• 15 Une nuit au KL 1/3 - Début de soirée avec Thibault

     

    Une fin de soirée spéciale ? Voilà comment il m’est arrivé d’en vivre une avec mon insupportable, sexy et arrogant Jérémie. Il est près de 4 h du mat, dans sa voiture qu’il vient de garer à 100 mètres de la maison de mes parents : pendant qu’il allume une cigarette, je me penche sur sa braguette bien rebondie ; je défais les boutons un à un, impatient de sortir sa poutre raide du boxer d’où elle dépasse déjà ; sa chemise bleu clair avec le col et le revers des doublures blancs, déjà complètement ouverte sur ce torse de rêve… fou de désir, je me penche sur son entre jambe, sur ce sexe qu’une bouche de nana a déjà fait jouir un peu plus tôt dans la soirée… sa queue a goût de sperme mélangé à un tout léger relent d'urine, du vrai bonheur, quoi…

    Je m’affaire sur sa queue avec un entrain plutôt spécial, l’alcool et la situation inédite et excitante donnant de nouvelles nuances à mon exercice. Pendant que je le suce, il continue à fumer lentement sa cigarette, en expirant d’amples volutes de fumée qui s’échappent de la vitre à peine entrouverte, mais pas assez rapidement pour ne pas imprégner l’air de la voiture de cette odeur si caractéristique de fumée que je commençais à associer, avec d’autres odeurs bien plus fines et agréables, à la personne de Jérémie.

    Putain que tu suces bien… - laisse-t-il échapper à un moment.

    C’est encore l’alcool qui fait que ma bouche quitte sa queue et que, tout en continuant de le branler doucement à la main, je me sers de mes lèvres pour lui demander :

    Je suce mieux que la blonde de tout à l'heure ?

    Je suis toujours penché à quelques centimètres au dessus de sa queue et mes narines s’enivrent des effluves magiques, de cette tiédeur virile qui s’en dégagent.

    Dix fois mieux... – répond-t-il, la voix étranglée par la tempête des sens que je suis en train de provoquer en lui ; et il continue - j'ai du me branler pour arriver à jouir, mais là tu vas encore m'avoir, rien qu'avec tes lèvres et ta putain de langue…

    En disant cela, il appuie fermement et lourdement sa main sur ma nuque, m'obligeant à reprendre ma fellation, imprimant à mes mouvements de va-et-vient l’amplitude et le tempo qui lui conviennent le mieux. Quelques instants plus tard je solde la note pour mon rapatriement en voiture depuis le KL en avalant goulûment les giclées que sa queue envoie au fond de mon palais.

     

    Pour savoir comment je me suis retrouvé dans cette situation plutôt inattendue, il faut remonter un peu en arrière. Une semaine pile poil s'était écoulée depuis la folle nuit avec Jérém et son cousin Guillaume ; depuis, à aucun moment le beau brun n’avait envisagé de révisions avec moi. Pourtant la fin de l'année scolaire approchait et les exams avec.

    Certes, depuis qu'on se voyait pour réviser, on n'avait en effet rien révisé, mis à part son anatomie que je commençais à connaître de façon assez fine, ce qui provoquait en moi un engouement certain et me motivait par ailleurs pour aller toujours plus loin dans mon exploration. On appelle ça être passionné. On me reprochera assez souvent dans ma vie de n’avoir aucune réelle passion, ni sport, ni cinéma, ni littérature, ni tout autre chose qui me rendrait intéressant… j’avais bien sur une passion, et c’était exactement celle là, la passion pour le sexe masculin. Passion hélas inavouable, bien inadaptée à être posée en bas d’un CV ou à être racontée à un compagnon, si ouvert d’esprit soit-t-il.

    Quant au Nico de cette époque, il était tellement en passe de devenir maître expert dans la plastique de ce jeune et charmant Jérémie, au point que si on avait prévu à l'exam du bac une épreuve genre "Anatomie et points érogènes d'un beau male", il se serait tapé un 20/20, voire davantage. Faut dire que les travaux pratiques, ça aide.

    Non, cette semaine là on n'avait rien révisé, même si ce n'était pas l'envie qui me manquait de me retrouver devant la queue tendue de mon bel amant.

    Hélas, je trouvais au contraire que Jérém m'évitait, limite s'il ne me faisait pas la tête. Je m'imaginais que ça devait être à cause de ce baiser que j'avais osé poser sur ses lèvres le samedi précédent, avant de partir... Mais quel con j'avais été... Et aussi, qu’est-ce qu’il est chiant ce mec, ce ti con, à ne vouloir que du sexe… du sexe et encore du sexe… ne connaît-t-il donc pas le bien fou que peuvent faire des câlins ? A bien voir, à posteriori, c’est bien ce coté distant, froid, viril, dominateur et centré sur son plaisir de mec qui me le rendait aussi irrésistible, qui l’installait chaque jour un peu plus dans ma peau… son coté insondable, son absence de sentiments, l’impossibilité d’atteindre son cœur engendrait en moi une envie de plus en plus brûlante d’atteindre sa sexualité et de la célébrer avec tous mes talents de jeune salope.

    Mais à cette époque, bien que déjà inconsciemment convaincu de cela, je finissais toujours, notamment après nos ébats, à chercher une tendresse dont il s’était montré bien incapable. Il y avait certes des moments où je n’avais qu’un envie, celle de me faire défoncer, tout perdu dans une passion charnelle ravageuse, acceptant avec plaisir de me conformer au rôle de vide couilles dans lequel il m’avait installé depuis le début ; il y avait en revanche d’autres occasions où je le trouvais touchant, notamment cette retombée de l’esprit qui suit l’orgasme et qui rend les garçons tristes juste après avoir été très heureux ; en ce moments là, j’essayais, je m’illusionnais de voir en lui autre chose qu’un mec à l’appétit sexuel débordant. Oui, parfois après le sexe je le trouvais comme déboussolé, l’air d’un enfant perdu. J’avais alors envie de le prendre dans mes bras. Ou de le frapper tellement je savais qu’il m’en aurait empêché. Ou alors de poser un baiser sur ses lèvres… Chose faite, avec un succès tout à fait mitigé…

    Révision après révision, je me contentais alors d’assouvir ses besoins sexuels… Et, à bien voir, c’était moins l’envie de me faire défoncer que celle, certes équivalente en intensité, de lui faire plaisir, qui me faisait accommoder dans cette relation. Certes je retirais un plaisir sexuel certain dans l’acte de lui faire plaisir… cependant, voilà que l’idée même de lui faire plaisir était plus forte que le plaisir que je pouvais en tirer ; à contrario, je pense que, même si je n’avais pas retiré de plaisir ou d’excitation à le faire jouir, j’aurai quand même eu envie de le faire jouir… car mon souhait le plus cher, c’était de lui faire plaisir, à lui.

    Oui, j’avais envie de lui faire plaisir car il était beau à en crever : certes, mais pas que… je lui trouvais bien autre chose que la beauté et la séduction… ça allait bien au delà… un truc plus fort et plus prenant que la beauté m’intriguait chez lui… sa distance, son absence de sentiments ne pouvaient que cacher des fêlures, des blessure, un manque d’amour remontant à ses jeunes années. On ne peut pas autant mépriser les sentiments sauf si on a manqué d’amour. Mais tout ça, ce n’étaient que des suppositions.

    La semaine de cours s’écoula sans relief et le samedi arriva ainsi, avec l'angoisse d'une nouvelle distance, cette fois ci peut être définitive, installée entre Jérém et moi. Le week-end est toujours une épreuve de taille quand il empêche de voir la seule personne que vous auriez envie de voir. Et de faire l’amour avec. La semaine nous transporte avec ses obligations, son temps rythmé par le train train quotidien... mais le week-end, cet énorme espace vide de 48 heures, peut rendre fou quand on tend vers quelque chose dont on a une envie excessive et que l’on sait, il est hors de portée. Et cela est d’autant plus vrai et déchirant quand on sait pertinemment que cette « chose » magnifique n’attendra pas après nous pour satisfaire ses envies à elle…

    Heureusement, voilà qu’Élodie, ma cousine adorée, me proposa de sortir en boite avec sa bande.

    Allez, viens avec nous – avait-t-elle insisté face à ma première réticence – ça va te changer les idées, ça va te faire du bien…

    Elle avait raison. Ou, plutôt, elle aurait eu raison si elle n'avait pas choisi le KL, la même boite de nuit où sévissaient en général Jérém et sa clique. Je le savais bien, pour en avoir parfois entendu parler dans des conversations de mecs captées ici et là au hasard, mais ma cousine ne semblait pas en être au courant ou du moins de ne pas y avoir pensé. Je me laissai faire, partagé entre la crainte de le croiser et celle, au contraire, de ne pas le voir.

    Je choisis de ne pas parler de tout ça à ma cousine et nous nous retrouvâmes à cinq : Elodie, moi, deux copines à elle et un certain Benjamin, maqué à une desdites copines. Un mec plutôt quelconque, qui n'avait rien pour attirer mon attention. Il était assez sympathique, mais ça s'arrêtait là. Comme quoi tout passionné retrouve un jour les limites de sa passion.

     

    Do you know? What it feel like for a girl...

     

    En cette fin de printemps, Madonna surfait encore et toujours sur l'engouement provoqué par l'album de l'année précédente, le mémorable Music. Le troisième extrait, What it feels like for a girl, supportait le lancement de sa première tournée mondiale depuis 8 ans et accompagnait mes journées passées à attendre le bon vouloir du beau brun, s’installant à jamais dans mon esprit comme la bande son de ce film fait de mes désirs brûlants, mes craintes, mes angoisses. Une bande son que encore aujourd’hui, surtout quand il m’arrive d’en écouter des extrait au gré d’un passage radio, me replonge illico dans cette période, dans cet état d’âme, d’excitation, de souffrance et de frustration jamais oublié.

    Madonna, mon héros, comme une gifle au sexe fort, à la toute puissance de la virilité, Madonna, héroïne vengeresse face à la domination universelle de la queue. Madonna, la femme qui joue dans la cour des hommes, revendiquant la légitimité d'être pute au lit mais respectée en dehors, criant haut et fort que la sexualité ne peut pas être un stigmate de notre rôle social. Madonna qui est au sexe masculin, et au machisme en particulier, cette gifle qu'on voudrait mettre aux mecs trop mignons qui se croient tout permis en raison de leur virilité. Madonna qui réussit l'exploit de plaire aux hétéros et aux homos, ainsi qu'à la plupart des femmes brillantes d’esprit. Elle qui rapproche hétéros et homos dans la même admiration… Les premiers aiment et détestent son insoumission, son pouvoir de séduction, sa façon de prendre et de garder le contrôle, sa domination par l’autorité qui est conférée par cette chose insaisissable et rare qu’on connaît sous le nom de charisme ; oui, bon nombre d’hétéros aiment cela, que ce soit consciemment ou pas, se sentir dominé par une nana… et cette idée de soumission du sexe fort, cette idée de pouvoir les tenir de la seule façon qui soit, c'est-à-dire par les couilles, voilà que pour nous les homos c’est du pain bénit… nous qu’on aime aussi souvent nous sentir soumis à un mec viril, on aime parfois voir cette virilité malmenée… c’est le principe qui nous fait tant fantasmer au sujet du militaire et de l’uniforme en général, le genre de mec qui inspire la puissance et la domination, qui respire le sexe et la virilité, par lequel on aime bien nous laisser humilier, devenir son objet, tout en l’imaginant se soumettre à son tout au pouvoir de sa hiérarchie, en l’imaginant se faire dominer, à se faire humilier à son tour, sur le plan humain si ce n’est sur le plan sexuel, par quelqu’un qui a tous les pouvoirs sur lui… le pouvoir de le contraindre, celui de le punir…

    Oui, on peut rêver en s’identifiant à notre Prêtresse du Sexe, rêver que si une nana arrive à détenir le pouvoir de dominer un mec par sa sexualité, pourquoi pas un pd... ;  l’homo soumis aime s’identifier à cette image là, carrément une Icône, son coté I'm what I am, son coté « j'ai le pouvoir de vous tenir par la queue », vous les hétéros tous puissants, ainsi réduits à des sexualités frustrées... Oui, Madonna mon héros, toi qui assume à merveille ce coté conasse prétentieusement parfaite en tant qu’arme d’affirmation de soi et moyen d’imposer respect et admiration. Un trip qui vraiment me fait kiffer. Madonna against men… as we against men…

    Do you know? What it feel like for a girl...

    C'est cette chanson qui passait au KL quand on y mit les pieds ce samedi là. C’était sur le coup de minuit et demi. Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette discothèque, il faut imaginer que sa dimension était telle et le nombre de salles faisait que l'on pouvait tranquillement passer toute une soirée sans croiser au hasard quelqu'un dont on ne connaîtrait pas les mouvements. Dans cette boite, il était plus courant de perdre les potes avec qui on était rentré que de trouver une personne qu'on aurait envie de voir, même en ayant la certitude qu'elle s'y soit rendue au même moment que nous. Ce soir là, je ne savais pas si Jérém était dans la salle, je ne savais donc pas si ça valait le coup de le chercher du regard.

    Mais je le cherchais quand même. Dans la lumière insuffisante et changeante de la boite de nuit, je matais tous les beaux bruns, tous les t-shirts moulants, tous les physiques avantageux que je croisais, en espérant retrouver sa silhouette, son visage.

    Me faisant violence pour résister à la tentation brûlante de plonger direct dans la piste de danse, mes jambes menées par la musique et la voix de ma star préférée, la même envie qui m’appelle irrésistiblement à faire plouff dans la mer dès le premier orteil posé sur le sable, je suivis ma cousine dans une balade à travers les différentes salles du KL, traversant ainsi au fil de notre petit périple toutes sortes d’ambiances musicales: techno, disco, latino. Ce samedi là, la discothèque était bondée, au point qu'on avait du mal à se frayer un chemin dans la foule pour avancer, ne serait-ce qu'au pas de la tortue. La moitié des garçon et des filles du lycée étaient présents, dispersés dans les différentes salles.

    Le tour des lieux prit quand même un sacré moment, et on finit par se poser dans l'inévitable salle techno. Elodie proposa d'aller danser. Enfin ! Et comment ne pas avoir envie de danser, alors que les enceintes de la piste laissaient désormais émerger, s’envolant au dessus d’un boucan rythmique conçu par un DJ trop zélé ce soir là, telle la Venus de Botticelli s’élevant au dessus de l’eau, la petite voix de l’autre australienne de petit format, en voilà une autre splendide pouffiasse d’anthologie pouvant rivaliser sans pâlir avec Madonna, j’ai nommé Kylie… So, let’s go Kylie!

    La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la…

    A la fois soulagé et déçu de ne pas avoir croisé le beau brun, j'acceptai avec plaisir de la suivre sur la piste de danse. La copine seule se joignit également à nous, alors que l’autre copine et Benjamin s’étaient arrêtés pour discuter avec des connaissances à eux rencontrées fortuitement.

    Nous voilà au milieu de la piste, au milieu de nanas et de quelques mecs si loin de mon idéal masculin que la danse finit par occuper tout mon esprit. Et cette musique… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… I just can't get you out of my head/Boy, your lovin' is all I think about/I just can't get you out of my head/Boy, it's more than I dare to think about.

    Fans avoués de ce tube, Elodie et moi étions comme fous, dansant comme des malades sur cette musique entraînante, ma cousine poussant le délire jusqu’à imiter certaines poses de la star dans le clip bien connu de la chanson… oh, ma petite Elodie Minogue, qu’est ce que tu es rigolote…

    Every night/Every day/Just to be there in your arms/ Won't you stay/Won't you lay/Stay forever and ever and ever/La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… Putain Kylie, arrête de raconter ma vie, on n’est pas seuls, un peu de discrétion, enfin !

    Le mega tube s’achèva sur un final délirant, étiré à outrance mais jamais assez long, plein de La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la…

    Le passage à un autre titre moins prenant à mon goût fit que je retournai à des réflexions que Kylie avait su éloigner pendant un petit moment.

    Comme un mec qui retrouve la lucidité après l’ivresse, je me retrouvai à penser à un des grands principes naturaliste énoncés dans l’ouvrage « Teen Wolf », ouvrage jamais écrit mais issu de mes observations précédentes et confirmé par le constat de la faune qui nous entourait à cet instant précis : ce principe dit que, dans l’écosystème « boite de nuit », ce sont les lisières de la piste de danse et non pas la canopée qui abritent la faune la plus intéressante, celle des mâles virils.

    Car le mâle viril ne danse pas. Celui qui danse est celui qui manque d’atouts naturels pour séduire la femelle et qui a recours à cette parade pour en attirer l’attention et remplacer par la diversion un charme qui n’est pas d’une évidence éclatante. Il y a une deuxième catégorie de mecs qu’on retrouve sur la piste : les mecs comme moi, ceux qui aiment tellement les garçons que parfois ils ressentent le besoin de s’en éloigner, de s’isoler pour reprendre le souffle.

    Oui, quand on est un jeune garçon dans mon genre, aimer les beaux garçons, notamment ceux qui ont ce défaut impardonnable d’aimer les nanas, est un exercice plutôt excitant mais aussi excessivement fatiguant moralement ; un beau gosse est agréable à regarder, souvent une vision presque divine, capable de susciter une émotion telle une œuvre d’art magnifique, une peinture, une mélodie qu’on approche pour la première fois et qui nous touche au premier instant ; hélas, ce genre d’œuvre d’art suscite des désirs autres qu’un tableau de Monet ou une symphonie de Mozart… plus on s’intéresse à ce genre d’art, plus l’âme et le corps se rejoignent, tendant vers un physique qu’on rêve d’approcher, un esprit avec lequel on rêve de se mélanger ; c’est une envie qui prend au tripes, qui enivre au premier instant, qui rend accros et qui finit par assommer par overdose ; à chaque fois qu’on aperçois cette beauté on en est tellement conquis qu’on essaie de la capter dans le moindre détail, de nous en imprégner jusqu’à la dernière nuance, on n’en laisse pas échapper une miette… et au fur et à mesure que cette beauté emplit nos yeux, à fur et à mesure que ce charme emplit notre cœur, le désir monte, monte, monte, un désir vite incontrôlable dont on sait l’assouvissement complètement impossible…

    Comme quand, enfant, on s’amuse à regarder le soleil, on finit par avoir mal aux yeux, tellement mal qu’on finit par détourner le regard, vaincus une fois de plus… on sent en nous une frustration monter, nous envahir, une fatigue qui se cumule et qui succède de plus en plus rapidement à l’excitation de découvrir une nouvelle beauté ; c’est oh combien épuisant, ce jeu de chaud et de froid, cette succession d’excitation et de frustration ; alors, quand en quelques minutes ces deux sentiments secouent notre cœur de façon répétée et incessante, comme à l’occasion de ces rassemblements de jeunes males sur leur 31 que peuvent être les samedi soir en boites de nuit, au bout d’un moment on a vraiment besoin de répit…

    C’était mon cas ce soir là, à cet instant précis :la boite pullulait carrément de charmante jeunesse masculine, l’air était tellement chargée de testostérone que ça en devenait étouffant… il y avait tellement à mater que je ne savais plus où donner de la tête… j’ai vu le moment où mon cou allait se dévisser et ma tête tomber et rouler sur la piste… bref, j’en avais le tournis…

    A ce stade d’ivresse, la fuite et l’isolement sont les seuls remèdes qui tiennent la route : on trouve alors refuge sur la piste, on se noie dans une foule moins attirante et donc plus apaisante, on se laisse étourdir par la musique, essayant d’oublier un instant ces désirs si difficiles à assouvir, s’éloignant pendant un moment de la vue de ces males, la vue de ce genre de beaux jeunes hommes pour la plupart inatteignables, vue qui est au même temps un plaisir sublime et une atroce torture ….

    Certains boivent pour oublier, d’autres dansent… au fil des mouvements, les muscles chauffent, l’esprit se détend, la musique donne des ailes, on se sent étrangement libérés, remontés à bloc… la tension retombe, l’adrénaline prend le dessus, le jeune homme frustré retrouve vite le désir de caresser du regard un beau corps, le coton doux d’un t-shirt, d’embrasser des yeux un visage attirant ou un sourire charmant… D’autant plus que le jeune homme frustré sait que, à quelques pas de là, il trouvera ce qu’il cherche, et il en trouvera en quantité, au point de se retrouver à ne plus savoir où donner de la tête…

    Oui, le jeune homme frustré le sait bien. Vous voulez apercevoir un beau gosse en boite de nuit? Dirigez vous plutôt vers les points d’abreuvement... très en demande de liquides alcoolisés, les jeunes mâles s’agglutinent aux abords des comptoirs, un repère bien connu, souvent tenu par une femelle aux phéromones débordants et à la plastique aussi remarquable (et parfois moins remarquable) qu’exhibée. On les voit, un verre à la main, onduler de façon imperceptible sous l’effet de la musique, incapables de se laisser aller au transport des basses puissantes et entraînantes, le regard en mode « chasse et prédation », observer sans retenue les femelles qui s’agglutinent, elles, bien au milieu de cette piste de danse qui, faut bien le relever, assouvit quelque part à un fantasme d’harem, avec ce défilé incessant et copieux…

    Sur la piste depuis désormais un bon moment, voilà qu’au gré des mouvements Elodie et moi nous nous étions enfoncés de plus en plus vers son milieu, nous retrouvant dans un univers étrange de présence presque uniquement féminine, nous éloignant de plus en plus des beaux mâles postés partout autour ; alors on danse, mon esprit libéré par cette obsession de l’observation du beau mâle qui accapare en général tout mon esprit. Je me laisse de plus en plus transporter par la musique, tout comme ma cousine, on repart dans un délire de mouvements fous et de déconnade dont les seules limites sont de ne pas heurter le voisin...

    Do you believe in love after love... pas mal cette énième version techno de ce tube, de ce cru signé Notre Dame de Cher, un cru qui commence à bien vieillir du haut de ses trois ans d’age.

    Dans notre délire on a un peu oublié la copine… ou plutôt c’est elle qui nous a oubliés… on la voit sur la lisière, en train de discuter avec un mec pas trop moche qui a l’air de la faire rigoler. Bon, elle doit avoir une touche. Elodie dégaine une mine dégoûtée…

    Putain, il n’y a que moi qui n’arrive pas à brancher… elle rigole. Elle rigole toujours ma cousine, elle sait prendre la vie du bon côté. Même si parfois son rire est, comme à cette occasion, à mi chemin entre amusement et frustration. Je ne lui ai pas raconté le coup du plan à trois avec le cousin de Jérémie, j’ai trop honte de lui dire… j’ai peur que ça soit trop même pour elle, non pas le fait de me laisser entraîner dans un plan à trois, mais de le faire dans ces conditions là, avec un mec seul qui mène la musique et qui visiblement s’amuse à m’humilier… j’ai trop peur de la décevoir, déjà qu’elle ne voit pas d’un bon oeil que je continue à voir Jérém, que je m’enfonce chaque jour un peu plus dans cette relation qui me fait autant de mal que de bien, dont l’avenir est, à son dire, sans issue et qui ne pourra que mal se terminer ; ma cousine pense que je mérite mieux que cela, que d’être l’objet sexuel d’un mec, si beau soit-t-il. D’autant plus, qu’à l’évidence, ce n’est pas ce dont j’ai besoin, pas tout ce dont j’ai besoin…

    Je lui souris et on décide de s'approcher du bar pour chercher des boissons. Par chance, un troupeau de jeunes étalons se lève au même moment et libère un certain nombre de places assises. Nous nous asseyons sur les haut tabourets et nous passons notre commande. Mon tabouret est encore tiède du passage d’un jeune homme qui, à en juger des degrés laissés sur le siège, doit cacher une bonne puissance masculine dans son caleçon. C’es une sensation qui disparaît vite, mais sur le coup j’ai été surpris et extrêmement excité.

    C'est à ce moment là que je vois arriver Thibault, un jean et un polo foncé si ajusté à son torse, si tendu sur ses épaules carrées, que mon sang ne fait qu’un tour… je sens mon ventre papillonner… putain de beau gosse lui aussi… Il est accompagné d’un deuxième étalon à la sexualité impétueuse, également très bien gaulé, certainement un autre jeune rugbyman. Ils discutent entre eux, bouche contre oreille, en rigolant sans retenue, affichant une attitude très proche et complice : ils finissent par s'installer a coté de nous... Thibault prend place sur le tabouret juste à coté de moi : comme il est tout à son pote, il n'a même pas du me voir ou me remettre... on s'est croisé une seule fois de près, quelques jours plus tôt, lorsque je me rendais à la chambre de Jérém pour une révision; il partait quand j'arrivais.

    Bref, le voilà assis sur le tabouret juste à coté de moi, un beau jean moulant diaboliquement ce cul scandaleux de rugbyman, un petit polo fin Calvin Klein bleu pétrole et dessous un t-shirt noir qui dépasse du col du polo. Il se tient droit, tellement droit, trop droit, alors que je sais que s'il se penchait à peine je verrais sans doute apparaître l'élastique de son boxer. Je suis un peu frustré mais au bout de deux ou trois minutes, il se remet bien face a la table, il se penche vers le comptoir, il s'y appuie et voilà bingo! Mon dieu, c’est beau, putaaaaaaain c’est beau… Ce bas du dos découvert, ce creux délicat du haut de sa raie, comme une tentation d’aller y glisser le doigt, pour juste effleurer sa peau, ou mieux, y glisser la langue…

    Cette vision est magique, on devine le début de ses deux fesses… Et l’élastique d’un boxer Athena qui dépasse…

    Ah, vision inconsciente et fortuite, de l’intimité d’un charmant garçon, quelle émotion m’amènes-tu… putain de mec, toi aussi… c’est en même temps tellement magique de découvrir ce qu’il porte et de me dire qu’il ne se doute absolument que je ne perds pas une miette de ce détail… En attendant, mon beau Thibault, tu ne le sais pas, mais j’avais les yeux rivés sur le bas de ton dos ce soir, à rêver d’aller te lécher ta rondelle, et te faire la pipe de ta vie… Je me branlerai peut-être en pensant a toi en rentrant tout à l’heure et ça tu es loin de t’en douter !!!!!!! Si tu savais ce que je fais avec ton pote Jérém en lieu et place des révisions et si tu savais comment il m'a fait renifler son caleçon un jour en me disant que cela me ferait comme si j'avais ta queue dans la bouche... putain qu’est ce que j'aimerai que ce petit con tienne sa "promesse" de t’inviter à nos révisions; hélas je commence à croire que ce n'était pas une promesse, juste un excès de langage dicté par l'excitation débordante qui altérait sa conscience à cet instant là…

    Cette vision de l'élastique de son boxer dépassant de son jean ainsi et laissant entrevoir le haut de sa raie fait remonter de mon bas ventre un violent désir de découvrir sa sexualité ; après en avoir un peu déconné avec Elodie, histoire de faire retomber un peu la pression et l’excitation provoquées par la proximité de Thibault, proximité qui m’autorisait également à sentir son parfum, et Dieu sait à quel point ils peuvent sentir bon ces petits cons quand ils s’aspergent d’un deo ou d’un parfum « à mec », je réalise enfin que la présence de Thibault équivaut à une possibilité, proche de la certitude, du fait que Jérém soit également dans les parages. Peut-être est-il déjà en train de se faire sucer par une nana?

    Tout en discutant avec Elodie, je regarde Thibault évoluer avec son pote, picoler, rigoler, jaloux de leur amitié, de leur complicité, des choses qu'ils devaient connaître l’un de l’autre, les mêmes choses que Thibault doit connaître de Jérémie et que j'ignore et que j'ignorerais certainement à jamais… De quoi parlent-t-il ? De nanas ? De sexe ? De leur vie ?

    A un moment ma cousine se lève pour aller aux toilettes, me permettant ainsi de me consacrer à cette observation scientifique que je préfère de loin à toute autre occupation. Oui, je suis un passionné, et quand on l’est à ce point là, la passion ne nous quitte jamais. Jamais.

    C’est grâce à cette observation poussée, suivant le regard amusé de Thibault, que je vis de loin une silhouette bien connue ; mon coeur fait un bond dans la poitrine lorsque je vis le beau brun, cet incorrigible queutard partir vers les toilettes accompagné d'une blonde pulpeuse… putain de mec… putain de putain de putain de mec !

    Je reste là, figé, transi, regarder Jérém disparaître derrière une colonne à un coin de la piste, dans le ventre la frustration de le savoir en train de rechercher un plaisir rapide et improvisé, alors que j’ai tellement envie de lui, alors que je pourrais tellement lui faire plaisir, le faire délirer d’une jouissance bien autrement passionnée et avisée… pendant un court instant je me dis que je vais aller aux toilettes juste pour me savoir proche de lui, pour essayer de capter quelques râles de plaisir venant d’une cabine fermée… voir ses baskets bleues dépasser au dessous de la porte en plastique, voir des genoux de nana posés sur le sol… sentir la vibration de sa sexualité en pleine action, chercher sa respiration haletante, la pulsation de son plaisir de mec en train de monter, attendre son explosion, essayer de la capturer avec mon ouïe…

    Hélas, mes jambes ne voulurent en rien s’aligner à mes envies. Entre mes jambes et mes envies, toujours cette peur et cette incapacité d’oser qui me fera rater tant d’occasions dans ma vie. Je restai donc là, assis comme un con, imaginant Jérém la queue dans la bouche de cette nana, ses lèvres trop chargées de rouge à lèvre, s’agitant maladroitement sur cet engin magnifique dont moi seul pouvais me vanter de détenir la version des pilotes la plus complète. Quel gâchis de laisser conduire une Ferrari à quelqu’un qui aurait peur de la vitesse et qui n’irait pas au delà du troisième rapport… qui laisserait faire ça ? Surtout pas un connaisseur des potentialités des petites rouges… Pourtant moi je laissais bien Jérém se laisser sucer par une poufiasse incompétente… certes, ce n’était pas comme si j’avais mon mot à dire… mais quel gâchis, enfin…

    Je restai donc là, à coté de Thibault, à humer son parfum si envoûtant, à me consoler en regardant sa plastique que je trouvais de plus en plus sexy… Elodie tardait à revenir des toilettes et à un moment le pote de Thibault se leva et disparut dans la jungle du samedi soir. Je me retrouvai ainsi seul, assis à coté de ce charmant garçon en train de siroter tranquillement sa bière. Je n’avais qu’une hantise, c’est qu’il se retourne vers moi, qu’il me reconnaisse et qu’il me dise bonjour… putain, de quoi j’aurai bien pu lui parler ? Ce qui devait arriver arriva, car à un moment je sentis ses yeux se poser sur moi et je devinai qu’il allait me reconnaître et m’adresser la parole. Ca ne rata pas.

    Salut – me fit-t-il, un sourire charmant de beau gosse, et de beau gosse gentil, posé sur les lèvres. C’était un sourire aussi charmant que celui de Jérém, mais si différent. Dans son sourire on sentait l’ouverture, la sympathie, la bienveillance, l’envie de discuter, l’intention de s’intéresser à la personne en face.

    Salut – répondis-je.

    L’enchaînement Nico, l’enchaînement… faut sortir un truc… faut pas passer pour un couillon, pas devant un mec aussi charmant, pas devant le meilleur pote de Jérém… au secours… oui, oui, oui, ça y est, ça vient… C’est avec un naturel tout à fait remarquable que je pondis :

    Vous avez eu match cet aprèm ?

    Oui, on est parti à Balma…

    Ca s’est bien passé ?

    On a gagné facile, les mecs n’étaient pas au point…

    Vous êtes quand même une bonne équipe, vous avez pas mal de bons éléments…

    T’es déjà venu nous voir jouer ?

    Oui, quelques fois…

    Tu t’intéresses au rugby ?

    (Bah, oui mon Thibault, au rugby…t’as vu comme vous êtes foutus ? comment ne pas s’intéresser au rugby à moins d’être aveugle?). Au lieu de quoi :

    Oui, un peu…

    T’en as jamais fait ?

    Non, tu sais, je ne suis pas très sport…

    Oui… il sourit encore. Je craque.

    Tu es seul ? – relança-t-il.

    Non, avec ma cousine et d’autres potes… et… toi ?

    Je suis venu avec des potes du rugby…(et Jérém, putain, il est où Jérém, dis moi qu’il est en train de déconner avec des potes dans une autre salle, au lieu d’être en train de baiser une pétasse…)

    Vous venez souvent ici ?

    Presque tous les week-ends…

    Moment de silence. Embarras de ne plus savoir sur quoi rebondir pour continuer la conversation. Ah, la barrière de la langue, quand on n’appartient pas au même monde. Une seul sujet me brûle les lèvres, un sujet délicat à aborder, car il peut soulever des tas d’autres questions si lancé trop à brûle pourpoint. Parler de Jérém. Comment y arriver sans donner l’impression d’avoir une curiosité qui va au delà d’un intérêt amical ?

    C’est Thibault qui se charge de débloquer la situation. Il se penche vers moi.

    Alors, ça se passe bien les révisions ?

    Euhhhhhh, euhhhhh… soudainement, sensation bizarre dans le ventre. Il sait ? Il s’en doute ? Comment diriger mes pions pour ne pas compromettre la position de jeu de Jérémie, un jeu dont je ne connais pas la stratégie ? Neutralité, l’air bien dans ses baskets. Voilà mon choix. Je répond alors par un:

    Oui…. Pas mal…

    Jérém va l’avoir ce putain de bac cette année ?

    Je pense, oui…

    C’est gentil de l’aider… Jérém est…

    A la faveur d’une montée soudaine de décibels, j’avais buté sur la suite de la phrase après « Jérém est » : Jérém, un mot qui n’avait pas son pareil pour capter mon attention. Je lui demandai alors de répéter ce qu’il venait de dire et pour mieux entendre j’eus le réflexe de tourner la tête, de me pencher légèrement vers lui et d’approcher mon oreille de sa bouche ; je sentais ainsi son souffle sur mes cheveux, sur la peau de l’oreille et autour, et la proximité faisait que son parfum pénétrait mes narines les enivrant à un point exquis… J’entendis ainsi la fin de la phrase :

    …Jérém est un mec génial…

    Je sais, je l’aime bien aussi…

    J’ai regretté qu’il redouble la première année de lycée… j’aurai du l’aider au lieu de faire des conneries avec lui…

    Vous étiez jeunes…

    Oui… Tu sais, des fois il est un peu… un peu dur avec les gens, mais au fond c’est un gentil garçon…

    Je sais…

    Il n’a pas toujours été heureux, faut pas lui en vouloir…

    Je sentais dans ces mots se dégager beaucoup de douceur, c’étaient des mots qui évoquaient à elles seules l’amitié forte et sincère qui le liait à son pote de toujours. Des mots qui suscitaient ma curiosité et plus encore ma tendresse vis-à-vis de Jérém. En l’écoutant parler, je fus saisi par sa gentillesse, son ton de voix chaud et ouvert mettant l’interlocuteur à l’aise ; une attitude qui était carrément à l’opposé de la distance, de la froideur à la limite de l’arrogance que Jérémie mettait dans ses rapports humains, une carapace derrière laquelle je l’avais vu se cacher quasiment à chaque instant de sa vie.

    J’avais envie de lui poser plein de questions, de le travailler un peu pour en savoir davantage sur le passé de mon beau brun préféré ; hélas, Elodie revint enfin de son escapade aux toilettes. De toute façon, je n’aurai pas eu le cran de creuser davantage, surtout pas à ce moment là, dans ce contexte bruyant où j’avais du mal à capter ses mots. Je pense que dans un autre contexte, plus calme, j’aurai pu lui poser quelques questions et, en négociant le virage, j’aurai pu lui tirer bien des infos…

    Je pense quand même que les quelques bières qu’il avait déjà du descendre, dont la dernière agonisait dans sa main, n’étaient pas étrangères à cet état d’ouverture, à cette bonne disposition qui déliait sa langue ; hélas, les deux conditions, « environnement calme" et « léger état d’ébriété » sont très difficiles, voire impossible à réunir au même moment… Ceci dit, quelque chose me faisait quand même penser que ce garçon était un réel gentil et que l’amitié qui le liait à son pote était telle qu’il m’aurait volontiers parlé de lui, sans trahir pour autant son intimité. Il en avait envie, je le ressentais ainsi.

    Sacré Thibault, Jérémie avait bien de la chance d’avoir un pote comme lui. Voyant qu’on discutait, Elodie s’en approcha pour lui faire la bise. Elle prit place sur le tabouret à coté de moi et commença à me parler de quelqu’un qu’elle avait croisé en revenant des toilettes. Thibault se leva peu après, disparaissant à son tour derrière un poteau de la salle. Voyant que le jeune rugbyman était parti, Elodie changea soudainement de sujet.

    Ca va, Nico, tout se passe comme tu le veux ? – me demanda-t-elle, taquine.

    Oui, ça va… je lui répondis à mon tour avec un grand sourire, en sachant qu’elle faisait allusion au fait de m’avoir vu discuter avec ce beau garçon.

    Tu te fais pas trop chier, non ? Tu t’embêtes pas ? Je pars deux minutes aux chiottes et quand j’arrive t’es déjà en train de draguer un beau gosse..

    Arrête, on discutait juste…

    C’est ça, prend moi pour une conne… dragues bien… surtout ne te gène pas pour laisser ta cousine se démerder toute seule…

    J’adore quand ma cousine part dans ce genre de délire…

    Enfin, tu as raison – continua-t-elle – tu as bon goût, mon cousin, il y a plein de beaux mecs dans la salle, mais celui là a un charme bien à lui…

    Ah, oui, pour avoir un charme bien à lui, Thibault il en avait bien un. Et puis, c’était le meilleur pote de Jérém. D’ailleurs les voilà, tous les deux, copains comme cochon, revenir du comptoir un verre à la main, se dirigeant vers le mur du fond, perchoir de choix pour mater les nanas en train de danser.

    Cette soirée à laquelle j’avais failli ne jamais assister, si ma cousine n’avait pas insisté pour m’y traîner, commençait à prendre une tournure qui me plaisait. Et elle était loin d’être terminée.

     

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 22 Juin 2020 à 10:28

    Très étonnante confidence de Thibaut. A la place de Nico, j'en serais étonné. Que cherche t-il. 
    Ce qui encore plus bizarre c'est que Jérém soit aussi froid avec un type qui est sensé le faire réviser. 

    Interessante vision de Madonna, qui est effectivement une femme phallique. Est-ce que c'est un pied de nez à la domination masculine? C'est une domination masculine exercée par une femme, ça reste une domination qui reprend les mêmes codes. 

    Je vois plutôt ça comme la demonstration que la volonté d'un pouvoir viril est partagée par plus que les hommes. 

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