• 20 Le mec du comptoir (version 2015 et version 2023)

    20 Le mec du comptoir (nouvelle version de 2023)

    (La version de 2015 se trouve juste après la version de 2023).


    Mars 2015.

    Aujourd’hui, c’est une belle journée de printemps. Le vent d’Autan souffle depuis hier, vigoureux et insistant, et le ciel est bien dégagé.
    Ce matin, je me rends dans un magasin de matériel électrique pour acheter une bricole pour la maison. Dès mon arrivée, je constate qu’il y a du monde au comptoir. Mais aujourd’hui je ne travaille pas, et je ne suis pas pressé.
    Et je ne le suis d’autant pas que je viens de TE remarquer dans la file d’attente à côté de la mienne. Toi, beau jeune mâle brun au regard ténébreux et au physique avantageux. Mon regard et mon Être tout entier se figent sur toi, et tout disparaît autour.
    A chaque fois que l’existence d’un beau garçon traverse ma rétine et mon esprit, je me retrouve comme plongé dans un état second. C’est une expérience presque mystique. Pendant quelques instants, j’assiste, incrédule, à une sorte de révélation repoussant à chaque fois les limites de la magnificence du Masculin.
    Je suis percuté, submergé, envahi par un trop plein de sexytude, de mâlitude, de virilité, d’irrépressible désir. Ma conscience sature, bugge. Je me retrouve comme hébété, fixant avec insistance le Petit Dieu pour laquelle mon adoration est déjà totale, comme en étant d’hypnose, dans la tentative inconsciente et désespérée de capturer, de comprendre, d’admettre que tant de beauté, de mâlitude, de sexytude puissent être réunies en un seul garçon.
    C’est une expérience à la fois délicieuse et frustrante, tant l’objet de mon désir est généralement inaccessible. Mais ça me met toujours de bonne humeur que de croiser un bel inconnu de bon matin.
    Et toi, toi t’es vraiment beau, mec ! Tu es un garçon solide, un brun comme je les aime, pas très grand, un mètre 70 maximum. Il est à mes yeux une sexytude propre à ce genre de garçons, que j’appelle les « petits formats très bien proportionnés ». Tes cheveux sont ni trop courts, ni trop longs, arrangés un peu à l’arrache. Tu as la peau mate, une petite barbe de quelques jours, bien sexy. Tu te situes dans une plage d’âge entre 25 et 30 ans.
    Tu es habillé plutôt simplement, tu portes un pantalon de travail à poches, des chaussures de sécurité.
    Mais aussi un t-shirt gris avec un ballon ovale imprimé dans le dos, surmonté par le nom d’une petite ville des alentours. Tu es donc un rugbyman, ou du moins un passionné de rugby.
    Le t-shirt épouse à la perfection tes épaules bien taillées, tes pecs, laissant même deviner tes tétons. Quelques petits poils tout mignons dépassent de l’arrondi du col. C’est un t-shirt de travail, et tu le portes avec un naturel désarmant, sans intention particulière de te mettre en valeur. Et pourtant, ça te met sacrement en valeur. Tu ne peux même pas imaginer à quel point. Tu n'es peut-être même pas conscient d’à quel point tu es sexy.
    Première loi de la Bogossitude : un rien habille un bogoss.
    Deuxième loi : un garçon n’est jamais autant sexy que lorsqu’il ne fait rien pour cela.
    Troisième loi : le garçon le plus sexy qui soit est celui qui ignore à quel point il l’est.
    Et c’est justement cette absence d’intention et de conscience qui font le charme de ta tenue, et de ta personne. Petit mec, tu es insupportablement sexy !
    Tu rentres dans mon champ de vision et mon regard est à nouveau vierge, à nouveau enchanté. Et en te regardant, je ressens un bonheur tout aussi intense que la première fois de ma vie où j’ai été percuté par la beauté d’un beau garçon. Pour autant que je me souvienne, ça devait être au Cours Moyen, lors d’un cours de natation. L’un des moniteurs était très beau. C’était la première fois que je voyais un garçon aussi beau.
    Petit brun, tu as l’air pressé. Tu dois avoir du travail qui t’attend, des clients à contenter. Tiens, d’ailleurs ton téléphone vient de sonner. Tu décroches. Et soudain, tes beaux traits virils se crispent. Ton regard brun et charmant prend un air désabusé et fatigué. A un moment, il croise le mien. Je te souris, l’air compatissant. Te montrer de l’empathie est ma façon de te faire remarquer mon existence. Mon sourire doit te faire plaisir car tu souris à ton tour. A cet instant, j’ai envie de pleurer tellement ton sourire m’emplit de bonheur.
    Le premier client de ta file d’attente est parti et il ne reste qu’un autre type devant toi. Tu en as assez entendu, tu as l’air de vouloir mettre un terme à cette conversation qui commence visiblement à t’agacer.
    —    Ecoutez, Madame, je serai chez vous en début de semaine prochaine, mais pas avant. Je vous ai dépanné de ce qui était le plus urgent et j’en fais de même avec d’autres clients. Je dois vous laisser, j’ai beaucoup de travail. C’est pas la peine de me rappeler encore d’ici là. Je sais parfaitement ce qui me reste à faire. Je vous dis à lundi, passez un bon week-end.
    Le ton de ta voix est ferme, et je décèle un bon petit accent toulousain plutôt marqué, plutôt craquant.
    Tu viens de raccrocher et ton regard revient vers moi. Nous ne sommes pas très loin l’un de l’autre, moins de deux mètres nous séparent. Je te souris à nouveau. Tu souris à ton tour, mais pas longtemps. Ton portable sonne à nouveau. Cette fois-ci, tu ne réponds pas, tu appuies sur la touche rouge, l’air de plus en plus agacé. Finalement, le client devant toi prend beaucoup de temps, et tu commences à t’impatienter.
    Tu as l’air fatigué, mon mignon. A en juger d’après la façon dont tu t’étires, il est évident que ton sommeil matinal a été coupé par un réveil qui a sonné trop tôt. Et maintenant, planté là à attendre, ta fatigue te rattrape. Tu aurais encore dormi, j’imagine, si le taf ne t'avait pas obligé à sortir de tes draps.
    Tu es debout depuis quelle heure ? Est-ce que tu étais seul dans ton lit ? Est que tu étais avec ta copine ? Avec ta femme ? Est-ce que tu lui as fait l’amour hier soir ? Est-ce que tu t'es réveillé avec une bonne trique et tu t’es fait sucer ? Ou bien, est-ce que tu as pris le temps de te branler avant de sortir de ton lit ? Ou alors sous la douche ?
    Tu bailles, tu t'étires à nouveau, tu frottes ta barbe brune, et je te trouve de plus en plus sexy à chaque seconde qui passe. Je sens mon ventre frémir, comme secoué par un tambour de machine à linge en mode essorage. J’ai déjà follement envie de toi.
    —    C'est long, ça n’avance pas… je te lance, comme la première pierre posée d’un pont que je voudrais bâtir entre nous.
    Je suis le premier étonné de mon « audace ». Mais tu me fais vraiment trop d’effet, et j’ai besoin d’attirer ton attention, j’ai besoin que tu poses ton regard sur moi, j’ai besoin que tu saches que j’existe. Au moins pendant un instant.
    En vrai, je tremble, j’ai le cœur qui bat à mille, j’ai le souffle coupé, les jambes en coton. J’ai peur que tu trouves ma remarque déplacée, que tu me trouves déplacé tout court, j’ai peur d’ajouter de l’agacement à ton esprit.
    Mais, pour mon grand plaisir, tu me réponds, tu me secondes. Et tu n’as pas du tout l’air agacé par ma démarche.
    —    Ah, oui, j'en ai marre d'attendre. En plus, j’ai un taf monstre qui m’attend !
    —    Vous bossez dans quoi ?
    —    Je suis chauffagiste. Et vous ?
    —    Ingénieur et… bricoleur !
    —    Moi c’est Pierre.
    —    Moi c’est Nicolas, enchanté !
    Le client devant toi a terminé et c’est désormais à ton tour de te faire servir. Ce qui met un terme prématuré à nos échanges. Tu approches du comptoir. Le petit mec qui vient vers toi est un brun à lunettes au physique élancé, pas mal du tout dans son genre non plus. Mais moi, je n’arrive pas à décrocher mon regard de toi, beau chauffagiste !
    Je t’entends expliquer que tu as passé une commande et qu’on t’a appelé pour te dire qu’elle était arrivée. Le petit mec à lunettes cherche sur son ordi mais semble avoir du mal à retrouver la commande en question. Tu attends, les coudes appuyés sur le comptoir, le dos incliné, les fesses un brin cambrées. Mais putain qu’est-ce que tu es beau, ainsi négligemment appuyé au comptoir ! Tu l’ignores, mais cette position fait se soulever légèrement ton t-shirt à l’arrière, laissant ainsi découvrir un petit bout de peau proche de ta chute de reins. C’est beau, beau, beau !
    Le petit mec à lunettes part dans le bureau à l’arrière du comptoir. On le voit discuter avec un autre type derrière la porte vitrée. Ce dernier passe un coup de fil. Entre temps, le client qui me précédait dans la file d’attente est parti et je me retrouve à mon tour devant le comptoir. A nouveau à un mètre de toi. J’annonce rapidement ma commande et le vendeur part dans l’arrière-boutique chercher la marchandise.
    Mon regard revient aussitôt vers toi, beau chauffagiste. Mais je n’ai pas le bonheur de croiser le tien car le petit mec à lunettes revient t’expliquer qu’il y a eu une erreur, que ta commande est incomplète, qu’il manque juste… la pièce principale !
    Tu sembles excédé. Je t’entends lancer, à bout de nerfs :
    —    Ça bousille ma journée. J’avais promis au client d’y aller aujourd’hui. Est-ce que je peux au moins savoir quand j’aurais cette pièce ?
    Le jeune vendeur retourne dans l’arrière-boutique pour se renseigner. Et moi j’en profite pour te lancer :
    —    Ça ne s'arrange pas ici…
    C’est une affirmation qui ne repose sur rien, car c’est la première fois que je viens dans ce magasin, c’est un bluff imaginé dans le seul et unique but d’essayer d’établir un début de complicité par l’empathie. Et ça marche !
    —    Non, pas du tout… tu confirmes.
    En attendant, mes pièces sont arrivées sur le comptoir. Trop vite, pour une fois que je ne suis pas pressé ! C’est con, je vais avoir fini avant toi. Je vais partir avant toi. J’aurais bien voulu continuer à discuter avec toi, trouver le moyen de te parler d’autre chose que de taf et de taf.
    Une fois que j’aurai réglé ma facture, je vais partir ! Et ce sera fini, je rentrerai dans ma voiture, je reprendrai ma route et ne te reverrai plus jamais.
    Bien sûr, il y a toujours une raison qui fait que rien n’est jamais possible entre moi et un gars que je kiffe. Je peux toujours invoquer des conditions conjoncturelles défavorables pour tenter d’expliquer mon manque de cran, pour tenter de justifier à moi-même mon incapacité à aller vers l’autre, à briser le mur de verre qui me sépare d’une possible belle rencontre. Aujourd’hui, je peux me dire par exemple que ce beau chauffagiste est bien trop accaparé par ses soucis et bien trop pressé pour qu’il puisse être réceptif à mes approches.
    Mais je sais pertinemment que ce ne sont que des excuses. Et ça n’apaise en rien la douloureuse déchirure provoquée au plus profond de moi par la dichotomie inconciliable entre mon désir et ma frustration.
    La vérité est que je ne sais pas aller vers les garçons qui me font de l’effet. Je ne sais même pas y aller pas dans les endroits prévus pour cela, alors, dans la vie de tous les jours…
    La peur du rejet, de l’humiliation et de la violence me tétanise. Aussi, la bogossitude m’impressionne, me fait me sentir comme un vilain petit canard honteux et me fait perdre tous mes moyens.
    Mon vendeur me rend la carte bleue, me tend la facture et me colle mon carton dans les mains. Je me retourne vers toi, beau Pierre. Tu captes mon regard et tu y accroches le tien. Je voudrais te parler, trouver le moyen de prolonger nos échanges, mais je n’ai aucune idée de comment m’y prendre.
    —    Bon courage… tu me glisses, tout mignon.
    —    Oui, bon courage à vous aussi…
    Et voilà, c’est comme ça que ça se termine, déjà. Je me mettrais des baffes, des baffes et encore des baffes.
    J’avance vers le sas, le ventre ravagé par le regret et la frustration. Je me sens mal et pire, j’ai envie de hurler jusqu’à m’en casser les cordes vocales !

    C’est en traversant le sas d’entrée que mon esprit est traversé par une idée qui me paraît plutôt pas mal. Je vais t’attendre ici, beau chauffagiste, un café à la main, et je vais t’en proposer un quand tu vas te pointer. Autour d’une pause-café, nous pourrons continuer à parler, et peut être faire un peu plus connaissance.
    Au fond de moi, je ne sais pas exactement ce que je cherche. J’ai terriblement envie de toi, mais j’ignore s’il y a moyen que tu sois partant pour cela. En attendant, j’ai envie de passer un peu plus de temps avec toi. Au moins ça, et tant pis si le désir qui me ravage restera inassouvi. Tu es trop craquant, je ne peux me résigner à partir sans rien tenter, je ne me le pardonnerais pas !
    Je pose mon carton dans ma voiture et je reviens vite dans le sas. Je me fais couler un café à la machine.
    Au bout de plusieurs minutes, tu n’es toujours pas sorti du magasin. J’ai terminé mon café et je commence à me dire que j’ai l’air con planté là à attendre de la sorte. Je ne sais même pas si je vais avoir le cran de te le proposer, ce putain de café !
    Oui, il faudrait avoir un peu plus de cran. Et arrêter de flipper. Au fond, je ne fais rien de repréhensible. Tu es beau, ça c’est un simple constat, et tu me plais, rien de plus normal. Je crève d’envie de t’offrir du plaisir, ni plus et ni moins de ce dont tu aurais envie. Rien de plus louable, pas vrai ?
    Pourquoi alors je me sens si mal, pourquoi je trouve mon comportement si déplacé ? Pourquoi ai-je l’impression de commettre un délit et d’aller forcément te déplaire ? Pourquoi je me sens fautif et coupable ?
    Plus les minutes passent, plus je sens ma détermination flancher. Je me dis que je ne vais pas oser, que quand tu vas enfin te pointer, je vais te laisser passer sans même te regarder. De toute façon, tu vas être pressé d’aller retrouver tes obligations de la journée, et je ne vais pas oser te proposer un simple café. Des excuses, toujours des excuses. Oui, je peux être con à ce point !
    Autant que je me tire d’ici tout de suite, en évitant ainsi une défaite cuisante dont je suis le seul responsable, moi qui sais si bien saboter mon propre bonheur depuis toujours.
    Je suis dans tous mes états, déchiré entre le désir qui me ravage, la crainte de ne pas oser, la peur de me faire refouler, rejeter, humilier, l’envie de partir, la colère contre moi-même de n’avoir pas plus d’audace, et contre l’injustice d’une culture, d’une société qui, condamne et rend si difficile le bonheur entre garçons.
    A moitié inconsciemment, je sors mon téléphone de ma poche et j’accomplis le geste machinal d’aller faire un tour sur l’application. Ce geste familier me rassure. Le portable à la main me donne une contenance, une « excuse » du fait de me trouver toujours là, plusieurs minutes après avoir réglé mon achat. Je me dis que je vais faire genre le gars occupé à écrire un mail ou à consulter je-ne-sais-quoi.
    Dans la mosaïque de l’application, je découvre en première position un profil inconnu au bataillon, « PIR31130 ». La photo de profil n’affiche pas le visage, juste un détail d’un biceps à moitié couvert par une manchette de t-shirt noire. Dans le descriptif, l’âge, 27 ans, et une courte description.
    « Je suis nouveau ici, je découvre ».
    Et là, surprise, la distance affichée est de 10 mètres. Mon cœur fait un bond. Je sais que l’application manque parfois de précision. Mais 10 mètres, ça signifie que le gars est quand-même tout proche !
    Son âge, son côté « nouveau ici », cette photo à la fois mystérieuse et sensuelle, tout cela m’intrigue à mort. A coup sûr, le mec doit se trouver dans le magasin. Il y avait plusieurs mecs à l’intérieur, mais comment savoir de qui il d’agit ? Je crève d’envie de rentrer à nouveau pour tenter de trouver qui se cache derrière ce profil qui m’intrigue.
    Mais je n’ose pas franchir à nouveau la porte d’entrée. J’ai peur de me faire remarquer, et qu’on trouve mon comportement louche. Je décide alors d’engager la conversation virtuelle. J’envoie illico un :
    « Salut », pour établir le contact. Mon profil affiche ma photo au-dessus de mon pseudo, « Nico82du31 ». Il pourra donc me localiser en premier.
    Je suis stressé comme pas possible, je suis impatient, cette situation inédite me donne le tournis. Je sais que je ne t’aurais pas, Pierre, mais peut être que je pourrai me consoler avec le gars au biceps musclé.
    Plusieurs secondes s’écoulent avant de recevoir un message en retour.
    « Salut, je t’ai vu dans le magasin »
    Ah, voilà autre chose.
    « Facile pour toi, moi j’ai mis ma photo ; - ) » je plaisante.
    « Pas faux »
    « Tu cherches quoi ? »
    Bien Nico, en plein dans le mille, en tout cas dans le top 5 des phrases les plus usées dans l’application !
    « Attends je sors je t’explique »
    De plus en plus intrigué et abasourdi, je me penche vers la porte vitrée coulissante côté magasin. Je voudrais rester discret mais je m’approche trop du capteur de mouvements. Et la porte s’ouvre, me laissant à découvert, démasqué, comme soudainement mis à nu.
    La porte s’ouvre et tu es là, devant moi. Pendant une fraction de seconde, j’ai cru que ce serait le mystérieux gars de l’application qui venait « m’expliquer ». Mais c’est toi, mon beau chauffagiste. Tu me regardes, tu me souris. Je fonds comme neige au soleil.
    J’aimerais tellement partager un bon moment avec toi, mais au fond de moi je sais parfaitement que ce n’est pas possible. J’ai voulu y croire, parce que tu me fais un effet de dingue. Mais il est temps d’arrêter de rêver. Et maintenant, il faut que tu partes au plus vite. Pour que ma frustration de te savoir inaccessible commence à s’estomper, et parce qu’un autre gars doit venir « m’expliquer » quelque chose d’important d’une seconde à une autre.
    —    Je l’ai eue ma pièce, à la fin, tu me lances, parfois il faut juste insister.
    Tu es tellement beau, j’ai tellement envie de toi !
    —    Vous devez être soulagé…
    —    Et si on se tutoyait ? tu me lances.
    —    Ça me va. Tu dois être soulagé…
    —    Et si on arrêtait de tourner autour du pot, monsieur « Nico82du31 » ?
    Après une fraction de seconde d’ébahissement, tout prend forme dans ma tête.
    —    C’est donc toi « PIR3130 »…
    —    P-I-R… tu précises.
    —    Ah oui, je suis bête, P-I-R, Pierre, il suffisait de lire !
    —    Bah oui ! tu te moques gentiment.
    —    Ça te dit un café ? je prends confiance.
    —    Bah, c’est pas de refus. Mais je vais d’abord poser mon carton dans le fourgon. Je reviens de suite.
    —    D’accord !
    Tu passes la deuxième porte vitrée qui s’ouvre en laissant entrer l’air frais de l’extérieur. Ton fourgon blanc est garé sur une place de parking juste en face de la porte du magasin. Pendant ce temps, je fais couler ton café, heureux comme rarement je l’ai été ces dernières années. J’en profite aussi pour reprendre ma respiration après plusieurs minutes passées comme en apnée. Respire Nico, respire, ça va bien se passer… J’ai les doigts qui tremblent, les jambes qui flanchent.
    Tu reviens une minute plus tard. Je te tends ton café.
    —    Merci beaucoup, tu me lances, en portant le gobelet à tes lèvres et en sirotant une première gorgée chaude. Tes paupières descendent par reflexe. Tes cils sont longs et bruns, très sensuels.
    —    Tu t’es levé de bonne heure ? je te questionne.
    —    Pourquoi ?
    —    Parce que tu as l’air bien fatigué.
    —    Je suis réveillé depuis quatre heures du matin !
    —    Tu commences aux aurores !
    —    J’aurais pu dormir encore ! C’est le gosse qui en a décidé autrement…
    Aaaaahhhhh !!! Bogoss, jeune papa, et sur une application de rencontres gay ! Le tableau masculin qui commence à se dessiner autour de ton existence est riche !
    —    Tu as un enfant ?
    —    Oui, de deux mois…
    —    Félicitations !
    —    Merci. Mais ce n’est pas que du bonheur, tu sais… Ça fait deux mois que je ne dors presque pas. Je suis sur les nerfs, ma copine est sur les nerfs aussi.
    —    C’est si dur ?
    —    Oh, oui ! En plus, depuis six mois elle ne veut plus coucher. D’abord, c’était la fin de la grossesse. Et depuis qu’elle a accouché, elle n’a plus de libido. De toute manière, il n’y a plus que le môme qui compte. Moi je n’existe plus !
    —    Ça doit être dur en effet, je compatis.
    —    Je n’en peux plus de me taper des queues devant du porno !
    —    C’est pour ça que tu viens de faire un tour sur l’application ?
    —    C’est tout nouveau pour moi…
    —    T’as jamais couché avec un mec ?
    —    Si, si, quand j’étais plus jeune, au collège. En classe, il y avait un mec qui me kiffait, il m’accompagnait tous les jours à la maison et il me suçait avant que mes parents rentrent du taf. Mes parents pensaient qu’il m’aidait à réviser, mais il venait juste pour me vider. Ils ne se doutaient de rien. Parfois ils insistaient pour qu’il reste dîner, et après on remontait jouer au jeux vidéo. Et il me suçait encore.
    Mon cerveau fait un parallèle à la fois excitant et nostalgique avec mes révisions avec Jérém.
    —    Et depuis, rien ?
    —    Non. Après le collège, nous nous sommes perdus de vue. J’ai commencé à sortir avec des nanas, j’ai fini le lycée, j’ai bossé chez un patron pendant quelques années, je me suis installé à mon compte, j’ai rencontré la fille avec qui je me suis marié, on a fait un gosse, et tout s’est enchaîné.
    —    Et aux mecs, tu n’y pensais plus ?
    —    Si, bien sûr. Mais je n’osais plus.
    —    Et maintenant ?
    —    Maintenant j’ai trop envie de baiser !
    —    Et plutôt des mecs…
    —    J’ai envie de savoir si je kiffe toujours…
    Et là, je me sens pousser des ailes et je décide d’oser.
    —    Tu peux très vite en avoir le cœur net…
    Tu souris et tu reprends une gorgée de café. Une étincelle lubrique a fait son apparition dans ton regard. Dans le petit sas, l’air est de plus en plus chargée d’électricité, de sensualité.
    —    T’as des capotes ? tu me demandes.
    Mon cœur bat à tout rompre. Tu es beeeaaaauuu, et tu es un sacré bon coquin, j’ai terriblement envie de toi !

    Quelques minutes plus tard, après être passé acheter mon sésame en caoutchouc pour une baise « safe », je te rejoins sur un petit chemin discret à la sortie de la ville que tu m’as indiqué. Je me gare juste derrière ton fourgon. Mon cœur bat tellement fort que j’ai l’impression qu’il va bondir hors de ma poitrine.
    Tu ouvres la porte arrière, et tu me souris à nouveau. Tu es tellement beau, si tu savais ! Ton sourire me donne du courage, du bonheur, un peu plus d’adrénaline, un peu plus le tournis.
    Je monte et je claque la porte derrière moi. Les parois du fourgon sont recouvertes d’étagères pleines d’outils, un établi est posé derrière le siège conducteur, mais tout l’espace central est libre. Le plafond est assez haut pour tenir debout.
    Nous sommes l’un face à l’autre, nous nous regardons, nous nous toisons, sans oser parler. C’est toi qui brises le silence.
    —    C’est mon premier vrai plan avec un mec, alors je ne sais pas comment…
    Tu es beau comme un Dieu, tu es beau à pleurer toutes les larmes de mon corps. Mais avant ta beauté, c’est ton regard qui me touche. Ici, dans ce fourgon, alors que tu t’apprêter à franchir le pas de l’interdit, à coucher avec un garçon, à tromper ta femme – tu dois penser à elle, à cet instant, et à ton gosse aussi, tu dois culpabiliser, quelque part au fond de toi – tu as l’air perdu et vulnérable. Tu me touches profondément.
    Tu as envie de sexe, certes, mais tu as aussi besoin de tendresse, d’attention. J’ai envie de tout avec toi, mais avant tout, j’ai envie de te serrer dans mes bras et de te couvrir des bisous et de câlins. Alors, je m’approche de toi, je te serre dans mes bras, je t’embrasse dans le cou, délicatement, sensuellement, je caresse ton dos, ton cou, je laisse mes doigts se perdre dans tes cheveux bruns. Tu te laisses faire, sans bouger. Tu sembles bien kiffer. Ce contact avec ton corps solide me fait un bien fou. J’entends ta respiration, les battements de ton cœur qui traduisent ton excitation mêlée de réticences, de questionnement, de peurs, je capte l’odeur de ta peau. J’ai envie de te garder dans mes bras pendant des heures, j’en ai envie parce que j’ai l’impression qu’à toi aussi ce contact fait du bien, que ça t’apaise.
    Nos braguettes s’effleurent, tu bandes, je bande. Tu frissonnes. Il n’en faut pas plus pour faire tomber toutes mes inhibitions. Je passe mes mains sous ton t-shirt, je laisse glisser mes doigts sur ta peau douce et tiède, je découvre le dessin léger et ferme de tes abdos, la douceur de tes poils. Je remonte vers tes pecs, je trouve tes tétons.
    J’insiste avec mes doigts sur tes tétons, tu frissonnes plus fort encore. J’ai envie de t’embrasser sur la bouche, je tente le coup, je teste ta réaction. Mes lèvres se posent sur les tiennes, ma langue s’insinue dans ta bouche, la tienne vient à sa rencontre. Quel bel accueil ! Ça me donne des frissons inouïs, je bande comme âne. Comment j’ai envie de toi !
    Je t’embrasse de plus en plus fougueusement, je défais ta ceinture, puis un à un les boutons qui vont me donner accès à ta virilité. Le contact avec le tissu fin de ton boxer tendu par une queue insolente et frémissante est super excitant.
    Je continue de t’embrasser, je plonge ma main dans ton boxer et j’empoigne ta queue. Ton engin viril tiède et bien raide emplit bien ma main. Je te branle doucement.
    Je suis à genou devant toi. Tu es désormais accoudé sur le bord du petit établi, les jambes légèrement écartées, le bassin bien vers l’avant, ta virilité fringante offerte à ma bouche tout aussi impatiente. Tu as vraiment envie de te faire sucer, après tous ces mois de disette !
    Je te pompe avec bonne vigueur, j’avale ton manche avec entrain. Tu as gardé ton t-shirt gris, et tu as eu raison. Sacré t-shirt, enveloppe en coton mettant en valeur l’anatomie masculine sans complètement la dévoiler, aiguisant le désir, exacerbant l’envie, laissant le temps d’imaginer le bonheur de déshabiller, de découvrir, d’être émerveillé.
    —    Ah, putain, c’est bon, je t’entends grogner, la voix cassée par la tempête des sens, comme dans un état second, vas-y, encore, comme ça !
    Très plaisant à entendre.
    Encouragé par tes mots, je continue avec un entrain grandissant. Je veux me surpasser, je veux t’offrir autant de nuances de plaisir que possible. Je veux te sentir vibrer sous les assauts de ma langue experte.
    Ta respiration se fait de plus en plus profonde et intense. Dans le mouvement, ton t-shirt remonte en cadence, j’aperçois ton nombril, je sens sur mon visage l’odeur léger de ton gel douche et la tiédeur de ta peau.
    Cette simple vision de ton bas ventre a le don de décupler mon envie d’aller encore plus loin dans le déferlement de plaisir que je peux t’offrir. Mes mains se glissent à nouveau sous ton t-shirt, mes doigts frémissent sur tes abdos, avant d’aller à nouveau agacer tes tétons. Tu as l’air surpris par ce contact, tu sursautes. Mais tu prends un pied d’enfer. Je relève les yeux pour apercevoir ton visage, juste à temps pour te voir ramener la tête vers l’arrière, ouvrir la bouche dans un soupir profond traduisant ton plaisir extrême. Et moi je suis fou d’être l’auteur de ton plaisir !
    J’adore l’idée d’être le premier gars qui accède à ta belle queue depuis dix ans, et je vais tout faire pour que la réponse à ta question – J’ai envie de savoir si je kiffe toujours (avec un mec) – soit une affirmation, une évidence, un acquis.
    Je me fais violence pour arrêter de te pomper. Je me relève, je t’attrape par une épaule t’obligeant à avancer vers moi. Je peux ainsi me glisser derrière toi, coller mon torse à son dos, ma queue raide calée dans ta raie.
    —    Pas ça… je t’entends me glisser, un brin paniqué.
    —    T’inquiète, aujourd’hui, le mec, c’est toi ! je te rassure.
    Je glisse l’une de mes mains sous ton t-shirt, je la charge d’aller caresser tes tétons, j’envoie l’autre saisir fermement ta queue et recommencer à la branler. Ma bouche se pose sur ton cou, mes lèvres sont entreprenantes, ma langue se déchaîne. Je suis tellement excité que je m’aventure à mordiller délicatement la peau de ton cou, et même le lobe de ton oreille. Là aussi, tu sembles kiffer.
    Et là un souvenir remonte en moi avec une violence inouïe. C’est le souvenir d’un séjour dans un grand hôtel à Biarritz, le souvenir d’un matin, de Jérém fatigué après la cuite de la veille et une nuit trop courte. Je le revois assis sur le bord du lit, je me revois installé dans son dos, mes jambes autour des siennes, une main s’occupant de ses tétons, l’autre de sa queue, jusqu’à le faire jouir.
    —    Putain, mec, si tu continues comme ça, je vais jouir ! je t’entends me glisser, au bout de ta vie.
    Naaaaan, mec, tu ne vas pas jouir encore, j’en n’ai pas fini avec toi, mon beau !
    Je lâche aussitôt ta queue, je saisis tes hanches, t’invitant à pivoter, je contemple ta queue raide comme un piquet, frémissante, impatiente. J’en peux plus, j’ai trop envie de te voir à poil, de découvrir l’intégralité de ta beauté mâle. J’attrape le bas de ton t-shirt et je le soulève. Tu secondes mon mouvement en soulevant tes bras. Le coton gris glisse autour de ton torse.
    Je ne m’étais pas trompé, le t-shirt n’avait pas triché, qu’est-ce qu’il est beau ce torse solide, bien proportionné, légèrement poilu à hauteur des pecs ! Tout est conforme à ce que mes doigts m’avaient anticipé lors des explorations à l’aveugle dont je les avais chargées.
    Avec ta peau mate, tes cheveux bruns, ton regard brun, la bonne pilosité brune de ton torse, c’est fou comment tu me fais penser à Jérém ! Il te manquerait que quelques tatouages et une chaînette de mec pour que l’illusion soit presque parfaite. Définitivement, je suis toujours attiré par le même style de mec. Brun, la peau mate, les cheveux courts, un sourire à tomber par terre…
    Je suis tellement chamboulé que j’en oublierais presque de m’occuper de toi, mon charmant chauffagiste. Tu prends alors la main, tu me pousses contre une étagère, tu te mets à genou, tu défais ma braguette et commences à me sucer à ton tour.
    C’est parfois maladroit un mec qui suce pour la première fois. Je sens que tu as envie de ça, et que tu as envie de bien faire. Tu cherches tes marques. En attendant, tu serres trop ma queue avec tes doigts. Je porte ma main sur la tienne pour te signifier de desserrer sa prise et de faire juste avec ta bouche. Tu te laisses guider et c’est un peu mieux, mais toujours pas top. Pourtant, ce n’est pas faute de t’avoir montré pendant un long moment comment donner du pied à un mec ! Mais il est des compétences pour lesquelles rien ne remplace la pratique et l’habilité innée.
    Tu entreprends de faire des va-et-vient de plus en plus rapides et violents, mon gland n’apprécie pas vraiment.
    —    Vas-y doucement, ralentis un peu, sois plus doux… je tente de t’aiguiller.
    Peu à peu, tu changes de rythme, et tu sembles enfin te mettre à l’écoute de ma respiration et de mes soupirs. Là ça commence à devenir bon.
    Pendant que tu t’affaires sur ma queue, je caresse tes épaules. Ta peau est douce, c’est super agréable. Je laisse mes doigts s’aventurer dans tes cheveux. Ce contact est particulièrement excitant. Tellement excitant que je me fais surprendre par l’approche rapide de mon orgasme.
    —    Arrête, mec !
    Je repousse légèrement tes épaules pour que tu arrêtes de me pomper, tout juste un instant avant de jouir. Il s’en est vraiment fallu de peu, et ç’aurait été dommage. On a tant d’autres belles choses à partager !
    Je passe mes mains sous tes aisselles pour t’inviter à te remettre debout. Je me colle contre toi, je t’embrasse fougueusement, nos torses collés l’un contre l’autre. J’adore cette sensation de chaleur et de douceur au contact de ton corps. Ma bouche descend pour aller enfin à la rencontre de tes beaux tétons bien saillants que je sentais frotter contre le miens pendant que nous nous embrassions.
    Ma main descend sur ta queue et recommence à la branler. Qu’est-ce que j’aime tenir cette queue épaisse entre mes doigts, et qu’est-ce que c’est agréable ce contact avec cette peau douce et chaude, palpitante de virilité, à deux doigts de lâcher sa semence bien épaisse !
    Tu me plais vraiment beaucoup, jeune papa sexy. J’ai envie de tout te faire, j’ai envie de te faire jouir dans ma bouche, j’ai envie de t’avoir en moi, j’ai envie que tu jouisses en moi, que tu me remplisses de ton jus.
    —    J’ai envie de toi ! je te glisse à l’oreille, fou de désir.
    Ton regard abrite désormais une belle étincelle lubrique qui m’excite au plus haut point.
    Un instant plus tard, tu emprisonnes ton érection dans une capote, tu mets une barrière en caoutchouc entre ta virilité et mon envie d’en être rempli. C’est dommage, mais c’est le prix à payer pour baiser sans risque pour la santé.
    Tes viens derrière moi, tes mains écartent mes fesses, ta queue se laisse glisser dans ma raie, elle met mon trou en joue. Ta prise est ferme, ta présence en impose, j’ai furieusement envie d’être à toi, je suis déjà à toi. Je te sens glisser en moi, lentement mais assurément, tu es puissant mais tu y vas en douceur, tu es le mec.
    Te voilà enfin au fond de moi, je sens tes couilles chaudes frôler mes fesses. Tu commences à me limer. Frustré par des mois de manque, chauffé à blanc, je sens que tu as vraiment, vraiment envie de jouir.
    Mais pas tout de suite. Avant, tu as envie de changer de position. Tu me saisis par les hanches, tu me soulèves. Je me retrouve ainsi assis sur le bord de l’établi, mes jambes et mes pieds en l’air. Tu me maintiens fermement avec la prise de tes mains. Tu me fais face désormais et la flamme lubrique dans tes yeux est brûlante comme jamais. Je t’ai chauffé à blanc, et je n’en suis pas qu’un peu fier. Je me sens entièrement à ta merci, et j’aime ça.
    Tout en me fixant droit dans les yeux, le regard vide d’expression d’un mâle en rut, tu vises directement mon trou, et cette fois-ci tu rentres comme dans du beurre. Je pensais que tu serais pressé de conclure. Mais, à ma grande surprise, c’est un mouvement plutôt lent que tu insuffles dans tes va-et-vient. Peut-être que, malgré ton jeune âge, tu as déjà compris que le plaisir est tout autant dans l’attente que dans l’aboutissement, si convoité, et pourtant si fugace, si éphémère.
    Tes mains me maintiennent fermement en équilibre sur le petit établi, tes biceps se gonflent dans l’efforts, j’ai la chance de contempler le plaisir passer sur tes beaux traits masculins, d’entendre tes gémissements, de te voir te pencher sur moi, ta peau de plus en plus moite.
    J’adore te voir rabattre la tête en arrière, pointer les les yeux vers le ciel (enfin, vers le plafond du fourgon), entendre tes ahanements monter en puissance et ponctuer enfin le moment où tu perds pied. Ton beau physique est secoué par des frissons incontrôlables, ton esprit s’évaporer sous les vagues puissantes de l’orgasme qui vient enfin soulager ta virilité pendant trop longtemps mise entre parenthèses.
    Tu as joui, et tu as l’air assommé. T’avais vraiment envie, et ça a l’air de t’avoir fait du bien. Et je suis tellement heureux d’avoir contribué à faire exulter ta puissance virile !
    Nos regards se croisent à nouveau, il y a un instant de malaise, je ne sais pas comment le dissiper. Tu détournes ton regard et tu me branles à ton tour, tout en me maintenant sur le bord de l’établi à la seule puissance de ton bassin. Et tu me fais jouir.
    Tu te déboîtes de moi, tout en accompagnant mon « atterrissage » en douceur. Mes pieds retrouvent le contact avec le sol du fourgon. Tu me passes de l’essuie tout pour nettoyer mon torse parsemé de quelques bonnes trainées chaudes.
    Je te regarde, la respiration toujours haletante, le dos appuyé contre l’étagère en face de moi. Qu’est-ce que tu es beau !
    Je te regarde retirer la capote de ta queue, y faire un nœud et la balancer dans une poubelle installée dans un coin du camion. Ton geste est très érotique, très masculin. Et putain, qu’est-ce qu’elle était joliment remplie !

    Une minute plus tard, nous nous rhabillons en silence. A l’instant où tu as joui, une immense distance s’est créée entre nous, je le sais. Une distance irrattrapable. Tu es encore là, et je ressens déjà ton absence. Je crève d’envie de te revoir. Alors, même si je sens que les voyants ne sont plus du tout au vert, je tente le coup.
    —    Ça te dit qu’on remette ça ?
    —    Je ne sais pas trop, j’ai pas vraiment le temps.
    Je le savais. Je le sentais. Et pourtant, j’insiste.
    —    Je peux me rendre dispo quand tu es dispo.
    —    Ecoutes, mec. C’était un bon moment, mais je ne sais pas si j’ai envie de remettre ça. J’ai une femme et un gosse. Je ne sais pas trop où j’en suis…
    Voilà, c’est clair. Et ça fait mal, comme un coup de massue sur la tête. Tu évites désormais mon regard. Après avoir joui, un garçon perd souvent de son panache. A fortiori lorsqu’il se sent « fautif ».
    L’envie de baiser, décuplée par le frisson de braver l’interdit avec un gars, t’a fait t’éloigner du « bon chemin », t’a fait oublier tes réticences, tes peurs, ta femme, ton gosse. Mais quand on n’est pas en phase avec ses propres désirs, avec soi-même, l’atterrissage de l’orgasme est souvent brutal. Les remords ne ratent pas, ils sont au rendez-vous, implacables.
    Avec ton gosse à la maison, tu me fais penser à mon pote Thib. Je suis heureux que ce dernier ait trouvé la force d’assumer qui il est, et de trouver le bonheur avec un garçon qu’il aime et qui l’aime. J’espère qu’un jour, toi aussi, beau Pierre, tu trouveras ton équilibre, et que tu apprendras à respecter qui tu es. Je te le souhaite de tout cœur.Nous nous quittons avec un « salut » qui est en réalité un « adieu ». J’avais envie de remettre ça, tu as douché tous mes espoirs. J’avais envie de te connaître davantage, tu t’es fermé comme un hérisson. J’avais envie de te dire « à bientôt », tu m’as dit « à jamais ».
    En quittant le fourgon, je retrouve la lumière limpide du matin de printemps. C’est une si belle journée ! Ce serait une journée idéale pour commencer une belle histoire, pour tomber amoureux. J’y ai cru, pendant une fraction de seconde.
    Mais je sais désormais que ce ne sera pas pour aujourd’hui. Et ça m’arrache le cœur. C’est stupide, je le sais, mais j’ai vraiment craqué pour toi, petit chauffagiste. Je n’avais pas prévu à que tu me touches autant. Mais tu l’as fait. Si seulement tu savais comment, au-delà de ta beauté mâle, tu m’as immensément touché !
    Car, si tu étais en manque de sexe, tu étais aussi en manque de câlins, et j’ai adoré te tenir dans mes bras tout autant que faire l’amour avec toi. Je ne peux me résoudre à accepter l’idée de ne plus jamais te revoir. J’en ai les tripes nouées.
    Je suis bête. Même si tu savais ce que tu as éveillé en moi, ça ne te ferait pas revenir pour autant. Bien au contraire. Déjà que tu n’as pas envie de baiser à nouveau avec moi, si en plus tu savais l’effet que tu m’as fait, tu fuirais deux fois plus vite !
    Je suis encore incrédule vis-à-vis de ce qui vient de m’arriver. Jamais en me levant ce matin j’aurais imaginé même de loin qu’un truc pareil puisse se produire dans ma vie. Parfois, même quand tout espoir semble perdu, la vie peut nous surprendre. Parfois, on peut même faire de belles rencontres grâce aux applications. Comme quoi, tout est possible.
    Je te regarde repartir, je suis ton fourgon du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse derrière un virage. Et alors que l’écho du plaisir que nous avons partagé retentit encore dans corps et dans mon esprit, déjà je retrouve ma solitude et ma mélancolie.
    Assis au volant de ma voiture, je contemple la place vide où ton fourgon était garé. Et maintenant que tu es déjà loin, je laisse enfin les larmes couler sur mes joues.
    Je pleure parce que tu as fait vibrer tant des cordes sensibles en moi, celles du désir, de la sensualité, mais aussi celle de la tendresse. Tu m’as ému. Je pleure parce que tu me manques déjà à en crever, et que je sais que je ne te reverrai plus jamais.
    Je pleure parce que ma solitude me pèse de plus en plus.
    Et je pleure aussi, et surtout, parce que toi, magnifique garçon prénommé Pierre, tu m’as rappelé un autre garçon, celui qui a compté le plus dans ma vie.
    Ta brunitude, ta peau mate, ta passion pour le rugby, ton histoire avec ton camarade de collège, ta difficulté à assumer ton attirance pour les garçons, ta fougue pendant l’amour, ton besoin de câlins, il y avait tant de parallèles avec mon Jérém ! C’en était troublant.
    Peut-être que si nos révisions avant le bac n’avaient pas changé le cours des choses, lui aussi, à l’heure qu’il est, il aurait une femme et un gosse.
    Jamais je n’aurais imaginé qu’à travers un autre gars, le souvenir de Jérém puisse me rattraper et me percuter avec cette violence.
    Je pleure parce que je me rends compte que je ne suis toujours pas guéri de notre séparation. C’est comme si, en partant, il avait arraché une partie de mon cœur.

    On n’oublie jamais son premier amour, son seul amour. Mais où es-tu, Jérém ? Au fond de moi, je sais que nous nous retrouverons, que le destin nous réunira un jour. On se l’est promis tous les deux, on se l’est promis sans mots, sans formule. C’est une promesse que j’ai lue dans tes yeux, une promesse que je serre contre moi depuis longtemps déjà. On se l'est promis par une belle soirée d'été, après avoir fait l’amour pour la dernière fois avant de nous quitter.
    Tout était beau, tout était parfait ce soir-là. Et je n’ai qu’un seul, immense regret, celui de ne pas avoir trouvé ce mot, ce baiser, ce petit quelque chose, ce petit rien qui aurait pu te retenir.



    20 Le mec du comptoir (version 2015).


    Je regarde cette queue magnifiquement tendue, cette poitrine soulevée par une respiration profonde, ce beau physique secoué par la vibration de plaisir, ce regard excessivement lubrique dans ses yeux, cette étincelle animale brûlant au fond de son regard… pendant un instant j’ai l’impression qu’il va m’attaquer… dans la nature, un mâle dérangé en pleine saillie peut se faire très agressif… je me dis qu’il va revenir à la charge, recommencer à baiser ma bouche avec une rage accrue… m’attraper par les cheveux sans me laisser aucun répit jusqu’à que ses couilles ne se soient vidées de sa semence, jusqu’à que son corps connaisse dans l’orgasme la délivrance de cette tension extrême et désormais insupportable que mon action autour de son sexe a enduite…

    J’avais voulu l’exciter au delà du raisonnable et voilà que je me retrouvais face à une bête enragée… pendant un instant on se toise, on se jauge… son regard est insaisissable, je sens qu’il est frustré, je sens que son envie le secoue au plus profond, je sens qu’il a envie d’assouvir ses besoins de mâle en rut… je sens aussi qu’il a envie de me punir d’avoir arrêté sa recherche du plaisir si près du but… pendant un instant j’ai vraiment l’impression qu’il va le faire…. qu’il va revenir à la charge, fourrer sa queue dans ma bouche, recommencer à la baiser et la remplir de son jus…

    Pour savoir comment je me suis retrouvé face à un jeune mâle en rut prêt à tout pour jouir, il faut revenir en arrière d’une heure environ.


    Janvier 2015.


    C’est un beau matin d’hiver. Le soleil est haut dans le ciel et tout le paysage verglacé brille et scintille de cette lumière claire et limpide que seules savent afficher les matins d’hiver. NRJ passe le dernier Madonna. Et rien que cela a le pouvoir de me mettre de bonne humeur.

    Living for love/I'm living for love/I'm not giving up/I'm gonna carry on/Living for love/I'm living for love/Not gonna stop/Love's gonna lift me up…
    Je sors faire une course, j’ai mon temps, c’est pas dans l’urgence. Je suis en congés. Je rentre dans le magasin de produits électriques, il y a du monde au comptoir et aujourd’hui cela ne m’énerve pas, je ne suis pas pressé. Pour une fois, ça change. Non, ça m’énerve pas, surtout que je remarque dans la file d’attente un beau jeune homme plutôt convenable. Et plutôt à mon goût.

    Ça me met toujours de bonne humeur que de mater un beau garçon. Ca me fait oublier tout le reste, tous mes soucis. Une expérience sans cesse répétée, une expérience que je sais très souvent frustrante, tant l’objet de mon désir est généralement inaccessible, que ce soit parce qu’il l’est réellement ou parce que tout simplement mon manque de confiance en moi le rend tel. Mais, malgré tout, une expérience amusante.

    Toi t’es beau, mec. Un brun comme je les aime, les cheveux courts, la peau mate, une petite barbe de trois jours assez drue, viril. Un petit mec que je situe dans une plage d’age entre 25 et 30 ans. T’es habillé plutôt simplement, tu es dans ton taf, mais tu n’es pas négligé. J’aime ça ; simple, et très mec. T-shirt gris qui dépasse du polo marron avec des petites lignes rose horizontales estampillé Eden-Park qui sent le mec bien hétéro aimant la bière et le rugby, un polo qui a connu un peu la guerre mais qui reste néanmoins bien coupé autour de tes épaules bien taillées ; quelque petits poils tous gentils et mignons qui font coucou au dessus de l’arrondi du col du t-shirt. Un pantalon de travail avec plein de poches, moulant un ti cul plutôt attirant. Ti mec, t’es insupportablement charmant mais t’as l’air plus pressé que moi. Pour un artisan, il n’y a pas de saisons pour se détendre. Des vacances, quand on peut, mais le boulot c’est le stress. Tout le temps. Des clients qui appellent sans cesse, des explications à donner, des comptes à rendre. Ca use à la longue. Ca fatigue.

    Tiens, d’ailleurs ton smart vient de sonner. Tu répond et tu te fais agresser. De bon matin. Tes beaux traits de jeune homme se crispent soudainement. La cliente à l’autre bout des ondes a l’air mécontente. Tu la laisse parler, hurler pendant un petit moment, l’air désabusé, fatigué… à un moment tu laisses partir ton regard brun et charmant balayer la pièce ; ton regard finit par rencontrer le mien. Je te souris, l’air compatissant, complice. Mon sourire doit te faire plaisir car tu souris à ton tour, tout en faisant mine de pouffer avec tes joues et en secouant ta tête.

    Bon, Madame C., écoutez moi maintenant… - le mec en a assez entendu, le premier client de sa file d’attente est parti et il ne reste qu’un autre type devant lui avant que son tour arrive. Il veut terminer cette conversation qui, à l’évidence, commence à l’agacer: sa voix est ferme, assez profonde, agréable à écouter, traversée d’un léger accent de gars du sud, un accent qui sent bon le soleil et la fête toulousaine, la troisième mi temps – écoutez, madame, je vous dis que je serai chez vous en début de semaine prochaine mais pas avant. Je vous ai dépanné de ce qui était le plus urgent et j’en fais de même avec d’autres clients… arrêtez de m’appeler quatre fois par jour, vous me ferez gagner du temps… merci madame, à lundi, passez un bon week-end.

    Couillu le mec. Correct mais ferme. Je t’imagine me donner des consignes dans d’autres contextes plus plaisants avec la même fermeté. Je me prends à rêver…

    Tu viens de raccrocher et ton regard revient vers moi… nous sommes pas très loin, moins de deux mètres l’un de l’autre. Je te souris à nouveau. Tu souris à ton tour, mais pas longtemps… ça sonne à nouveau… tu ne réponds pas, tu éteins carrément ton portable, l’air emmerdé. Tu attends depuis un bon moment déjà que ton tour d’être servi arrive, tu attends et tu commences à piétiner. Tu doit penser à ton taf qui t’attend, aux soucis de différentes sortes qui te guettent : t’as l’air d’avoir mille et une chose à faire, c’est déjà 10h30 et ça n’avance pas.

    Tu as l’air fatigué, mon mignon. A en juger d’après la façon dont tu t’étires, il est évident que ton sommeil matinal a été coupé par un réveil qui a sonné trop tôt… et là, planté à attendre, ta fatigue te rattrape. Tu aurais encore dormi, j'en suis sur, si le taf ne t'avait pas obligé à sortir de tes draps. Tu es debout depuis quelle heure ? Est ce que tu étais seul dans ton lit ? Est que tu étais avec ta copine ? Avec ta femme ? Tu te l’es tapée hier soir ? Est ce que ta nuit a été courte de sommeil ou… ou plutôt longue d'amour ? Epuisé par trop de sexe? Est ce que tu t'es réveillé avec une bonne trique et tu as pris le temps de te branler avant de sortir de ton lit ? Ou alors sous la douche ?

    Tu bailles, tu t'étires, tu frottes ta barbe brune de trois jours, tu es tout simplement beau… tu me fais un effet de dingue, mec… si tu savais… non seulement tu es objectivement craquant, mais d’autant plus que tu me renvoies droit dans le passé… Oui, tu me fais terriblement penser à quelqu'un qui avait ton âge la dernière fois que je l'ai vu. Tu lui ressembles vraiment beaucoup, avec ta peau mate, tes cheveux bruns, ton regard et même dans certaines de tes attitudes viriles et nonchalantes… Et ton sourire, tes yeux… putain qu’est ce que tout cela me renvoie loin dans le temps...

    Ca c’est vraiment un truc de dingue… des années que la vie s’est chargée de séparer nos destins et son souvenir me suit toujours, partout. Jérém. Comment l’oublier ? Comment oublier mon premier amour ? Comment oublier le mec qui a compté le plus dans ma vie ? Comment oublier mon seul amour ? Comment oublier le seul mec qui a vraiment compté dans ma vie ? Comment l’oublier alors qu’il hante toujours mes rêves ?

    Je secoue ma tête, je me frotte le visage, je prend une inspiration profonde et je reviens dans le présent. Jeune artisan, tu viens d'où ? Tu vas où ? Tu habites où ? Tu as l'air si gentil, j'ai vraiment envie de te connaître. Et toujours les mêmes questions devant ce genre de mec… imaginer la personne qui a la chance de se taper un mec comme ça... de le voir nu, de le toucher, de le faire bander, de le faire jouir… envie de savoir s'il est bien monté et comment il aime faire l'amour, envie de connaître l'expression de son visage quand il jouit, voir sa respiration, entendre ses râles, ses gémissements. Je donnerai cher pour voir ça, pour le voir ne serait-ce qu’en train de se dessaper, le voir poser son boxer, le voir prendre sa douche, se savonner… Et le voir et l’entendre jouir…, oui, juste le regarder prendre son pied… et puis soyons fous, on peut toujours rêver, prendre ses rêves pour des réalités… imaginer regarder un mec le sucer, voir sa tête quand il lui éjacule dans la bouche; ensuite le voir baiser un autre bomec bien passif, découvrir ses attitudes pendant qu'il fait l’amour… ou alors, à l’inverse, l’imaginer en train de se faire prendre… s’incliner au sens propre comme au sens figuré devant une virilité plus puissante que la sienne, poussée par une envie longtemps refoulée… oui, c’est beau de rêver… pendant qu’on sent sa propre queue gonfler dans son pantalon…

    Celui là, c’est vraiment le genre de mec qui me donne envie de pleurer tellement il est beau. Pour moi, mater un beau mec c’est comme aller au musée et admirer une œuvre d’art… Ca fait limite «mal» de voir des mecs aussi beaux, comme une sorte de brûlure aux yeux…oui, c'est le mot, une œuvre d'art, dont la beauté et d'autant plus irrésistible qu'on la sait provisoire... le temps n'épargnera pas ces beaux gosses... mais pour l'instant ils brillent de mille feux et me font bander...

    Je sens mon ventre frémir, il me fait vraiment de l’effet ce petit con. Et ces quelques sourires échangés m’ont donné envie de me lancer, envie d’y croire. Oser, oser pour une fois. Oui, j’ai envie d’aller vers lui… Je me lance enfin.

    C'est long… ça n’avance pas…

    Oui, j'en ai marre d'attendre… en plus j’ai un taf de dingue qui m’attend…

    Vous êtes électricien ?

    Non, chauffagiste… et vous ?

    Ingénieur et… bricoleur…

    Ingénieur et bricoleur ça va souvent ensemble… Moi c’est Pierre…

    Moi c’est Nicolas…

    Le client devant lui a terminé et c’est désormais son tour. Il approche du comptoir. Le petit mec qui vient le servir est un brun à lunettes genre métis, un petit physique très bien sapé, des vêtements de marque bien ajustés à sa silhouette, c’est le genre de ti mec bien soigné qui me fait craquer. Encore un… je suis vraiment trop sensible à la beauté masculine.

    J’entend mon beau chauffagiste expliquer qu’il a passé une commande au nom de Pierre S. et qu’on l’a appelé pour lui dire qu’elle est arrivée. Le ti mec à lunettes cherche sur son ordi mais a du mal à retrouver la commande en question. Pierre commence à se crisper… Mais putain qu’il est beau ce p’tit con négligemment appuyé au comptoir… cette position faisant soulever légèrement son polo et son t-shirt sur un coté et laissant à la vue un petit bout de peau proche de sa chute de reins… et que dire de ce regard contrarié… sexy à tomber !

    Le ti mec à lunettes s’excuse, part dans un bureau à l’arrière du comptoir. On le voit à travers la porte vitrée discuter avec un autre type… ce dernier passe un coup de fil, rediscute avec le jeune… Entre temps le client qui me précédait dans la file d’attente est parti et je me suis retrouvé au comptoir pour exprimer ma commande. Je suis à nouveau à coté de Pierre.

    Le ti mec à lunettes revient quelques minutes plus tard pour lui expliquer qu’il y a eu erreur, que sa commande est incomplète… qu’il manque juste… la pièce principale !

    Pierre semble excédé. Je l’entends lancer, à bout de nerfs :

    Ça me bousille la journée… j’avais promis au client d’y aller aujourd’hui… est-ce que je peux au moins savoir quand j’aurais cette putain de pièce ?

    Le jeune vendeur retourne dans l’arrière boutique pour se renseigner et moi j’en profite pour lui lancer, complice :

    Ça ne s'arrange pas ici…

    Non, pas du tout…

    En attendant, mes pièces sont déjà arrivées sur le comptoir : je passe en caisse.

    C’est con, je vais avoir fini avant lui. Je vais partir avant lui. J’aurai voulu continuer à discuter avec lui, trouver le moyen de lui parler d’autre chose que de taf et de taf. Mais je n’ai jamais su aller vers les inconnus, même pas dans les endroits fait exprès pour se rencontrer. Alors, imaginez dans la vie de tous les jours… ma timidité maladive se heurtant à un mec bien trop accaparé par ses soucis pour être réceptif à mes approches… Quoique… il m’a semblé déceler dans nos nombreux regards croisés, un brin de coquinerie… il a bien vu que je ne pouvais arrêter de le mater et j’ai même eu l’impression que ça le flattait… et quoi penser de ses sourires si charmants, au rendez vous chaque fois que nos regards se croisaient…

    Mais putain, je vais payer et je vais partir… et ce sera fini, je rentrerai dans ma voiture, je reprendrai ma route et ne le reverrai jamais. Bon, réfléchis un instant Nicolas. Le fait que tu finisse en premier c’est plutôt une bonne chose. T’es pas obligé de repartir tout de suite, tu n’es pas pressé. Tu peux l’attendre dehors… oui, mais pour ça il faut du cran, il faut savoir comment l’aborder sans être ridicule… et puis, suis-je vraiment sur que ce mec se laisserait aborder par un mec ? Par un mec comme moi ?

    Mon vendeur me rend la carte bleue, avec la facture et me colle mon carton dans les mains. Je me retourne vers Pierre… je ne sais pas comment m’adresser à lui… est ce que je lui dis au revoir, est ce que je vais l’attendre dehors, je ne sais pas… nos regards se soutiennent mutuellement et personne ne dit rien… c’est sensuel mais ça finit par devenir gênant. C’est lui qui débloque la situation.

    Bon courage…

    Oui, bon courage à vous aussi…

    Et si vous avez besoin d’une intervention, n’hésitez pas –  je l’entends me dire en déposant une carte de visite dans mon carton – pour votre chauffage ou pour autre chose…

    Si ça c’est pas une perche… pourtant, je doute encore. Je doute toujours. Les joues empourprées, je finis par répondre :

    Ok, je n’y manquerai pas. Ce sera avec plaisir…

    Il est trop charmant ! Faut pas que je laisse passer cette occasion sans tenter ma chance. Et tant pis si ça échoue, j’aurai au moins tenté. Dans la vie il vaut mieux avoir de remords que des regrets. C’est en traversant le sas d’entrée que j’ai une idée de génie. Ça n’a l’air de rien mais ça en est une. Je vais l’attendre ici, un café à la main, et je vais lui en proposer un quand il va se pointer. Je pose mon carton dans ma voiture et je reviens au sas.

    Au bout d’un minute, je me dis que j’ai l’air con planté là à attendre de la sorte… de toute façon, avec quel culot vais-je lui proposer ce putain de café ?

    Faudrait avoir un peu plus de cran, mon grand… et puis arrête de flipper, tu ne fais rien de méchant, c’est juste qu’il te plait, tu ne veux pas le voler… tu veux juste lui faire plaisir… le faire jouir… pourquoi alors tu te sens si mal, pourquoi tu trouves ton comportement si déplacé ? Pourquoi as-tu l’impression de commettre un délit et d’aller forcement lui déplaire ? Faudrait juste avoir un peu plus de confiance en moi, assumer ce que je suis, mes envies…

    Je suis capable de le voir se pointer et de pas oser, de le laisser passer sans même le regarder… oui, je peux être con à ce point… je vais le voir arriver pressé, avançant d’un pas rapide vers ses obligations de la journée, et je ne vais pas oser lui proposer un simple café…

    Tiens le voilà, je le vois approcher de la porte vitrée… il porte un petit carton… effectivement il avance d’un pas rapide, il a l’air pressé… je ne vais pas oser, je ne vais pas oser… Putain Nicolas, faut y aller… maintenant ! La porte vitré s’ouvre, il avance, c’est là ou c’est jamais. Cette fois ci, pour une fois, ce sera : là.

    Alors, vous l’avez eue votre pièce à la fin ?

    Il s’arrête net. Il sourit. Putain qu’il a un beau sourire ce ti con.

    Oui, il a juste fallu la chercher… vous savez comment c’est… un mec appelle parce que l’ordi lui a dit que la pièce est arrivée, mais personne ne s’occupe de la ranger… elle est toujours dans les cartons… alors le mec qui arrive derrière n’est pas au jus…

    Vous devez être soulagé…

    C’est le mot… cette pièce va me permettre de terminer mon chantier et d’encaisser un chèque dont j’ai vraiment besoin…

    Dites, vous êtes très pressé ?

    Pourquoi ?

    Ça vous dit un café ?

    Bah, c’est pas de refus…. mais je vais d’abord poser mon carton… je reviens de suite…

    Ok…

    Le mec se dirige vers la deuxième porte vitrée qui s’ouvre en laissant entrer l’air froid de la rue. Pendant qu’il est au camion, je fais couler son café. J’en profite aussi pour reprendre ma respiration, depuis tout à l’heure je ne réalise pas que j’ai osé l’arrêter et lui proposer ce café et je suis presque en apnée… respire Nico, respire, ça va bien se passer…

    Son Iveco Daily blanc est garé juste devant la porte du magasin. Il revient une minute plus tard. Je lui tend son café.

    Merci…ça fait du bien… - dit-t-il en portant le gobelet à ses lèvres et en sirotant une première gorgée chaude tout en fermant ses paupières.

    Vous êtes levé de bonne heure ?

    Pourquoi ?

    Parce que vous avec l’air bien fatigué…

    Bah, depuis cinq heures… mais c’est pas l’heure qui me gêne…

    Quoi donc ?

    C’est le gosse…

    Vous avez un enfant ?

    Oui, deux mois… putain… ça fait deux mois que je ne dors presque pas… je suis sur les nerfs… ma copine est sur les nerfs… et en plus elle les passe sur moi… je ne sais pas si tous les couples vivent ça à l’arrivé d’un enfant… mais si on savait tout, on y penserait deux fois avant d’en faire…

    C’est si dur ?

    C’est pire… en plus depuis six mois elle ne veut plus de moi… d’abord c’était la fin de la grossesse… et depuis qu’elle a accouché, soi disant que sa libido est absente… de toute manière il n’y a plus que le môme qui compte… moi je n’existe plus…

    Ca c’est bien un truc de nana… avoir un mec pareil dans le lit et lui pondre l’excuse de la migraine.

    Ça doit être dur en effet…

    Je suis un mec… jusqu’à présent je ne l’ai pas trompée… mais là, vraiment si ça change pas…

    Et là je ne sais pas comment, tout d’un coup je me sens pousser des ailes et je décide d’oser.

    En plus vous devez avoir des clientes qui voudraient se faire dépanner autre chose que le chauffage… oh pardon…

    Je regrette déjà mon culot. Il sourit, avant de répondre. Putain de sourire coquin ! Alors mon petit malaise disparaît d’un seul coup. Je lui lance un clin d’œil.

    Ça m’arrive… - il répond, tout naturellement.

    Son sourire coquin m’autorise à aller encore plus loin.

    Tu m’étonnes, charmant comme vous êtes, ça doit vous arriver plutôt souvent…

    Oui, ça m’arrive… même avec les mecs…

    Putain, là il me prend de court. Je suis mal à l’aise. Je zigzague :

    Et vous n’avez jamais craqué… avec les nanas, je veux dire…

    Non, jamais depuis que je suis en couple… ç’aurait pu une fois ou deux…

    Avec les nanas ? – bah, vas-y Nico, lance toi sur la pente glissante.

    Ou avec les mecs… - relance-t-il avec son beau sourire coquin au coin des lèvres et dans ses yeux.

    Je ne sais pas trop comment réagir. Je ne sais pas si c’est viande ou poisson. Je n’arrive pas à trouver comment réagir pour continuer ce petit jeu. Je sens que ça va retomber si je ne trouve pas un truc rapidos, mais je suis comme tétanisé, j’ai peur de me faire jeter. Et puis c’est lui qui remet le jeu en route :

    Ca fait un petit moment que ça me travaille… les mecs, je veux dire…

    Là je ne peux plus tergiverser. L’occasion est trop belle, trop claire même pour moi.

    Si vraiment ça vous intéresse d’essayer avec un garçon, laisser moi vous vous dire que c’est votre jour de chance…

    Il sourit en baissant un peu les yeux. Il reprend une gorgée de café. Il relève son regard et il le plante carrément dans le mien. Une étincelle lubrique a fait son apparition et la situation devient de plus en plus chargée d’électricité, de sensualité. C’est comme s’il me déshabillait du regard. C’est comme s’il me défonçait du regard. Et puis je l’entend lâcher :

    Je l’ai compris depuis le premier regard que vous m’avez lancé…

    Je suis un livre ouvert…

    Ça doit être ça…

    J’avoue… j’aime bien les beaux mecs dans votre genre…

    Il sourit à nouveau.

    Alors, qu’est ce que vous avez vu dans mon regard?

    Que vous avez envie de coucher avec moi…

    Vous croyez ? – j’essaie de le déstabiliser.

    Oui, je crois bien… - le mec a l’air sur de lui et ne se laisse pas démonter.

    Ça ne vous a pas énervé ?

    Enervé ? Pourquoi ça ? Non, ça m’a flatté… ça fait des mois que je n’ai pas couché, de plus j’étais énervé à cause du boulot et votre regard m’a franchement remonté le moral… ça fait tellement longtemps que ma copine ne m’a pas regardé comme cela… j’avoue que quand vous étés parti avant moi j’ai été déçu… j’ai été très content de vous retrouver ici…

    Et voilà un mec cool qui a l’air bien dans ses baskets. Pourquoi s’énerver comme certains mecs si un gus leur montre de l’intérêt ? A part la peur d’avoir l’air d’un pd, l’effroi que sa propre masculinité ne soit remise en cause… ou bien la crainte de faire face à des désirs refoulés devant une occasion inattendue… en général cela énerve quand le mec n’est pas bien sur de sa virilité… Quand le mec est vraiment bien dans ses baskets, ça ne peut que le flatter…

    Et… dis moi, si on se on tutoyait déjà… - je lui lance à la cantonade.

    Oui, t’as raison…

    On fait quoi là, après le café ? – je n’ai plus peur de rien. Je suis excité par ce petit jeu qui se précise et qui prend une tournure qui me donne des ailes.

    J’ai envie de m’amuser, et toi ?

    Moi aussi, mais tu as le temps ? Tu avais l’air tellement pressé…

    Le temps je vais le prendre…

    Ok, mais on va où ?

    Mon Iveco n’est pas aussi rempli qu’il y parait à l’arrière… si ça te dit…

    Mon cœur bat à tout rompre. Ca va très vite, le mec a l’air bien décidé, jamais j’ai vécu une drague de ce type là, en plein jour, avec un mec rencontré dans un magasin de fournitures professionnelles : ça me m’excite et ça m’effraye au même temps… en plus il est beeeaaaauuu ce ti con, beau et charmant, je n’arrive même pas à croire qu’il s’intéresse à moi…

    Moi ça me va l’Iveco…

    Alors on va bouger : tu me suis en voiture, on va aller sur un parking pas loin d’ici, on sera tranquille… tu te gares à coté de moi et tu viens dans le camion.

    Ça me va…

    On jette nos gobelets, j’ai presque les jambes qui en tremblent tellement la situation est étrange et inédite… je suis en train de suivre un bel inconnu pour une partie de jambes en l’air que il y a encore quelques minutes me semblait inconcevable… un jeune mec hétéro, les couilles bien pleines après des mois d’abstinence ou de branlettes solitaires, un mâle à sa première expérience homo… j’espère que je vais être à la hauteur de ses attentes… Nico, arrête de poser mille et une questions, tu y vas, tu vas être toi-même et ça va bien se passer.

    Je suis dans ma voiture et je suis son Iveco sur la nationale. Je commence à comprendre où il veut m’amener. C’est une petite aire de stationnement sur le bord de la route de St B. Je le vois mettre le clignotant pour se garer. Mon cœur bat tellement fort que j’ai l’impression qu’il va bondir de ma poitrine. Pendant un court instant j’envisage une issue à la con… ne pas m’arrêter à l’aire, repartir de mon coté et le planter là comme un couillon.

    Mais, non, Nico, tu as toujours rêvé d’un truc comme celui là et là tu ne vas pas te dégonfler car le mec t’impressionne… c’est un mec comme les autres, faut donner du plaisir à sa queue, et ça tu sais faire, comme un grand… Tant que tu suces, tout ira bien.

    L’Iveco se gare dos à la route. Je me gare juste à coté. Je défais ma ceinture, j’ouvre ma portière, je descend. L’air est frais. Je toque à la porte arrière du camion. Il m’ouvre. Il fait bon à l’arrière de son camion, pendant le trajet il a du mettre le chauffage à fond. Je monte la marche et je claque la porte derrière moi. Les parois sont couvertes d’étagères pleines d’outils, un établi est posé derrière le siège conducteur, mais tout l’espace central est libre. C’est vrai il y a de la place. Le plafond est tellement haut que l’on peut tenir debout.

    On est face à face, on se regarde dans les yeux, on se toise, on n’ose pas parler. C’est lui qui brise le silence.

    C’est ma première fois avec un mec, alors je ne sais pas comment me comporter… faut que tu me montres…

    Il n’en fallait pas plus pour faire tomber toutes mes inhibitions. Je m’approche de lui, je passe mes mains sous son polo, sous son t-shirt, je laisse glisser mes doigts sur sa peau douce, je sens la fermeté de ses abdos… hummmmmmmmm… je remonte vers ses pecs, je trouve les tétons… je l’embrasse dans le cou, très sensuellement, il se laisse faire sagement, sans bouger… j’avance mon bassin, nos braguettes se touchent et je sens une jolie bosse pousser contre la mienne…

    J’insiste avec mes doigts sur ses tétons, je le sens frissonner… j’ai envie de l’embrasser sur la bouche, je vais tenter le coup, je vais tester sa réaction… mes lèvres se posent sur les siennes, ma langue s’insinue dans sa bouche, je rencontre la sienne… c’est sensuel comme pas permis… je bande comme un taureau… pendant que je l’embrasse de plus en plus fougueusement, mes mains glissent à hauteur de sa braguette, je commence à défaire sa ceinture, les boutons qui vont me donner accès à son intimité… le contact avec le tissu fin de son boxer – moulant une queue que je devine en bonne forme et ayant des proportions tout à fait respectables – est super excitant…

    Tout en continuant à l’embrasser, je sors la bête de son coquillage et je commence à la branler… elle est plutôt épaisse, elle remplit bien ma main, j’adore ce contact avec cet engin viril tiède et bien raide… un instant après je suis à genoux devant lui : le mec s’est défait de son pantalon et de ses chaussures et il est désormais accoudé sur le bord du petit établi, le bassin bien en avant, les jambes légèrement écartées. Sexy et viril. Il a vraiment envie de se faire sucer.

    Je le pompe alors avec bonne vigueur, essayant d’avaler à fond son manche. Je sens qu’il lève les bras pour se dessaper… il enlève juste son polo, il garde le t-shirt gris… et putain qu’il a eu raison, putain qu’il est bien ajusté à son petit physique ce petit t-shirt gris qui laisse imaginer plein de belles choses de son anatomie que je vais sans doute découvrir un peu plus tard… Putain de t-shirts… putain d’enveloppe si sexy car elle retarde la découverte de très belles choses, elle fait monter l’envie, le désir, ça laisse le temps d’imaginer la sensation de déshabiller un beau mec, découvrir petit à petit sa plastique, sa peau, son odeur, la chaleur de son corps.

    Putain que j’aime ça, sucer un beau garçon… et quand je pense que je suis le premier mec qui voit cette belle queue… quand je pense que ce sexe n’a jusqu’à là donné du plaisir qu’à des nanas, eh bien je suis accablé par cet effroyable gâchis et honoré d’être le gus grâce à qui ce gâchis a pris fin…

    Au même temps, faut dire que ça m’excite terriblement de m’imaginer que cette queue a mis au monde un morpion… sacré mec !

    Ah, putain… mec… ça tue, vas y encore comme ça… - je l’entend lancer avec une voix cassée par la tempête des sens… et il continue :

    Vas y mec, ça c’est bon, jamais une fille m’a fait un truc aussi dingue…

    Bon à savoir. Très plaisant à entendre. Je le sens vibrer sous les assauts de ma langue experte, je n’aime par interrompre le plaisir d’un mec mais je quitte quand même un instant sa queue pour me mettre torse nu… tant que j’y suis, je me relève sur mes genoux pour frotter son gland contre mes tétons… putain que c’est bon…

    Et un instant plus tard je le reprend en bouche et j’entreprend de bien pomper son gland. La respiration du mec se fait de plus en plus bruyante, son t-shirt suit les mouvements de son diaphragme. Je le soulève un peu pour découvrir un peu son anatomie et ce que j’aperçois est plutôt à mon goût. Un beau ventre plat, un léger relief d’abdos, un physique plutôt agréable. J’ai envie de le voir torse nu, mais j’adore cette attente, cette privation qui ne fait qu’augmenter encore et encore mon envie de le dessaper.

    Cette simple vision de son bas ventre a le don de l’exciter et me donner l’envie d’aller encore un peu plus loin dans le plaisir que je peux lui donner. Mes mains se glissent à nouveau sous son t-shirt, je caresse ses hanches, je m’attarde sur ses abdos et je remonte tout lentement vers ses tétons que je commence à titiller tout doucement. Le mec est surpris de ce contact, il prend un pied d’enfer. Je relève les yeux pour voir le plaisir sur son visage et là je le vois ramener la tête vers l’arrière, ouvrir la bouche dans un soupir profond de plaisir extrême ; son t-shirt se relève un peu, je revois son nombril, je sens sur mon visage l’odeur léger et la tiédeur de sa peau. Le mec est fou de plaisir. Je l’entend alors me lancer :

    Alors s’est vrai ce qu’on raconte, vraiment vous sucez bien mieux que les nanas….

    Bah, oui, mec, bien sur que c’est vrai… nous on en a une aussi, alors on sait ce qu’il faut faire pour la rendre heureuse…

    Voilà une réflexion que je me fais tout bas, ma bouche étant prise dans un genre d’occupation bien plus plaisante que la parole. Le mec vient de me dire qu’il n’a jamais pris autant son pied et ça, ça me rend dingue d’excitation. J’adore donner du plaisir aux mecs et plus le mec a l’air de prendre son pied, plus j’ai envie de lui en donner. Qu’est que c’est bon de faire découvrir de nouveaux plaisirs à un beau garçon. Ouvrir son horizon, l’amener à se poser des questions sur sa sexualité, sur ses envies… abattre ses certitudes, le rendre dingue de plaisir, lui montrer qu’un pd est un être béni pour la découverte de sensations inconnues et de facettes insoupçonnées de l’érotisme masculin…

    Oui, j’ai vraiment envie de lui faire plaisir. J’ai envie de lui offrir un truc qui en général rend les mecs fous. Je retire mes lèvres de son sexe, je titille le creux de son gland avec le bout de ma langue pendant un petit instant avant de me relever. Je l’attrape alors par une épaule l’obligeant à avancer vers moi ; je peux ainsi me glisser derrière lui, coller mon torse à son dos, ma queue raide calée dans sa raie ; ainsi, pendant qu’une de mes mains passe sous le t-shirt et caresse ses tétons, l’un et puis l’autre à tour de rôle, caressant la peau de son torse, l’autre saisit fermement sa queue et commence à le branler tout doucement. Ma bouche se pose sur son cou, mes lèvres sont gourmandes, ma langue se déchaîne… je suis tellement excité que je me pousse à mordiller délicatement la peau de son cou.

    Et là un souvenir remonte en moi avec une violence inouïe, souvenir d’un séjour dans un grand hôtel à Biarritz, souvenir d’un matin, souvenir de Jérém fatigué après la cuite de la veille et une nuit trop courte, souvenir de Jérém assis sur le bord du lit, souvenir de m’être installé dans son dos, d’avoir glissé mes jambes au long de siennes et de l’avoir branlé jusqu’à le faire jouir… souvenir de l’avoir rendu dingue de plaisir... souvenir qui fait que ma main accélère sa cadence sans que je m’en rende vraiment compte… au point qu’à un moment, j’entends le mec me lancer :

    Putain, mec, si tu continues comme ça, je vais jouir…

    Naaaaan, mec, tu ne vas pas jouir encore – je me fais la réflexion – j’en n’ai pas fini avec toi, mon beau. Je lâche alors sa queue, je l’attrape à hauteur de ses reins l’obligeant à pivoter : j’attrape le bas de son t-shirt et je le soulève, tout doucement, mon bassin appuyant sur sa queue prête à exploser. J’en peux plus, j’ai trop envie de le voir à poil, dans toute sa beauté masculine. Le mec soulève ses bras et le t-shirt glisse autour de sa tête. Et putain que c’est beau ce petit torse bien proportionné, légèrement poilu à hauteur des pecs, comme mes doigts me l’avaient anticipé lors des deux excursions que je leur avais permises.

    Et puis un détail frappe mon attention. Un tatouage. Un brassard bien sexy à la Seb Loeb. Un tour de bras fait de lignes arrondies qui s’enchevêtrent dans un motif plutôt complexe mais très esthétique. Putain, c’est le même, à un rien près. J’en ai la tête qui tourne… putain, que c’est beau et que ça fait mal à la fois… c’est sexy à en péter… mais c’est aussi très déstabilisant de retrouver toute cette ressemblance avec Jérém. Putain, je le regarde bien et je me dis que je suis toujours attiré par le même style de mec… brun, la peau mate, les cheveux courts, un sourire super charmant… il ne lui manque que sa chaînette pour que la ressemblance en soit vraiment troublante…

    Putain de mec… devant ce genre de mec je suis toujours le lycéen qu’un beau jour de printemps de presque quinze ans plus tôt s’est mis à genoux devant la virilité d’un beau garçon nommé Jérémie. Je suis toujours le garçon qui courait à sa chambre d’étudiant dès qu’il claquait des doigts. Le mec qui disait oui à toutes ses envies. Et l’un après l’autre des souvenirs enfouis remontent à la surface me frappant avec une violence inouïe. Je suis tellement secoué que j’en sens mes jambes trembler… j’ai presque envie de me rhabiller et de partir, de me retrouver seul et de pleurer, de pleurer toutes mes larmes au milieu de mes souvenirs…

    Je suis tellement chamboulé que j’en oublierais de m’occuper de ce charmant Pierrot. Le voilà alors qui prend l’initiative, me pousse contre l’étagère derrière mes épaules : il se met alors à genoux et il commence à me sucer à son tour. C’est parfois maladroit un mec qui suce pour la première fois : je sens qu’il a envie de cela, qu’il a envie de bien faire. Il cherche ses marques, il serre trop ma queue avec ses doigts. Je porte mes doigts sur sa main pour lui signifier de faire juste avec sa bouche… il s’exécute et c’est un peu mieux, mais toujours pas le top… le mec n’est pas attentif à mes réactions… pourtant je lui ai bien montré et pendant un long moment comment donner du pied à un mec… il avale ma queue entièrement, il entreprend à faire des va et viens de plus en plus rapides et violents… j’en ai presque mal au gland…

    Vas y doucement, mec… ralenti un peu, soit doux… stp…

    Et là je le sens changer d’allure et se mettre enfin à l’écoute de ma respiration et de mes gémissements. Là c’est bon, tellement bon que j’en oublie un peu la tristesse de mes souvenirs… pendant qu’il s’affaire sur ma queue, je caresse ses épaules, sa peau est douce, c’est super agréable. Je laisse mes doigts s’aventurer dans ses cheveux. Ce contact est particulièrement agréable et excitant. En peu de temps le mec se retrouve de plus de plus à l’aise dans son exercice et je sens ma jouissance monter rapidement.

    Arrête, mec…

    Je repousse légèrement ses épaules pour qu’il se dessaisisse de mon sexe, tout juste un instant avant de jouir. Il en a vraiment fallu de peu, ç’aurait été dommage. Ouf… Je passe mes mains sous ses aisselles pour lui montrer que j’ai envie de le voir debout. Le mec se relève et je me colle contre lui avec une fougue et une excitation renouvelées… Je me penche pour lécher son biceps à hauteur de son tatouage si sexy… Je retrouve ensuite sa bouche et je l’embrasse effrontément, je pousse mon insolence jusqu’à porter mes mains derrière sa tête, mes doigts glissent dans ses cheveux, je le caresse tout en poussant sa tête vers la mienne : nos lèvres se rapprochent, nos langues se mélangent. C’est bon, putain que c’est bon, nos torses collés l’un contre l’autre, cette sensation de chaleur et de douceur… Ma bouche descend enfin pour célébrer la beauté de ses beaux tétons bien saillants que je sentais frotter contre le miens pendant que nous nous embrassions.

    Ma main descend sur sa queue et commence à la branler tout doucement. Putain que j’aime tenir cette queue épaisse entre mes doigts, putain que c’est agréable ce contact avec cette peau douce et chaude, palpitante de virilité, à deux doigts de lâcher de la semence bien épaisse… Il me plait vraiment ce petit con, ce jeune papa… j’adore sa queue, j’ai envie de tout lui faire… j’ai envie de le faire jouir dans ma bouche mais c’est un inconnu, alors c’est inenvisageable. J’ai envie de l’avoir en moi…

    J’approche mon bassin du sien et je fais glisser sa queue entre mes cuisses, à hauteur de mon périnée. Je serre bien mes adducteurs et je commence de petits va et viens qui ont l’air de le ravir… putain qu’il est beau ce type, et qu’est ce que j’aime donner du plaisir à ce genre de petit mec… quand je pense que sa femme ne veut plus de lui… faut changer de lunettes, conasse !

    J’ai envie de toi… - je lui chuchote à l’oreille – j’ai envie de toi… en moi…

    Moi aussi j’en ai envie… mais je n’ai pas de capote… - m’annonce-t-il, déçu.

    J’ai ce qu’il faut… - je lui réponds.

    Et là, à ma grande satisfaction, je vois le mec changer d’expression, je vois sa déception s’envoler et l’excitation d’un plaisir très proche s’afficher sur son visage, un petit regard lubrique que je lui découvre à l’instant… qu’est ce que c’est sensible à l’appel du plaisir sexuel, un mec… c’est souvent sa faiblesse, une faiblesse que j’aime par-dessus tout…

    Son petit regard lubrique m’a excité au plus haut point… et puis cette queue… ce mec est tellement bien monté… il est viril, ses attitudes sont viriles, il bande dur, il bande sans discontinuer, j’adore m’occuper cette queue, la tenir dans ma main, la sentir dans ma bouche, célébrer sa virilité…

    J’ai encore envie de le sucer… je suis tellement excité que j’ai envie de le faire jouir dans ma bouche et avaler tout son jus de mec… je suis à deux doigts de le faire, malgré le risque… toujours, le désir rend fou, fou…

    Je me remet à genoux et je pose mes lèvres sur son gland et je commence à l’introduire dans ma bouche par petites aspirations, avalant sa queue petit à petit, centimètre après centimètre, jusqu’à qu’elle touche le fond de mon palais. Je fais coulisser mes lèvres tout au long de son manche avec une lenteur extrême : je maintiens ainsi son excitation sur la corde raide, dans un équilibre très délicat, à tout juste un pas de la jouissance, suspendu dans l’attente d’un plaisir ultime mais sans cesse repoussé… J’adore cette sensation de danger, de risque : je ne connais pas le mec, je ne connais pas son endurance, je prends le risque, mais c’est un risque maîtrisé, ma connaissance de la sexualité des hommes m’aidant à sentir venir la montée de sa jouissance.

    Il m’est arrivée bien des années plus tôt, avec ce petit con indomptable de Jérém, de lui faire vivre une séance de domination par le plaisir, un long moment où j’était seul maître se da jouissance, de ce bonheur de mec que je tenais dans le creux de ma main, le mec totalement à ma merci… je me souviens avoir adoré cette sensation… la sensation de tenir un mec par la queue, par les couilles… quoi de plus grisant ?

    Et puis l’imprévu se produit… le mec me pousse contre l’étagère… je crois bien qu’il n’en peut plus d’être ainsi excité et frustré… j’ai peut-être un peu abusé de sa patience…. Sa queue bien raide entre mes lèvres, ses mains appuyées contre l’étagère juste derrière moi, ce qui lui permet de donner de l’élan bien viril à ses assauts…le mec commence à mettre de grands coups de reins dans ma bouche… putain… là c’est clair que le mec a vraiment envie de prendre son pied… je me suis mis tout seul dans ce pétrin, à force de l’exciter j’en ai fait un male en rut dont la jouissance est à présent sa seule raison d’être. La bête est enragé, ses sens en pleine tempête, toutes ses fibres vibrant sous la vague d’un plaisir montant… putain qu’il est meeeeeeec… ses coups de reins sont amples et puissants…

    C’est le mâle prenant son pied, le mâle en rut dans toute sa splendeur, le mâle au sommet de son excitation, le mâle réduit à la plus simple expression de sa sexualité, le mâle pour qui rien ne compte plus à part sa jouissance immédiate…

    J’adore amener un mec à ce stade d’excitation, le rendre fou, faire tomber toutes ses barrières, faire ressortir la bête primitive qui sommeille en lui, le pousser dans ses derniers retranchements, faire disparaître l’être « civilisé » pour laisser sortir le mâle primitif et sexuel tapi dans l’ombre…

    Ahhhhh, oh combien cette attitude de mâle enragé me rappelle celle de petit con de Jérém le premier jour de nos révisions… Jérém n’avait que 19 ans et il était déjà si incroyablement… « mec »… putain quelle sensation quand il avait pris à faire coulisser sa queue entre mes lèvres, son gland allant percuter violemment le fond de mon palais encore vierge… je me souviens très bien quand il m’avait lancé : « Je vais jouir et tu vas tout avaler… ». J’étais jeune, j’étais sous le charme d’un mec que je désirais depuis tellement de temps et que j’avais toujours cru inatteignable, j’étais sous l’effet de la surprise de ce qui m’arrivait… je l’avais laissé faire… malgré la douleur que ses coups de queue avaient fini par provoquer dans ma bouche.

    Mais là, bien que mon envie de faire plaisir à un beau mec n’ai rien perdu de son intensité, je sais désormais maîtriser la fougue d’un jeune étalon en rut… ma bouche sait adopter la position et l’ouverture pour contrer et se protéger des assauts trop violents… ma main sait venir à la rescousse si besoin…

    Mon instinct bien affûté me dit que le mec ne va pas tarder à jouir, et je ne me laisse pas faire… je suis presque sur qu’il est clean… j’aurai vraiment envie de le faire jouir dans ma bouche, le faire jouir et tout avaler… oui, mais non… ce ne serait vraiment pas raisonnable… De plus j’ai très envie de l’avoir en moi…

    Un instant après mes deux mains font pression sur son bassin pour que sa queue sorte de ma bouche, je le repousse presque violemment : mon geste a été tellement puissant que le mec se retrouve projeté contre l’établi… Je regarde cette queue magnifiquement tendue, cette poitrine soulevé par une respiration profonde, ce beau physique secoué par la vibration de plaisir, ce regard excessivement lubrique dans ses yeux, cette étincelle animale brûlant au fond de son regard… pendant un instant j’ai l’impression qu’il va m’attaquer… dans la nature, un mâle dérangé en pleine saillie peut se faire très agressif… je me dis qu’il va revenir à la charge, recommencer à baiser ma bouche avec une rage accrue… m’attraper par les cheveux sans me laisser aucun répit jusqu’à que ses couilles ne se soient vidés de sa semence, jusqu’à que son corps n’ait connu dans l’orgasme la délivrance de cette tension extrême et désormais insupportable que ma conduite autour de son sexe avait enduite…

    J’avais voulu l’exciter au delà du raisonnable et voilà que je me retrouvais face à une bête enragée… pendant un instant on se toise, on se jauge… son regard est insaisissable, je sens qu’il est frustré, je sens que son envie le secoue au plus profond, je sens qu’il a envie d’assouvir ses besoins de mâle en rut… je sens aussi qu’il a envie de me punir d’avoir arrêté sa recherche du plaisir si près du but… pendant un instant j’ai vraiment l’impression qu’il va le faire…. qu’il va revenir à la charge, fourrer sa queue dans ma bouche, recommencer à la baiser et la remplir de son jus… franchement, la tension sexuelle de cet instant est à un tel sommet que si le mec avait osé, je l’aurai laissé faire… le repousser une fois de plus aurait presque certainement entraîné une réaction violente de sa part ou, au mieux, un bye bye précipité…

    De plus, j’en avais franchement envie… Et quelque part en moi j’espérais qu’il allait le faire… j’ai toujours aimé exciter les mecs au point de les rendre très dominants, très bestiaux… Je regarde encore le mec. Je ne m’en lasse pas. Il est beau à en craquer, il est tellement excité que j’ai l’impression de sentir son odeur de male se répandre dans l’espace réduit du camion… l’odeur de sa peau, l’odeur de son sexe… c’est excitant à en tomber… j’ai l’impression que nous sommes deux bêtes en rut et que les phéromones se répandant dans l’air nous excitent de plus en plus…

    Finement le mec ne bouge pas. Il attend de voir comment je vais m’occuper de sa queue, il attend de voir comment je vais le faire jouir… je le regarde fixement dans les yeux, défiant son regard viril… j’attrape mon blouson, j’ouvre une poche intérieure, j’en sors une capote… je déchire l’emballage, j’en sors le caoutchouc, j’essaye de trouver le bon sens… bon sang que c’est difficile, quand on est excité à ce point là, de trouver le bon sens du premier coup ! J’appuie la capote sur son gland, je commence à la dérouler avec mes doigts, le mec sursaute sous la pression que j’exerce… ok, c’est le bon sens… je remplace mes doigts avec mes lèvres et je finis de dérouler la capote à l’aide de ma langue…

    Une fois terminé, je regarde le mec dans les yeux… il n’en peut plus, j’ai l’impression que tout son corps est secoué par la vibration du plaisir imminent, j’ai l’impression que ça ne va pas durer longtemps… je crache dans ma main, j’enduis mon ti trou avec ma salive ; en attendant, le mec s’est décollé de l’établi, me laissant la place. Il se prépare à me sauter. Je regarde la place laissée vide et sans plus hésiter je m’y appuie à mon tour ; j’écarte mes jambes, je cambre mes reins et j’attends que ce charmant Pierrot vienne en moi. Il ne se fait pas attendre, je sens ses mains se poser sur mes épaules… rien que cela, putain qu’est ce que c’est viril comme geste…

    Je sens sa queue se faufiler entre mes fesses, prendre possession de ma raie, venir s’appuyer presque du premier coup sur mon ti trou. Ses mains ont momentanément délaissé mes épaules et elles sont désormais sur mes fesses, en train de les écarter pour faciliter l’introduction de cette queue magnifique dans mon intimité. Sa prise est ferme, puissante, je me sens lui appartenir. C’est la sensation que je préfère : me sentir objet de son plaisir de mec. Et voilà qu’enfin je sens son sexe se glisser en moi.

    Je le sens glisser tout lentement, son épaisseur fait qu’un passage en douceur est préférable à un passage en force. Il sait y faire le mec.

    Le voilà enfin au fond de moi, ses couilles touchent à mes fesses, elles sont chaudes, elles sont douces. Et il commence à me limer. Il entreprend de me doser avec sa queue puissance et palpitante de puissance virile. C’est terriblement bon, mais ses coups ont une allure telle que je sens que tout cela ça va s’arrêter beaucoup trop tôt… j’adore avoir ce mec en moi, je le sens bien en moi, je la sens bien en moi, j’ai envie de lui faire plaisir, j’ai envie qu’il me fasse plaisir longtemps…

    J’avance mon bassin l’obligeant à sortir de moi, il est surpris. Il revient à la charge, il me pénètre presque rageusement, ses coups de reins sont de plus en plus puissants… j’ai trop envie de lui… envie qu’il reste en moi… envie que ça dure… je bouge encore mon bassin l’obligeant à nouveau à sortir de moi : je me retourne alors pour l’empêcher de revenir à la charge, je lève mes mains, je les plaque sur ses pecs, je le pousse contre l’étagère, je porte ma bouche sur ses tétons ; je le sens bouger, impatient de revenir dans la chaleur de mon fondement, impatient de se vider enfin… brûlant de désir, plein de feu, impatient, au bord de l’agressivité… mes mains sont descendues à sa queue, l’une la serrant très fort, mettant de temps en temps un petit coup de branle pour maintenir l’excitation, l’autre caressant ses castagnettes et laissant un doigt se promener de façon plutôt désinvolte dans son entrejambes, tout droit sur le chemin de son ti trou à lui…

    Le mec, chauffé à blanc, haletant sous l’effet combiné de l’excitation et de l’effort, n’en peut vraiment plus : je sens qu’il va péter un plomb… en effet, je le sens sursauter, ses mains se lèvent, viennent s’appuyer avec force sur mes épaules, les saisissant avec puissance, ça me fait presque mal tellement sa prise est serrée et violente ; il me repousse si fort, presque brutalement, au point que je me retrouve soulevé, mes fesses sur le bord de l’établi, mes pieds ne touchant plus par terre… je suis vraiment sur le bord, mais le mec me maintient fermement avec la prise de ses mains ; il me fait face et la flamme lubrique dans ses yeux est vive comme jamais… il a envie de jouir, il a besoin de jouir, je l’ai rendu fou d’envie… il me toise, comme sa proie… entièrement à sa merci…

    Il sait que je vais me laisser faire désormais, que je suis à la complète disposition de ses envies de mâle… oui, j’ai devant moi un ti mec plutôt pas mal foutu, un petit brun charmant, un jeune homme bien excité, sa queue bien montée très décidée à finir de démonter mon fondement… oui, maintenant je vais devoir le laisser jouir. Le mec il le sent, il le sait : il sait que dans quelques secondes il va jouir, jouir comme jamais… il appuie alors sa queue directement sur mon ti trou, il rentre comme dans du beurre et commence à me limer… et c’est un mouvement plutôt lent, à ma grande surprise… Oui, je suis surpris, je pensais qu’il aurait été pressé de conclure… peut-être que le mec a compris que la stratégie de l’attente est bien plus payante que celle de la précipitation typiquement masculine à atteindre l’orgasme… peut-être qu’il a compris que le plaisir est pas moins dans l’attente que dans l’aboutissement, si fugace, si éphémère…

    Sa cadence s’accélère petit à petit : j’adore le voir faire, j’adore sentir ses mains me maintenir fermement en équilibre sur le petit établi ; j’aime voir des biceps se gonfler dans l’efforts, j’adore voir le plaisir passer par vagues sur son visage, j’adore entendre des gémissement, j’adore le voir se pencher sur moi, sa peau se faire moite ; j’adore le voir fermer ses yeux, son esprit s’évaporer sous les vagues puissantes de l’orgasme qui est en train de secouer son beau physique, de soulager sa virilité si longtemps mise entre parenthèses.

    Il a joui. J’adore cet instant quand le mec a joui et moi pas encore. L’orgasme passé, le mec finit par sortir de moi et par lâcher sa prise sur mes épaules : mes pieds retrouvent alors le contact avec le sol du camion. Je le regarde, haletant, le dos appuyé contre l’étagère en face de moi. Il reprend son souffle un instant, avant de retirer la capote de sa queue, d’y faire un nœud et de la balancer dans un coin du camion. Geste très érotique, très masculin. Putain qu’elle était joliment remplie. Le mec voyageait vraiment les valises pleines. Il va désormais rouler plus à l’aise.

    Et là je vois sa main gauche se poser sur son sexe toujours gonflé à bloc… je le vois reprendre à se branler… il n’en a pas eu assez apparemment…

    S’il va jouir une deuxième fois, je veux bien que ses giclées atterrissent sur mon torse… je me mets à genoux devant lui et je commence à me branler à mon tour. Nous nous branlons l’un face à l’autre, je suis face à sa queue, à hauteur de sa queue. Elle est toujours dans une forme pétante et elle me fait toujours envie, et encore plus maintenant que le souvenir de son passage se fait sentir vif et palpitant dans mon fondement. Oui, j’ai encore envie de la sucer, terriblement envie de la sucer… elle est désormais sèche, j’approche mes lèvres de son gland et le mec ne semble rien avoir contre le fait que je le suce encore, il a du être satisfait du traitement… il enlève sa main et avance son bassin pour m’y laisser libre accès… je le prend en bouche et je l’avale d’un trait, goulûment ; elle est bien calée au fond de mon palais et je m’aperçois qu’elle a quand même un léger goût de sperme qui ne m’est pas du tout désagréable… je le suce pendant un petit moment pour faire monter la sauce ; je me retire lorsque je sens ses gémissements se rapprocher, se faire plus profonds… j’ai envie de jouir aussi, j’ai envie de me sentir aspergé par ses jets chauds…

    Vas y mec, tu va me tremper le torse avec ton jus…

    Ouais… tu vas te prendre une bonne douche…

    Et en ce disant voilà qu’un premier jet copieux et puissant vient s’abattre sur le haut de ma poitrine, juste en dessous de mon cou ; un deuxième jet, aussi vigoureux que le premier vient percuter mon téton ; d’autres jets suivront, chauds, épais, parfumés ; j’ai joui à mon tour, quasiment en même temps que lui, son dernier jet trempait mon torse, mon premier jet mouillait le sol du camion. C’était trop bon, je me sens complètement imprégné de ses éjaculations de jeune mâle… je commence à sentir son jus couler sur ma peau… une envie terrible de passer ma main et d’y goûter… mais j’ai déjà joui, et une fois que l’on a joui on devient bien plus raisonnables…

    Je suis encore dans mes pensées bien excitées que le mec me passe de l’essuie-tout pour me nettoyer. Cool le mec. Il attrape un autre bout de papier et il entreprend à nettoyer sa queue, un autre geste bien viril à mes yeux. Au fait, tous les gestes d’un beau mec me semblent virils et troublants. L’excitation retombée, je sens le froid sur ma peau. Lui aussi a du le sentir. On se rhabille en silence. Je rencontre son regard. Il esquisse un sourire charmant. Je le lui rend, heureux de le voir réagir de la sorte. Il est rhabillé, je suis prêt à partir. On est face à face. Je ne sais pas comment prendre congé. Quand je suis mal à l’aise, je laisse toujours au mec en face de moi le soin de faire le premier pas.

    C’était terrible… - il finit par me lancer.

    Terrible, mec… - je relance en souriant.

    T’as ma carte si jamais ça te dit…

    Encore un hétéro qui y a pris goût… tout hétéro l’est dans la mesure qu’il n’a jamais couché avec un mec. De lors, d’une part, suite à cette première expérience, il sera au mieux bi. Au pire, il ne pourra plus s’en passer. Ou alors, il aura carrément changé de paroisse…

    Une fois sorti du camion je me retrouve dans la fraîcheur revigorante et dans la lumière limpide du matin d’hiver. Je prend une inspiration profonde pour récupérer de l’effort. Mes poumons se vident complètement pour se remplir à fond et aller oxygéner mes cellules. Une sensation de bien être a pris possession de mon corps, je me sens bien, l’esprit léger. Vraiment c’était un très bon moment.

    Je retrouve ma voiture, je m’assois devant le volant encore incrédule vis-à-vis de ce qui vient de m’arriver. Jamais en me levant ce matin j’aurai imaginé même de loin qu’un truc pareil puisse se produire dans ma vie. Jamais en me levant ce matin j’aurai imaginé que l’image de Jérémie puisse me rattraper si soudainement, me percuter avec cette violence.

    Dans cet instant, mon esprit revenant à moi après la tempête des sens, je sens bien que ce souvenir va hanter les heures, les jours et les semaines à venir.

    On n’oublie jamais son premier amour, son seul amour. Mais où es-tu, Jérém ? Au fond de moi, je sais qu’on se retrouvera, que le destin nous réunira un jour. On se l'est promis tous les deux, on se l'est promis sans mots, sans formule. C’est une promesse que j’ai lue dans tes yeux, une promesse que je serre à moi depuis longtemps déjà. On se l'est promis par une belle soirée d'été, après avoir fait l’amour pour la dernière fois avant de nous quitter.

    Tout était beau, tout était parfait ce soir là. Et je n’ai qu’un seul, immense regret : celui de ne pas avoir trouvé ce mot, ce baiser, ce petit quelque chose, ce petit rien qui aurait pu te retenir.


  • Commentaires

    1
    Maxence
    Vendredi 13 Octobre 2023 à 13:27

    Bonjour !

    Je ne parviens pas à ouvrir la page JN0404 ... Quelqu'un aurait-il le même problème ? Que se passe-t-il ? Merci déjà de votre aide, ami.e.s de Jerem-Nico ;-) ! 

     

      • Vendredi 13 Octobre 2023 à 21:32

        Problème résolu bonne lecture. Fabien 

      • Maxence
        Samedi 14 Octobre 2023 à 15:43

        Merciiii infiniment ! J'avais tellement hâte de lire la suite des aventures de notre Nico ;-) ! 

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