• 49.4 Match et après match - Le match

    Descendre encore un peu plus… passer ses bourses sans être hypnotisée par leur chaleur, leur douceur odorante… descendre un peu plus encore, et terminer son voyage un peu plus loin dans l’entrejambe…

    Ma main continue de le branler tout doucement, mon pouce lubrifié par sa mouille tentant de remplacer le pouvoir magique de ma langue au creux de son gland…

    Et lorsque ma langue se faufile jusqu’à son ti trou et qu’elle essaie aussitôt d’en forcer l’entrée, le bogoss tressaillit…

    « Putain… » je l’entends chuchoter « ça c’est bon… vas-y… vas-y comme ça, mec… »

    Puis il se tait… j’écoute sa respiration, qui est comme suspendue… les mouvements de son diaphragme se font de plus lentes, plus amples… j’ai l’impression que tout son corps est agité par un petit frissonnement involontaire… on dirait… oui… on dirait qu’il ronronne…

    Le bogoss est actif à 200%... mais qu’est-ce qu’il aime se faire tapoter l’entrée des artistes…

     

    Un peu plus tôt, dans la journée…

     

    Le match vient de commencer… je regarde mon bobrun évoluer sur le terrain… il n’arrête pas un seul instant de bouger, de courir, de marcher… il est souvent assez loin par rapport à ma position mais à un moment, à la faveur d’un déplacement de l’action, il approche tout doucement… il finit par passer si proche, bien qu’en mouvement permanent, que j’ai l’impression de sentir un relent de son deo…

    Pendant un court instant, j’ai même l’impression de capter son regard, un regard pénétrant, intense mais indéchiffrable… est-ce qu’il m’a seulement vu ? Il a l’air tellement happé par le jeu…

    Je le regarde s’éloigner à nouveau… il s’arrête une vingtaine de mètres plus loin… il est planté au bord de la ligne de touche, les jambes légèrement écartées, le torse droit comme un « I », les mains plantées sur les hanches, ce qui fait ressortir toute la puissance de ses épaules, et tend le tissu du maillot sur ses pecs soulevés par la respiration accélérée… qu’est-ce que j’aime voir sa respiration sous l’effort…

    Je me surprends à suive le match de façon plus attentive que le précédent, auquel j’ai assisté quelques semaines plus tôt, au tout début de nos révisions… compte tenu de l'enjeu que ce match représente, je ne peux m’empêcher de ressentir de l’empathie pour mon Jérém, pour Thibault et pour les autres petits mecs de l’équipe, les potes de Jérém… de me transformer en fervent supporter, bien que ma ferveur soit davantage inspirée par une histoire de sentiments que par un esprit sportif… un supporter qui ne connaît rien ou presque aux règles de ce jeu qui se déroule devant lui… bref… un supporter du dimanche, mais supporter quand même…

    Après tout, est-ce finalement si important que ça, pourquoi on supporte ? Ce qui compte c’est la ferveur et l’enthousiasme !

    Et en regardant attentivement mon bobrun, les pieds plantés dans la pelouse, pris dans le feu de l’action de jeu, je me rends compte que le bogoss est transfiguré…

    Exit le petit con frimeur, le charmeur de chaque instant… là, c'est un tout autre Jérém que je découvre…

    C’est un mec passionné et passionnant que je vois, un mec soudainement grandi par le sport et par la compétition, dégageant une puissance incroyable… un mec complètement happé par le jeu, par un but qui le prend aux tripes, un but pour lequel il est prêt à tout donner, physiquement, intellectuellement, humainement… tout son être est tendu vers ce but, peu importe l’effort qu’il demandera… il sait qu’il n’a pas le droit de décevoir… de décevoir ses potes, de se décevoir lui-même…

    Il s’est arrête et il observe… son regard intensément fixé vers le cœur de l’action, comme une visée laser rivée sur le ballon… tous ses sens en alerte, l’attitude on ne peut plus sérieuse, concentrée, la musculature en action… tout en lui dégage la puissance, la passion, l’esprit de compétition, l’envie de gagner… tout son corps, son être, son âme aspirés par le jeu… on dirait un chien de chasse en phase d’arrêt, happé par le gibier qu’il est en train de pister…

    Un très bel animal de chasse… le Jérém à poil court…

    STANDARD DE LA RACE

    Joueur de bonne taille, bien proportionné en taille et constitution, animal à poil court et brun, très brun, mignon d'une allure spectaculaire. Le poitrail est puissant et les épaules bien développées. Les reins et l’arrière-train sont plutôt musclés, avec des aplombs bien souples, lui autorisant à la fois une très bonne réactivité et une grande vitesse…

    La queue est épaisse… bon, mais ça c’est un autre sujet…

    En somme, un très bel animal à la musculature puissante, avec un physique développé pour et par la chasse au ballon ovale…

    ATTITUDES

    Attentif, vif et remuant, infatigable au jeu. Joueur réputé en raison de son très bon flair pour l’action de jeu, également très bon « joueur d’arrêt », en attendant que le gibier ovale sorte d’une mêlée… constamment à l’affut pour récupérer jusqu’à la plus imprévisible des passes ; c’est aussi un joueur rapide et… retriever… avec un fort instinct de rapport, capable d’amener le ballon ovale dans l’en-but avec un déplacement rapide et puissant…

    « Nico !!!!!!! » j’entends ma cousine m’appeler avec insistance, sa voix partant dangereusement dans les aigus.

    « Quo-quoi ??? » je fais, surpris, arraché de ma contemplation.

    « Mon cousin, tu ne m’écoutes pas quand je parle… ».

    « Si, je t’écoute… »

    « Ca fait un quart d’heure que j’essaie de faire la conversation et tes seules réponses sont des « oui », « non » ou des « tu m’étonnes… tu le dis si je te fais chier… ».

    « Désolé, ma cousine… » je me morfonds.

    « Ah, j’ai bien fait de venir à ce match… quand je pense que je suis là juste pour t’accompagner… ».

    « Et que c’est toi qui l’a proposé… » je me moque.

    « J’aurai mieux fait de rester chez moi mater une rediff de Navarro… c’est un bonheur de sortir avec toi et Aurèlie… regarde-la, celle-là…en train de draguer à l’autre bout du terrain… ».

    « Je la déteste… » j’aboie.

    « On se demande bien pourquoi… » elle se moque à son tour.

    « Merci de lui avoir cloué le bec… j’ai failli lui balancer ma chaussure à la tronche… ».

    « T’avais qu’à ne pas faire ton keké… » elle me rétorque.

    « Nympho… » je plaisante.

    « Tu peux parler… fais gaffe à ne pas glisser… à force de baver en matant du bogoss… t’as fait une flaque devant des pieds… ».

    « Connasse… ».

    « Parfaitement ! ».

    Pendant qu’on se tape la discute, Jérém reçoit le ballon… en une fraction de seconde il se tape un sprint spectaculaire, il s’élance à toute allure vers la ligne de but…

    Le pas trotté, la cuisse musclée moulinant à toute puissance, les oreilles au vent, le regard de feu, la truffe en l’air à l’affut de la moindre occasion de jeu, toute la musculature tendue, dégageant une force et une détermination intenses…

    Un joueur rouge tente de lui barrer le chemin, le bobrun le dégage avec son bras droit… il avance très vite, il zigzague avec un geste chargé à la fois de puissance et de souplesse pour éviter un deuxième columérin… mais il est stoppé net à quelques mètres à peine de la ligne de but par l’intervention de deux autres joueurs en rouge qui arrivent enfin à l’arrêter en le plaquant au sol…

    « Son épaule ! » je laisse échapper, effrayé.

    Par chance, le bobrun est tombé sur le ventre et les deux joueurs ne l’ont pas touché là où il pourrait avoir mal… je suis soulagé de le voir se relever presque instantanément, remonter le short qui avait légèrement glissé le long de ses hanches du fait de la vitesse combinée avec le contact avec le sol…

    Une seconde plus tard, le regard noir de déception pour avoir foiré son essai, le bogoss arbore à nouveau cette attitude fière et puissante, torse droit, dos légèrement vers l’arrière, mains sur les hanches, épaules bien déployées, pecs saillants…

    Le bogoss passe une main dans les cheveux pour les coiffer en arrière… geste inconscient de petit con au naturel…

    « Naaaaan… mais t’as vu comment il est beau, comment il est fier et élégant dans son maillot ? Comment il est à fond dans le jeu… t’as vu cet air de tueur sexy et viril… ? ».

    Le jeu vient de reprendre et Jérém vient de redémarrer… le bel animal roule à grande allure derrière son gibier en cuir… il le hume, il le suit depuis la ligne de touche sans le lâcher de son regard intense… la chasse au ballon est pour lui quelque chose d’instinctif, inscrit dans ses gènes, s’exprimant naturellement…

    J’ai l’impression qu’à cet instant, rien d’autre n’existe à ses yeux, à part ce ballon en cuir… j’ai l’impression que le Pape pourrait être là… il s’en foutrait… même Wilkinson pourrait être là… il s’en foutrait aussi… sauf évidemment s’il était sur le terrain de jeu…

    « Mais regarde le sous l’effort, s’il n’est pas grave sexy… ».

    « Je te comprends, cousin…».

    « Tu comprends quoi ? ».

    « Je comprends pourquoi tu l’as autant dans la peau… ».

    « Ca fait du bien de sentir que tu comprends ce que je ressens… ».

    « Oui, je te comprends… mais moi je me fais chier… je te laisse mater ton bobrun… je vais essayer de faire foirer la drague d’Aurèlie… ».

    Merci ma cousine de me laisser seul avec mon plaisir de mater le bogoss… enfin… les bogoss… car, si je suis abasourdi par la beauté virile de Jérém, beauté avec laquelle je ne peux couper le contact visuel pour plus de quelques secondes, il y a tellement de beaux spécimens sur et autour d’un seul terrain, que je ne sais pas où donner du regard…

    Tant de beautés s’offrent à ma vue, tant de petits détails m’apportent des émotions puissantes, des éclairs de sensualité pure… qu’est-ce que ce sport est érotique, faute parfois d’être élégant… un bras enserrant le ballon, faisant ressortir la musculature d’un biceps bien rond à peine coupé par la manche du maillot remontée par l’action… les arrières des cuisses sous les shorts des troisièmes lignes remontant lors de la poussée en mêlée…

    Je regarde Thibault au milieu du terrain… un autre très bel animal de chasse… le Thibault à dos large…

    STANDARD DE LA RACE

    De taille un peu plus petite, animal à l'allure charpentée et robuste, également à poil court, mais plutôt châtain. Le cou, les épaules et le torse tout entier forment un ensemble à la fois très musclé et très harmonieux. Les reins et l’arrière-train sont puissants, avec des aplombs bien posés, lui permettant une très bonne stabilité en mêlée…

    La queue… bah… là alors… mystère absolu…

    Là aussi, un très bel animal à la musculature puissante, avec un physique développé pour et par la chasse au ballon ovale…

    ATTITUDES

    Intelligent et futé, réputé pour son discernement tactique, pour son agilité et sa vivacité. Il commande sur de nombreuses phases de jeu car il est face à l’action et il possède donc une très bonne vision globale. Il décide bien souvent de l'orientation du jeu.

     

    Je suis brusquement tiré de ma rêverie par le bruit du public semblant encourager une action qui pourrait rapporter des points… j’essaye de localiser le ballon et je me rends compte qu’il est blotti dans les bras puissants du petit format bien proportionné… le numéro 10… Julien…

    Aucun joueur en rouge n’arrive à stopper la puissance de son avancée… et le très charmant demi d’ouverture réussit ce que mon bobrun a raté quelques minutes plus tôt… balancer 5 points à la figure des mômes de bourges… malheureusement, la transformation rate…

    Toulouse 5 Colomiers 0

    Ça démarre fort pour les toulousains mais Colomiers égalise les scores une poignée de minutes plus tard en marquant un joli essai… et passe également en avantage avec une transformation réussie…

    Toulouse 5 Colomiers 7

    Je regarde mon Jérém… il fait la grimace… je regarde Thibault… il regarde Jérém, il s’approche de lui, porte sa main à son biceps et le serre… c’est furtif, mais intense… Jérém tourne la tête, leurs regards se croisent, Thibault lui dit quelque chose… et le visage de Jérém s’illumine d’un sourire amusé… je donnerais une fortune pour savoir ce qu’il lui a dit… c’est dingue le pouvoir de ce Thibault sur mon bobrun…

    Le jeu reprend et une poignée de minutes plus tard, un joueur en rouge marque un drop sur un coup de pied tombé.

    Toulouse 5 Colomiers 10

    La, clairement, mon beau brun fait la gueule… à ce stade, je doute que même Thibault fasse encore le poids face à sa mauvaise humeur grandissante…

    Le jeu reprend, les minutes défilent, la fin de la première mi-temps approche… c’est à ce moment-là que les joueurs des deux équipes s’agglutinent dans une mêlée spontanée qui semble inextricable… le ballon disparaît et réapparait au gré des mouvements de cette forêt mobile de jambes musclées… ça tourne, ça tourne, ça tourne…

    Je regarde mon bobrun en action, je le regarde attentivement… et il me semble déceler dans son jeu un cycle récurrent composé de plusieurs phases…

    Tout d’abord, il observe intensément le jeu dans lequel évolue sa proie en cuir ; il suit discrètement l’action depuis la ligne de touche en s’immobilisant, lorsque la mêlée devient statique, en position d’affût…
    J’ai l’impression que cette mêlée ne va jamais s’arrêter… que le ballon ne va jamais en sortir… pourtant, à un moment, va savoir comment, le ballon réapparait…

    Et lorsque le ballon sort de la mêlée… c’est dans les bras de mon bobrun qu’il atterrit !

    Lorsque la proie tombe dans ses griffes, rabattue par un autre membre de sa meute, l’animal déguerpit à toute allure en entamant la phase de rapport de la proie vers l’en-but… pendant cette phase, l’animal joue de sa vitesse, de son gabarit, de ses bonnes patounes pour défendre son bifteck face à la meute adverse…

    Allez Jérém !

    Le bogoss n’a pas attendu mon encouragement pour s’élancer à toute vitesse le long de la ligne de touche… les joueurs en rouge sont à ses trousses… un flanqueur tente de le plaquer… Jérém ne se laisse pas intercepter, mais il trébuche… le ballon lui échappe des mains, il rebondit au sol… il le rattrape, il continue sa folle course vers la ligne de but… un autre columérin se fou entre ses pattes, le fait trébucher à nouveau… son corps s’en trouve déséquilibré, au point que je le vois déjà tomber à l’avant et rater à nouveau son essai… mais non, le bobrun a de la ressource dans ses cuisses musclées…  il se rattrape de justesse, il continue son avancée Caterpillar… un troisième défenseur surgit de nulle part, Jérém le percute à toute allure sans ciller… le défenseur tombe sur le dos… Jérém manque de le piétiner ou de se prendre les pieds dedans, mais il arrive à l’enjamber sans dégâts… à l’approche de la ligne de but, un dernier joueur en rouge s’approche dangereusement de lui… et là, tentant le tout pour tout, le bobrun je jette volontairement en avant et finit ventre au sol, les bras tendus sur la ligne de but, le ballon touché à terre…

    Voilà une bonne occasion pour prendre l’avantage… le bobrun tente la transformation… le coup de pied est puissant… mais il rate la cible…

    Toulouse 10 Colomiers 10

    Jérém semble tout à coup un peu plus détendu… je préfère ça…

    Sur un nouvel essai, marqué par le deuxième ailier toulousain, la mi-temps sur le score de :

    Toulouse 15 Colomiers 10

    Jérém tout à coup radieux, en mode déconne avec ses coéquipiers… j’aime mieux ça…

    Pendant la mi-temps, Elodie vient me voir.

    « Eh, ben, il fait pas dans la dentelle ton jeune lion… »

    « Il est incroyable, juste incroyable… »

    « Bah, oui, s’il est aussi déterminé au pieu qu’il l’est sur le terrain… je te comprends, mon cousin, je te comprends… je te jalouse… et je te déteste… ».

     

    A la reprise, Jérém affiche un air triomphant qui le rend sexy en diable… le jeu redémarre… dès les premières passes, les joueurs en rouge semblent rebootés. Et c’est après quelques minutes à peine que Colomiers marque le deuxième drop du match…

    Toulouse 15 Colomiers 13

    Je regarde Jérém… son air triomphant a perdu de sa superbe… l’avantage s’amenuise…

    Et ça ne va pas s’arranger lorsque, au milieu de la deuxième mi-temps, les banlieusards marquent un nouvel essai… eh, merde… la transformation rate… mais les toulousains perdent l’avantage…

    Toulouse 15 Colomiers 18

    Dans la tête de mon bobrun, ça commence à chauffer bien comme il faut… allez, il faut se ressaisir, il reste un bon quart d’heure de jeu… tout est encore possible…

    Hélas, les espoirs s’amenuisent ultérieurement lorsque, à moins de dix minutes de la fin, les Toulousains se font sanctionner pour faute importante… le ballon est remis aux joueurs en rouge… troisième drop réussi pour Colomiers…

    Toulouse 15 Colomiers 21

    Jérém a l’air carrément défait… il n’est pas très loin de ma position et j’arrive clairement à voir sur son visage le désespoir de voir la victoire en train de lui filer entre les mains… tout dans son attitude respire désormais la déception, la frustration, l’impuissance, la rage…

    J’essaie d’imaginer comment il doit se sentir… comment il doit se dire « si je n’avais pas raté le premier essai »… j’ai mal pour lui…

    Le jeu reprend… nouvelle mêlée… centrifugeuse de joueurs lessivant des torses musclés autour d’un pauvre ballon ovale… et lorsque le hublot s’ouvre, lorsque le ballon en sort, c’est dans les mains de Thibault qu’il atterrit…

    Le demi de mêlée se dégage très vite… en un éclair, son regard balaie l’espace dans toutes les directions à la recherche de ses coéquipiers… je devine que dans sa tête, son pragmatisme légendaire est en train d’évaluer le jeu, d’élaborer une stratégie…

    Et lorsqu’il capte la présence de Jérém parfaitement placé sur la ligne de touche, lorsque leurs regards se connectent… tout se passe comme une évidence… le beau pompier balance le ballon vers son pote, juste avant de se faire plaquer brutalement au sol…

    C’est un jeu en meute dans laquelle chacun a son rôle précis… d’une part, Thibault, jeune animal rusé, constamment prêt à réfléchir… de l’autre côté, Jérém, jeune fauve puissant, constamment à l’affut, prêt à bondir…

    Jérém attrape le ballon fermement, il s’élance à toute allure vers le fond du terrain… la défense adverse se presse vers lui… les trois quarts centres toulousains approchent pour ralentir les columérins qui se pressent en masse sur le chemin de mon bobrun…

    Peine perdue… avec le puissant regain d’énergie apporté par un espoir retrouvé après un profond abattement, mon Jérém court si vite que les mecs en rouge n’arrivent pas le rattraper… un seul joueur adverse arrive enfin à l’intercepter… le mec est balèze, carré comme un armoire à glace… il doit faire 30 kilos de plus que mon bobrun… pourtant, le corps musclé lancé comme une locomotive sur ses rails, le bobrun profite de son inertie pour faucher le gros joueur en rouge …

    Le bogoss est presque arrivé à la ligne de but, lorsque le 11 rouge lui barre la route… confrontation rapprochée de bogosses… Jérém ne se laisse pas intimider, il dévie légèrement sa trajectoire, il arrive à éviter le bobrun adverse… et là, c’est le sprint final… Jérém avance droit vers son but, le ballon toujours collé contre son maillot, entre les pecs… il passe la ligne de but la tête bien haute, il prend le temps d’avancer jusqu’à réaliser un magnifique touché à terre au beau milieu des poteaux…

    Les joueurs en vert et blanc viennent rapidement féliciter leur capitaine… et l’encourager pour la transformation à venir… transformation nécessaire… transformation dont la réussite ou l’échec fera la réussite ou l’échec de tout un match, de tout un tournoi…

    Les secondes avancent… plus que 60 secondes pour botter… la tension est à son comble… le ballon posé au sol, mon bobrun recule de plusieurs mètres… il fixe alternativement le ballon et les poteaux… sa main ouverte glisse nerveusement de son menton à sa joue…

    Ses mains se posent une fois de plus les mains sur les hanches, les épaules bien ouvertes, la tête haute, le regard concentré, fixe, puissant…

    Il y a une telle tension, un mélange explosif de puissance, de détermination et d’élégance dans son attitude…

    Je sens qu’il se prépare à y aller… je prie pour que ça réussisse… j’ai le cœur qui bat à dix mille à l’heure… j’ai presque envie de fermer les yeux… ou même de partir… j’en tremble…

    Et là une main se pose sur la mienne.

    « T’inquiète, il va le faire… ».

    J’adore ma cousine.

    Les jambes légèrement écartées, les muscles sous très haute tension… son corps est désormais orienté de façon que son épaule est dirigée vers le ballon… ballon qu’il fixe avec un regard en biais… le bogoss transpire, je le vois souffler un bon coup, comme pour tenter de chasser la tension qui secoue ses nerfs…

    Je tente d’imaginer sa solitude à ce moment, son stress à l’idée de porter sur ses épaules le fin mot de ce match et de ce tournoi… tiens bon, mon Jérém…

    Il pousse un nouveau souffle puissant, comme un petit taureau poussé dans ses derniers retranchements… il fronce les sourcils, il fixe le ballon d’un regard de tueur, … et lorsqu’il lève à nouveau les yeux vers les poteaux, c’est un regard composé d’un mélange d’inquiétude et de défi que j’arrive à voir…

    On entend monter du public des encouragements nombreux : « Jérémie, vas y ! »… « Allez, Jérémie ! »…  « Jeje… tu peux le faire »… « Tu dois le faire… allez, Jérém ! »… « Tu es le meilleur »… « Vas-y, bogoss »…

    Je cherche en vain la pouffe qui l’a traité de bogoss…

    Mais le bogoss est tellement concentré qu’il n’entend rien de ce qui se passe autour de lui…

    Les secondes s’égrènent comme au ralenti… tout l’effort d’une équipe pendant une longue saison tient à cet instant magique, magique comme le temps qui semble suspendu autour de ce putain de bogoss à qui incombe cette lourde responsabilité… et cette tension, cette force, cette énergie qui semble parcourir et se dégager de son corps tendu comme une corde de violon, donne à son charme une charge supplémentaire et insoutenable…

    Je le vois pencher légèrement le dos, les mains posées sur les cuisses… il va y aller… mais j’ai l’impression qu’il y a un truc qui cloche… je crois qu’il est trop en biais par rapport à l’alignement ballon-poteaux…

    Je m’inquiète, mais le bobrun doit savoir ce qu’il fait… un dernier regard au ballon… et à la dernière seconde, il fait deux pas sur le côté, changeant sa position par rapport à l’alignement avec les poteaux… il s’élance, enfin …

    Lorsqu’il tape dedans, le ballon s’élevé très haut dans le ciel… j’arrête de respirer, mon cœur cesse de battre… j’ai l’impression que tout bruit a cessé dans un rayon de 10 km… que le temps s’est carrément arrête…

    Lorsque le ballon redescend, il finit par fendre l’air pile entre les deux poteaux…

    Nouveau score :

    Toulouse 22 Colomiers 21

     
    Merci FanB, gripsou, Bab, Olivier, Pascal, many_nation, yann, cyril, Rodrigue (à qui je dois l’idée ce cet épisode autour de la finale) pour leur participation, de par leurs commentaires et leurs suggestions, à la trame et au développement de cet épisode.
    Merci à tous ceux qui ont participé à la soirée chat du 6 décembre dernier, ils s’y reconnaitront.
    Merci à tous les bogoss croisés un jour, dont le sourire, les larmes, la simple existence, m’ont inspiré pour donner du réalisme à mes personnages et à mes situations.
    Cet épisode est vraiment un beau travail d’équipe.


  • Commentaires

    1
    Colibri
    Jeudi 5 Janvier 2017 à 17:04

    Bravo, jamais je n'ai imaginé un match de rugby aussi bien commenté et si sexy !

     

    Et bonne année 2017 à toi !

     

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