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    Une fin de soirée spéciale ? Voilà comment il m’est arrivé d’en vivre une avec mon insupportable, sexy et arrogant Jérémie. Il est près de 4 h du mat, dans sa voiture qu’il vient de garer à 100 mètres de la maison de mes parents : pendant qu’il allume une cigarette, je me penche sur sa braguette bien rebondie ; je défais les boutons un à un, impatient de sortir sa poutre raide du boxer d’où elle dépasse déjà ; sa chemise bleu clair avec le col et le revers des doublures blancs, déjà complètement ouverte sur ce torse de rêve… fou de désir, je me penche sur son entre jambe, sur ce sexe qu’une bouche de nana a déjà fait jouir un peu plus tôt dans la soirée… sa queue a goût de sperme mélangé à un tout léger relent d'urine, du vrai bonheur, quoi…

    Je m’affaire sur sa queue avec un entrain plutôt spécial, l’alcool et la situation inédite et excitante donnant de nouvelles nuances à mon exercice. Pendant que je le suce, il continue à fumer lentement sa cigarette, en expirant d’amples volutes de fumée qui s’échappent de la vitre à peine entrouverte, mais pas assez rapidement pour ne pas imprégner l’air de la voiture de cette odeur si caractéristique de fumée que je commençais à associer, avec d’autres odeurs bien plus fines et agréables, à la personne de Jérémie.

    Putain que tu suces bien… - laisse-t-il échapper à un moment.

    C’est encore l’alcool qui fait que ma bouche quitte sa queue et que, tout en continuant de le branler doucement à la main, je me sers de mes lèvres pour lui demander :

    Je suce mieux que la blonde de tout à l'heure ?

    Je suis toujours penché à quelques centimètres au dessus de sa queue et mes narines s’enivrent des effluves magiques, de cette tiédeur virile qui s’en dégagent.

    Dix fois mieux... – répond-t-il, la voix étranglée par la tempête des sens que je suis en train de provoquer en lui ; et il continue - j'ai du me branler pour arriver à jouir, mais là tu vas encore m'avoir, rien qu'avec tes lèvres et ta putain de langue…

    En disant cela, il appuie fermement et lourdement sa main sur ma nuque, m'obligeant à reprendre ma fellation, imprimant à mes mouvements de va-et-vient l’amplitude et le tempo qui lui conviennent le mieux. Quelques instants plus tard je solde la note pour mon rapatriement en voiture depuis le KL en avalant goulûment les giclées que sa queue envoie au fond de mon palais.

     

    Pour savoir comment je me suis retrouvé dans cette situation plutôt inattendue, il faut remonter un peu en arrière. Une semaine pile poil s'était écoulée depuis la folle nuit avec Jérém et son cousin Guillaume ; depuis, à aucun moment le beau brun n’avait envisagé de révisions avec moi. Pourtant la fin de l'année scolaire approchait et les exams avec.

    Certes, depuis qu'on se voyait pour réviser, on n'avait en effet rien révisé, mis à part son anatomie que je commençais à connaître de façon assez fine, ce qui provoquait en moi un engouement certain et me motivait par ailleurs pour aller toujours plus loin dans mon exploration. On appelle ça être passionné. On me reprochera assez souvent dans ma vie de n’avoir aucune réelle passion, ni sport, ni cinéma, ni littérature, ni tout autre chose qui me rendrait intéressant… j’avais bien sur une passion, et c’était exactement celle là, la passion pour le sexe masculin. Passion hélas inavouable, bien inadaptée à être posée en bas d’un CV ou à être racontée à un compagnon, si ouvert d’esprit soit-t-il.

    Quant au Nico de cette époque, il était tellement en passe de devenir maître expert dans la plastique de ce jeune et charmant Jérémie, au point que si on avait prévu à l'exam du bac une épreuve genre "Anatomie et points érogènes d'un beau male", il se serait tapé un 20/20, voire davantage. Faut dire que les travaux pratiques, ça aide.

    Non, cette semaine là on n'avait rien révisé, même si ce n'était pas l'envie qui me manquait de me retrouver devant la queue tendue de mon bel amant.

    Hélas, je trouvais au contraire que Jérém m'évitait, limite s'il ne me faisait pas la tête. Je m'imaginais que ça devait être à cause de ce baiser que j'avais osé poser sur ses lèvres le samedi précédent, avant de partir... Mais quel con j'avais été... Et aussi, qu’est-ce qu’il est chiant ce mec, ce ti con, à ne vouloir que du sexe… du sexe et encore du sexe… ne connaît-t-il donc pas le bien fou que peuvent faire des câlins ? A bien voir, à posteriori, c’est bien ce coté distant, froid, viril, dominateur et centré sur son plaisir de mec qui me le rendait aussi irrésistible, qui l’installait chaque jour un peu plus dans ma peau… son coté insondable, son absence de sentiments, l’impossibilité d’atteindre son cœur engendrait en moi une envie de plus en plus brûlante d’atteindre sa sexualité et de la célébrer avec tous mes talents de jeune salope.

    Mais à cette époque, bien que déjà inconsciemment convaincu de cela, je finissais toujours, notamment après nos ébats, à chercher une tendresse dont il s’était montré bien incapable. Il y avait certes des moments où je n’avais qu’un envie, celle de me faire défoncer, tout perdu dans une passion charnelle ravageuse, acceptant avec plaisir de me conformer au rôle de vide couilles dans lequel il m’avait installé depuis le début ; il y avait en revanche d’autres occasions où je le trouvais touchant, notamment cette retombée de l’esprit qui suit l’orgasme et qui rend les garçons tristes juste après avoir été très heureux ; en ce moments là, j’essayais, je m’illusionnais de voir en lui autre chose qu’un mec à l’appétit sexuel débordant. Oui, parfois après le sexe je le trouvais comme déboussolé, l’air d’un enfant perdu. J’avais alors envie de le prendre dans mes bras. Ou de le frapper tellement je savais qu’il m’en aurait empêché. Ou alors de poser un baiser sur ses lèvres… Chose faite, avec un succès tout à fait mitigé…

    Révision après révision, je me contentais alors d’assouvir ses besoins sexuels… Et, à bien voir, c’était moins l’envie de me faire défoncer que celle, certes équivalente en intensité, de lui faire plaisir, qui me faisait accommoder dans cette relation. Certes je retirais un plaisir sexuel certain dans l’acte de lui faire plaisir… cependant, voilà que l’idée même de lui faire plaisir était plus forte que le plaisir que je pouvais en tirer ; à contrario, je pense que, même si je n’avais pas retiré de plaisir ou d’excitation à le faire jouir, j’aurai quand même eu envie de le faire jouir… car mon souhait le plus cher, c’était de lui faire plaisir, à lui.

    Oui, j’avais envie de lui faire plaisir car il était beau à en crever : certes, mais pas que… je lui trouvais bien autre chose que la beauté et la séduction… ça allait bien au delà… un truc plus fort et plus prenant que la beauté m’intriguait chez lui… sa distance, son absence de sentiments ne pouvaient que cacher des fêlures, des blessure, un manque d’amour remontant à ses jeunes années. On ne peut pas autant mépriser les sentiments sauf si on a manqué d’amour. Mais tout ça, ce n’étaient que des suppositions.

    La semaine de cours s’écoula sans relief et le samedi arriva ainsi, avec l'angoisse d'une nouvelle distance, cette fois ci peut être définitive, installée entre Jérém et moi. Le week-end est toujours une épreuve de taille quand il empêche de voir la seule personne que vous auriez envie de voir. Et de faire l’amour avec. La semaine nous transporte avec ses obligations, son temps rythmé par le train train quotidien... mais le week-end, cet énorme espace vide de 48 heures, peut rendre fou quand on tend vers quelque chose dont on a une envie excessive et que l’on sait, il est hors de portée. Et cela est d’autant plus vrai et déchirant quand on sait pertinemment que cette « chose » magnifique n’attendra pas après nous pour satisfaire ses envies à elle…

    Heureusement, voilà qu’Élodie, ma cousine adorée, me proposa de sortir en boite avec sa bande.

    Allez, viens avec nous – avait-t-elle insisté face à ma première réticence – ça va te changer les idées, ça va te faire du bien…

    Elle avait raison. Ou, plutôt, elle aurait eu raison si elle n'avait pas choisi le KL, la même boite de nuit où sévissaient en général Jérém et sa clique. Je le savais bien, pour en avoir parfois entendu parler dans des conversations de mecs captées ici et là au hasard, mais ma cousine ne semblait pas en être au courant ou du moins de ne pas y avoir pensé. Je me laissai faire, partagé entre la crainte de le croiser et celle, au contraire, de ne pas le voir.

    Je choisis de ne pas parler de tout ça à ma cousine et nous nous retrouvâmes à cinq : Elodie, moi, deux copines à elle et un certain Benjamin, maqué à une desdites copines. Un mec plutôt quelconque, qui n'avait rien pour attirer mon attention. Il était assez sympathique, mais ça s'arrêtait là. Comme quoi tout passionné retrouve un jour les limites de sa passion.

     

    Do you know? What it feel like for a girl...

     

    En cette fin de printemps, Madonna surfait encore et toujours sur l'engouement provoqué par l'album de l'année précédente, le mémorable Music. Le troisième extrait, What it feels like for a girl, supportait le lancement de sa première tournée mondiale depuis 8 ans et accompagnait mes journées passées à attendre le bon vouloir du beau brun, s’installant à jamais dans mon esprit comme la bande son de ce film fait de mes désirs brûlants, mes craintes, mes angoisses. Une bande son que encore aujourd’hui, surtout quand il m’arrive d’en écouter des extrait au gré d’un passage radio, me replonge illico dans cette période, dans cet état d’âme, d’excitation, de souffrance et de frustration jamais oublié.

    Madonna, mon héros, comme une gifle au sexe fort, à la toute puissance de la virilité, Madonna, héroïne vengeresse face à la domination universelle de la queue. Madonna, la femme qui joue dans la cour des hommes, revendiquant la légitimité d'être pute au lit mais respectée en dehors, criant haut et fort que la sexualité ne peut pas être un stigmate de notre rôle social. Madonna qui est au sexe masculin, et au machisme en particulier, cette gifle qu'on voudrait mettre aux mecs trop mignons qui se croient tout permis en raison de leur virilité. Madonna qui réussit l'exploit de plaire aux hétéros et aux homos, ainsi qu'à la plupart des femmes brillantes d’esprit. Elle qui rapproche hétéros et homos dans la même admiration… Les premiers aiment et détestent son insoumission, son pouvoir de séduction, sa façon de prendre et de garder le contrôle, sa domination par l’autorité qui est conférée par cette chose insaisissable et rare qu’on connaît sous le nom de charisme ; oui, bon nombre d’hétéros aiment cela, que ce soit consciemment ou pas, se sentir dominé par une nana… et cette idée de soumission du sexe fort, cette idée de pouvoir les tenir de la seule façon qui soit, c'est-à-dire par les couilles, voilà que pour nous les homos c’est du pain bénit… nous qu’on aime aussi souvent nous sentir soumis à un mec viril, on aime parfois voir cette virilité malmenée… c’est le principe qui nous fait tant fantasmer au sujet du militaire et de l’uniforme en général, le genre de mec qui inspire la puissance et la domination, qui respire le sexe et la virilité, par lequel on aime bien nous laisser humilier, devenir son objet, tout en l’imaginant se soumettre à son tout au pouvoir de sa hiérarchie, en l’imaginant se faire dominer, à se faire humilier à son tour, sur le plan humain si ce n’est sur le plan sexuel, par quelqu’un qui a tous les pouvoirs sur lui… le pouvoir de le contraindre, celui de le punir…

    Oui, on peut rêver en s’identifiant à notre Prêtresse du Sexe, rêver que si une nana arrive à détenir le pouvoir de dominer un mec par sa sexualité, pourquoi pas un pd... ;  l’homo soumis aime s’identifier à cette image là, carrément une Icône, son coté I'm what I am, son coté « j'ai le pouvoir de vous tenir par la queue », vous les hétéros tous puissants, ainsi réduits à des sexualités frustrées... Oui, Madonna mon héros, toi qui assume à merveille ce coté conasse prétentieusement parfaite en tant qu’arme d’affirmation de soi et moyen d’imposer respect et admiration. Un trip qui vraiment me fait kiffer. Madonna against men… as we against men…

    Do you know? What it feel like for a girl...

    C'est cette chanson qui passait au KL quand on y mit les pieds ce samedi là. C’était sur le coup de minuit et demi. Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette discothèque, il faut imaginer que sa dimension était telle et le nombre de salles faisait que l'on pouvait tranquillement passer toute une soirée sans croiser au hasard quelqu'un dont on ne connaîtrait pas les mouvements. Dans cette boite, il était plus courant de perdre les potes avec qui on était rentré que de trouver une personne qu'on aurait envie de voir, même en ayant la certitude qu'elle s'y soit rendue au même moment que nous. Ce soir là, je ne savais pas si Jérém était dans la salle, je ne savais donc pas si ça valait le coup de le chercher du regard.

    Mais je le cherchais quand même. Dans la lumière insuffisante et changeante de la boite de nuit, je matais tous les beaux bruns, tous les t-shirts moulants, tous les physiques avantageux que je croisais, en espérant retrouver sa silhouette, son visage.

    Me faisant violence pour résister à la tentation brûlante de plonger direct dans la piste de danse, mes jambes menées par la musique et la voix de ma star préférée, la même envie qui m’appelle irrésistiblement à faire plouff dans la mer dès le premier orteil posé sur le sable, je suivis ma cousine dans une balade à travers les différentes salles du KL, traversant ainsi au fil de notre petit périple toutes sortes d’ambiances musicales: techno, disco, latino. Ce samedi là, la discothèque était bondée, au point qu'on avait du mal à se frayer un chemin dans la foule pour avancer, ne serait-ce qu'au pas de la tortue. La moitié des garçon et des filles du lycée étaient présents, dispersés dans les différentes salles.

    Le tour des lieux prit quand même un sacré moment, et on finit par se poser dans l'inévitable salle techno. Elodie proposa d'aller danser. Enfin ! Et comment ne pas avoir envie de danser, alors que les enceintes de la piste laissaient désormais émerger, s’envolant au dessus d’un boucan rythmique conçu par un DJ trop zélé ce soir là, telle la Venus de Botticelli s’élevant au dessus de l’eau, la petite voix de l’autre australienne de petit format, en voilà une autre splendide pouffiasse d’anthologie pouvant rivaliser sans pâlir avec Madonna, j’ai nommé Kylie… So, let’s go Kylie!

    La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la…

    A la fois soulagé et déçu de ne pas avoir croisé le beau brun, j'acceptai avec plaisir de la suivre sur la piste de danse. La copine seule se joignit également à nous, alors que l’autre copine et Benjamin s’étaient arrêtés pour discuter avec des connaissances à eux rencontrées fortuitement.

    Nous voilà au milieu de la piste, au milieu de nanas et de quelques mecs si loin de mon idéal masculin que la danse finit par occuper tout mon esprit. Et cette musique… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… I just can't get you out of my head/Boy, your lovin' is all I think about/I just can't get you out of my head/Boy, it's more than I dare to think about.

    Fans avoués de ce tube, Elodie et moi étions comme fous, dansant comme des malades sur cette musique entraînante, ma cousine poussant le délire jusqu’à imiter certaines poses de la star dans le clip bien connu de la chanson… oh, ma petite Elodie Minogue, qu’est ce que tu es rigolote…

    Every night/Every day/Just to be there in your arms/ Won't you stay/Won't you lay/Stay forever and ever and ever/La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… Putain Kylie, arrête de raconter ma vie, on n’est pas seuls, un peu de discrétion, enfin !

    Le mega tube s’achèva sur un final délirant, étiré à outrance mais jamais assez long, plein de La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la… La, la, la la, la, la, la, la…

    Le passage à un autre titre moins prenant à mon goût fit que je retournai à des réflexions que Kylie avait su éloigner pendant un petit moment.

    Comme un mec qui retrouve la lucidité après l’ivresse, je me retrouvai à penser à un des grands principes naturaliste énoncés dans l’ouvrage « Teen Wolf », ouvrage jamais écrit mais issu de mes observations précédentes et confirmé par le constat de la faune qui nous entourait à cet instant précis : ce principe dit que, dans l’écosystème « boite de nuit », ce sont les lisières de la piste de danse et non pas la canopée qui abritent la faune la plus intéressante, celle des mâles virils.

    Car le mâle viril ne danse pas. Celui qui danse est celui qui manque d’atouts naturels pour séduire la femelle et qui a recours à cette parade pour en attirer l’attention et remplacer par la diversion un charme qui n’est pas d’une évidence éclatante. Il y a une deuxième catégorie de mecs qu’on retrouve sur la piste : les mecs comme moi, ceux qui aiment tellement les garçons que parfois ils ressentent le besoin de s’en éloigner, de s’isoler pour reprendre le souffle.

    Oui, quand on est un jeune garçon dans mon genre, aimer les beaux garçons, notamment ceux qui ont ce défaut impardonnable d’aimer les nanas, est un exercice plutôt excitant mais aussi excessivement fatiguant moralement ; un beau gosse est agréable à regarder, souvent une vision presque divine, capable de susciter une émotion telle une œuvre d’art magnifique, une peinture, une mélodie qu’on approche pour la première fois et qui nous touche au premier instant ; hélas, ce genre d’œuvre d’art suscite des désirs autres qu’un tableau de Monet ou une symphonie de Mozart… plus on s’intéresse à ce genre d’art, plus l’âme et le corps se rejoignent, tendant vers un physique qu’on rêve d’approcher, un esprit avec lequel on rêve de se mélanger ; c’est une envie qui prend au tripes, qui enivre au premier instant, qui rend accros et qui finit par assommer par overdose ; à chaque fois qu’on aperçois cette beauté on en est tellement conquis qu’on essaie de la capter dans le moindre détail, de nous en imprégner jusqu’à la dernière nuance, on n’en laisse pas échapper une miette… et au fur et à mesure que cette beauté emplit nos yeux, à fur et à mesure que ce charme emplit notre cœur, le désir monte, monte, monte, un désir vite incontrôlable dont on sait l’assouvissement complètement impossible…

    Comme quand, enfant, on s’amuse à regarder le soleil, on finit par avoir mal aux yeux, tellement mal qu’on finit par détourner le regard, vaincus une fois de plus… on sent en nous une frustration monter, nous envahir, une fatigue qui se cumule et qui succède de plus en plus rapidement à l’excitation de découvrir une nouvelle beauté ; c’est oh combien épuisant, ce jeu de chaud et de froid, cette succession d’excitation et de frustration ; alors, quand en quelques minutes ces deux sentiments secouent notre cœur de façon répétée et incessante, comme à l’occasion de ces rassemblements de jeunes males sur leur 31 que peuvent être les samedi soir en boites de nuit, au bout d’un moment on a vraiment besoin de répit…

    C’était mon cas ce soir là, à cet instant précis :la boite pullulait carrément de charmante jeunesse masculine, l’air était tellement chargée de testostérone que ça en devenait étouffant… il y avait tellement à mater que je ne savais plus où donner de la tête… j’ai vu le moment où mon cou allait se dévisser et ma tête tomber et rouler sur la piste… bref, j’en avais le tournis…

    A ce stade d’ivresse, la fuite et l’isolement sont les seuls remèdes qui tiennent la route : on trouve alors refuge sur la piste, on se noie dans une foule moins attirante et donc plus apaisante, on se laisse étourdir par la musique, essayant d’oublier un instant ces désirs si difficiles à assouvir, s’éloignant pendant un moment de la vue de ces males, la vue de ce genre de beaux jeunes hommes pour la plupart inatteignables, vue qui est au même temps un plaisir sublime et une atroce torture ….

    Certains boivent pour oublier, d’autres dansent… au fil des mouvements, les muscles chauffent, l’esprit se détend, la musique donne des ailes, on se sent étrangement libérés, remontés à bloc… la tension retombe, l’adrénaline prend le dessus, le jeune homme frustré retrouve vite le désir de caresser du regard un beau corps, le coton doux d’un t-shirt, d’embrasser des yeux un visage attirant ou un sourire charmant… D’autant plus que le jeune homme frustré sait que, à quelques pas de là, il trouvera ce qu’il cherche, et il en trouvera en quantité, au point de se retrouver à ne plus savoir où donner de la tête…

    Oui, le jeune homme frustré le sait bien. Vous voulez apercevoir un beau gosse en boite de nuit? Dirigez vous plutôt vers les points d’abreuvement... très en demande de liquides alcoolisés, les jeunes mâles s’agglutinent aux abords des comptoirs, un repère bien connu, souvent tenu par une femelle aux phéromones débordants et à la plastique aussi remarquable (et parfois moins remarquable) qu’exhibée. On les voit, un verre à la main, onduler de façon imperceptible sous l’effet de la musique, incapables de se laisser aller au transport des basses puissantes et entraînantes, le regard en mode « chasse et prédation », observer sans retenue les femelles qui s’agglutinent, elles, bien au milieu de cette piste de danse qui, faut bien le relever, assouvit quelque part à un fantasme d’harem, avec ce défilé incessant et copieux…

    Sur la piste depuis désormais un bon moment, voilà qu’au gré des mouvements Elodie et moi nous nous étions enfoncés de plus en plus vers son milieu, nous retrouvant dans un univers étrange de présence presque uniquement féminine, nous éloignant de plus en plus des beaux mâles postés partout autour ; alors on danse, mon esprit libéré par cette obsession de l’observation du beau mâle qui accapare en général tout mon esprit. Je me laisse de plus en plus transporter par la musique, tout comme ma cousine, on repart dans un délire de mouvements fous et de déconnade dont les seules limites sont de ne pas heurter le voisin...

    Do you believe in love after love... pas mal cette énième version techno de ce tube, de ce cru signé Notre Dame de Cher, un cru qui commence à bien vieillir du haut de ses trois ans d’age.

    Dans notre délire on a un peu oublié la copine… ou plutôt c’est elle qui nous a oubliés… on la voit sur la lisière, en train de discuter avec un mec pas trop moche qui a l’air de la faire rigoler. Bon, elle doit avoir une touche. Elodie dégaine une mine dégoûtée…

    Putain, il n’y a que moi qui n’arrive pas à brancher… elle rigole. Elle rigole toujours ma cousine, elle sait prendre la vie du bon côté. Même si parfois son rire est, comme à cette occasion, à mi chemin entre amusement et frustration. Je ne lui ai pas raconté le coup du plan à trois avec le cousin de Jérémie, j’ai trop honte de lui dire… j’ai peur que ça soit trop même pour elle, non pas le fait de me laisser entraîner dans un plan à trois, mais de le faire dans ces conditions là, avec un mec seul qui mène la musique et qui visiblement s’amuse à m’humilier… j’ai trop peur de la décevoir, déjà qu’elle ne voit pas d’un bon oeil que je continue à voir Jérém, que je m’enfonce chaque jour un peu plus dans cette relation qui me fait autant de mal que de bien, dont l’avenir est, à son dire, sans issue et qui ne pourra que mal se terminer ; ma cousine pense que je mérite mieux que cela, que d’être l’objet sexuel d’un mec, si beau soit-t-il. D’autant plus, qu’à l’évidence, ce n’est pas ce dont j’ai besoin, pas tout ce dont j’ai besoin…

    Je lui souris et on décide de s'approcher du bar pour chercher des boissons. Par chance, un troupeau de jeunes étalons se lève au même moment et libère un certain nombre de places assises. Nous nous asseyons sur les haut tabourets et nous passons notre commande. Mon tabouret est encore tiède du passage d’un jeune homme qui, à en juger des degrés laissés sur le siège, doit cacher une bonne puissance masculine dans son caleçon. C’es une sensation qui disparaît vite, mais sur le coup j’ai été surpris et extrêmement excité.

    C'est à ce moment là que je vois arriver Thibault, un jean et un polo foncé si ajusté à son torse, si tendu sur ses épaules carrées, que mon sang ne fait qu’un tour… je sens mon ventre papillonner… putain de beau gosse lui aussi… Il est accompagné d’un deuxième étalon à la sexualité impétueuse, également très bien gaulé, certainement un autre jeune rugbyman. Ils discutent entre eux, bouche contre oreille, en rigolant sans retenue, affichant une attitude très proche et complice : ils finissent par s'installer a coté de nous... Thibault prend place sur le tabouret juste à coté de moi : comme il est tout à son pote, il n'a même pas du me voir ou me remettre... on s'est croisé une seule fois de près, quelques jours plus tôt, lorsque je me rendais à la chambre de Jérém pour une révision; il partait quand j'arrivais.

    Bref, le voilà assis sur le tabouret juste à coté de moi, un beau jean moulant diaboliquement ce cul scandaleux de rugbyman, un petit polo fin Calvin Klein bleu pétrole et dessous un t-shirt noir qui dépasse du col du polo. Il se tient droit, tellement droit, trop droit, alors que je sais que s'il se penchait à peine je verrais sans doute apparaître l'élastique de son boxer. Je suis un peu frustré mais au bout de deux ou trois minutes, il se remet bien face a la table, il se penche vers le comptoir, il s'y appuie et voilà bingo! Mon dieu, c’est beau, putaaaaaaain c’est beau… Ce bas du dos découvert, ce creux délicat du haut de sa raie, comme une tentation d’aller y glisser le doigt, pour juste effleurer sa peau, ou mieux, y glisser la langue…

    Cette vision est magique, on devine le début de ses deux fesses… Et l’élastique d’un boxer Athena qui dépasse…

    Ah, vision inconsciente et fortuite, de l’intimité d’un charmant garçon, quelle émotion m’amènes-tu… putain de mec, toi aussi… c’est en même temps tellement magique de découvrir ce qu’il porte et de me dire qu’il ne se doute absolument que je ne perds pas une miette de ce détail… En attendant, mon beau Thibault, tu ne le sais pas, mais j’avais les yeux rivés sur le bas de ton dos ce soir, à rêver d’aller te lécher ta rondelle, et te faire la pipe de ta vie… Je me branlerai peut-être en pensant a toi en rentrant tout à l’heure et ça tu es loin de t’en douter !!!!!!! Si tu savais ce que je fais avec ton pote Jérém en lieu et place des révisions et si tu savais comment il m'a fait renifler son caleçon un jour en me disant que cela me ferait comme si j'avais ta queue dans la bouche... putain qu’est ce que j'aimerai que ce petit con tienne sa "promesse" de t’inviter à nos révisions; hélas je commence à croire que ce n'était pas une promesse, juste un excès de langage dicté par l'excitation débordante qui altérait sa conscience à cet instant là…

    Cette vision de l'élastique de son boxer dépassant de son jean ainsi et laissant entrevoir le haut de sa raie fait remonter de mon bas ventre un violent désir de découvrir sa sexualité ; après en avoir un peu déconné avec Elodie, histoire de faire retomber un peu la pression et l’excitation provoquées par la proximité de Thibault, proximité qui m’autorisait également à sentir son parfum, et Dieu sait à quel point ils peuvent sentir bon ces petits cons quand ils s’aspergent d’un deo ou d’un parfum « à mec », je réalise enfin que la présence de Thibault équivaut à une possibilité, proche de la certitude, du fait que Jérém soit également dans les parages. Peut-être est-il déjà en train de se faire sucer par une nana?

    Tout en discutant avec Elodie, je regarde Thibault évoluer avec son pote, picoler, rigoler, jaloux de leur amitié, de leur complicité, des choses qu'ils devaient connaître l’un de l’autre, les mêmes choses que Thibault doit connaître de Jérémie et que j'ignore et que j'ignorerais certainement à jamais… De quoi parlent-t-il ? De nanas ? De sexe ? De leur vie ?

    A un moment ma cousine se lève pour aller aux toilettes, me permettant ainsi de me consacrer à cette observation scientifique que je préfère de loin à toute autre occupation. Oui, je suis un passionné, et quand on l’est à ce point là, la passion ne nous quitte jamais. Jamais.

    C’est grâce à cette observation poussée, suivant le regard amusé de Thibault, que je vis de loin une silhouette bien connue ; mon coeur fait un bond dans la poitrine lorsque je vis le beau brun, cet incorrigible queutard partir vers les toilettes accompagné d'une blonde pulpeuse… putain de mec… putain de putain de putain de mec !

    Je reste là, figé, transi, regarder Jérém disparaître derrière une colonne à un coin de la piste, dans le ventre la frustration de le savoir en train de rechercher un plaisir rapide et improvisé, alors que j’ai tellement envie de lui, alors que je pourrais tellement lui faire plaisir, le faire délirer d’une jouissance bien autrement passionnée et avisée… pendant un court instant je me dis que je vais aller aux toilettes juste pour me savoir proche de lui, pour essayer de capter quelques râles de plaisir venant d’une cabine fermée… voir ses baskets bleues dépasser au dessous de la porte en plastique, voir des genoux de nana posés sur le sol… sentir la vibration de sa sexualité en pleine action, chercher sa respiration haletante, la pulsation de son plaisir de mec en train de monter, attendre son explosion, essayer de la capturer avec mon ouïe…

    Hélas, mes jambes ne voulurent en rien s’aligner à mes envies. Entre mes jambes et mes envies, toujours cette peur et cette incapacité d’oser qui me fera rater tant d’occasions dans ma vie. Je restai donc là, assis comme un con, imaginant Jérém la queue dans la bouche de cette nana, ses lèvres trop chargées de rouge à lèvre, s’agitant maladroitement sur cet engin magnifique dont moi seul pouvais me vanter de détenir la version des pilotes la plus complète. Quel gâchis de laisser conduire une Ferrari à quelqu’un qui aurait peur de la vitesse et qui n’irait pas au delà du troisième rapport… qui laisserait faire ça ? Surtout pas un connaisseur des potentialités des petites rouges… Pourtant moi je laissais bien Jérém se laisser sucer par une poufiasse incompétente… certes, ce n’était pas comme si j’avais mon mot à dire… mais quel gâchis, enfin…

    Je restai donc là, à coté de Thibault, à humer son parfum si envoûtant, à me consoler en regardant sa plastique que je trouvais de plus en plus sexy… Elodie tardait à revenir des toilettes et à un moment le pote de Thibault se leva et disparut dans la jungle du samedi soir. Je me retrouvai ainsi seul, assis à coté de ce charmant garçon en train de siroter tranquillement sa bière. Je n’avais qu’une hantise, c’est qu’il se retourne vers moi, qu’il me reconnaisse et qu’il me dise bonjour… putain, de quoi j’aurai bien pu lui parler ? Ce qui devait arriver arriva, car à un moment je sentis ses yeux se poser sur moi et je devinai qu’il allait me reconnaître et m’adresser la parole. Ca ne rata pas.

    Salut – me fit-t-il, un sourire charmant de beau gosse, et de beau gosse gentil, posé sur les lèvres. C’était un sourire aussi charmant que celui de Jérém, mais si différent. Dans son sourire on sentait l’ouverture, la sympathie, la bienveillance, l’envie de discuter, l’intention de s’intéresser à la personne en face.

    Salut – répondis-je.

    L’enchaînement Nico, l’enchaînement… faut sortir un truc… faut pas passer pour un couillon, pas devant un mec aussi charmant, pas devant le meilleur pote de Jérém… au secours… oui, oui, oui, ça y est, ça vient… C’est avec un naturel tout à fait remarquable que je pondis :

    Vous avez eu match cet aprèm ?

    Oui, on est parti à Balma…

    Ca s’est bien passé ?

    On a gagné facile, les mecs n’étaient pas au point…

    Vous êtes quand même une bonne équipe, vous avez pas mal de bons éléments…

    T’es déjà venu nous voir jouer ?

    Oui, quelques fois…

    Tu t’intéresses au rugby ?

    (Bah, oui mon Thibault, au rugby…t’as vu comme vous êtes foutus ? comment ne pas s’intéresser au rugby à moins d’être aveugle?). Au lieu de quoi :

    Oui, un peu…

    T’en as jamais fait ?

    Non, tu sais, je ne suis pas très sport…

    Oui… il sourit encore. Je craque.

    Tu es seul ? – relança-t-il.

    Non, avec ma cousine et d’autres potes… et… toi ?

    Je suis venu avec des potes du rugby…(et Jérém, putain, il est où Jérém, dis moi qu’il est en train de déconner avec des potes dans une autre salle, au lieu d’être en train de baiser une pétasse…)

    Vous venez souvent ici ?

    Presque tous les week-ends…

    Moment de silence. Embarras de ne plus savoir sur quoi rebondir pour continuer la conversation. Ah, la barrière de la langue, quand on n’appartient pas au même monde. Une seul sujet me brûle les lèvres, un sujet délicat à aborder, car il peut soulever des tas d’autres questions si lancé trop à brûle pourpoint. Parler de Jérém. Comment y arriver sans donner l’impression d’avoir une curiosité qui va au delà d’un intérêt amical ?

    C’est Thibault qui se charge de débloquer la situation. Il se penche vers moi.

    Alors, ça se passe bien les révisions ?

    Euhhhhhh, euhhhhh… soudainement, sensation bizarre dans le ventre. Il sait ? Il s’en doute ? Comment diriger mes pions pour ne pas compromettre la position de jeu de Jérémie, un jeu dont je ne connais pas la stratégie ? Neutralité, l’air bien dans ses baskets. Voilà mon choix. Je répond alors par un:

    Oui…. Pas mal…

    Jérém va l’avoir ce putain de bac cette année ?

    Je pense, oui…

    C’est gentil de l’aider… Jérém est…

    A la faveur d’une montée soudaine de décibels, j’avais buté sur la suite de la phrase après « Jérém est » : Jérém, un mot qui n’avait pas son pareil pour capter mon attention. Je lui demandai alors de répéter ce qu’il venait de dire et pour mieux entendre j’eus le réflexe de tourner la tête, de me pencher légèrement vers lui et d’approcher mon oreille de sa bouche ; je sentais ainsi son souffle sur mes cheveux, sur la peau de l’oreille et autour, et la proximité faisait que son parfum pénétrait mes narines les enivrant à un point exquis… J’entendis ainsi la fin de la phrase :

    …Jérém est un mec génial…

    Je sais, je l’aime bien aussi…

    J’ai regretté qu’il redouble la première année de lycée… j’aurai du l’aider au lieu de faire des conneries avec lui…

    Vous étiez jeunes…

    Oui… Tu sais, des fois il est un peu… un peu dur avec les gens, mais au fond c’est un gentil garçon…

    Je sais…

    Il n’a pas toujours été heureux, faut pas lui en vouloir…

    Je sentais dans ces mots se dégager beaucoup de douceur, c’étaient des mots qui évoquaient à elles seules l’amitié forte et sincère qui le liait à son pote de toujours. Des mots qui suscitaient ma curiosité et plus encore ma tendresse vis-à-vis de Jérém. En l’écoutant parler, je fus saisi par sa gentillesse, son ton de voix chaud et ouvert mettant l’interlocuteur à l’aise ; une attitude qui était carrément à l’opposé de la distance, de la froideur à la limite de l’arrogance que Jérémie mettait dans ses rapports humains, une carapace derrière laquelle je l’avais vu se cacher quasiment à chaque instant de sa vie.

    J’avais envie de lui poser plein de questions, de le travailler un peu pour en savoir davantage sur le passé de mon beau brun préféré ; hélas, Elodie revint enfin de son escapade aux toilettes. De toute façon, je n’aurai pas eu le cran de creuser davantage, surtout pas à ce moment là, dans ce contexte bruyant où j’avais du mal à capter ses mots. Je pense que dans un autre contexte, plus calme, j’aurai pu lui poser quelques questions et, en négociant le virage, j’aurai pu lui tirer bien des infos…

    Je pense quand même que les quelques bières qu’il avait déjà du descendre, dont la dernière agonisait dans sa main, n’étaient pas étrangères à cet état d’ouverture, à cette bonne disposition qui déliait sa langue ; hélas, les deux conditions, « environnement calme" et « léger état d’ébriété » sont très difficiles, voire impossible à réunir au même moment… Ceci dit, quelque chose me faisait quand même penser que ce garçon était un réel gentil et que l’amitié qui le liait à son pote était telle qu’il m’aurait volontiers parlé de lui, sans trahir pour autant son intimité. Il en avait envie, je le ressentais ainsi.

    Sacré Thibault, Jérémie avait bien de la chance d’avoir un pote comme lui. Voyant qu’on discutait, Elodie s’en approcha pour lui faire la bise. Elle prit place sur le tabouret à coté de moi et commença à me parler de quelqu’un qu’elle avait croisé en revenant des toilettes. Thibault se leva peu après, disparaissant à son tour derrière un poteau de la salle. Voyant que le jeune rugbyman était parti, Elodie changea soudainement de sujet.

    Ca va, Nico, tout se passe comme tu le veux ? – me demanda-t-elle, taquine.

    Oui, ça va… je lui répondis à mon tour avec un grand sourire, en sachant qu’elle faisait allusion au fait de m’avoir vu discuter avec ce beau garçon.

    Tu te fais pas trop chier, non ? Tu t’embêtes pas ? Je pars deux minutes aux chiottes et quand j’arrive t’es déjà en train de draguer un beau gosse..

    Arrête, on discutait juste…

    C’est ça, prend moi pour une conne… dragues bien… surtout ne te gène pas pour laisser ta cousine se démerder toute seule…

    J’adore quand ma cousine part dans ce genre de délire…

    Enfin, tu as raison – continua-t-elle – tu as bon goût, mon cousin, il y a plein de beaux mecs dans la salle, mais celui là a un charme bien à lui…

    Ah, oui, pour avoir un charme bien à lui, Thibault il en avait bien un. Et puis, c’était le meilleur pote de Jérém. D’ailleurs les voilà, tous les deux, copains comme cochon, revenir du comptoir un verre à la main, se dirigeant vers le mur du fond, perchoir de choix pour mater les nanas en train de danser.

    Cette soirée à laquelle j’avais failli ne jamais assister, si ma cousine n’avait pas insisté pour m’y traîner, commençait à prendre une tournure qui me plaisait. Et elle était loin d’être terminée.

     

     


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    Jérémie et Thibault, les voilà en lisière de la piste de danse, en train de siroter leur verre, les yeux rivés sur les nanas que le mouvement de la danse rend encore plus séduisantes… On a beau ne rien connaître aux nanas et être insensible à leur atouts de séduction, faut essayer de se mettre à la place de ces hétéros si on veut avoir une chance de les comprendre. Ainsi, suffit d’écouter quelques vers de la chanson d'Esmeralda (Quand ses mouvements me font voir monts et merveilles/Sous son jupon aux couleurs de l'arc-en-ciel), pour comprendre ce que fait courir ces adorables, insaisissables mecs à nana, pour deviner ce qu’il doivent ressentir en voyant tous ces corps féminins onduler sous l’excitation de cette musique entêtante qui est réputée pour adoucir les mœurs…

    Je les regarde côte à côte, appuyés contre le mur sur le bord de la piste en train de mater et de draguer, et même dans la simple attitude de leur corps, on remarque une différence de comportement.

    Il m'était arrivé plusieurs fois de m'attarder à observer les beaux et charmants garçons qui constituaient la suite de jeunes loups pleins de sève gravitant autour de Jérémie. Les moments privilégiés pour cette activité d’étude et d'observation, d'approche de cette faune tant passionnante, mais si inaccessible pour moi, se produisaient principalement lors de soirées pendant le week-end: tel un journaliste animalier, je guettais l'arrivée des troupeaux de jeunes males, essayant de les pister dans leur milieu naturel... souvent mes recherches étaient infructueuses car, appartenant à des espèces plutôt différentes, on était amenés à fréquenter des écosystèmes assez éloignés; le Nicolaus studentis tel que j'étais préférant les lieux calmes genre bowling ou cinéma, alors que les jeunes mâles que je pistais semblaient préférer les lieux à l'air libre genre terrain de rugby, ou alors des endroits bruyants et sombres, genre les boites de nuit ou les fêtes de village.

    Certes, il m'arrivait de croiser, au hasard du quotidien, l'un ou l'autre de ces spécimen séparément du reste de la meute; je m'étais cependant vite rendu compte que c'était dans la meute, en observant l'interaction avec les autres membres, les rapport de force et les comportements, les hiérarchies, tacites mais bien visibles, que l'observation des jeunes loups était la plus riche d'enseignements; me rendant alors dans leur habitat naturel, essayant, non sans mal, de me fondre dans le décor, je me postais en observation, avec toute la discrétion possible, pour obtenir d'eux une image la plus naturelle qui soit, capable de me dévoiler par un geste, une attitude, une expression captée au jeu du hasard, un peu de cette intimité, de cette proximité virile entre garçons qui m'était inconnue et qui me fascinait au plus haut point.

    Lorsque j'arrivais à localiser la meute, je me postais comme en embuscade, dissimulant ma présence et dosant finement le jeu de mes regards, pour ne pas me faire repérer et ne pas interférer avec l'évolution naturelle de ce genre de troupeau de jeunes males, observant tout à tour chaque spécimen. Les voir évoluer ensemble, me régaler de leur complicité, les observer de loin, juste avec l'image, rarement avec le son... tout un monde de bonheur masculin dont j'étais exclu. Et quand j'arrivais à capter des bribes de conversation de mec, j'étais le gus le plus heureux du monde. Les nanas, le rugby, le rugby, les nanas, réflexions de mec parfois inspirées par l'alcool.

    Il était cependant des créneaux plus propices que d'autres pour aller plus loin dans l'étude de cette faune merveilleuse. Les fins de soirée étaient des moments privilégiés pour capter l'essence et l'intimité de ces jeunes mâles; l'alcool agissant et déliant les langues et faisant baisser les barrières de la pudeur, j'arrivais parfois à capter des réflexions plus humaines, plus authentiques que la conversation de tous les jours: dans ces moments là, certains jeunes hommes arrivaient à faire allusion à quelque chose de plus intime, à leurs tristesses, à leurs faiblesses, à partager tout ça avec leurs semblables. L'écoute de la meute et le réconfort que certains éléments pouvaient en amener, avec un simple mot, une blague, le témoignage d'un ressenti semblable, agissant comme le plus doux des pansements.

    Et qu'est ce que c'était riche d'enseignements et extrêmement excitant de mon point de vue de découvrir que, au delà de ces t-shirts moulants, de ces muscles saillants, derrière des attitudes assurés et parfois arrogantes, se cachaient des blessures et des angoisses. Ce n'était qu'un état passager, provisoire, amené par l'alcool et qui n'aurait pas survécu à quelques heurs de sommeil; le lendemain, l'ivresse disparue de la veille laisserait à nouveau place à cet air bien assuré et bien intégré dans la meute qui donne l'illusion d'avoir devant nous des jeunes loups inébranlables. Dommage vraiment que ce soit le cas... qu'il soient si iné-branlables... enfin, faut espérer que ça soit vrai ce qui se dit... que sur un malentendu tout peut arriver... surtout avec la complicité de l'alcool... Après trois bières, il semblerait que tous les hétéro soient comme les canapé IKEA: tous réversibles mais si difficiles à monter... encore qu'il fait savoir bien s'y prendre, les isoler du reste de la meute, bien évaluer leur attitude, avancer pas après pas, guettant le moindre signe hostile, être prêt à partir en courant avant que la situation dégénère... autant de choses qui font que j'étais incapable de tenter quoi que ce soit avec eux, même dans les moments où, sous l'emprise de l'alcool, ils auraient été le plus vulnérables.

    J'ai le souvenir, quelques années plus tard, quand j'aurai mon permis et ma propre voiture, d'une sortie avec des potes de la fac... je devais être en troisième année. On sort en boite, ils boivent, et comme je n'aime pas l'alcool, je reste sobre, toujours trop sobre pour m'amuser vraiment. La nuit s'avance et je décide de rentrer. Un des potes, un petit brun de première année, beau comme pas permis et sur qui je kiffais à mort depuis qu'il était arrivé dans notre petite clique amené par un pote commun, me demande si je peux le déposer chez lui. Comment ne pas dire oui, même si ça implique de faire un détour assez important? Comment ne pas dire oui, même en devinant la torture que ça va être de faire le trajet seul avec ce petit mignon, avec les envies qu'il m'inspirait, tout en étant conscient que jamais je n'aurai le courage de lui faire des avances?

    Bref, j'accepte. On se retrouve dans la voiture, côte à côte; l'alcool lui délie la langue, je le sens fiévreux, angoissé et bavard comme un mec éméché en fin de soirée. Tout naturellement et sans que je lui pose des questions, il me raconte ses déboires avec les filles, sa première fois où il n'a pas assuré... ses histoires m'excitent, j'ai tour à tour envie de le prendre dans mes bras, si choupinou, et de lui ouvrir la braguette et de le rassurer quant à sa virilité et à son charme naturel...

    Je sens dans sa voix que l'alcool a pris le contrôle de sa conscience, par moments ses mots ne sont pas tout à fait cohérents, son débit de parole est ralenti, avec des sonorité qui ne lui sont pas propres, je sens que les barrières de défense sont au plus bas... Les boutons ouverts de sa chemise laissent dépasser une portion assez abondante d'un petit t-shirt blanc col rond du meilleur goût... je regarde sa ceinture, la bosse que fait sa braguette... pendant un court instant je me dis que je vais m'arrêter quelque part pour tenter un truc... il est assez bien fait, mais il est tout juste de mon gabarit, je ne prends pas beaucoup de risque, de plus c'est un garçon si gentil dans la vie de tous les jours... il ne va pas devenir violent juste parce que j’aurai posé ma main sur sa braguette...

    Putain que j'ai envie de le sucer, de déboutonner sa chemise, soulever son t-shirt, voir comment il est foutu, sentir de plus près cet odeur de mec, cette transpiration qui se mélange à un parfum aux fragrances bien entêtantes que je sens se dégager de lui dès qu’il est rentré dans la voiture. A un moment il se tait, comme dans un état de « début de coma éthylique »; il a les yeux ouverts, mais il ne cause plus. Un instant après il se ressaisit, il me demande si j'ai une nana... et même là je ne sais pas saisir la perche, je lui dis simplement que non...

    Je me dis que je vais le faire... m'arrêter, lui proposer une pipe... putain, une pipe ça ne se refuse pas... j'ai envie de te faire jouir; mec... je ne demande même pas que tu me fasses quoi que se soit : je voudrais juste faire jouir un p'tit con sexy, faire jouir un hétéro comme toi dans ma bouche, avaler tout ton petit jus, ça ce serait mon orgasme. Ne soit pas fâché, mec, si j'ai envie de toi, sois juste... sois juste mec, quoi... je ne te veux aucun mal, tu auras juste à jouir, autant de fois que tu le voudras, exactement comme tu le voudras et à la sortie tu pourra te dire "j'ai baisé un mec" et ça devrait te faire sentir encore plus mec, quand tu y penses, non?

    Au lieu de quoi, je me tais. La route défile, et bien que le trajet soit assez long, on passe désormais le panneau avec le nom du village où il habite. On arrive et je n'ai toujours rien tenté. J'ai laissé passer mille occasions, on a passé au moins deux aires de stationnement sans illumination un peu éloignées du bord de la route, situées entre deux rangées de platanes, des endroits rêvés où on aurait pu s'arrêter et passer un bon moment en toute discrétion. Je ne me suis pas arrêté. Je me suis dit à chaque fois: ce sera la prochaine. Et puis c'était la dernière et je l'ai encore laissée passer.

    La place du village se dresse devant moi. Il m'indique qu'il faut tourner à gauche, puis à droite et encore à gauche. On est arrivés. On s'arrête devant chez lui. Il est toujours appuyé au dossier du siège passager. Il ne parle pas, il me regarde.

    C'était une bonne soirée, me dit-t-il, c'est cool que tu sois venu avec nous...

    Oui, c'est cool...

    Tu ne sors pas souvent...

    Je n'aime pas trop ça...

    T'es un mec cool en tout cas...

    Merci...

    Il me sourit, je lui sourit. Putain qu'il est sexy... et débraillé, un pan de sa chemise sorti de son pantalon, presque avachi sur le siège passager, les jambes légèrement écartées… on dirait un fruit mûr à point pour être cueilli et croqué. Le silence s'installe à nouveau autour de nos regards fuyants. A un moment il me regarde fixement dans les yeux, je lui souris timidement, je détourne les yeux pendant un instant, je reviens ensuite chercher son regard. Il est toujours là, fixe, intense. C'est excitant, je me dis qu'il va faire le premier pas... mais...

    Ok mec, je vais me coucher. Merci pour le retour.

    Voilà la patatras. Putain, j'ai trop attendu... La perche était énorme, presque une grue de chantier… je me dis... putain, mais qu'est ce qui ne va pas chez moi? Là, je pourrai encore le retenir, mais non...

    C'est normal...

    A la prochaine...

    Il ouvre la porte de la voiture. Là aussi je pourrai encore le retenir, saisir son bras avec ma main, mais non...

    Oui, à la prochaine...

    Je le laisse partir ainsi, me retrouvant tellement con, là, assis dans mon siège, désormais tout seul, regrettant de n'avoir rien tenté un instant auparavant où son sourire semblait la promesse de bien de bonnes choses. C'est l'histoire de ma vie.

     

    A l'époque de mes observations scientifico-érotiques au sujet des jeunes loups gravitant autour de mon brun préféré, je me rendais bien compte que oui, cette meute me fascinait; elle me captivait, moi qui étais si différent d'eux, leurs centres d'intérêts sportifs ou sexuels n'étant pas du tout les miens; moi qui étais plutôt un petit animal solitaire, à l'affût du moindre relent de testostérone émané par cette meute de jeunes loups aux t-shirts moulants et aux biceps saillants... Une chanson que je découvrirai plus tard, aura le pouvoir de me faire prendre conscience du fossé qui me séparait à l'époque de ces jeunes hommes...

    Tous les sam'dis aprs-midi/Pendant que les gars du quartier/Jouaient au football ou au hockey/Mois j'prenais des cours de ballet/C'est pour ça qu'j'avais pas d'amis

    Si on fait abstraction des détails, le sens est parfaitement rendu et le parallèle avec ma vie, juste parfait.

    Au fil de mes observations naturalistes, je finis par me trouver en possession des longues heures de rushes tournées dans ma tête au sujet de la meute; très rapidement, au milieu de ces images, deux spécimens, semblant appartenir à deux variantes génétiques remarquables et caractérisées, avaient tout particulièrement capté mon intérêt ; un intérêt qui était, à ne pas en douter, purement scientifique: il s'agissait du Jérémis p'tit connis, celui qui m'apparut être le chef de meute et du Thibaultis muscular, jouissant du statut de bras droit et de conseiller du chef de meute.

    Vraiment j'adorais regarder ces deux là évoluer dans leur environnement naturel, la plupart du temps entourés d'un ou de plusieurs autres éléments de la meute, parfois accompagné par une ou plusieurs femelles, observant leurs comportements et leurs attitudes, des conduites que je comparais ensuite avec celles de certains de ses semblables. Mon intérêt particulier porté vers les deux espèces citées plus haut, faisait ainsi que je me retrouvais assez souvent à mettre en relation et à comparer les habitudes et les comportements du Jérémis avec ceux du Thibaultis.

    Au bout d'un certain temps, en repassant inlassablement dans ma tête les images de la meute, lors d'opérations de visionnage et de tri réalisées sur l'écran de mes draps, le soir avant de m'endormir, j'arrivai à émettre un certain nombre de lois éthologiques accroissant ma connaissance de l'espèce en question. La main gauche adroite sur le levier bien dressé de ma table de montage tout à fait spéciale, je finis par tirer des conclusions assez précises. Que voici. En clair.

    Chacun dans son genre, les deux potes étaient d'une beauté insoutenable. Séduisants au plus haut point. Craquants à tout point de vue. Leur jeunesse insolente étant la clef de voûte de leur charme impossible. Jérém avec son physique élancé et tout en muscles, une belle gueule comme pas permis, un sourire ravageur qui devrait être interdit; Thibault un peu plus petit mais avec des épaules larges, un cou puissant, des traits virils et rassurants.

    Bref, deux potes, représentant chacun dans leur genre, un idéal de beauté masculine. Deux idéaux, certes, mais vécus, interprétés et assumés de façon presque diamétralement opposée. Alors que ce petit con de Jérémie avait parfaitement conscience de son charme et du pouvoir quasi illimité de son pouvoir de séduction, Thibault, également et incroyablement beau et sexy, donnait l’impression de pas s’en rendre compte du tout… il avait l’air de ne pas se douter un instant de comment il affolait les nanas autour de lui et certainement pas mal de mecs aussi, jusqu'à son meilleur pote, qu'il commençait par ailleurs tout juste à prendre conscience de cela sans encore pouvoir le formuler clairement dans son esprit.

    Pour sa part, comme on l'a vu, Jérém mettait les formes dans sa méthode de séduction: tenues sexy, soin de sa personne, regard, attitudes, parfums... Tandis que Thibault, aussi beau et charmant, semblait ne se soucier en rien du fait de séduire... Toujours à son avantage avec son physique musclé, ramassé et plaisant qui semblait rappeler dans les grandes lignes celui de Geoffroy Messina, un physique sur qui un simple t-shirt ou même un pull premier prix tombait à la perfection, Thibault ne semblait guère se soucier de son apparence: et si son allure était quand même plutôt soignée, elle dégageait cependant un naturel et une décontraction désarmantes. Le pire c'est qu'il n'avait rien à faire; sa coiffure? les cheveux assez court, pas de gel, parfois en bataille... la barbe? pas de chichi, rasée de près le plus souvent... quelques poils si sexy qui dépassent parfois du col du t-shirt; bref, il était juste là et il était beau, juste beau et charmant. Simplement, sans l'intention d'en mettre plein la vue...

    Avec ses traits virils qui dégageaient cependant une certaine gentillesse, Thibault était un jeune homme peu bavard et assez réservé. Quand il parlait, ses mots étaient dosés, calmes, réfléchis. dans le tandem avec son pote Jérém, Thibault était le plus prudent, le plus solide. Le plus avisé.

    Si pour Jérém séduire était une priorité, un besoin, presque une vocation; pour Thibault ce n'était que du naturel. Alors que Jérém semblait avoir en lui le besoin constant et jamais assouvi de s'assurer de la puissance de son pouvoir de séduction, Thibault semblait même pas y penser, en attendant que la vie lui amène ce que elle voulait bien lui réserver. Jérém avait un succès fou avec les nanas, car il usait et abusait de ses atouts et de son charme. Thibault était plus posé, se contenant d'être beau sans en rajouter, sa sexualité dirigeant moins sa vie que celle de Jérémie la sienne. Au début il avait été impressionné par les exploits de son pote, ensuite il s'était assez vite rendu compte que la satisfaction sexuelle n'était pas autant dans la quantité que dans la qualité. Après quelques aventures, il s'était vite posé. A seize ans il était avec une fille. Elle l'avait largué au bout de 2 ans. Depuis, il avait laissé que les nanas viennent à lui, sans trop s'agiter pour les attirer. Des aventures il en avait quand il en avait envie. C'était une question de feeling. Ce n'était pas une question de stats.

    Alors que Jérémie incarnait le feu, l’excitation bouillonnante à la testostérone, ce mec était décontract au possible, sa nonchalance affirmée était d'une puissance incroyable, il représentait pour moi la force paisible, il avait l'air d'être tellement bien dans sa tête et dans ses baskets que ça en donnait le tournis. Son attitude toute entière, son naturel dégageaient une force et un équilibre auxquels on a envie de s'abandonner. Un mec droit dans ses bottes. Et un charme insoutenable.

    Je crois que je ne saurais pas dire qui des p'tits mecs qui se la jouent et qui sont conscients de leur aura sexuelle et des bogoss qui ne sont pas conscients de ça sont les plus excitants... Les premiers c'est du feu, ils sont excitants et craquants car ils dégagent une sexualité débordante et insolente; les autres sont... craquants et excitants car cette sexualité ils la laissent simplement deviner, elle est toute en retenue, elle se dégage d'eux presque... malgré eux. Souvent ce qui fait un mec sexy se trouve dans un geste, une façon de bouger, de sourire, dans son regard; et quand c'est involontaire, quand le mec n’en est pas conscient, ça le rend vraiment super sexy. Alors, la virilité débordante de Jérém ou la masculinité calme et posée de Thibault ? Le feu d’artifice qui en met plein la vue, ou le feu de bois de chêne qui réchauffe sur la durée…

    Avec l'expérience qui viendra par la suite, je dirais la deuxième catégorie... mais quand on est jeune et bien soumis comme je l'étais, on aime bien ce mélange d'insolence et d'arrogance des jeunes cons; et puis Jérém avait à mes yeux des atouts supplémentaires... je le kiffais depuis toujours et ça allait bien au delà de sa beauté. Et cela était d'autant plus vrai depuis que je couchais avec lui; l'amour physique, le plaisir donné et le plaisir reçu contribuant a apporter son appui à la beauté et au charme qu'un beau garçon peut exercer sur nous.

    J’aurai aisément pu tomber amoureux d’un garçon comme Thibault si mon cœur n’avait pas déjà été malmené par un autre garçon…

    Enfin, comment pencher d'un cote ou de l'autre, alors que l'on a en face deux canons pareil? Et les voir ensemble, les voir discuter, déconner, associer le devenir et l’interaction à une image d'observation presque statique comme celle que j’avais d’eux lorsque je les croisais seuls, semblait encore ajouter à leur charme. Un peu comme, à contrario, lorsqu’on achète un vêtement qu'on a repéré dans une vitrine bien garnie: ce pull semblera perdre un brin de son éclat une fois sorti de son contexte et séparé de ses semblables.

    C’était déroutant et frustrant pour moi d’observer entre eux une complicité que je n'ai jamais connue avec un pote. Tiens, comme à cet instant en boite de nuit, pendant leur séance de repérage au bord de la piste. Ils se parlent de temps en temps, l’un portant son oreille près de la bouche de l’autre, s’échangeant des sourires complices et tellement, tellement charmants. Ce soir là j’arrivai à une conclusion que j’avais déjà envisagée lors d’observation précédentes mais que à ce moment précis prit la consistance d’une véritable évidence. Thibault était la seule personne au monde qui arrivait à décrisper Jérémie, à le faire sourire, à le rendre, disons… humain. De toute évidence, lui seul possédait la clef de le faire sentir assez bien pour qu’il laisse tomber son armure. On aurait dit que au contact de Thibault, Jérémie s’illuminait et que sa respiration devenait légère, paisible. Il était détendu et, si possible, encore plus beau. C’est ce soir là que je me rendis compte que je pourrai plus y échapper : c’est en me lançant le défi fou de pouvoir un jour lui apporter ce même sourire, que je me rendis compte que j’étais vraiment raide dingue de ce garçon. Du mauvais garçon.

    Oui, défi fou. Faire sourire Jérém. Je me rendais compte que la tâche n’allait pas être simple pour moi, en tout cas beaucoup plus difficile que pour Thibault. En effet, ce dernier avait un avantage certain sur moi : le vécu de toute une vie partagé avec Jérémie.

    Une fois n’est pas coutume, une image plutôt inhabituelle allait percuter mon imaginaire ce soir là. Sur le bord de la piste, un beau garçon aux cheveux châtains clairs, habillé d’un simple débardeur blanc à l’éclat « torridement » sexy, dansait sur les rythmes endiablés, avec une souplesse, une puissance et une élégance incroyables. La grâce de ses mouvements n’avait d’égal que la beauté de son sourire, un sourire qu’il dispensait d’abord en direction des nanas qui dansaient avec lui mais qui se perdait, rayonnant partout autour de lui. Je le regardai tellement longtemps et avec insistance qu’à un moment je croisai son regard… un regard qui s’ouvrit presque instantanément en un sourire magnifique qui avait un je ne sais quoi d’imperceptiblement malicieux et charmant…

    Tout en continuant à danser, le mec prolongeait son regard vers moi bien au delà de ce que pourrait passer pour une rencontre fortuite ; au fil des secondes, son insistance finissait par prendre l’air d’une invitation. Je ressentais en moi une étrange excitation… le mec était vraiment beau, en plus il dansait… comme un dieu… il me draguait ? Je lui plaisais ? Moi ? Plaire à un type comme ça ? Pas possible… pas possible… Il est trop… on est au KL… on n’est pas au ON OFF !... il n’y a pas de pd au KL, à part moi… et puis même, je ne vais pas me faire aborder par un mec ou l’aborder moi-même ici alors qu’il y a la moitié du lycée qui circule… on me traiterait de pd jusqu’au bac et bien au delà, toute ma vie…

    Et puis non, c’est pas possible, il est trop entouré, et même, je suis sur que je me trompe, il ne peut pas être homo… si je l’aborde, je risque au mieux de prendre une veste et au pire une baigne… dans ce cas, ce serait le scandale qui me vaudrait d’être la risée pour toute une génération.

    Et puis, Jérém est là, juste devant moi, avec Thibault. Certes, ce n’est pas moi qu’il reluquait à ce moment là, mais le mec qui dansait était en plein dans son champ de vision proche et avec son débardeur blanc et ses enchaînements de danse on ne voyait que lui sur la piste. Qu’est ce qu’il penserait s’il me voyait aller vers un autre mec ? Tiens, je serais vraiment curieux de le savoir… ou pas… serait-t-il jaloux ? Ca lui ferait rien du tout ? Essayer de le savoir, ce serait prendre le risque de mettre un terme à nos révisions. S’il y avait un truc que j’avais capté à son sujet, c’est que s’il aimait coucher avec moi, c’est parce qu’il me voyait comme un mec de sa classe, un mec « hors milieu », comme on dit dans le milieu. Comme Guillaume l’était également. Comme j’aurai l’occasion de le comprendre plus tard, j’avais l’intuition que si Jérém avait senti que j’approchais d’autres garçons, ce serait moins l’éventuel risque sanitaire que le changement de mon image dans son regard qui l’auraient détourné de moi. Quand il couchait avec moi, dans sa tête Jérém ne couchait pas avec Nico-le-pd, mais avec Nico-le-puceau. Ca ne parait pas comme ça, mais dans la tête d’un hétéro, la nuance est de taille. Dans sa tête c’était déjà difficile d’admettre qu’un garçon pouvait lui donner autant, voire plus de plaisir qu’une nana… alors, admettre que ce garçon était un pd… et qu’il pouvait dès lors se frotter à d’autres garçons… Ca parait con comme raisonnement, mais qui a dit que les hétéros ne le sont pas, notamment au sujet de leur sexualité…

    Le cœur  s’emballant dans ma poitrine à cause de ce regard qui me troublait, je décidai de rompre le contact qui nous liait, de fuir le désir qui commençait à devenir brûlant, de nier l’évidence de celle qui ressemblait de plus en plus à une attraction réciproque et partagée… pour me motiver à me faire violence, j’essayais de me dire que c’était une fuite raisonnable face à une très probable déception… qu’est ce que je peux être con parfois…

    Je fus d’abord soulagé de mettre un terme à cet moment si excitant et déroutant. Comme un lapin traqué, je proposai à ma cousine d’aller faire un tour dans une autre salle. Elle accepta volontiers. Je n’avais pas terminé la première phrase, que je sentis un malaise monter de ma poitrine… ce mec… putain… je crois que j’avais une touche… personne ne m’a jamais regardé ainsi auparavant… je crois bien que j’avais une touche… et si… Au moment que tout semblait m’échapper, je sentis en moi une puissante motivation à essayer de rattraper l’occasion perdue. Hélas, dans ce genre de situation, ce qui est fait est fait et ce qui est perdu est perdu. Ma cousine s’était levée et marchait vers le passage qui venait vers la salle disco. Je me retournai une dernière fois, cherchant du regard ce débardeur blanc magnifique… je le repérai, mais son regard était parti, il ne m’avait pas attendu. Pincement au cœur en deuil d’une occasion raté à cause de mon manque de cran.

    Bien des années plus tard, voyant un certain Rayane Bensetti voltiger sur la piste de danse d’une célèbre émission sur une chorégraphie style Bollywood, je me ferai la réflexion que si un très beau garçon est une œuvre d’art, un beau garçon qui bouge comme il le faisait, c’est plus que de l’art, c’est un reflet du divin. Un aperçu du Paradis. Il y en a qui rêvent de trouver des vierges au Paradis… moi je rêve de trouver des Rayane… Faut vraiment que je m’assagisse pour en mériter l’accès…

    Rayane, quand je t’ai vu à la télé, tu m’as fait penser à ce garçon. Et à ce sentiment de frustration en souvenir d’un acte manqué il y a tant d’années déjà mais jamais vraiment oublié. Dans la vie il n’y a rien de pire que les regrets, ils sont bien plus redoutables que les remords, car en général le temps est notre allié pour oublier ces derniers, mais il est impuissant à nous affranchir des premiers.

    Merci à toi pour toutes ces images à la beauté insoutenable que tu nous a offert tout au long de cette émission. Merci pour ta beauté, pour ton sourire, pour ta jeunesse insolente et outrageuse et pour ton esprit joueur. Tu es un véritable rayon de soleil… tu nous a offert dix samedis soirs de pur bonheur. Tu es à hurler. A pleurer de bonheur. Si Michelange avait vécu de nos jours, je crois bien que son David t’aurait ressemblé…

    Quand je dis que c’était une sacrée soirée… très riche en émotions de tous genres, des émotions inspirées en grande partie par la gente masculine à laquelle j’étais ô combien sensible. A cet instant là, en arrivant dans la salle disco, les jambes hantées par les basses du sempiternel hymne de notre déesse Disco, j’ai nomme Gloria, les sentiments qui dominaient mon esprit étaient cependant la frustration et la rancœur envers moi même, la déception que je sentais face à ce manque de cran qui me rendait malheureux.

    Hélas, elles étaient bien petites, cette frustration et cette déception, face à celles que je ressentirais en moi un peu plus tard dans la soirée.

    You’re just too good to be true…

     

    Joyeux Noël à vous tous, pour qui Jérém et Nico sont devenus des potes virtuels. Un seul souhait pour vous. Passer un bon moment avec la ou les personnes que vous aimez. Peu importe le cadeau. Le meilleur cadeau c’est d’être bien entouré. Bises à tous !


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    Elodie et moi, nous voilà dans la salle disco. Changement de décor, changement de musique. Radical.

    You're just too good to be true/Can't take my eyes off of you/You'd be like heaven to touch/I wanna hold you so much/At long last love has arrived/And I thank God I'm alive/You're just too good to be true/Can't take my eyes off of you…

    Vas y Gloria Gaynor, fais nous rêver, toujours et encore… Là, pour le coup, impossible de ne pas se ruer sur la piste de danse, il faut vraiment être mec hétéro pour se faire violence à ce point, pour résister à l’ensorcellement que cette musique opère sur nos jambes, ôtées à notre contrôle et transformées en prolongement de cette rythmique insoutenable dans son genre, comme le sourire d’un beau garçon l’est dans un autre registre. Quoique, à bien réfléchir, entre une musique entraînante, un parfum troublant, un sourire charmant, tout est question d’émotion, de sensualité, d’emportement, d’étourdissement de la raison ; c’est l’instinct, le plaisir qui prend le dessus sur la discernement, qui nous fait perdre le contrôle et nous enivre d’une chaude douceur à qui on a envie de s’abandonner, de se laisser emporter vers l’inconnu.

    Certes, comme on pouvait s’y attendre, la moyenne d’âge dans cette salle apparaît légèrement supérieure à celle de la salle techno, mais on y retrouve quand même de beaux mâles… postés au bord de la piste, le verre à la main…

    Oui, on n’avait pas tout à fait franchi le sas de la salle disco, que la voix de Gloria nous rabattait vers la piste.

    …you're just too good to be true/Can't take my eyes off of you/Pardon the way that I stare/There's nothing else to compare/The sight of you leaves me weak/There are no words left to speak/So if you feel like I feel/Please let me know that it's real/You're just too good to be true/Can't take my eyes off of you…
    Gloria, as-tu connu un mec comme Jérém, un mec duquel on ne peut plus décoller les yeux, trop beau pour être réel ? Ou un mec comme ce type musclé au débardeur outrageusement blanc et tendu sur ses épaules et sur ses pecs qui dansait comme un Dieu sur la piste de danse de la salle techno ? Oui, on se comprend Gloria, you’re just too good to be true…

    Putain, ce regard… je n’arrivais pas à me l’enlever de la tête… ses yeux, j’en étais comme aveuglé,  étourdi… Ce regard m’avait tellement marqué que je n’arrivais même plus à penser à Jérémie… Jamais Jérém ne m’avait regardé ainsi. En général Jérém ne me regardait même pas. Il me permettait de l’approcher quand il en avait envie, il se rendait inaccessible le reste du temps. Quand je croisais son regard, c’était de la domination que je voyais, le plaisir de me voir soumis à tous ses caprices : ce n’était pas du désir, c’était de l’envie, l’envie de se faire soulager les couilles, de conforter la suprématie de sa virilité. Et son ego avec.

    Le regard de ce mec était autre chose… jamais je n’avais croisé un regard semblable… on aurait dit que je lui plaisais et qu’il voulait un gros câlin, mais pas comme Jérém, un câlin qui pouvait être autre chose… dans un autre rapport de force, peut être plus équilibré, peut être plus doux… oh combien d’infos peuvent passer par le regard… en voulait-t-il donc ? avais-je une touche ? avec un mec si canon ? ça se voit autant que je suis pd ? se moquait-t-il de moi ? Et même si c’était le cas, même s’il voulait aller plus loin, comment faire ? Comment l’approcher sans me faire repérer par cette moitié du lycée qui était en boite ce soir là ? Comment m’adresser à lui ? Lui dire quoi ? Quels mots ? Je n’avais jamais dragué de ma vie… comment l’approcher alors qu’il était entouré de toutes ces nanas… il avait l’air si complice avec elles… et si bien… aller où ensuite… partir avec ? aller aux chiottes comme Jérém ? Autant de questions qui me tourmentaient l’esprit et qui n’avaient pas de réponse…

    J’étais déçu de moi-même et frustré… une succession d’images dérangeantes commençaient à me saper le moral : l’idée de Jérém se faisait sucer par la blondasse de tout à l’heure ; la complicité avec Thibault ; tous ces trucs que ce dernier devait savoir de lui et que je connaîtrai sûrement jamais ; toute cette vie de Jérém qui m’échappait et que j’avais de plus en plus envie de découvrir ; cette phrase de Thibault : « tu sais, Jérém n’a pas toujours été heureux » qui tournait en boucle dans ma petite tête ; cette occasion manquée avec débardeur blanc ; l’idée de ne pas savoir lire dans le jeu de ce mec alors que lui il lisait apparemment en moi comme dans un livre ouvert ; l’idée de ne pas oser, de ne pas avoir le cran de soutenir son regard et aussi l’idée de ne pas oser faire ça à Jérém, comme si lui il se privait de son coté et comme si le fait de lui être fidèle représentait une quelconque valeur à ses yeux.

    Pris dans le tourbillon de ces pensées, j’avais besoin de réconfort, et Gloria était là pour moi. La musique Disco, du réconfort sur vinyle…

    Après un bridge à l’harmonie parfaite et au rythme sans pareil flairant bon les seventies, Gloria parachevait son message en ajoutant:

    …I love you baby and if it's quite all right/I need you baby to warm the lonely nights/I love you baby, trust in me when I say/Oh pretty baby, don't bring me down I pray/Oh pretty baby, now that I've found you stay/And let me love you baby, let me love you…

    Oui, la musique disco, du pansement pour l’esprit, un produit antidépresseur, comme le labrador. Et à ce titre, une compilation seventies autant qu’un labrador devraient rentrer dans le catalogue des produits remboursés de la sécurité sociale. Gloria terminait d’enfoncer le clou avant de laisser place à la voix savamment mélangée de Frida e Agnetha qui allaient nous parler de la reine de la danse… c’est ça le disco, du bonheur sur vinyle…

    You can dance, you can jive/Having the time of your life/See that girl, watch that scene/Dig in the Dancing Queen 

    Emportés par ces standards musicaux, bercés par la beauté absolue de cette musique intemporelle, Elodie et moi avons dansé comme de petits fous pendant un très long moment. J’étais bien parti pour me laisser emporter par ce son envoûtant jusqu’au fond de la nuit, cédant aux sirènes enchanteresses des Staying Alive, Daddy Cool et autres Born to be alive, quand ma cousine décréta qu’il fallait revenir à la salle techno pour voir ce que foutaient les autres. J’acceptai de la suivre un peu à contrecoeur alors que les premières mesures de River of Babylon dévalaient dans la piste… putain cousine, comment partir dignement alors que cette chanson est jouée ? Ca frôle l’outrage…

    Je la suis quand même et on passe le sas de la salle techno. Le contraste est saisissant : on quitte Boney M pour retrouver les oreilles agressées par une musique assourdissante et monotone. Quand on a goûté à du foie gras, manger des pâtes parait insipide. Bon, si le son était décevant, l’image était parfaitement en mesure d’occuper mon esprit tout entier. Premier fait remarquable : la disparition de débardeur blanc des écrans radar. Merde, j’avais espéré le retrouver… Le fait qu’il ne soit pas là est en même temps une déception et un réconfort… sa beauté me manque, mais le fait de savoir que j’oserai jamais l’approcher me frustrerait de façon insupportable. Son absence fait que mon esprit retrouve un état d’apaisement que je trouve reposant.

    Hélas, je dois avoir un coté maso… car à peine mon esprit calmé, je cherche à l’exciter à nouveau en faisant un tour d’horizon bien ciblé dans le moindres recoins de la salle. Tiens tiens, les voilà les deux… Jérém et Thibault, ils sont en compagnie d’autres mecs de la meute, assis sur des fauteuils dans un coin un peu éloigné de la piste, en train de déconner. Jérém et Thibault toujours côte à côte. Quand je regarde Jérém avec Thibault, je le trouve souriant, déconneur, joueur, une attitude qui contraste farouchement avec celle dure et dominatrice qui est la sienne pendant nos séances de baise.

    Et vas y que ça s’attrape par le cou, voilà que ça rigole, vas y que l’alcool libère les mœurs, voilà que le mec sur son 31 du début de soirée laisse place au garçon débraillé de nuit avancée qu’on imagine bien avoir des besoins bien précis dans son caleçon, une tension sexuelle inexprimée qui semble s’exprimer et se défouler au travers de cette complicité de males, une complicité socialement acceptée mais qui, pour l’esprit excité d’un Nico de 18 ans, a un parfum assez persistant de sexualité aux forts relents de testostérone…

    Quand je vois cette complicité, mon esprit frustré de ne pouvoir la partager trouve un étrange consolation dans la fuite… mon esprit divague, divague, divague… Et quoi penser, quand on les voit ensemble en soirée, avec cette complicité insolente et ambiguë... Ah, que ça me fascine….cette proximité de ces p'tits mecs hétéros, ça en devient presque louche, ça laisse la porte ouverte à toutes les spéculation, ça laisse rêveur... Ca se la joue macho et hétéro pur jus, mais ça se fait des chatouilles, ça a des gestes l’un envers l’autre parfois plus tendres que virils… des trucs que jamais je n’oserai avec un mec, même avec mon meilleur pote, de peur de me faire traiter de pédé.

    Ah, cette complicité des mecs hétéro, ça laisse souvent rêveur… Potes hétéro, ouais, mon œil… Surtout quand on a l’impression qu’il y a un truc un peu ambigu entre deux mecs, évidemment parfois ce n’est que le fruit de notre imagination, pas très objective, mais quand même des fois, on se dit : ces deux la, ils doivent avoir des pensées lubriques et sexuelles l’un envers l’autre, est-ce que ça leur est déjà arrivé de se branler en pensant a l’autre, se sont-ils vus à poil et qu’ont-il pensé ?

    Jérémie et Thibault, choupinous en diable et totalement inséparables. En soirée ou sur un terrain de rugby, on ne peut pas croiser l’un sans l’autre et leur complicité est vraiment touchante. Apres, sont-ils plus que potes, l’un éprouve-t-il quelque chose pour l’autre… peut-être que l'un des deux en pince pour l'autre et qu'il n'ose pas lui dire... qui ferait le mec et qui goûterait à la virilité de l'autre... des potes hétéros qui franchissent enfin le pas, qu'est que c'est beau cette image... C'est beau à en chialer, n’est-ce pas ???? On peut tout imaginer, non?

    Comme le disait Henri Tachan : « entre l’amour et l’amitié, il n’y a qu’un lit de différence».

    ... deux chemises ouvertes... des abdos, des pectoraux qui se frôlent, des lèvres qui se touchent, des langues qui se mélangent... Humm…. doucement, très sensuellement, insoutenablement érotique et sensuel…… les pantalons ont volé, avec les sous vêtements; les queues se rencontrent... Hummmmm... une main approche les deux sexes et les enserre dans la même étreinte... la main commence des mouvements de va et vient, les deux garçons frissonnent au même temps... c'est la main de Jérém? celle de Thibault? Ou alors branle réciproque, debout, les yeux dans les yeux, brûlants de désir... les glands s'excitent, la main continue ses allées venues... la jouissance monte... allez, faites vous jouir, il n'y a rien de mieux dans la vie, faire jouir un beau gosse!

    Un premier jet jaillit allant s'abattre sur le relief des pectoraux de Jérém... c'est la semence à qui? Un autre jet part, c'est l'autre queue qui crache, et ça continue ainsi, un jet après l'autre, jusqu'à que les deux garçons se sont vidés de leur semence, jusqu'à que la pression dans leurs couilles soit relâchée, jusqu'à que deux beaux torses soient complètement trempés... les langues ne se sont pas séparées et les torses se rapprochent à nouveau, mélangent les jus des deux petits mâles. Et puis, c'est inévitable... un des deux garçons se penche pour lécher le torse de l'autre et goûter à ce magnifique cadeau viril... les rôles s'inverseront un peu plus tard... les queues seront à nouveau excitées à ne pas en tenir... cette histoire se finira avec un magnifique 69, qui se finirait, lui, avec chacun remplissant la bouche de l’autre et un baiser ou ils se mélangeraient leur jus… Et pourquoi pas une belle sodomie? Je ne sais pas qui je préférais dans un rôle ou l’autre... mais je les imagine assez aisément inverser les rôles, jouir l'un dans l'autre à tour de rôle... Je les imagine, l’un comme l’autre a genoux entre les cuisses de l’autre, la bouche pleine de sa queue, le mec qui se fait sucer tenant fermement la tête du suceur et lui imposant le rythme de la pipe, s’enfonçant jusqu'à la garde, le sucé gémissant « putain c’est boooon »….. et puis je les imagine après avoir fait l'amour, vidés, repus, après des ébats torrides, s’abandonner enfin dans les bras l'un de l'autre, la queue encore luisante de sperme.

    Avant de s'endormir, dans le noir, les caresses seront douces et sensuelles. Le matin se lèvera à travers les baies vitrées de la porte fenêtre de la chambre de Jérémie, projetant ses rayons lumineux sur un grand lit où deux garçons dorment toujours, l'un enlaçant l'autre dans le creux de ses bras, le visage enfoui dans ses cheveux.

    Oui, à défaut de baiser avec eux, les voir baiser ensemble, ça peut le faire aussi !!!!! Et on peut toujours rêver, rêver, rêver...

    Ah, ces deux jeunes loups si proches, si pleins de charme et de jeunesse… aurai-je un jour le privilège de satisfaire leurs envies de jeunes mâles, comme Jérém avais semblé l’envisager pendant l’un de nos ébats ? Je ne pouvais pas encore le savoir, au moment où j'ai croisé Thibault.

    Eh oui, il y a plusieurs types de mecs, et ce soir là j'en avais eu sous les yeux deux espèces bien différentes: d'abord le « Jérémie », le p’tit con label rouge, AOC, la tête à claques dont l'arrogance et l'abus dans l'utilisation de ses atouts sont la clef de voûte d'un charme dévastateur; ensuite le « Thibault », des mecs dont le charme est beaucoup plus discret, situé à l’opposé des premiers, des mecs qui sont si mignons, que ce soit dans l’inconscience de leur charme, ou bien dans la sous estime de leur pouvoir de séduction: deux attitudes contraires, deux chemins qui mènent enfin au même endroit, à un charme à damner non seulement un Saint, mais carrément un Dieu (grec de préférence).

    Le pire avec lui, c'est qu'il était beau, incontestablement beau, mais on avait l'impression qu'il ne s'en rendait pas du tout compte !!! Contrairement a ces p'tits cons qui se la pétent et se la jouent parce qu'ils savent qu'ils sont sexy (c'est d'ailleurs une des raisons qui font qu’ils m’excitent), lui il avait vraiment l’air de ne pas être du tout conscient de ça... il était juste beau et ne se rendait pas compte de comment il affolait les nanas et certainement pas mal de mecs... il était là, posé, bien dans ses baskets, juste craquant.

    Oui, Jérémie et Thibault, c'était si beau de les voir évoluer ensemble, avec cette complicité de jeunes loups appartenant à la même meute, presque issus de la même portée, si inséparables... c'est d'autant plus frappant et plus étonnant de penser qu'un jour ils seraient fâchés et leurs existences séparées à jamais... Mais à ce point de l'histoire ils sont toujours les meilleurs copains du monde et les voir ensemble donne à ce jeune homme curieux et surexcité que j'étais des idées lubriques spectaculaires...

    Regarder Thibault et Jérém, surtout Jérém me fait oublier tout le reste. Oublier le débardeur blanc. Et la frustration. C’est fou comme la vision de Jérémie a le pouvoir d’apaiser mon esprit et de le transporter ailleurs, de me faire oublier mon quotidien et de me faire planer.

    Ma cousine me propose de prendre un dernier verre avant de partir. Je lui dis de commander pour moi pendant que je vais faire un tour aux toilettes. Je contourne de la piste et je m’engouffre dans le petit couloir qui mène aux chiottes. Plus je m’approche, moins ça sent bon… Je pousse la porte sur laquelle est marqué « Hommes » et je me retrouve devant un alignement de portes de cabinets. Je continue sur ma gauche, direction le coin des urinoirs muraux, situé dans un recoin un peu reculé.

    Aucun bruit dans la pièce, sauf quelques sifflement de trop plein à l’étanchéité approximative, alors je m’étais imaginé être seul au monde. Au point d’oser un truc qui me rebuté dès que quelqu’un d’autre est là : faire pipi aux urinoirs. Ma surprise fut plutôt de taille quand, une fois arrivé devant l’alignement des urinoirs, je remarquai que quelqu’un d’autre était en train de se soulager. Je sentis mon cœur bondir dans ma poitrine et pousser sur le coton de mon t-shirt. Putain, je ne pouvais pas croire à mes yeux…

    Débardeur blanc. Himself. Je suis dérouté, j’ai envie de faire demi tour, de disparaître avant qu’il ne me voie. Mes jambes n’obéissent plus à ma volonté, par ailleurs absente, et le temps que je trouve la force de me faire violence pour partir, le mec s’est retourné et a capté ma présence. Putain qu’est ce qu’il est beau, un petit regard malicieux et coquin, un petit piercing à l’arcade surcilliaire… et ce débardeur blanc à hurler… ouf, à provoquer une crise cardiaque… d’ailleurs j’avais l’impression d’en vivre une tellement je sentais mon cœur s’emballer…

    Putain, il m’a attrapé du regard, il ne me lâche plus, il a un truc tellement magnétique dans ses yeux, je ne peux plus m’en détacher… can’t take my eyes out of you…

    Et il sourit. Ahhhhhh, ce sourire. Cette arme redoutable. Ce concentré de séduction qui ferait capituler n’importe qui, qui ferait fondre un mur en béton armé.

    Toujours face à l’urinoir, à deux mètres de moi, je le vois reculer à peine et tourner son bassin dans ma direction. Avant de croiser son regard, avant d’envisager ma fuite ratée, je m’étais approché d’un autre urinoir, mais j’étais tellement ensorcelé par ce regard que je n’avais pas eu le réflexe de défaire ma ceinture. Putain de mec… sa queue était là devant moi, droite, plutôt bien foutue, jolie et circoncise…dans un début de prise de forme plutôt prometteur…

    Débardeur : T’as envie ?

    Moi : Je ne sais pas …

    Déb : T’as envie ou pas… ?

    Moi : Si j’ai envie, mais…

    Déb : Tu suces ou tu te fais sucer… ?

    Moi : Je suce plutôt…

    Déb : On va là… - suggère-t-il en indiquant la porte d’un cabinet…

    Moi : Je ne peux pas mec, je suis attendu…

    Déb : Moi aussi je suis attendu, on va faire vite…

    Je regardais sa queue dans sa main, je la trouvais vraiment belle et invitante.

    Moi : J’ai trop envie mais je ne peux pas…

    Déb : allez, rentre dans une cabine…

    Moi : en plus c’est tout ce que j’aime…

    Déb : Alors on y va, cinq minutes…

    Putain qu’il me faisait envie ce mec… J’étais à deux doigts de craquer.

    Moi : Tu as une capote ?

    Déb : Non, mais c’est que de la suce…

    Ouais, que de la suce… toujours la peur dans le ventre… sucer un inconnu sans capote… pourtant, putain de putain qu’est ce qu’il me faisait envie… plus les secondes passaient, plus je sentais mes jambes flageoler… j’avais peur, peur de quoi… je ne sais pas… mais je me sentais pas rassuré…

    Moi : désolé mec, désolé…

    Je pris mes jambes au cou et je sortis presque en courant des toilettes…

    Sans m’être soulagé, je me précipitai vers ma cousine. Elle n’avait pas bougé de place, elle discutait avec Benjamin et sa copine. Quant à Jérém et sa clique, disparus, envolés : les places où ils étaient assis cinq minutes plus tard étaient vides.

    Plus de débardeur blanc, que je fuyais, plus de Jérém, plus de Thibault, la salle était sans intérêt à mes yeux. Et la techno me tape sur les nerfs à la longue ! Quand je suis énervé ou angoissé, me fait d’la bonne musique ! Sans attendre plus longtemps et sans autre forme de procès, me forçant à afficher une attitude joyeuse et taquine capable d’empêcher toute objection éventuelle de sa part, je l’entraînai à nouveau sur la piste de la salle disco ; choix heureux, car à notre arrivée, nous nous retrouvâmes à danser sur les basses puissantes et entraînantes de Gimme ! Gimme ! Gimme !… a man after midnight dont l’intro rythmique, reconnaissable entre mille, s’annonçait dans la puissance des enceintes, faisant vibrer toutes les fibres de mon corps. Pouvoir de la musique d’adoucir les mœurs, pouvoir de la danse de libérer les tensions, de défouler la frustration, de vider l’esprit.

    Frustré et nerveux, j’étonnai ma cousine quant à ma descente vis-à-vis de la bière qu’elle m’avait commandée, moi qui ne boit jamais plus d'une bière et ne tiens pas l'alcool. Les basses de la musique disco qui pulsait inlassablement des enceintes me faisaient vibrer et m’étourdissaient, l'alcool me détendait. La nuit avançait à grand pas, il serait bientôt temps de partir. La copine qui était seule à l’arrivée était partie depuis belle lurette avec le mec de tout à l’heure ; Benjamin et sa copine nous attendaient au bord de la piste. Fatigués, les jambes fauchées, dégoulinants de sueur, le nez saturé de la fumée de cigarette, nous décidâmes de les rejoindre pour un dernier tour dans les autres salles du KL juste avant de partir. Il était plus de trois heures et la boite ne désemplissait pas : la foule était toujours aussi dense qu’à notre arrivée, voir davantage… ah, la folle nuit toulousaine, avec ses troupeaux de mâles de l’espèce Homo rugbys aux muscles si saillants déambulant en mode chasseur, éméchés par l’alcool et aux besoins sexuels si évidents en cette fin de soirée…

    Je me faisais ce genre de réflexions, j’admirais la plastique de dingue de quelque jeune spécimen quand je sentis une main m'attraper par l'épaule…

    Salut…

    Putain de sourire à tomber. C'était lui. Je m’étais arrêté, sans prêter attention au fait que ma bande avait continué à filer, insouciant de les perdre et de passer le reste de la nuit à les chercher… Je m’étais arrête, le cœur prenant une accélération soudaine, sentant mes jambes défaillir, les yeux rivés sur ce t-shirt noir moulant, sur sa chaînette posée dessus, presque une déclaration criante de virilité, hypnotisé par ce brassard tatoué, par sa coupe de cheveux de jeune loup sexy… putain de Jérém, il était passé chez le coiffeur… qu’est ce que c’est sexy un beau mec aux cheveux courts… et quand je me rends compte qu’il sont plus courts que la veille car entre temps il est passé sous les ciseaux du coiffeur, eh bien, ça me fait un effet dingue. Putain, l’alcool aidant et désinhibant ma volonté, je me surprends à me dire que j’ai une envie folle de me coller contre lui, de l’embrasser et de lui caresser ces putain de cheveux bruns, de le serrer dans mes bras… avec un sourire encore plus appuyé et charmeur, un sourire puisant sa force dans le désir que mes yeux devaient trahir à cet instant encore plus qu’à l’ordinaire, il me coupa net dans mes fantaisies…

    Tu sors en boite maintenant ?

    Ça m'arrive, oui…

    Je ne t'y ai jamais vu…

    Je ne suis jamais venu ici, c'est ma cousine qui m'y a amené…

    Mes mots sortaient tout seuls, comme propulsés par l’état second dans lequel les séquelles de mes beuveries inaccoutumées m’avaient mis.

    Je vais rentrer… - m’annonça-t-il - tu veux que je te ramène ?

    T’es pas avec tes potes ?

    Si, mais eux ils vont rester…

    Sans mentionner ni même penser au fait que j’étais en voiture avec Elodie, je m’entendis oser d’un ton excessivement désinvolte:

    Ouais, si la course fait étape dans ta chambre…

    Naaan, pas ce soir, mon frère dort à l'apart…

    Dommage…

    Il sourit d’un air tellement coquin que j’eus envie de le frapper. Un quart d'heure plus tard, après avoir envoyé un sms à Elodie pour lui dire que je rentrais par mes propres moyens, la voiture de Jérém garée à 100 mètres de la maison de mes parents, je payais ma course en me penchant sur sa braguette bien rebondie ; je défaisais les boutons un à un, impatient de sortir sa poutre raide du boxer où elle dépassait déjà ; je me penchais sur son entre jambe, sur ce sexe qu’une bouche de nana avait déjà fait jouir un peu plus tôt dans la soirée… sa queue avait goût de sperme mélangé à une léger relent d'urine, du vrai bonheur, quoi…

    Quelques instant plus tard je soldais le restant du de la note pour mon rapatriement en voiture en avalant goulûment les giclées que sa queue envoyait au fond de mon palais.

    Voilà comment je me suis trouvé dans la caisse de Jérémie à 4 heures du mat en train de sucer sa queue.

    J'avais trouvé cette expérience dans la voiture particulièrement excitante.

    Quand il eut estimé que ma langue avait assez ouvré sur sa queue, il entreprit de se contorsionner sur son siège pour remonter le boxer et le pantalon, reboutonner la braguette et agrafer sa ceinture, la cigarette toujours pincée entre ses lèvres. Le voilà à nouveau tranquillement assis, le coude appuyé à la vitre, affalé sur le siège, l’autre bras abandonné au long de son corps, le cou nonchalamment incliné, la nuque lourdement posée sur l’appuie tête, l’ensemble décrivant cet état typique du mec en fin de soirée, un mec qui est fatigué, un mec qui a pas mal bu et qui a enfin joui : il est détendu, sa volonté dans un état d’abandon presque total, la cigarette est sa dernière amie de la soirée, avant que le contact avec ses draps lui offre le refuge ultime. En attendant, il est là, et moi à côté de lui, il finit de fumer sa cigarette, ses inspiration sont comme ralenties, son esprit comme parti ailleurs.

    La dernière taffe tirée sur ce qui restait de sa cigarette, il balança nonchalamment le mégot par l’ouverture de la vitre.

    Faudrait y aller mec, je vais rentrer…

    Jérém tournait la clef sur le contact quand je m’entendis lui lancer :

    Dis-moi, Jérém, pourquoi Guillaume ?

    Quoi Guillaume…

    Ton cousin…

    On fait des conneries quand on a bu… il aurait pas fallu…

    Je le regardais fixement, l’alcool agissant toujours sur ma pudeur.

    Quoi – fit-t-il – j’étais saoul, il était saoul...

    Il n'était pas sou, ce n'était qu'une ruse, et tu t’es bien fait avoir, mon mignon - je brûlais de lui jeter à la figure, mon sens profond de solidarité entre salopes m'empêchant de vendre la mèche.

    Tu l’as laissé faire…

    Tais toi, ça te regarde pas…

    Pourquoi tu m’as appelé ? Tu n’aurais pas pu le baiser sans m’imposer ça ?

    Bah, je ne sais trop quoi te dire, j’étais bourré, je n’ai pas réfléchi…

    Tu vas le revoir ? Le baiser encore ?

    L’alcool moins que la jalousie enchaînait mes mots.

    J’ai pas de comptes à te rendre, mec… c’est notre deal…

    Mouais, je pensai dans ma tête, un deal dont tu as écrit toutes les clauses que tu changes d'ailleurs à ta guise et sans prévenir...

    Vas y mec, je vais rentrer.

    Merci pour la course…

    Il ne répondit pas et je claquai la porte pendant qu’il démarrait le moteur. La voiture disparut rapidement au coin de la rue et je restai immobile sur le trottoir jusqu’à que le bruit du moteur se dissipe dans la nuit silencieuse. Ce petit en cas inattendu avec Jérém m'avait vraiment mis de bonne humeur. Ce moment que j’avais passé dans la voiture, cette gâterie sur sa queue qui dépassait juste de sa braguette, putain quel bonheur !

    J’étais heureux et soulagé : apparemment mon baiser de la semaine dernière ne l’avait pas affecté plus que ça. J’étais toujours un coup envisageable à ses yeux. Une seule ombre au tableau… Ce putain de Guillaume. Jérém ne lâchait rien. Allait-t-il le revoir et coucher avec lui sans moi ? L’idée de le savoir au pieu avec son cousin m’excitait et me rendait fou de jalousie au même temps.

    Je passai le dimanche à me branler en me repassant les images de Jérém prenant son pied dans le cul de Guillaume. Et Thibault… putain qu’il sentait bon en boite, ce beau gosse de Thibault…

    Jérém, Thibault… Thibault, Jérém… deux mecs, deux potes, si différents, pourtant si proches…

     

    It's so easy now, cos you got friends you can trust/Friends will be friends/When you're in need of love they give you care and attention/Friends will be friends/When you're through with life and all hope is lost/Hold out your hand cos friends will be friends right till the end.

     

    Voilà, c’est fini pour cette année… avant de commencer 2014 avec d’autres moments coquins entre nos deux futurs bacheliers, avant d’assister à des évolutions assez spectaculaires dans leur relation, voici mes meilleurs vœux pour que l’année 2015 soit un cru d’exception pour vous tous. Merci de votre soutien et de votre fidélité. Un seul souhait pour la nouvelle année, le même avec lequel Florence Foresti termine son dernier spectacle… « Tachez de tomber amoureux ».


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    Le lundi après cette nuit en discothèque terminée dans la voiture de Jérémie avec sa queue giclant copieusement dans ma bouche, je le retrouvai en cours. Mes sens en éveil après cette petite gâterie si excitante, je fus très déçu de voir que le beau brun n’envisageait pas de révisions ce jour là. Le mardi non plus.

    Ce ne fut que le mercredi matin qu’il manifesta son intention de me retrouver aux chiottes du troisième étage entre midi et deux … sa chambre d’étudiant étant inaccessible, son frère squattait une semaine chez lui. Je m’y rendis juste après la fin des cours de la matinée et il me rejoignit discrètement peu après.

    Dans la même cabine que la dernière fois, il me fit mettre à genoux, il ouvrit rapidement la braguette, pressé et inquiet d’être découvert comme un mec qui se dit hétéro et qui se fait sucer par un pd en cachette; il en sortit un sexe déjà bien avancé sur la route de l’érection et le posa sur mes lèvres. Celles-ci s’ouvrirent avec un bonheur non dissimulé et un instant après son gland touchait au fond de mon palais. Et comment aurait-t-il en être autrement avec ce mec, avec ce physique insoutenablement beau, ce torse aux proportions parfaites sur qui, une nouvelle fois, un t-shirt blanc avec un col en V plutôt ample se moulait avec une précision, avec un panache et un éclat à brûler les yeux ?

    Je le suçais avec un bonheur extrême, les images de samedi dernier dans la voiture se superposant à l’image en direct avec pour résultat celui d’en découpler la puissance érotique. Je me fis un honneur de bien astiquer son gland, le titillant d’abord avec le bout de ma langue, enroulant ensuite cette dernière bien autour de ce bout de sexe magique, léchant ce gland turgescent dans tous les sens, avec des appuis tour à tour plus légers et extrêmement marqués; je modulais ainsi la montée de son plaisir masculin et je le sentais frissonner successivement d’excitation et de frustration.

    Putain, quel bonheur de commencer à ressentir une telle compétence dans la maîtrise du plaisir d’un jeune mâle de ce genre… et cette entente tacite qui s’établissait entre nous… ses mains qui se faufilent à travers le col de mon t-shirt et se glissent sous le coton jusqu’à atteindre mes tétons… ma fellation qui prend alors une nouvelle dimension… son sursaut alors que le mouvement de ma bouche s’accélère… mes mains qui lui rendent la pareille autour de ses tétons, le faisant sursauter à nouveau et l’approchant dangereusement de l’éjaculation… une escalade excessivement plaisante vers des sommets de plaisir, une action parfaitement menée, un travail d’équipe rodée, une harmonie extrême, au point que, devinant qu’il allait arriver trop tôt à transformer l’essai, je mis alors un grand coup de frein sur l’action de jeu : je retirais mes mains de son torse, je délaissais sa queue pour me consacrer à un retour en terre (presque) inconnue, cet endroit magique, j’ai nommé ce petit creux entre la naissance de la queue et celle des bourses dont j’avais il y a peu découvert l’existence, cet endroit si généreux d’effluves qui ne sont pas sans donner une certaine idée du bonheur absolu.

    Oh combien furent-t-elles chargées d’émotions les retrouvailles avec ce petit coin de Paradis caché au milieu du sexe d’un beau garçon… je restais un bon petit moment à humer ce petit bout de peau, tout en continuant à branler sa queue pour le faire patienter vis-à-vis de l’absence de ma bouche et de ma langue autour de son sexe. Je savais qu’il n’aimait pas trop que je délaisse son gourdin pour partir dans ce genre de trip… mais putain, là était précisément mon pied et je comptais bien en prendre un peu, à ma façon…

    J’étais tellement enivré par toutes ces odeurs délicates que mes paupières tombèrent toutes seules, l’esprit ravi et transporté si loin… attiré comme un aimant par cet endroit caché et mystérieux, je finis par y approcher mon visage au point que le bout de mon nez en effleura la peau douce et chaude. Et quel bonheur, quel bonheur de déceler un petit frisson parcourant son corps à ce moment là, un petit décrochage de sa respiration, par ailleurs de plus en plus courte et bruyante, indiquant qu’il appréciait ce contact…

    Putain de mec… ce corps divinement beau semblait vraiment conçu dans le but exclusif de faire l’amour… de prendre et de donner du plaisir… son allure, son attitude virile, sa sexualité débordante, son regard, tout en lui puait littéralement le sexe… Faut vraiment admettre que j'adorais son odeur corporelle: c’était un truc à me faire craquer direct dès que je m’approchais de sa peau, c'était comme si son corps tout entier sentait l'amour. Et enfin, cette sensibilité de tout son épiderme, dans les moindres recoins, à des caresses, à des contacts inattendus…

    Ce mec semblait vraiment aimer tout ce que je lui faisais… dans les limites qu’il avait fixées dès notre première révision évidemment… cette limite étant la célébration de la supériorité de sa virilité, célébration dans laquelle je m’engouffrais chaque jour un peu plus avec un bonheur qui ôtait toute raison à mon esprit, dans un abandon total à l’ivresse provoquée en moi par ce garçon.

    Plus tard dans ma vie je rencontrerai d’autres mecs : certains se révéleront très chatouilleux à certains endroits ou alors pas très sensibles à d’autres… Jérém pour sa part, c’était le bonheur absolu de ce coté là… le bonheur de découvrir jour après jour que chaque centimètre de sa peau était sensible au plaisir… aucun endroit de son corps ne m’était interdit et toute expérience tactile était envisageable et lui procurait du plaisir, de l’excitation. La jeune salope que j’étais s’en donnait à cœur joie, et nageait en plein bonheur à chaque fois qu’elle découvrait un endroit inédit, un frisson inconnu par son amant.

    Jamais après lui, je ne trouverai une telle complicité d’envies, d’attitudes, de plaisirs avec un garçon. Que ce soit cette entente parfaite à niveau sexuel qui était notre seul relationnel à cette époque ou la relation qui viendra plus tard entre nous, beaucoup plus complexe et dans laquelle le sexe ne sera plus le seul ingrédient (tout en demeurant un élément excessivement important) je n’ai retrouvé à ce jour cette perfection, cette plénitude.

    Très ému de lui avoir fait découvrir cette nouvelle sensation, je sentis que ma langue avait envie de s’octroyer elle aussi sa part de bonheur. Elle sortit de ma bouche et alla lécher ce petit endroit magique, d’abord tout doucement, ensuite avec plus de vigueur pour finir avec des passages amples et bien mouillés étalées généreusement tout autour de ses couilles et le bas de son mat.

    Le mec sembla retirer un plaisir inattendu du travail inédit de ma langue autour de ses bijoux de famille, travail associé à celui jamais interrompu de ma main faisant des va-et-vient sur sa queue ; un plaisir tellement intense que je ne tardai pas à sentir son bas ventre se contracter dans le mouvement typique annonçant l’arrivée de l’orgasme. Une venue qui fut si soudaine, ses gémissements tellement contenus, que je n’eus que le temps de relever ma tête pour voir le premier jet s’échapper du bout de son gland et retomber dans le dos de mon t-shirt. Le deuxième arriva et s’abattit entre ma joue et la commissure de mes lèvres; j’arrivai à enfourner sa queue pour recueillir les suivants sur ma langue avant de les faire glisser lentement dans ma gorge.

    Pendant que je finissais de le faire jouir, je sentais son jus dégouliner lentement sur ma joue et me chatouiller la peau. Une fois son dernier jet expulsé, il retira sa queue de ma bouche ; il appuya ensuite son gland sur ma joue et, s’en servant comme d'un pinceau, il ramena vers mes lèvres la giclée abondante et épaisse que j’avais ratée un peu plus tôt. Je levais les yeux pour le regarder faire… putain de mec tellement viril, se deux mains dirigeant sa queue tendue pour me faire avaler son jus, s’y reprenant à plusieurs reprises, jusqu’à me faire profiter de la toute dernière goutte. Docile et soumis, je nettoyais avec ma langue ce jus à fur et à mesure que sa queue le ramenait à mes lèvres. Je terminai par astiquer sa queue de fond en comble, me poussant à aller chercher dans le tissu de son boxer les quelques traces de jus que mon manque de réactivité m’avait fait rater. Et là encore, putain, quelle envie de me perdre là dedans, le nez dans le lycra de son sous-vêtement, ma tête entre ses jambes, ses bourses frôlant mes cheveux.

    Ce fut à Jérémie d’y mettre un terme, bien trop tôt à mon goût, à ce moment d’extase. Il recula son bassin, l’éloignant ainsi de mon visage, il remonta son caleçon pour y ranger sa queue, ce qui n’était pas une mince affaire puisque elle n’avait toujours pas débandé ; il reboutonna le jean et sortit de la cabine en premier, me laissant là à genoux, sans un mot, sans un regard, la joue encore souillé par des traces humides de son jus de mâle, la bouche copieusement tapissée de ce goût si fort, si agréable de jeune mec.

    Qu'est ce qu'elles étaient bonnes ces pipes inattendues… certes mon ti cul frémissait de désir et d'envie... mais alors, quel bonheur d’avaler son jus de mec… un bonheur, une envie grandissants, insoutenables… j’avais constamment envie de le prendre dans ma bouche, de le sucer, de le sentir prendre son pied, de sentir ses jets chauds percuter mon palais… sentir et garder son goût dans la bouche pendant le plus longtemps possible… comme l’après midi de ce mercredi là, quand il me fut impossible de me concentrer sur mes cours tellement son goût persistait dans ma bouche, la trique dans mon caleçon, mes yeux rivés sur lui assis juste devant moi, pensant à sa queue, à sa façon de me remplir la bouche, à sa queue qui nettoie ma joue, hummmm, une envie déchirante de lui sauter dessus et de le faire jouir encore et encore…

    Hélas, mon envie ne pouvait s’exprimer que si le beau brun en disposait. Je vous le donne en mille, voilà que le lendemain le beau brun choisit de ne pas en disposer. Sexy comme toujours, la chaleur du mois de juin aidant, poussant le vice jusqu’à arriver en cours avec un débardeur noir d’une beauté à me donner des palpitations assorti à un short qui découvrait ses mollets et le bas de ses jambes légèrement poilu mais si puissants et harmonieux à la fois… sans parler de ces putain de lunettes noires de bogoss qu’il chaussait dès qu’il sortait dans la cour, lunettes portées au dessus de sa coiffure aux cheveux courts le restant du temps… putain de mannequin à claques… je pense que si Lagarfeld t’avait connu à cette époque, tu aurais été sa muse à la place de cette tête de nœuds de Baptiste…

     

    Et si le jeudi ce fut jour de disette, le vendredi ce fut à nouveau jour de révisions. Chez lui. Le frangin était enfin parti. Dommage… j’aurai bien voulu le voir le frérot de mon bel amant… est ce qu’il serait si beau, sexy et con que Jérém ? Est-ce qu’il baiserait aussi les mecs, en plus des nanas, comme son grand frère ? Si depuis le samedi, quand Jérém m’avait annoncé qu’il dormait dans son apart, mes fantasmes avaient eu bon train, je savais bien que ce jour là je n’aurai pas la réponse à mon questionnement.

    Maintenant qu’il était parti, je pouvais retrouver le beau brun sur son lit. Lorsqu’il ouvrit la porte, il était déjà torse nu. Quand je dis que ce mec aimait le risque, c’est à ça que je fais allusion. On tape à ta porte, alors que t’es gaulé comme un Dieu (du Stade). Je ne sais pas moi… moi à sa place je prendrais des précautions. Prend une assurance vie, passe un t-shirt. On ne sait jamais… tu pourrais te trouver en face de quelqu’un faible de coeur… là c’est la crise cardiaque assurée… ou alors en face d’une nana en rut… là, c’est le viol assuré… ou alors devant un pd, et là, c’est juste un regard admiratif, subjugué, hypnotisé, conquis, plein d’envies et de bonnes intentions : oui, j’aime à croire que le pd est la seule créature sur terre à pouvoir pleinement apprécier la beauté surnaturelle de ce genre de mec.

    Sa peau mate sculptée sur un relief d’abdos indescriptible dégageait une tornade d’effluves masculins et de deo de mec… un mélange explosif qui envahit mes narines au même instant que l’image se grava dans ma pupille incrédule. Putain de mec. Quand je dis que son corps tout entier sentait l'amour…

    Il ne se passa pas plus que trois secondes entre l’instant où ma main quitta la poigné de la porte pour saisir la poignée bien raide de Jérém. Faut dire que le coquin, semblant plutôt impatient de prendre son pied, m’avait bien avancé le travail ; la porte n’était pas encore refermée derrière moi que déjà il était dos au mur, la ceinture était défaite, la braguette ouverte, son jean et boxer blanc descendus à mi cuisse; mes genoux touchaient tout juste terre quand cette queue à la forme pétante, dressée dans toute sa splendeur au beau milieu de ce corps parfait, se présentait devant mes lèvres, gonflée de puissance et de virilité, suscitant en moi un désir devant lequel je capitulais sans résistance.

    Me voilà devant ce manche puissant dressé devant ses tablettes de chocolat odieusement sexy, prêt et impatient d’apprécier au plus juste le plaisir exquis, le bonheur immense, le privilège sans pareil d'avoir sa queue frémissante, frétillante et bien tendue dans ma bouche.

    J’ouvre mes lèvres et j’avale lentement son sexe au plus profond de ma gorge, millimètre après millimètre, mes lèvres serrant bien sur son passage, ma langue titillant d’abord le gland et le bas de la queue en suivant. Je reste ainsi un instant, mon palais envahi par son sexe tendu, par sa virilité puissante. Sa main glisse sur ma nuque, imprimant une pression assez vigoureuse qui a pour effet d’enfoncer sa queue encore un peu plus profond dans ma gorge… je suis à la limite du haut le cœur, mais je tiens bon, son bassin commence ensuite des petits mouvements de va-et-vient, ses deux mains désormais fermement posées sur ma nuque. Je l’entend lancer, la voix étranglé par l’émoustillement :

    Putain de gorge profonde, tu l'as presque toute avalée…

    Ses mots crus résonnant comme de la pure poésie à mes oreilles. Ajoutant le geste à la parole, Jérém fait un truc de dingue : il sort sa queue de ma bouche, il me repousse l’épaule, il se décolle du mur et me fait signe de prendre sa place. Me voilà loti comme notre toute première fois, la nuque prise en étau entre le mur et sa queue qui s’enfonce lentement dans ma bouche, qui glisse jusqu’à la garde sous l’avancement sensuel de son bassin; après un instant de répit, son bassin commence à pilonner ma bouche avec une force et une rage que je ne lui avais jamais connues.

    A cet instant, je ne gère plus rien… je ne suis qu’un trou dans lequel un beau male dominateur prend tout son pied. Son rythme change ensuite, devenant au fil de l’enchaînement de ses coups de reins de plus en plus appuyé, Jérém serrant progressivement ses doigts autour de mes cheveux, imposant le rythme infernal d’une pipe sauvage… il saisit mes cheveux si fermement qu’il ne se rend pas compte que ses doigts attrapent aussi mon oreille ; ses mains, ses bras attirent ma tête et ma bouche sur son sexe, le tout coordonné avec ses coups de reins, dans une frénésie de baise dont le coté excitant n’avait d’égal que dans ma difficulté de plus en plus insurmontable à reprendre le souffle, à différer cet instant de répit qui m’aurait permis de retrouver mes esprits…

    A un moment je n’en peux plus, je manque d’air, je le repousse violemment. Instinct de survie. Il revient illico, je le repousse encore, j’ai besoin de reprendre mon souffle.

    Attend… ! – je lui crie tout bas. Je baisse à peine ma tête, le souffle court, en train de reprendre mes esprits. Les odeurs de mec qui se dégageaient de son bassin donnaient l’assaut à mes narines et me firent bientôt retrouver l’envie de l’avoir dans ma bouche. Je n’eus qu’à relever à peine ma nuque pour que le signe fut interprété comme un feu vert. J’entrouvrît à peine mes lèvres et sa queue s’y glissa illico, recommençant ses allées et venues si puissants et violents.

    Sans un mot, ses envies devenaient mes envies. Plus rien d’autre existait pour moi que son plaisir à lui. Sans un mot, tout passant par son attitude, par des gestes d’une virilité insoutenable, une autorité plus forte que s’il s’était adressé à moi dans les termes classiques:

    Prends la bien au fond...

    Jérém semblait pris dans une telle tempête des sens que rien autour de lui n’avait plus de valeur… ce n’était qu’un bête enragée dont le seul but était de jouir, le plaisir montant le rendant complètement déconnecté de toute empathie et de toute conscience vis-à-vis de ses agissements. Fallait-t-il imaginer,  comme j’aimais le faire, que c’était la tempête des sens qui le rendait si sauvage et si brutal ? Ou bien, admettre qu’il prenait du plaisir à me traiter ainsi? Sa raison s’éclipsait-t-elle devant l’éruption du plaisir ou alors était-t-elle au service d’un érotisme débridé teinté d’une nuance de sadisme? Sa brutalité était-t-elle une conséquence de son état d’excitation ou une volonté délibérée ?

    Quoi qu’il en soit, ce soir là Jérém était plutôt en forme, plutôt surexcité… je ne l’avais jamais vu dans cet état là, même pas quand il avait un peu bu… on aurait dit que ça faisait une éternité qu’il n’avait pas baisé… peut être depuis la gâterie dans les toilettes du troisième ? Plus de 48 heures ? Aurait-t-il même oublié de se branler pendant cette insoutenable période d’abstinence? J’avais du mal à le concevoir, mais essayer d’y croire augmentait encore mon excitation et m’aidait à supporter les assauts de plus en plus violents portés par sa queue dans ma bouche.

    Au bout d’un long moment de fellation de plus en plus sauvage et brutale, le mec se retira soudainement de mes lèvres. Je le vis se positionner face au mur juste à coté de moi, y appuyer ses mains, incliner son buste et cambrer ses reins… sa rondelle offerte ne laissait aucun doute quant à ses envies… quand la question est si clairement posée, la réponse ne peut être que précise et exhaustive. Je m’apprêtais à m’engouffrer dans cette partie de l’intimité du beau mâle quand un autre détail anatomique capta mon attention.

    La position du bassin telle que Jérémie l’avait posée, faisait que ses bourses pendaient bien nettes dans son entrejambes, mettant en évidence le galbe délicat, émouvant et parfumé de ses testicules. La tentation était trop forte. Je décidai alors de le surprendre, quitte à me faire jeter. Ma langue se pose alors juste en dessus de ces bourses bien remplies et si invitantes, elle se met à lécher la raie du milieu, jouant avec ces couilles si douces et si lourdes, massant tour à tour l’une et l’autre, s’engouffrant entre elles, les faisant monter, redescendre, jouant littéralement avec, pendant que mon nez respirait à plein régime les odeurs masculines s’y dégageant.

    Je guettais la réaction de mon jeune et fougueux amant vis-à-vis de ce changement de programme inattendu… mes craintes se dissipèrent aussi tôt, lorsque je sentis sa respiration se faire plus profonde et irrégulière, signe évident d’une montée de plaisir assez conséquente. Je poussais mon effronterie jusqu’à en gober une et de la garder un instant bien au chaud sur ma langue… et comme là encore j’eus l’impression que mon initiative avait passé le crash test, je n’aurais pas supporté de ne pas réserver le même traitement à sa sœur jumelle… faut être juste et cohérent dans la vie. Aller au bout des choses.

    Une fois de plus, j’étais arrivé à le surprendre, me voilà fier comme Artaban. Preuve en est que sa main gauche avait glissé sur sa queue pour entreprendre de la branler tout doucement. Je prenais vraiment du plaisir à jouer ainsi avec ses coucougnettes et j’avais envie de m‘y attarder longtemps ; hélas, j’étais en face d’un garçon qui avait les idées plutôt claires quant à ses envies… alors, quand il avait un truc derrière la queue, il ne l’avait pas ailleurs… le mec voulait que je m’occupe de sa rondelle et un mouvement d’avancement de son bassin plutôt soudain sonna la fin de la recréation, cette récréation que je m’étais octroyée de façon unilatérale et qu’il devait estimer avoir bien assez longtemps tolérée, la fin de ce moment de pur bonheur passée à jouer avec ces jolies boules, ces boules que j’aimais tant car elles n’étaient pas moins que le cœur même de sa virilité.

    Il me commanda ainsi, sans un mot, rien qu’avec une communication corporelle qui ne laissait guère place aux interprétations, de bien lui lécher la rondelle, chose que je fis pendant un long moment et avec un entrain qui semblait le ravir au delà de toute espérance. Décidemment, Jérém avait l’air survolté ce soir là… Plus tard je me rendis compte que dans la pièce planait une odeur qui ne m’était pas vraiment inconnue, une odeur que je me souvenais avoir sentie la nuit du plan avec son cousin, une odeur que, associée à une cigarette grossièrement roulée, mi consumée et abandonnée sur la table de nuit, me fit comprendre qu’il s’agissait de cannabis. Ce qui donnait à mes yeux des nouveaux éléments d’explication concernant l’attitude déchaînée et limite brutale du jeune homme.

    Ma langue s’affairait sur et dans son petit trou, goûtant à la peau fine et chaude de sa rondelle, se poussant de plus en plus loin dans son intimité la plus inviolée.

    Putain, c'est terrible, vas y, continue, c'est trop bon !

    Jérém était presque dans un état second. Décidemment la parole serait restée une denrée rare ce soir là. Sans prévenir, il éloigna ses fesses de ma bouche ; il se retourna et me présenta à nouveau ma queue devant ma bouche. Le mec qui n’avait jamais cessé de faire coulisser ses doigts sur son sexe était visiblement au bord de la jouissance. Il m’avait dit « Prend ma queue, je vais jouir dans ta bouche, tu vas tout avaler » ça n’aurait pas été plus clair.

    Au lieu de quoi, sans un mot, il avança son bassin, il appuya son gland sur mes lèvres tout juste ouvertes et un jet épais en jaillit ; il laissa glisser sa queue entre mes lèvres mettant quelques coups de reins plutôt vigoureux au terme desquels il finit d’éjaculer le reste de sa semence dans ma bouche.

    Putain, quel bonheur de se faire d’abord défoncer par un petit con sexy pareil! Un petit con qui jouit dans ma bouche, qui range ensuite sa queue dans son boxer, remonte son pantalon sans même se préoccuper d’agrafer sa ceinture ou de passer un t-shirt, sans m’adresser le moindre regard, pour aller fumer en terrasse le reste de cette « cigarette » qu’il avait attrapée au passage sur sa table de nuit.

    Il en revint cinq minutes plus tard. Ceci explique pourquoi six minutes plus tard j’étais allongé sur le dos, un coussin sous mes fesses, le pieu de Jérém bien enfoncé dans mon fion, ses coups de reins me labourant de fond en comble et me procurant un bonheur sans égal. Voir le mâle en train de baiser dans toute sa splendeur, voilà l’extase. Etre sa femelle, l’élue de sa queue, voilà le statut que j’ambitionnais par dessus tout en ces moments d’excitation. Je le regardais là, dressé devant moi, son bassin s’agitant autour de mon trou de balle, sa queue complètement enfouie en moi, ravi du contraste extrême auquel j’assistais, le contraste qui décrit au même temps la complémentarité parfaite de nos sexualités, le contraste entre le plaisir excessivement masculin que ce mec était en train de prendre et mon plaisir à moi, un plaisir plus passif mais également intense, un plaisir qu’à priori n’a rien de masculin mais qui était bel et bien le mien, ce mouvement de lime et de bien être que sa queue procurait par ses passages répétés, par ses frottements réitérés sur les parois de mon anus, les coups mis au plus profond des entrailles sollicitées à bloc. Le plaisir de voir ce mec prendre son plaisir. Le mec aimait baiser et moi j’aimais me faire baiser. C’était bon et c’était beau, c’était le nirvana. Je m’entendis gémir de plaisir. Comme une petite chienne en chaleur.

    Vas y, couine comme une vraie petite pute…

    C’est bon, Jérém… je chuchotai…

    Plus fort…

    C’est trop bon ça, c’est le pied…

    Vas y, plus fort encore, dis le que tu adore te faire défoncer par un mec qui a une bonne queue…

    Ah oui, putain, ta queue est fabuleuse… elle me donne un pied de ouf…

    T’as envie d’en prendre plein le cul…

    Oh, oui, vas y prend ton pied, autant que tu vois, et remplis moi…

    Je vais te remplir, oui, je vais te fourrer ta chatte de petite pute…

    J’adorais le voir en train de me baiser tout en m’insultant, me traitant de salope; je fondais en matant les mouvements de sa petite chaîne sur la peau douce de ses pectoraux, je jouissais en regardant l’image du plaisir se projeter sur l’écran de son visage, dans sa respiration ; et son odeur, son parfum, tout un univers de sensations olfactives qui me shootait comme le plus puissant des joints…

    Ses coups de reins étaient de plus en plus amples et rapides, le plaisir que je retirais du passage déchaîné de sa queue était tel que je faillis jouir sans me toucher. Mon corps tout entier était secoué par la violence de ses assauts puissants et sans retenue.

    Je vais te remplir… tu vas avoir le cul qui déborde avec tout ce que je vais te mettre…

    Je sentais, je voyais qu’il allait jouir. Ah, cet instant incroyable, si intense, si beau, si attendu, si excitant et si passager, qui nous happe quand on se rend compte qu’un beau garçon va se vider en nous… c’est toute la beauté du monde qui se presse dans nos yeux à ce moment là, tout le bonheur possible pour notre esprit. Et quand on voit les spasmes traverser son corps, quand l’orgasme fait évaporer son esprit, là on s’accroche pour ne pas défaillir. Oui, je faillis tomber dans les pommes quand, en lisant entre des signes révélateurs – ses paupières qui tombent, les lèvres qui s’ouvrent dans un râle incontrôlé – je vis littéralement passer sur son visage les giclées qu'il était en train d'injecter en moi.

    Il s’affala alors sur moi, épuisé, ventre contre ventre, sa peau sur le coton de mon t-shirt, son visage dans mon cou… Je sentais une telle chaleur, une telle plénitude générée par la présence de sa queue dans mon trou, par le bien être de sentir tout le poids de son corps sur moi, alors, quand je crus deviner les prémices des mouvements qui l’auraient rapidement mené à sortir de moi, je ne pus m’empêcher de lui lancer :

    S’il te plait, reste encore un peu en moi…

    Je n’avais pas fini de parler qu’il se relevait déjà, me dominant de tout son torse et toute sa masculinité. Sa queue était toujours en moi.

    Vas y, branle toi !

    Programme inédit et surprenant qu’il m’annonçait le lascar. J’entrepris alors d’exécuter son souhait. Et alors, quel plaisir inattendu, quelle excitation extrême que de me branler, le fion envahi par la présence débordante de sa queue, rempli et fourré de son jus de mâle… comble du comble du bonheur et de l’excitation, j’avais même la sensation que Jérém éprouvait un certain plaisir à me regarder me branler ; encore mieux, j’eus à plusieurs reprise l’impression, pendant que je travaillais mon manche, qu’il continuait à mettre des coups de reins légers entre mes fesses… je giclai ainsi rapidement sur le bas de mon t-shirt, mon orgasme décuplé par la présence de Jérémie, ce fantasme sur pattes, cette virilité insoutenable et par la présence de sa queue en moi, mon anus se contractant autour de son sexe lors des éjaculations, me renvoyant ainsi une surprenante sensation d’invasion, d’occupation de mon intimité qui faillit me faire partir en plein délire de gémissements.

    J’avais joui, je m’étais vidé dans un orgasme plutôt intense et copieux ; qu’à cela ne tienne, ses coups de reins n’avaient guère cessé, au contraire, ils reprenaient de l’ampleur… putain, il était à nouveau en train de me tringler, sans même avoir déculé… quelques minutes à peine après avoir joui… putain de mec !

    Sa queue, lubrifiée par sa précédente éjaculation, glissait avec une facilité extrême entre mes fesses… il souleva mes jambes avec ses bras puissants, mes pieds posés sur ses épaules, me pilonnant avec une vigueur inédite et compétemment déroutante, quand on pense que le jeune étalon était à sa troisième galipette en quelques minutes à peine…

    Ses gestes étaient puissants, précis, virils. La queue bien au chaud dans mon intimité, il allait me féconder à nouveau… sa respiration était profonde, il soufflait comme un petit taureau en rut.

    Il commença assez gentiment, mais ses va-et-vient prirent rapidement une ampleur et un déchaînement sans précédents… au bout d’un moment, j’avais le cul endolori, presque en feu… mon excitation retombée après mon éjaculation toute récente, l’émoustillement de le voir prendre son pied en moi ne suffisait plus à couvrir la douleur que gagnait de plus en plus mon bas ventre et mon ti trou… pour la première fois je me retrouvais à espérer que sa jouissance arrive vite pour que cesse le supplice… j’avais de plus en plus mal, mais je n’osais pas lui demander d’arrêter… malgré ma volonté de le laisser aller au bout, mon visage devait montrer ma peine, car à un moment Jérém me lança d’une voix rageuse :

    T’en as déjà assez que je te démonte le cul… n’est ce pas… tu vas me supplier d’arrêter…

    Je ne répondis pas.

    Vas y, espèce de pute, t’as envie de te faire défoncer mais tu ne tiens pas le coup, c’est ça ? Vas y, dis le que t’as envie de crier que t’as le cul cassé et que tu me supplies d’arrêter..

    Nouveau silence gêné et troublé de ma part.

    Vas y, putain…

    Devant son insistance, je décidai enfin de le contenter.

    Oui, ta queue est tellement puissante, t’es tellement un vrai mec que j’ai le cul en feu, arrête s’il te plait…

    Espèce de salope…

    J’en peux plus, tu es trop, tu m’as épuisé… tu m’as eu…

    Tu vais attendre encore un peu, ça va venir, je vais encore te fourrer comme tu le mérites…

    Je ne pouvais pas lui faire ça, lui empêcher de jouir une dernière fois.

    Vas y, mec, vide toi encore dans mon ti cul…

    Et il jouit. Encore. En moi.

    Tiens, prend ça, prend ça, encore, tu vas en avoir plein le…

    Sans qu’il puisse terminer sa phrase, je le vis s’envoler à nouveau dans un grand râle de plaisir qui marquait également l’effort physique produit pour atteindre ce nouvel orgasme, comme en témoignaient également l’état de son front et celui de son torse, désormais dégoulinants de sueur…

    … plein le cul… - arriva-t-il à articuler dans un dernier effort, les mots se perdant au fond de sa gorge privé de souffle, juste avant de dégager presque violemment mes chevilles de ses épaules et de s’affaler à nouveau sur moi, complètement épuisé et privé de ses forces, appuyé ventre contre ventre, son visage dans le creux de mon cou, tourné vers mon épaule, sa queue toujours en moi…

    Le mec ne bougeait plus, pesant de tout son corps sur le mien, sa poitrine bougeant au rythme de sa respiration accélérée, son souffle chaud sur mon épaule… les battements de son cœur rapides, puissants, se mélangeant, se superposant aux miens… ce n’était plus sa puissance sexuelle que ce mec me communiquait ma sa puissance de vie toute entière.

    Je crois que là il va rester un moment… surtout si je ne lui demande rien… il a l’air tellement épuisé qu’il va récupérer un instant avant de se relever… putain, putain, putain… il est tombé comme un lapin après le coït… il est là sur moi, son corps chaud et tout moite de sueur contre le mien, vulnérable, si beau qu’on ne peut pas le décrire… son corps vidé momentanément de toute sa virilité, privé de toute volonté, dans un état d’épuisement et d’absence total, sa puissance sexuelle évaporé dans la jouissance que mon corps avait collecté dans tous les endroits où il avait bien voulu l’exprimer. L’odeur de sa masculinité planait autour de lui, m’enveloppait et se répandait dans toute la pièce.

    Mes sens étaient encore enchantés dans un tourbillon de sensations qui les accaparaient totalement, ravis par des sensations visuelles, tactiles, d’odorat, de goût, d’ouie qui me rendaient dingue.

    Mais là, à ce moment précis, ce mec abandonné sur moi de tout son poids était une sensation qui balayait d’un coup toutes les autres : cet abandon, cette petite mort qui suit l’orgasme rendait à mes yeux ce mec attendrissant à un point que je ne peux même pas l’expliquer. Sur mon ventre je n’avais plus un étalon en rut, mais un garçon fragile à qui j’avais une envie folle de faire des câlins, de le serrer dans mes bras… et son cou à porté de ma bouche, cette tentation… trop envie de lui faire un bisou. De la folie.

    Je passai ainsi un bon petit moment sans bouger, un moment qui s’étira au point que je commençais à penser que Jérém s’était assoupi dans cette position. Sa respiration et son souffle étant les seuls éléments de vie dans la pièce plongée par ailleurs dans un silence complet. Et si c’était le cas, je commençais à en éprouver un bonheur sans précèdent, Jérém qui s’abandonne sur moi, la tête dans le creux de mon épaule juste après m’avoir fait l’amour…juste après m’avoir baisé, quoi…

    Je n’y tenais plus… face à son immobilité prolongée, me convainquant qu’il devait vraiment être assoupi, je ne peux m’empêcher de remonter mon bras libre pour lui caresser le bas de la nuque, là où ses cheveux son coupés si courts et où ils ont l’air si doux…

    Ahhh, comble du bonheur, ma sensation était fondée… Sa peau et ses cheveux sont si doux à cet endroit que me doigts en sont surpris, mon coeur subjugué, ému, j’ai envie de pleurer tellement c’est bon de le caresser, de sentir cette douceur tiède sous mes doigts… je sens mon cœur s’emballer, une larme monte à mes yeux… ma poitrine a un sursaut léger qui ne trompe pas… je ne vais pas pouvoir me retenir… l’émotion est trop forte alors que ma raison me dit « faut pas Nico, faut pas, faut pas qu’il te voit chialer… ». Hélas, à ce moment là la raison n’avait plus d’armes pour lutter contre le trop plein d’émotions qui débordait de mon cœur… pendant que je m’attardais dans ses cheveux le temps de deux ou trois passages légers de mes doigts,  une larme perla de chaque coté de mes tempes… … Toujours pas de mouvement de sa part. Malgré une envie irrésistible de le câliner et de le serrer dans mes bras, je ne m’attarde pas davantage dans cette caresse du bout des doigts, j’ai trop peur de le réveiller et de le contrarier… De plus, j’ai besoin de me calmer, de faire retomber mes émotions et laisser sécher mes larmes avant qu’il ne se relève, je ne veux pas qu’il me voie dans cet état.

    Pourtant, la cessation du contact avec cette région inexplorée de son corps, comme les premières secondes après la fin d’une symphonie de Mozart dont on dit que c’est encore du Mozart, ne fit pas cesser mon émotion et provoqua en moi un sursaut de tendresse irrésistible. Le souvenir du contact de mes doigts avec cette région de son anatomie, que je savais être hautement érogène et apaisant à la fois, par le correspondant sur ma propre anatomie, me procura une telle sensation de bonheur, un tel transport envers ce jeune homme abandonné sur moi que mon cœur fut à nouveau débordé d’émotions, pris d’une envie définitivement inéluctable de poser mes lèvres sur la peau mate de son cou.

    Avec un petit mouvement de la tête, je ne résiste pas à la tentation… j’effleure à peine son épiderme que Jérém se relève de moi dans un regain de forces soudain et presque brutal. Il descend du lit, se poste devant moi, la queue à peine moins tendue, il me toise, l’air mauvais, sans me lâcher du regard. Je baisse les yeux, attendant que l’orage tombe. Je remarque alors des traces brillantes sur les abdominaux du beau garçon. Après sa dernière jouissance, il s’est affalé sur moi, il est carrément tombé sur moi, et au contact de mon t-shirt trempé de mon jus il s’en est souillé. Putain, s’il le remarque ça va encore me tomber dessus… L’orage va se transformer en tempête…

    Au bout d’un instant qui me parut durer une éternité, il me lance, froid et limite hostile :

    Ne recommence plus jamais ça…

    Je ne m’étais pas trompé le soir après le départ de Guillaume, Jérém n’est vraiment pas prêt pour ça. Plus tôt ce jour là, en jouant avec ma langue sur ses castagnettes, je m’étais fait la réflexion qu’aucun endroit de sa peau ne m’était interdit dans la course vers son plaisir… hélas, fallait bien admettre qu’il y en avait bien certains qui l’étaient et que la mise à disposition de son corps à mon profit pour lui donner du plaisir s’arrêtait à la base de son cou. Ce dernier, ainsi que ses cheveux, son visage, sa bouche, sa langue, voilà autant d’endroits magiques dont l’accès m’était fermement interdit.

    Il saisit alors de son jean, qu’il passa à vitesse grand V; il ramasse son paquet de cigarettes tombé par terre à coté du lit et il repart fumer en terrasse.

    Pendant qu’il taffe, appuyé au parapet le regard perdu en contrebas vers la rue, je me motive à prendre une douche. Sans lui demander. Il n’avait pas bronché la fois que son cousin s’y était aventuré, je ne voyais pas parce que il en serait autrement avec moi.

    Le passage sous l’eau chaude me fait un grand bien, je me sens revigoré et la douleur que je sens monter dans mon bas ventre, cette douleur que je sais par expérience va me tourmenter tout le week-end et me suivre pendant une bonne partie de la semaine suivante, s’apaise provisoirement sous les bienfaits de cette tiédeur relaxante. En me baissant pour savonner mes jambes, je remarque dans le bac des traces rouges… du sang… je comprends de suite… la violence de ses assauts a fini par blesser mon ti trou. Je me disais bien qu’un jour cela devait arriver… Je me dis que ça ne doit pas être aussi grave et je continue à me doucher malgré la brûlure que je ressens à cet endroit. Je laisse couler l’eau assez longtemps, elle a un effet apaisant sur mon esprit également, comme si elle avait le pouvoir de nettoyer mon cœur que je sentais sali après la violence des assauts de Jérém…

    Putain, j’ai vraiment eu mal… pourquoi je lui ai laissé faire ça… ? Pourquoi cette rage de sa part ? Etait-elle vraiment due qu’au shit qu’il avait fumé avant et pendant notre partie de jambes en l’air ? Cette douleur est elle supportable et légitime pour célébrer sa virilité ? Jusqu’à où suis je prêt à aller pour lui faire plaisir sexuellement ?

    Je sors de la salle de bain quand Jérém passe la porte fenêtre. Il s’arrête net et me laisse passer, sans un mot, sans me regarder. Je me rhabille à toute vitesse, sans trouver le moyen qui me paraisse opportun pour casser ce silence assourdissant.

    Putain de mec, sexy et insupportable… appuyé au mur juste à coté de la porte fenêtre, torse nu, son regard à nouveau perdu dans la rue, il a l’air si triste, si vidé qu’il en est touchant. Je suis déchiré entre l’envie de le frapper pour avoir été si violent avec moi et le désir fou de m’approcher de lui et de le serrer dans mes bras, malgré la violence qu’il a fait subir à mon corps et qui pulsait de façon de plus en plus insistante dans mon fondement… j’avais vraiment une envie déchirante de le prendre dans mes bras qui passait par dessus tout le reste… je me faisais violence pour me retenir, mon seul frein étant l’insupportable certitude qu’il me repousserait, violemment qui plus est…

    Avoir tant de tendresse à donner, s’imaginer le bien qu’elle pourrait faire à celui à qui elle est destinée autant qu’à celui qui la dispense ; avoir en soi cette tendresse et la voir refusée, méprisée… quel gâchis et quelle tristesse ! Tant de tendresse à donner et un besoin si fort et déchirant d’en recevoir, ce ne serait qu’un tout petit geste qui me ferait me sentir autre chose que son trou, son vide couilles… j’avais mal dans mon corps et mal dans mon cœur, j’avais envie de pleurer, j’avais besoin d’un tout petit signe de sa part, une main sur l’épaule, un sourire, même une poignée de main, un « au revoir » sans fuir mon regard… tout sauf cette froideur, cette absence qu’il m’envoyait à la figure après m’avoir utilisé pour se soulager…

    J’avais à un point le cœur lourd que je ne pus me résoudre à partir sans tenter un dernier truc :

    Jérém…

    Quoi ? – répondit-t-il, tout continuant à fumer sa deuxième cigarette, sans quitter la rue des yeux.

    J’ai envie de te prendre dans mes bras…

    Tu devrais y aller…

    On t’a jamais fait un câlin ?

    Je baise, je fais pas de câlins…

    Il sortit en terrasse et retourna s’appuyer penché sur le rebord de la rambarde. La dernière image que j’emporterai de cet après midi là était ce torse nu spectaculaire vu de dos penché en avant, se bras appuyés sur le rebord, ses beaux cheveux bruns dont mes doigts conservaient le souvenir tendre et ému, son jean scandaleusement bien taillé autour de ses fesses, le tatouage autour de son bras et cette chaînette sexy qui pendait à la verticale au dessus de son cou. Jérém s’allumant une nouvelle cigarette. Tous simplement beau. Con, con comme un hétéro, mais si beau que ce n’est insupportable.

    En quittant sa chambre sans autre échange, je me dis que cette fois ci c’en était fini pour de bon. Que jamais je n’aurai osé franchir à nouveau la porte de cette chambre. Ca faisait trop mal… trop mal de me tirer ainsi, sans un regard, sans un mot pour revenir me faire défoncer dès qu’il claquait les doigts… L’amour physique était génial, un feu d’artifice, mais comme le chuchotait Gainsbourg :

    oh mon amour... l'amour physique est sans issue.
    Avec cette dernière image de Jérémie dans les yeux, ce sentiment de point de non retour, de solitude, de rupture définitive, son goût persistant dans la bouche, mon ti trou meurtri et de plus en plus douloureux, suintant lentement son jus dans mon caleçon, je me réfugiai sous la couette en serrant à moi cette chemise qu’il ne m’avait jamais réclamée et dans laquelle je retrouvais dans les larmes tout son odeur, tour son souvenir.

     


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  • 19 Nico prend les choses en main

    (au sens propre comme au sens figuré, avec grand fracas, et ça va faire mal)

     

    Petite recette pour amadouer un mec, y compris un hétéro bisexuel. Lorsque vous aurez accès à son fruit défendu (oui, faut déjà ça, rien que ça, sinon la recette ne marche pas), amenez-le tout près de l'orgasme, à petit feu, sans jamais arriver au bout; entretenez son excitation au bon niveau, juste avant l'explosion, le plus longtemps possible; ralentissez vos caresses, faites retomber un poil sa trique; recommencez, encore et encore, sans pitié. Au bout d'un court moment, le mec sera tout entier à votre merci, sa fierté de mâle rabaissée de plusieurs crans et sa soumission à vous, aussi éphémère que totale. Certes, cet état de grâce ne dure pas très longtemps, mais à cet instant votre pouvoir sur lui est immense, illimité; ça ne dure que le temps que votre sensibilité vous guide dans le brouillard épais qui enveloppe sa route vers l'orgasme, le temps que votre habilité et votre dextérité "manuelle" vous permet de tenir sa jouissance comme en suspension, toute près mais sans cesse reportée...

    C'est un fin jeu d'équilibriste, dans lequel il faut savoir prendre assez de risque pour ne jamais faire tomber son excitation en dessous du niveau de sa frustration grandissante. Car, si c'est bien cette frustration qui fait monter son désir et prépare une jouissance que le mec devine aller être hors normes, à ce stade d'excitation chaque fibre de son corps, chaque parcelle de son esprit est emportée par les flots annonciateurs de cette jouissance montante : le mec est comme hypnotisé par l'excitation extrême, il est pris par des spasmes, son cœur bat à tout rompre, sa respiration est ponctuée d’halètements irréguliers et agités; à ce stade, le risque de faire basculer le plaisir vers la douleur (pain is so close to pleasure...Freddie avait tout compris) est grand, comme le risque de lui faire rater son orgasme.

    Dans l'un comme dans l'autre cas, après cette attente que doit déjà lui paraître interminable, après la promesse de plaisir suprême qui, seules, ont légitimé cette expectative, si le plaisir n'est pas à la hauteur, si l'orgasme rate, le mec vous en voudra à mort : c'est bon pour se faire jeter ou se faire taper dessus. Certes, le risque est grand, mais il n'y a pas de gloire sans risque: en cas de réussite, vous aurez entre vos mains un mec qui va jouir comme jamais il a encore joui et vous graverez dans sa tête le fait que vous lui avez offert ni plus ni moins que l'orgasme de sa vie. Et ça, ça crée des liens.

    C'est très rare de trouver cette harmonie parfaite, mais ce soir là, le soir de la sortie de classe avant le BAC, un soir qui restera à jamais gravé dans ma mémoire comme le moment où ma relation avec Jérém a commencé à changer, je l'avais bien la situation en main, au sens propre comme au sens figuré. J’avais la main du jeu.

    J’essayerai de nombreuses fois par la suite, voulant faire plaisir à Jérémie, que ce soit de mon propre chef ou accédant à une demande très précise venant de sa part, de répéter cet exploit à la lettre. Hélas, jamais je ne parviendrai à réitérer cette performance sexuelle, cette jouissance donc il me parlerait encore, souvent dans l'action en me demandant de tenter de la répéter, bien des années plus tard.

    Pour comprendre comment je me suis trouvé avec la queue de Jérémie dans ma main, sur le point de lui offrir l’orgasme de sa vie, un petit retour en arrière s’impose.

    Après cet après midi de baise épique avec mon sexy, exaspérant, insupportablement arrogante et beau brun, ce mec « qui baise mais qui ne fait pas de câlins », ce p’tit con que j’avais tour à tour envie de cogner pour le punir d’être aussi CON et de lui faire le plus doux des câlins pour lui montrer à quel point ça peut être bon ; voilà que toutes mes craintes quant aux séquelles de notre partie de jambes en l’air aux excès inédits se révélèrent fondées. Et bien au delà.

    Jamais je n’avais autant gardé en moi le souvenir de Jérém. Non seulement mon ti trou avait été rudement mis à l’épreuve et il gardait des retentissements plutôt douloureux ; pour donner davantage d’envergure à mon souvenir, voilà que tous mes muscles semblaient s’être réveillés. Non seulement, la position lors de la deuxième sodomie, avec mes jambes sur ses épaules et mes fesses en suspension, avait sollicité ma musculature toute entière ; il fallait rajouter à cela les dégâts provoqués par la contraction de mes muscles, par la crispation que je leur avais imposée afin de supporter la douleur de ses coups de reins si violents avant son dernier orgasme… Abdos, pectoraux, bras, épaules, cuisses, fesses, tous mes muscles étaient en état de choc, douloureux, meurtris. J’avais mal partout, même à des muscles dont je ne soupçonnais l’existence jusque là.

    Cependant, la blessure plus profonde n’était pas infligée à mon corps. Bien que douloureuses, toutes mes courbatures allaient un jour ou l’autre disparaître. Mais il y a des courbatures qui ont davantage du mal à s’apaiser que d’autres, des blessures sur lesquelles le Doliprane et le repos n’ont guère d’effet. La plus douloureuse, la plus dure à supporter c’était bel et bien la blessure morale, sentimentale, le fait qu’il m’ait dit de ne jamais recommencer avec un baiser, l’interdiction aux câlins, l’absence d’un tout petit mot ou d’un regard qui rendrait cette douleur presque acceptable… En l’absence du moindre signe d’empathie de sa part, je me sentais vraiment humilié, rabaissé, traité comme sa chose, un bout de chair dont il se servait jusqu’à l’usure pour le jeter après. Une poupée gonflable.

    Comme des lames retournées dans une plaie, des questions me revenaient sans cesse… le joint était bien le seul responsable de cette rage de baiser, de cette bestialité ? Jérém avait l’air de prendre un pied de dingue avec moi, mais plus il prenait de plaisir plus j’avais l’impression qu’il me méprisait, limite qu’il me haïssait… putain de mec ! Peut-t-on haïr quelqu’un qui nous donne du plaisir ? Plus tard dans ma relation avec Jérémie j’aurai la réponse à cette question, mais à ce stade je pensais impossible que l’on puisse y répondre autrement que par un « non ». Mais c’était sans compter avec la complication du rapport que les mecs hétéro entretiennent avec leur sexualité.

    Et encore : Jérém était-t-il vraiment un mec violent, un prédateur qui avait besoin de soumettre et de brutaliser sa proie pour prendre son pied… c’était donc ça, son truc à lui ? Prendre son pied dans l’humiliation de son (ou de sa) partenaire ? Etait-t-il ainsi avec les nanas également ? Putaaaaaiiiinnnn que j’avais mal, et putain que ça me lançait deux fois plus fort quand je pensais que pendant que je me morfondais au lit, c’était bien le week-end, et Jérém sortait en boite et s’enfilait des nanas…

    Tout au long de ce week-end, je me surpris par moments à imaginer que Jérém regretterait de m’avoir baisé si fort et m’avoir fait mal… mais non, Nico, ne soit pas con, Jérém ne s’est rendu compte de rien… mis à part de ses éjaculations… il a joui encore et encore, il ne sait même pas qu’il t’a fait mal… et si bien… que veux-tu que ça puisse bien lui faire ?

    Durant mes longues heures passées à bouquiner, je ne pouvais m’empêcher de rêvasser… je me disais ainsi qu’il devait bien se rendre compte au moins qu’il m’avait blessé avec sa froideur, son hostilité juste avant mon départ, ; il devait se rendre compte de ce que je ressentais dans le rôle de vide couilles dans lequel il me confinait, et qu’il m’aurait envoyé un sms pour me demander au moins si ça allait… je reçus certes quelques messages ce week-end là, mais uniquement de la part de ma cousine… cousine à laquelle j’avais brièvement raconté ce qui s’était passé et qui tentait tant bien que mal de m’être proche se faisant violence pour ne pas me dire ce qu’elle pensait de ce gros-con-de-Jérémie, telle était sa définition. A chaque fois que le portable beepait, je me précipitais pour voir si c’était lui. En vain. Le week-end s’écoula ainsi, dans l’attente, la souffrance, l’envie, le questionnement, le désespoir.

    Le lundi arriva et je le retrouvai en cours. La crainte de le voir et la honte de croiser son regard après ce que je lui avais permis de me faire, si fortes, si fastidieuse et angoissante pendant tout le week-end, céda enfin la place, le lundi matin dès mon réveil, à un désir brûlant et désespérant de revoir ce jeune mec qui me rendait dingue dingue dingue.

    8h00 lundi matin. Un coup au cœur. Seeeexxxxyyyyyy le mec, trop sexy. Un t-shirt rouge feu avait succédé aux t-shirt blancs et autres débardeurs de la semaine précédente, un t-shirt comme d’hab parfaitement ajusté sur ses épaules à en donner le tournis, Et ce t-shirt rouge exhibé, agité devant mes yeux sans même se rendre compte (ou bien en s’en rendant parfaitement compte, ce ptit con !) que chacun de ses mouvements m’excitait comme la cape du toréador un petit taureau dans l’arène.

    Ce t-shirt tombait sur son jean avec une grâce et une simplicité désarmantes, le tout étant porté avec une nonchalance extrême par ce beau physique. Des Nike noires et vertes complétaient sa tenue de jeune loup sexy ; on ajoute une coiffure un brin étudiée et soignée : cheveux très courts autour de la nuque, une épaisse ligne centrale de cheveux un peu plus longs coiffés au gel; le tout agrémenté par sa jeunesse, sa fraîcheur, sa peau mate, une petite barbe brune de trois ou quatre jours, sa petite chaînette à mailles épaisses autour du cou se baladant au gré de ses mouvements rapides et assurés, un putain de sourire de jeune mec certain de son pouvoir de séduction… putain de mec à l’aise sans trop en faire, à l’aise tout naturellement… très mec, quoi… plus nature, plus simplement mec, plus viril, plus intensément sexy, on meurt.

    Un t-shirt noir ultra moulant suivit le t-shirt rouge en milieu de semaine ; et le vendredi, pour fêter la fin de la semaine, comme pour m’achever, il fit péter un t-shirt blanc du meilleur effet. Le vendredi matin quand je le vis arriver je frôlai la crise cardiaque ; à midi j’avais carrément mal aux yeux à force de mater son t-shirt blanc qui baignait dans la lumière du soleil du mois de juin, cette lumière qui le percutait directement, Jérém étant assis juste à coté de la fenêtre. Pour ma part, j’étais assis à quelques bancs de là, un peu en retrait, de sorte que je pouvais mater jusqu’à l’overdose, sans crainte d’être repéré, le contraste entre ses cheveux bruns, sa peau mate et la blancheur immaculée de ce coton doux qui enveloppait cette merveille absolue qui était son torse. C’était un bonheur sans égal et une torture insupportable. Mais comment renoncer à s’enivrer de cette vision presque divine, à cette définition en images de la beauté, de l’absolu masculin qu’aucune description ni photo ne saurait rendre? Car la beauté est insaisissable : pour l’apprécier, il faut la voir, la sentir, la regarder évoluer, la respirer.

    Toutes les fibres de mon corps, bien que meurtries, étaient violemment et irrésistiblement attirées par ce mec… si mon corps criait répit, mon cerveau criait désir… oui, j’avais encore envie de lui… malgré sa brutalité physique, malgré les séquelles, malgré son arrogance et sa dureté, j’avais encore envie de lui… je me sentais humilié et je savais que recommencer avec lui ce serait m’humilier davantage mais j’avais encore et encore envie de lui… j’éprouvais même un étrange sentiment de plaisir à l’idée de m’offrir à lui sans conditions après ce qui s’était passé… j’étais courbaturé à ne pas pouvoir m’asseoir ou m’accroupir sans avoir mal absolument partout, je n’aurais rien pu endurer de sexuel, à part une petite pipe bien juteuse et encore… j’avais la souplesse d’un mec qui a deux cotes cassées… Malgré cela, si seulement il m’avait demandé une petite pipe, rien que l’idée d’avoir son jus dans la bouche, son goût, l’avaler, voir qu’il avait toujours envie de moi, rien que cela m’aurait fait du bien venant de lui.

    Hélas, la semaine passa sans un regard ni un mot de sa part. Dur dur de le retrouver en cours, sexy comme toujours, avec ce putain de deo de mec qui me mettait en vrac à chaque fois que je le sentais, faisant ressurgir en moi les scènes de sexe les plus torrides, son torse, sa transpiration, sa chaînette, ses épaules, sa queue en moi, son goût dans ma bouche, l’orgasme qui passe sur son visage, Jérém qui tombe sur moi comme un arbre scié. Non, cette semaine là Jérém ne m’avait pas sollicité, ce bisou dans le cou avait l’air de l’avoir vraiment contrarié, plus que le premier sur ses lèvres. Par moments j’avais l’impression qu’il me faisait carrément la gueule… peut être qu’il avait senti aussi ma caresse sur son cou et qu’il n’en pouvait plus du fait que je devienne si collant, que je lui demande des trucs au delà du sexe…

    Dans tous ces désagréments, physiques et morales, une seule note positive, ou plutôt deux : au delà de l’aspect extrêmement érotique et plaisant de cette baise, effrénée, intense, sans répit, au delà du bonheur extrême de soulager la puissance sexuelle de Jérém, de lui faire plaisir…le voir presque s’évanouir après le dernier orgasme, s’affaler sur moi, sentir son poids sur moi ; au delà de tout ça, voilà le bonheur de connaître enfin la sensation si douce, si émouvante de passer mes doigts dans ses cheveux, cette sensation de ouf qui peut me procurer ce contact avec un endroit de son corps autre que son sexe. Et avoir envie de recommencer, d’y revenir, une envie à en crever…tout en sachant que cet endroit est interdit, maudit… Pleurer presque à chaque fois que j’y pensais, en rêver la nuit…

     

    La fin de l’année scolaire approchant, il avait été décide de faire une sortie resto boite de toute notre classe ce week-end là, une semaine avant la fin des cours, deux semaines avant les examens ; une initiative au timing judicieux, au cas que tout le monde n’aurait pas le bac, ce qui rendrait plus délicat un dernier repas tous ensemble.

    L’idée avait commencé à germer en début de semaine et le jeudi un papier circula dans la classe pour prendre les noms de ceux qui souhaitaient y prendre partie. Quand la feuille arriva sur mon banc, je cherchai le nom de Jérém. Je le trouvai rapidement car il brillait à mes yeux plus fort que tous les autres, presque gravé en surimpression, dans une calligraphie brouillonne et nonchalante que je connaissais bien. A l’image du mec.

    J’hésitai à m’y inscrire, tant l’idée de retrouver Jérém en soirée me paraissait au dessus de mes forces… je savais bien à quel point ce mec, avec une tenue de soirée un peu plus recherchée, pouvait être craquant à en crever et le voir partir avec une nana ce soir là, après ce qui s’était passé la dernière fois entre nous, m’aurait fait encore plus mal : d’autant plus que les dernières courbatures venaient tout juste de s’éteindre et qu’en contractant mon ti trou je pouvais encore retrouver le souvenir du passage de son gourdin presque une semaine plus tôt.

    Cependant, je ne pouvais pas décemment manquer cela. C’était certainement la dernière fois qu’on serait tous réunis après 5 ans ou plus passés ensemble et ça ne se fait pas de rater cela, je l’aurai regretté toute ma vie. Je me fis donc violence pour marquer mon nom à la suite des autres.

    Le samedi arriva enfin. Le rendez vous était fixé sur le parking du Leclerc à St Orens. J'arrivai parmi les premiers et je n’avais qu'une hâte, une impatience mélangée à une crainte de puissance égale et contraire: le voir débarquer. Les camarades arrivèrent petit à petit et voilà que, dans l’attente, j’essayais de faire de la conversation avec les uns et les autres, de rigoler de tout et de rien dans le but de déstresser : j’étais excité et tendu comme si j’avais un rendez vous en tête à tête avec lui, alors que depuis la dernière baise on ne se disait même plus bonjour.

    On était déjà une petite bande quand Jérém se pointa. Il arriva un peu après l'heure, mais l'attente fut bien récompensée. Sa 205 rouge minable garée juste devant nous, il en sortit un beau et séduisant jeune homme, un véritable apollon : une petite chemise gris métal ajustée très prés du corps qui ne laissait rien ignorer de sa plastique parfaite. Les manches se terminaient sur ses poignées avec une bande blanche, la même qui était reprise sur le col et tout au long de la bande de tissu qui portait les trous pour les boutons. Les deux du haut ouverts, le décolleté laissait entrevoir sa petite chaîne de mec, bijou très sexy, autour de son cou puissant; l'œil était inévitablement attiré vers le fond de ce décolleté, demandant à aller plus loin, beaucoup plus loin ; les cheveux coupés et arrangés au gel, sa barbe de trois jours, la peau déjà bronzée, putain de mec aux origines napolitaines… beauuuuuuuuuuuuuuuuu, putain, beau à craquer ! Le regard fier, un regard de tueur, sur de lui, de son sex-appeal, se sa virilité… putain de mec !

    Jérém fit un tour pour serrer les mains aux mecs et faire la bise aux nanas. Ce fut le premier contact que j’avais avec lui après notre dernière coucherie. Il me serra la main tout en continuant à déconner avec un camarade à qui il avait dit bonjour parmi les premiers : sa poignée était rapide et évasive, son regard fuyant.

    On se déplaça rapidement au restaurant : ce soir là j’aurai découvert une nouvelle facette de la personnalité du beau brun. Les bières et le vin aidant, voilà que se dessinait devant mes yeux le Jérém en mode déconneur. Je le regardais faire son numéro et je découvrais que Jérémie n'était pas que le bogoss, le brun inaccessible, le bon joueur de rugby, la bête de sexe. Jérém était aussi un mec drôle, à la répartie vive, à l'esprit débordant d'humour à qui un brin d'alcool réussissait à merveille, et ça faisait des étincelles. C'était le rigolo de la bande, le déconneur, celui qui met l’ambiance nécessaire à chasser cette atmosphère de dernier repas avant exécution que peut facilement s’installer dans ce genre de soirée.

    Il était tellement drôle et sympathique que les mecs lui passaient même celle qui était une tare majeure à leurs yeux, le fait d'être aussi mignon, aussi charmant et d'avoir baisé la moitié des filles du lycée. Bon vivant, brûlant la vie par les deux bouts, Jérémie suscitait la sympathie autour de lui et on avait franchement envie d'être son copain plutôt que de lui taper sur la gueule.

    La soirée avançait et je n’étais pas encore au bout de mes surprises. Lorsque nous nous déplaçâmes au KL, je vis Jérémie changer d'allure, d'expression et d'attitude : le Jérém déconneur laissa toute la place au Jérém en mode charmeur, séducteur, chasseur. En boite il faisait assez chaud et les manches de sa chemise se retrouvèrent bientôt retroussées découvrant son brassard tatoué. Faut dire que dès qu’un mec de ce genre se pointe, on voit de suite fondre la banquise. Je le regardais, au bord de la piste, une bière à la main, fusillant d’un regard noir et ténébreux, beau et charmant à faire craquer des murs en béton armé.

    En ce qui me concerne, si au resto je m’étais bien amusé de la drôlerie ambiante, voilà qu’en boite je me faisais vraiment chier. La bande unie autour de la table du resto s’était éparpillée en boite en une quantité de petits groupes à l’intérieur desquels la conversation était rendue très compliqué par les décibels, je ne trouvais rien d’intéressant à faire d’autre que de mater Jérém. Activité plaisante, certes, mais extrêmement frustrante. Je n’avais qu’une crainte, c’est qu’il lève une nana devant mes yeux.

    Je buvais à mon tour, je buvais pour tuer l’ennui.

    Avec deux copines on se retrouva à danser sur la piste. Des souvenirs d’une soirée récente se bousculaient dans mon esprit : Jérém qui part se faire sucer dans les toilettes, Thibault assis à coté de moi, moi-même chavirant devant la douceur de son parfum et de ses mots vis-à-vis de son pote ; le débardeur blanc qui m’avait dragué sur la piste avant de me montrer sa bite aux toilettes… souvenir d’une pipe faite dans une voiture au petit matin. Nostalgie, regrets, nostalgie, désir.

    Je ne restai pas danser longtemps. J’étais fatigué, fatigué de guetter les mouvements de Jérém… fatigué d’espérer le voir autrement que froid et distant. Et puis, il avait suffi que je me concentre sur la musique et que je me mette à déconner avec les deux copines, pour que le beau brun disparaisse des écrans radar. Puuuutaaaaiiinnnnnn ! ça y est, il doit être coincé dans la bouche d’une nénette…

    Ca en était trop. J’avais vraiment envie de rentrer. Hélas, comme un con je n’avais pas pris ma bagnole. J’étais donc tributaire du bon vouloir de mon conducteur. Je terminais ma bière seul, appuyé à une petite table, quand je le vis s’approcher de moi. Cette chemise lui allait vraiment comme un gant. A tomber.

    Tu t’amuses mec ? – me lança-t-il à la cantonade.

    Ouais…

    Il me regardait sans parler. Il me regardait droit dans les yeux. Il sentait tellement bon lui aussi… son parfum étourdissait un peu plus mon esprit déjà vaseux à cause de l’alcool et je faillis m’écrouler, mes jambes n’assurant plus aucun support crédible.

    Je baissai le regard. Il avait bu, j’avais bu.

    Cet instant me sembla durer un long moment. Un moment qui prit fin par ses soins, quand, sans autre conversation, me lança :

    On y va ?

    Où ?

    Viens…on rentre…

    Je capitulais devant sa voix ferme et rassurante, chauffée de cette vibration profondément masculine qui me renvoyait à chaque fois à sa virilité. Comme en état d’hypnose, j’allais dire au camarade avec qui j’étais venu en voiture que je rentrais avec Jérém.

    Je le suivis ainsi, à 4 h du mat, éméché, ayant perdu tout contrôle de moi, sous l’effet de l’alcool mélangé à celui de son charme qui avait désormais tout pouvoir sur moi. Je le suivis trouvant cela tout naturel, comme une évidence. Pendant toute la semaine je m’étais dit que jamais je ne lui céderai ainsi, sans conditions, sans une bonne explication… pourtant, un seul mot de sa part, un regard, un parfum… je capitulais… une semaine sans lui, j’en crevais d’envie.

    Me retrouver ainsi dans la 205 rouge pourrie, rouler dans la nuit, en silence, regarder mon bel amant silencieux me ramener dans sa tanière pour m’utiliser pour se soulager. Qu’importe. Mon envie de lui était sans limites. Et quel bonheur, une fois chez lui et la porte claquée derrière nous, défaire un à un les petits boutons de cette magnifique chemise, découvrir petit à petit et par moi même cette plastique de rêve, sentir remonter à mes narines, à fur et à mesure que mes mains écartaient les deux pans de tissu, les effluves tièdes et parfumés de sa peau.

    Sa chemise était à présent complètement ouverte. J'en avais presque la tête qui tournait, tellement ç’en en était étourdissant. Je lui mordillai les tétons, le faisant sursauter d’excitation. Et ce contact avec sa peau douche et tiède était envoûtant au point de me faire trouver le cran d'aller titiller avec ma langue le petit grain de beauté dans son cou, ce petit grain qui me faisait très envie et depuis un moment. Je n'eut l'occasion de m'y attarder bien longtemps, car je sentis aussitôt ses mains appuyer lourdement sur mes épaules; je n'opposai aucune résistance, comprenant que ce type d'effusion n'était pas à son goût; je lui résistai à hauteur de ses tétons, et là il relâcha la pression. J'entrepris de bien lécher autour et sur ses beaux boutons de mec bien saillants… et là il me laissa faire. Faut dire qu'il aimait vraiment ça. Pendant que ma langue s'attardait sur cette partie de son anatomie, voilà que ses doigts, adroits et impatients, allaient à l'aveugle ouvrir sans difficulté sa ceinture et déboutonner sa braguette. Ma langue toujours autour de ses pecs, je sentais désormais sous mes doigts le contact avec le coton doux de son caleçon et à travers celui ci, la raideur et la chaleur de sa queue imposante.

    Ma langue, désormais impatiente d'arriver au but, descendit alors rapidement tout au long de son torse, traversant au passage la magnifique région vallonnée de ses abdos pour emprunter enfin ce magnifique sentier de poils fins qui part du nombril et qui conduit à la lisière de son caleçon. Une fois arrivée, je restai un instant à humer l'odeur qui transpirait du boxer... ça ne faisait que quelques heures qu'il devait le porter, mais putain, il transsudait du coton un léger mais irrésistible odeur de mec...

    Une seconde après, j'avais descendu le coton orange de son short moulant, j'étais à genoux devant lui, sa queue dans la bouche, au comble du bonheur.

    Pendant que je lui administrais une pipe d'anthologie, je le sentis bouger, se contorsionner: petit à petit, il avait laissé glisser sa chemise au long de ses bras et de son dos. Elle tomba à terre venant effleurer mon bras au passage. Alerté par ce contact inattendu, je levai les yeux et je tombai inexorablement sur cette silhouette imposante qui me dominait du haut de son mètre 85, avec ses épaules larges, ses biceps puissants et toujours ce brassard tatoué sur le biceps. Putain de mec beau et sexy. Cette vue avait dû happer mon esprit et perturber ma fellation car je le sentis poser sa main sur ma tête pour la pousser vigoureusement vers de sa queue.

    Devant une telle invitation, quoi faire d'autre à part le sucer? Je m'y mis avec passion, bouffant son sexe avec un désir et une envie brûlantes, avalant son gland comme un fruit frais, mur à point et pulpeux, un fruit que l'on met en bouche goulûment, dans l'attente de impatiente de sentir exposer dans le palais son jus sucré.

    Il se laissa sucer debout pendant un petit moment, ensuite il se dégagea de moi, sortit son gourdin de ma bouche, se débarrassa de son pantalon et de son boxer et alla s’allonger sur le lit, s’installant en position semi allongée, appuyé sur ses coudes. C’était beau à en brûler les yeux. La demande, l’ordre implicite dans sa nouvelle posture était si clairement et irrésistiblement délivré que je ne me fis pas prier pour l’exécuter. Je me précipitai pour le sucer, encore et encore. Encore et encore, sans répit, infatigable, inlassable de donner du plaisir à cette queue dont j’étais désormais dépendant.

    J'y avais mis tant de fougue dans mon fier labeur que je sentis bientôt qu'il ne tarderait pas à venir. Et là j'eus envie de tenter un truc. Un truc risqué, mais qui pouvait rapporter gros. Sans prêter attention à son air mi étonné, mi frustré, j'arrêtai alors de le sucer. Je sentais sur moi son regard interrogatif, installé dans cette position accoudée qui me faisait un effet de dingue... Jérémie, excité pas possible, chauffé à bloc, tout près de jouir, se demandant pourquoi je n'avais pas continué ma fellation pour appeler directement sa jouissance, se demandant où j'allais en venir avec mon manège... J'entrepris alors de le branler avec ma main tout en regardant son corps magnifique, m’octroyant une vision complète de ce paysage exceptionnel, guettant le moindre signe annonciateur de l’explosion de son plaisir.

    Je ne voulais pas le faire jouir tout de suite. Je voulais faire durer son plaisir… et sa frustration. Pour la première fois à ce moment là je me rendis compte que j’avais dans mes mains le pouvoir de lui donner du plaisir ou de lui refuser… le pouvoir de lui faire sentir ce qu’est la frustration, de se sentir dominé… une façon de me venger de son arrogance, de sa violence… Oui, même si la vengeance n’était pas planifiée d’avance, le fait de me trouver confronté à l’occasion propice me donna l’envie de m’en saisir. Comme si mon esprit avait ignoré jusqu’à là cette petite vengeance que chaque fibre de mon corps désirait ardemment et que l’occasion présentait comme une révélation.

    Ma main s’accordait à ma vision pour adapter petit à petit sa vitesse et son rythme et trouver l'accord parfait avec la mélodie de son plaisir. Je ne disais rien, il restait silencieux. J’adorais le voir essoufflé de plaisir sous mes caresses. Son regard en disait cependant long sur ce qui se passait dans sa tête, bien plus que ses mots insultants pendant d'autres copulations. J'adorais ce regard un peu dérouté que je sentais sur moi, ce questionnement dans sa tête, cette envie de m'ordonner de conclure juste au bord de ses lèvres, envie qui était retenue par ce que j'étais en train de lui faire, chose qui captait toute son attention et annihilait sa volonté de jeune mâle impatient.

    Je tenais sa bite fermement dans le creux de ma main et je le branlais tout doucement de haut en bas; je sentais qu'il était à deux doigts de jouir, et lui il le sentait à plus forte raison, cette chaleur qui monte dans le bas ventre, ce frisson qui parcourt la verge, les couilles, jusqu'à l'anus, cette attente intolérable de laisser exploser sa jouissance; il aurait suffi quelques allées venues un peu plus rapides de ma main pour libérer cette tension érotique qui commençait à submerger son corps et à le faire monter en pression seconde après seconde, mais je faisais traîner, encor et encore, avec une idée surprenante en tête.

    Pour une fois c’était moi qui était maître du jeu; au point où il en était, il ne pouvait plus qu'attendre mon bon vouloir; le moindre geste, le moindre mot aurait pu casser l'instant et il n'aurait jamais connu la perfection et l'ampleur de la jouissance qu'il devinait être toute proche... Oui, je le tenais, non pas par les couilles, mais par la bite... c'était grisant. Mes mouvements amples, lents, de plus en plus lents, auxquels j'associai bientôt de tout petits coups de langue dans le creux de son gland, pile à cet endroit délicieux, ce petit passage par lequel le jus de mec est expulsé, se faisaient de plus en plus précis.

    Je continuai ainsi, à le torturer plaisamment, en frustrant son envie de jouissance immédiate, son désir de plus en plus grand, repoussant à chaque seconde non seulement l'instant de son orgasme mais aussi les limites du plaisir que son explosion lui aurait donné... je sentais qu'il était à la limite de me supplier de le faire jouir : sa respiration, ses gémissements en étaient la preuve; certes le mec était bien trop fier pour me supplier, mais son attitude corporelle en disait longue sur son état d'excitation extrême et sur l'effet que ma manœuvre était en train de faire sur son corps et dans sa tête.

    Je crois bien que cette nuit là Jérém avait commencé à avoir l'orgasme avant que l’éjaculation ne se manifeste; je sentais que ça venait mais je m’évertuais à repousser de plus en plus cet instant. Ce que je vivais était d'une intensité érotique à me faire tourner la tête, pourtant je restais lucide. Je ne sais comment…

    Son cou, son torse, son pubis, son corps tout entier transpiraient, son anatomie tendue et excitée à l'extrême ; son sexe dégageait une odeur assez forte de mâle, une odeur naturelle qui s'additionnait à celle de la moiteur de sa peau. Je sentais littéralement une odeur d'éjaculation monter de sa queue, se répandre dans l'air; j'aime l'odeur du sexe dans une pièce, c'est excitant quand on peut sentir l'envie de l'autre.

    Je me réjouissais à l'idée de le tenir, comme s'il avait les mains et les pieds liés, à ma merci, tenu non pas par des liens physiques mais par des liens uniquement psychologiques, tenu par la maîtrise totale que j'avais en ce moment là de sa jouissance montante. Oui, je le tenais, ce p'tit con, et c'était jouissif : il faisait moins le fier, moins le malin à ce moment là, alors que je tenais dans le creux de ma main la recette, le geste qui allait – ou pas, suivant son attitude et ma volonté – le rendre fou de plaisir ou alors humilié de frustration.

    Certains aiment se faire attacher, se sentir retenu ou voir l'autre retenu par des lien physiques; être à la merci de l'autre, ou tenir l'autre à sa merci, voilà un truc que certains peuvent trouver très excitant. Attacher les mains à la tête du lit, par des cordes ou par des menottes, les chevilles aussi, dans les cas les plus extrêmes, le corps offert au bon vouloir de l'autre, voguant vers un plaisir inconnu; on ne sait pas ce qui va nous arriver, on est impatient de le savoir et on le redoute au même temps; on livre ainsi notre corps, on aime à se sentir impuissants, on aime offrir à l'autre toute latitude sur nous, lui confiant tout le pouvoir, lui appartenir, être à sa merci... notre plaisir dépend uniquement de lui, on se soumet et on accepte que le notre ne soit qu'une conséquence du sien... Et cela dans le but ultime de perdre le contrôle de la situation. Il est cependant des lien plus efficaces que les liens physiques. Ce sont les liens psychologiques et les liens sensoriels, comme l'attente de la jouissance.

    Le voir gémir de plaisir, le sentir à ma merci me donna l’impression de posséder un pouvoir sur lui tellement immense que ça me monta à la tête… je me surpris ainsi, pendant un instant, à imaginer un truc fou et sans issue, un truc qu'il ne me pardonnerait jamais, un truc, une humiliation à lui infliger qui me vengerait de toutes celles que ce petit con m'avait fait vivre depuis le début de notre relation, jusqu’à sa violence de la dernière fois, une revanche qui le toucherait au plus profond de sa virilité et de sa fierté masculine... Imaginer de l'amener au plus près de la jouissance, faire durer l'attente une éternité et ensuite le laisser en plan, les couilles endolories à cause de l'excitation excessive et de l’attente abusivement prolongée.

    Ou alors, encore pire, lâcher ma main dès que le premier jet arriverait… et couper ainsi sa jouissance… putain, qu’est ce que l’on peut avoir comme idées à la con pour se venger de l’arrogance virile d’un mec…

    Evidemment, jamais je n'aurai osé l’un ou l’autre,il ne me l'aurait jamais pardonné et malgré ce qu'il me faisait subir, baiser profondément avec lui était mieux à mes yeux que de ne pas le voir du tout... non, je n'aurai jamais osé lui faire ça, mais c'était bon, foutrement bon de savoir que je tenais entre mes mains, dans ma main littéralement, le pouvoir de le faire.

    Fort heureusement, la lucidité regagna rapidement mon esprit et l’envie de lui faire plaisir une fois de plus, l’envie de marquer son esprit plutôt par un orgasme hors normes que par un raté hors normes, reprit le dessus. Au même moment je me dis qu’il ne fallait pas que je dépasse un timing maximal… mon expérience d’après mes branlettes solitaires me rendait conscient que lorsqu’on fait trop longtemps monter la sauce sans la servir, et bien l’outil en devient douloureux… et l’éventualité de le faire jouir en le laissant avec les couilles mâchées ne me paraissait pas opportune non plus.

    Je continuai à le branler en augmentant légèrement la cadence, jusqu'à voir sa respiration s’accélérer encore, son souffle se crisper, sa bouche émettre un râle puissant et incontrôlé comme jamais je n'en avais encore entendu lors de nos ébats ; et voir enfin sa semence, blanche et dense, pointer timidement une première goutte dans le creux de son gland.

    Et là, j'eus envie de tenter un truc qui me parut l'expression suprême du pouvoir absolu qui tenait dans ma main à cet instant: j'arrêtai le mouvement de va et vient de ma main et j'ouvris mes doigt coupant tout contact avec sa bite... ça ne dura qu'un instant, je ne pouvais certainement pas lui faire ça, couper l'envol de son orgasme, bien que l'idée m’ait traversé l'esprit... ça ne dura que le temps de voir le corps tout entier du beau brun se crisper autour d'un coït amorcé mais momentanément suspendu, à ma volonté et ma main, frustré, le temps de voir son jus remplir doucement ce petit creux, commencer à en déborder; et poser enfin ma langue pour recueillir cette première éjaculation, tout en reprenant à la branler avec une lenteur et une délicatesse extrêmes.

    Son corps frissonnait à l'unisson, son cerveau emporté par une tempête sensorielle d'une puissance inouïe, une jouissance tellement extrême dans ses parties génitales qui pour peu n'en aurait été de la douleur, l'impression que ce frisson démesuré allait avoir raison de lui, de sa raison et que jamais plus il aurait trouvé le calme...

    Son sperme sortait par petits à coups, on aurait dit qu'il jaillissait presque en flux continu, rien à voir avec la puissance de ses jets habituels. Son goût s'étalant partout dans mon palais, ma langue s'évertuant autour de son gland pour cueillir jusqu'à la dernière goutte de son jus que je commençais à laisser couler au fond de ma gorge, j'étais aux anges. Putain, je me disais, là t'as trouvé le mode d'emploi. Mieux que ça : j'avais trouvé le rythme et la fréquence exacte des caresses qui conduisaient à sa jouissance. Tel un musicien avec son instrument d'usage, je jouais sur sa queue la partition de son plaisir ; tel un musicien de jazz, j'improvisais avec doigté des variations à chaque fois inédites sur le thème de la route vers son orgasme.

    Une fois qu'il eut joui, Jérémie se laissa tomber sur son dos, s'abattant de tout son poids sur le matelas, la respiration très rapide, les yeux clos, dégoulinant de transpiration, les battements de son cœur redoublés, déglutissant bruyamment sa salive, sa pomme d'Adam se baladant frénétiquement sous la peau de son cou, faisant bouger ce petit grain de beauté que je trouvais si sexy, et encore plus à cet instant, noyé dans sa sueur…

    A ce moment là, Jérém était complètement à ma merci, et même si je savais que cet instant ne durerait que le temps nécessaire à qu'il retrouve ses esprit, je jubilais du fait de savoir ce mec repu dans sa sexualité, juste avec une branlette magistrale que j'avais su lui prodiguer; j’avais l’impression que j'étais le seul à lui donner autant de plaisir et je devinais que cette fois là le plaisir avait été tellement intense que tout son être était ressemblé dans cette pièce, autour de mon action et du plaisir extrême qu'il y associait... ça me plaisait bien l'idée que dans sa tête, des relations et des liens se créaient à ce moment là... Nico = le pied total...

    Voilà que je détenais désormais le plus fort des pouvoirs que l’on puisse posséder sur un homme, le pouvoir de le faire jouir au delà de ses espoirs... en ce moment là, il n'avait pas envie de baiser des nanas, son cousin ou qui sais-je, il n'avait besoin que d'être là, à coté de moi...pendant un instant il m'appartenait tout entier, j'étais le seul gardien de ses secrets les plus intimes... je me félicitai de détenir ce secret, ce trésor autour de la sexualité du plus beau garçon du lycée, objet de tous les fantasmes et de toutes les convoitises... je me sentais l'élu (tu es la vague, et moi, l’élu) le seul être sur Terre à l'avoir amené si loin dans la galaxie de la jouissance.

    Il resta ainsi, immobile, en silence, allongé sur le lit, en ayant apparemment oublié son inévitable cigarette. Je continuais à le regarder, il était beau comme un Dieu, il n'y avait pas d'autres mots pour rendre justice à sa présence. Et, à en juger de sa réaction, je lui avais fait un truc qui sortait vraiment de l'ordinaire… autant dire que, si je ne l'avais pas planifié cela et que c'était venu d'instinct, sur le moment, sans savoir que ça prendrait des telles proportions, je n'étais pas peu fier de ma trouvaille…

    Au bout d'un moment il finit par pousser un premier souffle qui venait du plus profond de ses poumons, un souffle propulsé par son diaphragme, presque un souffle libérateur.

    Putain… je le sentit proférer du bout des lèvres à l'issue d'un deuxième souffle, aussi profond et bruyant que le précédent. Il gardait les yeux fermés et sa respiration tardait à retrouver le calme. Ses yeux mi fermés laissaient échapper un léger filet humide de chaque coté de son visage... Décidément, l'émotion avait été intense.

    Ça va, mec ? – je finis par lui demander.

    Il ne répondit pas tout de suite, trop occupé à récupérer ses esprits.

    Fatigué moi aussi, enivré par cet odeur de sexe et de mâle que je sentais partout autour de moi et qui envoûtait mes narines et mon cerveau, je m'allongeai sur le lit à coté de lui.

    C'était dingue – il lâcha un instant après – vraiment dingue… c'était puissant et… long, tellement long… je n'ai jamais joui aussi longtemps… c’était tellement bon que ça faisait presque mal… putain, j'ai cru que j'allais y rester...

    Quel bonheur, quel bonheur sans pareil d’entendre ça de sa bouche… quel bonheur que de trouver le moyen de dévergonder ainsi et encore ce beau jeune mâle. Lui faire découvrir des nouveaux trucs, le faire tressaillir sous des caresses inconnues malgré sa déjà grande expérience en matière de sexe.

    J'avais l'impression que ce mec découvrait parfois encore son propre corps, avec moi, qu'il prenait conscience des sensibilités au plaisir qu'il avait jusqu'à là négligées, trop pris dans la frénésie de sa vie sexuelle qui avait depuis toujours privilégié la quantité à la qualité. Je commençais à avoir couché avec lui un certain nombre de fois et j'aurai su plus tard que j'étais déjà, à ce moment là, la personne avec qui il l'avait fait le plus de fois – et de loin – et qu'il avait pris avec moi le plus son pied au lit.

    Au fil de nos révisions, j'avais l'impression que Jérémie se lâchait, que ses barrières et ses interdits sexuels tombaient l'un après l'autre; certes, le mec couchait depuis l'âge de 16 ans, il avait beaucoup d'expérience dans le domaine, côté cul il en connaissait un rayon; mais là, devant ma soumission complète et certainement excessive à son propre plaisir, sentant que tout lui était autorisé, il était vraiment à l'aise avec son corps et avec ses envies et ça laissait la voie libre à l'expression de certains de ses fantasmes, encore refoulés à cause certainement des limites que mettaient les nanas. Je disais oui à tout, et il voyait que plus il m'en demandait, plus il me faisait plaisir... il jouissait de plus en plus fort et son plaisir était mon plaisir...

    J'étais la personne avec qui il avait découvert le plus de trucs et tout osé : avant de se rendre compte un jour peut-être qu’entre la bouche et le cul qu'il baisait à son gré il y avait aussi un garçon sensible et accessoirement amoureux. Je prends trop de plaisir avec toi, et c'est de ta faute – m’avouera-t-il un jour, après une jouissance particulièrement intense.

    Mettre à mal ses certitudes de jeune mec sûr de lui, lui montrer que l’épanouissent de sa sexualité était loin d'être abouti, et ce n'était pas lui qui allait compléter sa découverte, ni une fille mais bien un pd...et ce pd… c'était moi ! J'adorais également penser que devant de telles découvertes, il allait se poser des questions. J'étais en train de mettre à mal ses certitudes au sujet de sa sexualité, un des piliers de sa personnalité toute entière, de le rendre accro à nos jeux : c'est exactement ce qui était en train de se passer, mais à l'époque je ne m'en rendais absolument pas compte.

    Tu as aimé ? – j’eus envie de lui demander, pas qu'un peu fier de moi.

    Putain, mec, tu fais de ces trucs... je ne pensais même pas que c'était possible de prendre autant son pied!

    On m’avait décerné le Nobel de Littérature, je n’aurai pas été plus heureux.

    C'était bon ? – j'insistai, coquin… avide de le réjouir un peu plus de mon triomphe.

    T'es fou… où est ce que tu as appris à faire ça ?

    Sais pas… j'ai pas appris… tu es le premier pour moi… ça m'est venu comme ça, sur le moment.

    Il ne réagit pas à mes mots, il récupérait toujours.

    Allongé sur le lit, vulnérable, ayant du mal à ressembler ses esprits et sa puissance virile, provisoirement dénué de sa fierté de mâle, de son panache, Jérémie était tout simplement d'une beauté à pleurer. Ce corps nu, sans défense, sa volonté et sa force d'esprit comme emportées par une cuite ou par un shoot ; ce beau physique de garçon m'inspirait à ce moment là toute autre chose que le désir brûlant que je ressentais à chaque fois que je posais mes yeux dessus ou que mon souvenir m'en ramenait l'image ; en cet instant je ressentais pour Jérémie une tendresse infinie, un désir immense de délicates caresses, de tendres baisers, de doux câlins et de complicité sentimentale.

    Dans ce moment de fragilité physique et morale, j'avais même l'impression d'arriver à entrevoir quelque chose de plus intime, à travers la barrière impénétrable de sa sensualité et de son charme, comme si ce mur de défense se délitait provisoirement, laissant paraître quelques brèches et un début de sensibilité, un début de livraison de soi. Et ces larmes, vision incroyable… Jérém était donc… humain…

    J'étais si touché, si ému que ma main bougea presque sans le soutien de ma volonté, s’approchant de sa tête et permettant à mes doigts de glisser dans ses cheveux. Malgré l’interdiction de la dernière fois de lui faire des câlins, quelque chose en moi me disait qu’il ne serait pas contre un contact tendre et rassurant. Je me lançais timidement dans ce gendre d'effusion, tout en guettant sa réaction… j'avais peur qu'il le prenne mal, mais j'en avais tellement envie…

    Ses cheveux courts étaient d'une douceur incroyable, il n’avait presque pas mis de gel, tout comme la peau de son visage, et celle de son cou, douce et moite, ou celle de son torse, carrément ruisselante de transpiration, que je caressais lentement, tout en douceur, centimètre après centimètre. Je craignais à chaque caresse, une réaction qui ne vint pas. Au contraire, sous la pression légère de ma main, privé du contact de son regard du fait qu'il gardait toujours ses yeux fermés, je devinais à ses changements de respiration, à ses inspirations et expirations plus intenses ou plus profondes, à certains mouvements de ses traits, à ses déglutitions viriles, qu'il appréciait ce genre de contact. C'était tellement bon de lui prodiguer ces câlins, j'avais qu'un envie, c'était de l'embrasser sur les lèvres… Je le trouvais tellement  touchant dans sa vulnérabilité, désarmé enfin de son machisme si sexy par ailleurs, mais cachant sa sensibilité. Jamais je l'avais vu si affecté par un orgasme : on aurait dit que ce coup de fouet sensoriel avait balayé en lui toutes les tensions qu'il avait à l’intérieur. Avec la violence dévastatrice d’une tornade à qui rien ne résiste sur son passage.

    Je le caressais toujours, je sentais sous mes mains les battement de son cœur, encore rapides, ses respirations, encore haletantes. Cette nuit là je n’osai pas l’embrasser, de peur de briser cet instant de pure grâce. J’arrêtai mes câlins au moment où je sentis qu’il revenait à lui, que sa respiration devenait plus calme. Faut savoir arrêter de jouer tant qu’on gagne.

    Cette nuit là on ne recommença rien de sexuel; il fallut des longues minutes avant que Jérém arrive à récupérer assez la maîtrise de son corps pour avoir envie d'aller fumer sa clope; je le regardais traverser la pièce, nu, presque chancelant, arriver sur la terrasse, disparaître à moitié dans la pénombre, s'appuyer au mur de tout son dos ; allumer sa cigarette avec un geste incertain, tirer la première taffe et se laisser glisser en position assise tellement ses jambes ne le portaient pas.

    Je l'avais épuisé, en une seule éjaculation. Il n'avait besoin de rien de plus, je n'avais besoin de rien de plus.

    Salut Jérém…

    Salut…

    Et je repartis dans la fraîcheur du matin naissant.


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