussi je suis heureux que tu sois venu ».
    Jérém me serre très fort contre lui, je plonge le nez dans ses poils bruns. Je plonge dans un bonheur fait du goût de ses lèvres, du contact avec sa peau chaude et parfumée, de son amour. Dans ses draps, je suis heureux. Les draps d’un gars comme Jérém, et a fortiori lorsqu’il est amoureux, ce n’est rien d’autre que le Paradis sur Terre.
    Mon bobrun se laisse glisser le long de mon torse et me suce. C’est sacrément bon. Tellement bon que je dois me retenir pour ne pas venir trop vite. Et lorsque le bogoss arrête de me sucer et s’allonge sur le lit, les cuisses écartées, la queue raide comme un piquet, je sais ce qu’il attend de moi. J’avale sa queue, je la pompe comme si ma vie en dépendait, jusqu’à le faire copieusement gicler dans ma bouche.
    « Vas-y, pompe bien, comme ça… oui… tu vas l’avoir mon jus… » il me glisse, alors que ses giclées puissantes percutent mon palais.
    Ah putain, qu’est-ce que c’est bon son jus de mâle !
    Après avoir offert ce deuxième orgasme à mon bobrun, après avoir goûté à cette boisson divine qui me fait du bien, nous nous assoupissons l’un dans les bras de l’autre.

    Lorsque j’émerge, mon bobrun est en train de fumer une nouvelle cigarette. Le ciel s’est assombri, la nuit tombe, les bruits de la ville remontent comme amplifiés par la fenêtre ouverte.
    « Il est quelle heure ? » je lui demande.
    « Huit heures et demi passés ».
    Une nouvelle fois je m’approche de lui, je le serre contre moi. Nous nous échangeons des bisous, torse nu contre torse nu, alors que les lumières de la grande ville se déploient devant nos yeux. Jérém écrase son mégot et me lance :
    « Allez, on bouge ! J’ai faim ! ».
    « On va où ? ».
    « Là-bas il me répond, tout en m’indiquant un point bien lumineux au loin.
    « A Montmartre ? ».
    Oui, j’aime bien ce quartier, et il y a plein de petits restos ».
    Jérém part à la douche. A travers la porte laissée entrouverte, je peux constater que la salle de bain est à l’image de l’appart, vraiment minuscule, tout comme la cabine de douche, fermée par un simple rideau. Impossible de se glisser dedans à deux, les douches coquines ce ne sera pas ici.
    Puis, quelque chose attire mon attention, quelque chose nonchalamment abandonné sur le sol, à côté du lavabo, un objet qui semble émettre une vibration propre qui fait résonner bien de cordes sensibles en moi. Il s’agit, évidemment, de son sac de sport aux couleurs de son équipe. Un sac refermé quelques heures plus tôt à la fin de son entraînement et très certainement pas rouvert depuis… ah putain !
    Lorsque mon bobrun revient pour chercher ses fringues, à poil et très fraîchement douché, je n’ai qu’une envie, de refaire l’amour avec lui. Mais il se fait tard, il faut qu’on bouge, comme il l’a dit. Je pars illico à la salle de bain, je ferme la porte.
    Je fais couler l’eau pour faire diversion. Puis, je m’approche du précieux objet, je « décachète » lentement l’épaisse fermeture zip. Je ferme les yeux et je plonge mon nez entre les deux pans entrouverts. Et me voilà instantanément téléporté dans un monde fait d’un merveilleux bouquet de bonheurs olfactifs me donnant une description des plus précises et excitantes du Masculin. Transpiration, gel douche, déo, petites odeurs de mâle : voilà le mélange divin.
    Après quelques intenses secondes d’ivresse, je m’autorise à jeter un œil furtif dans le sac. J’y trouve un trésor constitué d’un boxer orange et d’un débardeur blanc, les deux humides de transpiration ; d’un flacon gel de douche, d’un déo spray ; d’un pantalon de jogging, de deux paires de chaussettes, d’une serviette humide elle aussi ; d’un tube de crème chauffante, et d’une bouteille d’eau entamée. Voilà la panoplie du petit rugbyman sexy.
    Je prends ma douche toujours enivré par les petites intenses odeurs de son sac de sport, je me fais achever par la fragrance de son gel douche.
    Mais lorsque je rejoins mon Jérém dans le séjour, une nouvelle bonne claque m’attend. Blouson d’étudiant américain blanc et vert, posé sur un simple t-shirt blanc à col rond mettant bien en valeur ses pecs rebondis, jeans et baskets blanches : mon Jérém m’a réservé l’une des tenues de bogoss les plus sexy qui soit.
    Nous quittons l’appart, nous empruntons l’ascenseur. Pendant la descente je dois me faire violence pour ne pas lui sauter dessus. Nous voilà dans la rue, lancés dans la nuit parisienne. Je suis si heureux de sortir avec lui ! Je n’arrive toujours pas à croire que cette bombasse de mec est le mien, que je fais l’amour avec lui et qu’il est amoureux de moi. Oui, je suis tellement heureux !
    Nous empruntons la ligne 7 jusqu’à Jaurès, puis la ligne 2. Mon bobrun fonce à coup sûr, il semble désormais bien connaître le réseau du métro, on dirait qu’il est en train de devenir un vrai petit parisien.
    A cette heure, il y a un peu moins de monde que lors de mon arrivée en ville.
    En attendant l’arrivée de la rame, je me fais la réflexion qu’avec son ambiance close, sa météo propre, faite des appels d’air à l’entrée et à la sortie des tunnels ; avec sa bande son propre, les sifflements des freins, les claquements des roues sur les rails, métal sur métal, les bruits d’air comprimé à l’ouverture et fermeture des portes, le métro est un véritable petit univers à part.
    Un univers au décor de ciment et de métal souvent déprimant dans lequel, à mes yeux, seule la concentration de bogossitude possède le pouvoir d’apporter un rayon de soleil.
    Et mon bobrun est d’emblée l’un des piliers, et pas des moindres, de cette bogossitude qui rend le métro supportable.
    Dans la rame, Jérém se fait mater par une nana, et même pas discrètement. Elle doit avoir trente ans au moins, mais le physique de rugbyman et la bonne gueule de mon mec semblent vraiment l’émoustiller. J’ai envie d’aller la gifler, même si je comprends son attirance.
    Elle ne quitte pas mon Jérém des yeux et lui lance de grands sourires. Mon bobrun s’en rend compte, et il détourne aussitôt son regard. Il me sourit. D’ailleurs, ce n’est pas la seule meuf par qui il se fait mater. J’ai l’impression que, plus ou moins discrètement, la plupart des nanas dans la rame matent ce petit Dieu vivant qui vient de me faire l’amour. Si elles savaient !
    J’ai même l’impression qu’il y a des mecs qui le matent, ce qui m’inquiète encore plus.
    Un gars embarque à l’un des arrêts. Il doit avoir à peine 2-3 ans de plus que nous, et c’est une bombasse absolue. Un brun incendiaire à la peau mate, avec l’une de ces bonnes petites gueules à faire jouir avec une urgence plus qu’absolue. Une urgence qui se dégage de ses très beaux traits, de ses yeux très noirs, d’un regard à la fois doux, touchant, mais terriblement coquin, malicieux, intrigant.
    Le gars doit faire la même taille que mon Jérém, mais avec un corps plus élancé, moins musclé, mais un corps de parfait petit con, une plastique mise en valeur par une chemisette à carreaux noirs et blancs et qui lui va comme un gant et dont les boutons ouverts en haut dévoilent une naissance de pecs des plus appétissantes. Ses lunettes à la monture noire assez épaisse lui donnent un coté intello hyper sexy qui finit de m’assommer. Le gars est typiquement le genre qui me rend dingue, car il dégage une sensualité de fou, et sa simple présence est un appel hurlant au sexe.
    « Eh, je t’ai vu » j’entends Jérém me glisser discrètement à l’oreille.
    « De quoi ? » je tente de me dérober, en me sachant pris avec « le regard sur le bogoss ».
    « Arrête de le mater » il précise son propos, sur un ton amusé.
    Je ne sais pas trop quoi lui répondre, je m’en veux qu’il puisse croire que je mate ce mec parce que je le trouve plus mignon que lui. Même si en même temps je me dis qu’il est normal de regarder un beau mec, surtout un si beau mec. Comment faire autrement ?
    « J’ai vu que tu as maté le mec avec les lunettes » il enchaîne.
    « Il faudrait être hétéro pour ne pas mater un mec comme toi et lui… ou bien aveugle ! Il y a les trois quarts de la rame qui vous matent ! ».
    Mon bobrun se contente alors de me lancer un sourire des plus canailles.
    « Et puis, si tu as vu que je le matais, c’est que toi aussi tu l’as remarqué ! » je lui lance à la cantonade, alors que nous venons de sortir de la rame et que nous remontons vers la surface.
    « C’est vrai qu’il n’était pas mal du tout ! ».
    C’est à la fois l’apanage et le drame des couples de même sexe de pouvoir tenir ce genre de conversation au sujet d’une même personne. Souvent, on comprend l’attirance de son partenaire pour l’autre, car cet autre suscite en nous exactement la même.
    Nous émergeons à Pigalle, et nous retrouvons Paris en sortant par un accès de métro en parfait style liberty. Nous débarquons non loin du Moulin Rouge, de sa façade rouge, de ses pales en rotation lente. Le Moulin Rouge, ce lieu fabuleux, dont le mythe a été récemment sublimé par le superbe film de Baz Luhrmann avec une Nicole Kidman étincelante et une Ewan McGregor plutôt charmant.
    Me voilà enfin à Paris ! Le vrai, celui qu’on imagine en pensant à cette ville.
    Nous prenons le funiculaire, nous traînons un peu dans le quartier. Avec ses petites rues pavées, ses petites places, sa végétation, son absence presque totale de voitures, son ambiance ressemble à celle d’un village, le quartier de Montmartre possède un charme particulier. On sait qu’on est entourés par la ville, mais l’illusion d’être ailleurs est presque parfaite. Montmartre accueillant, chaleureux et romantique, dont chaque coin dégage une sensation de calme et d’harmonie si propice aux amoureux.
    La terrasse devant le Sacré Cœur offre une vue splendide sur la ville. Depuis là-haut, on a l’impression d’avoir Paris à nos pieds. Ce soir, je suis heureux, heureux comme je ne le suis qu’en compagnie de mon homme. Ce soir, la ville et la vie me paraissent belles comme jamais.
    Au détour d’une rue déserte, mon bobrun m’attire soudainement contre lui et m’embrasse fougueusement. Ce soir il a ce côté joueur, ce côté chien foufou qui me fait craquer au plus haut point. Et il est si sexy dans sa tenue t-shirt blanc, blouson d’étudiant bicolore !
    Jérém a l’air si heureux de me retrouver, et moi je suis si heureux de constater que la magie Campan continue même à Paris ! Et moi qui me faisait tant de souci ! Je suis tellement rassuré par son attitude, mille fois plus rassuré qu’après toutes les discussions du monde. Je n’ai même plus envie de lui parler de fidélité, de protection, de l’avenir de notre relation. J’ai simplement envie d’y croire. Et à cet instant précis, je n’ai aucun mal à le faire.
    Nous croisons de nombreux couples, dont certains sont en train de s’embrasser. Je ressens un pincement au cœur en pensant que je voudrais pouvoir avoir la liberté d’aimer mon Jérém comme s’aiment ces couples, mais que je ne le peux pas. Non pas que je tienne particulièrement à m’afficher mon amour en public. Mais c’est précisément la conscience de ne pas pouvoir le faire qui me fait chier !
    D’autant plus que, même si je le pouvais, je ne suis pas certain que j’aimerais me laisser aller à des effusions publiques ostentatoires comme le font certains couples hétéros. Non pas que ce ne soit pas joli. Je me dis que tant d’étalage d’amour pourrait froisser certain qui « haïssent les couples qui leur rappellent qu’ils sont seuls ».
    Oui, Montmartre est l’endroit de l’amour. Et à l’image de l’amour, rien n’est plat à Montmartre, à chaque pas on monte ou on descend. Lorsque ça redevient plat, c’est que nous ne sommes plus à Montmartre.
    Dans une rue bien en pente, Jérém repère un petit resto à l’allure plutôt rustique et accueillante.
    « C’est un resto à fondue » il me lance, après avoir regardé la carte.
    « Ça te dit ? » il me presse, face à mon hésitation.
    « Si pour toi ça va, pour moi c’est ok ».
    Une fois la porte franchie, l’impression dégagée par la façade se confirme. Nous plongeons dans un petit local aux boiseries bien rustiques, avec des poutres apparentes, des tables et des bancs en bois, avec une ambiance taverne renforcée par une immense cheminée qui domine un mur entier de la petite salle et dans laquelle un beau feu est en train de réchauffer l’air et les esprits. Surtout le mien. Car cette cheminé m’en rappelle une autre, devant laquelle j’ai fait l’amour tant de fois avec mon Jérém.
    La petite salle compte une dizaine de tables, dont à peine la moitié sont occupées. Le propriétaire nous installe juste à côté du feu, sur une table pour quatre. Jérém commande direct une fondue pour deux et une bouteille de blanc sec.
    A côté du feu, Jérém a vite chaud. Il ôte alors son blouson sexy et fait péter son t-shirt blanc tout aussi sexy. Il s’agit d’un t-shirt de marque super bien coupé, tendu sur ses pecs, ses épaules, ses biceps qui semblent prêts à craquer les manchettes, un blanc tellement parfait qui, de la même façon que le débardeur de toute à l’heure, met superbement en valeur la couleur mate de sa peau et le dessin de ses tatouages. Il est tellement sexy, j’ai tellement envie de lui !
    Il ne manque qu’un détail au tableau, une chaînette sexy à son cou. Car son cou est nu depuis qu’il m’a donné la sienne au moment de nous quitter à Campan. Mais ce manque ne va pas tarder à être rattrapé, mon bobrun aura bientôt une belle chaînette de mec en cadeau d’anniversaire.
    « J’ai trop faim ! » il me lance, comme un gosse.
    J’ai faim aussi, le sexe ouvre l’appétit.
    L’hôte nous amène un apéritif maison pour nous faire patienter. C’est sucré, ça passe bien avec les petits feuilletés qui l’accompagnent. Je regarde le feu, je regarde mon Jérém, je suis tellement heureux !
    J’ai bu mon verre un peu vite, l’alcool sucré me monte à la tête, je me sens tout chaud, je me sens partir vers une ivresse où je perds pied, où j’ai juste envie de rigoler, de lui dire à quel point je suis fou de lui, à quel point je l’aime, et de lui faire des milliards de bisous.
    L’hôte arrive avec la marmite à fondue posée sur un réchaud lui-même posé sur une épaisse planche de bois, accompagnée d’une corbeille remplie de morceaux de pain. Jérém en enfourche aussitôt un et il le trempe dans le fromage fondu.
    « Bon appétit bogoss » il me lance discrètement, en retirant son bout de pain généreusement enveloppé dans le fromage doré.
    « C’est toi le bogoss » je lui relance, toujours ivre, le regard rivé sur ce t-shirt bien ajusté qui fait ressortir chacun des muscles de son torse de fou.
    « Bon appétit ! » je me rappelle de lui répondre, après un moment de flottement.
    La fondue, c’est bon, très bon. Mais la partager dans ce petit resto, à Montmartre, à côté du feu, avec le gars que j’aime, c’est absolument fabuleux. Oui, ce petit resto me rappelle l’intimité de la petite maison en pierre à Campan. Mais aussi la bonne franquette de la soirée passée avec les cavaliers de l’ABCR, devant un autre beau feu. Là aussi on avait mangé de la fondue, faite par les mains expertes de Martine. De beaux souvenirs, les premiers vraiment heureux avec mon bobrun.
    Jérém me ressert du blanc sec, ce qui entretien ma petite ivresse, ma sensation de planer sur mon bonheur absolu.
    Nous trempons nos bouts de pain dans le fromage fondu. La fondue est délicieuse, la compagnie de mon Jérém l’est encore plus. Il me parle de son intégration dans l’équipe, de ses nouveaux potes, d’Ulysse, en qui il a trouvé un nouveau pote, quelqu’un qui lui fait confiance et qui l’aide à progresser. Ulysse, un gars pour lequel Jérém semble avoir beaucoup d’admiration et d’estime. Ulysse, un prénom qui revient bien souvent dans la conversation.
    Mais il ressemble à quoi cet Ulysse ? J’aimerais bien le voir. Est-ce que ce week-end va m’en offrir l’occasion ?
    Vers la fin du repas, lorsque la partie la plus épaisse du fromage s’agglutine au fond du caquelon, nous retirons nos croutons en même temps. Ils ressortent reliés par de nombreux fils de fromage. Une image qui me fait sourire, car elle me fait repenser à la fameuse scène des spaghettis dans le dessin animé « La belle et le clochard ».
    Nos regards se croisent, Jérém se marre.
    « Pourquoi tu rigoles ? » je le questionne.
    « Ça ne te fait pas penser à quelque chose ? » fait le bobrun en indiquant nos morceaux de pain reliés par un épais fil de fromage.
    Notre complicité est parfaite, je suis tellement bien, je suis tellement heureux !
    « Si, un dessin animé ».
    Le bogoss me sourit. Son regard me fait fondre, son sourire me fait fondre, notre complicité me rend fou. J’ai tellement envie de lui faire des bisous, de le sentir contre moi, de faire l’amour avec lui.
    Au moment de l’addition, je propose de payer la note. Il refuse. Je lui propose alors de partager la note. Il refuse à nouveau, j’insiste. Comme d’hab, je n’aurai pas le dernier mot.
    « J’ai dit que je t’invite, alors je t’invite ».
    « Mais pourquoi ? ».
    « Parce que. Tu es venu à Paris et puis ça me fait plaisir ».
    De toute façon je suis toujours pompette, je n’ai pas le cran de lui tenir tête. Jérém m’offre un resto et du bonheur, beaucoup de bonheur.
    Dans la rue, la fraîcheur de l’air me secoue un peu de mon engourdissement. Nous marchons en direction de l’escalier pour aller reprendre le métro lorsque, sortant d’une fenêtre, j’entends s’échapper une musique familière. Je reconnais immédiatement l’air d’une chanson qui était dans la collection de 45 tours de maman. Une chanson au rythme entraînant, guilleret, qui inspire la joie, qui fait se sentir bien et que je ne me lassais pas d’écouter en boucle à l’époque.

    https://www.youtube.com/watch?v=u5pxPDMF6SE

    Noyés de bleu sous le ciel grec
    Un bateau, deux bateaux, trois bateaux s'en vont chantant
    Griffant le ciel à coups de bec
    Un oiseau, deux oiseaux, trois oiseaux font du beau temps
    (…)
    Mon dieu que j'aime ce port du bout du monde
    Que le soleil inonde de ses reflets dorés
    Mon dieu que j'aime sous leurs bonnets oranges
    Tous les visages d'anges des enfants du Pirée

    Soudain, je repense à Dalida, cette chanteuse à la carrière étincelante et au destin tragique, Dalida qui vivait, justement, à Montmartre. Soudain, l’ivresse complice, j’ai envie d’une petite folie. J’en fais part à Jérém, qui se moque de moi. Je fonce. Je ne connais pas le nom de la rue. Je demande à des passants, on me renseigne, mais j’ai du mal à trouver. A force de tourner, on finit par tomber sur la place portant le nom de Dalida ainsi qu’un buste de la chanteuse.
    « Nous ne devons pas être bien loin ».
    « T’es pas pd pour rien » me taquine Jérém.
    « Et toi t’es un pur hétéro ».
    « Pourquoi, t’en doutes ? » il fait, moqueur.
    Je finis par tomber sur un passant qui m’indique exactement la marche à suivre. Et au bout de quelques minutes, nous y sommes. La voilà, dans la petite et discrète rue d’Orchampt, la grande maison à plusieurs étages et à l’architecture si particulière où Dalida a vécu pendant tant d’années. Avant de se donner la mort, en un triste dimanche de mai, parce que la vie lui était devenue insupportable. Quel gâchis qu’elle en soit arrivée là, qu’elle ait été si malheureuse, elle qui a donné tant de joie et d’espoir à tant de gens et pendant trois décennies.
    « T’es heureux ? » se moque Jérém.
    « Tu dois me prendre pour un barj ! ».
    « Tu veux qu’on sonne pour demander si elle nous offre un café ? » il me taquine.
    « T’es con ! ».
    « Aaaaarrivaaaaa Gigi l’amorosooooooooooooo ! » je l’entends entonner.
    « Mais tais-toi, tu me fais la honte ! ».
    « On peut rentrer maintenant ? ».
    « Oui, on peut, oui. J’ai envie de toi ».
    « Moi aussi ».
    Nous descendons les marches de la butte. Là encore, nous croisons des couples qui ont l’air bien amoureux, qui se font des bisous. Là encore, je me fais violence pour ne pas enlacer mon bobrun et le couvrir de bisous à mon tour. Faute de mieux, je me dis que l’attente ne fait que faire monter l’excitation.
    Mais alors que je m’attends à rentrer directement à l’appart, mon bobrun me conduit vers une ligne de métro qui n’est pas du tout celle que nous avons empruntée pour venir à Montmartre.
    « Mais t’es sûr que c’est la bonne ligne ? » je l’interpelle.
    « Oui. Mais on ne va pas rentrer tout de suite. Je vais t’amener quelque part ».
    Je le suis, impatient de découvrir la surprise que me prépare mon bobrun.
    Lorsque nous émergeons à nouveau dans la ville réelle, nous sommes à proximité de la Tour Eiffel. Il est 22h55.
    « Dépêche, on va rater le spectacle » il me lance, après avoir regardé sa montre.
    « Quel spectacle ? ».
    « Tu vas voir ».
    Je continue de suivre mon bobrun qui avance presque au pas de course. Il s’arrête enfin aux pieds de la grande tour, à proximité d’un port de bateau mouche. Il regarde à nouveau l’heure.
    « Ça devrait arriver dans pas longtemps ».
    Le bogoss a tout juste le temps de terminer sa phrase, lorsque la robe de la dame de fer se met à clignoter de tous ses feux.
    J’avais entendu parler du scintillement de la tour au début de chaque heure. Mais le voir de si près, c’est magique. Et le voir en compagnie de Jérém, et parce que c’est lui qui m’y a amené, est juste incroyable. Dans un coin de ma tête, je me demande comment mon bobrun connaît ce coin permettant de bien voir le scintillement de la tour. Je me demande surtout qui lui a fait connaître, s’il est venu seul, ou avec qui il est venu ici auparavant. Mais je suis tellement bien à cet instant précis, que je choisis de ne pas penser à ça. Dans la nuit complice, mes doigts cherchent discrètement les siens, les trouvent, les enlacent.
    Puis, alors que le scintillement n’est même pas terminé, mon bobrun me regarde droit dans les yeux et me lance :
    « Ça te dit un tour de bateau sur la Seine ? ».
    « Oui, bien sûr ! ».
    Même s’il me tarde de rentrer pour refaire l’amour avec lui, cette petite balade parisienne nocturne me rend heureux comme jamais. J’ai envie que cette nuit ne se termine jamais. J’ai envie de l’embrasser. J’ai envie de tout avec lui. Ah, putain, qu’est-ce qu’il est craquant, Jérém, avec son blouson vert et blanc, complètement ouvert sur son t-shirt blanc collé à ses pecs !
    « Si on se dépêche on va arriver à attraper le dernier départ ».
    En effet, nous arrivons à embarquer juste avant que les portes ne se ferment derrière nous.
    La croisière démarre, le bateau tangue sur les eaux de la Seine. L’air du soir est frais, ça chatouille la peau et les yeux.  Nous nous éloignons de la Tour Eiffel pendant qu’une sono défaillante nous égraine les monuments que nous trouvons sur notre parcours. Les Invalides, le pont de l’Alma tristement connu depuis 5 ans, le Musée d’Orsay (que je veux visiter à tout prix, car j’adore les peintres impressionnistes), l’Ile de la Cité, la cathédrale de Notre Dame à la silhouette imposante, le pont Alexandre III, le pont Napoléon, la Conciergerie, l’Hôtel de Ville, la Concorde, le Musée du Louvre, le Grand Palais.
    Je regarde mon Jérém, lui aussi visiblement impressionné par ce petit aperçu de la grandeur de notre capitale.
    « Tu avais déjà fait un tour en bateau mouche ? » je le questionne.
    « Non, c’est la première fois. Ça fait des semaines que j’en ai envie. Mais j’attendais de le faire avec toi ».
    « Je t’aime, Jérém ! ».
    Le bobrun me sourit. Son sourire est beau comme l’amour et doux comme une caresse.
    Ce tour en bateau mouche est comme une petite mise en bouche de Paris, comme la bande annonce savamment orchestrée d’un film qui s’annonce particulièrement spectaculaire. Toulouse est une belle ville, et c’est ma ville de cœur, car c’est ma ville. Mais Paris, elle a l’élégance, la stature, le charme, la grandeur, l’allure, la prestance d’une capitale. A Paris, on a l’impression d’être au centre du monde.
    Après avoir fait le tour de l’Ile de la Cité, le bateau revient en sens inverse sur la Seine. Et quelques minutes plus tard, nous approchons à nouveau la Tour Eiffel, le début et la fin de notre petite croisière.
    Nous retrouvons la terre ferme, et je me retrouve à marcher sur les quais avec mon bobrun. Il allume une cigarette et par moments, l’odeur de la fumée arrive à mes narines. C’est une odeur qui m’émeut car elle parle de la présence de mon bobrun à mes côtés.
    Dans la nuit de la ville inconnue, je me sens en sécurité avec Jérém à mes côtés. J’ai l’impression de vivre dans un rêve.
    Jérém est en pleine phase de déconnade, il n’arrête pas de raconter des bêtises, il me taquine, il me chatouille. J’ai l’impression que la bouteille du restaurant qu’il s’est sifflé aux trois quarts n’a pas fini de faire ressentir ses effets. J’adore quand mon Jérém est comme ça. Quand il est un peu éméché sans être « rôti », quand il a l’alcool joyeux, qui s’accompagne souvent à l’« alcool baiseur ».
    Une demi-heure plus tard, je retrouve l’immeuble déjà si familier, je frissonne à l’idée de me renfermer dans ce petit terrier avec mon bobrun, de l’avoir tout pour moi, de pouvoir lui faire mille bisous, de me blottir contre lui, de faire l’amour avec lui.
    Dans l’ascenseur, nous nous tenons sagement. Mais une fois dans le petit appartement, Jérém me saute carrément dessus, il m’embrasse avec une ardeur que je lui ai rarement connue. Le bogoss se débarrasse de son blouson, il fait voler son t-shirt blanc. Puis, il s’attaque à mon blouson et à mon t-shirt à moi. Nous voilà torse contre torse, peau contre peau. Jérém me serre très fort contre lui. Son visage plonge dans le creux de mon épaule, il distille un chapelet infini de bisous. Ses mains caressent fébrilement mon dos, elles remontent ma colonne vertébrale jusqu’à s’enfoncer dans mes cheveux.
    Le bobrun semble prendre un plaisir certain à me sentir contre lui. Et lorsque ses mains quittent mon dos pour partir à l’assaut de mes tétons, lorsque je sens sa queue monter, j’entreprends illico de défaire sa braguette, tout en me penchant pour mordiller ses tétons. Ma main s’est déjà glissée dans son boxer pour saisir son manche raide et le caresser avec des va-et-vient lents qui lui font du bien, lorsque mon Jérém attrape ma tête pour m’embrasser encore et encore, fou de désir.
    Mais un instant plus tard, le bogoss n’en peut déjà plus. Ses envies de mâle le submergent. Il de débarrasse de son froc et de son boxer. Et là, nu et beau comme un Dieu, il pose une main lourde sur mon épaule pour m’inviter à me mettre à genoux. Jérém a envie de se faire sucer, il en a vraiment très envie.
    Sans plus tarder, je me jette sur sa queue, je m’applique à titiller son gland. Puis, je l’avale doucement, je la pompe doucement. Mais déjà sa main se pose sur ma nuque, et ses coups de reins donnent plus d’amplitude à mes va-et-vient.
    Très vite, les oscillations de son bassin se font de plus en plus puissantes, pendant que la prise de ses mains sur ma nuque devient de plus en plus ferme, de plus en plus serrée.
    « Vas-y pompe bien, je sais que tu kiffes ma queue. Elle est bonne hein ? Tu pompes bien, oui, oui, oui… vas-y comme ça, tu vas me faire jouir et tu vas bien avaler… je sais que tu as envie d’avaler parce que tu me kiffes grave… ».
    Toute expression verbale m’étant impossible dans cette situation, ma seule réponse pour entériner ses provocations viriles, est un redoublement d’intensité de mes va-et-vient, dans la tentative de dépasser celle de ses coups de reins qui, eux aussi, ne font qu’augmenter en puissance.
    Ah putain ! Qu’est-ce que j’aime quand il est comme ça, très mec, un bon peu macho, dominant.
    Bien sûr, j’adore le Jérém amoureux, câlin, adorable, qui se soucie de mon plaisir, qui assume le fait d’avoir même parfois envie d’être passif. Mais qu’est-ce que ça me rend dingue quand il est dans cet état, chaud comme la braise, bien décidé à prendre son pied de la façon dont il l’entend. J’aime ce côté queutard bien chaud.
    Est-ce que le vin y est pour quelque chose ? Est-ce que l’ivresse d’alcool a le pouvoir de réveiller son côté macho et de lui donner envie de ressentir une autre ivresse, celle de se sentir mâle dominant qui ne se préoccupe que de son seul plaisir ?
    Pendant un instant, j’ai l’impression d’être revenu dans l’appart de la rue de la Colombette à Toulouse, lorsque je n’étais que son vide couilles. Et je trouve ça sacrement excitant. Et j’adore me soumettre à sa fougue virile.
    « Allez, pompe bien, vas-y ! » il revient à la charge.
    Je tente de le contenter du mieux que je peux. Mais un instant plus tard déjà, ses mains saisissent mes épaules, me font pivoter. Je me retrouve la tête coincée entre le mur de l’appart et le mur de ses abdos, sa queue gonflée à bloc qui remplit ma bouche, son gland qui tape bien au fond de mon palais.
    « Tu le veux mon jus, hein ? ».
    Pour toute réponse, je pousse un grognement qui se veut affirmatif.
    Et un instant plus tard, je le sens frissonner, ahaner bruyamment. Je sens son orgasme venir. Je sens son jus arriver en pression et gonfler la partie inférieure de sa queue. Et alors que de nombreuses giclées, lourdes, chaudes et denses percutent ma langue, je l’entends lâcher des mots qui, sur le coup, resonnent de façon terriblement excitante :
    « Ahhh, je viens… vas-y, avale… avale… avale jusqu’à la dernière goutte… allez !... vas-y, avale… salope ! ».
    Une fois ses éjaculations terminées, le bogoss s’extirpe rapidement de moi. Il me tend aussitôt la main, il m’aide à me relever.
    « Ça va ? » il me questionne, le regard dans le vide, alors qu’il reprend son souffle.
    « Oh, oui, ça va, surtout depuis que je peux à nouveau respirer » je me moque.
    « Je suis désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris » il me lance, après avoir tiré une longue taffe sur la cigarette qu’il vient de s’allumer près de la fenêtre ouverte.
    « C’était terriblement excitant » je tente de le rassurer.
    « J’y ai été un peu fort, non ? ».
    « T’inquiètes, je kiffe ça aussi. ».
    « J’ai trop bu ».
    « Vraiment, il n’y a pas de mal, c’était vraiment excitant ».
    « Désolé de t’avoir traité de salo… ».
    « Je te rassure, je kiffe ça aussi quand on est en mode baise » je le coupe « Je kiffe faire l’amour avec toi, et je kiffe quand tu joues ton bon macho dominant. Il y a tellement de façons de se faire du bien ».
    « Coquin, va ! ».
    Après la cigarette, nous nous retrouvons au lit, dans les bras l’un de l’autre. Jérém caresse mon torse, pince mes tétons. Ses lèvres et sa langue titillent chaque millimètre de ma peau, et provoquent en moi d’infinis frissons. Je bande comme un fou.
    Quelques instants plus tard, sa langue glisse sur mes couilles, puis s’attarde sur mon gland. Le bobrun me suce. Puis, il me demande de lui faire l’amour. Pas avec des mots, juste avec des gestes. Il s’allonge sur le dos, il écarte ses cuisses, il me regarde droit dans les yeux, il attrape ma main, il m’attire contre lui.
    Lorsque mon gland gagne la résistance de ses muscles, lorsque je m’enfonce entre les cuisses terriblement fermes de mon beau rugbyman, j’ai l’impression de me téléporter dans une autre dimension, un monde extraordinaire où tout n’est que plaisir inouï, une sorte de Paradis pour garçons.
    Un orage éclate au loin, les éclairs flashent dans la petite pièce, le tonnerre fait trembler les murs. Je suis en train de limer mon bobrun, tout en écoutant chacun de ses ahanements, tout en me félicitant de chacun de ses frissons, tout en guettant chacune des expressions de plaisir qui balaient son beau visage de mec. La pluie commence à tomber, faisant résonner les plaques de zinc recouvrant le toit juste au-dessus de nos têtes, de nos ébats. Ce moment aussi me rappelle Campan, le jour où nous avons fait l’amour, avant d’aller annoncer à Charlène que Jérém partait pour Paris, le jour où New York a vécu l’épisode le plus sombre de son histoire.
    Je regarde mon Jérém, les bras et les mains abandonnés sur le matelas, loin de sa queue raide, de son gland luisant, je le regarde jouir du plaisir que ma queue sait lui offrir. Faire jouir un mec comme Jérém, de cette façon, le sentir souffler, gémir, prendre son pied, c’est tellement beau, tellement excitant et ça fait sacrément du bien à son propre égo !
    « Vas-y défonce moi, montre-moi que tu as des couilles ! » il me cherche.
    Je le lime de plus en plus vite, je laisse mes coups de boutoir se déchaîner. Je suis en nage, et je prends mon pied comme jamais.
    « Ah, oui, comme ça, c’est comme ça que c’est bon ! Allez, Nico, montre-moi qui est le mec cette nuit ! ».
    Et là, soudain, une idée traverse mon esprit vrillé par le plaisir. J’arrête mes va-et-vient, et je m’arrête bien au fond de son cul, je le possède de toute ma bite qui est d’ailleurs à deux doigts de jouir.
    « Tu la sens bien là ? » je le cherche.
    « Oh oui, je la sens bien, oui ! ».
    « Et tu la kiffes ? ».
    « Grave ! T’es un vrai petit mec ! ».
    Ses mots me galvanisent, me donnent de l’assurance.
    « Je te baise bien, hein ? » je poursuis dans mon délire. Un délire qui me semblait un peu artificiel au début, mais qui, au vu de la réaction de Jérém et de mon excitation, commence à prendre sens dans ma tête. Oui, je peux aussi jouer les petits machos pendant que je baise mon Jérém…
    « Tu fais ça comme un chef ».
    « T’as envie que je te gicle dans le cul ? » je me lâche.
    « Oh que oui ! ».
    « J’ai pas entendu… t’as envie que je te fourre le cul ? ».
    Je n’arrive même pas à croire que ces mots sortent de ma bouche à l’adresse du mec qui m’a dépucelé il y a tout juste quelques mois. Et pourtant, cette nuit c’est bien moi qui tiens le rôle que Jérém a tenu tant de fois avec moi.
    « Fais-toi plaisir, p’tit mec… » je l’entends me lancer.
    Sur ce, transporté par un instinct de plaisir capable de lui ôter toute pudeur, le bobrun écarte un peu plus encore ses cuisses musclées, il se donne à moi comme jamais.
    Et pendant que mes mains prennent appui tour à tour sur ses pecs saillants et poilus, sur ses biceps rebondis, sur ses épaules charpentées, les siennes agrippent mes biceps à moi, caressent mes pecs, agacent mes tétons, caressent mes joues. Ses doigts fébriles traduisent la fébrilité de son excitation.
    « T’es beau Nico » je l’entends me lancer.
    « Toi aussi tu es beau ».
    « Vas-y, prends ton pied ».
    « Tu peux pas savoir à quel point je le prends ».
    Ses doigts pincent mes tétons sans relâche et finissent par provoquer Le frisson qui déclenche l’étincelle de mon orgasme.
    Un nouvel éclair flashe dans la pièce, la pluie redouble d’intensité. Mon plaisir s’emballe et échappe à mon contrôle.
    « Je vais jouir » j’annonce à mon beau brun qui, depuis quelques instants, a recommencé à se branler.
    Et alors que je sens de nombreuses giclées partir de ma queue, je vois une, deux, trois, plusieurs trainées blanches et brillantes s’abattre sur ses abdos, entre ses pecs, sur ses poils.
    Gicler dans son beau cul musclé me parait tellement irréel que j’en perds toute raison. Voir mon Jérém jouir en même temps, c’est géant.
    Une nouvelle cigarette à la fenêtre, les corps toujours vibrants de plaisir, les esprits vibrant d’amour, de nouveaux câlins avec vue sur la nuit parisienne, la pluie en fond sonore : c’est le bonheur d’être ensemble, heureux à deux.
    Pendant la nuit, mon bobrun me fait l’amour une nouvelle fois. Il me prend par devant, position que j’adore parce que, en plus de me permettre de bien sentir ses coups de reins, cette position m’offre le bonheur de le voir prendre son pied, de voir ses abdos onduler au rythme de ses va-et-vient, de voir ses biceps et ses pecs saillants se contracter lorsque ses mains empoignent tour à tour mes hanches et mes cuisses pour mieux me pénétrer, m’envahir, me posséder.
    Voir mon mâle prendre son pied, sentir son pieu raide coulisser en moi alors que même pas une heure plus tôt j’ai lâché mon jus dans son cul, c’est juste divin.
    Ce qui est génial dans l’amour entre mecs, c’est de pouvoir se donner du plaisir dans tant de façons différentes. Au début de ma relation, j’ai cru que mon bobrun ferait définitivement de moi un homo passif. Je sais désormais qu’il est en train de faire découvrir toutes les facettes du plaisir entre mecs.
    Une fois de plus, après l’amour, je me retrouve blotti dans ses bras, réchauffé, réconforté, câliné par sa pilosité mâle.
    « Qu’est-ce qu’ils sont beaux tes poils ! » je ne peux m’empêcher de lui lancer.
    « Je ne sais pas si je vais les garder encore longtemps ».
    « Jamais plus tu coupes cette merveille ! Tu me l’as promis à Campan ! ».
    « Il va bien falloir… ».
    « Et pourquoi ? ».
    « Ils commencent à trop pousser, les gars se moquent de moi dans les vestiaires ».
    « Ils sont jaloux ! ».
    Jérém se marre sous la moustache.
    « Moi je les aime » j’insiste « je ne peux même pas te dire à quel point je les aime. Je te trouve tellement viril et sexy avec ces poils ! ».
    « Pourquoi, quand je me rasais je ressemblais à une gonzesse ? ».
    « Je n’ai pas dit ça… je dis juste que ces poils naturels ajoutent un côté très viril qui me rend fou… ».
    « Tu l’aimes bien ton mâle… ».
    « Oh que oui, tu es mon mâle… » je m’empresse de lui confirmer.
    « Sauf quand je te laisse me prendre… ».
    « C’est pas parce que tu me laisse te prendre que tu es moins mâle à mes yeux… au contraire, je pense qu’il faut des couilles pour assumer ses envies, et en particulier cette envie ».
    « Je me sens bien avec toi, Nico ».
    « Moi aussi je me sens bien avec toi, Jérém ».
    « Je t’aime, Jérém ».
    « Tu es mignon et tellement touchant » il finit par me chuchoter, après un instant de silence, tout en me couvrant de bisous.
    Une fois encore, je me demande si un jour mon Jérém arrivera à me dira « Je t’aime » à son tour.
    « Je suis fatigué, Nico. J’ai besoin de dormir » je l’entends m’annoncer pendant qu’il remonte la couette.
    « Tu n’as plus l’âge » je me moque.
    « Mais ta gueule ! Les entraînements me tuent, et demain il y a match ».
    « C’est dur de s’intégrer dans l’équipe ? ».
    « Tu peux pas savoir à quel point… les gars sont tous plus balèzes les uns que les autres. Si je veux me faire une place, je vais devoir bosser comme un malade ».
    « Mais tu vas y arriver ».
    « Je l’espère, mais rien n’est encore gagné ».
    « Je crois en toi, je sais que tu vas faire une grande carrière ».
    « Si tu le dis ! En attendant, j’ai du mal à suivre, aux entraînements ».
    « Et qu’est-ce qu’ils en disent tes co-équipiers ? ».
    « Rien, parce qu’on ne parle pas de ça entre nous. Si on se montre faibles, on devient vite la risée du vestiaire. Alors, on serre les dents et on prend sur nous. Même si on a mal. Ulysse est le seul qui m’encourage et qui me soutient toujours ».
    Ulysse, toujours Ulysse…
    « Il a vraiment l’air sympa ce gars ».
    « Il est génial, un vrai pote, un bon mec ».
    « Tu es la seule personne à qui j’ai parlé de ça »il enchaîne « même Maxime n’est pas au courant que je trime ».
    Ses doutes, ses craintes, sa façon de me les avouer rien qu’à moi, tour cela me touche profondément. Car cette petite faiblesse de mon Jérém le rend un peu plus humain encore.
    « Ulysse m’a dit que lui aussi il avait peur de ne pas y arriver au début. Il m’a dit qu’il faut tenir bon, ne pas se focaliser sur ses faiblesses, cultiver ses forces, et avancer chaque jour un peu plus ».
    « Il est de bon conseil ce gars ».
    « Oui, de très bon conseil ».
    « Au fait, je peux te faire assister au match si tu veux… enfin… si tu n’as pas envie de faire autre chose demain après-midi… ».
    « Il y a plein de choses à voir à Paris, mais rien qui ne puisse attendre, rien de plus important que de voir mon champion de mec jouer au rugby ».
    Et aussi de voir enfin la tête de ce sacré Ulysse, je me dis dans ma tête.
    « Doucement, avec le champion, il débute tout juste ! » il me lance, avec un petit sourire semblant trahir son plaisir de m’entendre l’appeler de cette façon. Mon bobrun a besoin d’être rassuré, et je me plais bien dans ce rôle.
    Jérém va avoir 20 ans et je n’ai jamais été aussi heureux avec lui. Cette nuit, je m’endors dans ses bras, heureux comme jamais. Cette nuit je me dis que, définitivement, la réaction de mon père face à mon coming out n’a pas de sens (1). Comment on peut ne pas comprendre ce bonheur ?


    (1)    Association « Le refuge ».

    Nico n’est pas dans un cas extrême de rejet par sa famille à cause de son homosexualité. Certes, son père vit mal cela, mais il a la chance d’avoir une mère qui le soutient, et il ne risque pas d’être mis à la porte et privé de ressources à cause de sa différence.
    Il n’en va pas de même pour tous les jeunes qui choisissent de faire leur coming out, ou qui sont « outés » malgré eux auprès de leurs familles.
    Même en 2020, certains sont encore mis à la porte, privés de ressources. D’autres sont victimes d’homophobie, de harcèlement.
    Pour tous les jeunes qui sont victimes d'homophobie et de transphobie, y compris dans le cadre de leur propre cellule familiale, il existe une association qui peut leur venir en aide.
    C’est le REFUGE.
    https://www.le-refuge.org/
    Le Refuge est une fondation française conventionnée par l'État dont la vocation est d'offrir un hébergement temporaire et un accompagnement social, médical, psychologique et juridique aux jeunes garçons et filles majeurs, victimes d'homophobie et de transphobie, y compris dans le cadre de leur propre cellule familiale.
    Fondée en 2003, l'association a son siège à Montpellier. Elle se compose de 18 délégations départementales opérationnelles. L'action du Refuge est symbolisée par un ruban bleu.


    Prochain épisode de J&N, vers le 10 juin.




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    Septembre 2001

    Après mon week-end sur Toulouse suite à la catastrophe d’AZF et mon coming out désastreux auprès de mon père, les cours à la fac m’aident à aller de l’avant, à penser à autre chose.
    Jour après jour, je constate avec bonheur que ce cursus d’étude me correspond vraiment. Les cours, qui paraissent parfois si indigestes à certains, moi je ne les vois pas passer. Lorsque la fin arrive, je me surprends souvent à me dire : « Déjà ? Pas encore, pas maintenant ! », comme à la fin d’un épisode d’une série à suspense. C’est rare et précieux de faire exactement ce que l’on a envie de faire, de se sentir totalement là on a envie d’être. J’ai de la chance, car c’est mon cas.
    Avec mes camarades, Monica, Raphaël et Fabien, nous formons une bonne petite bande. Nous nous motivons mutuellement, nous rigolons beaucoup. Raphaël est toujours très drôle, très taquin. Quant à Monica et Fabien, ils ont un sacré sens de la repartie. Et moi aussi je commence à en avoir. J’arrive même à être drôle au contact de ces trois joyeux lurons. J’arrive à me moquer de moi-même, j’arrive à les faire rire. Ça occasionne souvent des échanges pimentés, qui ajoutent du plaisir à ces cours que j’adore.
    Je trouve la vie à la fac bien plus drôle que la vie au lycée. Ici personne ne se moque de moi, du fait que je ne suis pas le plus viril des mecs, personne ne me traite de pd. Les gens que je rencontre ici, ce sont des adultes. Les blagues pipi caca n’ont pas cours ici. C’est peut-être l’écosystème intellectuel de la fac qui élargit nos horizons, nos esprits, notre raisonnement, qui nous tire vers le haut, nous inspire, nous insuffle la maturité.
    Je crois que si j’étais passé directement de la sixième à la fac, ma vie d’étudiant aurait été moins pénible. Car ici, à la fac, je me sens respecté, intégré. Bref, je me sens bien.
    La seule qui semble avoir un peu plus de mal à s’intégrer dans la petite bande semble être Cécile. Comme je l’avais deviné dès notre toute première rencontre, c’est une nana très réservée, très pudique. Elle ne sourit quasiment jamais, et elle reste de marbre face aux échanges souvent très drôles entre nous autres. Même les vannes bon enfant que Raphaël lui lance parfois pour essayer de l’impliquer dans groupe tombent à plat, lorsqu’elles n’essuient pas des réponses bien sèches. L’absence de sens de l’humour et d’autodérision de Cécile finit par décourager toute tentative de sa part de la décrisper.
    Ce qui a pour conséquence de la laisser à l’écart. Car, même si elle vient toujours s’asseoir à côté de nous, elle parle peu, et on ne sait pas grand-chose d’elle.
    Au fil des jours, je réalise que la personne dont Cécile semble être la plus proche, n’est autre que moi. Elle s’assoit tout le temps à côté de moi. Elle me parle davantage qu’aux autres. J’ai l’impression qu’elle m’aime bien.
    Après la fin des cours, avant de rentrer à l’appart, je prends souvent le temps de me balader dans Bordeaux, souvent attiré par la Garonne et ce pont de Pierre qui me rappelle le Pont Neuf mais en beaucoup plus long, ce cours d’eau que j’affectionne tout particulièrement car il me relie à ma ville natale.
    Rentrer chez moi est devenu également un moment agréable. Mes deux propriétaires sont toujours aussi sympa avec moi. Que ce soit pour un café, un apéro, un dîner, il n’y a presque pas de soir où je ne suis pas reçu chez eux. Parfois ils me demandent des petits services, comme d’aider Denis dans le jardin, ou de balayer la petite cour. Des services que je leur rends avec plaisir et qu’ils me rendent dix fois.
    Albert et Denis jouent le rôle de nouvelle petite famille qui veille sur moi mais sans jamais me demander de comptes. Comme des grands parents bienveillants qui nous montrent la voie sans l’imposer, et qu’on n’a surtout pas envie de décevoir.
    Ils sont aussi de bon conseil. Un jour où je leur reparlais de la réaction de mon père face à mon coming out et aux problèmes que cela engendrait, Albert m’a répondu :
    « Le problème ce n’est pas toi, le problème c’est la fierté de ton père. La crainte du regard des autres, c’est de la fierté. Le fait de te jeter à la figure que tu n’auras pas de gosses, ce qui est une manière de te reprocher que tu ne lui donneras pas de petits enfants, c’est de la fierté. La fierté de vouloir perpétuer sa propre lignée.
    Vouloir que les enfants ressemblent aux parents, qu’ils se conforment aux projets qu’ils avaient imaginés pour eux, c’est aussi de la fierté.
    Mais un enfant n’est pas une extension des parents, c’est un être à part entière et il a le droit de chercher le bonheur auprès de la personne chez laquelle il pense pouvoir le trouver, quel que soit le sexe de cette personne.
    C’est naturel de s’inquiéter du bonheur de son enfant. Mais il ne faut pas l’étouffer ».
    Le week-end suivant le drame d’AZF, le dimanche, je pars en balade avec Monica, accompagnée de son petit ami Fred, et de Raph, assorti de sa conquête du moment, une nana qu’il a levée dans un autre cursus à la fac quelques jours plus tôt. Nous partons faire un tour sur l’un des sites les plus connus de Gironde.
    La dune du Pilat est le genre de site qui se mérite. Pour atteindre son sommet, il faut traverser un bout de forêt, gravir une pente sableuse qui se dérobe sous les pieds à chaque pas. Monter à la dune du Pilat est un parcours qui est loin d’être une promenade de plaisir. Mais une fois au sommet, on en oublie la fatigue, le sable dans les claquettes, les piquants qui se sont enfoncés dans la peau, l’agressivité du soleil. Lorsqu’on se retrouve au sommet, avec sa vue dégagée et panoramique sur l’océan immense, on est happés par ce spectacle naturel d’une beauté saisissante.
    Une fois en haut, nous dévalons la pente comme des gosses. Le sable saute partout, dans les cheveux, les t-shirts, les pantalons, les poches, les yeux.
    La plage est toute pour nous, tout comme cet océan déchaîné et majestueux, une immensité d’eau aux vagues impressionnantes que de rares surfeurs ne cessent de défier et d’essayer de dompter. Le ciel est couvert, le vent musclé. La pluie menace, mais la puissance des éléments qui s’entrechoquent dégage une force palpable qui happe l’esprit. C’est le propre des grands sites naturels, cette vibration qu’ils transmettent et qui nous remet à notre place, qui nous remet les idées en place, qui remet en perspective les destins individuels dans le Grand Dessin du Tout. Cette sorte de vibration de l’Immense, une vibration qui, lorsqu’on prend le temps de l’écouter, nous remet en phase avec l’Univers tout entier et avec nous-même. Cette vibration qui me donne la mesure d’à quel point mon bobrun me manque. Et à quel point, au fond, la réaction de mon père face à mon aspiration au bonheur n’a pas vraiment d’importance.
    A la dune du Pilat, je suis bien avec moi-même, je vois clair dans mon esprit. Une seule chose manque dans ce tableau de bonheur. Les bras de mon bobrun autour de mon corps, ses bisous dans mon cou, comme à Gavarnie, sur la butte face à la grande cascade.

    Jérém me manque chaque jour un peu plus. Heureusement, ses coups de fils quotidiens ensoleillent mes soirées. Chaque fois, le son de sa voix, ainsi que sa façon de m’appeler « ourson », me font un bien fou.
    Mon bobrun me parle de ses entraînements, de ses sorties, de ses nouvelles habitudes. J’ai l’impression qu’il prend de plus en plus ses marques dans la jungle parisienne. Il me parle aussi de ses nouveaux potes. De Léo, d’Anthony, de Jordan, d’Ulysse. Surtout d’Ulysse. J’ai l’impression que ce gars est son nouveau meilleur pote. Qu’ils font les 400 coups ensemble. Je voudrais bien savoir à quoi ressemble ce mec. En attendant, je me l’imagine aussi grand que Jérém, brun, bien gaulé, bogoss. Pourvu qu’il soit complètement hétéro et qu’il n’ait pas des vues sur mon Jérém !
    Je crois qu’une nuit, j’ai rêvé de ce gars. Je me souviens d’avoir rêvé qu’il était bogoss. Et qu’il s’intéressait à mon bobrun. Trop. Dans mon rêve, il l’embrassait, il le caressait, il voulait coucher avec lui. Mon bobrun semblait d’abord rester de marbre face à ces avances, avant d’y céder peu à peu. Je me suis réveillé en nage, car le rêve était si réel !
    Il faut vraiment que j’arrête d’avoir peur que tout le monde veuille se taper mon mec. Facile à dire, alors que le gars que j’aime est une bombasse mâle absolue, une bombasse qui vit dans une ville que j’imagine pleine d’autres bombasses et de tentations, et qui évolue dans un milieu où les sollicitations sont innombrables. Et si on ajoute à cela le fait que cette ville est à plusieurs centaines de bornes de là où je me trouve, que nos rencontres sont au mieux espacées de plusieurs semaines, que Jérém est un garçon de vingt ans avec les besoins qui vont avec, rien n’est fait pour me rassurer.
    Je tente de relativiser, mais je sais que j’ai du souci à me faire. J’ai peur qu’il aille voir ailleurs pour se soulager. J’ai peur qu’il couche avec des nanas. Et j’ai encore plus peur qu’il couche avec des gars. Tant qu’il ne couche qu’avec des filles, je peux me dire que je suis le seul à lui apporter son véritable plaisir. Mais s’il tombe avec un mec, un beau mec, un très beau mec, est ce que je vais toujours faire le poids ?
    Et ce que je crains par-dessus tout, c’est qu’il tombe sur un mec capable non seulement de lui donner du plaisir, mais aussi de lui ravir son cœur. Je crains moins cela de la part d’une nana que de la part d’un gars.
    Je sais que tant que je serai avec Jérém, et tant qu’on sera loin, je serai constamment confronté à ces craintes. Alors, j’essaie de tout envisager, y compris de poursuivre mes études à Paris. Mais je sais que ce serait une folie. Car il faudrait que je trouve une place à la fac là-bas, ce qui est difficilement concevable en cours d’année. Il faudrait aussi que Jérém soit d’accord pour emménager ensemble, ou que je me trouve un appart. Il faudrait que je trouve un travail pour financer des études qui seraient certainement plus coûteuses là-bas. Il faudrait que j’en parle à mes parents. Et en l’état de mes relations actuelles avec mon père, je me vois mal mettre ce sujet sur la table. Surtout quand ma seule motivation dans cet hypothétique changement est de me rapprocher de mon « gigolo », comme il l’a appelé.
    En attendant, mes inquiétudes ne font que grandir de jour en jour et ce, malgré nos coups de fils  quasi-quotidiens qui m’apaisent, d’une certaine manière.
    Bien sûr, le fait de l’avoir quelques minutes au téléphone le soir n’est pas une assurance qu’il se tienne à carreaux, car il lui reste bien d’autres minutes chaque jour et chaque nuit pour faire ce que bon lui semble, sans que je puisse l’en empêcher. Mais j’ai besoin de ces coups de fil. J’y tiens. Car les rares soirs où je n’arrive pas à l’avoir au téléphone, je m’inquiète, je m’inquiète, je m’inquiète.
    Plus les jours passent, plus je me demande s’il peut tenir sans sexe. Parfois j’ai envie de lui demander s’il est sage. Ou bien de lui rappeler de se protéger, si la sagesse devait s’incliner face à la tentation.
    Mais je renonce à chaque fois. J’y renonce de peur de devoir affronter une discussion que le téléphone rendrait encore plus pénible que de vive voix. Je me dis que cette discussion doit avoir lieu les yeux dans les yeux. Mais est-ce que j’oserai un jour la mettre sur la table ?
    En attendant, je prends sur moi, j’essaie de relativiser, de me dire que je ne peux pas lui empêcher d’avoir des aventures, car un mec comme lui ne peut pas tenir des semaines sans sexe. Je me dis qu’il n’est pas con, qu’il connaît les risques liés aux MST, et qu’il se protège. Je me dis qu’il est bien avec moi, qu’il est amoureux de moi, et qu’il ne laissera personne prendre ma place dans son cœur.
    Mais la peur de perdre Jérém devient une pensée obsessionnelle qui me poursuit partout. Rien n’arrive à me faire oublier cette peur, j’y pense même pendant les cours, au fil de mes balades. Enfin, rien ou presque.
    Car il y a bien quelque chose, une force capable de m’en soustraire : c’est la bogossitude ambiante bordelaise.
    Déjà, dans ma rue, il y a un lycée. Souvent, à l’heure où je pars à la fac ou à celle où je rentre, la cour et une partie de la rue est peuplée des petits attroupements de lycéens, des jeunes mecs en grappes.
    Il y a des choupinous de tout genre. Certains, en dépit de leur jeune âge, affichent ostensiblement des attitudes de petits mecs, un brin machos, avec leur façon de se tenir, les jambes un peu écartées, les pieds bien plantés au sol, le buste un peu en arrière, la cigarette à la main, des petits mecs dans lesquels j’ai l’impression de retrouver l’étincelante petitconitude de mon Jérém lors du premier jour du lycée.
    Parmi ces gars, il y en a un qui a tout particulièrement attiré mon attention et que je cherche chaque fois du regard. C’est un beau petit brun que j’ai qualifié de bel « a(b)dolescent », tant ses tablettes de chocolat de petit con, à tous les coups même pas majeur, m’ont impressionné un jour où j’ai eu la chance de le voir se balader dans la rue, torse nu, à la sortie des cours, en compagnie de ses potes. Pile le bogoss capable de faire tomber amoureux secrètement l’un de ses camarades de classe.
    Et puis il y en a d’autres, plus effacés, plus timides, dans lequel je me reconnais à mon premier jour de lycée.
    Evidemment, à chaque fois où je passe devant le lycée, je ne peux m’empêcher de me demander combien de Jérém, combien de Nico se cherchent, se désirent, se fuient dans cette cour, dans les couloirs, dans les salles de cours, dans les vestiaires du gymnase. Combien de désirs cachés, de regards discrets, fuyants dans ce petit monde, dans ce laboratoire de socialisation qu’est l’école et dont les expériences humaines que nous vivons nous marquent souvent à vie ? Combien de Nico soupirants, combien de Jérém enfermés dans leur rôle d’hétéro ? J’ai tellement envie d’aller les voir et de leur dire : « Les Nico, soyez patients, persévérants. Les Jérém, laissez-vous aller ! ». Et à tous les deux, envie de crier : « N’ayez pas peur, c’est possible d’être heureux ! ».

    Mais il n’y a pas que le lycée dans ma rue. La bogossitude ambiante d’une grande ville est une présence imprévisible qui nous guette à chaque déplacement. Un bomec croise mon chemin et sa présence arrive à anesthésier mes soucis pendant le temps d’un trajet en bus, ou un peu plus, tant que l’écho du frisson provoqué par sa bogossitude vibre en moi. C’est le cas de ce beau brun que je croise depuis quelques jours, presque chaque matin, à « mon » arrêt de bus.
    Vingt-cinq ans maximum, un peu plus petit que moi, sans doute 1 mètre 70 ou 72, carrure genre rugbyman mais rugbyman petit gabarit. A bien regarder, le gars semblerait un petit peu enrobé, mais rien de rédhibitoire, au contraire, ça lui va très bien, et c’est très sexy. Le gars a l’air d’être un bon vivant. Il a les cheveux courts mais pas ras, il est très brun, la peau bien mate, et il porte une petite barbe de quelques jours.
    Il est toujours habillé d’un blouson en cuir, d’une chemise ouverte sur au moins deux boutons d’où dépasse à chaque fois un petit bout de t-shirt blanc très sexy, un petit bout de coton bien collé à la peau dans le creux de son cou, ce qui laisse imaginer que le t-shirt en question est porté très près du corps. Il porte également un jeans et des baskets blanches
    Le gars n’est pas forcement hyper canon, et pourtant il est très sexy. C’est un mec plutôt viril, du genre sûrement même pas conscient du fait qu’on puisse le trouver sexy. Un mec qui donne tout autant des envies de baise bien sauvages et des envies tout aussi intenses de lui faire des tas de câlins. Sa douceur virile se manifeste également dans sa voix, que j’ai entendue un matin quand il a demandé un ticket au chauffeur du bus. C’était une bonne voix de mec, mais plutôt douce, pas « grave ».
    En descendant du bus à l’arrêt de la fac, là où nos chemins se séparent car sa destination l’amène à continuer sur la même ligne et à descendre plus loin, je ressens à chaque fois un petit pincement au cœur. Je me dis que je ne sais rien de lui, et que je ne pourrais jamais avoir la réponse aux milles questions qui surgissent en moi à chaque fois que je suis confronté à sa présence, comme à chaque fois que je suis confronté à la vibrante sexytude, au mystère intrigant d’un bel inconnu.
    Qui est ce mec ? Comment s’appelle-t-il ? Quel âge a-t-il exactement ? Que fait-il dans la vie ? Qu’est-ce qu’il aime ? Qu’est-ce qu’il déteste ? Quelles sont ses opinions ? Ses centres d’intérêt ? Comment est-il en compagnie de ses potes ? Est-ce qu’il est drôle, gentil, sympa, charmeur ? Avec qui il couche ? Est-ce qu’il est amoureux ? En couple ? Célibataire ? Fidèle ? Comme est-il à poil ? Comment est sa queue ? Il a joui quand la dernière fois ? Hier soir ? Ce matin ? C’était une pipe ? Une pénétration ? Comment se comporte-t-il au lit ? Qu’est-ce qu’il aime ? A quoi ressemblent ses attitudes pendant le sexe ? A quoi ressemble sa gueule pendant l’orgasme ? Est-ce qu’il a déjà couché avec un mec ?
    Bref, ce mec est vraiment sexy en diable dans son genre. Et les trajets que je passe à le mater m’offrent bien de frissons. Alors que l’instant de la « séparation » provoque en moi un petit pincement au cœur, passager, certes, mais néanmoins assez violent.
    Car ce mec est mon petit rendez-vous du matin, c’est un petit béguin qui me fait me sentir si vivant et qui, pendant quelques minutes, me fait planer bien au-dessus de mes inquiétudes au sujet de mon Jérém.
    Mais le bobrun du bus n’est pas le seul à m’offrir de bons petits frissons. Car il y a un autre gars que je côtoie tous les jours et dont le charme me fait de plus en plus d’effet. Il s’agit de mon camarade Raphaël.
    Ce gars n’a pas un physique musclé du genre qui attire d’habitude mon attention, mais il a un beau visage, des traits fins, un regard magnétique, un sourire à faire fondre des banquises polaires, un rire de bogoss carnassier qui me fait vibrer. Il a aussi de beaux cheveux, un beau brushing, et il porte un parfum captivant.
    Bref, ce mec dégage quelque chose de profondément sensuel et sexuel qui touche mes cordes sensibles. Et le fait qu’il ne se prive pas de me raconter ses aventures avec les nanas, nombreuses, et que je sois aux premières loges pour assister à ses exploits de séduction à la fac, ne fait que contribuer à attiser mon attirance.
    Ce qui me fait craquer chez Raph, c’est son assurance, sa forte personnalité, doublée d’une grande sensibilité et d’une grande acuité d’esprit. C’est sa tchatche, sa gouaille, son attitude iconoclaste, sa personnalité insolente, sa sexytude insolente. Mais aussi son intelligence, son humour, son côté « en dehors du système », ses fortes convictions, son caractère à la fois rêveur et très pragmatique. Tout cela compose un cocktail explosif qui, jour après jour, ravit mon esprit comme une sorte d’ivresse.
    Le soir, je me branle en pensant à mon Jérém. Mais aussi à mon a(b)dolescent préféré capté dans la cour du lycée de ma rue. Le p’tit brun du bus s’invite lui aussi régulièrement dans mes branlettes. Tout comme Raphaël.
    Mais si beaucoup de gars peuplent mes branlettes solitaires, Jérém est le seul à me manquer à en crever.

    Les jours passent, les semaines s’enchaînent, septembre se termine. Adieu le mois des catastrophes en « 1 » : 11 septembre 2001, puis, 10 jours plus tard, le 21 septembre 2001, AZF. Heureusement, tu n’as pas 31 jours !
    Octobre pointe le bout du nez et amène les premiers froids, avec des rafales de vent d’océan souvent glaciales. Un nouveau week-end arrive. Je n’ai rien de prévu, je pourrais rentrer à Toulouse.
    Maman me manque et je sais que je lui manque aussi. Je pense souvent à elle, et aux relations tendues qu’elle doit avoir avec papa depuis ce fameux lundi soir où j’ai fait mon coming out.
    Je l’appelle tous les deux jours, et à chaque fois elle se veut rassurante. Elle me dit que tout va bien, et que je n’ai pas à m’en faire. Elle me demande régulièrement quand je prévois de revenir sur Toulouse. Je lui promets tout aussi régulièrement de revenir « bientôt ». Pourtant, l’idée de recroiser mon père m’angoisse toujours autant. Je n’arrive pas à oublier ses mots durs, son regard rempli de colère, de dégoût, de déception. Je n’ai pas envie de me heurter à son hostilité.
    Alors, ce vendredi soir j’appelle maman pour lui dire que ce week-end encore, je reste à Bordeaux pour travailler mes cours.
    « Comme tu voudras mon chéri. Mais je t’attends le week-end prochain, sans faute ! Travaille bien ! ».
    En réalité, un week-end bien vide se dresse devant moi. Je n’ai rien de particulier à réviser. Je sais que je vais passer mon temps à penser à mon bobrun, à me demander ce qu’il fait, à me faire du souci.
    Dans un peu plus d’une semaine, ce sera son anniversaire. Je voudrais tellement pouvoir le fêter avec lui. Le week-end prochain, j’aimerais bien monter à Paris le voir. Ça fait quelques jours que cette idée me chatouille l’esprit, mais je ne lui en ai pas encore parlé, de peur d’essuyer un refus de sa part.
    De toute façon, je ne sais pas du tout comment je pourrais faire, vu qu’il crèche toujours à l’hôtel, entouré de ses nouveaux co-équipiers. Je sais à quel point Jérém tient à la discrétion concernant notre relation. Et je sais que cette discrétion est une condition indispensable pour la paix dans notre « ménage ».
    Je voudrais lui faire une surprise. Mais si je débarque à l’hôtel, adieu la discrétion. Certes, je pourrais me faire passer pour un pote, mais j’ai l’impression que ça ferait louche. Quand on a quelque chose à cacher, on a toujours l’impression que notre secret est affiché sur notre front.
    Il n’en demeure pas moins que j’ai terriblement envie de le voir. Je me dis qu’on pourrait prendre une chambre d’hôtel ailleurs, dans un endroit tranquille. Il reste à convaincre mon bobrun. Dans tous les cas, pour la surprise, c’est raté.
    Mais la chance semble se tourner soudainement vers moi car, le soir même, mon bobrun m’annonce que le club lui a trouvé un petit appart dans le quartier des Buttes Chaumont et qu’il va y emménager en tout début de semaine.
    « C’est chouette ! » je réfléchis à haute voix, très heureux des possibilités que cette nouvelle configuration pourrait ouvrir à nos futures rencontres.
    « Moi aussi, je n’en pouvais plus de l’hôtel ».
    « Je vais pouvoir venir te voir, maintenant ».
    « Doucement, il faut que je m’installe d’abord ».
    « J’aimerais venir te voir le week-end prochain ».
    « Tu perds pas de temps ».
    « Le 16, c’est ton anniversaire… » je lâche, en retenant mon souffle, en priant de toutes mes forces pour qu’il accepte ma proposition.
    « Comment tu sais ? » il me questionne, après un court instant de silence qui m’a paru interminable.
    « Je le sais depuis le premier jour du lycée ».
    « Ah ».
    « C’est pour ça que j’ai envie de venir te voir le week-end prochain… ».
    « Bah, viens alors ! ».
    Puis, avant de prendre congé avec un énième « les potes m’attendent pour sortir », mon bobrun me donne sa future adresse parisienne, un enchaînement de lettres et de chiffres magiques qui définissent à mes yeux le futur berceau de notre bonheur.
    Non seulement l’idée de retrouver mon Jérém dans une semaine, d’avoir une date, un compte à rebours pour nos retrouvailles, me remplit de joie, mais cela m’apaise également. Car je me dis que maintenant que Jérém sait que nous allons nous voir dans une semaine, ça va l’aider à tenir bon.
    Et c’est le cœur débordant de cette joie que je trouve le courage de rappeler maman pour lui dire que finalement je reviendrai sur Toulouse dès le lendemain matin et pendant tout le week-end. Maman s’en réjouis et je me réjouis à mon tour de la retrouver.

    Les retrouvailles avec ma ville, toujours marquée par l’explosion d’AZF, malgré les premiers nettoyages et les premiers rafistolages, est toujours aussi chargée d’émotions. Quant aux retrouvailles avec maman, elles sont tout aussi douces et chaleureuses que celles avec papa sont distantes et froides.
    Déjà, il n’est pas là lorsque je débarque à la maison en fin de matinée. Il ne se pointe que pour déjeuner, il met les pieds sous la table, la télé à fond la caisse, et il ne crache pas un mot.
    Heureusement, maman se charge de faire la conversation. Elle me questionne au sujet de mes études, de ma vie dans le petit studio. Mais entre la télé qui gueule et mon père qui fait la gueule, je ne me sens pas vraiment à l’aise pour discuter sereinement. A chacun de mes mots, j’ai l’impression de sentir son dégoût. J’ai juste envie d’être seul avec maman, pour discuter tranquillement avec elle. De plus, le volume de la télé est si fort qu’à plusieurs reprises nous sommes obligés de nous faire répéter nos mots.
    Jusqu’à ce que maman finisse par s’agacer et par lancer à papa :
    « Mais tu ne peux pas éteindre cette télé ? ».
    « J’écoute les infos ».
    « Je te signale que ton fils est là, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué. Ça ne t’intéresse pas de savoir ce qu’il fait de sa vie ? ».
    Et là, papa la regarde fixement et lui lance un laconique :
    « C’est sa vie ».
    « C’est tout ce que tu as à dire ? ».
    « Qu’est-ce que tu veux que je dise ? ».
    « Quelque chose qui a du sens ! ».
    « Ok… passe-moi le sel ! ».
    « Tu te fiches de moi ? ».
    « Je peux repartir tout à l’heure si tu veux » je lâche, très mal à l’aise et un brin agacé.
    « Je m’en fous » fait papa, en baissant le nez dans son plat, sans daigner me lancer un regard.
    « Non, Nico, tu restes comme prévu » décrète maman.
    Au fond de moi, je regrette d’être venu. Et j’ai vraiment envie de repartir par le premier train. Si je reste, c’est vraiment pour faire plaisir à maman.
    Sans même attendre le café, papa se rue dans son sempiternel garage et il n’en sort pas de l’après-midi. Ce qui n’est pas une mauvaise chose car, une fois seul avec maman, je passe enfin un bon moment avec elle. Je l’aide à faire la vaisselle et le ménage. Nous discutons enfin tranquillement. Elle veut tout savoir de ma vie à Bordeaux. Je lui parle de mes camarades de fac, de mes voisins, un couple de vieux gays assumés et heureux. Je lui parle de mon week-end à venir à Paris avec Jérém.
    « Je suis content que tout se passe bien pour toi. Je te trouve tellement plus épanoui qu’au lycée. On est tellement bien quand on est amoureux ».
    Maman est perspicace.
    En fin d’après-midi, je retrouve Elodie chez elle, en compagnie de son bobrun, le très charmant Philippe. Elle a perdu une bonne partie de l’audition de son oreille touchée mais cela ne semble en rien avoir affecté sa joie de vivre. Elle me parle des préparatifs de son mariage, de ses projets. Et lorsque Philippe part faire quelques courses, je me sens à l’aise pour lui déballer tout mon bonheur avec Jérém.
    « Je suis tellement heureuse pour toi, pour vous deux ».
    Mais aussi pour lui parler également de mes craintes.
    « Je suis certaine que ça va bien se passer. Dans votre histoire, il y aura des hauts et des bas, mais vous vous finirez toujours par vous retrouver. Il faut savoir attendre ».
    « Et comment ça se passe avec tonton ? » elle me questionne.
    « Pas génial. Il fait toujours la tête ».
    « Tonton s’en remettra » elle me lance « il faut juste lui laisser le temps d’encaisser ».
    Nous enchaînons avec une soirée pizza et scrabble, ce qui m’évite de devoir affronter un deuxième repas pénible à la maison.
    Le lendemain, je me réveille de bonne heure. L’inévitable perceuse du dimanche matin de papa ne pardonne pas. Je me demande ce que je vais pouvoir faire de ma journée. Je repense à mon week-end à venir en compagnie de mon Jérém, qui va également être ma première fois à Paris. Dans six jours, je me réveillerai dans ses bras. Et je serai heureux. Je ferai peut-être l’amour avec lui. Je le réveillerai peut-être avec l’une de ces pipes du matin qu’il apprécie tout particulièrement. Et je ne peux m’empêcher de me branler.
    Et l’idée de revoir le gars que j’aime, de passer deux jours et deux nuits dans ses bras, c’est justement ce qui me donne la force de me lever ce matin.
    Lorsque je descends, après la douche, maman est dans la cuisine. Le parfum délicat des tartines grillées se mélange à celui plus fort du café qui vient de couler. « There’s no place like home », « c’est bon de revenir à la maison », affiche un magnet collé sur la hotte aspirante. Je crois que le type qui a écrit cette phrase pensait à un petit déj comme celui que je partage ce matin avec maman.
    « Et si on invitait Elodie et Philippe ce midi ? » lance maman.
    « Ah, ce serait super ! ».
    L’idée me plaît tout particulièrement car la présence toujours marrante d’Elodie va empêcher la mauvaise humeur de mon père de gâcher un nouveau repas. Je soupçonne d’ailleurs maman d’avoir pensé la même chose.
    J’appelle ma cousine qui accepte l’invitation avec joie.
    Un peu plus tard dans la matinée, nous nous mettons à deux pour préparer mon plat préféré, les lasagnes. Soudain, un souvenir me revient, comme une claque. Quand j’étais petit, j’aimais tellement les lasagnes que papa avait fini par m’appeler « mon petit Garfield ». Ça fait longtemps qu’il ne m’a pas appelé ainsi. Je sens les larmes monter aux jeux. Je les retiens pour ne pas les mélanger à la béchamel que je suis en train de remuer, je les retiens pour ne pas faire de la peine à maman.
    Pendant le déjeuner, ma cousine nous fait bien rire malgré son pansement à l’oreille. La télé reste éteinte. Papa ne parle pas beaucoup mais il n’ose pas faire autant la tête que la veille.
    Lorsque Elodie et Philippe partent vers 16 heures, il me reste trois heures à occuper avant mon train pour Bordeaux. J’ai envie de voir si Thibault a le temps de prendre un café avec moi. J’ai envie de savoir s’il va bien. Et tant pis pour la mise en garde de Nathalie. Je m’en fous.
    Je l’appelle, mais l’adorable pompier n’est pas sur Toulouse, il est dans sa belle-famille près de Lombez, dans le Gers. Nous n’échangeons que peu de mots, mais j’ai l’impression qu’il reprend du poil de la bête. Je l’entends dans sa voix, lorsqu’il me raconte que les médecins lui ont dit qu’il pourrait probablement rejouer avant la fin de l’année.
    Faute de ne pas pouvoir revoir mon pote Thibault, je contacte mon autre pote toulousain, Julien.
    Le beau moniteur d’auto-école est toujours partant pour un verre. Et il est toujours aussi souriant, toujours aussi charmant lorsqu’il débarque dans le bar dans mon quartier où il m’a rejoint.
    Il me questionne sur ma vie bordelaise, sur mes études, sur mon « mec », comme il l’appelle, en faisant bien claquer le « c » avec son accent toulousain si marqué et si craquant.
    Lorsque je lui réponds que je vais le voir à Paris pour son anniversaire le week-end suivant, il me dit :
    « Tu vas prendre cher. Et lui aussi il va prendre cher ».
    « Et toi, t’as une copine en ce moment ? ».
    « J’en ai plusieurs ».
    Quel incorrigible queutard que mon pote Julien ! Mais qu’est-ce qu’il me fait rire !

    Quitter maman est un déchirement. J’ai l’impression qu’elle ne vit pas si bien mon départ à Bordeaux qu’elle voudrait me le faire croire. J’ai l’impression que ça lui manque de ne plus me voir tous les jours comme avant.
    « Tu reviens quand tu veux, on refera des lasagnes ».
    Le plus dur à supporter en quittant la maison est son regard qui dit « je suis fière de te voir prendre ton envol, chéri, mais qu’est-ce que tu me manques ».
    J’ai de la peine car je sais que je lui fais de la peine. Je sais qu’elle est fière de moi, mais je sais aussi que c’est dur pour elle. Surtout depuis qu’elle ne peut plus compter sur le soutien de papa. J’aurais dû me taire, j’aurais pu attendre pour lui balancer que je suis gay.
    Les premiers pas dans la rue en direction de la gare sont très pénibles. J’ai à la fois très envie de partir loin de l’ambiance pesante que fait régner papa et pas du tout envie de quitter maman.
    J’arrive à Matabiau avec un peu d’avance et j’en profite pour acheter le ticket aller-retour Bordeaux-Paris pour le week-end suivant. Je suis tout content de les acheter, de les toucher, de les ranger dans ma veste, car j’ai l’impression que le fait de les avoir tout près de moi me rapproche un peu plus de Jérém. J’ai tellement hâte de retrouver ses bras chauds, ses poils, son sourire, son empreinte olfactive de mec, si rassurante. J’ai aussi hâte de découvrir Paris, notre belle capitale.
    Il est près de 22 heures lorsque j’arrive à la gare Saint Jean. Une demi-heure plus tard, je retrouve la petite cour au sol peint en rouge. Les volets de l’appart de mes proprios sont déjà fermés. Je rentre dans mon petit studio, je verrouille la porte derrière moi, je me fais chauffer un café et je me sens bien. Je m’installe dans mon canapé.
    Et là, je réalise que je me sens désormais davantage chez moi dans mon petit studio à Bordeaux que dans la maison de mes parents à Toulouse. Dans mon petit chez moi, personne ne me demande de comptes, personne ne me fait la tête. A Bordeaux, j’ai mes études, des études que j’aime, j’ai des potes marrants, des voisins bienveillants. A Bordeaux, j’ai ma nouvelle vie. Ici à Bordeaux rien ne me manque, à part la présence de maman.
    La semaine qui me sépare de mes retrouvailles avec Jérém est ponctuée par les « rencontres » du matin avec le beau petit brun du bus dont j’ignore toujours tout, à partir de son petit nom.
    Le lundi, je le retrouve posté à côté de l’abribus. Il porte toujours la même ténue, t-shirt blanc, chemise, blouson en cuir, jeans. Et il tient un journal plié dans la main gauche. Il est toujours aussi sexy. Je me demande ce qu’il a fait de son week-end, s’il s’est amusé, s’il a fait la fête avec ses potes, s’il a fait l’amour. Le bus se pointe quelques secondes après mon arrivée. Le mec monte et s’assied juste derrière le fauteuil du conducteur. Il n’y a pas de place à proximité et je suis obligé d’avancer vers le fond pour laisser rentrer les autres passagers.
    Pas cool, ce matin je ne peux pas me mettre en face ni à côté de lui pour le mater discrètement. Mon trajet en bus touche à sa fin, je descends par la porte arrière, tout en jetant un dernier regard furtif à ses beaux cheveux bruns. Ah, putain, qu’est-ce qu’il est craquant ce gars ! Ce matin, la frustration est grande de ne pas avoir pu le mater davantage.
    Le mardi, je m’arrange pour arriver à l’arrêt du bus un peu plus tôt. Mais le petit brun n’est pas là, pas encore. Il arrive quelques minutes plus tard. Je me place de sorte à ne pas être loin de là où il va probablement s’arrêter, et je me tourne un peu vers lui. Et là, je croise son regard fixement rivé sur moi. En une fraction de seconde, je passe de la joie de le revoir à la crainte qu’il ait fini par capter mon attention certainement trop insistante et par en être indisposé.
    Mais contre toute attente, le bogoss me lance un « Bonjour » bien sonore avec sa voix douce, accompagné d’un super joli sourire, comme s’il était content de me voir. Après un instant de flottement, je le salue à mon tour. Enivré par ce premier contact inattendu, je cherche le moyen d’engager une conversation. Mais je ne sais vraiment pas par quel bout commencer.
    Au fond, je ne sais pas ce que j’espère. Je ne veux pas essayer de le draguer, j’aime trop mon Jérém. De toute façon, le gars m’est complètement inaccessible. Le fait est qu’il me fait un peu plus envie chaque jour. C’est dur de côtoyer un si beau mec et de ne pas être tenté. Alors qu’est-ce que je peux espérer, de devenir son pote ? J’aimerais bien, mais comment se contenter d’être pote d’un gars dont on a grave envie ? De toute façon la question ne se pose pas, ce n’est pas parce qu’il m’a dit bonjour que le gars a envie de quoi que ce soit d’autre avec moi.
    Le mercredi, lorsque je me pointe à l’abribus, il n’y a encore personne. Mais deux minutes plus tard, je le vois arriver de loin. Je le regarde et le bogoss me lance un nouveau « bonjour » porté par voix mâle et pourtant douce qui me fait vibrer, accompagné par un nouveau beau sourire qui finit de m’achever.
    Comme la veille, j’ai envie de lui parler. J’ai même trouvé un sujet de conversation, je vais lui demander ce qu’il fait comme boulot. Ça n’engage à rien, au fond. La situation est idéale, nous sommes que tous les deux. Je sais que je n’ai qu’une seconde, avant qu’il ne déplie son journal et qu’il s’y plonge dedans. Une seconde où je me sens pousser des ailes, une seconde qui paraît une éternité. Mais pendant cette éternité je n’arrive pas à me décider, et je ne fais rien.
    La seconde d’après, c’est déjà trop tard. Je regarde ses avant-bras se plier, ouvrir les pages avec un geste bien assuré, bien mâle. Je me dis qu’à la rigueur je pourrais encore engager la conversation pendant qu’il tourne une page. J’ai le cœur qui tape à dix-mille.
    Mais déjà trois nanas approchent de l’arrêt de bus tout en discutant bruyamment. Je sens mon courage s’évaporer instantanément. Aujourd’hui non plus, je ne lui parlerai pas.
    Jeudi, même manœuvre que la veille, le beau brun arrive, je croise son regard. Et cette fois, c’est moi qui lui dis bonjour en premier. Et là, je n’y crois pas, le gars me rend le bonjour avec un sourire encore plus grand que les deux jours précédents (genre « je suis vraiment content de te voir »). Une fois de plus, je voudrais savoir profiter de ce premier contact, de cette petite ouverture pour engager une conversation. Mais il y a déjà plein de monde à l’arrêt de bus. Et de toute façon, je suis tellement troublé par son sourire que je perds tous mes moyens. Nous restons côte à côte sans rien dire, lui le nez plongé dans son journal comme d’hab, moi en ressassant ma frustration, comme d’hab, jusqu’à l’arrivée du bus.
    Le vendredi matin, je me sens bien décidé à lui demander ce qu’il fait dans la vie. Pourquoi je devrais avoir honte de lui parler ? Au fond, je n’espère rien de lui, et discuter avec un inconnu ce n’est pas interdit. Ce gars pourrait devenir mon « pote » du bus. Mais ce matin, le mec n’est pas là. Je l’attends avec impatience et fébrilité jusqu’à l’arrivée du bus, jusqu’à la fermeture des portes, jusqu’au démarrage du bus. Mais le bobrun ne vient pas. Il n’est pas là. Du moins physiquement. Car il est bien là, dans mon attente et dans ma déception. L’absence est une présence dans l’esprit, une présence exacerbée. Je me dis que peut-être il a déjà terminé sa semaine. Ou que, comme je le craignais, son chantier est fini et qu’il a changé ses horaires et ses trajets.
    Je me rends compte que tout ce petit manège est idiot, car il ne se serait jamais rien passé avec ce mec. Malgré tout, je trouvais bien sympa ce petit "contact" spontané qui s’était créé « entre nous », ce petit « bonjour » du matin accompagné par ce joli sourire. C’était à la fois un délice et une torture, mais ça faisait du bien et ça m’aidait à bien démarrer la journée.
    Soudain, je me demande ce que j’aurais ressenti, et comment j’aurais réagi si ce gars avait été partant. Non, je ne veux pas tromper Jérém. Mais j’ai tellement envie de sexe. Et ce gars me fait tellement envie ! Heureusement, la question ne se pose pas. Mais que se passerait-il si un jour je croise un mec qui me plaît et qui me fait des avances ?
    Par ricochet, je pense à mon bobrun, soumis aux mêmes tentations dans une ville comme Paris, convoité par des nanas et des mecs. Contrairement à moi, si l’envie lui prend, il n’a qu’à claquer des doigts pour l’assouvir. Comment peut-il résister à des tentations si nombreuses ? Jusqu’à quand ?

    Ce vendredi matin, en cours, je retrouve mes camarades. Tous, sauf Cécile, qui n’est pas là. Ce matin, je trouve mon camarade Raphaël particulièrement sexy, avec sa belle chemise bleu électrique avec deux boutons ouverts qui laissent entrevoir une petite pilosité très virile. Ce matin, il semble particulièrement de bonne humeur. Il finit par m’expliquer qu’il a passé la nuit à baiser « comme jamais » avec sa copine.
    Plus les jours passent, plus mon attirance pour ce gars grandit doucement en moi. Depuis quelques temps, lorsque je suis avec lui, je ressens un tel frisson dans le ventre, un tel désir, que j’ai de plus en plus de mal à contrôler mes regards, et même à suivre les cours. Et ce matin, sa présence, son parfum, sa belle petite gueule, sa proximité m’excitent terriblement.
    Ce vendredi midi, Monica et Fabien nous annoncent qu’ils ne viennent pas manger à la cafétéria et qu’ils ne viendront pas non plus au cours de l’après-midi.
    Depuis quelques jours, j’ai remarqué que ces deux-là semblent inséparables. Je me demande si entre eux, il n’y aurait pas plus que de la camaraderie.
    Comme Cécile n’est pas là non plus, je me retrouve à manger au resto U en tête à tête avec Raph.
    « Fabien va tirer son coup ! » il me lance, alors que nous venons de nous installer à une table devant nos assiettes escalope purée.
    « Tu crois ? ».
    « Monica est prête pour se faire secouer ».
    « Tu crois qu’ils sont ensemble ? ».
    « Je ne sais pas s’ils sont ensemble, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils vont baiser cet aprèm. Hier Fabien m’a dit qu’il avait acheté des capotes au cas où… ».
    « Il t’a dit ça… ».
    « Oui, hier ».
    Je me fais la réflexion que ce n’est pas à moi qu’on parlerait de ce genre de sujet. Comme déjà au lycée, je n’existe pas pour ce genre de confidence entre mecs. Mais au fond de moi je me dis que c’est normal qu’il en ait parlé à Raph, car ce mec inspire la confiance et la camaraderie.
    « Toi aussi tu vas pouvoir tirer ton coup… » il enchaîne, de but en blanc.
    « De quoi tu parles ? ».
    « Avec Cécile… ».
    « De quoi ? ».
    « Ne me dis pas que tu n’as pas remarqué qu’elle est folle de toi ! ».
    « Mais non, on s’entend bien, c’est tout ».
    « Mon cul, oui ! Non, ce n’est pas tout, en tout cas ce n’est pas tout de son côté à elle ».
    « Tu dis n’importe quoi ! »
    « Je t’assure, je sais reconnaître une nana prête à se faire secouer ! Mais t’as rien vu, sérieux ? Même Monica l’a vu ».
    « C’est vrai, ça ? ».
    « Mais t’es puceau ou quoi ? ».
    « Non, non… mais… ».
    « Et tu n’as rien vu ?! » il répète, sur un ton dépité « Mais t’es bête ou quoi ? Quand elle te regarde, elle a des étoiles plein les yeux ! ».
    Soudain, je réfléchis à ma relation avec Cécile à la lumière les mots de Raph. Certes, au fil des cours, il s’est installé une complicité entre elle et moi. En cours, elle est tout le temps assise à côté de moi et j’ai l’impression qu’elle s’entend mieux avec moi qu’avec les trois autres. C’est à moi qu’elle demande d’expliquer des passages du cours quand elle n’a pas pigé.
    Elle me questionne sur ma vie à Toulouse, elle s’intéresse à moi. C’est vrai que je suis le seul à qui elle pose autant de questions. Mais de là à ce qu’elle me kiffe, je n’avais pas fait le lien, vraiment pas.
    Mais si même Monica a vu ça, c’est que ça doit être vrai…
    « Si tu le dis… » je fins pas admettre.
    « Je le dis, je confirme et je signe ! Elle a envie de toi ! ».

    Je sèche les cours de l’après-midi pour prendre le train de 14 heures 37 pour Paris Montparnasse. Dans le train, je réfléchis toujours aux mots de Raphaël au sujet de Cécile. Je repense désormais à certains regards, à certains silences, à certaines attitudes. Et je me surprends à trouver flatteur qu’une nana s’intéresse à moi. Le fait de plaire fait du bien à l’égo, d’où que ça vienne. Même si cette attirance est à sens unique.
    Car moi je sais qu’elle est à sens unique, et que je n’aimerai jamais Cécile plus qu’en tant qu’amie. Mais elle ne le sait pas. Je me dis que je ne peux pas la laisser se faire plus longtemps des illusions. Dès que je rentre sur Bordeaux, il faut que je lui dise que j’aime les garçons, pour qu’elle puisse passer à autre chose. Mais comment j’ai pu ne pas voir qu’elle s’attachait à moi ?
    Le train roule à toute allure à travers la campagne. Dans la rame, rien n’attire particulièrement mon attention. Ce qui est à la fois plutôt décevant, car la bogossitude illumine l’existence comme un rayon de soleil, mais propice à la concentration, car en sa présence je suis assez incapable de me concentrer sur autre chose.
    J’en profite pour plonger mon nez dans le deuxième tome de la saga d’Harry Potter. J’en suis à l’exfiltration d’Harry de la maison de l’oncle Vernon, en pleine nuit, par son pote Ron, au bord d’une voiture volante, lorsque quelque chose attire enfin mon attention. Nous venons de repartir de la gare d’Angoulême, après un arrêt de quelques minutes. Et le paysage dans ma rame a quelque peu changé.
    Deux rangées plus loin, de l’autre côté du couloir, assis face à moi, un mec sexy à mort vient de s’installer. Genre 20 ou 21 ans je dirais, brun, même très brun, le regard bien ténébreux, bien viril, avec un petit bouc lui aussi très brun, mat de peau, l’air quand-même un brin racaille. Une impression renforcée par sa tenue, casquette noire vissée à l’envers sur la tête, veste à capuche avec le zip complétement ouvert, laissant apparaître un t-shirt blanc à col rond sur lequel est posée une chaînette de mec assez épaisse. Il porte également un jogging en tissu molletonné gris laissant deviner une bosse plutôt prometteuse, ainsi que des baskets jaunes et bleu fluo, et des chaussettes blanches en coton.
    Bref, le mec est sexy à un point que le simple fait de le regarder, sans même avoir pu croiser son regard, provoque ce flottement si agréable de l’esprit qui ressemble à la fois à une douce ivresse et à une gueule de bois terrible, ce flottement qui est l’éternelle oscillation entre désir et frustration.
    Le bogoss est accompagné d’une pétasse vulgaire à souhait qui est accrochée à son cou comme une moule a son rocher. Quel dommage que très souvent, chez les p’tits cons, chez les petits kékés sexy, leur degré de sexytude ne soit égal qu’à leur mauvais goût en matière de nanas.
    Plus je le regarde, plus je me dis que le gars dégage une sensualité intense, avec un je-ne-sais-quoi d’animal. Je ne peux m’empêcher de me dire que si sa dinde est aussi folle de lui, c’est qu’elle doit l’être de son corps, de sa queue, de ses coups de reins, de sa virilité. J’imagine le bogoss en train de la baiser, et la nana en train de crier son plaisir. J’essaie d’imaginer le mec en train de prendre son pied, en train de jouir. Je bande.
    Après d’innombrables bisous baveux sur l’une des jolies oreilles sexy du bogoss, la pouffe se décolle enfin. Le mec vient de recevoir un message sur son portable, le montre à la nana, qui le prend dans sa main. Ça doit être un truc drôle, car le bogoss se marre. Mais pas la nana. Au contraire, elle semble vexée. Et le mec a l’air de se moquer d’elle, son visage s’illumine d’un beau sourire amusé et plein de malice qui ajoute de nombreux degrés supplémentaires à une sexytude déjà incandescente.
    Puis, un instant plus tard, alors que la nana semble en train de répondre au message, le bogoss s’étale complètement dans son fauteuil, il avance nonchalamment le bassin sur le siège, il écarte un peu ses cuisses, il glisse les mains dans ses poches. Attitude qui déclenche instantanément en moi une furieuse envie de me retrouver à genoux entre ses cuisses et d’avaler sa virilité.
    Et là, il fait le truc qui me rend dingue. Ça ne dure qu’une ou deux secondes, mais je suis sûr d’avoir détecté qu’il se touche la queue et les couilles à travers la poche. Son geste ne dure vraiment pas longtemps, mais il a le pouvoir de me rendre fou. Puis, le bogoss reprend son portable. La grognasse se recolle à son cou et recommence à le dévorer de ses lèvres trop rouges. Je me demande s’ils ont baise hier soir, s’ils vont le faire tout a l’heure…
    Nous allons arriver en Gare de Blois lorsque le bogoss se lève, suivi de sa pouffe. Et une fois debout, il a ce geste s’un érotisme inouï à mes yeux, il lève les bras, il plie les coudes, il croise les mains derrière la tête, il penche le buste et la tête en arrière. Bref, il s’étire.
    Et là, par la magie des glissements des tissus, les pans du pull s’écartent, le bas du t-shirt glisse vers le haut, dévoilant au passage l’élastique de son boxer, ainsi que les deux lignes convergentes et assez marquées du pli de l’aine. Le t-shirt remonte encore un peu, jusqu’à dévoiler une petite mais très excitante portion de pilosité brune sortant de l’élastique du boxer et remontant tout droit en direction de son nombril. Image d’un instant, et néanmoins furieusement érotique, scandaleusement érotique. D’autant plus que ce geste me rappelle certaines attitudes de mon bobrun pendant que je suis à genoux devant lui, en train de rendre honneur à sa virilité comme il se doit. Quand je pense que c’est cette pouffe qui se tape ça !
    Je regarde le mec s’éloigner dans le couloir, les tripes vrillées à l’idée de le voir disparaître de ma vue dans un instant. D’autres passagers se lèvent, le bogoss est englouti par une foule anonyme. Adieu beau brun sexy à mort qui a illuminé de ta présence une partie de mon trajet vers Paris !
    Le train relance sa course, et pendant quelques minutes l’écho de la présence sexy du beau brun à casquette vibre encore dans ma rétine, dans ma mémoire, dans mon esprit, dans mes entrailles.
    Ce n’est qu’au bout d’un petit moment que j’arrive enfin à retrouver Harry et Ron en train de se faire malmener par le saule cogneur du château de Poudlard.
    Le souvenir du beau brun à casquette s’estompant peu à peu de ma mémoire, je frémis à l’idée de retrouver mon bobrun à Paris.
    Car, si chaque bogoss qui rentre dans mon horizon suscite en moi des désirs et des fantasmes, ces derniers disparaissent au moment même où le bogoss en question disparaît de ma vue et de ma vie. Car, même si je ne peux m’empêcher d’être aimanté par la bogossitude, je n’ai aucune envie de tromper Jérém, aucune. Mais c’est quand-même dur de ne pas faire l’amour pendant deux semaines,
    Ça doit être la même chose pour lui. Est-ce que mon Jérém, très porté sur le sexe, a tenu bon ? Est-ce que je ne risque rien en continuant à coucher avec lui sans me protéger ? Je ressens un frisson douloureux en me posant ces questions.
    Mais comment affronter le sujet de la protection ? Comment lui imposer une capote sans le braquer, sans lui faire comprendre que je ne lui fais plus confiance ou sans provoquer en lui le doute que j’ai pu prendre un risque de mon côté ? Comment mettre une capote entre nos deux désirs, au beau milieu de notre complicité sexuelle sans lui mettre un sacré coup ? Comment exiger une capote dont je n’ai, par ailleurs, pas du tout, mais pas du tout envie ?
    Je me pose trop de questions, je ne suis pas bien. J’ai besoin d’être rassuré, j’ai besoin de retrouver confiance, j’ai besoin de penser à autre chose.
    Je sors de la poche de mon blouson les deux petits cadeaux emballés dans du papier cadeau. Je pense que les photos de Campan vont lui faire plaisir. J’espère que ça va être le cas aussi pour cette nouvelle chaînette de mec que je lui ai achetée dans la semaine.
    Moi, en tout cas, je l’aime beaucoup. Dès que je l’ai vue dans la bijouterie de la rue Sainte Catherine, avec ses mailles brillantes, épaisses sans l’être trop, et dès que la vendeuse me l’a mise dans mes mains, en me demandant « c’est un cadeau ? », dès que j’ai senti son poids et sa texture entre mes doigts, je me suis dit que ça lu irait à ravir. Je suis impatient de la voir pendouiller de son cou, se poser sur ses pecs, et de la voir onduler au gré de ses va-et-vient pendant qu’il me fait l’amour.
    Oui, plus je m’approche de Paris, plus j’ai envie de lui. Ah putain, comment il me tarde ! Je compte les heures et les minutes qui me séparent de nos retrouvailles.
    Je suis tellement content qu’il ait son appart et que nous puissions nous voir tranquillement. Et je suis tellement content qu’il ait accepté que je vienne le voir. Je trouve que c’est une belle preuve d’amour.
    A l’approche de Paris, le train ralentit. Il est 17h20, nous sommes à l’heure. Au gré des virages du chemin de fer, j’arrive à apercevoir la tour Eiffel au loin. Paris est là, juste devant moi. Les battements de mon cœur redoublent d’intensité et de vitesse.


    Prochain épisode « 0231 Sous le ciel de Paris (partie 1/3) », dans 10 jours.

     


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