• 49.5 Match et après match - Troisième mi-temps

    Les gestes du bobrun sont rapides, presque violents, des gestes qui me font sentir complètement en son pouvoir, comme si je lui appartenais, comme si je n’avais pas le choix… mes jambes en l’air, le bogoss entreprend de me déshabiller… en quelques secondes à peine, mes chaussures, mon short, mon boxer ont volé… je seconde ses intentions en me chargeant de mon t-shirt…

    Me voilà complétement nu devant lui… à sa complète disposition… je le vois se lever et se débarrasser à son tour de ses baskets, volées dans la précipitation sans prendre le temps de défaire les lacets, de son short et de son boxer… complètement nu lui aussi, le sexe tendu pointant le zénith, debout, une jambe de chaque côté du banc… l’air triomphant, le mec me domine de tout son mètre 80… et de toute sa puissance masculine…

     

    Un peu plus tôt, ce même dimanche…

     

    Le sifflement de l'arbitre, suivi par un grand bruit de liesse venant des spectateurs marque la fin de la rencontre.

    Que ce soit coté supporters maison ou côté adversaires, on ovationne cette transformation spectaculaire qui force le respect et l’admiration…

    Malgré sa blessure, l’ailier inscrit donc deux essais magnifiques et une transformation inespérée…

    C’est magique… juste magique… je suis admiratif de comment mon bobrun est arrivé à allier, à doser savamment vitesse, puissance et précision millimétrique… comment il est parvenu à calculer l’angle de tir parfait, en déterminant le positionnement de son pied et l’endroit précis à frapper sur le ballon pour donner la bonne direction… je n’ai jamais essayé de taper dans un ballon de rugby… je me dis toutefois que si j’essayais, il y aurait de fortes chances que le ballon partirait dans n’importe quelle direction, sauf la bonne… je ne connais rien au rugby… je ne sais pas ce que c’est un joli but… mais je suis sûr que ce que vient de faire mon Jérém m’impressionne vraiment…

    Mon Jérém… si on ne sait pas à quoi ça ressemble un mec de 19 ans, rayonnant, débordant de joie… il fallait le voir à cet instant… le voir lever les bras et le visage vers le ciel… heureux comme un gosse… tellement heureux d'avoir réussi... j’ai l’impression qu’il est ému au point qu’il se retient de justesse de pleurer…

    Dès la fin du temps règlementaire sifflée, ses potes, avant d’être des coéquipiers, accourent pour le féliciter, le serrer dans les bras, lui montrer toute leur admiration, leur reconnaissance…

    C’est vraiment un beau et touchant spectacle…

    Thibault, l’initiateur de l’action qui a mené à la victoire, est félicité à son tour, entouré par l’affection et les effusions de ses coéquipiers…

    Et c’est beau aussi de voir les joueurs en rouge venir à leur tour saluer les deux potes, leur serrer la main l’un après l’autre…

    Mais la plus touchante des étreintes est bien évidemment celle entre Jérém et Thibault… étreinte aussi chaleureuse, enjouée, emportée dans un sens que dans l’autre… les deux potes savent plus que quiconque que, sans l’autre, cette victoire n’aurait pas été possible… l’étreinte est longue, puissante touchante… c’en est à un point émouvant que j’en ai presque les larmes aux yeux…

    Lorsque les deux torses se séparent enfin, les mains de Jérém se portent de part et d’autre du visage de Thibault… je les vois rigoler nerveusement sous l’effet de l’émotion… leurs fronts sont si proches que j’ai presque l’impression qu’ils vont se rouler une pelle…

    Thibault se penche sur l’oreille de mon bobrun… là encore, et plus que jamais, je donnerais une fortune, y compris toute ma collec de cd de Madonna présents et à venir, pour savoir quels mots il lui a chuchotés à l’oreille… certainement le genre de mots dont ce mec a le secret, des mots justes qui réchauffent l’esprit…

    Des mots qui ont dû être touchants au point de toucher une sacrée corde sensible dans l’esprit de mon bobrun… Jérém est clairement submergé par un trop plein d’émotions… son visage change soudainement d’expression… je suis loin, mais je suis prêt à affirmer que des larmes commencent à couler sur son visage…

     

    Je ne peux pas exprimer ce que ça me fait de voir ce petit mec en larmes… c’est mignon et touchant à en pleurer... un frisson se dégage dans mon ventre, se propage à mes poumons, jusqu’à déborder dans mes yeux... l'émotion sur le terrain est très forte... mais la voir prendre forme dans les larmes inattendues d'un petit con comme Jérém... c'est violent… j’en pleure à mon tour…

    Cette image si inattendue, celle d’un p’tit mec a priori « solide » comme mon Jérém fondant en larmes, cette image porte en elle quelque chose de profondément bouleversant…

    Comme une sorte de pass furtif et éphémère capable de me laisser approcher sa fragilité profonde, de laisser entrevoir son humanité sans aucun artifice, une humanité mise à nu sans préméditation, frappante de vérité…

    La fragilité d’un p’tit mec bien dans ses baskets, mais dont la carapace de virilité tombe tout à coup, dévoilant ainsi un peu plus de l’authenticité de sa personnalité, sa part de tendresse, sa sensibilité à fleur de peau jusque-là toujours bridées, toujours reniées, bien que déjà elles pouvaient transparaitre dans quelques gestes, attitudes, regards…

    Passé le premier instant de stupeur, je me sens immédiatement assailli par eu une furieuse envie de le rejoindre en courant, de le serrer très fort dans mes bras... rien de sexuel à cet instant, juste envie de le calmer...

    Un mec aussi mignon ne devrait jamais être triste... mais quand il l’est, il grimpe encore d’un cran dans l’échelle des émotions qu’il suscite et qu’il inspire en moi… j’aimerais pouvoir tout faire pour être celui qui va lui redonner son sourire lumineux chargé de promesses de plaisirs….

    Oui, j’en envie de courir à ses côtés… d’être là pour lui, de le laisser pleurer doucement en lui parlant… et lui disant ce qu’il vient de faire est juste magique, qu’il n’y a pas de raison de pleurer…

    Pourtant, je sais bien que ces larmes ont besoin de sortir… ce sont des larmes à la fois de bonheur et de délivrance, traduisant sa joie immense, ainsi que le relâchement d’une très grande tension qui plombait son esprit depuis une longue et difficile semaine…

    Je n’aurai ni le courage, ni l’occasion de l’approcher… une foule assez dense, et surtout la pudeur, nous séparent… alors, ce sont les bras puissants de Thibault qui se chargeront de tenter de te rassurer… ces bras que, j’en suis sûr, ont l’habitude de cela… ces bras qui, en cette période de complicité un peu mise à mal, ne demandent que ça…

    Je vois alors Thibault serrer à nouveau son pote contre lui… je vois Jérém plonger le visage dans le creux de l’épaule du beau pompier… ça a toute l’air d’un geste pudique, touchant, un geste qui ressemble tellement à Thibault… une façon élégante d’épargner à l’égo de Jérém le malaise de montrer ses larmes en public… un pote, c’est ça…

    Leur étreinte dure de longues secondes… d’autres joueurs viennent s’ajouter à l’étreinte, et bientôt c’est carrément une mêlée de câlins qui s’agglutine autour des deux champions…

    Quelques secondes plus tard, le jeune ailier se retrouve projeté à presque deux mètres du sol, porté à bout de bras par se coéquipiers…

    Lorsqu’enfin ses pieds touchent à nouveau le sol, c’est le public qui vient lui rendre hommage… et là, alors qu’une petite foule s’amasse autour de lui, je le vois accomplir un geste inconscient, à la fois sexy, ultra érotique et attendrissant… ses doigts attrapent le bas du maillot, le soulèvent, découvrant au passage ses abdos dessinés… vision de rêve, de rêve érotique… le cou se plie, le visage approche du coton… son front, ses joues ont besoin d’être essuyées de la transpiration ruisselante, certes… mais ses yeux, j’en suis désormais certain, ont eux aussi besoin d’être essuyés…

    Il faudrait qu’on me dise comment on peut ne pas être dingues de ce mec…

    Une fois l’émotion évacuée, c’est tellement beau de le voir avec la banane jusqu’aux oreilles, ne tenant plus en place, le voir sautiller avec ses potes… Jérém a l’air clairement et à juste titre fier de son exploit, mais il n’a pas l’attitude d’un mec qui se la pète… il est heureux d’avoir réussi, avec ses potes, pour ses potes…

    On sent qu'il a vraiment tout donné et qu’il est fier comme un gosse, et qu’il a presque encore envie de pleurer... il est excité, galvanisé… un petit sourire ne quitte plus sur son visage, il est aux anges, j’ai m’impression que rien ne pourrait le rendre plus heureux… et lorsqu’il lève un nouvelle fois le visage vers le ciel en fermant les yeux, il est vraiment adorable…

    C’est ce jour-là, en assistant à ce match de rugby, que j’ai senti pour la première fois la profonde et intense beauté dégagée par l’incroyable aventure humaine, bien avant que sportive, qu’est un sport d’équipe…

    Et ça m’a pris aux tripes… et non seulement parce que je suis heureux que mon bobrun ait gagné… ce jour-là j’ai vraiment senti le frisson de la compétition, de la passion commune, de l’amitié qui prime sur les relations sportives… lorsque je vois ces gars s’enlacer sur le coup de la liesse, ce ne sont même plus des images érotiques qui se pressent dans ma tête… je suis juste envieux de la chaleur humaine, du témoignage d’amitié, du partage, des émotions qui réchauffent, que ces étreintes semblent véhiculer…

    Les joueurs en blanc et vert prennent la pose devant les poteaux. Un journaliste de la Dépêche du Midi souhaite les prendre en photo… Lorsque les rangs se rompent, le journaliste s’approche de mon beau brun, le prend en photo tout seul et lui tend ce qui ressemble à un dictaphone.

    Mon Jérém n’a pas du tout l’air à l’aise avec ce style d’exercice… l’interview ne dure pas longtemps… une minute plus tard je le vois traverser le terrain, enlever son maillot d’un geste rapide… le torse brillant de transpiration, le maillot coincé vite fait dans son short, pendouillant le long sa jambe, le bogoss se dirige vers la buvette où les joueurs des deux équipes partagent une bière bien fraiche avec les supporters les plus fervents…

    L’heure est au débriefing… je m’attarde à regarder Jérém en train d’avaler sa bière par grandes gorgées tout en mimant des bras telle ou telle action du match…

    Aurélie est en train de mener avec ma cousine un autre type de débriefing, portant sur ses exploits de drague pendant le match… leur proximité me donne une petite légitimation pour trainer aux abords du terrain, alors que le site commence à se vider petit à petit…

    Je ne peux pas quitter mon bobrun des yeux… et à un moment, fatalement, nos regards se croisent… et là, je le vois me balancer un petit sourire magnifique et un regard des plus charmeurs…

    Petit con, va… mais petit con avec un sourire joyeux à le bouffer tout cru… un sourire si beau, comme un ciel bleu dégagé de tout nuage, un sourire que je voudrais voir tous les jours sur son visage…

    C’est comme si toutes ses tensions s’étaient dissipées, comme si ses démons avaient été éloignés, grâce à l’effet galvanisant de la victoire, victoire capable de dégager des endorphines, régulateurs d’humeur naturels, comme après un orgasme...

    « Hey, cousin… t’as vu comme il t’a regardé, le bobrun ? T’as vu ce regard de fauve fier et touchant, content que tu sois là, content que tu aies assisté à sa victoire ? ».

    « Tu crois ? » je m’étonne.

    « Mais ça crève les yeux !!! ».

    « Ah, bon… ».

    « Il ne te reste qu’une chose à faire… » fait-elle.

    « Aller le féliciter ? » je demande, face à l’évidence.

    « Ah, enfin, ça commence à rentrer… merci la cousine… » se moque-t-elle « il est de bon poil, il a la banane jusqu’aux oreilles, et il t’a souri… alors, attaque ! Moi je vais y aller… tu sais ce qu’il te reste à faire… j’attends de tes nouvelles, mon cousin ! ». 

    Elodie s’éloigne avec un grand sourire et en tirant la langue… je me force à me lancer de suite dans mon propos d’aller à la rencontre du bobrun, avant que l’énergie positive insufflée par ma cousine ne me quitte, sans vraiment savoir comment je vais pouvoir l’approcher, accaparé comme il l’est par ses potes…

    Je m’avance sur le terrain, direction la buvette, bien décidé à ne pas me laisser freiner dans mon élan, ni par mes réticences, ni par mes craintes, ni par aucune autre raison…

    Hélas, une résolution, si forte soit-elle, ne fait pas toujours le poids face aux aléas…

    Et c’est bien un aléa qui me fera interrompre ma trajectoire… un aléa tout en muscles, sortant tout droit des vestiaires, tout beau, tout propre… et tout seul… un aléa dont le regard croisera le mien, dont le sourire chauffera mon cœur, rendant inévitable l’abandon de ma résolution…

    « Salut… » je lance timidement au beau pompier.

    « Hey… toi… salut ! » je l’entends s’exclamer, avant de se lancer dans une bise aussi naturelle pour lui que difficile à assumer pour moi, vu la dispute de la veille avec le bobrun, et sa sommation de ne plus « faire chier Thibault avec mes conneries »…

    Avec la chance que j’ai, mon bobrun doit me regarder faire depuis la buvette… pourtant, je n’ai pas le choix… je ne peux pas repousser son geste amical… ce gars est vraiment adorable… alors, lorsqu’il s’avance vers moi pour me faire la bise, je me laisse faire et je seconde son geste… opération délicate, vu que le beau pompier sort tout juste de la douche et que son corps musclé est moulé dans un short beige et un marcel noir, un marcel d’où ses épaules nues dégagent une sensualité torride… opération risquée, vu que de sa peau, encore bien chaude sous l’effet de l’effort et de l’eau chaude, émane une fraiche odeur de bon, de propre, de doux, de simplement masculin… opération extrême, vu que le bomec tient à la main un sac de sport qui doit enfermer des trésors de tissus imprégnés d’odeurs masculines de valeur inestimable…

    « Ca va Nico ? ».

    « Très bien, très bien… je suis super content pour cette victoire… vous avez super bien joué ! ».

    Thibault sourit, un sourire lumineux et sympathique qui mettrait n’importe qui à l’aise.

    Merci Thibault… pas facile de féliciter quelqu’un d’un exploit dont on ne connaît pas les tenants et les aboutissants… le vocabulaire du rugby est pour moi aussi étranger que le chinois ancien…

    J’essaie d’enchainer, si bien que mal…

    « Vous avez très bien joué, le public était survolté… félicitations pour cette passe décisive… ».

    « Je n’ai rien fait… Jéjé était au bon endroit, au bon moment… il a défoncé la défense de l’autre équipe… il a tout tout tout donné… malgré son coup à l’épaule qui le fait encore souffrir… c’est lui qu’il faut féliciter… ».

    « Je n’y connais rien en rugby… mais je pense que sans ta passe au bon moment, Jérém n’aurait pas pu aller au but… ».

    Thibault sourit.

    « Le rugby c’est un taf d’équipe… on ne peut pas la jouer solo… soit on gagne ensemble… soit on ne gagne pas… le rugby c’est un taf entre potes… ».

    J’ai envie de le serrer contre moi et de l’embrasser tant ses mots sont chargés de douceur et de bienveillance.

    « Viens, je t’offre une bière… » il me lance.

    Je tourne légèrement le regard vers la buvette et je me rends compte que le bobrun regarde effectivement dans notre direction. La proposition de Thibault me tente bien, mais je sens qu’il va y avoir malaise avec Jérém… je me dégonfle…

    « Je te remercie, mais il faut que j’y aille ».

    « Allez, t’as bien dix minutes pour une bière et pour toucher deux mots à Jéjé sur ses exploits… je suis sûr que ça va lui faire plaisir… ».

    Devant autant de gentillesse, de générosité et de grandeur d’esprit, ce serait délictuel de refuser.

    C’est ainsi que Thibault m’entraine vers la buvette ; il lâche son sac de sport dans un coin… à l’aise… j’ai envie de lui demander s’il n’a pas peur de te faire piquer ce trésor inestimable ?

    Déjà que moi, je suis à deux doigts de commettre un hold-up et me barrer avec…

    Le beau pompier commande deux bières, il m’en tend une… il tape sa bouteille contre la mienne pour trinquer… il me regarde droit dans les yeux, il me balance un clin d’œil qui ferait fondre le Pic du Midi en plein mois de janvier… et un instant plus tard, je le vois se mêler aux supporters et aux joueurs…

    Bah, c’est sympa mon Thibault de me laisser seul comme un con au milieu de mecs hétéro au demeurant plutôt charmants, mais que je ne connais pas du tout et avec lesquels je n’ai rien de chez rien en commun… des mecs qui ne vont pas venir me parler et à qui je ne vais pas oser parler… bien sûr, l’ambiance à la fête pourrait faciliter le contact… mais ma timidité maladive scelle mon isolement…

    La seule chose à faire, est de mater Jérém… beau comme un dieu, toujours torse nu et une bière à la main, en train de rigoler avec ses potes… entouré comme il l’est, comme une petite star, je ne vais jamais oser l’approcher…

    L’approcher pour quoi, à la fin… pour me faire regarder de travers parce qu’il m’a vu parler avec Thibault ? Parce que je suis là et que ma présence pourrait le mettre mal à l’aise par rapport à ses potes ?

    Non, je ne vais pas l’approcher… alors, il ne me reste qu’à le mater, à m’abreuver de sa beauté et de sa jeunesse… le bogoss est posté à l’opposé de la buvette, en train de déconner, entouré d’un petit groupe de mecs… je le regarde faire pendant un petit moment, tout heureux et souriant… je voudrais vraiment que ce sourire ne le quitte jamais…

    Il est tellement pris dans la conversation qu’il ne doit même pas se rendre compte que l’heure avance… et alors que ses coéquipiers sortent déjà douchés et changés et prêts à partir, Jérém est encore en tenue de match…

    Faut-il encore que je détaille l’effet qui peut avoir sur moi le fait de croiser, de près ou de loin, des jeunes sportifs tout juste sortis du vestiaire, trainant autour d’eux une odeur de gel douche et de shampoing, les coupes de cheveux encore humides et approximatives, sentant le gel et la fraicheur… tout comme les habits propres, sortis de lessive, jeans chemise pour les uns, shorts marcels pour d’autres… tous tenant à la main ces sacs de sport, véritables objets de fantasme et de désir…

    Et lorsque je regarde côte à côte ces joueurs fraichement douchées et mon bobrun encore en sueur et en maillot, je trouve le contraste détonnant… le mélange de deux façons opposées, bien qu’aussi puissante l’une que l’autre, de transpirer la testostérone…

    Habillé de son marcel noir affolant, donnant toute liberté à la rondeur de ses biceps, ne laissant rien à deviner sur la puissance de son torse, Thibault se rapproche de Jérém… et moi je ne peux m’empêcher d’exclamer en mon for intérieur :

    Putain, quel tableau !

    L’un classe, tout propre, sentant bon un deo de mec… et l’autre, toujours sapé en sportif, sentant tout aussi bon, mais dans une gamme olfactive bien différente… celle des odeurs d’homme après un gros effort… le mélange des deux images me fait croire dans un rêve…

    L’heure tourne et les derniers supporters commencent à partir. Le vent s’est remis à souffler et à un moment je vois Jérém remettre son maillot…

    La foule se disperse, le petit groupe autour de Jérém se fait de moins en moins nombreux… il ne reste désormais que deux potes en train de terminer leurs bières avec le capitaine de l’équipe…

    Je regarde mon bobrun et je repense à ses larmes après la fin du match… j’ai envie d’aller le féliciter, de le serrer dans mes bras, de le câliner, j’ai envie de lui dire qu’un homme qui pleure c’est touchant, un homme qui pleure c’est beau, un homme qui pleure, en public qui plus es, ce n’est pas un faible, bien au contraire… un homme qui pleure parce qu’il est heureux, c’est courageux à mes yeux… et ce mec qui pleure, ça me fait fondre…

    Bien sûr, je sais que c’est la dernière chose à faire… ou la première à faire pour me faire jeter…

    Mais depuis, mon bobrun a été accaparé par les autres joueurs, par les supporters, ses larmes ont séché et le sourire est revenu sur son beau visage, encore plus beau, comme un rayon de soleil qui déchire petit à petit les nuages après un orage au mois d’août…

    Autour de la buvette, ça s’éclaircit aussi… soudainement je me sens à découvert, presque à nu… le bruit des conversations est réduit d’autant, chose qui me permet d’entendre Thibault s’adresser à son Jéjé, tout en lui mettant une petite tape dans le dos :

    « T’es encore en train de tchatcher ? On est tous prêts… grouilles toi d’aller te changer qu’on file au barbec’ chez le coach… ».

    « Partez devant, je vous rejoins après, de toute façon le coach m’a laissé la clé des vestiaires… » j’entends Jérém lui répondre.

    « Ok, mais grouille ! » prend congé le beau mécano en se dirigeant avec d’autres coéquipiers vers le parking. Beau mécano qui n’oublie pas de me lancer un charmant sourire en guise d’au revoir.

    Jérém discute toujours avec les deux mecs qui ne semblent pas pressés de quitter les lieux… moi en revanche, bientôt seul pilier de cette buvette presque complétement désertée, je suis de plus en plus tenté de me tirer…

    Jérém ne m’a pas glissé un seul regard depuis que je suis là, seul comme un con avec ma bière, et je sens que je ne vais pas oser l’approcher…

    Bien sûr… je me dis que tous ses coéquipiers et ses adversaires ont quitté les lieux… ce qui pourrait ouvrir la possibilité à un après match de dingue dans les vestiaires… mais je sais aussi qu’il est attendu… et que l’appel d’une soirée entre potes après une victoire de finale risque fort de l’emporter sur l’appel de la queue… je doute fort que dans l’état d’euphorie dans lequel il est à ce moment-là, il ait la tête à ça…

    La dernière gorgée de ma bière avalée, je pose mon verre sur le rebord et je fais demi-tour, la sensation que mon après-midi se termine un peu en cacahuète…

    Inutile d’attendre plus longent… je n’aurai pas l’occasion de le féliciter pour son exploit… de lui dire à quel point je l’ai trouvé touchant dans le jeu… à quel point ses larmes m’ont touché… je sens la tristesse et la frustration s’emparer de mon cœur…

    Je suis venu au stade pour lui montrer que je m’intéresse à ce qu’il fait et parce que je sais, car il me l’a dit, à quel point ce sport compte pour lui… je suis venu pour m’assurer que tout se passe bien, que son équipe gagne… j’aurais été trop inquiet à attendre chez moi de savoir comment ce match s’était passé… non, à la base je ne suis pas venu pour un gros câlin dans les vestiaires…

    Pourtant… il faut bien admettre que l’ambiance chargée de testostérone du match et de l’après match, avec ce défilé de bogoss en t-shirt moulant et deo aux senteurs les unes plus fraiches que les autres, la vue de mon bobrun torse nu et tout sourire… m’a donné des envies…

    Je crève d’envie de mélanger mon corps au sien et de lui offrir un plaisir géant… de l’offrir à mon Jérém, mon Jérém à moi, le mec le plus sexy de la planète… de l’offrir au mec que j’ai vu pour la première fois ému aux larmes… au mec héro de ce match si important… car un mec comme ça… il mérite bien de le faire jouir comme un dingue, non ?

    Mais, à l’évidence, ce ne sera pas pour aujourd’hui… je m’achemine vers la sortie du stade, déçu de n’avoir pu échanger ne serait-ce qu’un regard avec mon bobrun depuis mon arrivée à la buvette…

    Une fois dans la rue, je me sens un peu mieux… toujours déçu, mais la distance croissante fait que ma frustration se dissipe, pas après pas…

    Et puis, en traversant un boulevard, mon portable émet un petit son aigu… un message... le genre de message qui contient à mes yeux plus de poésie que l’intégrale de Baudelaire :

    « vestiaire mtn».


    Merci FanB, gripsou, Bab, Olivier, Pascal, many_nation, yann, cyril, Rodrigue (à qui je dois l’idée ce cet épisode autour de la finale) pour leur participation, de par leurs commentaires et leurs suggestions, à la trame et au développement de cet épisode.
    Merci à tous ceux qui ont participé à la soirée chat du 6 décembre dernier, ils s’y reconnaitront.
    Merci à tous les bogoss croisés un jour, dont le sourire, les larmes, la simple existence, m’ont inspiré pour donner du réalisme à mes personnages et à mes situations.
    Cet épisode est vraiment un beau travail d’équipe.


  • Commentaires

    1
    Yann
    Lundi 19 Décembre 2016 à 17:28

     

    Mon Com sur les trois derniers épisodes.

    Après cette finale gagnée, enfin le moral remonte au beau fixe pour Jerem et par contre coup pour Nico. Ceci étant je suis un peu triste que Nico se tienne en retrait et ne soit pas allé féliciter Jerem comme tous ses potes. Quoi de plus normal ? Il n'y avait rien d'équivoque à aller lui faire l'accolade s'il ne lui roulait pas une pelle évidement.  Il n'y a pas écrit PD sur le front de Nico. Qu'ils veuillent garder leur relation confidentielle ça peut se comprendre mais de là à presque s'ignorer c'est trop triste dans un moment pareil. Il faudrait qu'enfin ils dépassent leurs appréhensions sur leur relation mais il y a encore du chemin à faire surtout pour Jerem.

     

    Yann

     

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