• 30 Le vendeur du magasin d’électroménager (version 2023 et version 2014)

    30 Le vendeur du magasin d’électroménager (nouvelle version 2023)

    Toulouse, juillet 2016.

     

    Ce samedi matin, j’ai enfin décidé d’aller m’acheter un lave-linge. Je me rends donc dans un magasin spécialisé situé dans un centre commercial situé au sud de Toulouse pour bénéficier des conseils d’experts.

    Je viens tout juste de rentrer dans l’immense espace de vente lorsque ta présence me percute comme un semi-remorque lancé à toute allure.

    Tu es brun, la peau bien mate, je te donne tout juste la trentaine. Ta chevelure insolemment fournie est rabattue vers l’arrière et fixée avec un bon coup de gel. Ça te donne un air de jeune fauve à l’insolente virilité. Ta belle barbe brune de quelques jours, bien drue, est soignée au cordeau, les contours très nets. Décidemment, tu ne négliges point ton apparence. Tu sais que tu es bogoss, et tu tiens à l’affirmer. Je remarque que tu as les yeux gris. Un brun aux yeux gris, ça ne court pas les rues. Ça m’intrigue. Et ça me charme. 

    Il y a quelque chose d’intense, de félin dans ton regard. C’est un regard de tigre, un tigre mâle, plein d’une sauvagerie que je sens latente, et presque palpable. Un tigre bien musclé, au sommet de sa vigueur, un tigre prêt à bondir sur sa proie.

    Mais aussi un tigre « en cage », engoncé dans une tenue aux couleurs du magasin, et comme « emprisonné » derrière le comptoir. Un tigre rongeant son frein, fusillant partout autour de lui avec son regard de b(r)aise.

    Lorsque je l’ai croisé pour la première fois, je n’ai pas pu le soutenir plus que quelques dixièmes de seconde avant d’en être comme foudroyé.

    Car ta présence et ton regard m’intimident au plus haut point. Je devine chez toi un potentiel de mec dangereux, le genre de gars qui pourrait vite démarrer pour peu qu’on le cherche.

    Beau tigre brun, sous ton gilet rouge, tu portes un t-shirt noir. Pour moi, le noir occupe la deuxième place du podium des couleurs les plus sexy pour un t-shirt, juste derrière l’inégalable, l’imbattable, le sublime, j’ai nommé le blanc. 

    Le blanc sublime la brunitude par le biais d’un contraste saisissant.

    Le noir sublime lui aussi la brunitude, mais par le biais d’une insistance, d’une délicieuse redondance.

    Chacune des couleurs joue le rôle d’un exhausteur de brunitude, et de bogossitude plus en général.

    Excellent choix, le noir, mon beau vendeur !

    Et excellent également le choix du col, en V, à l’échancrure assez profonde, laissant entrevoir la douce naissance de tes pecs, ainsi qu’un généreux aperçu de peau mate parsemée d’une délicieuse repousse de poils bruns, une toison mâle visiblement rasée depuis quelque temps déjà. Ta peau a l’air très douce, et mes lèvres ressentent déjà l’envie irrépressible de s’y poser dessus, sans tarder, et sans retenue.

    Le coton noir qui dépasse de ton gilet semble avoir été coupé exprès pour mouler l’arrondi de tes épaules et le calibre de tes biceps. Des biceps qui deviennent carrément impressionnants à chaque fois qu’ils sont sollicités par un mouvement de ton bras, dessinant ainsi une jolie bosse musclée.

    Et puis il y a le détail, le truc sexy qui m’achève. Pas un, mais deux. D’abord, une chaînette de mec aux mailles larges posée autour de ton cou puissant, descendant sur tes pecs saillants. Mais aussi, et surtout, un tatouage qui démarre juste en-dessous de la manchette gauche de ton t-shirt, disparaît ensuite sous le coton, pour réapparaître dans le creux de ton épaule et remonter en direction de ton oreille. 

    Une chaînette qui n’est pas sans m’en rappeler une autre, sur une autre peau mate, une chaînette tant de fois vue en train d’onduler au gré des va-et-vient d’un garçon en train de me faire l’amour.

    Un tatouage qui, lui non plus, n’est pas sans m’en rappeler un autre, celui que Jérém s’était fait faire après le bac.

    Me voilà subjugué par ta sexytude, oh splendide Tigre Mâle, tout en étant happé par une mélancolie qui ressemble à un abîme sans fin.

    Je m’approche un peu de toi, juste ce qu’il faut pour lire ce qui est marqué sur ton badge.

    « Kevin ».

    Je trouve que ce prénom te va comme un gant. Parfaite désignation de jeune mâle.

    Pendant cette manœuvre d’approche « incognito », je croise une nouvelle fois ton regard. Tu dégages vraiment un truc animal, sauvage, un truc qui m’inspire un désir complétement déraisonnable mêlé à un irrépressible sentiment de danger. Un mélange viril qui me donne carrément le tournis.

    Tu as l’air d’un mec pas commode, instinctif et impulsif, d’un bon macho, un tantinet bourrin et probablement homophobe, à fleur de peau vis à vis de ta sexualité, capable de démarrer au quart de tour dès lors qu'on te chatouillerait à peine sur ce sujet. Je t’imagine bagarreur, plus à même de régler tes différends en jouant des poings que de la diplomatie. 

    Je regarde tes grandes mains puissantes de mec et j’imagine la prise qu’elles pourraient avoir sur mon corps si tu acceptais, rêver est toujours permis, de défouler tes besoins de mec sur moi.

    Je rode entre les étalages, télé, ordi, frigo, consoles, portables. J’erre sans but réel, je crois qu’en fait je ne cherche qu’à attirer ton attention, à te pousser à venir me voir. 

    Bingo, tu finis par quitter ton comptoir et approcher avec ta démarche féline, assurée, implacable.

    Putain, qu’est ce que je vais bien pouvoir te raconter ? Je sens que je perds tous mes moyens, que je ne vais même pas être capable de soutenir ton regard de près…

    (T’as le chic Nico, pour te fourrer dans des situations pas possibles ! Maintenant, il faut assumer mon grand !)

    Tu es désormais devant toi, à un mètre de moi, à moins d’un mètre de moi, tout près, et tu me fixes. Je sens ton regard sur moi, un vrai regard qui me déshabille, qui me pénètre. As-tu déjà senti le désir qui me ravage ?

     Bonjour Monsieur.

    Ta façon de m’appeler « Monsieur » installe d’entrée une certaine distance entre nous, mais n’empêche qu’elle me fait drôlement d’effet.

    Et en plus, évidemment, tu as la voix de l’emploi. Chaude, vibrante, avec beaucoup de graves, une voix qui sent la testostérone à plein nez. Et tu as le ton qui va bien, le ton d’un mec sûr de lui, habitué à se faire entendre et à être écouté.

    (Oui, mec, vas-y, donne-moi des ordres, dis-moi de te pomper jusqu’à te faire jouir et somme-moi d’avaler ton jus !)

     Bonjour… je bafouille.

     Vous avez besoin d’un conseil ?

    (J’ai surtout besoin de te sucer, oui !)

     Je… je… je… regarde… 

    (Oui, tu regardes quoi, Nico ?)

     Je regarde… 

    (Je ne sais plus où j’habite !)

    Je suis venu pour acheter un lave-linge. Mais un lave-linge me paraît tellement pas… fun ! Vite, vite, il faut que je trouve quelque chose de plus « sexy » !

    (Mais regarde devant toi, espèce d’idiot, tu es en face des casques audio ! C’est fun, ça, un casque audio…)

     Je me tâte pour acheter un casque audio !

    (Sauvé, Nico ! Respire maintenant !)

     Voyons, je peux vous conseiller ce modèle… 

    Bien évidemment, tu es encore plus intimidant maintenant que tu es devant moi que tout à l’heure derrière ton comptoir. Tu es si près de moi qu’on pourrait dire que tu as dépassé les limites de mon espace vital. Cette proximité me met mal à l’aise et m’excite en même temps.

    Je ne sais pas trop comment décrire la sensation que je ressens à cet instant. On dirait qu’autour de toi ça sent… le mâle. Oui, le mâle. Il n’y a pas d’autres mots pour décrire cela. Tu es juste là, devant moi, et tout d’un coup l’air est comme saturé d’une sorte de sensualité sauvage. Ça pue carrément le sexe autour de toi.

    Pendant que tu me parles, j’ai du mal à me concentrer sur tes mots. Je me sens chavirer. Mes narines sont percutées de plein fouet par un parfum, ton parfum de mec.

    C’est un parfum frais, à la fragrance poivrée et entêtante, un parfum qui me transporte loin d’ici, dans une salle de bain où tu t’es certainement douché, plus tôt ce matin. J’imagine l’eau ruisselant sur ce beau corps d’homme, je t’imagine en train d’étaler le gel douche sur ta peau mate, de recouvrir tes muscles d’une mousse fine et soyeuse.

    Je t’imagine en train de parcourir chaque recoin de ton corps, jusqu’à la queue, de t’y attarder, pourquoi pas la caresser, pourquoi pas faire tomber une belle trique matinale par une bonne branlette sous l’eau chaude – à quoi, à qui penses-tu pendant que tu t’astiques le manche ? – pendant que ta copine est encore au lit ou en train de préparer le petit déjeuner. Est-ce que tu as couché avec elle hier soir ? Est-ce que tu lui as fait l’amour, est-ce que tu l’as baisée ? Ou bien elle t’a juste sucé, avalé peut-être ?

    Je t’imagine en train de jouir sous la douche, j’imagine les jets puissants giclant de ta queue et se perdant dans l’évacuation. Quel gâchis !

    Je t’imagine rester encore un moment sous l’eau, presque hébété, en train de récupérer de l’effort. Tu ressors enfin de la cabine, le corps ruisselant, les cheveux dégoulinant et retombant en bataille sur ton front. Je t’imagine passer une main dans cette crinière épaisse pour la rabattre en arrière et dégager ton regard. Un geste à la sensualité inouïe et auquel, hélas, personne n’aura assisté. Quel immense gâchis, là aussi !

    Je t’imagine attraper ta serviette, t’essuyer. D’abord la tête, puis les épaules, le dos, les pectoraux. Je t’imagine en train de descendre en direction des abdos, de ta queue.

    Je t’imagine devant le miroir, en train de passer un coup de tondeuse à ta barbe brune. Puis, attraper le tube de gel fixant, en faire gicler une bonne dose dans la main et l’appliquer dans tes cheveux, passer plusieurs fois tes doigts dans ta belle crinière pour lui donner cet aspect « tiré vers l’arrière » qui joue un rôle de premier rang dans ton look de fauve indompté.

    Je t’imagine attraper ton déo, t’en vaporiser sous les aisselles, puis à hauteur de ses pectoraux, avec un geste ample, assuré, tel un Sébastien Loeb dans la fameuse pub du déo spray. 

    Tu passes ton t-shirt noir (je constate), un boxer blanc (je spécule), un jeans, tes baskets, et tu sors de la salle de bain tout beau, tout propre, prêt à te lancer dans un nouvel épisode de ta Vie de Mâle à la Virilité Ravageuse, prêt à aimanter, sans effort, d’innombrables regards. Prêt à inspirer, sans même en avoir totalement conscience, d’inavouables désirs sur ton passage.

    Voilà comment j’imagine ta « morning routine », ce fascinant ensemble de petits gestes quotidiens qui, en association avec ton charme naturel, t’ont conduit à cet instant à m’inspirer le plus brûlant et ravageur des désirs. Si seulement tu savais à quel point, à cet instant précis, pendant que tu me parles, je ne t’écoute guère. Car chaque parcelle de mon corps et de mon esprit tend vers ton corps et ta virilité avec une violence inouïe !

    Je crève d’envie de plonger mon regard et mon nez dans l’échancrure de ton t-shirt, d’humer de plus près ton parfum sublimé par la tiédeur de ta peau. Je meurs d’envie de caresser tes tétons par-dessus le coton, j’ai envie de te faire languir, de t’exciter à t’en rendre fou. Puis, soulever enfin le t-shirt et découvrir tes abdos, ton nombril, avant d’aller plus loin, plus bas, beaucoup plus bas dans ton anatomie mâle.

    Je bande déjà rien qu’en imaginant la ligne des poils, cette autoroute vers le plaisir, que doit être le chemin entre ton nombril et ta queue.

    En attendant, ton t-shirt noir tombe juste au-dessus de ta ceinture, annonçant un ventre dessiné ou en tout cas bien plat, dans tous les cas plaisant à regarder une fois dénudé. Pendant une fraction de seconde, mon regard tombe sur la braguette de ton jeans. Je constate ainsi la présence d’une jolie bosse. Mon regard s’attarde sur la boucle de ta ceinture en cuir bien épaisse. Je m’imagine déjà à genoux devant toi en train de défaire un par un les remparts qui me séparent de ta virilité et libérer enfin une queue bien raide prête à bondir dans ma bouche.

    J’ose tout juste imaginer le bonheur d’avoir en bouche un mec comme toi, beau Kevin !

     

    Soudain, quelque chose me tire brusquement de mes rêveries. Soudain, je réalise que quelque chose a changé autour de moi.

    Ce qui a changé, c’est que je n’entends plus le son de ta voix. Le silence qui en découle est carrément assourdissant et me rappelle à la réalité de façon plutôt abrupte. Mon regard passe directement de ta braguette à ton regard. Le trajet est un peu trop direct et un peu trop rapide, et lorsque mon regard croise à nouveau le tien, j’ai l’impression que tu as parfaitement capté son aller-retour vers ton entre-jambe.

    Tu me regardes fixement, tu plisses légèrement ses paupières. A cet instant, j’ai l’impression que tu es réellement en train de te demander si vraiment j’étais en train de mater ta braguette.

    Arffff !!! Et tu affiches toujours et encore ce regard si intense, si sauvage, si dangereux ! Ton regard me transperce dans tous les sens du terme. J’ai l’impression qu’il me déshabille, qu’il me pénètre, qu’il me fouille. J’ai presque l’impression de sentir déjà tes coups de reins puissants, ton souffle chaud et bestial dans le cou, ton animalité déchaînée au service de ton plaisir, l’odeur de ton foutre qui se répand dans mon cul.

    Je suis fou de désir. Mais face à ton silence prolongé, à ton regard fixe, interrogateur et menaçant, je suis instantanément mal à l’aise. Je dois me sortir au plus vite de cet embarras. Vite, Nico, trouve un truc ! Plus facile à dire qu’à faire, alors que je n’ai absolument rien écouté de ce que tu as raconté au sujet des casques, trop occupé à assouvir ma soif jamais étanchée de contempler ta mâlitude.

    Il va falloir trouver autre chose, et vite !

     En fait, je rame, en fait… j’étais… en train (de mater ta braguette, le bogoss) de penser… (à quoi, si ce n’est ta queue ?) que j’ai besoin… (de te voir à poil, de te prendre dans ma bouche !)… j’ai besoin… (de baiser avec toi ! Arrête Nico, ça va finir par t’échapper !)… j’ai besoin…

     Vous avez besoin de quoi, Monsieur ? tu m’assènes avec ta voix basse, à la fois autoritaire et sensuelle.

    Ta simple question m’a mis encore un peu plus la pression, si besoin était. L’accent que j’ai cru entendre sur le mot « quoi » n’a pas manqué d’attirer mon attention. Est-ce que tu as vraiment capté mon manège ? Est-ce que tu es déjà en pétard ?

     J’ai besoin… d’un téléphone… aussi… je finis par lâcher, mon regard étant tombé par hasard sur le rayon situé juste derrière toi.

    Il y a vraiment de tonnes de baffes qui se perdent.

     Fixe ou portable ? tu me lances sans tarder.

     Un smartphone…

     Venez, nous en avons en promo.

    Je te regarde te diriger vers le rayon concerné. Le contact de nos regards est rompu, je sors de mon apnée. Je t’emboîte le pas, les yeux rivés sur ce dos tout aussi solide que ton torse, et sur ta délicieuse chute d’épaules. Vraiment, tu as tout pour toi, mon beau Kevin !

     Nous avons plusieurs modèles, tu m’annonces en t’arrêtant devant le vaste présentoir où de dizaines d’appareils se côtoient. 

    Et te voilà reparti sur un speech technique pour me vanter les qualités de tel ou tel modèle. Je n’ai absolument pas besoin d’un smartphone, mais je te laisse faire ton numéro bien rodé de parfait vendeur, tant ta voix m’enchante, tant ton parfum entêtant monte à mes narines et vrille mes neurones.

    Devant à mon manque de réaction, tu finis par attraper un modèle et me le tendre. Et là, tu as cette phrase magique qui entraîne dans ma tête un délicieux double sens.

     Tenez, prenez-le en main pour l’essayer…

    J’aimerais bien que tu me demandes de la prendre en main pour l’essayer…

    Au moment de saisir l’appareil à mon tour, mes doigts effleurent brièvement les tiens. Cet infime contact de peau est particulièrement excitant pour moi, j’ai l’impression que les bouts de nos doigts viennent de faire des étincelles.

     Qu’est-ce que vous en pensez, Monsieur ?

     Qu’est-ce que j’en pense ? je bafouille.

     Du téléphone…

     Oui, du téléphone…

    (Quoi d’autre ?)

    Tu cherches mon regard, tu le trouves, tu le ferres, tu m’aveugles.

     Je pense que je voudrais en voir un autre…

    Je cherche à gagner du temps. Tu me tends la main pour récupérer le premier. Nos doigts se touchent à nouveau. Nouvelles étincelles. Toi, t’as l’air de ne rien ressentir de tel, je suis un peu déçu.

     Vous voudriez voir lequel ?

     Celui-ci…

     Il est un peu plus cher.

     Ça ne fait rien.

    Je demande à en voir un troisième, puis un autre encore. Je cherche toujours à gagner du temps. A gagner du temps pour je ne sais quoi en réalité. C’est juste que ta présence et ton regard et ton parfum me rendent dingue, et je n’ai pas envie de m’éloigner sitôt de toi.

    Je voudrais avoir le cran de te dire à quel point j’ai envie de te sucer et de t'offrir mon cul, mais je sais que je n’oserais pas. Alors, chaque instant que je passe près de toi, est une délicieuse torture.

    Je ne sais toujours pas comment je vais me tirer de là, me sortir de ce pétrin, je me laisse simplement porter. Je suis comme dans un état second. Si tu savais l’effet que tu me fais, beau mâle Kevin !

    Et c’est toi qui te charges de débloquer la situation, à ta façon.

     T’es sûr que t’es venu pour acheter un téléphone ?

    Tu es passé du vouvoiement au tutoiement, d’un coup. Le ton de ta voix est passé de la politesse contractuelle vers un client potentiel à la familiarité qu’on emploierait vers un inconnu agaçant. Ta voix auparavant posée est montée d’un cran, et elle ressemble désormais au rugissement d’un mâle irrité. Une question directe et tout bascule. Et les masques tombent.

     Je… je… je… je bafouille comme un con.

     Si tu veux juste me faire perdre mon temps, tu peux aller voir ailleurs.

     Je ne veux pas te faire perdre ton temps, je me morfonds, comme un idiot.

     Non, ce que tu veux, c’est me sucer !

    Ça a le mérite d’être clair. Mais ça ne me met pas à l’aise pour autant. Bien au contraire !

     C’est ça, tu veux voir ma queue ? tu insistes.

    Bien sûr que c’est ça que je veux ! Dès l’instant où je t’ai aperçu, j’ai eu envie de toi à en crever ! Mais tu me fais vraiment peur. Je ressens toujours l’impression que tu pourrais démarrer au quart de tour.

    Et soudain, une idée traverse mon esprit et me rassure un brin. Au vu de la situation – tu es sur ton lieu de travail, il y a d’autres clients qui se baladent dans le magasin, et tes collègues aussi – j’ai du mal à imaginer que tu prendrais le risque de me cogner. Alors, je prends de l’assurance, et je décide de tenter coup. Ça passe ou ça casse. 

     Oui, j’en ai envie… je finis par avouer.

    Tu me fusilles du regard. Alerte maximale, Nico. Fais gaffe à toi !

    Mais qu’est-ce que tu es sexy, beau Kevin, avec ce regard noir ! Et comment, là aussi, tu me rappelles mon Jérém ! Qu’est-ce qu’il était beau, lui aussi, comment sa brunitude devenait incendiaire, lorsqu’il était en pétard !

     Je ne suis pas ce genre de mec… tu assènes, comme un coup de poing.

     

    « Je ne sais pas quel genre de mec tu es, tout ce que je sais c’est que tu es foutrement sexy. Et je sais que quand je te regarde, j’ai envie de te faire tout ce dont tu pourrais avoir envie… vraiment tout… ».

     

    Ça, c’est ce que j’aurais eu envie de te dire. Mais il faudrait du cran pour cela, un cran que je n’ai pas. Au lieu de quoi, je m’excuse, comme un con, honteux comme si j’avais fait quelque chose de répréhensible.

     Désolé, j’aurais dû être plus discret…

    Ton regard ne fusille plus. Il fulmine. Il est foutrement chargé, noir, menaçant, hostile, on dirait un ciel tuméfié juste avant un gros orage d’été. Je vois tes poings se serrer au bout des bras que tu tiens, raidis, le long de ton torse. Tes biceps semblent palpiter, prêts à démarrer l’effort d’un instant à l’autre. 

    Instinctivement, je recule d’un demi pas.

     Si je ne bossais pas, je t’aurais déjà mis ma main dans la gueule…

    (Bien vu le demi pas en arrière, Nico). 

     Je vais partir, tu ne me verras plus… j’annonce ma défaite.

    Tu me regardes avec mépris, avec dégoût. Pendant une seconde, je me sens pire qu’une merde. J’ai envie de disparaître dix mètres sous terre. 

     J'ai l'air d'un pédé, moi ?

     Pas du tout, j’ai rarement vu mec plus viril que toi, je te rassure. Avant de continuer : C’est pour ça que tu me fais tant envie !

    J’ai envie de te dire à quel point je te trouve sexy et bandant, j’ai envie de te dire que si tu me laissais te sucer, je suis sûr que tu aimerais. J’ai envie de te dire que j’ai juste envie de te sucer, et il n’y a pas de quoi en faire un drame ! Parce qu’une pipe ça ne se refuse jamais – c’est bien ça que vous dites entre vous, les hétéros, non ? J’ai envie de te dire « si tu as envie de me cogner, fais-le avec ta queue ! ».

    Mais je ne sais rien te dire de toutes ces vérités. Je renonce, je démissionne, je cède à ma peur, à ma honte, à ma défaite brûlante. Alors que je crève d’envie de baiser avec toi.

    Sans plus attendre, je fais demi-tour et je me dirige vers la sortie du magasin vers la galerie commerciale.

     

    Je n’ai pas le temps de faire trois pas lorsque j’entends ta voix.

     Eh, toi, reviens là !

    J’adore le ton que tu as mis dans ces quelques mots. Ça ressemble à un ordre, à une sommation. Je stoppe net. Je me retourne. Ton regard noir est toujours là. Avec un geste rapide de la tête, tu me fais signe d’approcher. Je m’exécute, docile devant mon nouveau maître.

     J’ai une pause dans 20 minutes. A moins le quart, file aux chiottes à côté de la sortie 3 et enferme toi dans la dernière cabine contre le mur. Je taperai à la porte…

     Entendu, je valide sa proposition inespérée. Je ne m’attarde pas, au cas où il changerait d’avis.

    Un frisson géant prend naissance dans mon ventre et secoue mon corps tout entier, jusqu’à mon esprit. Je n’arrive pas à croire à ce retournement soudain de situation ! Ma peur, ma honte et ma défaite disparaissent aussitôt, aussitôt remplacées par une euphorie sans commune mesure.

    Pourvu que j’aie bien compris, pourvu que tu ne changes pas d’avis, que tu ne me plantes pas comme un con, ou que tu ne viennes pas juste pour me cogner plutôt que pour me baiser !

     

    Je passe les quelques minutes avant le rancard à prendre un café et à essayer de me détendre. Mais je n’y arrive pas. Mon esprit est ailleurs, il est déjà vingt minutes dans le futur, à l’instant où je serais à genoux devant toi. Je regarde plusieurs fois ma montre, avec une impatience et un affolement grandissants. Mon ventre est secoué par d’intenses frissons, j’en tremble presque.

    J’ai quand même la présence d’esprit de passer à la pharmacie de la galerie marchande pour acheter des capotes. Des capotes pour toi, Kevin, beau fauve mâle qui va me baiser dans quelques minutes à peine.

    Bien entendu, j’aimerais par-dessus tout que tu me prennes « à cru » et que tu gicles toute ta sève brûlante de mâle au plus profond de moi. Mais le monde parfait, celui sans MST et sans SIDA, n’est toujours pas d’actualité. Alors, en attendant, qu’est-ce que je kiffe le fait d’acheter des capotes pour que tu puisses me baiser ! Ma trique tend dangereusement mon jeans, mes mains tremblent lorsque je sors mon portefeuille pour régler ce petit équipement de l’amour.

     

    Je me rends au rendez-vous avec quelques minutes d’avance. Je m’enferme dans les toilettes. J’ai le cœur qui bat à dix mille à l’heure, j’ai le souffle coupé. Je n’arrive pas à croire que je vais faire ça avec toi, ici, dans ce lieu public. Je me surprends à imaginer que tu te dégonfles, que tu me poses un lapin.

    Mes narines me ramènent les odeurs mélangées d’urine et de javel typiques de ce genre de lieux. Ce n’est pas banal, il faut bien l’admettre, que des odeurs de toilettes puissent assurer la fonction de « madeleine de Proust ». C’est pourtant le cas pour moi aujourd’hui. Car cette odeur si particulière me hante depuis longtemps, et à chaque fois que je me rends dans une toilette publique. Car elle me ramène instantanément à un plan avec Jérém dans les chiottes du lycée, l’une de nos premières baises, l’une des plus chaudes, une bonne sauterie entre deux cours.

    Jérém qui me prend direct par derrière, moi plié au dessus du WC, Jérém qui jouit en moi et qui se tire juste après, sans un mot. Jérém que je retrouve en cours quelques instants plus tard, assis à côté de sa copine du moment, l’air serein comme s’il ne s’était rien passé, comme s’il ne venait pas tout juste de gicler dans mon cul. Alors que moi, j’avais l’impression d’avoir précisément l’air d’un mec qui venait tout juste de se faire baiser.

    Aujourd’hui, l’attente me semble tout aussi longue que ce jour-là. Je ferme les yeux, je replonge dans ce moment vieux de quatorze ans. C’est comme si j’avais à nouveau 18 ans et que j’étais à quelques semaines du bac. J’ai presque l’impression que c’est Jérém qui va taper à la porte et qui va venir me baiser, et me remplir.

     

    Trois petits coups rapides sur la porte en plastique se chargent de me tirer de ma rêverie nostalgique.

    Je rouvre les yeux, je débloque le loquet, je me range derrière la porte. Au fond de moi, j’espère toujours que c’est Jérém. Mais non, on est bien en 2015, les enceintes au dessus des lavabos diffusent « Sugar » de Maroon 5, titre qui n’existait pas encore en 2001.

    Et c’est bien toi, beau et sexy Kevin, qui passes la porte et qui la refermes derrière toi. C’est pas Jérém, certes, mais c’est déjà plutôt pas mal.

    Tu es là, je n’ai pas rêvé, tu ne t’es pas dégonflé, tu ne m’as pas planté. Et tu as l’air plutôt partant pour baiser.

    Tu te tiens debout devant moi, le dos appuyé à la cloison carrelée. Je m’approche de toi. J’ai envie de poser mes lèvres sur la peau dans l’échancrure de ton t-shirt. Putain qu’est-ce que tu sens bon !

    Mais tu as d’autres priorités, d’autres contraintes.

     Je n’ai que dix minutes, tu me balances, magne-toi, suce-moi !

    Le volume de la musique est assez élevé, tu ne crains visiblement pas d’être entendu. Est-ce bien la première fois que tu viens baiser un client dans cette cabine ?

    Tu défais ta ceinture, tu déboutonnes ta braguette. Tu as les idées claires et bien arrêtées, tu sais ce que tu veux. J’adore, je m’exécute, je me mets à genoux devant toi. Tu baisses ton jeans et tu me plaques la tête contre ta bosse généreuse. Tu me fais renifler ton boxer – qui n’est pas blanc comme je l’avais fantasmé, mais bleu – tu me fais découvrir ton odeur la plus intime et la plus virile. Et je kiffe à fond ton odeur de mec !

    Tes mains exercent une pression assez forte sur ma tête, mon nez et ma bouche s’écrasent contre le tissu élastique, contre cette queue qui est en train de déployer toute son envergure. Je la sens gonfler près de ma bouche, je commence à remuer mes lèvres, j’ai envie de titiller ton gland à travers le tissu fin. Mais tu appuies encore plus fort, rendant impossible toute initiative de ma part.

    Voilà un bon mâle dominant, un mâle qui mène la danse. Je kiffe, je kiffe, je kiffe !

    Ta queue est bien raide lorsque tu relâches enfin la pression, utilisant la main qui me contraignait pour éloigner ma tête d’un geste dédaigneux. Tu baisses ton boxer, tu dégages ton bel engin. Je n’arrive toujours pas à croire que je vais avoir droit d’y toucher. Et pourtant !

    Sans autre forme de procès, tu glisses directement ton mât entre mes lèvres offertes, tout en m’intimant : 

      Bouffe ma queue, petite pute !

    Douce musique pour mes oreilles. Et en plus, tu sais me parler. Ça, je l’avais pressenti. Et je ne m’étais pas trompé d’un iota. Sans plus attendre, j’avale ton manche jusqu’à le faire disparaître presque entièrement dans ma bouche.

     Oui, vas-y comme ça, salope !

    Tes encouragements me donnent des ailes. Je te pompe avec l’intention de t’offrir la pipe de ta vie. Mais tu ne tardes pas à reprendre le contrôle, à imposer ton rythme, tes envies. Tu envoies de bons coups de reins, tu me baises carrément la bouche. Tes mains se portent sur ma nuque pour la maintenir et décupler l’efficacité de tes coups de bélier. J’encaisse avec le plus grand des bonheurs, j’encaisse pour te faire plaisir.

    Après une bonne chevauchée sauvage donnant la mesure de tes talents de mâle, tu dégages tes mains de ma tête, tu stoppes net les oscillations de ton bassin, tu arrêtes de me baiser la bouche. Tu veux que je te suce à nouveau, à mon rythme. Et je te suce à nouveau, avec le plus sensuel des rythmes.

    « Je ne suis pas ce genre de gars », tu m’as dit tout à l’heure. Non, tu n’es pas « ce » genre de gars, non. Tu es juste « un » gars. Et une pipe, c’est bien une pipe. Fallait juste essayer, mon grand, pour découvrir que la bouche d'un mec ce n'est pas si dégueu que ça, et que c'est même plutôt bon. Qu’y goûter, c’est aimer.

    Pendant que je m’affaire pour ton plaisir de mec, tu décides de te mettre à l’aise, me faisant par la même occasion ce cadeau que j’appelais de tous mes vœux depuis le premier regard que j’ai posé sur toi. Et que je commençais à désespérer de pouvoir obtenir.

    D’un geste rapide, tu relèves l’avant du t-shirt, tu le fais glisser sur tes cheveux et tu le cales derrière le cou. Seules tes épaules restent couvertes. Ton torse est entièrement dégagé. Et là, en levant un peu les yeux, je peux enfin mater cette plastique de fauve sur laquelle j’ai tant fantasmé.

    Du bas vers le haut, je suis happé par le pli de l’aine délicieusement saillant, par la ligne de poils entre le nombril et la queue, pile comme je l’avais imaginée, brune et bien fournie, par ton ventre sans abdos apparents, mais plat et un brin poilu, par le relief plus qu’honorable de tes pecs parsemés de sublimes poils en train de repousser. Ils ont visiblement été les victimes innocentes d’un rasage dont les motivations ne peuvent être que fumeuses, et que je ne cesserai jamais de condamner.

    Pour compléter le tableau de ta plastique de fou, je me dois de citer également la délicieuse tentation de tes tétons bien saillants, ainsi que l’ensemble de ton mystérieux tatouage tribal qui part de ton biceps, remonte sur ton épaule, trace le long de ton cou, et se termine à la hauteur de ton oreille.

     C’est bien ça que tu voulais, salope, sucer une bonne queue, hein ?

    Tes mots font vibrer toutes les cordes sensibles de mon désir, même celles qui n’ont plus vibré depuis de longues années. Ton côté macho et dominateur, c’est tout ce que j’aime ! Par conséquent, j’acquiesce du regard, et je te suce avec de plus en plus d’enthousiasme.

    Mais ce n’est pas ça que tu attends de moi. Très vite, tu saisis à nouveau ma tête avec tes deux mains pour m’obliger à avaler ta queue de plus en plus profondément, de plus en plus brutalement. Elle est trop grande pour que je puisse l’avaler en entier et sans effort. Alors tu appuies un peu plus ta main sur ma tête, tu envoies un peu plus avec ton bassin. Tu exiges mon effort. C’est d’abord un peu douloureux, mais ça finit par devenir terriblement excitant. Être à la merci d’un fauve sauvage comme toi, ça me rend dingue !

     Qu’est-ce qu’il y a, salope ? Tu n’arrives pas à tout avaler ? 

    Là encore, j’ai l’impression d’entendre les mots de Jérém à l’époque de nos révisions avant le bac ou pendant l’été qui avait suivi. Si macho, si fier de ta queue, si bandant !

    Tu sors ton manche de ma bouche tout juste avant que je m’étouffe. Tu m’attrapes par les épaules d’un geste brusque, tu me bouscules, et tu me plaques face au mur. La précipitation de tes gestes traduit à la fois ton empressement, ton excitation, ton impatience. Et ta sommation.

    J’ai tout juste le temps de m’exécuter, de baisser mon jeans et mon boxer, avant que tu me glisses ton pieu brûlant dans ma raie. Un instant plus tard, je sens ton gland s’approcher de mon trou avec une assurance et une aisance qui ne manquent pas de me faire me demander si c’est bien la première fois qu’il s’approche d’un trou de mec.

    Dans l’état d’excitation extrême qui est le mien à cet instant, je crève d’envie que tu me prennes à cru. Je dois me faire violence pour laisser ma raison l’emporter sur la trique. Et je dois pas mal forcer, te forcer, pour me dégager de ta contrainte mâle, pour attraper la capote dans la poche de mon jeans et te lancer :

     Attends, mets ça d’abord !

     T’inquiète, je suis clean, j’ai une nana…

    Tu me balances ça comme si ce détail de ta vie était une garantie en soi. Ça ne l’est pas, en aucun cas. Je ne te connais pas, et si ça se trouve, tu n’as même pas de copine. Et en admettant que tu en aies une, rien ne me dit que tu ne baises pas ailleurs, parfois, et sans capote, avec des nanas qui couchent avec d’autres mecs, parfois, sans capote, elles aussi.

    Tu fixes la capote que je te tends, dans ton regard un mélange de mépris et d’agacement. A l’évidence, tu avais vraiment envie de me gicler direct dans le cul. Quel gâchis !

    Pendant un instant, je me dis que tu vas me planter là et te barrer.

    Mais non, tu finis par m’arracher la capote des doigts d’un geste sec. Le plastique de l’emballage résiste à tes assauts agacés, tu pestes, tu t’énerves. Ça promet bien pour la suite !

    Tu y arrives enfin, tu sors la petite couronne en latex, tu la poses au bout de ton gland, tu essaies de dérouler. Ça ne marche pas du premier coup, elle est à l’envers, comme souvent. Tu pestes encore, tu la retournes, tu finis par la dérouler le long de ton manche raide.

    Tu reviens coller ta queue désormais protégée dans ma raie. Tu avances à coup sûr, sans te tromper d’un poil. Tu m’encules avec précipitation, celle d’un gars pressé, un gars qui se fiche bien des désagréments qu’une pénétration si rapide peut provoquer à celui qui la reçoit. J’ai mal, mais je serre les dents. Je sais que c’est juste un mauvais moment à passer, je sais que lorsque tu commenceras à me limer, la douleur va disparaître et je vais kiffer ma race. 

     Quel sacré trou de pute, tu me glisses à l’oreille sur un ton délicieusement méprisant.

    Tu commences à me pilonner. Et là, comme prévu, ça devient vite bon à se damner. Ton gabarit me remplit bien, la fougue animale qui anime tes coups de reins me rend dingue.

     Cambre-toi bien, salope ! tu me balances, tout en tapant sur mes pieds pour que je les écarte davantage.

    Soudain, tu sors de moi. Puis, d’un coup sec et toujours aussi bien ciblé, tu replonges ta queue au fond de mon cul, m’arrachant au passage un petit cri étouffé de douleur.

     C’est ça que tu cherchais, hein ? Pas de casque, pas de téléphone, juste un bon coup de queue dans ton cul de pute !

    Tu me glisses ça du bout de tes lèvres, que tu as posé si près de mon oreille que je peux sentir non seulement ton souffle, mais également le piquant des poils de ta barbe.

    Je suis trop excité, j’adore ta façon de me parler crûment. J’ai vraiment envie d’être ta pute. Alors, je me laisse entraîner dans ton jeu.

     Oui, c’est ça, c’est tout ce que je cherchais. Et je suis tombé sur le bon mec, avec une queue d’enfer !

     Elle te plaît ma queue, hein ? 

     Putain qu’est-ce qu’elle me plaît !

     Tu aimes l’avoir dans le cul, hein ?

     Tu sais pas à quel point !

     Quelle pute tu fais !

    Tu sors à nouveau de moi, puis tu reviens. Tu recommences ton manège à plusieurs reprises, tu me fais languir. Et tu me défonces. Ton parfum envahit le petit espace, tes couilles frappent les miennes à chacun de tes assauts. Putain, qu’est-ce que c’est bon ! Je suis dans un état second. Je n’en peux plus, je ne peux me retenir de te balancer :

     Défonce-moi, putain ! 

     T’inquiète, tu vas en avoir pour ton grade !

    Tu enserres tes mains sur mes épaules dans une prise ferme, brutale, et tu commences à me limer avec une cadence de dingue. Tes coups de reins sont assénés avec une puissance dont je me délecte. Cet instant est exactement comme je me l’étais imaginé. Ton souffle chaud et bestial dans mon cou, ton animalité déchaînée. C’est même mieux que je me l’étais imaginé. Je ne contrôle plus rien, je t’appartiens entièrement.

    C’est vraiment ce côté « animal » qui me fascine chez toi, cette attitude de bon petit macho pour qui seul son propre plaisir compte.

    J’espère que la capote va tenir bon, qu’elle va supporter jusqu’au bout la sauvagerie de tes assauts.

    Et puis, ça vient. Je sens tes mains se contracter encore un peu plus, tes doigts s’enfoncer davantage dans ma chair. Je ressens l’intensité des secousses de plaisir qui agitent ton corps. Malgré la musique qui retentit dans le haut-parleur placé juste au-dessus de nous, je capte les râles que tu retiens de justesse. Tu jouis dans la capote, mais grâce à mon cul. Quel honneur, tu me fais, beau mâle Kevin !

    Tu te déboîtes aussitôt. Tu es pressé. J’ai perdu la notion du temps mais je pense que les dix minutes de ta pause sont passés depuis un moment. 

    Je me retourne. Rien dans ton attitude indique que tu envisages de me renvoyer l’ascenseur. Tu t’en fous si j’ai envie de jouir à mon tour ou pas. Tu as joui, le but est atteint. Tu enlèves ta capote et tu la jettes dans la cuvette, tu fais disparaître ta belle queue luisante de sperme dans ton boxer. Tu fais repasser ton t-shirt noir par-dessus la tête, il retombe sur ton torse comme un chat retombe sur ses pattes. Tu remontes ton jeans, tu agrafes ta ceinture. Le cliquetis que produit la boucle secouée par tes mouvements secs résonne dans mes oreilles avec une sensualité particulière.

    Dans le petit espace, l’odeur de foutre s’ajoute désormais aux autres odeurs de chiotte. C’est l’émanation olfactive de ton plaisir, du plaisir d’un superbe mâle.

    Je te regarde une dernière fois, et j’essaie de graver dans ma mémoire cette dernière instantanée de ton intimité sexuelle. Ton brushing a été un brin malmené par le double passage de ton t-shirt, ainsi que par la vigueur de tes assauts.

    La sueur a perlé sur ton front, tes lèvres entrouvertes laissent s’échapper des expirations puissantes que la musique m’empêche de capter. Ta pomme d’Adam se balade nerveusement le long de ta gorge, signe inconscient du passage récent de l’orgasme.

    Pendant une seconde, tu es complètement ailleurs, perdu dans l’atterrissage de ta jouissance de mâle, complètement déconnecté du présent. Ça ne dure qu’un instant, mais c’est beau, beau à en crever.

    — Salut ! tu me lances à la va vite, en défaisant le loquet. Et tu disparais, sans le moindre regard, sans le moindre égard. 

    Je referme la porte derrière toi. Et je me retrouve instantanément en tête-à-tête avec ma solitude.

    Tu as vraiment été un bon coup, Kevin ! L’impétuosité presque agressive de tes gestes, l’arrogance de ton attitude de mâle qui exige son dû, tout en méprisant celui qui le lui offre – bref, ta façon d’être et de me baiser – m’ont foutrement chauffé. Sans parler de ta queue vraiment bien foutue, de tes coups de reins puissants et sauvages, de tes mains saisissant ma chair, la contraignant, me donnant l’impression que je n’avais pas d’autres choix que de satisfaire tes envies jusqu’au bout.

    Et puis il y avait le contexte aussi. Ça s’est fait pendant ta courte pause, sur ton lieu de travail, dans une cabine des chiottes ouvertes au public. Sexy Kevin, tu m’as offert une baise frôlant le fantasme absolu !

    La vision de ta capote qui flotte dans la cuvette fait écho au souvenir de tes va-et-vient qui pulsent encore dans ma chair, de la prise de tes mains qui entrave encore mon corps, de ta présence en moi. 

    Oui, tu as été un sacré bon coup. Et pourtant, désormais seul dans ce lieu où tu viens de me sauter sans ménagement, je me sens sale.  Et je n’ai même pas joui ! C’est sciemment que j’y renonce, préférant quitter ce lieu sans que le vide post-coïtal vienne me foutre le cafard.

    Je tire la chasse, comme pour faire disparaître la dernière trace de cette baise que je regrette déjà.

    Ce qui ne m’empêche pas, en quittant cette cabine à mon tour, de sentir monter en moi une sensation de dégoût.

    J’ai beau me dire que ce que je viens de faire n’a rien de répréhensible, j’ai beau me dire que prendre autant de plaisir ne peut pas être mauvais. Au fond de moi, je regrette déjà de m’être offert de cette façon. 

    Je ressens en moi comme un sentiment de trahison de moi-même et de mon passé, comme si je me sentais désormais indigne de ce garçon amoureux, de ce garçon aimé que j’ai été. Certes, ce garçon s’était déjà retrouvé dans des chiottes pour des bonnes baises sauvages. Mais c’était avec le mec qu’il aimait comme un fou. 

    Qu’est donc devenu ce garçon ?

    A cet instant précis, j’ai l’impression d’avoir tué ce garçon. Ce garçon pour qui, il y a longtemps déjà, un autre garçon nommé Jérémie Tommasi était le seul but dans sa vie. Quand le cœur est privé d’amour, le corps prend le dessus et s’enfonce dans la luxure.

    J’ai l’impression d’avoir un jour connu le Paradis, avant d’en tomber, et de me perdre en Enfer aujourd’hui.

    Comment pourrais-je regarder en face mon beau Jérém si d’aventure le destin rendait cela possible, alors que je sais qu’en rentrant tout à l’heure, j’aurai déjà du mal à me regarder moi-même dans la glace ?

    Oui, en quittant le centre commercial, j’ai l’impression de trahir la beauté de ma grande histoire avec Jérém.

    Pendant toutes ces années, la machine mentale à archiver le passé a eu tout le temps de trier les souvenirs pour ne retenir que ce que j’avais besoin d’en retenir, à savoir, les moments les plus heureux.

    Comme celui du jour où je l’ai vu pour la première fois dans la cour du lycée, de sa casquette et de son t-shirt noir, ou le souvenir de notre première révision, de son t-shirt blanc, le bonheur de nos retrouvailles, de nos nuits d’amour, de nos baisers, de nos câlins, de nos confidences sur l’oreiller, de notre complicité.

    Mais au fond de moi je sais qu’elle a occulté les attentes interminables, la peur de l’abandon, les angoisses, les déceptions. Et notre séparation. En fait non, je n’ai rien oublié, mais le temps a anesthésié ce qui a longtemps été douloureux.

    Non, notre histoire n’était pas parfaite. Mais elle était belle, et elle était pure. Même nos erreurs, et Dieu sait que nous en avons commises, tous les deux, étaient « innocentes », sans intention de faire du mal à l’autre. Même nos baises les plus « sauvages » n’étaient en réalité que le préalable de jours heureux, une façon de nous apprivoiser.

    Nous nous sommes fait du bien, et aussi beaucoup de mal. Le premier était une évidence, le deuxième rien d’autre que le fruit de nos maladresses. C’était ma première histoire, mon premier amour, et ça l’était pour lui aussi. Nous avions tout à découvrir de la vie, et de nous-mêmes.

    Nous étions heureux. J’étais heureux. Avec le recul, j’ai l’impression que même quand je souffrais, j’étais heureux. Car je me sentais si vivant ! 

     

    Ce samedi, je me suis rendu dans un magasin d’électroménager dans une zone commerciale de Toulouse pour m’acheter un nouveau lave-linge. Et tu étais là, beau mâle Kevin au charme sauvage, derrière le comptoir, et tu avais l’air d’un fauve en cage. Je t’ai maté, et c’est de cette façon que j’ai ouvert la porte de ta « prison ». Je t’ai fait retrouver ta liberté et ta fierté, et tu m’as fait profiter de toute sa sauvagerie. J’ai bien kiffé, mais tes griffes ont laissé quelques blessures derrière elles.

     

    Je quitte enfin la cabine, les toilettes, je repasse devant le magasin pour quitter le centre commercial et rentrer chez moi au plus vite. Je crois que la première chose que je ferai en rentrant ce ne sera pas me branler, mais pleurer. 

     

    * * *

     

    30 Le vendeur du magasin d’électroménager (version 2014)

    Attention. Ceci est une fiction. Pensez à vous protéger. La santé, c'est important.


    C’est un beau brun aux cheveux mi longs, très épais, je lui donne tout juste la trentaine. Sa chevelure plutôt fournie est coiffée vers l’arrière avec un bon coup de gel. Brun, les yeux gris. Ça, ça ne court pas les rues. Et ça intrigue. Moi, en tout cas, ça m’intrigue. Et ça me charme.

    Un regard intense, indompté, un regard de grand félin, un regard de tigre, un tigre mâle, plein d’une sauvagerie qu’on sent latente, pas très loin de faire surface et qu’on hume presque autour de lui. Un tigre en cage, derrière le comptoir du magasin d’électroménager, un tigre bien musclé, au sommet de sa vigueur.

    Un regard de tueur sexy, de beautiful killer, fusillant autour de lui, un regard difficile à capter et encore plus difficile à soutenir. Un regard qu’on ne peut pas croiser sans se sentir intimidé. Quand, par un hasard que j’ai un peu provoqué, mes yeux on pris contact avec les siens pour la première fois, je n’ai pas pu tenir plus d’une fraction de seconde sans les baisser.

    Ce mec a vraiment l’air d’un tigre prêt à bondir, et il faut du courage pour défier le regard du tigre. Un courage que le Nico que je suis n’a jamais eu. Surtout avec ce genre de mec. Quel genre ? Le genre que j’affectionne tout particulièrement… le genre de mec à l’air plutôt bad boy, le genre de mec avec qui on sent qu’on va se mettre en danger dès qu’on va l’approcher… faut aimer le danger… et en ce qui me concerne, c’est bon le danger, surtout ce type de danger…

    Oui, ce mec est vraiment du genre bad boy, avec ce truc bien viril et intriguant sur lui, ce truc que je ne sais pas expliquer et qui est propre à ce type de gus, cet air de caillera, un peu macho, cette vigueur virile débordante, cette agressivité qu’on sent latente et prête à démarrer au quart de tour, ce truc qu’ont souvent les mecs issus des cités, ce truc qui fait cet effet de dingue sur la plupart des nanas, et sur les mecs comme moi… c'est souvent vers le même type de garçon qu'on aime se perdre, quitte à y laisser des plûmes…

    Bad boy est un plat épicé et piquant… on sait qu’on risque d’avoir du mal à en supporter les conséquences, mais on en est attiré sans retenue… c’est un plat qui flatte mes sens, et auquel je ne sais pas résister… bad boy est une attitude, un mystère viril planant autour d’un keum, une insaisissabilité, une sorte de défi permanent dans le regard, le goût du risque, une façon de s’opposer à toute forme d’autorité et de contrainte, au risque de s’y cogner… bad boy… une sorte de mise en danger de soi permanente… comme une voiture sans freins roulant en ville à toute allure … une mise en danger pouvant entraîner ceux qui se trouveraient trop à proximité…

    Mon tigre brun, c’est le genre de mec qui s’habille avec des t-shirts noirs col en V plutôt profonds, laissant voir une belle portion d’un torse qu’on devine rasé depuis quelques temps déjà, une peau sur laquelle ses poils de brun ont recommencé à pousser, drus, raides, une peau qui a l’air très douce au contact des lèvres qu’on voudrait y poser dessus sans tarder, sans retenue…

    Mon Royaume pour poser mes lèvres là-dessus, juste un instant…

    Et par-dessus son t-shirt noir, un gilet rouge : dans le dos, le logo du magasin et sur le devant, un badge imprimé annonçant : Kevin… ça y est, je connais son petit nom : voilà, on est potes ; non, plus que ça : on est intimes. Dès lors, dans ma tête tout devient possible. Je le connais déjà, je sais de quoi il a envie. C’est beau de rêver, mon ti Nico.

    Le coton noir semble avoir coupé exprès pour mouler l’arrondi de ses épaules, alors que des biceps plutôt conséquents écartent bien les manchettes du t-shirt ; et ils deviennent presque impressionnant à chaque fois que le bras et l’avant-bras se plient dans l’effort, lorsqu’ils gonflent encore, dessinant ainsi une jolie bosse musclée…

    Et puis il y a le détail qui tue, le truc sexy qui achève. Pas un, deux. D’abord, une chaîne de mec aux mailles larges posée autour de son cou puissant, descendant sur la peau de son torse à l’intérieur du V du t-shirt… ensuite, et c’est là que l’on comprend pourquoi ce genre de mec devrait être surveillé pour éviter des émeutes, voilà le détail d’un tatouage qui sort de la manchette gauche de son t-shirt, passe sous le coton et sous la chaîne pour remonter jusqu’à une dizaine de centimètres sous l’oreille. C’est une pointe, un motif torsadé et je devine que ça ne doit être que la partie émergée d’un tatouage qui doit courir sur son épaule, partir sur son torse ou dans son dos… putain de t-shirt…

    Mon Royaume pour le voir poser ce t-shirt, pour découvrir ce tatouage en entier…

    Et quand je le regarde, je ressens toujours et encore, inlassablement, ce truc qui me pique à vif, qui m’attire et qui me fait peur au même temps… cette tentation dangereuse qu’il inspire. Un truc brutal, un je ne sais quoi d'animal dans le regard, un truc qui inspire une indéniable attraction envers lui, une tentation cependant mêlée de crainte. C’est qu’il porte sur lui cette attitude de caillera, de petite frappe qui me fait un effet de dingue…

    Voilà le truc : le mec a quand même l'air pas facile, il a l’air d’être le genre de gus sacrément hétéro de base, le modèle bourrin et intolérant, viscéralement homophobe dans la notice, le mec à fleur de peau vis à vis de sa sexualité, capable de démarrer au quart de tour des qu'on le chatouillerait à peine sur ce terrain là. On le devine bagarreur, plus à même de jouer de ses poings que de sortir des argumentaires cohérents.

    Je regarde alors se grandes mains puissantes de mec et j’imagine la prise qu’elles pourraient avoir sur mon corps qu’il retournerait à sa guise dans sa recherche de la bonne position pour prendre son plaisir. Il n’y a pas à chipoter… il me fait une envie de ouf…

    Je rode entre les étalages, télé, ordi, frigo, consoles, smart… j’erre sans but réel, je crois qu’en réalité je cherche à attirer son attention et à le pousser à venir me voir.  

    Bingo, le voilà qui quitte son comptoir et marche vers moi avec sa démarche féline, assurée, implacable.

    Putain, qu’est ce que je vais bien lui dire ? T’as le chic Nico, pour te fourrer dans des situations pas possibles… là, il faut assumer mon grand. Le mec est devant toi, à un mètre de toi, et il te regarde. Et moi je regarde son jean moulant affichant une jolie bosse à l’avant, ce jean sur lequel son t-shirt noir tombe tout droit, annonçant un ventre dessiné ou en tout cas bien plat et plaisant à regarder une fois dénudé… je bande déjà rien qu’en imaginant la ligne des poils, cette autoroute vers le plaisir, qu’est le chemin entre le nombril et le sexe d’un beau mâle…

    Bonjour monsieur…

    Et en plus, évidemment, il a la voix de l’emploi… chaude, caverneuse, ça sent la testostérone à plein nez, ça sent le mec sur de lui, le mec qui est habitué à se faire entendre et à être écouté. (Oui, mec, vas y, donne moi des ordres, dis moi qu’il faut que j’avale ta queue et que tu vas jouir en moi…)

    Bonjour…

    Vous avez besoin d’un conseil ?

    (j’ai besoin de vous sucer, oui) Je… je… je… regarde… (oui, tu regardes quoi, Nico ?) je regarde… (mais regarde devant toi, espèce d’idiot, tu es en face des casques audio)… je me tâte pour acheter un casque audio ! (sauvé, Nico… respire maintenant)…

    Voyons... je peux vous conseiller ce modèle…

    Faut admettre que le mec est encore plus intimidant maintenant qu’il est devant moi… et puis il y a ce truc que je ressens autour de lui… je ne sais pas trop comment décrire cette autre sensation que je ressens encore plus forte maintenant qu’il est si près, presque à l’intérieur de mon espace vital… on dirait… oui, on dirait qu’autour de lui ça sent le mâle… il n’y a pas d’autre mots… il est juste là, sans rien faire et on sent le mec bien chaud, plein de sève bouillante… oui, ça pue carrément le sexe autour de lui…

    Pendant qu’il parle, j’ai du mal à me concentrer sur ses mots. Maintenant qu’il est si près, mes narines sont percutées de plein fouet par un parfum, son parfum de mec… l'odeur, c'est la cerise sur le gâteau… après le physique, la voix, le charisme, l'odeur d'un type peut me faire chavirer...

    C’est un parfum frais, dépaysant, à la fragrance poivrée et entêtante, un parfum qui me transporte loin de là, dans une salle de bain où le mec est certainement en train de se doucher plus tôt ce matin là… je l’imagine en train d’étaler le gel douche sur sa peau, de couvrir ce beau corps d’homme d’une mousse fine et soyeuse… je l’imagine parcourir chaque recoin, arriver au sexe, s’y attarder, pourquoi pas le caresser, faire tomber une belle trique matinale par une bonne branlette sous l’eau bouillante, pendant que sa copine est encore au lit ou est en train de préparer le petit déjeuner… je n’irai peut-être pas jusqu’à me demander si le soir d’avant il a couché avec elle, s’il lui a fait l’amour ou s’il l’a juste sautée… trop émoustillé comme je le suis à la simple idée de l’imaginer tout seul sous sa douche en trains d’astiquer son manche et en pensant à quoi ou à qui lui seul le sait…

    Je l’imagine arriver à l’orgasme, à son bonheur de sentir plusieurs jets sortir de sa queue… je l’imagine rester encore un moment sous la douche, presque ébahi, en train de récupérer de l’effort ; et enfin refermer l’eau, sortir de la cabine le corps ruisselant, les cheveux mi-longs dégoulinant et retombant lourdement, en bataille ; je l’imagine passer une main dans sa crinière épaisse pour la rabattre en arrière et dégager son regard, geste inutile sans l’application ultérieure d’un bon coup de gel, mais pour moi très sensuelle quand il est exécuté par un beau garçon…

    Il attrape sa serviette, il s’essuie partout, il commence par la tête, il descends sur les épaules, le dos, les pectoraux, il continue direction les abdos, le sexe, les fesses, l’entrejambes, les jambes, les pieds…

    Il approche du miroir… il passe un coup de tondeuse avec sabot 3 mm sur sa barbe brune… il attrape le tube de gel, il en fait gicler une bonne dose dans sa main et il l’applique dans ses cheveux, passant ses doigts plusieurs fois dans sa chevelure pour lui donner cet aspect tiré vers l’arrière qui joue un rôle pas du tout secondaire dans son look de bad boy…

    Il attrape son déo, il s’en vaporise sous les aisselles, il vaporise copieusement son torse à hauteur de ses pectoraux, avec un geste ample, assuré, tel un Sébastien Loeb dans la fameuse pub qu’on ne voit plus, hélas… il passe son t-shirt noir, il passe un caleçon blanc, un pull gris à capuche, un jean plutôt bien coupé, et il sort de la salle de bain, tout beau tout propre. Dans quelques heures, la fraîcheur de son déo, ainsi que le parfum de son gel pour cheveux viendront flatter mes narines et démultiplier le désir que ce mec suscitera en moi dès que mon regard se posera sur lui. Mais ça c’est une autre histoire, que ni moi ni Kevin ne connaissons d’avance.

    Le mec est vraiment tout près de moi, mes yeux sont aimantés par cette large portion de peau découverte en forme de V au dessous de son cou, ce V fabuleux façonné par son putain de t-shirt scandaleusement échancré que je rêve de lui arracher juste après lui avoir ôté le gilet ridicule du magasin… cette peau sur laquelle les poils bruns ont commencé à repousser a quelque chose de terriblement sensuel à mes yeux… son parfum se dégage de là, de ce bout de peau mate… j’ai envie de plonger mon nez dedans, d’humer son parfum sublimé par la tiédeur de sa peau, j’ai envie de lui caresser les tétons par-dessus le coton fin, de le faire languir, de l’exciter à le rendre fou… juste avant de soulever son t-shirt et de découvrir ses abdos, son nombril, avant d’aller plus loin, plus bas, beaucoup plus bas dans son anatomie…

    Maintenant que je le vois en entier si près de moi, maintenant qu’il est sorti de derrière son comptoir, je mate son jean de marque qui tombe si bien sous son t-shirt noir… je me sens captivé par la jolie bosse que fait sa braguette, je m’attarde sur la boucle de sa ceinture en cuir bien épaisse… je m’imagine déjà en train de défaire tout ça et me retrouver devant une jolie queue bien raide prête à bondir hors d’un sous vêtement bien moulant… j’imagine le bonheur d’avoir en bouche un mec pareil… je me perds dans mes pensées jusqu’à que je me rends compte que quelque chose a changé autour de moi…

    Ce qui a changé c’est que je n’entends plus le son de sa voix… le silence qui en découle est clairement assourdissant et me rappelle à la réalité de façon plutôt abrupte… mon regard passe directement de sa braguette à son regard à lui, le trajet est un peu trop direct et un peu trop rapide, et lorsque mes yeux croisent les siens, j’ai l’impression qu’il s’est rendu compte de mon manège…

    Il me regarde fixement, j’ai l’impression qu’il plisse légèrement ses paupières, qu’il m’interroge, qu’il est en train de se demander si vraiment j’étais en train de mater sa braguette… arffff… et il a encore ce regard intense… ce regard qui transperce dans tous les sens du terme, j’ai l’impression que ce mec transpire le sexe par tous les pores de sa peau, j’ai l’impression qu’il me baise simplement du regard, comme si rien qu’en l’observant je sentais déjà ses coups de reins puissants, son souffle chaud et bestial dans le cou, son animalité déchaînée au service de son plaisir…  

    Je me dis que ce mec est dangereux oui, dangereusement beaux et sexy… le sexe personnifié… un félin, un beau tigre mâle, puissant, mais « élégant », sauvage mais classe… presque diabolique… oui, si le diable existe, c’est comme ça que je l’imagine…

    Je suis carrément sous le charme, mais devant son regard fixe et à son silence prolongé je suis vite mal à l’aise… il faut que je me sorte de cet embarras… vite Nico, vite un truc… t’as rien écouté de ce qu’il racontait au sujet des casques, tu ne sais pas quoi lui répondre, tu vas avoir l’air con, il faut vite changer de stratégie…

    En fait… j’étais en train (de mater ta braguette, le bogoss) de penser… (de penser à quoi à part à sa queue ?) que j’ai besoin… (de te voir à poil… de te prendre dans la bouche !)… j’ai besoin… (de baiser avec toi… arrête Nico, ça a failli t’échapper !)… j’ai besoin…

    Vous avez besoin de quoi, monsieur…

    Ah, cette voix de mec… chaude et profonde, à la vibration puissante. Sa simple question m’a mis la pression : d’autant plus que l’accent qu’il m’a semblé poser sur le mot « quoi » n’a pas manqué de capter mon attention, un accent qui m’autorise à imaginer pendant un instant qu’il pourrait envisager de fournir, à la demande, un « produit ou service » n’apparaissant pas dans l’inventaire du magasin. Fais toi des films, Nico. Surtout que, pour obtenir un produit « hors rayon », faut déjà avoir le cran de oser le demander… et toi, mon Nico, t’es pas vraiment du style à savoir demander ce genre de « produit » qui n’est pas vraiment pas pour tout le monde… comme l’accès à la sexualité du beau vendeur…

    J’ai besoin… (de te sucer…) d’un téléphone…

    Ouf, sauvé par le gong, mon Nico…

    Fixe ou portable ?

    Un smartphone…

    Venez, nous en avons en promo…

    Il se retourne, direction le rayon concerné. Ça y est, je sors de mon apnée… le contact de nos regards est rompu, je déstresse un peu. Il marche devant moi, je lui enjambe le pas, les yeux rivés sur ce cul fabuleux moulé dans ce jean qui semble caresser ses fesses et qui les mets en valeur d’une façon déconcertante. Et puis il y a sa chute d’épaules… j’ai toujours aimé ça, une jolie chute d’épaules chez un beau garçon… et voilà qu’en laissant le regard descendre encore un peu, je me sens happé par la vision d’un dos large, puissant… il a tout pour lui ce petit con… un beau fauve dans toute sa splendeur, dans toute sa puissance …

    Nous y voilà – annonce-t-il en s’arrêtant devant une vaste expo de smartphones – vous avez plusieurs modèles… du plus simple à 50 euros, au plus sophistiqué à près de 700 euros…

    Vous cherchez quoi ?

    (Bonne question, tu ne serais pas déçu de la réponse)…

    Je cherche un smart milieu de gamme, c’est mon premier… jusqu’à là j’avais un portable classique…

    Alors je vous conseille celui-ci ou celui-ci… ce sont des modèles que nous vendons beaucoup en ce moment… la différence entre les deux c’est que…

    Et le voilà reparti sur un speech technique pour me vanter les qualité de tel ou tel modèle… je sais déjà que je vais prendre un smart à 100 euros max, peu importe s’il fait le café le matin ou s’il sait faire cuire un œuf, mais je lui laisse faire son numéro au sujet de plusieurs modèles, tant sa voix m’enchante… et que son parfum entêtant monte à mes narines et me shoote… j’ai toujours été sensible aux parfums de mec… mais je dois dire que depuis Jérém, ce mec est le premier dont l’odeur corporelle me fait autant d’effet…

    Je me montre intéressé pour un modèle qui a l’air assez bien par rapport à mon budget. Il l’attrape, il me le tend, et il a cette phrase magique, dans laquelle j’aurais bien voulu voir une arrière pensée un peu canaille…

    Tenez, vous voulez prendre en main pour essayer…

    Il me fait craquer… (essaie d’utiliser la même formule au sujet de ta queue…).

    Il me passe l’appareil, et au moment de le saisir, voilà que mes doigts effleurent brièvement les siens… ce contact de peau est particulièrement excitant pour moi, la peau de ses doigts est douce, j’ai m’impression que, dans le contact, nos doigts ont fait des étincelles.

    J’ai toujours cette impression quand j’ai la possibilité de rentrer en contact avec les doigts d’un beau garçon, d’un vendeur, d’un caissier, d’un guichetier… je cherche ce contact, je lui tends ma carte bleue, mes espèces, mon papier, je laisse traîner mes doigts, je les pousse au delà du mouvement strictement nécessaire de façon à effleurer les doigts de l’autre, la main de l’autre, de façon à établir ce contact troublant… évidemment, avec une femme on un homme pour lequel je n’éprouve aucune attirance, je sais très bien maîtriser mes mouvements pour éviter le contact… mais avec un beau garçon…

    Je suis encore perdu dans mes réflexions quand je m’entends demander :

    Qu’est ce que vous en pensez, monsieur ?

    Qu’est ce que j’en pense ?

    Du téléphone…

    Oui, du téléphone…

    (pas de toi, évidemment, évidemment, si tu t’aventurais à poser la question dans ce sens là, tu verras, là encore tu ne seras pas déçu de la réponse…).

    Nos regards se croisent, je n’arrive toujours pas à soutenir la puissance aveuglante du sien.

    Je pense que je voudrais en voir un autre…

    Il tend la main vers moi pour récupérer le premier… je lui rends, et nos doigts se touchent à nouveau. Nouvelles étincelles… Lui il a l’air comme si de rien n’était… (putain, mais il n’y a qu’à moi que ça me fait cet effet ? Il n’a rien ressenti ce petit con ?).

    Vous voudriez voir lequel ?

    Celui-ci…

    Il est un peu plus cher…

    Ca ne fait rien…

    Il décroche l’appareil de son support et il me le tend. Mes doigts glissent sur le flanc du petit boîtier et finissent  par effleurer la peau de sa paume… d’un coup je me sens gêné… je n’ai pas fait exprès et ce contact inattendu me trouble… je ne suis pas sans savoir que pour beaucoup de monde, le geste de caresser le creux d’une main par le bout de ses doigts, n’a d’autre signification que « j’ai envie de toi »… franchement je kiffe à mort, c'est troublant ces premiers contacts, les plus intenses…

    Je suis troublé et ma main a une réaction involontaire, comme pour se dégager de cette situation embarrassante, un geste qui lui fait heurter l’arrière du téléphone et le décrocher de la prise de Kevin : le téléphone tombe et c’est grâce à la rapidité et à la souplesse du jeune tigre qu’il ne s’écrase pas sur le carrelage du magasin…

    Je suis désolé, je suis tellement maladroit, je suis confus…

    C’est pas grave – répond Kevin, alors que l’expression de son visage semble montrer une certaine vexation. Je le regarde, cherchant à comprendre s’il est vraiment contrarié. Il me regarde à son tour. Cette fois-ci je décide de ne rien lâcher. J’ai envie de lui faire du bon rentre dedans. Je n’ai rien à perdre. Je soutiens son regard et il soutient le mien. Je sais que à ce jeu là je n’ai aucune chance, d’autant plus que, si je tente vraiment de gagner, je prends un gros risque de mettre le mec en pétard…  

    Il me fait toujours un peu peur, j’ai vraiment l’impression qu’il peut démarrer au quart de tour, mais au vu de la situation, je décide de tenter coup. Ca passe ou ça casse.  

    Le mec est sur son lieu de travail, il y a d’autres clients qui se baladent dans le magasin, sa collègue est au comptoir… alors je me lance.

    En fait je ne cherche ni de casque ni de téléphone…  

    Comment ça…

    Je suis juste passé pour vous voir…

    Moi ?

    Je suis venu dans ce magasin il y a quelque temps avec ma cousine pour acheter un ordinateur mais on a eu affaire avec votre collègue…

    Et donc ?

    Pendant que ma cousine choisissait son ordi, je vous ai repéré…

    Et donc ?

    J’avais envie de vous revoir…

    Pour quoi faire ?

    Juste pour vous dire que je trouve que vous êtes le mec le plus sexy que j’ai vu depuis longtemps…

    (Ouahhhh putain c’est gonflé, Nico… je n’arrive même pas à croire que ces mots sont sortis de ta bouche).

    Pardon ?

    La météo de son regard est en train de passer à l’orage. Les nuages s’amoncellent à l’horizon.

    Oui, je pense que vous êtes terriblement sexy…

    Ne me cherche pas, t’as compris… ?

    Ça y est, il est passé au tutoiement. Un hétéro inconnu que vous abordez pour lui faire du rentre dedans direct et qui passe au tutoiement, c’est un mec qui est en train de chauffer. Il me fusille du regard. Alerte maximale, Nico. Fais gaffe à toi… mais qu’est ce que c’est sexy un beau mec en rogne…

    Je ne vous cherche pas, je dis juste que vous m’avez l’air d’un bomec qui a ce qu’il faut dans son caleçon…

    Je ne suis pas ce genre de mec…

    Je ne sais pas quel genre de mec vous êtes, je dis juste que vous êtes très sexy… et que quand je vous regarde j’ai envie de vous faire tout ce dont vous vous auriez envie… vraiment tout…

    Son regard ne fusille plus. Il fulmine. Il est si noir, si hostile, on dirait le ciel chargé juste avant un orage d’été. Plus qu’un orage. Une tornade. Je sens que d’un instant à l’autre ça pourrait commencer à tomber. Dru et violent. A arracher des toitures. Instinctivement, je recule d’un demi pas.

    Si je ne bossais pas, je t’aurais déjà mis ma main dans la gueule…

    (Bien vu le demi pas en arrière, Nico).

    Oui, mais vous ne le ferez pas…

    Essaye donc pour voir…

    Vous ne le ferez pas… et pas parce qu’on est ici, pas parce qu’il y a du monde…

    Ah oui, comment ça ?

    Vous ne le ferez pas, parce que ce que je vous dis ça vous fait plaisir…

    Tu devrais vraiment arrêter tes conneries, mec…

    Je vois ses poings se serrer au bout des bras qu’il tient, raidis, le long de son torse. Je l’ai déjà dit, mais vraiment j’ai toujours trouvé sexy un beau mec en pétard. Mais là je vais trop loin… là je fais du hors piste en période de dégel. Faudra pas s’étonner si l’accident arrive. Mais il me plait trop ce type… j’ai envie de le chauffer… putain… j’ai envie de me le taper…

    Si vous êtes le mec que je pense, aussi bien dans ses baskets que dans son caleçon, vous ne pouvez qu’être flatté que je vous dis que vous êtes sexy…

    (Là, Nico, tu es suicidaire. Carrément. Vraiment, je ne te reconnais plus).

    Tires-toi, mec, avant que je m’énerve vraiment…

    Tiens, sa réplique me fait penser à une réplique de mon beau quand il était vraiment fâché contre moi… je déteste ces mots… « tire toi, mec »…

    Oui, je vais y aller… mais je pense que ce que je vais te proposer avant ça va te plaire…

    Quoi donc ?

    Une pipe ça ne se refuse jamais, c’est bien ça que vous dites entre vous, les mecs ?

    Je te dis que je ne suis pas pd…

    Mais je ne l’ai pas dit non plus… tu es à mes yeux tout ce qu’il y a de plus mec… je dis juste que j’ai envie de te faire la pipe de ta vie…

    Vas-y… dégage avant que je t’en mette une dans la figure…

    « Dégage » c’est encore pire. Il me regarde avec mépris, presque avec dégoût. Pendant une seconde, je me sens pire qu’une merde. Mais à ce stade je me suis trop avancé pour reculer, alors je fais appel à toutes mes forces pour garder une contenance. Le moyen pour y arriver : le culot ! encore plus de culot…

    Si tu veux cogner… je suis partant… mais fais-le avec ta queue…

    Il avance vers moi, je recule encore… il s’arrête, le visage empourpré par la colère…

    C’est avec fermeté mais avec prudence qu’il convient de tenter d’apprivoiser un fauve. L’aventure avec le petit chauffagiste il y a quelques semaines m’a donné de l’assurance. Certes, Pierre, était un genre de gibier bien plus facile à apprivoiser que le Kevin. Ici le challenge est de taille. Je me lance le défi de faire capituler un mec aussi bourrin. Je me sens pousser des ailes. J'ose.

    Allez, j'ai juste envie de te sucer, de te faire jouir comme tu le voudras…

    Il me regarde fixement dans les yeux, je sens sa férocité monter en pression… eh ouais, il faut admettre que c’est pour exactement les mêmes raisons qu’il semble dangereux, qu’il est aussi furieusement, scandaleusement, odieusement excitant…

    J’ai l’impression qu’il est à deux doigts de charger… au delà de mon bluff, je sais bien que le seul truc qui le retient de me cogner c’est que le magasin est de plus en plus rempli… alors je me décide à porter l’estocade finale :

    Je vais être clair… tu seras le seul mec aux commandes, tu me demandes ce que tu veux et je te le fais… ou je me le laisse faire… surtout des trucs que les filles n’ont pas forcement envie de faire… il y a bien des trucs qui te trottent dans la tête…

    Il me toise avec un regard où je vois à la fois, de la colère, du dédain et du mépris… et peut-être un brin de surprise et de curiosité…

    Alors la, putain c’est chaud mon Nico…

    J'ai l'air d'un pd… moi ? – il me balance à brûle-pourpoint.
    C’est justement parce que tu n’as pas l’air d’un pd que tu me fais envie…

    Tu joues à quoi ?

    Mais je te l’ai dit, je ne te veux aucun mal, je veux juste te sucer… il n’y a pas de quoi en faire tout un flan…

    Arrête ça je t’ai dit...
    J'ai envie de te faire jouir… - j’insiste en appuyant mes mots avec un léger sourire ; il me faut dédramatiser l’enjeu, et j’ai besoin de me donner une contenance. Il ne faut pas que le fauve voit ma peur, sinon je suis foutu ; j’enchaîne – tu finis à quelle heure ?

    C’est le jour ou Nico fait péter les barrières…

    Ca ne te regarde pas…

    Je trouve que c’est un gâchis sans nom qu’un mec comme toi ait vécu quoi… trente, trente-cinq ans sans connaître le plaisir avec un mec… il est vraiment temps que tu saches ce que tu as manqué jusqu’à aujourd’hui…

    (Oui, je me dis ça de chaque mec hétéro qui me plait, comme s’il n’existait pas de nana qui savent faire jouir un beau mec comme il convient, ce qui doit certainement être faux… mais bon, j’aime à me rassurer de cette façon là… et puis, quand on veut obtenir un suffrage favorable, il faut bien promettre des choses dont on n’est vraiment pas sûr de pouvoir tenir...)…

    Je décide de tenter le tout pour tout. Au point que j’en suis… je relâche mes yeux, je les envoie se balader sans retenue, au casse-pipe, je les laisse libres de toiser ce magnifique spécimen, libres de le reluquer à leur guise, à leur faim, libres d’exprimer toute la coquinerie que ce mec, que cette situation et ma proposition effrontée m’inspirent ; je regarde fixement braguette, je m’attardé sur le V de son t-shirt, sur sa chute d’épaules, et encore sa braguette, encore et toujours sa braguette… en faisant des aller retour rapides et incessant avec ses yeux le chauffer… j’hume son parfum, et ça me rends dingue…

    Je relève mon regard et je rencontre le sien qui me semble remonter de sa propre braguette. J’ai regardé si fixement qu’il a du se demander pourquoi. Est-ce qu’elle est ouverte ? Bah, non, mon grand, pas ouverte, mais j’ai l’impression qu’elle est de mieux en mieux remplie… est-ce l’effet de mon rentre-dedans ? Il a l’air gêné à son tour et un brin désarçonné…

    Putain, qu’est-ce que tu sens bon en plus – je finis par lâcher, les sens ravis, ivre de lui.

    Il me regarde toujours fixement mais quelque chose semble être parti dans son intransigeance, comme si les nuages étaient en train de se dissiper et qu’un rayon de lumière allait bientôt trouver le moyen de pointer le bout de son nez. Ai-je touché une corde sensible ? Est-ce que l’un de mes arguments ont fait mouche ? Va savoir…

    En tout cas, je ne vais pas surenchérir, je vais la jouer « mec qui a envie sans plus ». J’ai envie de le laisser mijoter un peu.  

    Ecoute, mec… je ne vais pas te forcer, ni te supplier… si t’as pas envie, t’as pas envie, tant pis pour toi…

    Sans attendre sa réponse, je fais demi-tour et je me dirige d’un pas décidé direction la sortie du magasin vers la galerie marchande… je n’ai pas fait trois pas que j’entends sa voix.

    Eh, toi… reviens là…

    J’adore le ton qu’il a mis dans ses mots. Ça ressemble à un ordre. Je stoppe net. Je me retourne. Son regard noir a laissé place à un regard sensuel, viril, puissant. Avec un geste rapide de la tête, il me fait signe d’approcher. Je m’exécute, docile devant mon maître. J’ai l’impression que le jeu est amorcé.

    J’ai une pause dans 20 minutes… à moins le quart va aux chiottes à cotés de la sortie 3 et enferme toi dans les wc handicapés… je taperai à la porte…

    Entendu – je m’entends lui répondre. Je ne m’attarde pas, au cas où il change d’avis…  

    Je suis à nouveau en train de faire demi tour que j’entends une nouvelle fois sa voix dans mon dos.

    Eh, toi…

    Quoi ?

    T’as intérêt à assurer…

    Je suis même plutôt bon, on me le dit assez souvent…

    Tu met la barre haute, Nico, depuis quand es-tu si sûr de toi ? Depuis le petit chauffagiste ?

    Je passe les quelques minutes avant le rancard à prendre un café et à lire la Dépêche du Midi qui gît déjà froissée sur la table où je me suis installé. Je regarde plusieurs fois ma montre.

    Je serai au rendez-vous pile à l’heure. Je m’enferme dans les toilettes. J’ai le cœur qui bat à dix mille à l’heure… j’ai le soufflé coupé… je n’arrive pas à croire que je vais me taper ce mec… je me prends à imaginer qu’il va se dégonfler, qu’il va me poser un lapin…

    Au bout d’un moment, mes narines finissent par me ramener les odeurs mélangées d’urine et de javel typiques de ce genre de lieux… et là je suis scotché… transporté… c’est pas banal, faut l’admettre, que des odeurs de toilettes puissent assurer la fonction de « madeleine de Proust », ce sera pourtant le cas pour moi ce jour là… cet odeur me hante depuis longtemps, à chaque fois que je me rends dans une toilette publique pour soulager ma vessie… à chaque fois ça me rappelle un plan avec Jérém dans les chiottes du lycée… une de nos premières baises, une des plus chaudes… quel souvenir que cette bonne sauterie entre midi et deux, entre deux cours, Jérém qui me prend direct par derrière, moi plié au dessus du wc, Jérém qui jouit en moi et qui se tire juste après sans un mot…

    Sacré Jérém, j’ai le souvenir d’une baise bien corsée, le souvenir de l’avoir senti en moi durant tout l’après-midi en cours, pendant que je le matais assis devant moi dans son beau t-shirt blanc moulant, le souvenir de n’avoir pu débander qu’une fois m’être branlé chez moi après les cours…

    Aujourd’hui l’attente me semble longue comme cette fois là… je ferme les yeux, je replonge dans ce moment vieux de quatorze ans… c’est comme si j’avais à nouveau 18 ans et j’étais à quelque semaines du bac… j’ai presque l’impression que c’est Jérém qui va taper à la porte et qui va venir me baiser… et c’est pile à ce moment là que j’entends trois petits coups portés sur la porte en plastique… je ressorts en sursaut de mon souvenir…

    Je rouvre les yeux… je débloque le loquet, je me range derrière la porte… au fond de moi j’espère toujours que c’est Jérém… mais non, on est bien en 2015, les enceintes au dessus des lavabos diffusent « Sugar » de Maroon 5… et c’est bien le beau et sexy Kevin qui passe la porte et qui la referme derrière lui. C’est pas Jérém, certes, mais c’est plutôt pas mal…

    Il est debout devant moi, appuyé à la cloison carrelée. Je m’approche de lui. J’ai envie de poser mes lèvres sur la peau dans le V de son t-shirt. Putain qu’il sent bon ce petit con.

    Le volume de la musique est assez haut, on peut parler discrètement sans peur d’être entendu…

    Je n’ai que dix minutes – il me lance – fous toi à genoux et viens me sucer…

    Et ce disant, il ôte le gilet qu’il laisse atterrir au sol, découvrant ainsi son t-shirt noir bien moulant, laissant deviner un torse superbe… rien qu’à travers le t-shirt on se rend compte qu’il est dessiné… le coton fin épouse le relief de ses pectoraux alors que ses tétons pointent de façon plutôt saillante… il défait sa ceinture, déboutonne sa braguette…

    Il a les idées claires et bien arrêtées le mec. Il sait ce qu’il veut. J’adore. Je m’exécute et ma tête est déjà à hauteur du centre de son corps… il baisse un peu son jean et me plaque la tête contre sa bosse. Il me fait renifler son caleçon, je kiffe son odeur…

    Ca dure un petit moment, ses mains exercent une pression assez forte sur ma tête, mon nez et ma bouche s’écrasent contre le tissu de son caleçon, contre cette queue qui est en train de prendre de l’ampleur… je la sens gonfler près de ma bouche, je commence à remuer mes lèvres, j’ai envie de sortir le bout de ma langue pour lécher son gland à travers le tissu… mais le mec appuie encore plus fort, rendant impossible toute initiative de ma part… voilà un bon mâle dominant, c'est lui qui mène la parade.. c'est tellement bon de se soumettre, de faire plaisir au un beau mâle, mon plaisir est dans son plaisir et sa jouissance à venir…

    Sa queue est déjà bien raide quand il relâche sa pression et qu’avec sa main il éloigne ma tête d’un geste rapide et presque dédaigneux. Il baisse son caleçon, il dégage son engin…  je kiffe sa queue, une belle bite droite comme je les aime… sans autre forme de procès, il me la met directement en bouche en me disant :

    « Bouffe bien ma queue, petite pute ».

    J’avale son manche goulûment, jusqu’à le faire disparaître presque entièrement…

    « Oui… vas y comme ça, salope… ».

    Et là il me baise carrément la bouche. Pendant que ses mains se portent sur ma nuque pour la maintenir et décupler l’efficacité de ses coups de reins, j'ose aller lui titille les tétons… il a l'air d'apprécier… il me traite de salope, de petite pute, je kiffe… ça m’excite encore plus et je caresse ses tétons avec encore plus de sensualité… ses coups de reins prennent encore plus de vigueur… j’adore voir un mec prendre son pied, plus il en prend, plus j’ai envie de lui en donner… c’est une spirale… vertueuse…

    Et puis à un moment il dégage ses mains de ma tête, il ralentit les oscillations de son bassin jusqu’à s’arrêter. Il arrête de baiser ma bouche. Il veut que je le suce. Je m’y mets avec un plaisir que j’aurais du mal à cacher… j’adore ce mec, ce mâle, j’ai vraiment envie de lui faire plaisir… je m’attarde sur son gland, j’enroule ma langue dans tous les sens, je mouille copieusement son gland et là encore le mec n’a vraiment pas l’air dégoûté… fallait essayer, mon grand, pour découvrir que la bouche d'un mec c'est pas si degueux que ça, c'est même plutôt bon!

    J’ai envie de croiser son regard pendant qu’il prend son pied… alors je dégage provisoirement ma bouche de sa bite tout en continuant à le branler, et là je lui dis…

    « T’es vraiment bien foutu... ».

    Il me répond « Ta gueule, je suis pas là pour du love... suce ! ». J’adore ce genre de sens de la réplique dans ces moments là. Je me remets alors à le sucer, avec de plus en plus d’entrain… pendant que je m’applique à son plaisir de mec, voilà que Kevin décide de se mettre à l’aise, me faisant par la même occasion un cadeau que je commençais à désespérer de pouvoir obtenir…

    D’un geste rapide et presque inconscient, il relève l’avant du t-shirt et le fait pivoter derrière la tête, calé derrière le cou, autour des épaules qui resteront ainsi couvertes… bien dommage… son torse est ainsi dégagé et en levant un peu les yeux je peux enfin mater ce torse qui m’a tant fait fantasmer… d’abord sa chute de reins, à couper le souffle ; par ailleurs, la ligne de poils entre le nombril et le sexe que j’avais imaginée, elle est bien là… et là, il faut bien l’admettre, ce n’est plus beau a pleurer, c’est beau a mourir… là, vraiment, j’ai chaud…

    Je lève un peu plus le regard et là, surprise… voilà la solution de l’énigme irrésolu de son mystérieux tatouage… le dessin torsadé aux motifs tribaux descend de son cou et bifurque à hauteur de sa clavicule, d’une part vers son épaule, ce qui donne le bout visible sortant de sa manchette, et d’autre part vers son téton… alors là, c’est carrément à tomber… c’est sexy un tatouage fin et isolé sur la peau d’un beau mec… un seul tatouage, bien entendu, et non pas la l’overdose graphique à la mode ces derniers temps chez les jeunes mecs, une mauvaise mode qui est de nature à gâcher le plaisir de mater un beau torse…

    C’est bien ça que tu voulais, salope, sucer une bonne queue…

    Ses mots me font vibrer, son coté macho et dominateur, tout ce que j’aime… je le suce avec de plus en plus d’enthousiasme… mais ce n’est pas ça qu’il attend le mec… une seconde plus tard, à mon grand étonnement, il m’attrape par les cheveux, il m’arrache sa bite de la bouche, il ramène violemment ma tête en arrière et me demande à nouveau, excité, énervé, agressif…

    Je t’ai posé une question, espèce de pute… c’est bien ça que tu voulais… sucer une bonne queue… réponds quand on te pose une question…

    Le fauve sort ses griffes, c’est impressionnant… c’est excitant… j’adore… je suis complètement dominé par ce mec. Je ne peux que me soumettre un peu plus à sa volonté, à ses ordres.

    Oui, c’est ça que je voulais… j’adore ta queue… tu me fais un effet de dingue… j’ai trop envie de te sucer, de te faire jouir…

    Je me doutais que t’étais une bonne salope… mais là t’es pire que ce que j’imaginais…

    Et moi, ce que je ne me doutais pas en revanche, c’est qu’il prenne à nouveau ma tête entre ses mains pour m’obliger a avaler sa queue de plus en plus profondément… ça va, j'encaisse bien, malgré un haut le cœur… elle est trop grande pour que je puisse toute l’avaler, alors le mec insiste avec sa main sur ma tête… sa pression est tellement forte que je sens son gland glisser encore et forcer le passage de ma gorge et s’insinuer dedans… c’est d’abord un peu douloureux, mais ça finit par devenir tellement excitant…

    Qu’est-ce qu’il y a, salope ? Tu n’arrives pas à toute l’avaler ?

    Ça encore, on dirait des mots de Jérém à l’époque de nos révisions avant le bac ou pendant l’été suivant… si macho, si fier de sa queue… bandant…

    Et là, juste avant que je commence à m’étouffer, il sort son manche de ma bouche et me lance :  

    « Lève toi, bouge ton cul, descend ton culbute… ».  

    J’ai tout juste le temps de m’exécuter, j’ai tout juste baissé mon jean et mon boxer, qu’il me retourne face au mur et, sans prévenir, il plonge direct son pieu dans ma raie ; le mec avance à coup sur, sans se tromper d’un poil ; avec sa queue à tête chercheuse à guidage GPS, il s’enfonce en moi en me collant contre le mur…  

    Sa queue est certes copieusement enduite de ma salive, mais mon ti trou n’est pas préparé du tout, alors je ressens d’abord une douleur aigue… je serre les dents, en attendant que ça passe…

    Il me dit « Quel trou de pute, t'es vraiment une salope… t’as du prendre de sacrées bites pour avoir un trou si accueillant... il me fait comme une clé de bras, il me bloque les bras derrière mon dos, me fait cambrer le cul et il me bloque, je ne peux plus bouger…

    Il m’a pris tellement vite, tellement par surprise que je ne l'ai pas vu venir... sur le coup, je suis tout à gérer ma douleur et ce n’est qu’au bout de 30 secondes que je réalise qu'il n’a pas mis de capote et lui fais remarquer…

    Il me dit « T’inquiète pas, je suis clean, j’ai une nana… ». Comme si ce détail était une garantie en soi.  Bref, petit coup de flippe, mais je suis tellement excité que je me laisse faire…

    Il reste calé au fond de moi sans bouger pendant de longues secondes... il commence ensuite ses va et vient, j ai un peu mal car je suis quand même encore assez serré… je me contracte, je gigote, j’incline mon buste pour tenter d’évacuer la douleur qui me lance toujours dans mon bas ventre… ça ne devait pas lui convenir car il finit rapidement par me lancer :

    « Relève toi salope ! ».

    Trop centré sur la gestion de ma douleur, je ne réalise pas sur le coup. Comme il ne se passe rien de mon côté, le mec sort de moi, il relâche mes bras pour dégager ses mains, il saisit mes épaules, il relève mon buste et me pousse à nouveau assez brutalement contre le mur. Mon visage va heurter la faïence, j’ai un peu mal au nez mais ça va, j’adore me faire bousculer par ce mâle en rut. Je sens ses mains baisser un peu plus mon jean et mon boxer.

    Il me dit : « Cambre toi bien, salope » et, ce disant, il m'écarte les jambes comme un dingue… j’ai l’impression que mon jean baissé sur mes genoux va craquer…

    D’un coup sec et toujours aussi bien visé, il replonge sa queue au fond de mon cul ; il m'arrache un petit cri étouffé et me dit :

    «T’aime ça salope, tu l’aimes ma queue dans ton cul, cambre-toi, je te dis, cambre-toi bien, salope… ».

    Je m’exécute. Apparemment il kiffe mon cul et moi je kiffe sa queue et son corps.

    C’est ça que tu cherchais, dis-le… pas de casque, pas de téléphone, juste un bon coup de queue dans ton cul de pute…

    Je suis trop excité je surkiffe. J’adore sa sommation de me soumettre à sa virilité… j’ai vraiment envie d’être sa pute…

    Oui, c’est ça, c’est tout ce que je cherchais… et je suis tombé sur le bon mec, avec une queue d’enfer…

    Elle te plait ma queue, hein ?

    Putain qu’elle me plait… j’aimerais en avoir une comme la tienne…

    Tu aimerais l’avoir dans le cul, oui…

    Ah, ça oui… elle est trop bonne…

    Quelle pute tu fais…

    Il sort de moi et un instant plus tard il rentre à nouveau sa queue pour la ressortir aussi sec… putain que c’est bon… il recommence son manège à plusieurs reprises, me rentrer sa queue et la sortir vite fait, il me fait languir… son parfum, ses couilles qui frappent les miennes… je suis dans un état second… je ne suis plus moi, je suis une pure salope, c’est lui qui me rends aussi dingue… j’en peu plus et là je lui dis :

    « Défonce moi, putain… »… jamais je n’aurais cru que cette phrase sortirait un jour de ma bouche.

    Il me répond : « Tu veux que je te défonce… c’est bien ce que tu as dit ? ».

    « Oui » je lui réponds « défonce moi bien... ». Non, jamais je ne me serais senti capable de dire et de faire ça... pourtant… ce jour là je n’avais rien à perdre, juste du plaisir à y gagner…

    Et là il rentre sa queue vraiment violemment… ses burnes fouettent mon entrejambes avec lourdeur, je les sens s’écraser contre ma raie pendant que son manche termine sa course au fond de moi… je suis envahi par sa bite, comblé… un instant après, il pose ses mains sur mes épaules, il enserre ses doigts dans une prise ferme, brutale et il commence à me limer comme un dingue, ses coups de reins sont puissants, assénées avec une brutalité dont je me délecte… je ne contrôle plus rien, je sens juste mon cul qui chauffe et qui lui appartient. Je suis vraiment son vide couilles…

    Il me pilonne comme ça pendant quelques minutes, c’est tellement bon que j’en perds la notion du temps. J’ai tout juste remarqué qu’il a mis deux doigts dans ma bouche et qu’il m’oblige à les sucer pendant qu’il me baise. Putain que je kiffe. Je prends vraiment mon pied...

    Une seule ombre au tableau… certes, mon excitation fait que j’ai vraiment envie qu’il se lâche en moi… mais ma raison me taraude l’esprit en me répétant sans cesse que, même s’il a dit qu’il est clean, ce n’est toujours que sa parole, et tu sais bien qu’ils sont assez nombreux les mecs que dans l’action raconteraient n’importe quoi pour jouir… dès lors, je n’arrive pas à m’enlever de la tête l’idée que ce que je suis en train de faire avec un parfait inconnu et une pratique vraiment dangereuse… même s’il ne jouit pas en moi…

    Je ne connais pas ce mec, pas du tout, si ça se trouve, il n’a même pas de copine… et même s’il en a une, peut-être qu’il baise ailleurs parfois, sans capote, avec des nanas qui couchent avec d’autres mecs sans capote… ou alors, pire, peut-être que de temps en temps il va peut-être se soulager avec des putes qui acceptent de baiser avec lui, comme avec d’autres hommes, sans capote pour quelques euros de plus…

    Ces pensées parasitent mon esprit au point que mon plaisir en est même un peu compromis… Kevin est toujours en train de me pilonner avec de coups de reins puissants, ses couilles frappent mes fesses avec une violence intense… c’est vraiment ce côté sauvage qui me fascine, un mec est tout entier a son propre plaisir, déchaîné… j’ai l’impression que d’un coup il laisse s’échapper et s’exprimer tous ses instincts primitifs, qu’il se lâche et se libère comme il n’a sûrement jamais pu le faire avant, comme si des vannes avaient été relâchées, comme s’il avait toujours attendu ça sans jamais se l’avouer ou avoir l’occasion de le faire…

    Parallèlement, je commence à me douter qu’à ce rythme là, vu que les dix minutes doivent être largement dépassées, ça ne va pas tarder à venir… je ressemble mes forces et mes esprits pour trouver le courage d’interrompre cette situation à risque, je suis à deux doigts de reculer mon bassin et de l’avancer par surprise pour me dégager de lui, quand d'un coup je le sens se retirer et m’intimer :

    « A genoux ! ».

    Je m’exécute et une nouvelle fois et il m’enfonce sa queue dans la bouche. Je le suce bien comme il faut, et un instant plus tard il me donne ses boules à lécher, tout en me tenant fermement la tête pour que je puisse rien faire d’autre. Putain que je kiffe...  

    Il lâche ma tête, il me fourre encore sa bite dans la bouche et me dit : « Fais moi jouir, putain ! » et sur ce, il recommence à mettre de bons coups de reins dans ma bouche, tout en bloquant ma tête avec ses deux mains. Ses couilles s’écrasent de plus en plus violemment sur mon menton.

    Hélas, mon plaisir est toujours parasité par ma raison qui avec tout le mal du monde arrive quand même à faire surface et à attirer mon attention au milieu de cette débauche de plaisir… oui, quelques instant plus tôt je m’étais senti soulagé qu’il sorte de mon petit cul avant de jouir, et là je recommence à m’inquiéter qu’il veuille gicler dans ma bouche et m’obliger à avaler… bien sûr, j’ai très envie de ça, mais j’ai également une peur bleue des mst…

    C’est encore lui qui décidera de la suite. C’est lui qui mène le jeu. J’adore quand le mec est aussi dominant. Quand il sait ce qu’il veut. Un instant plus tard il sort sa queue de ma bouche, il me chope par le bras, il m’oblige à me relever en vitesse, il me tourne dos contre le mur, il me pousse violemment contre la faïence froide, il porte une main derrière mes fesses, tout en se branlant avec l’autre main, il décolle mon cul du mur, je suis obligé d’avancer mes pieds pour garder l’équilibre, ce qui fait que mon bassin se retrouve avancé vers l’avant, offert à ses projets de jouissance que je commence à deviner…

    Je le vois se branler vigoureusement, et ce n’est désormais qu’une questions de secondes pour que l’orgasme vienne chahuter ce beau mâle… je relève mon t-shirt car j’ai envie de recevoir son jus sur ma peau… et voilà que ça vient… et c’est beau… ça vient… je le vois sur son visage et dans les spasmes qui secouent son beau physique… je le lis sur ses paupières qui retombent lourdement, sur la sueur qui a commencé à perler sur son front…

    Oui, ça vient… c’est pour maintenant… il jouit… je vois ses lèvres s’ouvrir et laisser s’échapper des expirations puissantes que cette putain de musique m’empêche de capter… je vois sa pomme d’Adam se balader nerveusement de haut en bas et de bas en haut de sa gorge sous l’effet d’une déglutition certainement inconsciente et liée à cet instant de plaisir intense…

    Et voilà qu’il largue un premier jet de foutre chaud qui vient s’abattre pile sur mes couilles, suivi d’une bonne série de jets aussi chauds, aussi copieux, aussi denses… pendant une poignée de secondes, les mec est ailleurs, perdu dans une dimension de jouissance totale, complètement déconnecté… ça ne dure qu’un instant, mais c’est beau, beau à en crever…

    Lorsque ses giclées se tarissent enfin, ma queue est trempée de son jus, mon ventre est parcouru de plusieurs traînées parfumées qui ont fusé jusqu’à mon téton et sur mon t-shirt. J'adore cette odeur, l'odeur du jus de mec, l’émanation du plaisir d’un mec.
    Kevin vient tout juste de jouir et il attrape un bout de pq pour s’essuyer la main et la queue ; il en fait un bouchon qu’il balance sans même regarder en direction de la cuvette : son geste est tellement vite fait que ça cogne contre le rebord et ça retombe parterre, à mes pieds ; sans même y prêter attention, le mec est déjà en train de remonter son caleçon blanc et son jean ; je le regarde boucler sa ceinture, avec le regret qu’il ne me propose pas de lui nettoyer la queue avec ma langue… il fait repasser son t-shirt noir par-dessus la tête… le coton est tellement élastique et moulant qu’il vient se poser sur son torse sans le moindre pli…

    C’est une loi naturelle, un beau mec est toujours à son avantage, rien ne lui empêche d’être d’aplomb… ça c’est bien quelque chose que j’ai toujours trouvé épatant chez les bogoss… non seulement t’as l’impression qu’ils ont toujours des fringues qui les mettent sacrement en valeur, des fringues que les mecs normaux comme moi ne savent même pas où aller dénicher… à croire que le bogoss est livré en kit à la naissance avec toute sa garde-robe de série… mais tout tout leur va comme du sur mesure… le pire c’est lorsque, à contrario, le bogoss a décidé de s’habiller en mode cool décontract à donf… on les voit alors porter des bonnets, des t-shirt ou autres fringues complètement improbables, des trucs, des machins qui ne ressemblent à rien… morale de l’histoire… ils peuvent s’habiller avec un sac à patates, ils sont toujours sexy ; alors que moi, portant le même genre de garde-robe, j’aurais pile l’air d’un clown…

    Fin de réflexion. A méditer.

    Kevin défait le loquet et disparaît sans un mot, sans le moindre regard. Je referme la porte en me disant que c’était sacrement bon sur le coup… au même temps je sens déjà une petite voix se frayer un chemin dans mon esprit et me faire prendre conscience à quel point c’est triste ce genre de plan, lorsque ça prend fin. Tu te sens encore plus seul après ; et, en plus de se sentir humilié, tu te sens un peu honteux et sale...  Encore que je n’ai pas joui. Et c’est sciemment que j’y renonce, préférant garder en moi un peu d’excitation que je ramènerai jusqu’à chez moi, un peu d’excitation capable de me motiver à quitter ce lieu sans que le vide post-coïtal vienne me foutre la cafard.

    Je me nettoie avec du papier toilette ; j’en ai partout, et quand je regarde mon t-shirt, je me rends compte qu’il est taché de son jus : je ressens de la honte à l’idée de sortir des toilettes dans cet état là.

    Soyons clair... j’ai adoré baiser avec Kévin, ce qui vient de se passer était viril, brutal, bestial, le mec était dominant, limite agressif, j’ai vraiment adoré me sentir bousculé par un type pareil, soumis à la seule volonté de son plaisir, de sa queue… j’ai kiffé comme un malade, au point de pouvoir imaginer tout lui donner… oui, avec ce type, dans ce plan, j’étais pile dans mon kiffe, dans mon délire…

    Hélas, une fois le fantasme évacué, lors du retour à la réalité, je me sens seul et perdu. J’ai du mal à assumer mes actes, à accepter le type de mec que je deviens face à un gus viril et dominateur. Oui, devant ce style de mec, je deviens illico sa salope. Son vide-couilles… cette idée me happe et vient angoisser mon esprit… je ne me sens pas bien… mon corps est hanté de partout par le passage de la queue du beau Kevin et je me dis que je me suis trop laissé faire… il faudrait que je sache m’arrêter avant… ce mec m’a rendu vraiment salope…

    Pourtant… est-ce que je fais quelque chose de mal en prenant du bon temps à ma façon, tant que l’autre me suit et prend également son pied dans mes délires, surtout dans la mesure où ses délires à lui se combinent parfaitement aux miens? Est-ce que le fait d’avoir envie de me sentir la salope d’un mec pendant une bonne baise fait de moi quelqu'un de mauvais ? Est-ce que ce rôle doit ternir le reste de ma personnalité, et avant tout l’image que j’ai de moi-même ? Je ne le pense pas… « And, I’m not sorry, it’s human nature » chantait Madonna il y a vingt ans déjà.

    Oui, it’s juste human nature… hélas, j’ai beau penser à ça, j’ai beau me dire que mon attitude face à ce type de mec n’a rien de répréhensible ni de mal… j’ai beau me dire que prendre autant de plaisir des sens ne peut pas être mauvais… au fond je ne peux rien y faire… parfois cette angoisse me happe, et je finis par me dire que je suis en train de descendre plus bas que terre et que dans cette course à la débauche, je vais devenir quelqu’un d’autre, je vais me perdre…

    Simple problème de tristesse post-coïtale, ou incapacité à assumer ce que je suis au fond de moi… à bien regarder, je crois que le problème est bien ailleurs, plutôt lié à mon vécu qu’à des principes dont je fais fi avec une relative facilité…

    Parfois… souvent… tout le temps en fait, à l’aune d’une baise qui s’annonce purement mécanique et sans la moindre trace de chaleur humaine, devant un mec prêt à se déshabiller et à sortir sa queue pour la fourrer d’abord dans ma bouche, devant le genre de plan qui excite pourtant si violemment mon imaginaire érotique, je retrouve en moi, mélangé à l’excitation du moment, un sentiment d’échec, d’humiliation, de régression, de trahison de moi même et de mon passé, de la personne que j’ai été, du garçon amoureux, du garçon aimé que j’ai été, ce garçon qui n’avait pas besoin de se retrouver dans des chiottes pour baiser brutalement avec un bel inconnu juste avant de le regarder se tirer sans un mot, sans un regard…

    Qu’est donc devenu ce garçon ? Est-ce qu’il est devenu ce jeune homme couvert de sperme, ayant un instant plus tôt pris son plaisir en se sentant le trou à bite d’un Kevin ? Un trou parmi d’autres que ce mec pourrait avoir et qu’il aura peut-être après cette première expérience, des trous à qui il n’accordera d’importance qu’en tant que moyen pour atteindre son orgasme? A ce compte là, je me sens aussi important et aimé qu’une capote…

    Oui, cette idée de trahir mon passé et l’amour que j’ai connu dans d’autres moments de ma vie, me taraudera l’esprit au début du plan qui démarre ; dans l’acte, je me prendrai tellement au jeu que je finirai par oublier cette petit voix et par me laisser aller : c’est le pouvoir des sens sur notre esprit, un pouvoir aussi absolu qu’éphémère…

    Mais une fois la tempête des sens dissipée, c'est triste de me dire que le Nico qui se livre ainsi à ses plus bas instincts est définitivement indigne du Nico pour qui il y a longtemps déjà, un garçon nommé Jérém T était le seul but de sa vie. Avoir autant aimé, avoir autant souffert, avoir par moment senti son amour... avoir pris un plaisir fou avec lui, parce que c’était lui et personne d’autre, avoir connu la tendresse avoir été bien avec lui, avoir cru que ce serait possible que tout serait possible, l’avoir cru parfois, dans ces merveilleuses occasions, trop rares à mon goût, quand nos esprits arrivaient à s’accorder… avoir un jour connu le Paradis, en être tombé, et aujourd’hui me perdre en Enfer…

    Lorsqu’on a connu le plaisir avec l'homme qu'on a aimé plus que tout, plus que soi, tout autre plaisir fera in fine pâle figure face à la grandeur déchue et aveuglante ce de Paradis Perdu. Oui, on entend souvent que le plus beau des Paradis est celui que l’on a perdu. Mais il en est un parmi d’autres, encore plus difficile à oublier : l’amour avec le Seul et l’Unique qui n’ait jamais vraiment compté dans notre vie.

    Comment regarder en face mon beau Jérém le jour que je le retrouverai, alors que je sais qu’en rentrant tout à l’heure, je n’oserai pas me regarder moi même dans la glace ?

    Jamais dans ces moments là, quand je regardais mon beau, quand je sentais son regard doux et aimant sur moi, jamais j’aurais imaginé un seul instant avoir un jour besoin de me faire chahuter par un inconnu dans les chiottes d’un centre commercial. Prendre du plaisir à devenir le trou d’un beau mâle… alors qu'un jour j'ai été quelqu'un de spécial pour la seule personne qui n'ait jamais compte dans ma vie… quand le cœur est privé d’amour, le corps prend le dessus et s’enfonce dans la luxure.

    Avec Kevin c’était bon, vraiment un bon coup ; oui, c’était bon… mais pour bon que ça puisse être, ça ne le sera jamais autant que ça l’a été avec mon beau tout au long des années pendant lesquels on s’est côtoyés… non, aucun plan ne pourra jamais être aussi bon que les coucheries avec Jérém, surtout lorsqu’on se retrouvera après s’être perdus, lors de retrouvailles où coucher rimera enfin avec faire l’amour.

     


  • Commentaires

    1
    Yann
    Mercredi 6 Décembre 2023 à 08:57

    Assez difficile pour moi de faire un commentaire sur cet épisode qui a été publié en août 2019 alors qu'on ne connaissait pas quelle évolution l'histoire allait avoir.

    Avec les éléments d'aujourd'hui, j'ai un pincement au cœur de voir que Nico ne trouve que des plans sexe alors que ce qu'il cherche est tout autre et unique : son amour de jeunesse Jérém. 

    Tous les garçons qu'il a rencontrés, susceptibles de chercher comme lui une relation amoureuse, il les a écartés car même s'il pouvait espérer trouver avec eux le bonheur, c'est toujours pour lui trahir le passé.

    2
    Jean
    Mercredi 6 Décembre 2023 à 16:00

    Ta vision de la masculinité et la retranscription par l'écriture est d'un talent inouï.

    Lis ça, ça va te plaire:

    https://www.gayspiralstories.com/story/show/10005774

    https://www.gayspiralstories.com/story/show/10007687

     

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :