• NOUVEAU ! Regardez une minute de vidéo pour m'aider sans dépenser un centime! (voir détails à la fin de l'épisode).

     

    Jérém&Nico S02Ep07 Après l'amour et les câlins.

    [Toute ressemblance avec des personnes existantes ou des événements ayant existé serait purement fortuite].

               

    Puis, après l’amour, après les câlins, comme pendant une ivresse, l’ivresse des sens et de l’esprit, la parole se libère.

    « Heureusement que t’as eu les couilles de proposer les révisions… » me balance Jérém de but en blanc.

    « Pourquoi t’as dit oui quand je t’ai proposé de réviser ? ».

    J’ai déjà posé cette question, et les réponses que j’en avais obtenues avaient été au mieux décevantes, au pire blessantes.

    « Parce que je voulais avoir une chance d’avoir le bac… » : telle avait été sa réponse décevante après la nuit fantastique qui avait suivi le plan à trois avec le bobarbu Romain, levé au On Off.

    « Parce que je voulais baiser ton cul… » : telle avait été sa réponse, blessante et humiliante, la dernière fois où il était venu chez moi, un mois plus tôt, le jour de notre clash, peu avant que nous en venions aux mains.

    Mais ces réponses venaient de la bouche d’un Jérém qui n’assumait pas notre bonheur. Alors, je suis impatient d’entendre la véritable réponse à cette question qui me taraude depuis le début de nos révisions, d’entendre la réponse du véritable Jérém, celui qui n’a plus peur de ce qu’il ressent, qui ne se cache plus de lui-même, et de moi.

    « Parce que… » il se lance, sans arriver au bout de son intention.

    « Vas-y Jérém, dis-moi… »

    « Parce que… parce que tu me faisais de l’effet… ».

    « De l’effet ? ».

    « J’avais envie de coucher avec toi… ».

    « Tu prévoyais déjà de coucher avec moi quand t’as dit oui ? ».

    « Je ne savais pas si on allait coucher… » puis, après une petite pause, il continue : « j’avais envie de voir comment tu réagirais si je te chauffais un peu… ».

    « Mais tu savais déjà que je te kiffais… ».

    « Oui, bien sûr… mais nous ne nous étions encore jamais retrouvés que tous les deux, sans personne autour… et chez moi, en plus… ».

    « Et tu pensais que chez toi, ce serait l’endroit idéal pour me faire craquer… ».

    « Au rugby on le sait bien, quand on joue « à la maison », on a l’avantage… ».

    « Petit coquin, va… ».

    « Pas plus que toi… ».

    « Depuis quand je te faisais de l’effet ? » j’ai envie de savoir.

    « Je crois que je t’ai remarqué le premier jour du lycée… ».

    « Et qu’est-ce qui t’a plus chez moi ? ».

    « C’est ton regard qui m’a frappé… ».

    « Mon regard ? »

    « Dans ton regard, j’ai vu que tu me kiffais à mort… j’ai de suite compris que t’avais envie de moi… ».

    « C’est drôle que tu dises ça… parce que le premier jour, je n’envisageais même pas de coucher avec toi… ».

    « C’est ça… à d’autres… ».

    « Je te promets… j’étais tellement déboussolé que j’avais du mal à comprendre ce qui se passait… c’était la première fois que je ressentais un truc pareil… j’avais chaud, j’avais froid, j’avais la tête qui tournait, j’avais le souffle coupé, j’avais le cœur qui tapait si fort que ça résonnait dans mon crâne et dans mon ventre… j’étais déboussolé, perdu… je ressentais tellement de sensations, tant de sensations que je ne connaissais pas… c’était le bordel dans ma tête… et puis, jamais ça ne me serait venu à l’esprit qu’un gars comme toi aurait envie d’un mec… comme moi… alors, non, ce jour-là, je ne crois pas que j’avais envisagé de coucher avec toi… de toute façon, je ne sais même pas si à ce moment-là j’avais déjà envisagé de coucher avec un gars, tout court… ».

    « Tu ne savais pas que t’étais attiré par les mecs ? ».

    « Si, bien sûr que je le savais… mais je ne l’avais pas encore assumé… c’était le bazar dans ma tête… je n’avais jamais encore vraiment réfléchi à ma sexualité… mais à l’instant où je t’ai vu, et encore plus quand j’ai croisé ton regard, j’ai eu avant tout envie de tout savoir de toi… jamais je n’avais ressenti un truc aussi soudain et violent pour un gars… et j’ai tout de suite été jaloux des gars avec qui tu discutais dans la cour du lycée… ».

    « Jaloux ? ».

    « Parce qu’ils avaient la chance de te connaître, de passer du temps avec toi, de t’entendre parler, rigoler, de te serrer la main, de te faire la bise… ».

    « Tu voulais être mon pote… ».

    « Oui, je crois que c’est ça… je voulais être ton pote… bien sûr, je te trouvais beau comme jamais je n’avais trouvé beau un mec… je te trouvais canon, mille fois plus beau que moi…  j’adorais ton corps, ton visage, ton brushing, ton t-shirt noir qui t’allait comme un gant… j’adorais ton assurance, ton attitude de petit branleur, ta façon d’être avec tes potes, ton sourire de fou… mais je crois bien que moi aussi, ce qui m’a touché en premier, c’est ton regard… enfin… juste après ton t-shirt noir et ton brushing de bogoss… ».

    « Qu’est-ce qu’il avait mon regard ? ».

    « Je crois que dans ton regard j’ai vu ce truc que tu essayais de cacher… ».

    « Quel truc ? ».

    « Le véritable Jérém… celui qui se cachait derrière ses airs de bobrun ténébreux et inaccessible… ».

    « C'est-à-dire ? ».

    « Un gars qui avait juste besoin d’être aimé… tu sais, Jérém… en ce premier jour de lycée, tu m’as touché à un point que tu ne peux même pas imaginer… à partir de ce moment, je n’ai plus arrêté de penser à toi… et de te chercher partout, tout le temps… ».

    « Tu ne me quittais jamais du regard… ».

    « Tu t’en es rendu compte ? ».

    « Et comment j’aurais pu passer à côté ? » il se marre « dès que je me tournais, je croisais ton regard… et même quand je regardais ailleurs, je le sentais sur moi, tout le temps… il me suivait comme mon ombre… ».

    « C’était plus fort que moi… ».

    « Au début, ça m’agaçait un peu… mais très vite, ça a commencé à m’intriguer… et ça me faisait du bien… ».

    « Et pourtant, tu savais si bien m’ignorer… parfois, j’ai même eu peur que tu viennes me casser la gueule… ».

    « Je faisais semblant de t’ignorer… parce que je ne voulais pas me faire repérer par les autres… ni par toi… parce que je voulais croire que je pouvais t’ignorer… jusqu’au jour… ».

    « Jusqu’au jour… ? ».

    « Jusqu’au jour où je me suis branlé… en pensant à toi… ».

    « Tu t’es branlé… » je fais, incrédule.

    « C’est arrivé pas mal de fois… ».

    « Quand ça ? ».

    « Dès la seconde… ».

    « Pourtant tu couchais avec toutes les nanas qui te passaient à portée de queue… et t’avais encore envie de te branler ? ».

    « Si j’ai couché avec autant de nanas, c’est aussi pour me convaincre que j’étais… normal… ».

    « Tu te sentais attiré par d’autres mecs ? ».

    « Disons que certains gars me faisaient un effet que je n’arrivais pas vraiment à expliquer… notamment dans les vestiaires du rugby, sous les douches… ».

    « Tu étais attiré par des mecs beaucoup plus beaux que moi, alors… ».

    « Plus beaux, je ne sais pas… ».

    « Bien sûr que si… ».

    « Toi tu me faisais plus d’effet que n’importe quel gars… ».

    « Ah, putain… je ne raconte même pas l’effet que tu me faisais, toi… et le nombre de fois que je me suis branlé en pensant à toi… ».

    Nous nous prenons l’un dans les bras de l’autre, nous nous embrassons, nos corps nus se caressent, nos cheveux se mélangent, nous nous habillons l’un de l’autre.

    Puis, après un long moment de silence et de câlins, les mots viennent tout seuls, elles sortent de ma bouche avec le naturel de l’évidence, avec la simplicité de la vérité.

    « C’était tellement bon de te regarder en cours… ce que je ressentais pour toi était tellement fort… j’étais bouleversé… je ressentais de l’amour, du désir, de l’envie… tout ce qui rend heureux, quoi… c’est grâce à ce que je ressentais pour toi que j’ai enfin compris que je ne serais jamais hétéro… en fait, c’est grâce à toi que j’ai compris qui j’étais… plus je tombais raide dingue de toi, plus je trouvais naturel de m’accepter comme j’étais… plus j’étais amoureux de toi, plus je me sentais bien avec moi-même, plus je sentais qu’il ne pouvait y avoir aucun mal à aimer un gars… surtout, un gars comme toi… dès la seconde, j’ai réalisé que si un simple regard donne des frissons, si le cœur bat la chamade, il n’y a aucun mal à aimer… car l’amour n’a pas de sexe… ».

    « Moi, c’est en première que j’ai commencé à me demander comment je pourrais t’approcher… ».

    « Il aurait suffi d’un mot, pourtant… ».

    « Je sais… mais j’avais peur que tu ne tiennes pas ta langue… et ça, je n’aurais pas supporté… ».

    « Et quand tu te branlais… tu pensais à quoi ? T’avais envie de quoi ? ».

    « J’avais envie de coucher avec toi, mais de pouvoir arrêter si ça me faisait sentir trop pd… je me disais que comme tu me kiffais un max, j’aurais pu tirer mon coup et me tirer quand j’en aurais envie… c’est minable, je sais… surtout que, pendant trois ans, j’ai senti que tu avais envie de moi, mais aussi que tu étais amoureux… ».

    « Oui… j’étais fou de toi, bien avant qu’on couche ensemble… ».

    « Je sais… et ça me faisait un bien fou de savoir que je pouvais inspirer un tel sentiment… ».

    « Il devait y avoir aussi pas mal nanas folles de toi… ».

    « Oui, c’est arrivé… mais ça me faisait fuir sur le champ… alors que chez toi, ça m’a touché… peut-être parce qu’on se cherchait et qu’on y arrivait pas… et aussi parce que, même si je ne t’ai jamais vraiment donné d’espoirs, ton regard n’est jamais parti ailleurs… ».

    « Tu crois qu’en classe ils se sont rendu compte que tu me plaisais ? ».

    « Bien sûr que oui… mais c’est toi qu’ils traitaient de pd, parce que moi je me tapais des nanas, et aussi parce que je faisais semblant de t’ignorer… en plus, en seconde, je me foutais de ta gueule avec les autres… ».

    « Mais quel petit con, quand-même… ».

    « Il fallait bien que je détourne l’attention… c’est pour ça aussi que j’ai couché avec autant de nanas… je voulais que personne ne se pose la moindre question sur moi… je ne voulais plus être moqué… je ne voulais surtout pas revivre ce que j’avais vécu dans mon adolescence… plus tard, vers la fin de la première, quand les camarades ont commencé à me faire une réputation de « serial baiseur », il m’est arrivé de dire à certains gars d’arrêter de te casser les couilles… mais toujours discrètement, entre quatre yeux… ».

    « Et en même temps, tu avais déjà commencé à te demander comment coucher avec moi… ».

    « Oui… mais je ne savais pas comment t’aborder… je ne savais pas comment faire le premier pas, j’aurais voulu que ce soit toi qui le fasses… ».

    « Tu ne savais pas comment faire le premier pas… t’aurais voulu que ce soit moi qui le fasses… c’est marrant qui tu dises ça… tu avais l’air tellement sur de toi, et de ton charme… moi aussi j’aurais voulu que tu fasses le premier pas à ma place, parce que j’étais timide et coincé, parce que j’avais peur et que je n’avais pas le physique, la carrure, l’assurance, l’aura d’un mec comme toi… c’était une torture… ».

    « J’ai essayé de t’envoyer des signes, de t’allumer… comme le soir de l’anniversaire de Thomas… ou comme la fois où nous nous sommes retrouvés seuls, au bout des vignes, au retour du voyage en Italie… ce jour-là, j’ai vraiment cru que t’allais craquer et me balancer que t’avais envie de moi… ».

    « Mais tu aurais réagi comment si je t’avais dit que j’avais envie de toi ? ».

    « Je pense qu’on aurait couché ensemble… ».

    « Je n’en suis pas sûr… ».

    « T’as raison, je ne sais pas comment j’aurais réagi… » il admet, avec un petit sourire à faire fondre le soleil lui-même.

    « On aurait vraiment pu se rater pour de bon… » je considère.

    « Pendant les vacances scolaires de février dernier, j’ai commencé à me dire qu’on n’y arriverait pas… ».

    « Moi pareil… c’est pour ça que je t’ai proposé de réviser… ».

    « T’avais vraiment très envie… » il se moque.

    « Mais je voulais vraiment t’aider à réviser, je t’assure… quand je t’ai vu prendre encore une mauvaise note en math, j’ai vraiment eu peur pour ton bac… déjà que ça n’allait pas fort dans d’autres matières… ».

    « Pourquoi, tu surveillais mes notes ? ».

    « Autant que les miennes… je savais où tu avais la moyenne, et où tu ramais sévère… et je savais que les maths c’était pire que tout… ».

    « Alors ce n’était pas que pour coucher avec moi que t’as proposé de réviser ? ».

    « Bien sûr que j’avais envie de coucher avec toi… mais j’avais aussi envie de t’aider, vraiment … je ne voulais pas que tu rates le bac… ».

    « C’est gentil… même si franchement… moi je m’en foutais de réviser… parce que je me foutais du bac… je pensais que je m’en tirerais d'une manière ou d'une autre… par contre, j’avais trop envie de toi… ».

    « Ah, ben… t’as bien caché ton enthousiasme, alors… je me souviens très bien de ta réponse… c’était un truc du style : « si tu veux »… comme si tu t’en foutais complet… ».

    « Je ne voulais pas te montrer à quel point ça me faisait plaisir… ».

    « J’avais tellement peur que tu me jettes… j’en tremblais… je crois même que je bégayais… ».

    « Oui, tu bégayais… et c’était tellement mignon… ».

    « Je m’étais dit : ou ça passe ou ça casse… de toute façon, je n’avais plus rien à perdre… mais au fond, je ne croyais pas que je coucherais avec toi… j’ai même failli ne pas venir à la première révision… ».

    « Et pourquoi ? ».

    « Si tu savais comment j’étais nerveux… l’idée de me retrouver seul avec toi me terrifiait… ».

    « Moi aussi j’étais nerveux pendant que je t’attendais… ».

    « Je ne le crois pas… ».

    « Si, je te promets… ».

    « Là aussi, t’as bien caché ton jeu… ».

    « T’étais tellement nerveux que du coup j’ai senti que je pouvais y aller franco… et j’ai repris la main… ».

    « T’as surtout pris la mienne pour la mettre sur ta queue… ».

    « J’ai cru que t’allais faire un malaise… ».

    « J’ai bien failli… ».

    « T’as dû me prendre pour un barje… ».

    « J’ai été un peu surpris, mais j’ai vraiment kiffé… ».

    « En tout cas, merci de m’avoir aidé à réviser… ».

    « Mais je n’ai pas fait grand-chose… on a passé plus de temps à s’envoyer en l’air qu’à travailler… ».

    « Tu sais, même si je ne te l’ai pas vraiment montré, j’ai quand même écouté un peu de ce que tu racontais… j’avais même un technique pour retenir… ».

    « Quelle technique ? »

    « Associer tes explication avec les souvenirs de nos sauteries… ».

    « Petit coquin, va ! » je me moque, trouvant l’idée à la fois marrante et bandante.

    « Tu as été un super prof… ».

    « Tu ne m’as pas vraiment simplifié la tâche… ».

    « Pourquoi, ça ? ».

    « Parce que tu faisais tout ce que tu pouvais pour me foutre le cerveau en vrac… tes t-shirts moulants, tes pecs, tes abdos, ta peau mate, ton sourire, ton déo, ta queue tendue… t’avais bien compris comment me rendre dingue… ».

    « J’avais autant envie de toi que toi de moi… ».

    « Pourtant tu as continué à coucher avec des nanas… ».

    « Il fallait que je sauve les apparences… et il m’est arrivé de coucher avec une nana et de penser à toi… et ça me faisait venir très vite… parce qu’en vrai, je ne pensais qu’à coucher avec toi… j’avais tout le temps envie de gicler entre tes fesses… ».

    « Et tu ne t’es pas privé… ».

    « C’est tellement bon… jamais je n’avais pris autant mon pied… c’était encore meilleur que ce que j’avais imaginé… » fait-il, tout en posant des bisous dans le creux de mon épaule.

    « Et pourtant tu étais si dur avec moi… ».

    « Plus je sentais que je devenais accroc à nos « révisions », plus ça me faisait peur… quand j’étais excité, la peur disparaissait… mais dès que j’avais joui, la peur de devenir « pd » me rattrapait… c’est con, mais plus je prenais mon pied avec toi, plus j’avais besoin de me convaincre que je pourrais m’en passer… alors, toi non plus tu ne m’as pas rendu la tâche facile… ».

    « Pourquoi, ça ? ».

    « Parce que tu t’accrochais… tu voulais davantage que du sexe… ça, c’est le truc qui m’a toujours fait prendre mes jambes à mon cou avec les nanas… et ça a failli le faire avec toi aussi… mais je n’ai pas réussi… ».

    « Et pourquoi tu n’as pas réussi ? ».

    « Avant de commencer les révisions, je ne te connaissais pas du tout… en trois ans, on n’avait presque jamais parlé… mais pendant les révisions, j’ai découvert que tu étais vraiment un gars adorable… ».

    « Casse-couilles, mais adorable… » il ajoute, moqueur.

    « T’étais pas casse-couilles, toi… » je fais semblant de m’offusquer.

    Pour toute réponse, mon doux Jérém me fait plein de bisous dans le cou.

    « Tu me manquais tout le temps, tu me manquais tellement… » je me lâche « tu me manquais même quand j’étais chez toi… parce que j’avais envie de te prendre dans mes bras et de ne plus jamais partir de ta piaule… j’étais tellement bien quand j’étais avec toi… ».

    « Moi aussi j’étais bien quand tu étais là… et pourtant… tout ça me faisait très peur… du coup, j’ai voulu te mépriser pour ne pas m’attacher à toi, et j’ai voulu te faire chier pour t’empêcher de t’attacher à moi… j’avais peur qu’un jour tu me laisses tomber… ».

    « T’es fou, toi… comment j’aurais pu te laisser tomber, alors que j’étais fou de toi ? ».

    « Tu sais, c’était pareil avec les nanas… je les quittais pour ne pas me faire quitter… je me suis comporté comme un vrai connard… avec elles, avec toi… d’ailleurs, je ne comprends même pas comment t’as pu t’attacher à moi, alors que j’étais horrible avec toi… j’en étais même arrivé à penser que tu aimais ma brutalité… ».

    « Je ne t’ai jamais aimé pas pour ta brutalité, mais malgré ta brutalité… si j’ai tout accepté de toi, et peut-être trop, c’est parce que j’avais la trouille de me rebiffer… j’avais tellement peur que tu me jettes pour de bon, qu’il n’y ait plus de révisions… et puis tu étais si sûr de toi, sûr de ce que tu voulais et de ce que tu ne voulais pas… j’étais tellement naïf, tellement inexpérimenté… comment faire le poids face à un mec comme toi, un mec qui m’impressionnait de ouf ? Je manquais trop de confiance en moi pour te tenir tête… alors, j’ai pris sur moi, j’ai attendu que tu te rendes compte à quel point c’était génial entre nous… ».

    « J’ai toujours aimé quand tu me tenais tête… »

    « Ce n’est pas arrivé souvent… ».

    « Mais c’est arrivé quand même… ça me faisait chier mais j'aimais bien… t’aurais dû me secouer davantage… » il se marre.

    « Je ne voulais pas te perdre… et d’une certaine façon, j’ai eu raison… si je t’avais trop pris la tête, tu aurais foutu le camp pour de bon, et je n’aurais jamais connu le bonheur qu’on vit ensemble depuis hier… ».

    « Tu as été génial, Nico, dès notre première révision… ».

    « Tu sais, à notre première révision, j’étais puceau… ».

    « Je me doutais que tu l’étais, et je kiffais l’idée d’être ton premier… ».

    « Moi aussi je kiffais l’idée que tu sois mon premier… ».

    « Pour ta première fois tu aurais mérité mieux que ce que je t’ai proposé … ».

    « C’était bon… ».

    « J’ai été horrible avec toi… j’ai fait ce que j’avais envie et je t’ai jeté… ».

    « Ça a été comment ta première fois ? » je le relance, intrigué.

    Jérém ne répond pas tout de suite, et je l’entends déglutir bruyamment.

    « Oublie ma question… » je tente de rattraper le coup, en pensant soudainement à l’épisode que  Thibault m’avait appris quelques semaines plus tôt, à cette branlette sous la tente pendant leur adolescence. Je ne veux pas prendre le risque de gâcher ce moment en le forçant à parler d’un sujet sensible. Aussi, je n’ai pas envie de raviver une jalousie que j’aurais du mal à maîtriser. On aura le temps de parler de Thibault, plus tard. Peut-être.

    « Si, je peux te répondre… ça n’a pas été vraiment génial… j’avais quinze ans, elle avait quelques années de plus que moi… je l’ai rencontré au KL… et on est allés chez elle… ».

    « Et ça s’est pas bien passé ? ».

    « Déjà me foutre à poil devant elle a été dur… ».

    « Alors, ça… quand je pense à comment tu t’es foutu à poil devant moi la première fois… ».

    « J’avais pris un peu d’assurance depuis… et puis, avec toi je me sentais à l’aise… mais ce soir-là, c’était pas vraiment ça… je faisais le beau mais je me sentais toujours complexé par mon physique, à cause des moqueries que j’avais pris dans la gueule au collège… en plus, j’avais pas mal bu, et j’avais peur de ne pas y arriver… j’étais tellement gauche… ».

    « J’ai du mal à t’imaginer gauche dans un pieu… ».

    « Et pourtant… je stressais à mort… et plus je stressais, plus j’avais du mal à bander… ».

    « T’avais envie d’elle ? ».

    « Je ne sais même pas… je crois surtout que j’avais envie de ne plus être puceau… quand elle a enfin réussi à me faire bander, le temps qu’elle me passe la capote, ma bite était à nouveau à moitié retombée… j’ai quand même réussi à la prendre… j’ai commencé à la baiser, mais j’avais l’impression qu’elle ne ressentait rien… je me disais qu’elle avait du coucher avec des mecs mieux montés que moi… ».

    « Mais tu es bien monté… ».

    « J’avais dans la tête les images de mecs dans les pornos, avec des bites pas possibles qui bandent de ouf, pendant des heures… j’étais aussi complexé par rapport à mon pote Thomas, le mec le mieux monté dans les vestiaires… pendant que j’essayais de baiser cette nana, je me disais qu’elle avait du coucher avec des mecs avec plus d’expérience, qui l’avaient faite jouir… ».

    « On ne peut pas démarrer et avoir de l’expérience… ».

    « C’est vrai… mais j’ai carrément fini par débander… je suis sorti, et je n’ai jamais pu y revenir… ça a été terriblement humiliant… surtout que je l’avais chauffée en boîte et que je lui avais laissé entendre qu’il y aurait des étincelles sous les draps… tu parles… ça a été la cata… ».

    « Quand je pense à l’étalon que t’es devenu depuis… ».

    « Elle m’a dit : « C’est pas grave… »… mais ça a été horrible de me retrouver à poil devant elle, la capote collée à ma nouille molle… j’avais peur qu’elle se moque de moi… ».

    « J’aurais tellement aimé être le premier à te donner du plaisir… jamais je ne t’aurais laissé partir sans t’avoir fait jouir… ça aurait pris le temps que ça aurait pris, mais tu aurais eu ton premier orgasme de mec, c’est moi qui te le dis ! ».

    « T’es mignon, Nico… ».

    « Toi aussi, Jérém… ».

    « Ça m’avait trop sapé le moral… pourtant, j’ai raconté à tous mes potes que c’était génial… après ça, j’ai commencé à imposer mes règles avec les nanas… on baise et tchao… et je me suis bien rattrapé depuis… si j’ai enchaîné les nanas, c’était aussi pour oublier cet échec… mais je crois que c’est avec toi que j’ai vraiment oublié… ».

    Soudainement, je me rends compte que quelque chose est en train de se passer sous les draps : la queue de mon bobrun se dresse peu à peu. Je porte ma main dessus et je commence à la caresser. Nos regards se croisent.

    « J’ai envie de toi… » il me chuchote à l’oreille.

    « Tu as envie de quoi ? ».

    « J’ai envie de te faire l’amour… » il me chuchote tout près de l’oreille, en laissant son souffle chaud et chargé de testostérone glisser sur mon oreille et exciter tout mon être.

    « J’en ai envie aussi… ».

    « J’ai envie de gicler dans ton magnifique petit cul… ».

    J’adore l’image, et j’adore sa façon de formuler. Ce mec me rend dingue.

    « Mais fais-toi plaisir… j’en ai trop envie aussi… ».

    Depuis deux jours, depuis nos retrouvailles, l’amour avec Jérém est intense et doux à la fois : le sentir prendre son pied en moi, avec moi, c’est la sensation la plus incroyable que je n’aie jamais ressentie ; le voir, le sentir jouir en moi, c’est l’apothéose ; et jouir en même temps que lui, parce que sa main m’a branlé avec un timing parfait, c’est indescriptible.

    Après l’amour, nous nous endormons l’un dans les bras de l’autre, repus, heureux.

     

    Lorsque nous nous émergeons, Jérém se dégage doucement de notre étreinte, me fait un bisou, il se lève et remet du bois dans la cheminée. Il passe son t-shirt blanc et il allume une cigarette qu’il fume au coin du feu. Je ne me lasse pas de le regarder, de tenter de capter chaque infime parcelle de sa beauté, de sa virilité, de sa douceur, de son existence. Chaque instant passé à côté de lui est un cadeau du ciel.

    « On mange quoi ce soir ? » fait le bogoss de but en blanc.

    « T’as déjà faim ? ».

    « Oui… ».

    « Mais il n’est que quatre heures… ».

    « Il faut qu’on aille faire des courses… ».

    « Il faut qu’on aille faire des courses… » : voilà une phrase, encore une, que je n’aurais jamais cru entendre un jour de la bouche de mon Jérém ; une phrase en apparence anodine, mais qui contient pour moi tant de significations, d’images, d’espoirs et de bonheur. Car, même si j’imagine bien que nous n’irons pas faire les courses main dans la main, c’est bon de penser que Jérém est prêt à se montrer en public avec moi. Et l’idée de la balade à cheval du lendemain avec ses potes de la montagne se charge d’autant de significations, et elle me rend encore plus heureux.

    Vraiment, ce mec ne cesse de me surprendre, de m’impressionner ; j’aimerais tellement trouver le moyen de l’impressionner à mon tour. Certes, j’en oublie à quel point le fait d’aller le rejoindre à Campan a pu toucher mon bobrun : mais je voudrais lui montrer quelque chose auquel il ne s’attend vraiment pas.

    Pendant que je m’habille, une idée s’affiche soudainement dans mon esprit, une idée pour « en mettre plein la vue » à mon bobrun. L’idée consiste en un plat que je connais bien et que j’ai fait assez souvent avec maman : voilà, c’est ça qu’on va manger ce soir. Je suis certain qu’il va aimer.

    « T’as des pommes de terre ? ».

    « Pour quoi faire ? ».

    « Un truc à manger… ».

    « Quel truc ? ».

    « T’inquiète… tu as des pommes de terre, oui ou non ? ».

    « Oui… oui… oui ! T’excites pas ! ».

    « De la farine ? ».

    « Aussi… ».

    « Des œufs ? ».

    « Non, des œufs, je n’en ai pas… ».

    « Il faudra aussi du beurre, du fromage râpé et de la sauce tomate… ».

    « Tu veux faire quoi ? ».

    « Des gnocchis… ».

    « Ah bonne idée… tu sais faire ça ? ».

    « Oui, je crois… ».

    Jérém fait la moue, en forçant le trait, comme un gosse, et il est à craquer.

    « Tu me fais confiance ? ».

    « Est-ce que j’ai le choix ? ».

    « Non… ».

    Notre complicité me remplit de bonheur. Oui, les choses les plus banales de la vie deviennent de suite magnifiques dès lors qu'elles sont partagées par deux personnes qui s'aiment.

    Nous descendons au village dans la 205 rouge de Jérém. Quel bonheur de retrouver sa voiture, de retrouver Jérém au volant, de voir son sourire, de sentir son regard doux et amoureux se poser sur moi. Et quel bonheur d’aller faire les courses avec mon Jérém, alors que mon corps vibre toujours de l’écho de ses coups de reins, que je suis rempli de son jus, et ivre de son amour.

    La superette est située à côté de la mairie, dans un petit espace pas plus grand que la petite maison de Jérém. Nous rentrons et mon bobrun fait la bise à la vendeuse, une dame blonde d’une cinquantaine d’années au grand sourire, et qui m’inspire de suite un élan de sympathie.

    « Salut bogoss » elle s’adresse à mon Jérém, tout en le serrant dans ses bras « tu vas bien ? ».

    « Bien bien et toi ? Lui c’est Nico, un pote du lycée… ».

    « Bonjour Nico… ».

    « Au fait… t’as vu que je t’ai laissé du pain ce matin ? ».

    Ah, c’est donc elle qui s’est pointée ce matin à la maison en pierre, pendant que nous faisions l’amour.

    « Oui, j’ai vu… ».

    « T’étais pas à la maison… ».

    « Si… je dormais encore… ».

    « Ah, ces jeunes… ».

    Jérém continue les présentations.

    « Martine est aussi cavalière… au fait, demain tu viens faire la balade avec nous ? ».

    La nana a une voix étonnante, qui tape dans les aigus et dans les graves, sans grand-chose entre les deux. « Si Jean-Pierre veut bien me remplacer… ».

    « Tu te casses et il sera bien obligé de tenir la boutique… ».

    « Tu sais, il est capable de la laisser fermée… ou de la laisser ouverte sans personne à la caisse… » elle le marre, avec un rire sonore, musical et contagieux.

    « Allez, tu vas bien pouvoir te libérer… il va y avoir presque tous les cavaliers de l’ABCR… en plus, je compte sur toi et Charlène pour briefer Nico… ».

    « Il monte aussi ? ».

    « Oui, je lui donne Téquila… ».

    « T’as déjà fait du cheval ? » elle me demande.

    « Non, jamais… ».

    « Et toi t’es sûr que tu veux le faire randonner avec une vingtaine de cavaliers pour sa première balade ? » elle interpelle Jérém.

    « On fera attention… on restera derrière… avec Téquila, il ne risque rien… ».

    « C’est vrai que cette jument est plus proche du cheval à bascule que d’un pur-sang… ».

    « T’exagères… ».

    « A peine… ».

    Une cliente arrive en caisse pour payer. Je reconnais cette dame. C’est la même grosse dame qui a traversé la halle la veille, en faisant de gros yeux, pendant que nous nous embrassions. La dame aussi nous a reconnus : je surprends son regard sur moi, avant qu’il ne glisse ailleurs, dès que le mien se pose sur elle.

    « Allez, on va faire quelques courses… » fait Jérém « rendez-vous demain matin à 9h00 chez Charlène… sans faute ! ».

    « Oui, je pense que j’y serais… » elle conclut avec son sourire contagieux.

    Jérém avance dans la rangée d’étalages. Lorsque nous sommes à bonne distance, il me demande :

    « C’est pas la dame qui nous a vus hier sous la halle ? ».

    Jérém a l’air un brin inquiet.

    « Oui, je crois… tu crois qu’elle va kafter avec ta copine ? ».

    « Je n’en sais rien… » fait-il, tout en regardant la grosse dame en caisse « j’espère qu’elle va s’occuper de ses oignons… ».

    Non, Jérém n’est pas encore prêt à assumer notre bonheur au grand jour. Même si je suis un brin déçu, je me dis que ce que l’on est en train de vivre est déjà énorme, et que les choses se feront avec le temps. Et puis, est-ce que je suis moi-même prêt à assumer mon bonheur avec lui au grand jour ?

    Et puis, même si nous avons été un brin imprudents hier sous la halle, c’est à nous de décider quand, comment, et avec qui nous nous afficherons. Le vol de coming out est parmi les vols les plus insupportables.

    Mais déjà la grosse dame quitte la superette, accompagnée par les gestes, les mots et les rires bienveillants de Martine.

    La superette ne comporte que deux allées, il ne nous faut pas plus de deux minutes pour trouver ce dont nous avons besoin ; dans l’angle mort entre les deux allées, Jérém me passe la main dans les cheveux, et je fonds.

    Lorsque nous revenons en caisse, Martine est en train de discuter de façon animée et bruyante avec une dame autre femme un peu enrobée, avec les cheveux mi longs, en bouclettes, d’une couleur indéfinie entre un blond qui n’est plus et un gris qui n’est pas encore. La dame porte un pantalon de cheval, des boots et un pull ample, qui un jour lointain a certainement dû être neuf. La dame a un rire encore plus sonore que celui de Martine, et les deux semblent très copines, très complices.

    La nouvelle venue est de dos par rapport à nous, et son gabarit nous cache de la vue de Martine ; ce qui fait que nous pouvons approcher de la caisse sans être aperçus jusqu’à la dernière minute. Et là, à ma grande surprise, je vois mon Jérém aller chatouiller le cou de la dame inconnue. Cette dernière se retourne, surprise, mais amusée : et lorsqu’elle réalise qu’il s’agit de Jérém, elle lâche un :

    « Petit con ! » bien claquant, avant de le prendre dans ses bras et de lui claquer deux bises bien sonores.

    Lorsqu’il arrive à se dégager de son étreinte, Jérém fait les présentations.

    « Voilà Charlène… Charlène c’est ma copine, ma sœur, ma mère, et parfois même ma grand-mère… ».

    « Petit con, va ! » fait elle, tout en rigolant.

    « Nous avons parlé de notre reine Charlène et elle est venue à nous… » se moque Martine.

    « Lui c’est Nico, un camarade du lycée… ».

    « Salut, Nico… » elle me salue, en me claquant deux bises bien sonores.

    « Je lui ai proposé de venir à la balade demain… je vais lui filer Téquila, et je lui ai dit que tu veillerais sur lui… ».

    « T’es gentil, mais j’ai déjà du mal à veiller sur moi-même… » elle se marre.

    « Elle est en état de randonner, Téquila ? Elle n’est pas trop grasse ? ».

    « Ben, elle n’est pas maigre… t’as qu’à passer la voir tout à l’heure… ».

    « Ok, on vient maintenant… dépêche-toi de faire les courses au lieu de piailler avec Martine… ».

    « Eh, on piaille tant qu’on veut ! » fait cette dernière, du tac au tac.

    « Qui c’est qui a fait le tracé de la rando ? » demande Jérém.

    « C’est Loïc… » fait Charlène.

    « Au fait, il va venir faire la rando avec Sylvain ? » demande Martine à Charlène.

    « Je crois, oui… ».

    « Et Florian est au courant ? ».

    « Je pense… ».

    « Il ne doit pas vraiment vivre bien tout ça… ».

    « Je ne crois pas, non… ».

    « T’as de ses nouvelles ? ».

    « Pas vraiment… il faudrait que je l’appelle… ».

    « Quand je pense comment ils étaient bien ensemble, ces deux-là… ».

    « Tu sais, c’est comme dans toutes les couples… si on ne prend pas garde, la flamme s’éteint d’une part ou d’autre… et aussi, vivre ensemble et travailler ensemble, c’est pas évident… c’est exactement comme pour les couples homme femme… ».

    « Je ne peux pas m’empêcher de penser que si Sylvain n’avait pas été dans le tableau, Loïc et Florian auraient trouvé le moyen de surmonter leur crise et ils seraient peut-être encore ensemble… ».

    « Je le pense aussi… le problème des « si », c’est qu’on ne pourra jamais savoir… » conclut Charlène.

    « Allez, on va y aller… » décrète Jérém, l’air soudainement impatient de partir.

    Avant de payer, il achète également des chewing-gum ; il m’en propose un, et il en gobe un deuxième, qu’il commence à mâcher d’une façon très sexy, avec des mouvements de mâchoire lents et bien virils.

    La route qui mène à la pension de Charlène est bordée par des clôtures en ruban blanc délimitant des paddocks en pente, enfermant chacun un à deux chevaux aux robes de couleurs différentes. Jérém est tout excité à l’idée de retrouver son « Unico ».

    « Tu connais les gars dont elles parlaient ? » je ne peux m’empêcher de lui demander.

    « Pas plus que ça… ils sont arrivés dans la région il y a trois ans, je crois, et les dernières années je ne suis pas venu souvent randonner avec l’asso… et comme eux non plus ils ne randonnent pas toujours, on a du se croiser une ou deux fois max… ».

    « J’ai bien compris ? Loïc et Florian étaient ensemble et Loïc vient de quitter Florian pour se maquer avec ce Sylvain ? ».

    « Il paraît… Charlène m’en a parlé l’autre jour quand je suis arrivé… ».

    Jérém semble mal à l’aise vis-à-vis de cette histoire, il semble gêné. Je voudrais savoir ce qu’il ressent, ce qu’il pense d’un couple de mecs qui ose vivre ensemble, travailler ensemble, s’afficher au grand jour. Je voudrais savoir s’il est prêt – ou s’il sera prêt un jour – à assumer notre relation en dehors de l’intimité. Mais je n’ose pas.

    Dix minutes plus tard, nous arrivons à un corps de ferme sommairement entretenu au niveau du bâti, mais entouré d’un joli jardin fleuri. Nous contournons la maison et nous nous garons devant une clôture en bois ; Jérém trace vers les prés et faisant fi de la boue, de plus en plus impatient de faire de nouvelles présentations.

    « Voilà le plus beau cheval du monde, mon « Unico »… comme son nom l’indique, il n’y en a pas un autre comme lui… ».

    L’étalon Unico est en effet une très belle bête : il est brun, très brun ; il fait une bonne taille, il est musclé, il a le regard intense, il a fière allure, il dégage de la puissance, de la jeunesse, du sang chaud : bref, il est parfaitement raccord avec son cavalier.

    « Ce cheval est comme toi… il est unique… » je considère.

    « C’est toi qui es unique, Nico… d’ailleurs… il s’appelle presque comme toi… Nico… Unico… Nico… U-Nico… ».

    « Comme ça tu penseras à moi à chaque fois que tu le monteras… ».

    « J’ai pensé à toi à chaque fois que je l’ai monté depuis que je suis ici… » fait Jérém tout bas, alors que Charlène approche.

    Merci Unico d’avoir contribué au fait que Jérém pense à moi.

    « T’as vu Téquila ? » fait-elle.

    « Non, on va la voir maintenant… ».

    Nous nous déplaçons le long de la clôture, jusqu’à un enclos enfermant un cheval à la robe brune.

    « Voilà, Nico, je te présente Téquila… c’est elle qui va te porter demain… ».

    Téquila est une jument… en forme de barrique. C’est un animal qui a des formes généreuses. Elle est plutôt trapue, elle a un ventre assez impressionnant, mais elle respire le calme, sa présence est rassurante. Difficile d’imaginer que l’étalon puissant quelques paddocks plus loin est son rejeton. Téquila approche du fil électrifié et vient me caresser l’épaule avec son gros museau. Elle a l’air toute gentille et je la caresse à mon tour.

    « Ça y est, elle t’a adopté… » fait Jérém.

    Je lui souris, assez fier de moi.

    « Alors, qu’est-ce que t’en penses ? » l’interroge Charlène.

    « Je pense que papi a choisi le bon étalon pour la faire pouliner… ».

    « Ah oui, c’était pas gagné… mais elle t’a fait un superbe poulain… ».

    « C’est un étalon désormais… ».

    « C’est vrai… alors, tu penses qu’elle va pouvoir randonner ? ».

    « Oui, elle est bien enrobée, mais ça va aller… les pieds sont en état… ».

    Charlène nous propose un thé. Dans la grande cuisine au papier peint suranné et au plafond noirci, il y a de tout, partout : les toiles d’araignées sont tellement développées qu’on dirait des guirlandes ; sur la grande table, il y a toute sorte de bouquins, des harnachements de cheval, du courrier en vrac, une gamelle avec des croquettes pour chats. Bref, l’intérieur de la maison est à l’image de l’extérieur, il semble témoigner de la nature profonde de sa propriétaire, une nature qui privilégie le vivant plutôt que le ménage.

    Charlène sort une lourde théière en fonte dans laquelle elle fait longuement infuser des feuilles de thé. C’est la première fois que je fais l’expérience d’un « vrai thé », boisson que, sur conseil de Charlène elle-même, j’édulcore non pas avec du sucre mais avec une petite cuillère de miel : et il faut bien admettre que ça n’a pas du tout le même goût que le thé en sachet. C’est même très bon !

    Jérém et Charlène discutent de la randonnée du lendemain, de leurs potes cavaliers, de chevaux ; leurs discussions me plongent dans un monde inconnu structuré autour de l’équidé. Le simple fait de découvrir Jérém dans ce nouveau décor, me fait vibrer. Je suis impatient d’être à demain pour découvrir de plus près cette communauté à part, réunie autour d’une passion commune.

    Charlène est une dame joviale, mais au regard vif et pénétrant ; au fil des échanges avec Jérém, je me fais d’elle l’idée d’une nana à l’esprit très jeune, très rigolote, et d’une profonde gentillesse. Je me rends compte également de son rapport privilégié et de sa complicité avec mon bobrun, ainsi que de son extrême bienveillance vis-à-vis de ce gars qu’elle a vu grandir.

    Je me dis que l’amour que Charlène témoigne à mon Jérém est une très bonne chose, tout comme l’est le fait que cette nana, tout autant que sa copine Martine, n’a aucun problème avec l’homosexualité ; je me dis que, entouré par cet environnement bienveillant, mon bobrun pourrait enfin commencer à assumer qui il est. Car, j’en suis certain, ni Charlène di Martine ne le rejetteraient pas si elle « savaient ». Le tout c’est que Jérém comprenne cela. Et apparemment, ce n’est pas encore tout à fait le cas.

    « On va te laisser, Charlène… on va chercher du fromage chez Benjamin… ».

    « Tu lui passeras le bonjour de ma part… ».

    Me revoilà dans la voiture de Jéré, nous voilà repartis sur une petite route de montagne.

    « Fais un bisou… » me lance le bobrun, en tournant son visage vers moi, lors d’une rare ligne droite.

    Je lui claque un bisou sur les lèvres et il me sourit. Il est indiciblement beau et adorable.

    « Elle est sympa Charlène… » je lance.

    « Je te l’avais dit… je l’adore… ».

    « Elle aussi elle t’aime beaucoup… ».

    « Elle est géniale… ».

    Nous arrivons dans une autre ferme, bien mieux entretenue que celle de Charlène. Un grand panneau coloré indique : Vente de fromage à la ferme.

    Un gars vient nous accueillir. Le mec doit avoir une trentaine d’année, et il est plutôt gaillard : je mettrais ma main à couper que sous ses fringues – un pull à capuche enveloppant un torse massif, un pantalon de travail moulant un fessier rebondi – se cache un joli physique de rugbyman. Le mec arbore une barbe bien fournie, brune avec des reflets rouquins.

    Tout chez ce mec respire la solidité, la puissance, la virilité. Dans son regard, cette flamme que seuls possèdent certains gars de la montagne, une flamme qui est un mélange de caractère, de volonté, d’authenticité, d’attachement à la terre, de pudeur et de fierté. Et de solitude. C’est le charme du terroir, le charme AOC.

    Jérém fait les présentations. La poignée du gars me surprend, elle est franche, puissante, sa main est une paluche aussi impressionnante que celle de Thibault ; son regard aussi me surprend, il accroche le mien, s’enfonce dedans, comme s’il arrivait à lire en moi. C’est assez troublant. Et en plus le gars a un bon accent du coin, ce qui rajoute du craquant au charme.

    « Toujours au taf ? » se moque Jérém.

    « M’en parle pas… depuis que je livre en grande surface, je n’arrête plus… ».

    « Ça se passe bien ? ».

    « Travailler avec la grande distri, c’est un calvaire… ».

    « Pourquoi, ça ? ».

    « Parce qu’ils ont des voyous au service achat qui passent leur temps à étudier comment grapiller le moindre centime, comment retarder les paiements… ».

    « Et tu ne peux gueuler un bon coup ? ».

    « Gueuler, c’est se faire déréférencer, disparaître des rayons du jour au lendemain… ».

    « Pas simple tout ça… ».

    « Bon, même si le rapport de force est déséquilibré, j’arrive quand-même à écouler une bonne partie des yaourts et des fromages avec mon étiquette à moi… c’est un marché de niche sur des produits de qualité, ce qui me met en partie à l’abri de leurs promos à la con… ».

    « Toujours le prix le plus bas… ».

    « Le prix le plus bas ne veut rien dire… en général, derrière un prix bas, il y a un producteur ou une filière entière qui souffre… il faudrait un prix juste, et un prix juste est celui qui garantit un partage équitable de la valeur ajoutée du produit du producteur au détaillant… quand il y a des promos, la plupart du temps c’est le producteur qui assume le coût de la promo et la grande surface qui se fait mousser… bon assez parlé du taf… vous restez pour l’apéro ? ».

    « Non, c’est sympa mais on va te laisser bosser… en revanche, s’il te reste du fromage… Nico a trouvé qu’il est à tomber… ».

    « Venez avec moi… ».

    Le bomâle barbu nous fait visiter la cave d’affinage. Dès qu’il ouvre la porte, je suis percuté de plein fouet par un intense bouquet d’odeurs de moisissures nobles, d’arômes ronds, onctueux : un bouquet entêtant de fromage en train de reposer et de bien vieillir.

    De centaines de petites meules à la croûte grise-marron sont disposées, rangées au cordeau, sur des lattes en bois fixées sur des étalages : cette pièce respire la rigueur, l’amour pour le travail bien fait, le produit de qualité, une qualité qui découle avant tout de la passion pour le métier.

    « C’est vraiment bien ce que vous avez fait, cette cave est magnifique… ».

    « Merci… la transformation de la cave m’a donné beaucoup de travail, mais j’en suis content… ».

    « Tu peux, mon pote… » fait Jérém, et tapotant affectueusement l’épaule du gars.

    « Je suis sûr qu’un jour tu feras la même chose avec la cave viticole de ton père… ».

    « Non, je ne crois pas… nous ne nous parlons même plus… ».

    « Amuse-toi à Paris, autant que tu peux… mais je pense qu’un jour t’auras envie de rentrer chez toi… ».

    « Ça m’étonnerait vraiment… je pense qu’il y a plus de chances que ce soit Maxime qui reprenne… ».

    « Celui-ci il a deux mois… » enchaîne le bobarbu, tout en saisissant une tomme « c’est mon produit phare, il a un goût de noisette très prononcé, ça se mange sans faim… » ; puis, en nous indiquant l’étagère juste à côté, il continue : « sinon, celui-ci il est un peu plus vieux, il a 4-6 mois… il a un goût plus prononcé, qui tient davantage en bouche… il faut impérativement l’accompagner d’un verre de Saint Mont… ».

    « Je crois que Nico préfère le plus affiné… même s’il l’accompagne avec du Jurançon… ».

    « Essaie avec le Saint Mont, tu verras… » fait Benjamin en se saisissant d’un fromage et en s’acheminant vers la sortie.

    La petite meule atterrit sur un billot en bois et le gars en coupe deux bons quartiers. Il nous en file deux fines tranches pour dégustation. Dès que la pâte bien ferme et onctueuse rentre en contact avec mes papilles, elle déclenche illico une sorte d’orgasme gustatif. Ah putain, qu’est-ce que c’est bon !

    « Vous êtes sûrs que vous n’avez pas le temps pour l’apéro ? ».

    « Il faut que j’aille à Bagnères pour écouter si j’ai des messages… j’attends un coup de fil de Paris… ».

    « Ah, oui, c’est vrai que t’es devenu une vedette… » se moque gentiment Benjamin.

    « Pas encore… mais ça ne saurait tarder… ».

    « J’ai toujours su que tu serais pro un jour… ».

    « J’ai eu de la chance… ».

    « La chance ça n’a rien à voir… tu es un bon, Jé… c’est tout… ».

    « Allez, dis-moi combien je te dois… ».

    « Rien du tout… ».

    « Ne déconne pas… ».

    « Tu me trouveras des tickets pour tes matchs… ».

    « Promis… ».

    « Et ton pote Thibault va bien ? Il doit être super content d’avoir été recruté par le Stade… ».

    « Il est content, oui… ».

    « Et il en pense quoi de la nouvelle direction ? ».

    « Tu sais, depuis nos recrutements, on a eu du pain sur la planche… entre mes déplacements à Paris et ses entraînements, on ne s’est pas trop vus dernièrement… et après, il y a eu mon accident… ».

    « Ah, quel con, je te jure… tu te fais recruter par un club pro de la capitale et tu te bats la veille de ton départ… ».

    « J’avais un peu trop bu et je suis tombé sur un connard… ».

    « Fais gaffe à toi, Jé… ».

     

    « Benjamin est vraiment un bon gars… » me lance Jérém dans la voiture.

    « D’une certaine façon, il me fait penser à Thibault… » je ne peux m’empêcher de commenter.

    « C’est pas faux… ».

    Je me demande toujours comment on va pouvoir aborder le sujet Thibault et même si c’est une bonne chose de l’aborder. Je sais que j’ai besoin de le faire, mais j’ai peur de le faire.

    Nous arrivons à Bagnères, Jérém se gare au centre-ville et sort de la voiture pour fumer et écouter ses messages. Je le vois discuter et rigoler au téléphone : il est beau, beau, beau. Et il est à moi. Je n’arrive toujours pas à la croire. Il revient quelques minutes plus tard, le visage illuminé d’un sourire attendri et attendrissant.

    « T’as le bonjour de mon frérot… ».

    « Ah, merci… tu lui passeras le bonjour de ma part… »

    « Il était content quand je lui ai dit que t’étais là… ».

    « C’est vrai ? ».

    « Oui, c’est vrai… il m’a même dit de te dire de me tenir à l’œil pour m’empêcher de faire des conneries… ».

    « Ton frérot est vraiment adorable… ».

    « Il est incroyable… ».

    « Alors, t’avais des nouvelles de Paris ? ».

    « Non, rien pour l’instant… ».

    De retour à la maison après les courses, nous épluchons les pommes de terre et nous les mettons à cuire dans une casserole remplie d’eau, sur la gazinière à bois que Jérém vient d’allumer.

    Puis, nous nous allongeons sur le lit, devant le feu que Jérém vient de raviver, et nous nous embrassons fougueusement, longuement, inlassablement.

    Je suis insatiable du contact avec sa bouche, avec son corps, avec ses mains qui me caressent doucement, avec sa peau et ses cheveux que mes mains caressent fébrilement ; et mon bobrun semble tout aussi insatiable que moi.

    Tout en continuant à lui rouler des pelles à la pelle, je dégrafe le zip de son pull à capuche gris, je fais basculer les deux pans derrière ses épaules, je fais glisser les manches le long de ses bras ; son t-shirt blanc se dévoile, avec ces manchettes tendues qui calibrent ses biceps, avec ce tissu immaculé qui jauge le relief de ses pecs.

    Son sourire est à la fois doux et canaille lorsque je glisse mes mains entre le coton doux du t-shirt et sa peau tiède, pour aller exciter ses tétons : il devient coquin et un rien lubrique au fur et à mesure que l’excitation fait pétiller ses sens.

    Puis, c’est à son tour d’enlever mon pull, de passer sa main sur mon t-shirt, de narguer mes tétons à travers le coton. Je frissonne.

    « J’ai le droit ? » il me lance, taquin.

    « Je ne sais pas… ».

     « Et ça, j’ai le droit ? » fait le bogoss, tout en glissant sa main sous mon t-shirt, et en remontant lentement, sensuellement, ses doigts le long de mon torse.

    « Je ne sais vraiment pas… ».

    « J’ai toujours pas le droit ? » il me cherche, alors que ses doigts pincent doucement l’un de mes tétons.

    « Peut-être que oui… ».

    « Et, là… j’ai le droit ? » fait-il, le regard de plus en plus lubrique, tout en remontant mon t-shirt, en léchant et mordillant mes tétons à tour de rôle.

    « C’est pas un droit, c’est une obligation ! ».

    Un instant plus tard, Jérém dégrafe ma ceinture, il ouvre ma braguette.

    « Et là, je peux y aller ? » fait-il, coquin, tout en glissant sa main entre les pans ouverts de mon pantalon et en caressant ma queue par-dessus le boxer tendu par l’érection.

    « Oh, que oui… ».

    Je suis aux anges, les anges du bonheur sensuel et sexuel.

    Puis, sa main glisse dans mon boxer, elle saisit ma queue ; mon Jérém me branle, tout en m’embrassant, et en agaçant mes tétons avec le bout de ses doigts.

    Lorsque ses lèvres quittent les miennes, elles atterrissent directement sur ma queue, qu’il commence à pomper avec un bon entrain. Je regarde son torse musclé s’affairer dans des mouvements de va-et-vient, et je n’arrive toujours pas à croire que ce gars qui est en train de me sucer et le même gars qu’il n’y a pas si longtemps de ça n’assumait même pas son rôle de mâle actif et dominant dans notre relation ; alors, à fortiori, jamais je n’aurais cru il se lancerait un jour dans ce genre de plaisir.

    Quand on est passif, le plus grand bonheur sexuel auquel on aspire, est celui de faire, voir, entendre, sentir jouir un mec actif ; mais dès lors qu’on est amené à changer de rôle, comme quand on se fait sucer, les envies peuvent changer rapidement de signe. Ce qui est bon dans le fait d’être homo, c’est cette richesse de désirs, d’envies, de plaisirs.

    Pendant que Jérém me suce, je me surprends à envisager quelque chose de complètement fou, à me demander si un jour il aura envie d’essayer de me laisser lui faire l’amour…

    Mais ce n’est qu’un flash, un éclair qui s’éteint dès que ses lèvres quittent ma queue ; car, dès l’instant où je vois mon beau mâle debout à côté du lit, lorsque je le vois ôter son jeans, son boxer, et son t-shirt blanc (qu’il aurait pu garder, tellement je trouve cette tenue bandante) ; lorsque je le vois dégainer sa queue bien tendue, et sa main commencer à la branler lentement ; lorsque je contemple son torse musclé onduler sous l’effet d’une respiration excitée ; lorsque je croise son regard enflammé d’envies de mâle, voilà, je capitule : en une fraction de seconde, mes envies changent à nouveau de signe, et je redeviens le gars qui a envie de me soumettre à la virilité puissante d’un mâle appelé Jérémie.

    La simple attitude de mon bomâle suffit pour me faire comprendre ce dont il a envie : un instant plus tard, je suis sur le ventre, les jambes écartées ; je m’offre à lui, frémissant d’envie d’être possédé : prends-moi, Jérém, fais-moi l’amour, fais-toi plaisir, remplis-moi, féconde-moi !

    Ses mains saisissent fermement mes fesses, les écartent : mais alors que je m’attends à me sentir transpercé par son manche tendu, c’est sa langue audacieuse, entreprenante et sans pudeur qui s’attaque au bonheur de ma rondelle. Ce soir, Jérém a décidé de me rendre dingue. Jérém me bouffe le cul et je sens ma queue se raidir à un point inimaginable, je sens mon corps embrasé par une flamme d’excitation ravageuse.

    « C’est trop bon… Jérém… tu vas me rendre fou… ».

    Le bogoss plonge son visage un peu plus loin encore entre mes fesses. Je gémis, je pleure presque de plaisir.

    Lorsque sa langue se retire, sa queue glisse lentement en moi, et je suis le plus heureux des gars. Pendant un long moment, Jérém me fait jouir avec ses coups de reins, il me fait bien profiter de sa puissance de mâle, il me fait sentir à lui comme toujours (et un peu plus encore). Puis, il me remplit une nouvelle fois de sa semence.

    Qu’est-ce que j’aime, après avoir fait l’amour avec mon Jérém, lécher délicatement et longuement ses couilles, comme pour rendre hommage à sa virilité ; astiquer doucement sa queue, comme pour le remercier du plaisir qu’il m’a offert ; recueillir la moindre trace de son sperme autour de son gland, pour m’enivrer un peu plus de sa puissance sexuelle ; puis, me blottir contre lui, et lui chuchoter à quel point il est bon au lit, à quel point il m’a fait jouir, pour conforter son ego de mec.

    Et ce que j’aime par-dessus tout, c’est de prolonger un peu plus son plaisir, sentir sa respiration s’apaiser peu à peu, le voir kiffer mes caresses et mes mots, jusqu’à lui faire oublier la cigarette obligatoire après l’amour.

    Le temps de récupérer de son orgasme, le bogoss revient me sucer, avec l’intention manifeste de me faire jouir à mon tour. Je suis tellement chauffé par le plaisir qu’il vient de m’offrir que je me sens comme une allumette que le moindre frottement pourrait embraser.

    Il ne faut pas longtemps en effet pour que je perde pied.

    « Je vais jouir… » je le préviens.

    Mais le bogoss continue dans sa lancée. Un instant plus tard, je jouis. Jérém me laisse jouir dans sa bouche et il recrache sur ma queue. Et c’est terriblement bon.

    Jérém me passe du sopalin et remet une bûche dans la cheminée.

    « Alors, on les fait ces gnocchis ? ».

    « Avec plaisir… ».

    Nous nous installons sur la table en bois massif à côté du garde-manger et, sur ma suggestion, nous nous attelons à la tâche avec méthode. Jérém écrase les pommes de terre, je les mélange avec la farine, le beurre et les œufs. Pendant que je pétris la pâte, je surprends le regard de Jérém sur moi, comme une caresse, comme rempli de tendresse : c’est un regard que je ne lui ai encore jamais vu, un regard que personne n’a jamais encore posé sur moi : car c’est un regard surpris, saisi, admiratif. Qu’est-ce que c’est bon de se sentir ce genre de regard sur soi, et qui plus est venant du gars qu’on aime ! Ça fait un bien fou !

    Je lui demande un bisou, qu’il m’offre avec un plaisir non dissimulé. Si mes doigts n’étaient pas collants de pâte à l’œuf, je le prendrais dans mes bras et je le couvrirais de bisous.

    Mon pâton est enfin prêt et je commence à le découper ; j’en fais de petits morceaux que je passe à mon Jérém, pour qu’il les roule et qu’il en fasse de petites « saucisses », prêtes pour l’étape suivante. Etape dont je me charge, et qui consiste à redécouper les « saucisses » pour en faire des gnocchis.

    Pour éviter que la pâte ne colle, la table en bois est saupoudrée de farine ; je saupoudre également les gnocchis après découpe : bref, il y a de la farine partout.

    Je regarde mon Jérém en t-shirt blanc en train de rouler les « saucisses » à gnocchis ; on dirait un boulanger en train de préparer son pain ou un pizzaiolo en train d’étaler sa pâte ; il a de la farine sur les mains, sur le visage, même sur les cheveux : il est sexy à mourir.

    « Qu’est-ce qu’il y a ? » il me demande, lorsqu’il capte mon regard collé sur lui.

    « T’as de la farine jusqu’au bout des cheveux… » je me marre.

    « Et ça te fait rire… ».

    « Un peu j’avoue… mais t’es tellement beau… ».

    « Toi aussi tu vas être beau… ».

    Et, ce disant, il me balance une pincée de farine dans le cou.

    « T’es qu’un petit con… ».

    « C’est pour ça que tu me kiffes… ».

    « C’est pas faux… alors, toi aussi tu vas me kiffer… ».

    Et ce disant, je lui balance un gnocchi à la figure.

    Et là, le bogoss lâche instantanément ce qu’il était en train de faire, il saisit mes avant-bras avec ses mains pleines de farine, il m’attire contre lui et me roule une pelle magistrale ; ses avant-bras à lui atterrissent sur mes épaules, ses mains dans mon dos : après une petite réticence, je me laisse complètement aller. Et voilà que mes mains à moi, tout aussi enfarinées que les siennes, cherchent le contact avec la solidité de son dos.

    Une fois de plus, je me rends compte à quel point c’est apaisant d’oublier les conditionnements, oublier de faire gaffe de ne pas se salir. Tant pis pour ma peau, ça se douchera ; tant pis pour mon t-shirt bleu, ça se lavera !

    Les gnocchis, c’est un travail d’équipe, c’est ludique ; nous faisons les cons, nous rigolons comme des gosses. Il ne reste qu’à les plonger dans de l’eau bouillante, attendre qu’ils remontent à la surface, les récupérer, en disposer une première couche dans un plat à four, mettre de la sauce tomate et du râpé, refaire une deuxième et une troisième couche ; là encore, je surprends le regard de Jérém sur moi, avec cette étincelle enthousiaste, bienveillante et admirative. Ce regard est tellement loin du regard méprisant qu’il me réservait lors de nos premières révisions, tout comme ce Jérém est tellement différent de celui qui n’avait aucun état d’âme pour me dire de me tirer après m’avoir baisé.

    Nous laissons gratiner pendant quelques minutes dans le four de la gazinière, tout en prenant un apéritif-câlins.

    « Ils sont super bons… » fait Jérém, après en avoir avalé deux bonnes fourchettes.

    « Ça me fait plaisir que tu aimes… ».

    « Tu es vraiment surprenant… j’aime les gens surprenants… ».

    Voir mon Jérém impressionné par mes gnocchis, tout comme je l’ai été de sa pizza, ça n’a pas de prix.

    « Merci… »

    « T’es vraiment un putain de mec, toi… ».

    Partager un repas en tête à tête avec mon Jérém, dans la pénombre crépitante et accueillante de cette maison au milieu de nulle part, c’est un exercice qui me rend fou de joie.

    Nous terminons notre dîner en nous remémorant certains moments du lycée, certains camarades, certains profs. Qu’est-ce que j’aime discuter avec mon Jérém.

    Notre discussion se prolonge au lit, pendant plusieurs heures ; elle se prolonge jusqu’à ce que la proximité de nos corps éveille à nouveau nos sens, jusqu’à ce que le désir nous rattrape.

    Il doit être minuit lorsque nous nous retrouvons en position « tête-bêche », en train de nous offrir du plaisir réciproquement ; un plaisir qui se prolonge jusqu’à ce que Jérém se dégage de ce cercle de plaisir, pour s’allonger sur le lit, les bras pliés, les mains croisées entre sa tête et l’oreiller, les aisselles finement poilues bien en vue, sa pomme d'Adam se baladant nerveusement, trahissant son excitation, une étincelle bien coquine dans les yeux.

    « T’as envie de quoi ? » je lui demande.

    « Refais-moi ce truc que tu m'as fait une fois… ».

    « Quel truc ? ».

    « Ce truc que tu m’as fait un soir… tu te souviens ? ».

    « Je t’ai fait tellement de trucs… ».

    « Ce truc-là était vraiment dingue… tu m’as sucé, tu m’as branlé… tu me donnais envie de jouir, mais tu ne me laissais jamais venir… ».

    « Ah, oui, je vois… et alors, t’avais kiffé ? ».

    « Ah, putain, que oui… je crois que jamais je n’ai joui aussi fort de ma vie… ».

     
     

    NOUVEAU ! Regardez une minute de vidéo pour m'aider sans dépenser un centime!

     

    Bonjour à tous, voici le nouvel épisode de Jérém&Nico. J’ai des retours très positifs de cette nouvelle phase de l’histoire, n’hésitez pas à me faire part de vos impressions.

    Comme toujours, si vous aimez mon travail écriture, vous pouvez m’aider en faisant un tip unique ou mensuel, à partir de 1 euro, sur tipeee.com/jerem-nico-s1.

    Depuis quelques semaines, il est également possible de me faire parvenir des tips sans débourser un centime, simplement en visionnant des vidéos musicaux. En vous rendant sur ma page tipeee.com/jerem-nico-s1. (il faut s’inscrire gratuitement), vous pouvez visionner des vidéos musicaux au choix ; au bout d’une minute de visionnage, le sponsor va m’envoyer quelques centimes d’euros ; vous pouvez renouveler le visionnage 1 fois par heure, pendant 24 fois : quand on pense qu’il y a 20.000 visionnages par mois sur jerem-nico.com, il y a de quoi faire de sacrés tips : et sans débourser un centime, en donnant tout simplement une minute de votre temps.

    Cliquez sur l'image suivante et suivez la direction de la flèche !

    Je compte sur vous. Merci d’avance. Fabien

     

    Bonjour à toutes et à tous ! Bienvenue sur le site Jérém&Nico

     

     

     

     


    8 commentaires
  • Tu peux m'aider à avancer plus vite dans l'écriture de cette histoire en faisant un don participatif sur

    Tipeee en bref

    Merci d'avance.
     

               

    Samedi 8 septembre 2001

     

     

    Lorsque je me réveille, je suis seul dans le lit. Les premières sensations qui se pressent à mes sens avant même que j’ouvre les yeux, ce sont la chaleur douce, ainsi que l’odeur apaisante des draps ; le crépitement de la flamme dans la cheminée, l’odeur du bois qui brûle : un bouquet sensoriel rassurant, car il me confirme que les souvenirs de la veille qui remontent peu à peu en moi – l’amour, les câlins et la tendresse avec Jérém, ce nouveau, adorable Jérém – ne sont pas qu’un rêve, mais bien la réalité ; bref, un ensemble d’émotions provoquant en moi une sensation d’intense bonheur.

    J’ouvre enfin les yeux et la première image qui se présente à moi est celle de mon bobrun habillé seulement d’un boxer, son torse nu sculptural avec ses adorables et très sexy poils bruns laissés à leur destin, les cheveux en bataille totale, la cigarette pas allumée entre les lèvres, en train de remettre du bois dans la cheminée : une image qui est à mes yeux le plus magnifique des tableaux.

    J’ai envie de lui signaler que je suis réveillé, de lui dire bonjour, de lui donner l’occasion de venir me faire des bisous, des caresses, de me prendre dans ses bras musclés ; mais j’ai tout autant envie de profiter de la chance de pouvoir le regarder évoluer à son insu, de capter les gestes de mon Jérém au réveil.

    Alors, j’attends un peu pour les bisous. Je profite de la chaleur et de la protection des draps pour regarder mon Jérém s’étirer, geste qui a pour effet de rendre encore plus impressionnante sa musculature de dingue ; je le regarde arranger les morceaux de bois dans le foyer, provoquer les flammes ; je le regarde préparer le café dans une cafetière italienne, avant de la mettre à chauffer sur la plaque en fonte de la cheminée. Que des images de bonheur simple et émouvant.

    Une lumière intense rentre par l'une des petites fenêtres, je crois que la pluie a cessé et qu’il y a du soleil : les caprices de la météo de la montagne.

    Jérém passe un t-shirt blanc, il ouvre un peu la fenêtre et il allume enfin sa cigarette : sa façon de se tenir à proximité de la fenêtre, l’épaule appuyée au mur, le regard tourné vers l’extérieur, n’est pas sans me rappeler certains moments dans l’appart de la rue de la Colombette, certaines cigarettes après le sexe ; ses gestes, sa façon de fumer, la position nonchalante de son corps sont les mêmes ; et pourtant, ce n’est plus du tout le même Jérém.

    Je regarde mon bomâle brun et je repense à sa façon de me faire l’amour, à la fois douce et très chaude, à ses regards amoureux, à ses mots de la veille :« Je suis content que tu sois là… » ; je repense à ses baisers insatiables, et en particulier à ce premier baiser inattendu et bouleversant sous la halle de Campan. Si j’avais imaginé que Jérém serait un jour capable d’un tel geste !

    Mon Jérém, toujours aussi « mâle » dans sa façon de me faire vibrer sexuellement, tout en étant attentif à mon propre plaisir ; Jérém qui m’a fait l'amour et la baise en même temps.

    Après l'amour, les baisers, les câlins, une nuit ensemble, un nouveau jour se profile en compagnie de ce nouveau Jérém : et la perspective de passer les prochaines heures, les prochains jours avec lui, me remplit de bonheur. A cet instant précis, mon envie de lui atteint des sommets : une envie tout aussi bien de tendresse que de sensualité.

    Mais avant tout, j’ai besoin d’entendre sa voix, de sentir son regard se poser sur moi, de capter son beau sourire.

    « Bonjour ! » je lui lance alors qu’il vient tout juste d’écraser son mégot.

    Le bogoss se retourne instantanément, et son regard brun me percute de plein fouet : voilà de quoi être aveuglé au réveil.

    « Bonjour, toi ! T'as bien dormi ? » il me lance.

    « Comme un bébé ! Et toi ? ».

    « Moi aussi j'ai très bien dormi... » fait-il, tout en ajoutant de l’insoutenable à l’aveuglant, son sourire ravageur à son regard brun.

    Et là, sans plus attendre, Jérém bondit sur le lit, il se glisse sur moi, son corps enveloppe le mien ; et il pose un long bisous sur mes lèvres. Sa bouche sent la cigarette, mais qu’importe : son baiser me met KO.

    « C’est fou comment on dort bien dans tes bras… » j’ajoute, alors qu’il me fait des bisous dans le cou.

    « Dans les tiens aussi… ».

    Nous nous embrassons avec la fougue et la joie de deux chiots en train de se faire des léchouilles.

    « Je suis vraiment content que tu sois venu… ».

    Décidemment, je ne me lasse pas d’entendre cette phrase.

    « Moi aussi je suis content d’être venu… » je lui lance à mon tour, en le regardant droit dans les yeux, à distance dangereusement rapprochée de ce regard qui envoie ce mélange de charme et de douceur tout simplement insoutenable.

    La cafetière commence à gargouiller et à diffuser l’arôme corsé du café. Le bogoss se lève comme il est venu, d’un bond, avec la souplesse d’un félin.

    Je me décide enfin à quitter les draps ; je passe un t-shirt et un boxer, j’attrape mon portable : il n’y a pas la moindre trace de signal, mais il indique 9h48. Ah, quand-même… nous avons vraiment dormi longtemps.

    Je fais un détour par la salle de bain ; et là, à la lumière du jour, je découvre ce petit espace, mieux que ce que j’avais eu l’occasion de le faire la veille : dans un coin, un petit bac douche avec son rideau vert et gris ; juste à côté, un petit évier, surmonté par un petit miroir, sur lequel sont entassées ses affaires – brosse à dents, dentifrice, rasoir, déo.

    La petite pièce est toujours aussi froide que la veille, mais cela ne m’empêche pas de m’y attarder quelques instants pour m’enivrer des petites, délicieuses odeurs contenues dans les t-shirts et boxers entassés dans un coin. C’est plus fort que moi : l’odeur corporelle de mon Jérém me rend dingue.

    Je retire toujours du plaisir dans le fait de me plonger dans le bonheur olfactif de ses sous-vêtements portés ; mais si par le passé ceci était pour moi une façon de trouver consolation à la frustration de tout ce que Jérém ne voulait pas m’offrir, voilà qu’aujourd’hui cette frustration n’est plus, car Jérém m’offre désormais tout ce que je peux désirer, et plus encore ; alors, entre renifler ses vêtements et sentir directement l’odeur de sa peau et le goût de ses lèvres, il n’y a pas photo. Je brûle d’impatience de le retrouver. Je me débarbouille le visage, et je reviens vite dans la pièce principale.

    Jérém a servi le café, la petite pièce est saturée de ce parfum enivrant qui réveille les sens en douceur mais en profondeur. Je le regarde couper des tranches dans le pain de la veille, puis ouvrir un pot de confiture déjà entamé.

    « Laisse la porte ouverte, s’il te plaît… » me lance le bobrun « ça va un peu chauffer la salle de bain… ».

    Je m’exécute, je m’approche de lui, je passe mes bras sous ses aisselles, je le serre contre moi, et je lui pose des bisous dans le cou. Le bobrun reçoit mes papouilles avec bonheur.

    Lorsque je m’installe à table, il termine de tartiner une tranche de pain ; et alors qu’il l’approche de sa bouche, nos regards se croisent ; et là, au dernier instant, le bobrun se ravise, il me sourit et il me tend ladite tranche.

    « Goûte ça… ».

    « Vas-y, mange, je vais m’en faire une… ».

    « Goûte ça ! » il insiste.

    Je sais que je n’aurai pas le dernier mot ; de plus, son geste me touche au plus haut point : alors, j’accepte avec plaisir.

    Le pain est toujours bon, la confiture est d’abricots et elle est délicieuse, le café est chaud, corsé tout autant en bouche que dans le nez, exactement comme je l’aime. Je mords à pleines dents dans la tartine, ça donne faim d’être heureux.

    « Alors ? » il m’interroge.

    « Elle est très très bonne cette confiture… ».

    « Ça, c’est encore Charlène… ».

    « Elle est vraiment gentille cette nana… ».

    « Elle est plus que ça… tu verras quand tu la connaîtras… elle a le cœur sur la main… ».

    Jérém se lève avec sa tasse à la main, il s’approche de la fenêtre.

    « C’est cool, il y a du soleil ! » il lance, tout guilleret « et s’il n’y a plus de pluie aujourd’hui et que le soleil tient bon, demain on va pouvoir faire du cheval… » il conclut en me claquant un bisous dans le cou.

    « T’es vraiment sûr que c’est une bonne idée que je monte avec vous ? Moi débutant, avec des cavaliers confirmés ? Je vais vous ralentir, je vais être ridicule… ».

    « Arrête un peu, Nico… bien sûr que tu vas monter, et on va tout faire pour que ça se passe bien… ».

    « Si tu penses que c’est possible, je veux bien essayer, alors… »

    « T’as peur ? ».

    « Peur, je ne sais pas… disons que je suis un peu inquiet… ».

    « T’en fais pas… avec Tequila, tu ne risques rien du tout… à part de t’ennuyer ! » il se marre, adorable

    « J’espère bien… ».

    Nous prenons le petit déj face à la cheminée, je savoure ce moment, je savoure la délicieuse sensation que rien ne presse, que nous avons toute la journée pour nous, et rien que pour nous. La journée et d’autres encore, sans pour autant savoir combien. Alors, j’ai envie de profiter de chaque instant.

    Je reprends du pain, de la confiture, du café. Qu’est-ce que c’est bon de se réveiller en douceur, en compagnie du gars qu’on aime !

    « Ça fait du bien ! » il me lance, en terminant sa troisième tartine. Jérém a l’air en pleine forme et ça, ça fait plaisir à voir.

    « C’est vrai… ».

    « Bon, moi je vais prendre une douche… » il me balance.

    « On la prend ensemble ? ».

    « Le bac est petit… ».

    « On va se serrer… ».

    « Coquin, va ! ».

    « Comme toi ! ».

    La petite salle de bain est un brin plus chaude qu’avant le petit déj. Jérém ouvre l’eau et le petit chauffe-eau à gaz se met bruyamment en route.

    « J’espère qu’il ne va pas exploser… » je lance à la cantonade.

    « J’espère surtout qu’on ne va pas tomber en panne de gaz… » fait-il, tout en se débarrassant de son t-shirt et de son boxer ; Jérém est à poil, beau comme un Dieu.

    « Ah… » je lâche, moins troublé par la perspective de me doucher à l’eau froide que par la vision soudaine de sa nudité. Ce mec est tellement bien foutu que chaque fois que je le vois à poil, j’ai l’impression que c’est la première fois.

    Je me déshabille à mon tour, sans pouvoir décoller les yeux de mon beau mâle brun posté devant le bac douche, le bras tendu sous le jet d’eau, en attendant que l’eau chaude se manifeste. Mais les secondes s’enchaînent, et rien ne se passe. Le bogoss commence à grelotter.

    Je m’approche de lui, je glisse mes bras entre ses biceps et son torse, je pose mes mains à plat sur ses pecs d’acier, et je le serre fort contre moi. Le contact avec sa peau me donne mille frissons.

    « Parfois il lui faut un peu de temps pour chauffer… » il m’annonce.

    « J’essaie de te chauffer, en attendant… ».

    « T’es mignon… ».

    Et alors que je lui fais plein de bisous dans le cou, Jérém tourne d’abord le visage et m’embrasse sur la bouche ; puis, il se tourne carrément vers moi et me serre à son tour contre lui, pecs contre pecs, bassin contre bassin, ses bras dans mon dos, ses mains caressent fébrilement mes épaules. Nous nous câlinons en silence, en plein bonheur.

    « Je crois que l’eau va être bonne… » il m’annonce.

    Jérém rentre dans le bac et ouvre complètement le rideau pour faire de la place.

    « Viens… » il m’invite à le rejoindre.

    « On va en mettre partout… ».

    « On s’en fout… ».

    J’adore l’idée : on est à la campagne, et on ne se prend pas la tête pour des détails insignifiants. Le jet dru plaque ses cheveux bruns, ruissèle sur son corps, trempe les poils de son torse : ce mec me rend fou.

    Je le rejoins sous l’eau. Effectivement, elle est chaude, bien chaude. Elle est bonne. Mais ce qui est encore meilleur, c’est de sentir les bras de Jérém m’envelopper, ses mains se glisser dans mon dos, caresser mes épaules, mon cou, ma nuque, mes cheveux ; c’est sentir ses lèvres se poser sur les miennes, sa langue chercher ma langue ; ce qui est bon, c’est de se faire des câlins sous l’eau, comme seuls au monde.

    Je l’embrasse, les frissons s’enchaînent. Nos lèvres se séparent, nos regards s’aimantent. Dans son regard, une étincelle friponne que je reconnais, c’est le genre d’étincelle qui me signale que le bogoss est en mode chien foufou et qu’il est en veine de bêtises ; je ne m’y trompe pas : un instant plus tard, il me balance de l’eau au visage ; j’en fais de même, je savoure à fond cette complicité inattendue, cette insouciance avec mon bobrun. Effectivement, nous mettons de l’eau partout sur les tomettes de la salle de bain : mais nous nous amusons comme des gosses. Un petit jeu qui prend fin lorsque ses bras m’immobilisent dans une accolade puissante et tendre à la fois, lorsque des bisous se mêlent à l’eau et tombent en cascade sur mon cou.

     « Allez, on va se savonner tant qu’il y a de l’eau chaude… » fait-il à un moment, en relâchant son étreinte et en coupant l’eau.

    Le bogoss attrape le flacon du shampooing, il en fait tomber une bonne giclée dense dans sa main, et il l’applique sur ses cheveux bruns ; il en fait de même avec le gel douche, qu’il étale sur son corps.

    C’est terriblement excitant que de regarder un beau garçon en train de se shampooiner les cheveux, de se savonner le corps – le visage, le cou, les épaules, les pecs, les biceps, les abdos, le sexe, les fesses, les bras, les jambes, les pieds. Ce n’est pas la première fois que j’assiste au spectacle époustouflant de Jérém sous la douche, mais c’est la première fois que je peux librement le regarder, le toucher, le caresser, l’embrasser. C’est tellement bon de se perdre dans la contemplation de cette beauté incroyable, dans cette image d’un érotisme indescriptible, que j’en oublie de me savonner moi-même.

    Jérém est désormais recouvert de mousse de la tête aux pieds. Sa peau mate luisante d’eau, ses poils noyés dans la mousse me font un effet de fou. Mon Jérém est simplement beau tomber ; et cet air intrigué avec lequel il me toise, le rend craquant d’une façon indicible.

    « Tu te savonnes pas ? ».

    « Je ne sais pas faire deux choses à la fois… j’étais en train de te regarder faire… ».

    Jérém me sourit, je suis certain qu’il a bien compris le message. Puis, le plus naturellement du monde, il reprend du shampooing et il l’applique à mes cheveux, qu’il masse longuement ; il reprend du gel douche également, qu’il fait glisser et mousser sur tout mon corps. Je me laisse faire, je savoure le bonheur de sentir ses mains slalomer partout sur ma peau mouillée.

    « Voilà… » il me lance, alors que je me sens couvert de mousse, de caresses et d’amour.

    Je souris, je suis bien, je suis heureux. Je ne peux m’empêcher de bondir vers lui et de poser un bisou mousseux sur ses lèvres.

    Jérém rouvre l’eau et ça fait du bien ; le jet rince et réchauffe ma peau encore vibrante des caresses mouillées et glissantes de mon bobrun.

    Jérém se rince longuement, ses cheveux retombent sur son front, ses poils se noient dans le flot d’eau ruisselante sur son torse : il est beau à pleurer.

    Je commence à me rincer à mon tour ; du moins jusqu’à ce que le bogoss me fasse pivoter, et qu’il entreprenne de me masser le cou, les épaules, le dos ; peu à peu, son torse se colle à mon dos, son bassin à mes fesses ; sa queue ni molle ni dure se glisse entre mes fesses, c’est extrêmement excitant ; d’infinis bisous se posent entre mes omoplates, et remontent le long de mon cou, et continuent jusqu’à la base de ma nuque : et c’est délirant.

    « T’es prêt ? » il me demande.

    « Prêt à quoi ? ».

    « Je vais couper l’eau… ».

    « Vas-y… ».

    Lorsque l’eau cesse de tomber, je sens une sensation de froid se propager sur ma peau à vitesse grand V. Je grelotte. Heureusement, Jérém m’enveloppe toujours de son corps chaud, de ses bras puissants.

    « Serre-moi très fort… ».

    « Tu sais qu’il va falloir se sécher à un moment ou à un autre… ».

    « Je sais… ».

    Lorsque Jérém se décolle de moi, j’ai l’impression de me trouver dans une glacière.

    Mais déjà mon bobrun est sorti du bac à douche, et, avant même de commencer à se sécher lui-même, il me passe une grande serviette.

    Un instant plus tarde, il en attrape une autre, bien moins grande, avec laquelle il entreprend de se sécher à son tour. Je me sèche tout en le regardant faire, insatiable de partager ces petits moments du quotidien – et pourtant si extraordinaires – avec mon bobrun. A un moment, nos regards se croisent : il me sourit, je lui souris.

    Jérém vient de finir de se sécher, il ressemble sa serviette dans une main et la pose nonchalamment à cheval de son épaule : décidemment, chaque attitude, chaque geste de ce mec transpire la sexytude virile la plus craquante. Son regard brun harponne le mien ; je le vois avancer vers moi, lever son bras, sa main vient ébouriffer mes cheveux : ses doigts glissent d’abord tendrement, doucement, puis ils agitent ma tignasse dans tous les sens. Et là, il me regarde droit dans les yeux et il me chuchote :

    « Vraiment, tu peux pas savoir comment tu m'as manqué… ».

    Voilà une autre phrase que je ne me lasserai jamais de lui entendre prononcer.

    « Toi aussi tu m’as manqué, si tu savais… ».

    A cet instant précis, je me dis que c’est exactement ça l’amour que j’avais imaginé avec mon bobrun, l’amour dont j’avais envie, auquel j’aspirais avec toutes mes forces ; et, plus en général, l’image que je me faisais de l’amour entre garçons : des moments de sexe très chaud, certes, mais également des moments d’infinie tendresse, n’en déplaise aux homophobes. Quand l’entente des corps et des esprits sont au rendez-vous, le mélange est explosif.

    Je regarde le bogoss s’arranger les cheveux devant le petit miroir, appliquer du gel, l’étaler avec des gestes rapides et assurés ; je le regarde approcher son visage de la surface réfléchissante, traquer quelque chose sur son visage, faire exploser deux minuscules points noirs (la bogossitude se cultive aussi) ; je le regarde vaporiser généreusement ses aisselles et son torse de déo ; le parfum entêtant sature très vite le petit espace et me fait tourner la tête ; je le regarde sans perdre une seule miette de ses gestes, comme enchanté, avide d’assister aux gestes quotidiens de mon bobrun.

    Inévitablement, nos regards finissent par se croiser ; le bogoss me sourit, il bondit vers moi et il vaporise son déo contre mon torse. Tout comme j’adore l’idée de porter sur moi l’odeur de sa peau et de sa jouissance après l’amour, j’adore l’idée de porter son déo après la douche.

    Un instant plus tard, Jérém sort de la petite salle de bain, il avance dans le séjour, il approche du feu, très à l’aise avec sa nudité.

    « On fait quoi aujourd’hui ? » je lui demande.

    « On fait l’amour toute la journée… ».

    « Ah, ça c’est une bonne idée… ».

    « Coquin, va ! ».

    « C’est toi qui es coquin ! » je me marre.

    « Viens, on va faire un câlin… » il me lance, en regagnant le lit.

    Nous retournons au lit et nous recommençons à nous faire du bien. Pendant que nous faisons l’amour, un bruit de moteur approche de la petite maison ; Jérém stoppe net ses coups de reins, il lève la tête, il tend l’oreille, sans pour autant se déboîter de moi.

    « C’est la boulangère… » il me chuchote, tout en s’allongeant sur moi de tout son poids, et en tirant les draps sur nous ; puis, il me claque un bisou léger sur les lèvres et il me rassure « t’inquiète, elle va laisser le pain et elle va repartir… ».

    Je crève d’envie qu’il recommence à me faire l’amour, je crève d’envie de le voir, de le sentir venir en moi ; et pourtant je jouis de la simple présence de sa queue en moi.

    Un instant plus tard, ça tape à la porte.

    « T’es sûr que c’est elle ? ».

    « Certain… ».

    « Et si elle rentre ? ».

    « Elle ne va pas rentrer… ».

    En effet, j’entends trifouiller au niveau de la porte ; c’est là que je réalise soudainement la fonction du sac accroché à l’extérieur, sac que j’avais distraitement remarqué la veille en arrivant, sans penser à poser la question, accaparé comme je l’étais par le bonheur qui me secouait de fond en comble.

    Son corps sur le mien, sa peau brûlante contre la mienne, ses bras puissants autour de mon torse, sa queue toujours en moi ; j’adore me sentir dominé par les muscles, la masse, la puissance de mon fougueux jeune mâle. J’adore me sentir rempli par sa virilité.

    Dans le petit espace, dans cette proximité ultime sous les draps, j’entends le bruit de sa respiration, les battements de son corps ; je les entends et je le sens, car ces petits bruits de vie se transmettent de corps à corps, se propagent en moi, comme si nous ne faisions qu’un seul ; et l’odeur tiède et rassurante de sa peau, ainsi que le parfum entêtant de son déo, de notre déo, me fait tourner la tête et me met dans un état presque second. J’écarte un peu plus mes cuisses, je porte mes mains sur ses fesses musclées et je les attire vers mon entrejambe, pour qu’il s’enfonce bien à fond en moi. Le bogoss seconde et amplifie mon intention, et son gland avance de quelques millimètres supplémentaires entre mes fesses, ses abdos frottent contre mon gland, en provoquant des frissons géants. Je frémis de plaisir, je me sens au bord de l’orgasme, j’ai l’impression qu’il suffirait de quelques coups de reins pour me faire jouir. J’essaie de me contrôler, je prends une longue inspiration : j’attends avec impatience le moment où nous serons à nouveau « seuls », où nous pourrons reprendre à faire l’amour. J’ai tellement envie qu’il recommence à me faire l’amour, et qu’il me remplisse de son jus.

    Un instant plus tard, j’entends le claquement d’une porte de voiture, le bruit du moteur qui s’éloigne.

    « Qu’est-ce que j’aime te sentir en moi… » je lâche, fou de lui, et posant plein de bisous dans son cou.

    « Et ça c’est rien par rapport à ce que tu vas kiffer quand je vais te gicler dedans… ».

    « Vas-y, fais-toi plaisir, j’en ai tellement envie… ».

    Et Jérém recommence à me faire l’amour. Il recommence à me pilonner sous les draps, le torse collé à mon torse ; ses abdos frottent contre mon gland, ses lèvres cherchent les miennes, ou bien parcourent avidement ma peau, ses bras m’enserrent de façon très musclée.

    Très vite, enivré par la proximité épidermique, olfactive, sensuelle, absolue de ce petit espace confiné, je jouis. Je jouis et il jouit, presque au même instant.

    Nos corps et nos esprits viennent de s’embraser de plaisir ; ses biceps relâchent leur étreinte, son visage s’abandonne dans le creux de mon épaule. Mon bonheur est tellement immense que je n’arrive même pas à réaliser qu’il soit possible.

    Soudainement, je repense à l’une chanson que maman écoutait en 45 tours quand j’étais petit, une chanson qui parce exactement de ce genre de bonheur, le bonheur de l’amour avec la personne qu’on aime, l’amour seul, loin de tout :

     

             

     

    E' inutile suonare qui/C'est inutile de sonner ici

    Non vi aprira' nessuno/Personne ne vous ouvrira

     

    (Au revoir la boulangère !).

     

    Il mondo l'abbiam chiuso fuori/Le monde nous l’avons enfermé dehors

    Con il suo casino/Avec son bordel

     

    (Rien ne me semble important ce matin, ni même simplement exister, en dehors de nous, de notre amour, de notre bonheur. Le monde, le quotidien et son lot de tracas et d’inquiétudes, me semble si loin ; tout comme la souffrance que j’ai endurée – la peur de le perdre, son refus de m’aimer, la peur qu’il ne s’en sorte pas après son accident – me semble si peu de chose, face à ce bonheur insoutenable).

     

    Una bugia coi tuoi/Un mensonge avec les parents

     

    (Même si ça n’en est pas vraiment une, puisque maman est au courant ; ça l’est un peu vis-à-vis de papa, car il ne sait pas quel genre de « pote » j’ai été rejoindre à la montagne ; mais à cet instant précis, je me sens prêt à terminer mon coming out familial dès mon retour à Toulouse).

     

    Il frigo pieno e poi/Le frigo plein et aussi 

     

    (Jérém avait tout prévu, c’est tellement bon de le voir si prévenant, si débrouillard, et de n’avoir à se soucier de rien).

     

    Un calcio alla tivu'/Un coup de pied à la télé

     

    (Oh, comment, elle ne nous manque pas, la télé !).

     

    Solo io, solo tu/Rien que moi, rien que toi

     

    (Ça fait un bien fou de se retrouver que tous les deux, loin de tout…).

     

    E' inutile chiamare qui/C'est inutile d'appeler

    Non rispondera' nessuno/Personne ne répondra

    Il telefono e' volato fuori/Le téléphone a volé

    Giu' dal quarto piano/Par la fenêtre du quatrième étage

     

    (De toute façon, il n’y a pas de réseau… et si même il y en avait… je ne crois vraiment pas qu’on aurait envie de répondre…).

     

    Era importante sai/C’était important tu sais

    Pensare un poco a noi/De penser un peu à nous

     

    (Ah, comment c’est vrai ! Penser à nous, et rien qu’à nous…).

     

    Non stiamo insieme mai/nous ne sommes jamais ensemble

     

    (Ça faisait si longtemps…).

     

    Ora si' ora sì/maintenant nous le sommes

     

    (Et quel bonheur !).

     

    Soli, la pelle come un vestito/Seuls, la peau pour seul vêtement

     

    Nous n’avons besoin de rien de plus, nos corps s’habillent l’un l’autre, ils se parlent dans ce langage universel qu’est celui de l’amour et de la tendresse. Car, après l’amour, nous nous faisons des câlins, après l’amour, je me retrouve bien au chaud dans ses bras. Je suis le plus heureux des gars. Je ne voudrais jamais partir de ses bras. Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin.

    « J’ai la dalle ! » lâche Jérém de but en blanc, sur un ton qui rappelle l’urgence absolue des exigences d’un gosse. L’amour rend heureux, et ouvre l’appétit.

    « T’as toujours faim, toi… ».

    « Mais t’as vu comment tu m’épuises ? » il rigole.

    « Toi aussi tu m’épuises… et c’est tellement bon… ».

    « Grave ! ».

    Pendant que nous nous faisons des bisous, j’entends son estomac gargouiller. La belle bête a vraiment la dalle.

    « Bouge pas… » il me lance, en quittant les draps, le lit, notre étreinte.

    Le bobrun se lève, il remet du bois dans la cheminée. Il ouvre la porte d’entrée, il jette un œil par précaution, il sort à poil et il revient avec deux baguettes fraîches laissées par la boulangère.

    Il traverse la pièce toujours aussi insouciant quant à sa nudité, il se dirige vers la boîte magique qu’est le garde-manger et il en ressort un petit jambon sec, qu’il entreprend de trancher avec un grand couteau. Son corps se tend, ses biceps se gonflent sous l’effort, sa chaînette ondule au gré des va-et-vient de son bras : comme tous les va-et-vient de son corps, c’est un spectacle magnifique.

    Jérém ouvre la baguette sur toute sa longueur, puis la coupe en trois morceaux, et il dépose le tout sur une assiette et amorce le mouvement pour approcher du lit.

    « Ah, mince… » il se ravise, en faisant demi-tour pour attraper la bouteille de Jurançon.

    « Il te reste du fromage de hier soir ? » je le sollicite. Il y a des goûts qui marquent dès la première rencontre avec nos papilles ; des lors, nous n’avons plus qu’une chose en tête, c’est de les retrouver.

    Jérém revient une fois de plus vers le garde-manger et, quelques instants plus tard, il apporte tout ça au lit.

     

    Soli, mangiando un panino in due/Seuls, nous mangeons un sandwich à deux

    Io e te/Toi et moi

     

    (Jérém glisse les tranches de jambon entre deux morceaux de baguette et me tend ce sandwich maison. Le pain frais est un bonheur de tous les sens, sa couleur dorée enchante la vue, sa douce fermeté me rappelle celle du torse de mon bobrun, il croustille à l’oreille, il enivre les narines, il comble le palais ; quant au jambon, il est juste fabuleux. Et qu’est-ce qu’il est bon, ce sandwich, d’autant meilleur qu’il est préparé par Jérém et mangé dans les bras de Jérém. Ce qui est fait avec amour est toujours bien fait).

     

    Soli, le briciole nel letto/Seuls, les miettes dans le lit

     

    (Jérém a l’air de s’en foutre éperdument, alors, je m’aligne sur sa façon de voir les choses ; et très vite, je découvre que le fait de lâcher prise, d’arrêter de s’inquiéter pour des choses insignifiantes, ça fait un bien fou, car ça a quelque chose de profondément apaisant).

     

    Soli, ma stretti un po' di più/Seuls, mais nous nous enserrons très fort

    Solo io, solo tu/Rien que toi, rien que moi

     

    (Et qu’est-ce que c’est bon de manger côte à côte, devant le feu, nos corps se frôlant sans cesse).

     

    « Tu l’as trouvé où ce jambon ? ».

    « C’est un pote d’ici qui le fabrique… ».

    « T’as plein de potes, ici… » je considère, alors que mes papilles sont désormais ravies par le goût à la fois fort et doux du fromage de montagne.

    « Tu veux du Jurançon ? ».

    « Pas vraiment… » je fais, tout en posant ma main sur sa queue.

    « Tu vas me tuer… ».

    « Tu me fais tellement envie… » je fais, tout en enserrant sa queue au creux de ma main et en le branlant doucement.

    « Toi tu sais comment demander les choses… » fait le bobrun, taquin, l’air pourtant ravi de recevoir mes caresses.

    « Avec douceur, ça marche bien… ».

    « Fais-toi plaisir… ».

    Une phrase que je lui ai dite plein de fois, lorsqu’il m’annonçait – ou lorsque je ressentais – qu’il allait jouir en moi.

    Et lorsque, quelques minutes plus tard, ses giclées puissantes et chaudes remplissent ma bouche, je me fais la remarque que oui, définitivement, il y a des goûts qui marquent dès la première rencontre avec nos papilles et que nous ne nous lassons pas de retrouver ; tout comme il y a des goûts qui se marient très bien entre eux. J’ai toujours entendu dire que le fromage s’accompagne d’une tranche de pain frais et d’un verre de rouge : je valide la tranche de pain frais ; quant à la boisson, je crois bien qu’il y a mieux que le vin rouge. Un goût à la fois fort et doux, s’accompagne bien d’un autre goût de même teneur.

     

    Il mondo dietro ai vetri/Le monde derrière les vitres

    Sembra un film senza sonoro/Ressemble à un film muet

     

    (Oui, le monde me semble si loin, même le départ prochain de Jérém pour Paris, mon départ à Bordeaux, ma rentrée sur Toulouse, autant d’échéances qui me semblent appartenir à une autre existence, à la vie de quelqu’un d’autre. Dans cette maison au bout du monde, je me sens bien, je me sens protégé).

     

    E il tuo pudore amando/Et ta pudeur pendant l’amour

    Rende il corpo tuo piu' vero/Rend ta présence plus vraie

     

    (Pendant l’amour, Jérém est doux et viril à la fois, il fait attention à moi, il prend son pied mais il veut me faire plaisir : quand l’amour est là, on peut être viril, même très viril, sans forcément être macho).

     

    Soli lasciando la luce accesa/Seuls, nous laissons la lumière allumée

     

    (Depuis nos retrouvailles, nous faisons l’amour en pleine lumière, en pleine confiance, en nous regardant dans les yeux ; et alors que pendant nos « révisions » il avait toujours fui mon regard, Jérém cherche désormais ce contact, comme s’il cherchait à savoir si je suis heureux).

     

    Soli ma guarda nel cuore chi c'è: io e te/Seuls, et dans nos cœurs il n’y a que toi et moi

     

    (Nos cœurs nous rassemblent, nous rapprochent…).

     

    Soli col tempo che si è fermato/Seuls, avec le temps qui s’est arrêté

     

    (Je perds la notion du temps… je voudrais tellement que les aiguilles des montres cessent de tourner et se figent à tout jamais sur cet instant de bonheur parfait).

     

    Soli però finalmente noi/Seuls, et enfin rien que nous deux

    Solo noi, solo noi./Rien que nous deux, rien que nous deux

     

    Enfin, nous voilà que tous les deux, loin de tout, libres de vivre notre amour à l’abri des regards qui jugent, qui méprisent. L’éloignement de notre quotidien libère nos envies, nos regards, nos gestes, nos caresses, nos baisers, non sentiments. Le simple contact de sa peau chaude embrase mon corps.

    « J’ai encore envie de toi, Jérém… ».

    « T’en as jamais assez, toi… » il se marre.

    « T’as vu ce que tu me fais ? T’as vu comment tu me fais l’amour ? ».

    « Je te fais l’amour comment ? » il m’interroge, le coquin.

    « Tu me fais l’amour comme un Dieu, tu me retournes comme une chaussette, tu me fais jouir comme un fou… ».

    Il me sourit, l’air fier de lui. J’adore quand la fierté s’affiche sur son visage. D’autant plus qu’aujourd’hui son petit sourire n’est plus seulement l’expression d’une fierté de petit macho fier de sa queue (même s’il y en reste quand-même un peu, et je kiffe ça), mais aussi et surtout le regard attendri d’un amant amoureux ravi de savoir que son partenaire est bien avec lui.

    « Qu’est-ce que tu es bon au lit, Jérém… ».

    « Tu me fais un effet de fou, Nico… ».

    Et une heure à peine après le fromage, je succombe à l’envie soudaine de le sucer à nouveau.

    « Fais pas ça Nico… ».

    Je n’écoute pas ses mots, mais mon envie : je continue à le sucer.

    « Tu vas me tuer… ».

    Non, j’ai juste envie de le faire jouir. Le fait est que j’ai inlassablement envie de l'avoir dans la bouche, de le sentir prendre son pied ; de l’avoir en moi, de le sentir, de le voir en train de faire l’amour. Jérém aussi semble avoir envie de moi comme jamais : alors, pourquoi me priver de goûter encore et encore au plaisir exquis, au bonheur immense, au privilège sans pareil de m’occuper de sa queue frémissante, frétillante et bien tendue ?

    Non, il n’y a aucune raison de me priver, de le priver de cela. Alors je continue d’astiquer sa queue dans le but de nous faire du bien à tous les deux.

    « On va jamais sortir du lit… » il considère, en se laissant rapidement ravir par le bonheur des sens.

    « On a un mois à rattraper… » je finis par lui répondre, tout en le branlant « alors, tant que tu ne déclares pas forfait, je n’arrêterai pas de te faire jouir… ».

    « Je crois que c’est toi qui vas me demander d'arrêter… » il me nargue.

    « Non, c’est toi qui vas me demander d'arrêter… » je le cherche à mon tour.

    « On verra ça… » il conclut, alors que je viens de le reprendre dans ma bouche. Le bogoss frissonne de bonheur, et ça me remplit de bonheur.

    Jérém a raison, du matin jusqu’au milieu de l’après-midi de cette journée de samedi, nous n’allons pas quitter le lit. Parfois mon bobrun se lève pour aller remettre du bois dans la cheminée, ou pour fumer une cigarette : le patch l’aide à réduire la consommation, mais il reste quelques cigarettes incontournables, notamment celles après l’amour. Inutile de préciser que ce samedi, je le pousse à la consommation.

    Mais pour l’essentiel, nous passons le plus clair de notre temps à enchaîner les plaisirs. La proximité de nos corps nus attise sans cesse nos sens, tous nos sens : la vue (son torse nu, ses muscles, sa bonne petite gueule, ses attitudes de mec) ; l’odorat (le bouquet olfactif délicieux qui se dégage de sa peau) ; le toucher (la fermeté de ses muscles, la chaleur de sa peau, la douceur rassurante de ses poils) ; le goût (le bonheur qu’est le contact avec ses lèvres) ; l’ouïe (sa voix est apaisante, mais aussi excitante, à la fois caresse et vibration de mâle, comme de la testostérone verbalisée ; légèrement grave, puissante et douce en même temps, sa voix renvoie à sa virilité, tous en laissant enfin déceler la sensibilité du garçon de 19 ans sous l’enveloppe corporelle du jeune mâle puissant : ainsi, sa voix fait vibrer une multitude de cordes sensibles en moi).

    Il m’effleure, je l’effleure, nous sommes à la fois allumette et papier abrasif pour soi et pour l’autre ; nous nous effleurons, je m’embrase, il s’embrase, nous nous embrasons l’un l’autre.

    Nous nous offrons du plaisir l’un l’autre, nous nous donnons l’un à l’autre en pleine confiance, nous faisons l’amour d’une façon complètement libérée ; plus nous nous faisons du bien, plus cela devient normal et naturel, l’évidence même ; plus nous sommes bien ensemble, plus nous nous assumons. On ne peut qu’assumer ce qui nous apporte un bonheur si parfait.

    Notre complicité sexuelle aussi n’a jamais été à ce point parfaite, plus encore que pendant toutes les nuits magiques – celle après le retour de l’Esmé, celle où il m’avait sorti du pétrin avec ce type qui voulait me cogner ; ou celle après le plan avec Romain, le bobarbu levé au On Off – et même plus encore que pendant toute la semaine magique précédant notre clash.

    Oui, nous passons la journée à faire l’amour. Et après l’amour, nous nous faisons des câlins.

    « Qu’est-ce que c’est bon… » fait Jérém, fou de mes caresses et de mes bisous.

    « Quand je pense que tu n’en voulais pas… ».

    « Qu’est-ce que j’ai pu être con ! ».

    « Ce qui compte, c’est maintenant… ».

    Puis, après l’amour, après les câlins, comme pendant une ivresse, l’ivresse des sens et de l’esprit, la parole se libère.

    « Heureusement que t’as eu les couilles de proposer les révisions… » me balance Jérém de but en blanc.

    « Pourquoi tu as dit oui aux révisions ? ».

    J’ai déjà posé cette question, et les réponses que j’en avais obtenues avaient été au mieux décevantes, au pire blessantes.

    « Parce que je voulais avoir une chance d’avoir le bac… » : telle avait été sa réponse décevante après la nuit fantastique qui avait suivi le plan à trois avec le bobarbu Romain levé au On Off.

    « Parce que je voulais baiser ton cul… » : telle avait été sa réponse blessante et humiliante la dernière fois où il est venu chez moi, un mois plus tôt, le jour de notre clash, peu avant que nous en venions aux mains.

    Mais ces réponses venaient de la bouche d’un Jérém qui n’assumait pas notre bonheur. Alors, je suis impatient d’entendre la véritable réponse à cette question qui me taraude depuis le début de nos révisions, d’entendre la réponse du véritable Jérém, celui qui n’a plus peur de ce qu’il ressent, qui ne se cache plus de lui-même, et de moi.

    « Parce que… » il se lance, sans arriver au bout de son intention.

    « Vas-y Jérém, dis-moi… »

    « Parce que…

     

    La suite, dans quelques jours…


    9 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires