• Samedi 4 août 2001

    Le lendemain de cet après midi d’amour avec mon bobrun, je me réveille de très bonne heure. Il n’est que 5h42 et je me sens en super forme. Je ne tiens pas en place, j’ai besoin de bouger, de me dépenser. Je prends mon petit déjeuner alors que la maison dort encore. Je laisse un message sur la table de la cuisine et je sors.
    Le soleil se lève à peine sur la Ville Rose, le ciel s’embrase de couleurs vives, d’une richesse extraordinaire, sans cesse renouvelée au fil des secondes. La fraîcheur du petit matin chatouille ma peau, réveille mes sens. L’air nouveau s’infiltre dans mes poumons et me donne la pêche, j’ai l’impression qu’elle n’a jamais été aussi douce ; je me sens si bien, empli d’espoir et de bonheur.
    Je regarde la ville se réveiller petit à petit, et je me demande ce que fait mon bobrun à cet instant précis : à tous les coups, il doit être en train de dormir : qui sait à quelle heure il a dû finir cette nuit.
    Je me demande comment se passe la coloc avec Thibault. Certainement bien, ils sont potes depuis si longtemps. Mais concrètement, qu’est-ce qu’ils partagent au quotidien ? Est-ce qu’ils dorment dans le même lit ? Ou bien, est ce que Jérém dort sur le canapé, pour éviter de perturber le sommeil du bomécano avec ses horaires décalés ?
    Je me surprends à repenser aux questions qui m’avaient inquiété à un moment, et notamment pendant cette nuit qu’on avait passé tous les trois ensemble ; cette nuit-là, pendant que nous nous emboitions dans une combinaison parfaite, j’avais vu les deux potes front contre front, les lèvres si proches, leurs désirs si brûlants ; au point que j’en étais même venu à me demander si ma présence était quelque part un alibi, du moins dans la tête de Jérém, pour permettre aux deux potes de se rapprocher, de se découvrir, de se désirer ; et sans que cela ne remettre en question leur virilité, leur ego masculin, leur amitié.
    Oui, je m’étais inquiété au sujet de la complicité sensuelle qui pourrait se manifester entre les deux potes ; de ces désirs longtemps enfouis et qui, dans la foulée de cette nuit où tant de tabous s’étaient envolés, voudraient enfin trouver le moyen de s’exprimer ; de la possibilité que les deux potes puissent avoir envie de découvrir le bonheur de mélanger leurs corps, leurs jeunesses, leurs plaisirs, leurs jouissances.
    Evidemment, le fait que Jérém emménage chez le bomécano pratiquement le lendemain de cette fameuse nuit, avait encore mis de l’essence sur le feu de mes questions, me procurant une forme de jalousie assez difficile à calmer. Est-ce qu’ils repensent chacun de leur côté à cette fameuse nuit ? Est-ce que ça leur est arrivé d’en parler ? Est-ce qu’ils vont le faire ? Est-ce que ça leur donne des envies, une raison, un précédent, un justificatif, une occasion, de recommencer, entre mecs ?
    Pourtant, plus cette semaine magique avance, plus j’ai tendance à oublier mes inquiétudes à ce sujet ; je suis tellement accaparé par le bonheur de voir mon bobrun se livrer petit à petit à des gestes et à des attitudes tendres, touchantes ; c’est un bonheur qui me rassure.
    Je me dis qu’il est si bien avec moi – je le sens, il me le montre – que je n’arrive pas à imaginer qu’il puisse penser à aller voir ailleurs, même avec son meilleur pote. Tout comme je le suis, tellement comblé par mon Jérém, que je ne me vois pas aller voir ailleurs, nulle part ailleurs. Je regrette vraiment ce qui s’est passé avec ce Mourad, ce mec rencontré devant le On Off ; une erreur, dans un moment de désespoir. C’est si loin de ce que je vis en ce moment avec mon bobrun.
    Oui, je sens que Jérém est comblé, sexuellement, sensuellement ; et puis, il reste toujours le dernier rempart de leur amitié : que deviendrait-elle si jamais ils devaient franchir le pas ?
    Alors, quand je pense à leur cohabitation, je ne suis plus inquiet que quelque chose puisse se passer entre eux. Je ne me pose plus des questions teintées de jalousie ; ce sont de toutes autres questions qui viennent à moi ; des questions anodines, banales, qui pourtant me touchent au plus profond.
    Est-ce qu’ils mangent parfois ensemble ? De quoi parlent-ils ? Est-ce qu’ils regardent parfois la télé ensemble ? Rigolent-ils ensemble face à un truc drôle ? Commentent-ils l’actu ? Ont-ils la même vision des choses, les mêmes idées, ou bien ils sont en désaccord parfois ? Comment sont leurs échanges ?
    J’aimerais tellement être à la place de Thibault : me réveiller à côté de Jérém, ou même juste pouvoir le regarder endormi sur le canapé, en me levant, le matin. Manger avec lui. Regarder la télé avec lui. Partager des moments avec lui.
    Un de ces jours, il faudra que j’aille voir le bomécano pour prendre de ses nouvelles, pour savoir comment se passe la coloc. Les échanges avec Thibault ont toujours été très instructifs ; le jeune pompier pourrait avoir noté un changement dans l’attitude de son pote, recueilli une confidence, quelque chose qui pourrait m’aider à déchiffrer un peu plus le « nouveau Jérém ».
    Oui, retrouver le bomécano ne pourrait me faire que du bien. Pourtant, j’hésite.
    Le fait est que, lorsque je repense à la dernière rencontre avec Thibault, je ressens une espèce de malaise sournois et latent. J’avais été le voir le lendemain de cette fameuse nuit, et il m’avait invité prendre une bière chez lui. J’avais vraiment apprécié ce moment, sa volonté de « dédramatiser » ce qui s’était passé, de me rassurer.
    Pourtant, en quittant l’appart des Minimes, une partie de moi avait eu comme l’impression que derrière son attitude et son discours de mec bien dans ses baskets, il y avait chez lui des choses non dites, comme si un bon petit souk était en train de s’installer dans sa jolie tête ; l’impression que, entre son envie de voir son pote heureux avec moi et celle de me voir heureux avec son pote, il était en train d’oublier son propre bonheur.
    Sans douter de sa capacité à maitriser ses sentiments et désirs éventuels, je me demande toujours ce que ressent vraiment Thibault pour son Jéjé. Et si des sentiments et des désirs sont en lui, ça doit être pour lui d’autant plus dur de les maitriser et de les cacher depuis qu’il est confronté à la coloc.
    Alors, même si je sais qu’il se montrerait heureux pour moi, je n’ai pas vraiment envie d’étaler mon nouveau bonheur devant lui : je ne veux pas que, sans qu’il me le montre, mon bonheur provoque son malheur.
    Mais bon, il faudra quand-même que je trouve le moment pour aller voir mon pote Thibault, ne serait-ce justement, que pour voir comment il va… si toutefois je trouve le moyen de descendre de mon petit nuage…
    En courant le long du canal, je repense ce qui s’est passé la veille, à tous ces gestes tendres et à toutes ces attentions que Jérém a eus envers moi, à ces moments où la sensualité et la douceur avec mon bobrun ont atteint de nouveaux, inattendus, incroyables, sommets. Platane après platane, je repense à cet après-midi plein de surprises.
    Première surprise, le bogoss est revenu. Il est venu pour mon kif, il a tenu sa part du deal. Alors, certes, au début, le fait de ne pas savoir à quoi s’attendre semble le mettre sur la défensive : Jérém fait mine de vouloir reprendre son rôle de ptit macho, voire se montrer réfractaire à que je prenne les « commandes » de cette rencontre sensuelle. Il essaie de se comporter comme le Jérém de toujours, de jouer le petit con indomptable qui a toujours ce qu’il veut, ni plus, ni moins.
    Pourtant, c’est comme si désormais son « jeu » manquait de justesse : car, définitivement, Jérém n’est plus le Jérém du début de notre relation. J’ai plutôt l’impression de le voir « jouer » à être le Jérém d’avant, faute de pouvoir « être » ce Jérém d’avant ; l’impression que, sous les apparences qu’il essaie de garder, le « nouveau » Jérém est en attente, curieux, demandeur de voir ce que le « nouveau » Nico va lui proposer. En partant par la découverte de ce kif qui l’intrigue bien plus qu’il le préoccupe.
    Autre surprise, le bogoss semble de plus en plus animé par l’envie de me faire plaisir.
    Me faire plaisir à partir de cette tenue hallucinante, débardeur blanc et casquette à l’envers, dans laquelle il a débarqué : il sait à quel point j’aime ça, le débardeur blanc ; quant à la casquette, il sait aussi que c’est un de mes kifs absolus : pas plus tard que cette semaine je lui avais demandé de la garder pendant que je m’occupais de son plaisir ; j’aime penser que Jérém n’a pas oublié ce petit détail.
    Me faire plaisir avec sa réceptivité vis-à-vis de mon kif (, en s’y abandonnant totalement du moins une fois que mes gestes lui en ont montré les tenants et les aboutissants), en me faisant confiance, en se laissant faire.
    Me faire plaisir, en s’intéressant à ma jouissance : « T’as envie de jouir ? » ; en la provoquant, en faisant de mon kif, le sien ; en étant à mon écoute, lorsque je lui ai demandé de continuer ses va-et-vient, après sa jouissance, pour que la mienne explose à son tour.
    Mais la plus belle de toutes les surprises a été incontestablement le premier, vrai, sauvage, intense baiser avec Jérém.
    Je l’attendais depuis longtemps, très longtemps, ce baiser fougueux et passionné ; et même si ce n’était pas du tout dans ces circonstances là que je l’avais imaginé venir ; même si c’est moi qui l’ai provoqué sans ménager les tentatives ; même si j’ai dû « négocier » pour pouvoir poser mes lèvres sur les siennes ; même si Jérém a cherché à en reprendre le contrôle, à défaut d’en avoir pris l’initiative ; même si, dans ce duel musclé de langues, Jérém a voulu se montrer presque dominant, peut-être pour en effacer la signification, signification qui va au-delà du simple contact fiévreux de bête en rut ; mais au-delà de tout, ce baiser n’en a pas été moins sublime, et il m’a donné des frissons inouïs.
    Jour après jour, j’ai le sentiment d’assister au démontage, les unes après les autres, de toutes ses barrières mentales ; un « démantèlement » ouvrant la voie à l’expression d’une sensualité qui bouillonnait en lui, juste sous la peau ; un « désarmement » laissant « fuiter » cette tendresse magique que je savais en lui, mais que je commençais à croire condamnée à être refoulée à tout jamais. Une tendresse qu’il commence à exprimer, à offrir, à demander.
    Car c’est désormais une évidence, le petit mec en veut, en redemande, il en a besoin : il va même au-delà de mes attentes et de mes espoirs, faisant preuve de gestes touchants à m’en donner les larmes.
    Un mélange d’excitation extrême, d’émotions délicieuses, de complicité magique et de bonheur inexprimable : voilà ce que j’ai ressenti hier après-midi, un ressenti dont l’écho me porte ce matin, me donne des ailes. J’ai l’impression de planer, de caresser le ciel avec le bout des doigts.
    Je ressens une joie immense, si intense que j’ai besoin de la partager. Je me pose aussi de tas de questions, des interrogations se résumant au fond à une seule : mais qu’est-ce qui se passe dans la tête de mon beau et touchant Jérém ?

    Plus tard dans la matinée, en arrivant à proximité de l’autoécole, je remarque immédiatement la voiture de Julien – le beau, l’incroyable, mon pote, l’inénarrable Julien – garée sur le petit parking. Presque au même moment, les deux portes s’ouvrent pour laisser sortir les deux occupants. Et là ce n’est pas un choc visuel qui m’attend, mais deux.
    Premier choc, évidemment, le jeune loup à poil doré, le beau moniteur qui drague tout ce qui bouge, à condition que ça ait une chatte et des seins. Il est habillé de la tenue la plus simplement « mec » qui soit : un simple, affolant t-shirt blanc scandaleusement ajusté à sa plastique parfaite, porté par-dessus un simple jean, accompagné de baskets blanches également.
    Deuxième choc, l’apparition d’un autre petit mec, carrément à hurler. Tellement à hurler que je sens mes cordes vocales paralysées par l’ampleur de la tâche annoncée.
    D’un coup, j’ai l’impression que le temps s’est ralenti, que le silence s’est brutalement fait autour de moi, pour que je puisse me concentrer sur le ptit Dieu qui est apparu, éblouissant, aveuglant, incandescent, radioactif.
    18-19 ans maxi, pas très grand, 1 mètre 70 peut-être, équipé d’un bon petit physique de nageur, très bien proportionné, laissant imaginer des séances de muscu, mais juste ce qu’il faut ; pas trop, mais assez pour entretenir un corps à te donner envie d’arracher le t-shirt direct.
    Le petit mec est châtain, avec un brushing de bogoss, raie sur le côté gauche, cheveux fixés au gel dans une sorte de vague compacte et penchée vers la droite ; bref, un brushing soigné, mais pas trop sophistiqué, juste le genre de brushing qui te fait exclamer : putain de bogoss !
    Sa tenue est composée d’un petit t-shirt moulant gris chiné, avec encolure bleu marine, laissant peu à l’imagination de ses pecs très bien dessinés et des tétons qui pointent scandaleusement, véritable supplice visuel ; t-shirt laissant deviner en bonus et sans peine la tablette de chocolat raccord avec le haut du torse. Un short gris clair habille ses cuisses musclées, des baskets noires aux pieds.
    Le petit nouveau est en train de discuter avec Julien, ou plutôt d’écouter Julien, Julien le moniteur assurément en train de faire son débriefing au sujet du cours qui vient de se terminer ; il a l’air plutôt attentif, ce qui se traduit dans son attitude : il se tient bien droit, les bras légèrement écartés le long du corps, ce qui a pour effet de bien mettre en valeur son torse magnifique.
    Ce garçon est juste à bouffer tout cru. Il me fait penser au petit mec croisé un jour dans un magasin de fringues pour bogoss dans la rue d’Alsace-Lorraine ; comme lui, c’est « pile le genre de mec qui me donne instantanément des papillons et une boule au ventre, qui provoque cette envie furieuse de tout connaître de lui, déclenchant cette avalanche des mille questions sur cette vie inconnue ».
    Ça brûle, c’est insupportable. J’en ai mal au ventre, j’ai chaud, j’ai froid, j’ai des frissons, j’ai envie de pleurer, j’ai envie de crier, j’ai l’impression que mes yeux ne seront pas capables d’absorber toute la beauté de ce ptit mec avant que j’aie les rétines carbonisées.
    L’instructeur et l’élève, deux bombasses indescriptibles, chacun dans leur style : beau mâle charmeur et conquérant, le premier ; choupinou tout mignon (mais très mec quand même), l’air tout discret, le deuxième ; je frôle la tachycardie lorsque les deux jeunes mâles s’engagent pour traverser la route, lorsqu’ils « foncent » sur moi.
    Au fur et à mesure que le petit Dieu approche, je peux pleinement apprécier sa jolie bouche sensuelle, et quelques poils esquissant comme une petite barbe de trois jours, juste taillée en collier, et affirmant le côté jeune mais déjà viril ; pourtant, force est de constater que ce qui le caractérise par-dessus tout, ce sont ses grands yeux bleu-azur qui semblent comme vouloir happer tout le monde qui l’entoure, des yeux dans lesquels t’as juste envie de te perdre et de te noyer.
    Ils sont presque là, je vais leur devoir serrer la main, ce qui va avoir pour conséquence de m’arracher à la contemplation de cette (double) perfection : une fois qu’ils seront près de moi, je n’oserai plus les regarder, surtout le petit Dieu inconnu.
    Je repense à Laurent, à son audace, à son cran, à sa façon de faire du « rentre dedans » ; je me dis qu’il ne se laisserait pas aveugler par la beauté d’un choupinou adorable et sexy en diable ; lui, il oserait le regarder dans les yeux, il saurait comment lui sourire, comment engager une conversation, et surtout comment ne pas apparaître « con ».
    Qu’est-ce que je pourrais bien lui dire ? « Eh, tu sais que tu es juste mignon à hurler ??? » De toute façon tu le sais que tu es mignon. Enfin, tu ne sais même pas à quel point tu l’es encore plus que tu peux l’imaginer, à quel point tu sais toucher mon esprit, tout simplement en existant.
    Comme d’habitude, mon moniteur préféré est non seulement très très très sexy, mais également très accueillant : le premier regard qu’il m’adresse est accompagné d’un grand sourire charmeur assorti d’un clin d’œil à te faire tomber à la renverse.
    Quant au petit Dieu, ça se confirme, voilà une de ces petits gueules de choupinou à croquer mais avec en même temps ce quelque chose de déjà si mec qui te donne envie de taper la tête contre les murs et d’hurler à t’en détruire les cordes vocales.
    « Salut, Nico ! Ça va ? » fait Julien en me serrant la main avec sa bonne prise de mec, tout en enchaînant « tu ne dois pas connaître Alex… ».
    Ah, putain, Alex. Qu’est-ce que ça lui va bien ce prénom. En me donnant son petit nom, c’est comme si Julien m’avait donné les clefs, les codes pour rentrer dans un nouvel univers de bogossitude.
    « Non, en effet… » je lâche.
    « Alex, lui c’est Nico… Nico, Alex… je pense que vous allez passer l’exam en même temps, début septembre… ».
    Le petit Dieu Alex me serre la main, sa prise de mec est ferme, son sourire un peu timide ; oui, vu de près, ma première sensation se confirme, son regard bleu semble vouloir happer tout le monde qui l’entoure ; et maintenant qu’il me regarde, il semble également vouloir happer un Nico ayant croisé sa vie par hasard.
    « Enchanté… » fait le petit Dieu avec une voix calme et basse.
    « Enchanté moi aussi… » je lui réponds.
    « On se revoit mercredi pour le dernier cours… » j’entends Julien lui lancer, tout en lâchant un de ces clins d’œil qui me font fondre à chaque fois.
    « Ok, c’est entendu, à mercredi ! » fait le petit Alex, tout son visage s’illuminant d’un sourire doux et magnifique.
    Le petit Dieu repart ensuite vers le centre-ville, en marchant comme un vrai ptit mec, se tenant bien droit, toujours les bras le long du corps mais un peu écartés, comme les mecs musclés (bien qu'il ne soit pas "hyper" musclé, il est super bien foutu), mais sans forcément donner l'impression qu'il se la pète. Je le regarde en prenant le temps d’admirer la dernière chose que je n’avais pas encore vue : un sublime petit cul musclé, un pur scandale. Je le regarde jusqu’à ce qu’il finisse par disparaître au détour d’une rue transversale.
    Pendant un instant, je fixe le coin de rue où le petit Dieu a disparu, tout en ressentant comme une sensation de manque vis-à-vis de sa beauté, et surtout de son regard bleu-azur si intense, si touchant. Au fond de moi, je me dis qu’il y a très peu de chances que j’aie l’occasion de revoir le bel Alex, même le jour de l’examen. Ce choupinou adorable aura traversé ma vie comme un météore.
    Ce qui n’échappe pas au très malin Julien.
    « Il est à ton goût, le petit Alex, hein ? » il me balance, moqueur.
    « Il faudrait être difficile… ».
    « Il est bogoss… » fait Julien, en rigolant.
    « On peut dire ça… ».
    « Je ne l’ai jamais mis en cours avec toi, j’étais sûr que t’allais faire un accident… ».
    « Petit con, va… ».
    « Et puis, tu m’avais déjà moi à mater… t’as pas besoin d’avoir un autre bogoss à reluquer… » se marre le jeune loup à poil doré.
    Je crève d’envie de lui demander qu’est-ce que lui fait dire que ce petit Alex est bogoss, quels critères rentrent en compte dans le fait qu’il le trouve « bogoss », quelle est sa définition du « bogoss », à quel point et de quelle façon la bogossitude du petit Dieu le touche vraiment…
    Hélas, une nana approche, elle doit être mon binôme du jour.
    « Barbara, Nico… Nico, Barbara… » fait Julien, avant d’enchaîner « vas-y Barbara, prend le volant… ».
    Nous traversons la rue, le bogoss ouvre la portière côté passager, il fait escamoter le siège pour me permettre de prendre place à l’arrière. Je m’engouffre dans la bagnole en effleurant son bras, son t-shirt, son torse, percuté par les effluves de son parfum… ah, putain, qu’il sent bon ce petit con…
    La voiture démarre et l’inépuisable numéro de charme de Julien avec. Nouvelle fille, même jeu, insolent et drôle, séducteur et craquant ; d’abord très poli, gentil, attentionné ; puis, petit à petit, flatteur, moqueur, de plus en plus entreprenant ; au début, Barbara semble sur la réserve, elle a du mal à saisir le petit jeu de Julien, à comprendre si c’est du premier ou du deuxième degré, si c’est « viande ou poisson » ; mais très vite, elle aussi, comme tant d’autres avant elle, semble sensible au charme insolent, coquin et polisson du beau moniteur. Comment résister à un mec comme Julien quand il te fait du charme ?
    « T’as l’air bien en forme aujourd’hui, mon Nico… » fait le bogoss lorsque nous nous retrouvons seuls dans la circulation de la rue de Metz, après avoir benné Barbara devant l’autoécole « tu l’as revu ton brun mal luné ? ».
    « Hier, et avant-hier, et tous les après-midis de la semaine… ».
    « Alors, pour son kif, il avait envie de quoi ? Je te parie que tu t’es encore bien fait démonter… ».
    « Arrête… j’ai vraiment l’impression qu’il commence à se rendre compte que j’existe et que j’ai besoin d’attention… et en plus il a l’air d’adorer ça… ».
    « C’est tout ? ».
    « Tu ne sauras rien de plus… ».
    « T’es pas cool… et ton kif, tu vas lui faire quand ? ».
    « Je lui ai fait hier… ».
    « Raconte… ».
    « T’es chiant… »
    « Je sais… ».
    « Il y a eu du sexe, mais aussi beaucoup de câlins, de ma part, et de sa part aussi… il m’a même embrassé… ».
    « Tu lui fais tout ce qu’il aime… ».
    « J’essaie… ».
    Nous arrivons à Esquirol, nous nous arrêtons au feu à proximité de la brasserie. Mon beau mâle est là, habillé d’une chemisette blanche cintrée, dessinée à l’image de son torse, laissant apparaître son brassard tatoué ainsi que les extrêmes, côté cou et côté biceps, de son nouveau tatouage ; la chemisette est hélas très fermée, tenue oblige, avec une longue, fine cravate noire habillant le torse du bogoss d’une touche d’élégance inouïe ; un pantalon noir moulant son cul divin, ainsi que des baskets blanches compètent sa tenue, classe et très jeune à la fois.
    Je cherche son regard, en vain : mon bobrun est tout occupé à prendre une commande après d’un troupeau de greluches, tout en rigolant avec l’une ou l’autre d’entre-elles. Je sens soudainement une bouffée de jalousie monter de mon ventre, enflammer mon visage, vriller mon cœur et mon cerveau : ok, il est canon, mais arrêtez de lui faire du gringue, putain, il n’est pas pour vous !
    Est-ce qu’il renoncera vraiment un jour aux filles ?
    Ce sont les klaxons des voitures derrière moi qui m’arrachent à mes réflexions. Pris au dépourvu, je panique, je tente de démarrer, je cale.
    « Désolé… » je lance, tout en redémarrant.
    « Il te fait un effet de dingue, ce mec… » se moque Julien.
    « Plus que ça… ».
    « Il baise toujours des nanas ? »
    « Je ne sais pas… ».
    « Dans son taf, il doit être pas mal sollicité… il est beau mec… ».
    A nouveau, je ressens l’envie de lui demander quels critères il associe à cette définition de « beau mec », qu’est ce qui le touche, qu’est-ce que la présence de mon bobrun remue en lui en termes d’émotions et d’éventuelle attirance pour l’amener à attribuer cette étiquette de « beau mec ».
    Bien évidemment, je sais ce que Jérém, tout comme le petit Alex, peuvent inspirer ; chacun à leur façon, ce sont des beautés masculines indiscutables, absolues ; pourtant, je suis curieux de savoir si vraiment nous voyons la même chose en les regardant, s’ils nous inspirent les mêmes émotions, les mêmes désirs, les mêmes envies.
    Hélas, à la fois troublé par la circulation dense et par la jalousie de voir Jérém en train de rigoler avec ces pouffiasses (là, c’est clairement la jalousie qui parle, toute nana s’approchant de mon Jérém et ayant des vues sur lui se verrait d’office attribuer le titre de « grosse pouffe »), une fois de plus, je suis contraint de zapper mon envie de discuter « mecs » avec le beau loup à poil doré.
    Nous roulons désormais en direction du Grand Rond ; il est 11h30 et le soleil cogne déjà très fort sur la Ville Rose ; la température de l’air monte, et encore plus pour moi, alors que la bisexualité de mon beau mâle brun vient de me sauter à la gorge, bisexualité qui pourrait au final être le plus gros écueil à une véritable relation. J’ai le visage brûlant, je transpire à grosses gouttes.
    « Ca va, Nico ? » fait le bogoss Julien lorsque nous nous arrêtons au feu du Grand Rond.
    « J’ai trop chaud… » je lui balance, comme si le fait de le dire pouvait ôter d’un coup 10 degrés. Je piétine d’impatience pour que le feu passe vite au vert, j’ai hâte de redémarrer et retrouver un peu de fraîcheur par l’air rentrant par les vitres complètement ouvertes.
    Oui, j’ai trop chaud ; mais apparemment, je ne suis pas le seul dans ce cas ; le bogoss à poil doré est lui aussi en nage, le front perlant de transpiration. Brillante idée de mettre un jeans en août, même si je sais que parfois les petits matins d’été à Toulouse peuvent être aussi frais que les journées torrides ; et ce, à partir de 10h00 du mat.
    Et là, alors que le feu semble s’éterniser au rouge, Julien a ce geste, doublement inconscient, un geste à la fois « il le fait tout naturellement, sans même y penser » et « il ne sait pas à quoi il s’expose en le faisant » ; le geste inouï, magnifique, sensuel au possible, de pencher le buste et le cou, tout en soulevant le t-shirt pour éponger le front de l’excès de transpiration ; c’est un geste que j’ai vu faire une fois à Thibault, geste qui m’émeut depuis toujours et tout particulièrement chez un bomec.
    Ah, putain… je me disais bien que le t-shirt de mon beau moniteur était bien rempli. Image fugace, pourtant marquante, de ses appétissantes tablettes de chocolat, de ce ventre finement ciselé qui semble parler de séances de salle de muscu, de sport, peut-être (mais lequel ? ça ne m’étonnerait pas qu’il soit footeux, le petit Julien) ; et encore, fixée dans l’instantané capturée par ma mémoire, délicieuse ligne de poils clairs, fins, humides de transpi, brillants sous les soleil d’août, descendant de ce nombril, beau, attirant, et se perdant dans l’élastique bleu et blanc du boxer qui dépasse du jeans.
    Le bas du t-shirt retombe bien assez vite, et l’image de ses abdos, et cette diabolique ligne de poils clairs et humides reste imprimée dans ma rétine, comme l’image du soleil lorsqu’on le fixe un peu trop longtemps, image qui dure un petit moment après que nous ayons fermé les yeux.
    Je ne sais pas s’il s’en rend compte ou pas, mais son geste est un choc visuel, un attentat neurologique… moi je dis que tout comme personne n’est censé ignorer la loi, personne n’est censé ignorer l’effet de sa propre bogossitude et d’adopter les précautions qui s’imposent !
    Moi je dis que son geste, volontaire ou pas, c’est de la provoc, que ce soit prémédité ou tout simplement coupable par négligence.
    L’image de son pack de 6 abdos à la surface humide résonne dans ma tête ; c’est tellement puissant que j’ai l’impression de sentir tout le bouquet de ces petites odeurs de mecs qui se dégagent de cet endroit magique à la lisière de ce monde fabuleux, le sexe d’un bogoss.
    Le coton retombe sur ses abdos et nos regards se croisent.
    « Tu t’es bien rincé l’œil ? » se marre le bogoss.
    « Si ça te gène que je les regarde, t’as qu’à pas les montrer ! ».
    « J’ai pas dit que ça me dérange… je dis que tu me kiffes grave… ».
    Le voilà qu’il revient à la charge, les sourcils en chapeau, avec ce ton à la fois sérieux et pas du tout, ces mots qui veulent tout dire et son contraire ; il revient à la charge, armé de ce sourire canaille, mi-ange, mi-démon, un sourire charmeur, indéchiffrable, provocateur, en équilibre sur un fil invisible, prêt à tomber du côté du charme ou de la bêtise suivant la réaction à sa boutade ; car le beau gosse retombe toujours sur ses pattes.
    Quelque part, j’ai l’impression qu’au fond, le ton sur lequel la question est posée est touchant ; comme si le bogoss avait constamment besoin de savoir qu'il plaît, comme si son assurance ne tenait qu’au fait que le pouvoir de son charme soit confirmé sans cesse.
    Alors, d’une part j'ai envie de le rassurer ; d’abord car je le sens en demande d'être rassuré, ; puis, car le fait de faire plaisir à un beau garçon est toujours plaisant.
    Pourtant, en même temps, je n’ai pas trop envie de le flatter ; je ne veux pas faire flamber son ego, je ne veux pas lui donner encore plus de pouvoir sur moi ; je ne veux pas non plus lui donner l’occasion de se moquer de moi si son intention est juste celle de tester son pouvoir de plaire à un petit pd qui en pince pour lui, tout en se refusant à lui.
    « J’essaie de me concentrer sur la conduite… » je tente de faire diversion.
    « Oui, concentre-toi, t’as raison… » il se moque.
    Comment me concentrer sur la conduite dans ces « conditions », avec cette sublime image enfoncée dans ma tête comme un clou ?
    Voilà qui explique pourquoi, un instant plus tard, je sens la commande d’embrayage se dérober sous mon pied, mon torse se plaquer contre la ceinture de sécurité : la voiture pile d’un coup. Mais ce n’est pas moi qui ais pilé, c’est Julien. Un vélo traverse sur le passage piéton juste devant moi.
    Très vite, ça recommence à klaxonner derrière moi, ce qui a le don de me mettre doublement en panique.
    « Eh, Nico, réveille-toi… tu l’as pas vu le passage piéton ? ».
    « Non, désolé… ».
    « Et le vélo, non plus ? ».
    « Non… je ne l’ai pas vu… ».
    « Tu fais n’importe quoi aujourd’hui… » il se marre.
    « C’est de ta faute… ».
    « Quoi, de ma faute ? ».
    « Rien, rien, laisse tomber… ».
    Je sais qu’il ne va pas laisser tomber.
    Nous longeons la Garonne, direction les autoroutes. Un silence s’installe dans la voiture, je sens mon malaise monter.
    « Vas-y, mets le cligno à droite, sors vers les berges… » fait le bogoss.
    Je connais cet endroit, un espace vague à proximité d’un pont du périf où nous étions venus une fois faire des manouvres avec Sandrine.
    J’attends que Julien me donne des consignes, mais il se tait, il semble réfléchir. La proximité de l’eau apporte un peu de fraîcheur bienvenue.
    « Arrête la voiture, on va discuter un peu entre mecs… » il finit pas lâcher.
    « Je croyais que j’allais manœuvrer… ».
    « On va faire une pause… » fait le bogoss ; puis, sans transition « alors, ils te plaisent mes abdos ? ».
    « Pas du tout… » je mens. Il veut jouer, on va jouer.
    « Je suis ben bâti, hein ? ».
    « Vite fait… ».
    « C’est ça, vite fait… t’as pas arrêté de me mater depuis la première seconde du tout premier cours… ».
    « Oui, ok, t’es plutôt agréable à regarder, ça te va comme ça ? Mais tu le sais déjà ça, elles doivent te le dire, toutes les greluches que tu te tapes… ».
    « Je m’en fiche de ça… t’as envie de voir mon corps ? ».
    « Arrête, Julien… ».
    « De toute façon, j’ai trop chaud… » fait le bogoss en ôtant le t-shirt et en le balançant sur le tableau de bord devant moi.
    L’image qui se présente devant mes yeux est d’une beauté à couper le souffle : une carrure charpentée, une chute d’épaules hallucinante, un torse en V délirant, des pecs saillants, coiffés de deux beaux boutons de mecs qui donnent envie de croquer dedans direct ; des abdos bien dessinée, un nombril qui donne envie de plonger la langue dedans ; des biceps puissants ; les lignes du pli de l’aine, double frontière saillante entre son torse et son bassin, disparaissant dans l’élastique bleu et blanc de son boxer et convergeant entre elles, comme une invitation vers son sexe caché.
    Une fois de plus, force est d’admettre que Julien est, en tout et pour tout dans sa plastique, l’égal de mon Jérém ; le même, mais à poil doré.
    Tout comme celui de Jérém, son torse dégage une impression de puissance et d’harmonie sublime, tout est bien bâti, proportionné, magnifique, très mec. Sa peau est un peu plus claire que celle de mon bobrun, mais appétissante à souhait ; elle a l’air douce, tout en étant supportée par des muscles bien fermes ; moite de transpiration, elle donne faim, très faim.
    Un tatouage en chiffres romains au-dessus de sa clavicule droite complète le tableau magique de sa demi-nudité.
    Le bogoss torse nu, sa peau dégageant un mélange entêtant de parfum de mec et de transpiration de bogoss ; l’élastique du boxer qui dépasse généreusement du jeans, les jambes légèrement entrouvertes ; les yeux un peu plissés à cause de l’intensité du soleil ; le brushing parfait ; une barbe de blond pas très fournie et pourtant très sexy ; un sourire ravageur : là, on atteint des sommets de sexytude insupportables.
    « Alors, tu kiffes ? » fait le bogoss, le regard à la fois coquin et taquin.
    « Non ! » je lui lance, tout en me forçant à regarder les voitures traverser le pont de l’autoroute.
    « Je ne te crois pas… » fait le bogoss, tout en posant une main sur mon épaule, contact chaud et troublant, comme pour m’encourager à regarder « allez, tu peux regarder, c’est cadeau… je vais pas te violer… ».
    « T’es un beau spécimen… j’avoue… ».
    « Je ne suis pas un spécimen, je suis LE spécimen ! » il me lance en frimant bien sur le mot « spécimen ».
    « Tu sais, le brun de la brasserie il est tout aussi bien foutu… » je tente de le provoquer.
    « Non, je suis sûr que je suis mieux foutu que lui… ».
    « Tu crois ce que tu veux… ».
    « Exactement… ».
    Cette proximité chaude et moite me trouble.
    « T’es gêné ? ».
    « Un peu, quand même… ».
    « Arrête d’être gêné… pourquoi t’es gêné ? » fait il en posant à nouveau sa main sur mon épaule. Le bogoss se marre de mon petit malaise ; il lève le visage vers le ciel, tout en riant à gorge déployée.
    « De toute façon, t’es pas mon genre de mec… j’aime les bruns… » je tente de faire diversion.
    « Tu ne me trouves pas beau ? » fait-il tout en me caressant le bras, en se penchant vers moi, très proche d’envahir mon espace vital et de me mettre vraiment mal à l’aise, tout en me regardant fixement, avec des yeux suppliants, en singeant une voix fluette de petit mec déçu : c’est évidement surjoué, il sait très bien que je le kiffe, mais son petit manège est craquant à souhait.
    « Si t’es sexy, mais recule un peu… » je lui lance ; et là, joignant le geste à la parole, je pose ma main sur l’un de ses pecs bombés et je tente de mettre un peu de distance entre nos corps.
    « Ok, t’es bien bâti, oui… » je laisse échapper, subjugué par le contact avec la puissance musculaire de son torse.
    « Fais toi plaisir, fais toi plaisir… » fait-il, avec son rire à gorge déployée, avec cette attitude de petite canaille à tomber.
    Je retire ma main, à mon tour j’essuie mon front avec le bas de mon t-shirt.
    « Ca va ? » se moque le bogoss.
    « J’ai chaud… ».
    « T’es pas bien, t'es pas bien... » se marre le bogoss.
    Je ne sais pas ce qu’il cherche ce petit con ; s’il cherche à me séduire, ou juste à se moquer de moi, ou bien tout simplement à tester une fois de plus la portée de son charme absolu. Quoi qu’il en soit, il le sait qu'il me fait un effet de dingue, et il en joue à mort !
    « Si t’as si chaud, tu peux enlever le t-shirt aussi… on prend l’air… ».
    « Fiche-moi la paix… ».
    « C’est moi qui te donne chaud ? ».
    « Tu me saoules… ».
    « Allez, ne sois pas timide… » poursuit-il en attrapant le bas de mon t-shirt et en le tirant vers le haut.
    « T’es chiant… » je lui lance, tout en secondant son mouvement.
    Le soleil de Toulouse est impitoyable ; mais le plus dur c’est d’être dans cette voiture garée sur le bord de Garonne, assis à côté de lui, torse nu, son sourire ravageur et son regard lubrique sur moi, pris dans son petit jeu d’allumeur sexy et impitoyable.
    « Comment ça se fait que t’es devenu moniteur ? » je tente de faire la conversation.
    « Je suis devenu moniteur pour me la couler douce et… » petite pause préparant une bonne réplique de petit con ultime « et pour tringler des meufs… ».
    Voilààààààààààààààààà c'est dit, amis de la poésie, bonsoir. Ahh, putain de ptit con... si seulement il pouvait dire « et aussi essayer de tringler des mecs comme moi ».
    Le plus incroyable, c'est toujours le naturel désarmant avec lequel il balance ça, direct, sans détour. Le tout accompagné par ce rire si cristallin, presque enfantin, si contagieux, ce rire de petite canaille, de jeune loup à la queue frétillante qui croque la vie par les deux bouts, qui profite à fond de sa jeunesse et de sa sexytude, ce rire de jouisseur impénitent, de queutard toujours à l’affût de « tringler ».
    Je trouve excitant de l’entendre dire, cash : « j’ai envie de tringler ». C’est ça aussi que je trouve fascinant chez ce genre de mec (mais qui me ferait faire des bonds si je devais m’y frotter) : le culot de vivre sa sexualité presque sans limite, sans pudeur, sans complexe, sans se brider : il a envie de baiser, il ne se pose pas de questions ; paf, il baise, sans état d’âme, même si c’est une nana différente par jour.
    Julien, magnifique libertin profitant de tous les avantages que la nature lui a donnés pour explorer tous les plaisirs que la vie peut offrir.
    À travers les répliques et la personnalité de ce petit con de Julien j'ai l'impression de connaître un peu mieux mon Jérém ;  je vois bien mon Jérém, encore il y a quelques mois, discuter avec ses potes sans pudeur, sans complexes, crûment, leur dire « j'ai envie de tringler/j’ai tringlé cette meuf, ou cette autre… ». Est-ce qu’il a arrêté depuis ?
    « Du coup tu ne te gênes pas pour sauter sur tout ce qui bouge… » je le cherche.
    « Moi je suis faible face aux filles, je m’attache vite… ».
    « T’as envie de toutes les baiser, oui… ».
    « Devant une jolie fille je suis désorienté… » il lâche en glissant un sourire à la fois mignon, charmeur et lubrique.
    « Ah, non, je ne crois pas… je crois surtout que tu ne perds jamais le nord, oui !!! ».
    Et les perles s’enchaînent :
    « J’arrive pas à choisir, du coup je les garde toutes… » rigole le bogoss.
    « Barbara aussi te plaît bien… ».
    « Mais tu rigoles ou quoi ? T’es bien pd, toi… elle, même pas avec un bâton je la touche… ».
    « Mais tu lui fais du charme… ».
    « Je m’amuse juste… j’adore sentir que je fais de l’effet aux meufs… j’adore les chauffer… et surtout faire tourner en bourrique celle qui se prennent trop pour des princesses… ».
    « T’as galéré pour avoir Sandrine, mais tu ne la respectes pas pour autant… ».
    Attention, ça va en crescendo, c’est une escalade de « petit-conneries » à hurler :
    « Mais si, j’ai du respect pour elle… je n’aurais pas de respect si je n’avais rien fait avec… »
    Petit con, va !
    « Je n’aurais pas de respect si je n’avais rien fait avec … ». Naaaan, mais on peut être davantage petit con que ça ? Style : je l'ai honorée de la faire jouir au contact de mon corps, je l’ai honorée en la baisant. Là on atteint des sommets jamais explorés ! Définitivement, ce mec est à lui tout seul l’intégrale du « Larousse du Petit con » en 15 volumes !
    Le pire est qu’au fond, le mec est finalement « honnête » et « vrai », pas hypocrite ; il annonce la couleur dès le départ : « Oui, Ok, des fois je suis un connard, mais j’assume ! ». Il dit cash ce qu’il pense, on sait direct à quoi s’en tenir avec lui. Il assume complètement sa nature de petit con avec un tel naturel, une telle « candeur », une telle désinvolture, (une telle « innocence », j’ai presque envie de dire), que finalement on ne peut pas vraiment (ou vraiment pas) lui en vouloir d’être aussi effrontément « petit con » ; le mec est agaçant parce qu’il est ultra sexy et qu’il pue le sexe, mais le fait qu’il assume ses envies, ça le rend encore plus bandant.
    Je regarde le jeune loup à poil doré bien calé dans son siège, tous abdos et pecs dehors, cette diabolique ligne de poils qui descend du nombril et disparaît dans l’élastique de son boxer, élastique qui disparaît dans son jeans, jeans dont la braguette fait une jolie bosse. Je le regarde et, dans ma tête, le lien se fait entre ce physique de dingue et ses mots de petit con esquissant sa sexualité débridée.
    Je me demande si au lycée l’un de ses camarades rêvait de "réviser" avec lui... est-ce qu’il s’en est rendu compte, comme mon Jérém ? Est-ce que cela a fini par arriver ? Est-ce qu’il s’est déjà fait sucer par un mec ? Est-ce qu’il a déjà baisé un mec ?
    « De toute façon, moi les filles c’est toujours par deux… » je l’entends lâcher, sa voix chantante et un peu éraillée et très sexy m’arrachant à mes délires « j’en ai une dans mon pieu, et je suis déjà en train d’en draguer une autre… si j’ai dix filles qui s’intéressent à moi, j’ai besoin d’aller draguer leurs copines… je suis faible, je te dis… ».
    « Bref, t’as faim tout le temps… ».
    « C’est vrai que j’ai souvent faim… et j’ai toujours réussi à baiser les filles que je voulais… je touche du bois pour que ça ne change jamais… » balance-t-il tout en faisant mine de se toucher la queue.
    Ahh ptit con… Quoi, c’est un message pour me faire comprendre que tu bandes, hein c’est ça ? Tu veux que j’imagine ta queue raide comme du bois, hein ?
    Evidemment, attiré par son geste, mon regard a atterri lourdement sur sa braguette.
    « Arrête de me regarder comme ça parce que je vais bander… ».
    C’est qu’il faut quand même avoir le cœur bien accroché pour ne pas hurler devant tant de sexytude, d’insolence, d’impertinence, devant ce vrai petit allumeur, sexy en diable ; devant cet adorable petit voyou, à craquer.
    Le bogoss enchaîne, sourire coquin à la clé :
    « Et toi, c’est quoi que tu aimes avec un mec, au pieu ? ».
    « Ca t’intéresse vraiment ? ».
    « Alleeeeeeeez, raconte… après je te dirai ce que je fais aux meufs, si tu veux… ».
    « Non, merci, je n’y tiens pas…tu me raconteras tes exploits si un jour tu baises avec un mec… ».
    « Ça c’est pas près d’arriver… ».
    « Alors je ne veux rien savoir… ».
    « Allez, raconte… tu suces ? ».
    « Tu crois que je vais te raconter ma vie sexuelle ? ».
    Je croise son regard, le sien est hypnotique, je me sens à mon tour, comme lui face aux filles… désorienté…
    … ses mains ouvrent sa braguette, elles font glisser le boxer et le jeans, libèrent une belle bête chaude et odorante de milles délicieuses arômes de mec ; je me penche sur lui, je le prends en bouche, je commence à astiquer cette jolie queue au pelage doré ; pendant que je le suce, le bogoss tire de bonnes taffes sur sa cigarette, il expire de grand nuages de fumée ; entre les deux, des gémissements légers m’indiquent la montée de son plaisir de mec ; sa main libre se pose lourdement sur ma tête, m’obligeant à avaler sa queue jusqu’au fond de ma gorge ; le bogoss est vraiment très excité ; son rugissement de mâle en rut me surprend, alors que je le croyais encore sa jouissance lointaine ; je sens son corps se cambrer, j’apprécie les soubresauts de sa queue pendant qu'il se répand à long traits brûlants et puissants dans ma bouche, pendant que le goût de son jus chaud de ptit mec explose dans mon palais, coule dans ma gorge…
    « Il t’a carrément retourné comme une crêpe, ton brun qui fait la gueule ! » fait le bogoss en m’extirpant de ma folle rêverie.
    « Il ne la fait plus… ».
    « Oui, il te baise à tout va en ce moment… ».
    « Il fait plus que me baiser… ».
    « Mais tu me kiffes grave, et si je disais oui, tu ne dirais pas non, j’en suis sûr ! ».
    Pourquoi est-ce qu'il me demande ça ? Ça lui intéresse vraiment que je le kiffe ?
    « Arrête, tu sais même pas où donner de la queue avec toutes les nénettes qui ont envie d’y gouter ! ».
    « C’est vrai en plus... tiens, aujourd’hui, j’ai une journée chargée… Sandrine vient chez moi à 16 heures pour prendre sa branlée… et ce soir ma copine rentre de Perpignan… ».
    « Ah, t’as une copine ? ».
    « Depuis un an… ».
    « Et t’as jamais pensé à être fidèle ? ».
    « Avec mon taf, je suis trop sollicité… et je suis faible… les trois quarts des nanas que je forme veulent coucher avec moi… même toi, tu me trouves canon… » il lâche, tout en me pinçant doucement le téton.
    Je frissonne, je bande. Le contact est super agréable, et il se prolonge. Je fixe le pont du périf et je sens mon corps conquis par l’excitation, tout en étant rongé par le sens de culpabilité.
    « Arrête, Julien, s’il te plaît… ».
    « Cause toujours, ton corps ne ment pas… je suis sûr que tu aimes… ».
    Son doigté est très agréable et très sensuel. L’excitation semble prendre le pas sur la raison… je ferme les yeux et…
    Et les images sensuelles et douces de mon bobrun font surface dans mon esprit ; je me revois, collé à son dos, en train de le caresser, de le branler ; je vois son visage crispé sous la vague de plaisir, je vois sa bouche qui frémit ; je retrouve toutes les sensations du contact avec sa peau, avec son corps, l’excitation, l’émotion, la sensation de bien-être, de douceur, de bonheur. Je repense à son baiser et les frissons du cœur que ce simple souvenir provoque en moi, s’élèvent au-dessus des frissons sensuels provoqués par les pincements des doigts de Julien sur mes tétons.
    « Arrête, Julien, vraiment ! » je m’entends balancer, en sursaut, presque en criant.
    Jamais je n’aurais cru un jour qu’un mec comme Julien me caresserait le téton, et encore moins que je le sommerais d’arrêter.
    Le contact de ses doigts sur mes tétons cesse d’un coup. Ça n’a duré qu’une poignée de secondes, mais suffisamment pour me faire sentir complétement en son pouvoir. Et pour me faire regretter que ça s’arrête.
    « Ok, ça va, ça va, c’était pour rire… » je l’entends se marrer « vas-y, roule ! On rentre… ».
    Lorsque je rouvre les yeux, le bogoss est déjà en train de cacher son torse spectaculaire sous le très sexy t-shirt blanc. Je me rhabille à mon tour, je prends une grande respiration et je me jette dans les flots de la circulation.
    Pendant le trajet vers l’autoécole, le bogoss fait son clown, comme si rien ne s’était passé. En fait, il ne s’est rien passé, à part qu’on s’est un peu chauffés.
    Arrêté à un feu rouge, je mate une fois de plus ses pecs, ses abdos cachés sous le t-shirt, les traits de son visage : ce mec est juste la perfection. Je suis sûr que Martin, lui aussi très bogoss, mais gay et très entreprenant, a dû tomber sous le charme du beau blond et tenter quelque chose avec ; quelque chose qui n’a pas forcément dû bien se finir. J’aimerais bien savoir ce qui s’est vraiment passé entre les deux moniteurs : je me rappelle de l’attitude évasive de Julien lorsqu’on avait évoqué son collègue lors du premier cours, ce qui aiguise encore plus ma curiosité
    « Qu’est-ce qui s’est passé avec Martin ? » je finis par oser au détour d’un blanc dans son flot presque ininterrompu de délicieuses bêtises.
    « Rien du tout… ».
    « Allez, on discute… entre mecs… ».
    « De toute façon, ce ne sont pas tes oignons… ».
    « Ce sont tes oignons ce que je fais à mon brun ? ».
    « Non, c’est vrai… mais tu ne m’as rien raconté… ».
    « Vous êtes fâchés avec Martin ? ».
    « Non, je ne crois pas… ».
    « Alors ? ».
    « Je n’ai pas voulu ce qui s’est passé… j’avais bu… c’était un accident… je crois qu’il a compris, Martin… j’ai même fait intervenir mon assurance pour prendre en charge la perte de salaire… ».
    « Qu’est-ce qui s’est passé au juste ? ».
    « Ecoutes, Nico… j’avais bu ce soir-là que je ne me souviens même pas bien ce qui s’est vraiment passé… tu te le feras raconter par lui, ok ? ».
    « Je ne vais jamais le revoir… ».
    « Mais si, dans une boite à tata, il sort beaucoup Martin… ».
    « Mais moi, je ne sors pas… » je lui retorque, sans savoir que Martin ne tardera pas à croiser ma vie et celle de mon bobrun.
    Nous arrivons à l’autoécole, je me gare sur le petit parking, je coupe le moteur.
    « Je pense que tu es à point… ».
    « Pour l’exam ? ».
    « Non, avec ton brun… je pense que tu es vraiment à fond, cuit, cramé… ».
    « Pourquoi tu dis ça ? ».
    « Tu m’aurais laissé faire si tu n’étais pas fou de lui… ».
    « C’est possible… ».
    « C’est même sûr… mais moi je… ».
    « … ne baise pas avec les mecs… » je le coupe ; tout en continuant « t’es qu’un allumeur… ».
    « Je ne suis pas quelqu’un de fidèle mais j’admire ceux qui le sont… c’est tout à ton honneur… ».
    « Merci… ».
    « Après, est-ce que lui il l’est aussi ? S’il est bi, l’infidélité est une nature… ».
    Voilà que, comme déjà tout à l’heure, Julien vient de mettre le doigt sur un vrai sujet qui fâche. Quand et comment parler fidélité avec Jérém ?
    « Pour toi aussi, le prochain cours ce sera le dernier… t’as bien progressé… ».
    « J’ai eu un bon instructeur… ».
    « J’espère que t’as aimé faire cours avec moi… ».
    « Tu m’as bien fait rigoler… ».
    « Ça, c’est tout moi, j’adore faire le clown… » fait-il, beau sourire à l’appui ; puis, il conclut avec assurance « tu n’es pas près de m’oublier ! ».
    « Je ne sais pas… » je me moque « si c’est pour me souvenir de tes blagues vaseuses avec Sandrine… ».
    « Les gens vont oublier ce que vous avez dit et même ce que vous avez fait, mais il se souviendrons toujours de ce que vous leur avez fait ressentir ! ».
    « Ça va les chevilles ? ».
    « J’adoré cette citation… ».
    « Le truc que tu m’as fait ressentir, c’est que tu es un bon allumeur… ».
    « Séducteur, s’il te plaît… ».
    « La séduction est une maladie chez toi… ».
    « La séduction sert parfois à arriver à ses fins… » il me lance du tac au tac en affichant un sourire coquin « mais séduire c’est encore plus marrant que conclure… il n’y a pas de plaisir plus puissant ! ».
    Et, ce disant, le bogoss me tâte l’épaule, me caresse les pecs par-dessus le t-shirt, tout en rigolant avec un sourire de malade.
    Décidemment, Julien a tout pour lui, la beauté, une plastique de dingue, un sourire à faire fondre le soleil lui-même. Ce mec est l’archétype, la définition même du petit con, un adorable petit voyou brulant la vie par les deux bouts et profitant à fond de sa merveilleuse jeunesse ; mais il est tellement drôle et sympathique qu’on lui pardonne tout. Car on l’adore.
    En repartant vers la maison, je me fais la réflexion que Julien fait partie de cette catégorie de bombasses mâles pour qui plaire est plus important encore que coucher : plaire aux filles, au-delà de considérations de style, d’âge, d’attirance même, plaire sans penser à demain, à la possibilité d’une relation ; plaire tout de suite, dans l’instant présent, plaire pour marquer les esprits, plaire pour qu’on se souvienne de soi ; plaire au-delà de considérations de sexe même ; plaire à un gars, sans passer à l’acte, ce qui flatte l’égo, sans questionner sa propre virilité ; plaire à un mec, se sentir le plus « mâle », le dominant ; plaire pour tester sans cesse son pouvoir de séduction.
    Mais au-delà de ça, j’aimerais savoir si un mec lui a déjà fait de l’effet ; je ne parle pas d’un mec comme moi, un mec sur lequel il s’amuse juste à tester son charme. Moi, je ne l’« intimide » pas, il ne se sent pas vraiment « menacé » par le fait que je suis gay ; avec moi, il joue, comme avec ces filles « qu’il ne toucherait même pas avec un bâton ». Et même si je trouvais le cran de lui faire des avances, à tous les coups il ne se gênerait pas pour me dire « écoute mec, pas moyen qu’il se passe un truc avec toi ». On ne force pas un pareil bogoss à baiser s’il n’en a pas envie.
    Ce qui m’intéressait vraiment, ça serait de savoir ce qu’il ressentirait si un bogoss style mon Jérém lui faisait comprendre qu’il a envie de mélanger sa « mâlitude » à la sienne.
    Mon « bobrun qui fait la gueule », tu le trouves comment, hein, Julien ? De quoi aurais tu envie avec un mâle comme mon Jérém ? Qui aurait le « dessus » viril sur l’autre ? Quelle virilité serait le plus puissante, celle à même de faire « plier » l’autre, l’espace d’un moment sensuel ?
    Le jeune loup à poil doré et le bel étalon à poil très brun… une rencontre qui ferait des étincelles.
    Plus « dangereux » encore, comment réagirait le beau moniteur si un putain de bogoss, gay assumé, sûr de lui, entreprenant, un « prédateur » redoutable comme le Romain du On Off, lui faisait carrément du rentre dedans, tout comme il a eu le culot de le faire à mon Jérém ? Là, vraiment, je voudrais savoir si le Julien à poil doré serait tenté ou pas. Et s’il était tenté, comment se comporterait-il ?
    Dans l’absolu, imaginer Julien dans le rôle de l’actif c’est évidemment ce qui vient à l’esprit en premier ; pourtant, l’idée de le voir se faire tringler par « plus fort que lui », me plait bien aussi. Là où, par « plus fort », je veux juste parler d’un mec dont l’attitude, la puissance mâle, lui donneraient envie de se laisser aller, de découvrir l’autre face du plaisir masculin ; comme le Romain du « On Off » se faisant démonter par mon Jérém.
    Faute de connaître ses envies, j’aimerais au moins connaître son avis sur les autres mecs, et savoir s’il a au moins pensé une fois à essayer le plaisir entre garçons, et avec qui il aurait pu le faire.
    « Il est à ton goût, le petit Alex au regard bleu et profond, hein ? » j’ai envie de lui demander tout d’un coup, tout comme il me l’avait demandé sur le parking de l’autoécole, juste avant le cours. De quoi aurait-il envie avec le petit Alex ?
    En approchant de la maison, je commence à m’impatienter en pensant à la venue de mon bobrun. Dans deux ou trois heures il sera à nouveau chez moi. Quels bonheurs m’attendent cet après-midi ? Je suis content d’avoir dit à Julien d’arrêter ; je pense que ça n’aurait pas pu déraper de toute façon, mais je suis fier de moi d’avoir trouvé la force de résister, avant de me laisser entrainer plus loin dans son petit jeu et de subir la double humiliation de me sentir faible face au charme d’un beau mec, malgré tout ce que je ressens pour mon bobrun, ainsi que ridiculisé par le petit test du jeune loup à poil doré. J’ai envie de Jérém.
    Mais Julien a raison, si je n’étais pas fou de mon Jérém, je n’aurais pas pu résister à ses avances.

    Cet après-midi-là, l’envie de retrouver mon beau mâle brun est si ravageuse qu’elle m’empêche de penser à autre chose ; j’essaie de lire, mais mon esprit est ailleurs ; je perds le fil, je suis obligé de m’arrêter et de relire, de reprendre des paragraphes, des pages entières.
    Je chauffe, j’ai envie de lui.
    L’après-midi avance, mon bobrun n’est toujours pas là ; c’est ça le pire, attendre sans savoir quand et si.
    A 16 heures, je commence à me dire que peut-être il ne viendra plus. J’ai envie de lui envoyer un sms, je me tâte. Je commence à tapoter sur le petit clavier, j’efface, j’écris à nouveau.
    « Tu viens cet aprèm ? » je finis par envoyer.
    Sa réponse ne tarde pas à arriver, mais pas sous la forme d’un sms ; la sonnette de la porte d’entrée retentit dans la maison.
    Il est 16 h 09, mon bobrun est là. Je me lève du canapé, je traverse le couloir, le cœur qui tape très fort, prêt à exploser.
    J’ouvre la porte et le bogoss est là, beau et sexy comme un Dieu, se tenant juste devant moi, avec cette assurance de mec que je lui connais ; aujourd’hui, il porte un t-shirt d’un bleu intense et brillant, une couleur chargée et racée qui se combine parfaitement avec le teint mate de sa peau, avec le « brun » de ses cheveux, de son regard, de ses tatouages, leur donnant encore plus d’éclat, de profondeur, d’intensité. Le bleu intense, une couleur qui renforce et sublime le côté mâle brun de mon Jérém.
    Inutile de le préciser, il s’agît d’un t-shirt très bien coupé, le coton doux moulant son torse de malade et restituant sa plastique dans les moindres détails. Le bogoss porte également une casquette bleue avec grandes inscriptions blanches, la visière légèrement tournée sur le côté : à craquer. Un short noir met en valeur son bassin et ses cuisses musclées de rugbyman.
    Alors, la question reste entière : quoi dire à propose de cette tenue aveuglante, de son look bogoss à mourir, à part que je suis en train de perdre quelques milliers de neurones, grillant comme des ampoules à filament, à chaque seconde que mon regard reste aimanté sur lui ?
    PUTAAAIN !!!!!!!! Mais pourquoi ce mec est si parfait, pourquoi c'est si bon, et ça fait si mal en même temps de le regarder, au point de ne pas pouvoir en détacher les yeux ?
    Ce mec est juste la perfection. Et le sourire qu’il me balance, chaud, charmant, lumineux, plein de promesses sensuelles, est bon pour me faire disjoncter.
    Le bogoss tient son téléphone à la main.
    « Alors, tu t’impatientais ? » je l’entends se moquer de mon sms, pendant qu’il monte la dernière marche et qui passe le seuil de la maison.
    Putain, qu’est-ce qu’il sent bon ; et putain, qu’est-ce que j’ai envie de lui. Si je m’impatientais ? Ma réponse ne viendra pas avec des mots mais avec des actes.
    Je pousse la porte, je l’attrape par les biceps, ces biceps tatoués et musclés qui me remplissent les mains de sa puissance de mec ; je l’attrape et je le colle au mur ; je m’élance vers lui, je tourne un peu plus sa casquette et je l’embrasse ; j’y vais direct, je pose mes lèvres sur les siennes, je l’embrasse fougueusement, instamment, longuement, alors que mes mains se faufilent de part et d’autre de son cou puissant, s’enfoncent dans ses cheveux bruns, caressent sa nuque, ses oreilles ; ma précipitation est telle que, bousculée par la fougue et l’impatience de mes mouvements, la casquette finit même pas voler.
    Oui, je l’embrasse, comme un fou, affamé, insatiable ; et même si au départ ses lèvres restent immobiles, le bogoss se laisse faire, c’est un bonheur total ; un bonheur qui est encore décuplé lorsque ses lèvres s’ouvrent enfin et que sa langue vient engager un duel musclé, mais pas moins sensuel, avec la mienne ; ses mains se posent à leur tour sur mes épaules, ses doigts caressent le bas de ma nuque.
    C’est intense, puissant, incroyable ; je ne pourrais pas dire combien de temps cela a duré : un baiser de mon bobrun m’arrache du présent pour m’emporter dans une dimension où plus rien n’existe, et surtout pas le temps, à part sa présence, la seule chose dont j’ai besoin.
    Lorsque le contact de nos langues prend fin, c’est sur son initiative ; ses mains enserrent mon visage, son front se colle au mien, je sens son souffle excité sur mon nez, sur ma bouche.
    J’ai envie de lui, j’ai envie de lui sauter dessus, là, tout de suite ; et le plus déroutant dans l’histoire, c’est que j’ai vraiment l’impression de ressentir chez lui un désir de même intensité que le mien ; je sens mon désir me ravager, le sien me troubler.
    Ses mains se posent sur mes épaules, m’éloignent un peu de lui ; pendant un instant, le bogoss me fixe ; je connais bien ce regard, un regard qui dégage quelque chose de sauvage, animal, dominateur, presque agressif, un regard inspirant l’envie furieuse de me faire déchirer, de me faire secouer, de me faire défoncer, démonter la bouche et l'entrejambe, de me donner totalement à lui sans conditions, de n'être au service que de son plaisir, de son orgasme, de sa queue, une envie violente, irrépressible qui tord les tripes.
    Pourtant, il me semble que depuis quelques après-midis, dans ce regard brun d’un mâle en rut s’est glissé autre chose : je sens que, désormais, la fougue du bel animal est animée non seulement par ses besoins physiologiques, mais par un désir que je lui inspire, moi, Nico ; le beau mâle ne se contente plus de rechercher son plaisir, n’importe où ; il vient le chercher auprès de moi, encore et encore ; et il aime de plus en plus mélanger son plaisir au mien.
    Mon bobrun devient plus humain, plus touchant ; ce qui n'efface absolument pas son côté tellement mec, tellement « mâle » ; mon Jérém, est un vrai petit mec, et rien ne peut changer ça ; bien au contraire, le fait qu’il commence à assumer ses envies, projette à mes yeux sa côte de virilité à des sommets jamais atteints, la rendant presque palpable.
    Un instant plus tard, le bobrun se révèle être champion dans l’art de l’enlèvement du t-shirt ; Jérém ôte le bout de coton bleu d’un geste rapide, très mec, un geste animé par la précipitation du désir.
    Je suis figé devant son torse nu, devant tant de bogossitude, devant la puissance du désir qui guide ses gestes et auquel il laisse libre cours, sans plus essayer de le brider, ni de le cacher.
    Le bogoss, très excité, impatient, s’approche de moi, et c’est au tout de mon t-shirt d’être arraché ; et quand je dis « arraché », ce n’est pas si loin de la réalité ; c’est sans doute ce qui serait arrivé si mes bras ne s’étaient pas levés au bon moment pour seconder la précipitation de son geste, la fougue de son élan ; putain de petit mâle qui assume ses envies !
    Le petit mâle passe ses bras sous mes épaules, ses mains se glissent dans mon dos ; ses biceps se gonflent, m’attirent contre lui avec un geste rapide, chargé d’urgence sensuelle ; ses pecs rebondis et chauds se pressent contre mon torse, ses épaules rencontrent les miennes, son bassin se colle à mon bassin, me communiquant son érection au travers le double tissu de nos shorts ; son visage se pose dans le creux de mon épaule, sa langue glisse lentement sur ma peau… c’est un bonheur indicible…
     


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  • Le lendemain de cet après-midi magique avec mon beau mâle brun, j’ai l’impression de flotter : je me sens survolté, heureux, euphorique.
    Dès le réveil, les souvenirs de ses gestes, de ses attitudes, les « images sans image » de ce kif dans la pénombre, remontent à mon esprit, en rafales.
    Dans ce flot incessant et presque violent, je cherche à retrouver chaque infime sensation, à rallumer chaque parcelle de bonheur. Je veux graver en moi chacune des infinies nuances de ces instants presque irréels. Je veux me souvenir de ce dont mon beau mâle brun est capable, lorsqu’il s’applique.
    Ce que j’ai vécu hier après-midi est tellement incroyable que j’ai presque du mal à croire qu’il ait été réel. Au fond, ça aurait pu n’être qu’un rêve : à la fois le plus érotique et le plus sensuel qui soit.
    C’est l’empreinte olfactive de mon beau mâle brun, flottant dans ma chambre, et en particulier sur mes draps, qui se charge de me confirmer que ça s’est vraiment passé.
    Alors, ce matin, le manque de mon beau mâle brun se fait sentir avec une violence inouïe ; j’ai besoin de le sentir contre moi, j’ai besoin du contact avec son corps, avec sa force ; j’ai besoin de sentir son odeur, besoin de sentir son envie de mec, son envie de moi.
    Jamais j’ai été aussi en manque « de lui » que ce matin ; le fait est que jamais nous n’avions été aussi loin, et surtout jamais nous y avions été de cette façon : ensemble, tout simplement.
    Hier après-midi, ce n’est pas uniquement sa puissance sexuelle qui s’est abattue sur moi ; c’est une force bien plus forte, ravageuse : cette force est son envie, non pas de me baiser, mais de me faire l’amour.
    Oui, j’ai vraiment l’impression que hier après-midi nous avons franchi une étape dans notre relation.
    Depuis le début de nos « révisions », à chaque fois, et chaque fois d’une façon qui ne ressemble pas aux autres, les rencontres sexuelles avec mon beau mâle brun m’ont comblé de bonheur sexuel ; sa présence, sa puissance virile, son coté dominant m’ont apporté ce dont j’avais besoin ; au fil de nos révisions, j’ai eu la chance de vivre exactement la sexualité pour laquelle j’étais « câblé » ; une sexualité que j’avais cru ne jamais pouvoir mettre à exécution, et surtout pas avec ce garçon qui me semblait à tout jamais inaccessible.
    Il a suffi que nos corps trouvent le chemin pour se rencontrer, s’unir, se reconnaître, pour que je découvre un bonheur sexuel d’une intensité à m’en rendre fou ; mes fantasmes, mes envies étaient là, précis, sauvages, brûlants à en faire mal ; j’avais trouvé mon mâle, le maître de mon plaisir, mon alter-ego sexuel, érotique : ça en était presque troublant.
    Mais là où ça devenait carrément déroutant, c’était lorsque les envies, l’instinct naturel, l’instinct « mâle » de mon bobrun devenaient parfois, souvent, le révélateur de certaines de mes propres inclinaisons, inclinaisons enfouies ou même ignorées jusque-là, poussant nos ébats bien au-delà de mon imagination de puceau.
    Un beau jour de mai, le bogoss m’avait balancé : tu vas me sucer, me faire jouir, et tu vas tout avaler…
    J’avais souvent pensé à le sucer ; moins, ou même pas du tout, à aller plus loin ; pourtant, rien que le fait de l’entendre me l’ordonner, j’avais adoré ça.
    Un autre jour il m’avait dit : je vais te baiser…
    Il avait voulu faire ça sans capote, tout naturellement. Je n’avais jamais imaginé faire ça sans une capote, même pas avec lui : j’ai accepté, j’ai pris un risque que je n’aurai pas dû prendre, surtout sans connaître les risques qu’il avait pu prendre jusque-là avec ses nombreuses conquêtes, ni de ceux qu’il pourrait prendre par la suite ; car, en dépit de la régularité de nos « révisions », sa fidélité n’était certainement pas à l’ordre du jour. Erreur de jeunesse, erreur à ne pas commettre, pour aucune raison, pour aucun bogoss. Si c’était à refaire, j’exigerais qu’on se protège. Facile à dire, à 30 ans.
    Non, je n’avais jamais imaginé faire ça sans capote : il avait pourtant suffi qu’il l’envisage pour que je brûle d’envie d’avoir son jus en moi.
    Jérém avait des envies de mec, mais il avait aussi des envies de mecs ; moi j’avais juste envie de satisfaire ses envies. Et ça, le bogoss l’avait compris depuis longtemps. Et il avait usé de son charme ravageur pour que je tombe à ses pieds, ou plutôt sur sa braguette. Il a été « mon » mec, j’ai été « son » mec. Et nos corps se sont emboités à la perfection. Voilà comment tout avait commencé.
    Mais hier après-midi, ça a vraiment été différent. Très différent. Hier après-midi, il ne m’a rien dit, il l’a juste fait. Jamais Jérém s’est montré si puissamment « mec » sans pour autant étaler sa volonté de dominer, de soumettre. Jamais il n’a été aussi « animal », tout en étant si doux. Et j’ai adoré ça. Plus qu’adoré. Car jamais ça n’a été aussi intense, aussi spécial ; et inattendu.
    En l’écoutant annoncer son kif la veille, j’avais imaginé qu’il allait me faire vivre l’une de ces séances de « sexe sauvage » dont le petit macho Jérém a le secret. J’avais imaginé qu’il vienne, qu’il constate que j’étais bien dans son kif, qu’il me baise direct et qu’il reparte. J’avais eu peur qu’on reparte comme au tout départ de notre relation.
    Or, c’est un déroulement totalement inattendu qui s’est produit. Hier après-midi mon bel étalon s’est véritablement surpassé, nous entrainant dans un ouragan de sensualité à la limite du supportable.
    Privé de l’information visuelle, j’avais eu peur de rater certaines sensations, certaines nuances de son plaisir, de mon plaisir ; c’est bien le contraire qui s’est produit : contraint à m’en remettre à mes autres sens et à mon intuition pour capter les gestes, les attitudes, la présence, celle que l’appellerai l’« essence masculine » de mon bobrun, mes sensations ont été décuplées autant en nombre qu’en intensité ; chaque seconde m’a transpercé comme une flèche, chaque instant m’a terrassé d’un frisson toujours plus fort que le précédent ; jusqu’à cet orgasme implacable, orgasme que j’ai eu la sensation de sentir retentir en moi, sa jouissance remplissant aussi intensément mon corps que mon cerveau.
    Oui, je m’étais bien trompé sur les intentions de Jérém, sur la véritable nature de son kif. Hier après-midi, mon beau mâle brun a bien été le Maître du plaisir, mais un Maître tellement puissant qu’il n’a même pas eu besoin de « voler » son plaisir en passant par un plan de « domination sexuelle » ; le plaisir est venu à lui tout seul, dès l’instant où il a commencé à s’intéresser à mon propre plaisir.
    Si je me suis senti plus que jamais « possédé » par Jérém, si je me suis senti « à lui » comme jamais, c’est que jamais auparavant je l’avais senti autant investi dans la volonté de me faire du bien ; je me suis offert à lui, il s’est offert à moi, connectant son plaisir au mien ; c’était un partage, c’était tout simplement à l’opposé des attitudes de petit con « qui ne pense qu’à sa queue » dont il a pu faire preuve dans tant d’autres situations. Attitudes que j’avais trouvées par ailleurs très bandantes, mais qui pourtant, à bien regarder, ne résonnent pas aussi fort en moi que les instants de pur bonheur que j’ai connus hier après-midi.
    Oui, ce qui s’est passé hier après-midi m’a vraiment bouleversé ; tout en faisant naitre en moi un certain nombre de questions et d’attentes.
    Pourquoi ce changement ? Pourquoi maintenant ?
    Que se passe-t-il dans sa tête ? Est-ce que ça avance enfin ?
    Est cela la promesse d’évolutions à venir dans notre relation ? Je l’espère vraiment…
    Envisage-t-il d’une façon nouvelle ou envisage-t-il enfin tout court, la suite de notre relation ? Je l’espère plus que tout…
    Sous quelle forme ? Mais où va-t-il, mon Jérém ? Je suis bien impatient de savoir…
    Le sait-il seulement ?
    Comment vais-je le retrouver après ce qu’il m’a fait hier ? La barre est mise très haute…
    Comment enchaîner avec mon kif ? Est-ce qu’il va aimer ce que je vais lui proposer ?
    Je sais pertinemment que, dès que je le verrai, j’aurai envie de lui sauter dessus. Mais il faut absolument que je me tienne à mon kif. Erotique, sensuel et doux à la fois. Je dois transformer l’essai. Peut-être que si je la joue fine, j’arriverai à m’approcher un peu plus de son cœur. J’ai tellement envie que ça avance entre nous !
    Je repense à hier après-midi, à cet instant de fou, juste après l’amour : le bonheur des sens retentissait encore tellement fort dans mon corps et dans ma tête, j’en tremblais, je me sentais comme ivre, ivre de lui.
    Je me souviens l’avoir regardé en train de se rhabiller et avoir ressenti une violente, brûlante, déchirante envie de l’empêcher de partir, de l’attirer sur le lit, de le serrer dans mes bras, de le couvrir de bisous ; de lui crier, de lui montrer à quel point il m’avait donné du plaisir, à quel point j’étais fou de lui.
    Mais, par-dessus tout, je me souviens avoir ressenti en moi la plus « dangereuse » de toutes les envies : l’envie de lui dire, lui annoncer, lui crier, tout simplement : « Jérém… je t’aime ! ».
    Des mots qui sont resté accrochés au fond de ma gorge, par pudeur, par crainte de sa réaction. Des mots qui, pourtant, de plus en plus je trouve, « vont si bien ensemble ».

    Il est 14h39, en ce vendredi 3 août 2001 : lorsque son sms tombe, il est précis et direct comme un uppercut :
    « prepare ton kiff jarrive ».
    Moi : « La porte est ouverte, monte direct ».
    J’ai décidé que mon kif se passera dans le noir, tout comme le sien. Le noir, mon précieux allié.
    Lui : « T’es cho ».
    Moi : « Tu peux pas savoir »
    Quelques minutes plus tard, j’entends la porte d’entrée s’ouvrir, puis se refermer derrière mon bel étalon brun. Ses pas dans l’escalier, autant de frissons crescendo dans mon ventre, autant de décharges sur ma peau, autant de nuances d’excitation qui s’installent en moi, coupant ma respiration, déformant ma notion du temps, altérant mes perceptions. Bref, l’effet d’une drogue dure.
    Le bruit de ses pas approche encore, lent, posé, discret et puissant comme celui d’un félin, un grand et beau félin mâle.
    Je l’attends débout, installé juste devant la porte, j’essaie de me préparer à le voir débouler dans une tenue encore inconnue, mais qui, je peux en mettre ma main à couper, sera encore plus sexy que celle de la veille.
    Sa main se pose sur la poignée, la fait tourner. Le battant de la porte s’ouvre, et le bogoss apparaît…
    Et là, PAF !!!
    P
    A
    F
    !!!
    Le bogoss s’arrête net, surpris de me trouver là, dans le noir, juste devant lui.
    « Sa…lut… Jé… Jé.. ré… m… » j’arrive à bégayer.
    Garde ton sang-froid, Nico, c’est toi qui dirige le jeu aujourd’hui. Facile à dire…
    Comme je l’avais craint, dès que l’image de cet absolu bogoss traverse ma rétine, j’ai envie de lui sauter dessus : je suis à deux doigts de faire une crise de nerf tellement sa tenue est un scandale insoutenable.
     « Salut ! » me lance le bobrun, jamais déstabilisé.
    Je le regarde, planté là, juste devant moi, en plein dans le cône de lumière venant du couloir et passant par l’entrebâillement de la porte ; sa beauté, sa plastique, sa sexytude sont mises en valeur comme la silhouette d’un artiste jouant seul au milieu d’une scène ; je ne vois que lui, lui seul existe.
    D’autant plus que la couleur de sa ténue est du genre à réfléchir toutes les fractions visibles de la lumière : car mon Jérém vient de se pointer devant mes yeux, habillé d’un simple, aveuglant, scandaleux, effroyablement, odieusement, épouvantablement, douloureusement sexy, débardeur blanc.
    J’ai chaud. Les mots m’en manquent. Les envies me submergent.
    Quoi dire à propos de ce petit bout de coton immaculé épousant parfaitement les lignes sublimes de sa plastique, comme s’il avait été tissé directement sur sa peau, mettant en valeur ses deux tatouages, et formant un délicieux contraste avec son teint de plus en plus mat au fur et à mesure que l’été avance ?
    Quoi dire de ces bretelles dangereusement tendues sur ses muscles trapèzes ?
    Ou de cette échancrure assez profonde, dominée par la présence de sa chaînette de mec, ainsi que par ce petit grain de beauté tout mignon ; échancrure qui sublime le haut de son torse, qui dégage les épaules et les aisselles, qui souligne la plastique de ses bras et ses biceps puissants, qui révèle une vaste portion de ses pecs bombés, tout en laissant apprécier ce sillon prenant naissance dans le creux de son cou et descendant tout le long de son torse, cette ligne de symétrie de son anatomie disparaissant provisoirement, très provisoirement, sous le coton immaculé ?
    Et quoi dire, justement, de ce coton tendu juste en dessous de l’arrondi, coton dévoilant le relief spectaculaire de la partie couverte de ses pecs, laissant pointer les tétons ; ce même coton qui laisserait presque deviner, derrière les quelques plis horizontaux un peu plus bas, comme d’exquises esquisses du bas-relief de ses tablettes de chocolat ?
    Et comme si tout cela n’était pas assez pour me terrasser, comme s’il en fallait davantage pour m’achever, ce débardeur inouï est accompagné d’une alliée de taille : une casquette noire vissée sur sa tête, à l’envers, bien évidemment, portée très en arrière, la visière presque collée à son cou puissant, quelques cheveux en bataille dépassent tout aussi bien en dessous et au-dessus de la languette de réglage… c’est à se damner !
    Je le regarde et je ressens un nœud dans la gorge, une brûlure dans le ventre, un choc dans la tête comme si on m’avait assené un coup en pleine figure.
    A ce stade de sexytude, ce n’est plus possible, c’est un danger public ; quand je pense, chose que je ne réalisais pas forcément à l’époque, qu’à ce moment précis mon Jérém n’a même pas 20 ans !
    J’en viens même à me demander si cette débauche d’effets spéciaux de bogossitude n’est pas une façon de me déstabiliser, de se servir de son charme ravageur pour calmer mes velléités, une ruse pour tenter de garder de contrôle dans une situation, ce kif dont il ignore encore tout, et dans laquelle il n’a pas vraiment envie de perdre la main.
    L’effet est là : à l’instant même que le bogoss fait son apparition, je suis déstabilisé.
    Et aussitôt saisi par la déchirante, cruelle, sempiternelle double question : dois-je me réjouir de la présence, du supplément de sexytude extrême conférée par ce débardeur, même si cela cache en partie son torse ahurissant ? De même, dois-je contempler l’effet « petit con ultime » conféré par cette casquette à l’envers, même si je brûle d’envie de glisser mes doigts dans sa crinière brune ?
    Ou bien, dois-je arracher l’un et l’autre et ce, plus vite que tout de suite, pour pouvoir contempler sa parfaite, magnifique nudité ?
    Le fait est que, par chance, ce débardeur est l’accessoire parfait pour accompagner le kif que j’ai imaginé. Quant à la casquette, c’est un kif absolu.
    Oui, mon kif. Il ne faut pas que je me laisse déstabiliser. Je dois garder mon sang froid. Facile à dire, lorsque, simplement en le regardant, j’ai envie, dans l’ordre :
    1/ de hurler
    2/ de me taper la tête contre le mur
    3/ de pleurer
    4/ de lui sauter dessus et de le faire jouir jusqu'à que la queue lui en tombe
    Il faut que je me lance, tout de suite, avant de perdre mes moyens.
    Je m’avance vers lui, je l’attrape par la main, je le fais avancer d’un pas, je referme la porte derrière lui, en replongeant la chambre dans la pénombre. J’avance, je bondis vers lui, l’invitant à reculer et à se presser dos contre la porte ; pour bien commencer, j’ai envie d’un nouveau torse à torse hyper sensuel comme celui de l’autre jour dans l’entrée.
    Manœuvre dangereuse, me voilà frappé de plein de fouet par les effluves de son déo de mec, sortes de sirènes capables d’égarer l’Ulysse qui est en moi.
    Pris par surprise, dans un premier temps le bogoss se laisse faire ; mais lorsque nos torses s’effleurent, et nos visages avec, très vite ses deux mains saisissent mes bras au-dessus des coudes, retenant mon élan, freinant mes ardeurs, m’éloignant à une distance suffisante pour me regarder droit dans les yeux.
    « C’est quoi ton kif, alors ? ».
    Ses mots claquent, le ton de sa voix est plutôt sec. Je reconnais la réaction typique de mon bobrun lorsqu’il n’est pas vraiment à l’aise, lorsque la situation échappe à son contrôle. Oui, le bogoss a l’air impatient de savoir, et même un peu inquiet. Savoir, c’est contrôler à nouveau.
    « Ne sois pas inquiet, laisse-moi faire… ».
    « Je ne suis pas inquiet… tu veux faire quoi ? ».
    « Tu me laisses faire, s’il te plaît ? Après, si t’as pas envie, tu me le dis… euh… tu me le dis… mais GENTILEMENT, sans t’énerver, et moi j’arrête de suite, promis… mais tu me laisses faire d’abord, ok ? ».
    « T’es pénible… ».
    « Hier c’était ton kif… et c’était un putain de kif… mais aujourd’hui c’est le tour de mon kif à moi… ».
    « Mais moi je t’avais annoncé la couleur… ».
    « Oui, mais pas la bonne… »
    « C'est-à-dire ? »
    « Je ne m’attendais pas à un truc si incroyable… ».
    « Tant mieux… » il se moque. Pourtant, je sens au ton de sa voix qu’il a l’air flatté que je lui dise ça. J’adore.
    « Toi aussi t’as kiffé, je le sais… » je le taquine.
    « C’est quoi ton kif ? » j’entends le bogoss couper court sur un ton à mi-chemin entre agacement et impatience.
    « Tu vas vite savoir… ».
    « Je veux savoir maintenant ! ».
    On dirait un gosse impatient d’ouvrir les paquets le soir de Noël.
    « T’aime pas les surprises ? » je le cherche à nouveau.
    « Pas vraiment… ».
    « Faudra faire avec… ».
    « Mais ta gueule ! ».
    Pourtant, malgré ses petites « inquiétudes », j’ai vraiment l’impression que le bogoss a l’air intrigué.
    Sur ce, je m’avance vers lui ; dès que mes mains passent sous son débardeur blanc, mes doigts reconnaissent immédiatement le contraste familier entre la douceur de sa peau et la fermeté de sa musculature ; mes lèvres, très vite accompagnées par ma langue, se posent dans l’échancrure du débardeur, parcourent l’espace en long, en large et en travers ; impatientes, fébriles, très vite elles s’engagent le long de son cou, suivant le parcours dessiné par son nouveau tatouage, elles remontent jusqu’à son oreille.
    Impatient de lécher chaque millimètre carré de sa peau, je relève son débardeur ; le coton est tellement tendu sur sa plastique qu’il se maintient sans difficulté juste en dessous de ses aisselles ; l’horizon musclé bien dégagé, je me précipite sur ses pecs, je titille ses tétons ; mes mains ouvrent sa braguette, glissent dans son boxer, saisissent sa puissance masculine, caressent, branlent.
    Le bonheur qui m’envahit est total.
    Ma bouche s’aventure sur son front, sur ses sourcils, le long de son nez, elle les couvre de bisous légers ; elle redescend encore, rencontre le terrain abrasif et pourtant si attirant de sa barbe de quelques jours, largement suffisante pour souligner le côté viril de mon beau mâle brun.
    Puis, sans crier gare, ma bouche s’égare : elle se pose sur sa bouche à lui. Brûlantes de désir, mes lèvres se pressent lourdement contre les siennes ; son manque de réaction m’exaspère.
    Mes lèvres cherchent alors à provoquer, à chauffer ; fébrile, ma bouche enserre sa lèvre inférieure, puis la supérieure, les deux restant désespérément immobiles ; de plus en plus excité et frustré, je décide de tenter le tout pour tout, j’envoie ma langue faire du forcing.
    C’est à cet instant précis que ses mains saisissent à nouveau mes bras, puissante et prompte prise de mec, m’éloignant de lui, comme pour me rappeler à l’ordre. Le bogoss me regarde fixement droit dans les yeux, sans un mot.
    « T’as promis… » je m’insurge, une main toujours sous son débardeur, l’autre coincée dans son boxer, enserrant sa queue raide.
    « Tu me gonfles ! ».
    « T’aime pas ? ».
    « Tu me les brises menues… ».
    « Tu tiens ta parole ou pas ? »
    Pour toute réponse, il lève les yeux vers le ciel et souffle bruyamment, l’air passablement agacé.
    « J’y retourne alors… ».
    « N’en profite pas trop… ».
    Autorisé par ses mots qui, sans être un « oui » véritable, ne sont pas non plus un « non » ferme, encouragé par son petit sourire dans la moustache ainsi que par la disparition de la pression de ses mains sur mes biceps, j’y retourne donc.
    Mes efforts pour tenter d’appréhender mon Jérém, Mr « je ne suis si pour, ni contre, bien au contraire », m’a appris « l’art du possible », cette dimension où chaque non « non » est à interpréter comme un « oui » qui ne s’avoue pas.
    Je pose des bisous sur ses lèvres douces et toujours immobiles ; et comme j’en ai très envie, je retourne y glisser ma langue, dans l’espoir que, avec un peu d’insistance, sa résistance cesse enfin peu à peu.
    Ce ne sera pas « peu à peu », mais plutôt « tout d’un coup » ; lorsque ses lèvres se desserrent, sa langue déboule avec une puissance et une détermination inattendues ; elle s’attaque à la mienne, l’agresse presque, se bat avec dans un affrontement sans merci, elle s’y enroule, cherche à la maîtriser, à l’« intimider », à avoir le dessus ; et elle y arrive, la contraint à reculer, à battre en retraite.
    Ses mains saisissent à nouveau mes biceps, très fermement ; pourtant, cette fois-ci ce n’est pas pour me repousser, mais pour m’attirer encore plus contre lui. Un instant plus tard, une de ses mains se pose même sur ma nuque pour m’empêcher de reculer, pour pouvoir continuer à me baiser la bouche avec sa langue déchaînée.
    Car c’est bien m’impression que cette pelle m’inspire ; comme une pénétration, une baise sauvage : c’est puissant, fougueux, invasif, bandant, limite brutal, mais très sexuel.
    Ce n’est pas exactement ça que j’avais imaginé, mais c’est quand même bien excitant.
    Passé la première surprise, contrainte de reculer sous l’effet d’une force aussi brutale qu’inattendue, ma langue tente de se ressaisir, elle prépare la riposte ; elle revient à la charge, tente de bousculer la sienne ; hélas, même à ce niveau-là, la puissance du bogoss dépasse la mienne ; ma langue tente par tous les moyens de résister aux assauts de l’envahisseur, mais elle ne fait pas le poids : elle n’est ni assez forte, ni assez rapide.
    Sa langue pilonne mes lèvres, envahit ma bouche sans répit ; je suis débordé, je n’ai même pas le temps de respirer, je me retrouve en apnée.
    Et lorsque je pose à mon tour mes mains sur ses biceps saillant pour tenter de me dégager et reprendre mon souffle, le bobrun m’attire encore un peu plus contre lui ; et là, il envoie un dernier, puissant coup de langue entre mes lèvres, juste avant de me repousser avec un geste ample et brusque : comme si c’était lui qui en avait pris l’initiative, quand il le voulait, comme il le voulait. Il faut que je faisse gaffe à ne pas me faire voler mon kif. Petit con, va…
    Le bogoss s’essuie la bouche du revers de la main, tout en me toisant avec un regard sensuel, en plissant les yeux, les réduisant à deux fentes éructant des flots de sexytude bouillante. Et là, il me balance, taquin, provocateur, fier de lui :
    « C’est ça que tu voulais ? ».
    « Presque… j’avais imaginé ça un peu moins brutal, mais l’idée était là… ».
    « T’as pas kiffé ? ».
    « Si… ».
    « C’est bon, alors, tu l’as eu ton kif… maintenant, suce ! ».
    « Maintenant, suce ! » : j’adore ces deux mots, je les ai toujours considérés comme le titre du tout premier chapitre du « Code du parfait petit con ». Un code que le bogoss m’a si souvent répété, tout en maitrisant à la perfection la présence, l’attitude et l’intonation virile nécessaires pour donner à ces deux simples mots une valeur de loi.
    Non, Jérém ne perd jamais le nord ; et le petit sourire, à la fois amusé et coquin, que je décèle dans son regard brun, voilà qu’il rend son culot tout aussi excitant que marrant, craquant à souhait ; j’ai vraiment l’impression que, de plus en plus, nos échanges évoluent d’une forme de domination/soumission à une forme de complicité grandissante ; et ça me rend fou de bonheur.
    « Non, je vais pas te sucer, mon kif n’est pas fini… » je lâche, taquin.
    J’ai l’impression que ce n’est pas moi qui vient de prononcer ces mots ; jamais je n’aurais osé lui balancer ça, il n’y encore pas si longtemps.
    « On verra ça plus tard, maintenant, suce… » insiste le bogoss, tout en amorçant le geste de poser une main sur mon épaule pour me faire mettre à genoux.
    Je me dégage de son emprise et je lui lance :
    « Vas-y, assieds-toi sur le bord du lit… ».
    « De quoi ? ».
    « Assieds-toi sur le bord du lit… ».
    Le bogoss a l’air perplexe.
    « Fais-moi confiance, je te dis, tu ne vas pas regretter… ».
    Que ce soit l’idée de se lancer dans un kif « à l’aveugle », ou tout simplement l’idée d’obéir à une requête venant de moi, le bogoss hésite toujours. Il n’est pas habitué à se laisser faire, et surtout pas au pieu. Et, surtout pas par moi.
    Pourtant, un instant plus tard, sans un mot, il décolle le dos de la porte ; il me pousse, il me bouscule pour dégager son chemin ; pourtant, ses gestes n’ont aucune brutalité, et même son agacement a l’air davantage feint, davantage pour se donner une contenance que réel.
    Je le regarde se diriger vers le lit, tout en amorçant le geste d’ôter son débardeur. Ah, non, pas si tôt ! Je veux qu’il garde son débardeur parce que je trouve indiciblement sexy, mais aussi car je veux lui faire ressentir les frissons que j’ai ressenti hier sous l’effet de ses caresses par-dessus et par-dessous le coton.
    « Garde le débardeur, s’il te plaît… » je lui balance.
    Très sagement, le bogoss redescend le tissu blanc jusqu’à sa taille ; un instant plus tard, il s’assoit au bord et il se déchausse.
    Très vite, je me déshabille, je monte sur le dit, je me glisse derrière lui, en appui sur mes genoux ; je passe mes bras sous les siens, j’enlace son dos, je le serre fort contre moi ; il se laisse faire.
    Sa plastique de dingue comble l’espace de mes bras, et tous mes cinq sens.
    La vue :
    Je mate sa jolie peau mate et ses tatouages signent un contraste incroyablement plaisant avec la couleur immaculée de son débardeur.
    L’odorat :
    Lentement, délicatement, j’enlève… (la vie est faite de choix, et parfois un bonheur en exclut un autre, problème de riches !)… oui, pour mieux m’approcher de lui, j’enlève sa casquette, en l’attrapant par la visière, dégageant ainsi sa magnifique crinière brune. L’odeur de son shampoing s’en prend illico à mes narines, remonte à mon cerveau, s’attaque à mes neurones : dès lors, il m’est impossible de résister à la tentation d’enfoncer mon visage dans ses cheveux.
    Quant à son débardeur, il dégage une odeur légère, comme de « propre » et de « bon », de vêtement tout juste sorti de son emballage ; alors que peau dégage la fraîcheur bien connue de son deo de mec, mélangée à une toute légère émanation de transpiration. Empreinte olfactive de mon beau mâle brun.
    Bref, son corps tout entier sent le jeune mâle qui se soigne et qui plait.
    Le toucher :
    Le contact de mon torse avec le coton doux de son débardeur est extrêmement excitant ; mes mains s’attardent sur ses pecs, mes doigts glissent légèrement dans l’échancrure, effleurent ses tétons ; ils se retirent aussitôt, reviennent titiller ses tétons par-dessus le coton, elles caressent, pincent, agacent, frustrent : bref, elles font monter son excitation.
    Mes mains repartent, atterrissent sur ses biceps puissants qui les remplissent, les comblent ; elles caressent, saisissent, palpent sans modération.
    J’adore le contact avec sa puissance musculaire, contact se faisant pour moi écho d’une toute autre puissance, celle qui se niche dans son entrejambe et qui déjà me secoue de fond en comble, rien que d’y penser. Je suis dans un étant d’excitation et d’émoi indicible.
    Le goût, ma langue sur sa peau :
    Je commence par son oreille, je descends le long de son nouveau tatouage qui m’attire comme un aimant, je suis la ligne de son épaule, jusqu’au biceps ; je remonte, m’attarde sur son cou, juste au-dessus de la ligne fine que dessine sa chaînette de mec, j’insiste le long de cette lisière dans le bas de la nuque où ses cheveux prennent naissance. Je le sens frissonner sous le passage de ma langue, je varie les plaisirs en posant de longs chapelets de bisous très légers, tout doux.
    L’ouïe, enfin :
    Sa respiration qui s’accélère, le frottement léger de mes mains sur son corps. La vibration de son excitation.
    Très vite, je ressens le besoin d’approcher encore davantage nos corps. Je déplie mes jambes, je laisse glisser mes cuisses autour des siennes (frisson géant), mon bassin contre le sien (excitation de fou), mes mollets contre les siens (délice magique). Mon torse désormais complètement collé contre son dos, mes bras plus que jamais serrés autour de son torse (bonheur absolu).
    J’ai très envie de saisir sa queue, de le branler ; j’ai également très envie d’ôter ce débardeur et de déballer ce torse magnifique, envie de sentir le contact direct avec son corps, envie d’ouvrir la boîte de Pandore de ses arômes cachés.
    Mais je me retiens ; je veux le rendre dingue, faire monter la pression, le torturer de plaisir et de frustration.
    Je passe mes deux mains sous le coton immaculé, j’écarte un peu le tissu très ajusté, bien serré autour de sa plastique ; mes doigts remontent jusqu’à ses pecs, agacent ses tétons, alors que mes lèvres et mon nez glissent à nouveau sur sa peau pour en capter chaque odeur, chaque arome, chaque douceur.
    Même à travers le tissu, je commence à bien sentir la chaleur de sa peau irradier dans mon torse.
    Mes tétons frottent contre le coton blanc, mon état d’excitation est extrême : mon érection, emprisonnée entre mon bassin et les reins du bogoss est désormais on ne peut plus manifeste, j’espère que ça ne va pas l’indisposer.
    Ça n’a pas l’air en tout cas. Au contraire, sans que j’aie encore touché à sa queue, le bogoss semble adorer ce que je suis en train de lui faire ; avec des à-coups très explicites, sa respiration semble ponctuer les différents degrés de plaisir apportés par les caresses plus ou moins appuyées de mes doigts sur ses tétons.
    Oui, le bogoss a l’air très excité ; une sensation qui se confirme lorsque, n’y tenant plus, il attrape ma main pour la faire glisser lentement sur son boxer ; boxer déformé par une érection remarquable et…  humide ! Ah, putain ! Chose plutôt rare chez lui, le bogoss a mouillé : c’est qu’il est vraiment excité !
    Je crève d’envie de le branler, mais je veux le faire languir encore un peu ; aujourd’hui, c’est mon kif, et je veux décider quand et comment je vais lui faire plaisir.
    J’extirpe ma main de sa prise, et je reviens caresser ses deux pecs, titiller ses deux tétons ; sa respiration s’accélère encore, le bogoss se branle tout seul.
    Là, c’est moi qui n’y tiens plus : je glisse ma main dans son boxer, je prends le relais et je commence à le branler doucement. L’autre main, quant à elle, se charge de varier les câlins sur ses pecs, sur ses tétons.
    Mon Jérém déglutit bruyamment ; son excitation est palpable, je la ressens au plus profond de moi : c’est bon de ressentir les frissons que les caresses de ma main sur sa queue, à la fois intenses et lentes, peuvent lui apporter.
    Sa respiration s’emballe encore, le bogoss lève le visage au ciel : je multiplie les bisous dans son cou, sur ses épaules, jusqu’à ses biceps : de plus en plus de bisous, de plus en plus enfiévrés.
    Vraiment, ce mec est né pour ça : éveiller le désir et faire l’amour ! Envie de le bouffer tellement il est beau et sexy ; mais aussi touchant, lorsqu’il prend son pied de cette façon, dans mes bras, me faisant confiance, sans besoin de jouer les petits machos. L’émotion qu’il m’inspire est telle qu’elle finit par passer la barrière de mes pensées et déborder de mes lèvres :
    « Mais qu’est-ce que t’es beau, Jérém, qu’est-ce que tu es sexy, qu’est-ce que…. (et là, les trois mots auxquels je n’ai cessé de penser depuis hier s’affichent en grandes lettres rouges dans ma tête, genre affiche de l’Olympia : « Je t’aime » ; j’entends une petite voix en moi crier que c’est le bon moment de les lâcher : « Nico, vas-y… vas-y… c’est maintenant ou jamais ! » ; heureusement, une autre voix fait retentir une alerte sécurité : « Non, non, non, non, non, ce n’est pas le bon moment du tout, on verra ça plus tard ! » ; du coup, mon élan est coupé, et je m’embrouille)… qu’est-ce que… que… que… qu’est-ce que tu es… qu’est-ce que tu es… mec… ».
    Je sais, ça ne veut pas dire grand-chose : mais c’est tout ce qui m’est venu à l’esprit pour tenter de sauver les meubles.
    J’enchaîne avec la diversion la plus efficace qui soit pour détourner l’attention d’un garçon, j’accélère les va-et-vient de ma main sur sa queue ; c’est à ce moment que le bogoss soulève son fessier pour faire glisser son short et son boxer le long de ses jambes, je le sens remuer les mollets et les pieds pour s’en débarrasser.
    Branler mon Jérém, l’espace de mes bras complètement rempli, comblé par sa plastique musclée, ma main remplie de sa  queue tendue, chaude, vibrante, tenir son plaisir de mec dans ma main ; découvrir, au gré de mes va-et-vient, le bonheur d’effleurer les petits poils doux en dessous de son nombril ; le serrer un peu plus encore contre moi, laisser négligemment traîner mes doigts d’un téton à l’autre ; laisser mes lèvres jouer, s’amuser longuement avec les mailles de sa chaînette ; me laisse aller à mordiller sa peau, tout comme il l’avait lui-même fait la veille avec moi, et voir que le bogoss se laisse faire ; laisser ma langue se déchaîner à l’arrière de son oreille, et le sentir nager en plein bonheur ; et sentir con corps vibrer, sentir qu’il aime ce que je suis en train de lui faire. A cet instant précis, je me sens le Roi du Monde ; je me sens au Paradis ; je n’arrive pas à imaginer quelque chose de plus beau que le bonheur que je suis en train de vivre.
    C’est là, happé par tant de sensualité, je me sens soudainement envahi par le besoin de ressentir encore plus fort le contact avec son corps. J’ai tout juste le temps d’attraper les bas du débardeur que, très vite, mon bobrun, champion du monde toutes catégories confondues de « délestage de t-shirt », seconde le mouvement, comme s’il n’attendait que ça ; ses doigts saisissent le petit bout de coton blanc, le font glisser le long de ses bras, le balancent avec nonchalance ; et le petit débardeur atterrit en équilibre instable sur le bord du lit.
    La vision très rapprochée de son aisselle finement poilue, fait monter en moi une envie soudaine. Détection, réaction, ma main s’active aussitôt pour lui empêcher de baisser le bras tout de suite ; et pendant un court, intense moment, sentir, puis lécher cette aisselle, tenter d’en capturer tous les arômes mâles.
    Mais d’autres intenses bonheurs m’attendent.
    Pouvoir enfin contempler la magnifique nudité de son dos puissant ; sentir le bonheur du contact direct avec sa peau, douce, chaude ; arriver à capter la fréquence accélérée des battements de son cœur ; être assommé par les rafales d’arômes de mec se dégageant de son torse dénudé.
    Et, lorsque je recommence à caresser ses pecs, ses tétons, tout en le branlant comme il aime, me sentir vraiment connecté avec la vibration de son plaisir, sentir ses muscles vibrer, ses membres secoués par des frissons géants, son corps presque se « tordre » sous les vagues de plaisir délivrées par mon étreinte, par mes caresses.
    Le bogoss aime mon kif, mais j’ai envie qu’il me le dise, qu’il l’admette.
    « Tu veux peut-être que j'arrête... » je lui chuchote à l'oreille, tout en décollant ma main de ses pecs et en ralentissant sérieusement les va-et-vient sur sa queue.
    « Si tu fais, ça je te tue ! » lance le bogoss du tac-au-tac.
    On ne rigole pas avec son pied !
    « T’aimes mon kif, alors… » je le questionne, tout en accélérant un tout petit peu mes va-et-vient.
    « Ça va, ça va… ».
    « Tu aimes, oui ou merde ? ».
    « Oui, je kiffe, vas-y, branle et ferme-la… » je l’entends lancer, alors que sa main se pose sur la mienne pour la contraindre à retrouver une cadence plus rapide.
    A cet instant précis, je repense à la phrase de Julien : « les mecs sont comme les poêles, ça se tient par la queue… ».
    Petit con, va !
    Je recommence alors à le branler, à caresser son torse, ses tétons, comme il aime ; fou de plaisir, le bogoss tourne le cou, son visage se présente à moi par-dessus son épaule ; ses traits sont crispés, les yeux fermés, la bouche ouverte, la respiration haletante, le front moite, fou de plaisir ; geste volontaire ou pas, ses lèvres s’offrent à moi.
    Je sens son souffle brûlant sur ma bouche, sur mon visage ; instinctivement, j’approche mon visage du sien ; mon menton imberbe effleure sa barbe brune de quelques jours : j’ai envie de l’embrasser. Je m’en fiche de sa possible réaction, j’en ai trop envie, je vais l’embrasser.
    Et quelle est ma surprise lorsque mes lèvres non seulement ne se font pas refouler, mais elles sont carrément happées par les siennes, ses lèvres qui se débattent, qui mordillent : certes, ce sont les lèvres tremblantes d’un mâle excité, en rut, mais elles s’offrent quand-même à moi. Un contact aussi court qu’intense, aussi inattendu que bouleversant : je n’ai pas de souvenir que mon bobrun ait cherché le contact de mes lèvres auparavant, même « égaré » par la tempête de son plaisir. Il l’a fait aujourd’hui. Je nage dans un bonheur sensuel et émotionnel qui ne semble jamais devoir prendre fin.
    Pourtant, ça finit par arriver ; à un moment, j’entends le bogoss chuchoter, la voix déjà cassée par les vagues annonciatrices de l’orgasme :
    « Tu vas m’avoir… putain… ».
    « Vas-y, fais toi plaisir… ».
    Encouragés par ses mots, mes va-et-vient se font de plus en plus rapides, le contact de ma main avec ses pectoraux de plus en plus frénétique et appuyé.
    Quelques instants plus tard, sa cage thoracique résonne d’un brâme de plaisir péniblement étouffé ; je savoure le privilège d’être aux premières loges, pour ressentir toute la puissance, toute la vibration de l’orgasme qui secoue de fond en comble son corps tendu comme un archet. Je sens sous mes doigts la pression de son jus monter dans sa queue ; un premier jet vient tremper mes doigts, avant d’aller s’abattre sur le carrelage dans un bruit sourd.
    Visiblement submergé, dépassé par le plaisir, à nouveau le bogoss lève le visage vers le ciel, m’« offrant » ainsi tout le développement de son cou puissant ; alors, pendant que ses giclées s’enchainent, nombreuses, puissantes, copieuses, mes lèvres insatiables couvrent sa peau de bisous.
    Le voir, le sentir jouir dans mes bras, c’est beau et c’est bon, trop bon.
    Et, une fois la tempête des sens calmée, j’adore tout autant sentir son corps se détendre, son énergie virile momentanément épuisée, le voir trempé de sueur, frissonnant, la chair de poule, les poils dressés, la respiration haletante. Oui, j’adore voir mon Jérém repu, ressentir l’écho de son plaisir retentir encore autour de lui ; j’adore ce moment où l’odeur de son plaisir envahit mes narines.
    Je serre toujours mon bobrun dans mes bras, je le sens s’abandonner contre mon torse, dans mon étreinte : c’est un bonheur presque inconcevable. Alors, je me laisse aller aussi : je plonge mon visage dans le creux de son épaule, je pose quelques bisous légers ; et je le laisse récupérer tranquillement.
    Les secondes s’enchainent, le silence s’installe. Le bogoss demeure immobile, la respiration toujours aussi profonde et rapide.
    « Ca va ? » je finis par lui lancer.
    « T’es vraiment dingue, toi… » je l’entends balancer, la voix calme, entre deux grandes inspirations, en passant le revers de la main sur son front trempé de sueur,
    « Oui, dingue de toi… si encore tu ne l’as pas compris, depuis le temps… ».
    Je ponctue mes mots avec quelques bisous dans son cou, sur sa joue.
    « Dingue de ma queue, oui… » il rigole, tout en plongeant ses doigts dans sa crinière luxuriante de jeune fauve, en essayant de rajuster ses cheveux désormais en bataille.
    Je lâche son manche et je desserre mon étreinte autour de son buste. Je recule et je me dégage de ma position dans son dos. Je m’assieds à côté de lui.
    « T’es vraiment incroyable, comme mec, toi… » je lui balance pour attirer son attention
    Le bogoss se tourne vers moi, il sourit. Et là, je le regarde droit dans les yeux et je lui balance :
    « Si encore je n’étais dingue que de ta queue, ce serait pas si grave… ».
    Le bogoss me regarde en silence, dans la pénombre. Je le toise en essayant de déceler l’effet que ma petite phrase a eu sur son esprit. Hélas, le bogoss ne laisse rien apparaître. Pourtant, son silence me parait des plus éloquents.
    Oui, un silence plus qu’éloquent mais qui fait poser mille questions sur ce que cela signifie dans sa tête : est-il flatté et « heureux » ou bien inquiet de ce que cela représente ?
    Jérém recule son bassin et d’allonge sur le dos. Je m’allonge à côté de lui. Même s’il n’y a pas eu de véritable réaction de sa part, je suis assez fier de ma phrase. Je sais que ce n’est pas encore le bon moment pour lui dire ces trois petits mots qui me chatouillent la gorge depuis quelques jours. Je ne sais même pas si ça le sera un jour. Mais j’ai au moins besoin de lui dire, même si ce n’est qu’à demi-mots, que ce n’est pas que pour le sexe que j’ai envie de le voir. Je crois qu’il le sait, mais parfois ce n’est pas sans intérêt que de rappeler les grands principes.
    Le bogoss récupère un instant ; et lorsqu’il relève le torse, s’installant en position accoudée, j’ai l’impression que ses tablettes de chocolat défient la semi obscurité pour se montrer ; à moins que ce ne soit ma mémoire qui vient à la rescousse de ma vue insuffisante.
    Le bogoss me toise en silence, mais finit par me balancer, tout en posant sa main sur ma queue raide comme un piquet :
    « T’as envie de jouir ? ».
    Je ne m’y attendais pas à celle-là…
    « O… oui… » je finis par bégayer.
    « On dirait bien… » fait-il en constatant l’état de mon sexe.
    Jérém se tourne alors sur le flanc, se penche sur moi ; il commence à me branler, tout en mordillant doucement l’un de mes tétons.
    Je frissonne de plaisir. S’il continue de cette façon, lui aussi il va m’avoir, et très vite. Mais le bogoss a d’autres projets.
    « Installe-toi au bord du lit… ».
    Un instant plus tard je me retrouve dans ses bras, exactement comme lui il l’a été dans les miens quelques minutes plus tôt ; bonheur inouï que d’être enveloppé par la puissance chaude et musclée de son corps de rugbyman, un corps qui semble bien décidé à m’offrir le même plaisir que je viens de lui offrir.
    Sa main est enserrée autour de ma queue, elle me branle ; son autre main se balade sur mes pecs, ses doigts s’amusent avec mes tétons ; ses lèvres et sa langue se promènent sur ma peau, mordillent mon oreille : c’est exactement ce que je lui ai fait quelques minutes plus tôt, le contact avec les poils de sa barbe en plus.
    Décidemment, cette position est un truc de fou. Son attitude aussi est un truc de fou. Je suis hypersensible des tétons ; quant à ma queue, elle est dans un état d’excitation qu’elle ne va pas avoir besoin d’être longtemps sollicitée pour s’embraser de plaisir.
    Quelques va-et-vient de sa main sur ma queue, ma respiration s’emballe et je me sens perdre pied ; une nuée de papillons s’agite dans mon ventre, générant une montée de chaleur brûlante ; je m’entends pousser un grand râle de plaisir, à la mesure de l’orgasme de fou qui vient de me percuter de plein fouet ; j’essaie de le contenir, l’effort est tellement important que j’en ai mal aux poumons.
    L’une après l’autre, mes giclées s’abattent sur le sol, se mélangeant aux siennes.
    Lorsque je reviens à moi, je me rends compte que ses bisous dans mon cou ont cessé ; le bogoss a retiré ses bras de mon torse, et il est déjà en train de se décoller de moi.
    Pourquoi être si pressé de partir ?
    J’imagine que c’est à cause de l’appel de la clope, je m’attends donc à le voir s’approcher de la fenêtre pour s’en griller une. Il n’en est rien, le bogoss s’allonge à nouveau sur le lit. Puisque c’est ça, j’en profite : je me décale légèrement, de façon à pouvoir caler mon cou contre son flanc et poser ma tête sur ses abdos.
    Jérém me laisse faire, une fois de plus. Contact magique avec sa peau douce et son muscle bien ferme, contact qui m’apporte la perception des mouvements de son diaphragme sous les abdos, la cadence de sa respiration, les battements de son cœur, ma tête bercée par ces simples mais précieuses vibrations de vie.
    Mes narines m’apportent l’odeur de son petit jus chaud qui remonte de son sexe, je tourne légèrement la tête et du coin de l’œil je regarde les petits poils doux qui descendent vers sa queue presque au repos.
    Je ferme ensuite les yeux et je me laisse bercer ; et je crois carrément rêver, ou même devenir fou, lorsque je sens sa main se poser sur mon épaule, l’enserrer doucement ; instinctivement, je rouvre les yeux et je tourne la tête, je croise son regard ; un regard qui a l’air presque doux, beau regard de bobrun détendu.
    Je referme les yeux, et je pose mes doigts sur les siens, qui ne se dérobent pas. Encouragé, je tente d’entrelacer nos doigts. Là encore, le bogoss semble accepter ce contact.
    Nous restons ainsi, en silence, unis dans ce double contact émouvant. Je suis tellement touché, je suis au bord des larmes ; des larmes qui auraient certainement fini par jaillir si sa main, se dégageant soudainement de mon épaule et de mes doigts, ne s’était pas chargée de faire diversion.
    Elle atterrit sur mon torse, ses doigts effleurent mon téton. Au début, je me dis que ce n’est qu’un petit « accident », un mouvement mal contrôlé ; mais ça, c’est avant que ses doigts persistent dans ce contact, avant qu’ils entreprennent clairement à agacer mon téton.
    Presque instantanément, je bande à nouveau. Mais à quoi il joue ce petit con ?
    Instinctivement, je dirige mon regard en direction de sa queue : elle n’est plus au repos ; elle n’est même pas en mode mi-molle ; non, elle bande dur à nouveau.
    Très clairement, le bogoss a encore envie, et cherche à me donner envie. Il n’a pas à chercher bien loin. Il n’a pas à me chauffer longtemps pour m’allumer : son contact est explosif, moi l’essence, lui l’étincelle.
    « J’ai envie de toi… » je lâche, comme un cri du cœur.
    « T’en as jamais assez, toi… » il feint la surprise, l’étonnement, l’air presque « outré ».
    « Je te rappelle juste que c’est toi qui a commencé à jouer avec mon téton… ».
    « Je fais rien, moi… » fait-il en affichant un faux air innocent.
    Petit con, va !
    Ses abdos se mettent en tension sous ma joue ; le bogoss redresse le torse, j’en fais de même.
    J’ai envie de lui, et j’ai envie de le regarder me faire l’amour ; je m’allonge sur le dos, comme une indication tacite de mon envie.
    Le bogoss me regarde fixement, comme une indication tacite et contraire à la mienne, comme pour me persuader à changer de position. Je soutiens son regard, je lui tiens tête dans cet échange silencieux.
    « J’ai envie comme ça… » je finis par préciser.
    Une petite étincelle de défi semble jaillir dans le regard brun de mon Jérém ; non, il n’est vraiment pas habitué qu’on lui force la main, et surtout pas au pieu.
    Pourtant, un instant plus tard, le bogoss bondit entre mes cuisses, les écarte ; il attrape un oreiller, le plie en deux, le glisse sous mes fesses ; et lorsqu’il vient en moi, ses mains chaudes posées bien à plat sur mes abdos, il commence à me limer tout doucement.
    Fou de plaisir, je porte mes mains sur ses biceps, j’enfonce mes doigts dans le muscle ferme ; insatiables de tâter sa plastique, ils remontent ses épaules, caressent le cou puissant, redescendent sur ses pecs. Jérém semble bien apprécier le contact.
    Pourtant, assez vite, le bogoss s’allonge sur moi, son torse collé à mon torse, son visage enfoui dans le creux de mon épaule ; l’odeur de sa peau toute proche m’enivre, j’enfonce à mon tour mon visage dans sa crinière brune.
    Au gré des mouvements de son cou, sa barbe frotte ma peau sans cesse ; mais là où ses poils décapent sensuellement, ses lèvres soignent tout aussi sensuellement. Ses lèvres, et sa langue : cette langue qui se balade inlassablement sur ma peau, remonte à mon oreille, cette oreille qu’il revient mordiller sans ménagement.
    Ses coups de reins sont lents, tout doux ; fou de plaisir, je laisse mes mains se déchaîner sur son dos, chercher le contact avec sa peau mate et soyeuse, caresser, étreindre ; aucun geste me semble excessif pour lui témoigner le plaisir inouï qu’il est en train de m’offrir.
    Mais qu’est-ce que c’est bon de se faire plaisir entre garçons ! Ceux qui disent le contraire, c’est qu’ils n’ont jamais pu ou voulu essayer. Oui, qu’est-ce que c’est bon de se faire plaisir entre garçon, surtout lorsque le plaisir ne se résume pas à un emboitement, à un frottement de corps, mais lorsque ce plaisir est porté par la complicité des esprits ; lorsqu’on prend à ce point son pied, tout en désirant ardemment en offrir à l’autre, je crois que ça s’appelle « faire l’amour », ce qui n’a rien à voir avec « baiser » ; on baise un cul, mais on ne fait pas l’amour qu’à un corps, si beau soit-il : lorsqu’on fait l’amour, on le fait à un esprit, à une âme qu’on rencontre, qu’on reconnaît, qu’on aime. Et les esprits, ça n’a pas de sexe. Peu importe l’enveloppe charnelle qui les abrite.
    Lorsque le bogoss sent son orgasme venir, il relève brusquement la tête ; sa chaînette oscilles contre mon menton, nos regards se croisent brièvement, le sien semble complètement habité et dérouté par le plaisir tout proche ; puis, geste inattendu, il pose son front contre mon front ; sa chaînette se pose entre mes lèvres, je sens son souffle brûlant sur mon visage, j’ai l’impression que ses lèvres cherchent les miennes, presque l’impression de sentir ses lèvres contre les miennes.
    Hélas, c’est à ce moment-là que l’orgasme explose dans son bas ventre et dans sa tête : son front trempé se décolle du mien avec un mouvement brusque, presque violent ; son visage s’enfonce à nouveau dans le creux de mon épaule, son torse revient se coller à mon torse.
    Le bobrun envoie trois derniers coups de reins puissants, juste de coller son bassin très serré au mien, comme pour s’enfoncer le plus loin possible entre mes fesses, comme pour être sûr de me féconder de sa virilité brûlante.
    Puis, un nouveau rugissement de jeune mâle résonne dans ma chambre ; et son orgasme se déploie au rythme de petits coups de reins intenses et doux comme des caresses ; des caresses qui provoquent accessoirement des frottements appuyés, insistants de ses abdos sur ma queue.
    Les violentes contractions de son corps me donnent la mesure des giclées qu’il est en train de décharger au plus profond de moi : c’est exactement au même moment que je sens poindre mon nouvel orgasme.
    Et alors que le bogoss termine son affaire, alors que ses mouvements ralentissent rapidement, ma jouissance est toute proche, si proche qu’elle devient un impératif : je sais que cette deuxième jouissance va être délirante, je ne veux pas la rater ; mon plaisir dépend d’un petit effort de mon beau mâle, un petit effort que je suis bien décidé à lui demander :
    « Vas-y, s’il te plaît, ne t’arrête pas, je vais jouir, fais-moi jouir ! ».
    Ni un ni deux, le bogoss ne se fait pas prier : son bassin recommence illico à onduler contre le mien, son torse à exciter ma queue ; il suffit de très peu, quelques frottements à peine ; mon corps s’octroie une profonde expiration, juste avant de se laisser secouer par la puissance du plaisir qui déferle en lui ; un instant plus tard, je gicle copieusement entre nous deux torses.
    Lorsque je recouvre mes esprits, je retrouve le bonheur de sentir le poids de mon beau mâle abandonné sur moi, son front trempé de sueur toujours enfoui dans le creux de mon épaule, l’impression qu’il n’est pas pressé de se relever : ni pour partir aussitôt, ni même pour aller fumer sa cigarette.
    Mes mains sont fébriles, mais je les contrôle ; je lui caresse lentement le dos, le cou, mes doigts se perdent dans la douceur de ses cheveux bruns ; ivre de lui, je ne peux m’arrêter de lui faire de bisous. Des caresses, des bisous qu’il me laisse faire, qu’il se laisse faire.
    Nous restons ainsi, enlacés, en silence, pendant un bon petit moment.
    Lorsque le bogoss se relève enfin, je lui passe mon t-shirt pour s’essuyer le torse.
    « T’embête pas, je vais prendre une douche… » fait le bogoss tout naturellement. Et, ce disant, il se dirige, à poil, vers la porte de la chambre ; et sans même prendre le temps de faire suivre ses sous-vêtements, il disparaît dans le couloir.
    Ah putain ! J’adore sa capacité à se sentir « chez soi ». Dans sa tête, ça n’a jamais été : « Est-ce que je peux prendre une douche ? », mais directement, dès la première fois : « J’ai besoin de prendre une douche ». Mais aujourd’hui, ce n’est déjà plus ça, mais carrément : « Je vais prendre une douche ».
    Son aisance me touche au plus haut point. Le bogoss continue de prendre ses « marques » chez moi. J’ai envie de pleurer.
    Lorsqu’il réapparait dans la chambre, les cheveux encore bien humides, la peau fraichement douchée, tous biceps, pecs, tétons et abdos dehors, mon Jérém a toute l’air d’un bogoss qui s’apprête à se rhabiller et à partir.
    En parcourant son anatomie de haut en bas, mon regard est aimanté par cette chute oblique et diablement saillante entre ses muscles abdominaux, ligne canalisant le regard vers cette queue qui m’a donné tant de plaisir, désormais au repos, mais toujours aussi belle ; vers, ces couilles, qui ont bien donné, pourtant toujours aussi bien rebondies.
    Je le regarde et j’ai encore envie de lui.
    Mais ce dont j’ai envie par-dessus tout, c’est qu’il reste un peu avec moi : je ne veux pas qu’il parte tout de suite.
     « Jérém… ».
    « Quoi ? ».
    « Tu reprends à quelle heure ? ».
    « 17 heures… ».
    « J’ai envie que tu restes un peu avec moi… ».
    « J’ai pas le temps… ».
     « Mais il n’est que 16 heures, tu peux bien t’allonger un peu… ».
    « Ma foi… » fait-il en s’allongeant à nouveau sur le lit, à côté de moi, trouvant finalement agréable ma proposition « je suis naze… ces horaires me tuent… ».
    « Repose-toi un peu, alors… ».
    « Il faut pas que je m’endorme… ».
    « Si ça arrive, je te réveillerai… » je lui chuchote à l’oreille, tout en l’invitant à se mettre sur le flanc et en le prenant dans mes bras.
    « Il vaut mieux que… il vaut mieux que… que je ne dorme pas… sinon… sinon… je vais… je vais me réveiller… me réveiller… déchiré… ».
    Le bogoss a tout juste le temps de terminer sa phrase que j’entends sa respiration changer ; un instant plus tard, il dort.
    Comment ça tranche, le Jérém qui fait dodo, avec l’étalon à la sexualité débordante et à la sensualité bouillante. Dans son sommeil, le puissant étalon « dieu du sexe » redevient touchant poulain « puits à câlins ».
    Alors je vais veiller sur lui, surveiller l’heure, et pendant ce temps je vais adorer le regarder dormir.
    Mon Jérém dans mes bras ; et moi veillant sur son sommeil. Je me blottis un peu plus contre lui. C’est le bonheur.

    Moi je n'étais rien/Et voilà qu'aujourd'hui/Je suis le gardien/Du sommeil de ses nuits/Je l'aime à mourir

    C’est tellement bon de le tenir dans mes bras pendant qu’il dort, écouter sa respiration enfin calme. Enveloppé par les odeurs familières qui m’apaisent, par sa présence qui me rassure, par la chaleur de sa peau, je pars aussi, comme un enfant bien au chaud dans son berceau.
    Je pars dans un rêve : un rêve où je trouve enfin le cran de laisser s’exprimer cette envie qui monte en moi, l’envie de lui dire « je t’aime ».
    Un rêve d’où je suis tiré par un mouvement brusque de mon bobrun ; lui aussi il doit être parti dans un rêve, un rêve très agité apparemment : de quoi, de qui rêve-t-il ?
    Je n’ai pas le temps de me questionner bien longtemps, mon corps m’impose le petit somme dont il a besoin pour récupérer des émotions de l’après-midi.
    Lorsque je me réveille, je me réveille en sursaut ; et lorsque je regarde l’heure, je panique : putain ! 17h25 !
    « Jérém ! Jérém ! » je tente de le secouer.
    Et là, pour toute réaction, le bogoss se retourne, se colle contre moi et vient poser un bisou léger dans le cou ; ce n’est qu’un bisou dans le sommeil ; pourtant, dur dur de mettre un terme à cet instant de douceur, de bonheur, j’ai envie de passer ma vie dans ses bras. Hélas, le temps presse.
    « Jérém ! Jérém ! Réveille-toi ! » je reviens à l’attaque.
    Lorsque le bogoss émerge enfin, il se tourne brusquement vers le radio-réveil.
    « Putain, je suis à la bourre ! » il panique à son tour, avant de s’en prendre à moi, à juste titre « tu m’avais dit que tu me réveillerais ! ».
    « Désolé, je suis parti aussi… ».
    Le bogoss se lève, me bouscule, attrape son débardeur et il le passe sur son torse sculpté ; boxer, short, baskets, un bogoss est presque aussi vite rhabillé que déshabillé.
    Ce débardeur blanc, et vraiment un truc de fou !
    Le bogoss fouille dans son short, il en extrait une cigarette, le briquet et se dirige vers la porte de la chambre.
    « Jérém ! ».
    « Quoi encore ? ».
    « Qu’est-ce que tu es sexy avec ce débardeur blanc ! » je ne peux m’empêcher de lui balancer, un cri qui vient du cœur.
    « Ravi de l’entendre… » fait-il tout en attrapant la poignée de la porte et en ouvrant le battant.
    « Jérém… ».
    « Quoiiiiiiiiiiiii ??? Je suis à la bourre !!! » il me balance, sur un ton qui commence à se faire sérieusement agacé.
    « Demain aussi je suis seul… tu peux passer si tu veux… » je lui balance
    « T’en as jamais assez, toi… » fait-il en se passant la main dans les cheveux bruns toujours aussi en bataille, pour les ramener vers l’arrière.
    Geste simple, mais geste chargé d’un érotisme infini. Tout comme l’est, à la fois chargé d’un érotisme et d’une complicité touchante, le petit sourire ravageur qu’il me lance avant de quitter la pièce et qui semble valoir promesse de retrouvailles très sensuelles pour le lendemain.
    Comment pourrais-je en avoir assez ?


    4 commentaires
  • Je re-tente, sait on jamais, lol

    Vous pouvez soutenir votre Fabien dans l'écriture de cette histoire, à 10 épisodes de la fin de la saison 1, en participant au financement participatif sur TIPEEE.

    Bonjour à toutes et à tous ! Bienvenue sur le site Jérém&Nico

     

    Toujours, le jeudi 02 août 2001, en milieu d’après-midi.


    Mais alors que je me prépare à le sentir venir en moi, je perds soudainement le contact avec ses mains ; ses mains que je retrouve un instant plus tard sur le bas de mon dos ; elles se posent à plat sur mes reins ; ses doigts jouent avec mon débardeur, glissent dessous ; le contact est léger, pourtant (ou justement) suffisant à provoquer des étincelles explosives sous ma peau, des séismes dans ma tête.
    Ses mains remontent lentement le long de mon dos, se faufilant entre ma peau et le tissu ; elles remontent jusqu’à mes aisselles, tentent de se glisser sous mon torse, intention que je seconde en relevant légèrement le cou et le haut de mon buste ; elles avancent encore, se faufilent sous mes pecs.
    Et lorsque ses doigts atteignent mes tétons, les titillent avec insistance ; et qu’en même temps, son gland effleure mon entrejambe : c’est là que j’atteins le point de non-retour sensuel ; c’est là que je me sens perdre pied ; c’est là que je sens l’asile me tendre définitivement les bras.
    Ses mains se retirent, rebroussent chemin ; lorsque ses doigts regagnent le point de départ, le bas de mon débardeur, ils amorcent un mouvement lent pour le remonter vers mes aisselles, pour dénuder mon dos ; mouvement que j’encourage en relevant à nouveau ma tête et le haut de mon torse.
    Ses mains sont à présent plantées à plat sur le matelas, de part et d’autre de mon buste. Et voilà que la perception de cette position, son torse en suspension au-dessus de mon dos, la superposition de son corps tout entier au mien ; s’ajoutant à la sensation de sentir sa queue juste posée entre mes fesses, de sentir son souffle brûlant sur mon cou : voilà, l’espace de quelques secondes à peine, je me sens à lui comme jamais.
    Dans ma tête, je ressens le plus intense ses bonheurs sensuels : celui de m’offrir à lui, de lui offrir mon corps pour son plaisir de mec. Un mec qui arrive à me faire cet effet rien qu’en m’effleurant, mérite de jouir jusqu’à ce que la queue lui en tombe.
    Je suis dans tous mes états, mais à l’évidence, je suis promis à repousser les frontières de mon excitation, de mon bonheur. Bon sang, le bogoss veut ma peau.
    Ses coudes se plient légèrement, augmentant la présence, la pression de son manche raide entre mes fesses ; son torse s’approche de mon dos, sa chaînette se pose entre mes omoplates ; puis, le bout de son nez commence à effleurer tout légèrement ma peau, se balade autour de mon oreille, descend le long de la ligne de mon cou, se promène à la lisière de mes cheveux en bas de ma nuque : là où, il le sait bien, je suis terriblement sensible. Chacun de ses mouvements est accompagné par le frottement léger, délicieux chatouillis, l’excitante caresse de sa chaînette sur ma peau : et là, je m’embrase carrément.
    Son nez descend lentement le long de ma colonne vertébrale ; dans mon corps et dans ma tête, c’est la tempête, l’ouragan, le typhon ; le tsunami arrive lorsque le contact de ses lèvres s’unit à celui de son nez. Nouveau contact, nouvelle douceur, nouveaux plaisirs rythmés par l’excitante caresse sensuelle de cette chaînette de mec parcourant millimètre après millimètre ma colonne vertébrale, dédoublant les frissons, jouant les échos, les amplificateurs sensuels ; des frissons qui, tels des tremblements de terre, s’expriment régulièrement par des spasmes incontrôlables secouant mon corps tout entier.
    Sa queue, désormais lourdement calée entre mes fesses, réchauffe, caresse, titille ma vallée de plaisir, embrase mon entrée de bonheur.
    Le voyage de ses lèvres semble ralentir et devoir s’arrêter en bas de mon dos ; je me dis qu’il est arrivé au terminus de « Mes reins ». Il n’en est rien : ses lèvres reprennent le voyage en sens inverse ; et là, nouvelle surprise, explosion de bonheur, frisson inouï, lorsque je reconnais le contact à la fois chaud, frais et humide de sa langue glissant à son tour sur ma peau, dans un mouvement lent, douce et insupportable torture.
    Oui, sa langue remonte le long de ma colonne vertébrale, revient se balader dans le bas de ma nuque ; chevronnée, elle s’attarde à cet endroit hypersensible chez moi ; elle y vient d’abord timidement, mais assez rapidement elle semble recouvrir une assurance grandissante ; très vite, elle manifeste des claires envie de découverte, de jeu ; très vite, elle jongle librement entre mes omoplates et le bas de ma nuque, se balade sur mon cou, remonte jusqu’à mon oreille droite, en bouscule le pavillon, s’y insinue dedans, avec ardeur.
    Comment ne pas devenir dingue, alors que la position de son torse, toujours en suspension au-dessus de mon dos mais désormais à très faible « « altitude » fait que, par moments, ses pecs et ses tétons effleurent ma peau ?
    Le contact de sa langue est de plus en plus lourd, intense, son souffle de plus chaud, de plus en plus haletant ; sa barbe frotte sur ma peau comme un papier délicieusement abrasif.
    Je suis comme une torche se consumant de plaisir.
    Sa langue semble vraiment apprécier le contact avec mon oreille : elle il s’y attarde, de plus en plus fougueuse ; et ce, jusqu’à ce que, emporté par l’action, le bogoss ne se contente plus de lécher, pénétrer, mouiller cette « pauvre » oreille trempée, chauffée et rougie d’excitation… non, il lui faut carrément la mordiller ! Jérém, mon Jérém, s’abandonne ainsi à cette « caresse » à la fois sensuelle et animale.
    Lentement, son torse vient en contact avec mon dos ; je sens tout son poids et sa musculature atterrir en douceur sur moi ; le contact avec sa peau se précise, se fait incandescent ; alors que l’effleurement de ses mains, se baladant légères entre mes épaules et mes cheveux, devient délirant.
    Je me dis que je suis mort et que je me retrouve au Paradis, ou bien sur l’Olympe, en compagnie d’un dieu dont il n’est pas fait mention dans aucune mythologie, le Dieu du Pieu.
    J’ai l’impression d’être happé par une sorte de fluide très masculin, quelque chose d’insaisissable, pourtant si vibrant ; puissant, animal et très doux à la fois.
     Je me laisse aller, je perds définitivement pied, submergé, comme étourdi par ce bonheur sensuel insoutenable.
    J’adore les préliminaires, surtout CES préliminaires, des préliminaires venant de lui, initiés de son propre chef, et portés par cet emballement : je suis chaud, je suis en feu ; plus les secondes passent, plus je me sens comme un compteur Geiger affolé à côté d’un bloc d’uranium, chacune de mes fibres crie l’envie, le besoin viscéral de s’accoupler avec ce jeune étalon venu pour ça.
    J’ai faim de sa présence en moi.
    Puis, à un moment, sans préavis, tout ce bonheur cesse d’un coup ; le bogoss se relève, sa queue raide, chaude, lourde glisse entre mes fesses : je ressens un bonheur indescriptible en me disant qu’il va enfin prendre ce qu’il est venu chercher, ce qui lui appartient.
    Mais là encore, rien ne se passe comme prévu ; enfin, si, comme lui il l’a prévu, son objectif étant clairement d’avoir raison de ma santé mentale : c’est une sensation qui devient vite certitude lorsque sa main vient coller son boxer contre mon visage, le presser contre mon nez, contre ma bouche ; dès le premier contact, je suis envahi par ces aromes, je suis assommé par ce tissu qui sent bon le mec, le jeune mâle.
    Sa queue se cale à nouveau entre mes fesses, sa main maintient le tissu doux contre mon visage pendant quelques secondes ; le temps de me rendre compte que le bouquet d’odeurs de mec auquel je suis confronté ressemblerait à celui dégagé par un boxer porté pendant deux jours. J’adore. Au point que, lorsqu’il le laisse enfin tomber devant mon visage, déjà en manque de toutes ces bonnes odeurs de petit mec, je le saisis et je le porte à nouveau devant mon nez, je me shoote aux bonnes odeurs viriles.
    Ma vue s’habituant à la pénombre, j’arrive à deviner la couleur du boxer ; j’en suis maintenant certain, c’est le même boxer qu’il portait la veille, ce boxer rouge feu qui m’a fait tant d’effet : je le reconnais surtout grâce à l’élastique blanc et au relief assez prononcé de ses finitions, ces finitions que j’ai senties sous mes doigts en fouillant longuement dans ce boxer lors de mon torse à torse avec mon bobrun 24 heures plus tôt.
    Pendant que je me délecte de ce délice olfactif, sa langue a recommencé à parcourir ma colonne vertébrale de haut en bas ; elle descend lentement, elle descend de plus en plus.
    Elle arrive à nouveau en correspondance de l’arrêt « Mes reins », le terminus ; mais ce coup-ci, comme si le « rail » avait été rallongé depuis la dernière visite, elle ne s’arrête pas pour autant, elle continue à descendre ; elle descend tellement que son propriétaire est obligé de reculer le bassin pour lui permettre d’aller encore plus loin, ce qui a pour fâcheuse conséquence d’interrompre le contact entre sa queue raide et mon entrejambe.
    Je tremble, je frissonne. Sa langue arrive à l’entrée de la vallée étroite de « Ma raie » ; là non plus, elle ne s’arrête pas. Au contraire, des mains déterminées empoignent mes fesses, les écartent pour dégager le passage, pour qu’elle puisse continuer sur sa lancée et aller encore plus loin.
    Rien ne semble pouvoir arrêter cette langue infatigable, insatiable ; elle glisse légère entre mes fesses, survole mon entrée intime ; contact délicieux, accompagné par d’autres bonheurs, son souffle chaud, et cette barbe qui frotte, râpe, excite ; j’ai envie de crier tellement c’est bon.
    Petit à petit, sa langue s’enhardit, elle mouille, elle s’insinue ; ses mains écartent de plus en plus mes fesses, les empoignent de plus en plus fermement ; son visage s’y enfonce de plus en plus avidement, fébrilement, son excitation semble s’emballer.
    Sa langue pilonne mon entrée de bonheur, tape avec puissance ; elle frotte, lubrifie, prépare certainement aux assauts futurs ; mais elle se fait plaisir avant tout ; de plus en plus vorace, elle me donne du bonheur, un bonheur intense ; par moments, les doigts viennent jouer les remplaçants, me pénètrent de plus en plus facilement, de plus en plus profondément ; puis, son visage revient s’enfoncer entre mes fesses ; sa barbe, son souffle, son excitation brûlante, sa langue me chauffent à des niveaux dangereux pour ma santé mentale ; mon rythme cardiaque jouant désormais sur une cadence de jive.
    Jamais il ne m’a pas fait ça ; même pas dans le vestiaire après la finale victorieuse ; sa langue s’était certes aventurée entre mes fesses, mais elle ne s’y était pas attardée si longuement, et surtout pas avec cette fougue. Putain de kif !
    Le bogoss me chauffe, il se chauffe, je le sens de plus en plus à fond dans son trip. Il se fait plaisir, mais il sait aussi qu’il me fait plaisir. Il doit le ressentir, il doit le voir : il doit bien se rendre compte à quel point je tremble, je gémis.
    Car je frémis, je jouis et je réjouis entre mes fesses, j’ai envie de pleurer tant c’est bon. J’ai envie que cela ne cesse jamais, jamais.
    Pourtant, à un moment tout cela s’arrête d’un coup ; le bogoss relève son buste ; une fois de plus je perds le contact avec sa langue, alors qu’une insupportable sensation d’abandon s’empare illico de mon entrejambe.
    Les secondes s’enchaînent, je me languis de savoir de quoi le bogoss a envie maintenant ; de quelle façon il va chercher son plaisir ; de quelle façon il va m’offrir un plaisir qui s’annonce géant.
    Ses mains chaudes et puissantes reviennent empoigner mes fesses, les écarter ; et cette fois-ci c’est bien sa queue qui s’y glisse dedans, qui caresse, titille, fait languir ma rondelle.
    Et lorsque son gland vise, il vise juste ; et lorsque son manche glisse en moi, il glisse tout seul, le passage bien préparé par tant de sollicitations.
    Mon bobrun m’enfile, m’empale avec sa queue dure comme du béton armé ; sa course lente s’arrête lorsque ses couilles se calent contre mes fesses ; la position de nos corps faisant que leur poids et leur chaleur se transmettent également à mes propres couilles ; et son gland s’installe au plus profond de moi.
    Je me sens envahi, dominé par sa queue, j’en tremble, j’en frissonne. Quel intense bonheur de m’offrir à lui, à ses envies de mâle si clairement exprimées, et accompagnées par tant de sensualité.
    Je sens tout le poids de son corps s’abandonner complètement sur le mien ; je sens son déo se mélanger à ses petites odeurs de mec et venir défoncer mes narines, sans pitié.
    M’envahissant désormais au plus profond de moi, ses mains prennent pourtant appui sur mes épaules, comme pour permettre à son bassin de se coller un peu plus encore à mes fesses, à son gland d’aller encore plus en loin en moi, comme pour me faire sentir un peu plus sa présence, sa puissance virile.
    Ce n’est pas sa voix, ce ne sont pas ses mots, mais bien sa simple attitude qui semble lâcher : « Tu la sens bien, là, hein ? ».
    Sentir la chaleur et la douceur de sa peau, la puissance de ses muscles, sa puissance de mec calée bien au fond de moi, la fermeté de ses mains qui m’agrippent ; sentir ses lèvres douces, sa langue humide, sa barbe abrasive, son souffle brûlant sur ma peau, ses dents avides de sensations revenir titiller mon oreille ; sentir son excitation, matérialisée par sa respiration de plus en plus haletante, par ses gestes de plus en plus précipités, intenses, affolés : c’est un intense plaisir sexuel que je ressens avant même qu’il ait commencé à me pilonner.
    Son bassin recule lentement, je m’attends à qu’il commence enfin à me pilonner sans ménagement ; mais le bogoss s’arrête tout juste avant de quitter mon entrejambe ; son gland sort à moitié, rentre, caresse, excite, me fait languir, vibrer, frissonner ; puis, il s’enfonce à nouveau en moi, sa queue glisse tout aussi lentement, jusqu’à la garde ; elle s’arrête à nouveau, un court instant ; puis, elle recommence, elle coulisse plusieurs fois sur toute sa longueur, lentement, très lentement : je suis fou.
    Puis, petit à petit, ses coups de reins s’accélèrent. Faute de pouvoir le mater, j’imagine sa plastique parfaite en train de rechercher son plaisir ; j’y arrive très bien au travers du contact de ses mains qui m’agrippent puissamment, au travers de ses coups de reins qui me secouent, pourtant sans violence.
    Le bogoss est complètement allongé sur moi ; son torse, ses cuisses, son bassin, ses jambes épousent et dominent les miens ; ses mains obligent mes bras à partir vers le haut, attrapent mes poignets, les maintiennent, les enserrent ; ses jambes s’enroulent autour des miennes comme des claies desquelles je n’ai aucun pouvoir de me libérer ; ses dents mordillent mes oreilles, la peau du cou, des épaules.
    Il y va même un peu fort. Je suis presque certain que tant d’« acharnement » va laisser des marques, mais tant pis. C’est si puissant, si animal, son souffle, sa salive, son rut, son plaisir ; de sentir qu’il est excité par mon envie, pas mon plaisir ; de sentir que sa présence de mâle entraîne et décuple ces envies, ces plaisirs.
    J’adore me sentir dominé de cette façon, entravé, me sentir complètement à sa merci, sentir que je n’ai pas d’autres choix que d’assouvir ses besoins de mâle dominant ; j’adore sentir la force de ses muscles, me sentir si petite chose fragile entre ses grosses pattes toute puissantes.
    Je trouve très excitant de penser que sa puissance physique dépasse la mienne, qu’il pourrait faire de moi ce qu’il veut, que je le veuille ou pas. Mais je le veux.
    Bien sûr, je sais qu’il arrêterait si vraiment je lui demandais, mais je ne lui demanderai pas ; car ce qu’il est en train de me faire est délirant. Jamais je n’ai ressenti autant de plaisir, le mien, le sien, mélangés. Ça dépasse l’entendement.
    Ses mains se déplacent le long de mes bras, puis remontent vers mes épaules ; l’une d’entre-elles saisit mon cou, elle s’y frotte avec des caresses très lourdes, très excitantes.
    Je suis dans un tel état d’ivresse que j’en perds la notion du temps, de mes gestes ; dans un instinct nerveux généré par le trop plein sensuel, j’enfonce mes doigts dans ses cuisses musclées ; et ce contact avec ses muscles me fait ressentir encore plus sa puissance.
    Le plaisir appelle le plaisir ; fou d’excitation, j’attrape ce boxer odorant que j’avais presque oublié, débordé par tant de sensations hallucinantes ; j’enfonce mon nez dedans, j’aspire comme un fou pour tenter d’en extraire tous les arômes mâles. Et ça multiplie encore mon plaisir, de façon exponentielle.
    Puis, ses bras glissent le long de mes flancs ; ses mains font à nouveau du forcing pour passer sous mes épaules ; complètement en osmose avec mon bobrun, j’écarte un peu mes bras et je relève mes épaules pour lui faciliter la tache. Je ne sais pas exactement ce qu’il veut, mais je veux bien le lui offrir. Surtout si, comme je le soupçonne, ça concerne à nouveau mes tétons.
    Je me trompe ; ses avant-bras se replient autour de mes épaules, je me retrouve ainsi un peu plus entravé par la puissance du bogoss, ce dernier se servant de cette nouvelle emprise physique pour donner un nouvel élan à ses coups de reins.
    Sa bouche revient sans cesse mordiller mes oreilles, poser son souffle chaud sur ma nuque, sur mon cou. C’est dément. J’ai le cœur qui tape à tout rompre, je sens ses battements dans ma tête, comme si elle voulait exploser. J’ai envie de crier mon plaisir total, extrême, j’ai envie de crier que je suis fait pour ça, pour me faire baiser par ce mec qui me baise divinement bien !!!
    « Qu’est-ce que c’est bon, Jérém ! Tu me rends dingue ! Putain, Jérém ! » je lui balance dans un cri venant du plus profond de moi.
    Et là, de la même façon qu’il l’avait fait une fois chez lui, trouvant que je mettais un peu trop de décibel dans l’expression de mon enthousiasme, le bogoss me bâillonne très vite et très fermement la bouche avec sa main puissante ; pendant que ses coups de reins me défoncent de plus en plus sauvagement.
    Lorsque ses bras lâchent leur prise, le bogoss se relève, son torse se décolle de mon dos, sa queue quitte mon entrejambe : le manque est immédiat, violent, insupportable ; d’un geste puissant, directif, rapide, ses mains attrapent mes hanches ; le mâle m’attire à lui, m’invite, m’oblige à me mettre à quatre pattes.
    Très vite, il revient en moi ; putain de petit mâle chaud du bulbe comme dirait mon pote Julien, très à propos.
    Il se remet à me pilonner, ses couilles frappent lourdement les miennes ; ses doigts se faufilent dans l’encolure de mon débardeur pour atteindre enfin mes tétons, les pincer avec adresse, en retrouvant très vite le toucher magique de la veille.
    Séquence suivante : une main est toujours en train de jouer avec mes tétons, alors que je ressens la chaleur, le poids et la puissance de son autre main posée autour de mon flanc. Elle y reste un court moment, puis, elle glisse vers l’axe de mon dos, elle se balade le long de ma colonne vertébrale, très lourdement, très lentement. Elle remonte jusqu’à mon épaule, elle la saisit, l’enserre tout autant qu’elle la caresse ; en même temps, le bogoss se sert de ce nouvel appui pour déchaîner encore davantage sa puissance sexuelle.
    Puis, sans transition, le bogoss sort de moi ; il bifle lourdement l’intérieur ma raie, il tape de façon répétée sur ma rondelle affamée. Lorsqu’il recommence à me tringler c’est d’abord en mode plutôt doux, puis en mode animal, dominant ; régulièrement, il s’arrête bien au fond de moi : des instants qui me paraissent à la fois dérisoires et infinis, des moments où le temps semble suspendu entre l’envie qu’il reste là, bien au fond de moi, et celle, opposée, qu’il reprenne à me secouer comme il sait si bien le faire ; en attendant, je fremis, je jouis dans chaque fibre de mon corps, dans chaque neurone de mon cerveau.
    A nouveau la peau chaude de son torse enveloppe mon dos, bonheur intense ; son bassin claque très fort contre mes fesses, c’est le mâle Jérém dans toute sa splendeur. Je le sens excité comme un fou. Je suis excité comme un fou. Non, ce n’est pas possible de prendre autant de plaisir.
    A nouveau, je perds le contact avec sa queue ; mais cette fois-ci, c’est plutôt par accident, à cause d’un élan trop fougueux de ses coups de reins.
    Instantanément, le bogoss saisit mes hanches, il imprime un mouvement précis et déterminé ; un instant plus tard, je me retrouve allongé sur le matelas. Son corps est à nouveau en suspension au-dessus du mien moi, les mains à nouveau plantées dans le matelas de chaque côté de mon buste ; est-ce que c’est dans cette position qu’il veut achever son kif en se vidant en moi ?
    Et lorsqu’il recommence à me pilonner, pendant qu’il recommence également à mordiller mes oreilles, la peau du cou, comme fiévreux, quelque chose se produit assez vite : oui, très vite, son bassin se positionne de façon à trouver celui que je définirais comme l’angle de pénétration parfait, ses va-et-vient trouvent celles que je définirais comme le cadence, la profondeur, l’amplitude parfaites.
    Sa saillie vient tout simplement d’aligner tous les paramètres idéaux pour m’offrir le plaisir rêvé.
    « Ah, oui, comme ça, oui, comme ça, oui, oui, oui !!! » je ne peux m’empêcher de lui notifier, tout en restant discret sur le décibel.
    Le bogoss continue à me pilonner ainsi, de cette façon qui me rend dingue. J’adore cette complicité entre nous ; cette osmose des corps, et, depuis peu, cette osmose des envies, cette nouvelle façon de prendre son pied tout en s’intéressant au mien. Son plaisir est mon plaisir, depuis toujours ; est-ce que mon plaisir serait également en train de devenir le sien ?
    Nouveau changement de rythme, le bogoss se cale bien au fond de moi ; puis, il entreprend à envoyer de petits coups de reins tout doux, tout doux ; il respire fort, très fort ; j’ai l’impression qu’il en tremble, l’impression qu’il se retient de gémir, et de jouir. Le bogoss me dose et il dose la montée de sa jouissance de mec ; il semble avoir définitivement apprivoisé son plaisir, tout en étant à son tour apprivoisé par son propre plaisir.
    Puis, soudainement, le bogoss quitte à nouveau mon entrejambe. Sans transition, ses mains m’attrapent à nouveau, m’attirent vers l’arrière ; je me laisse faire, impatient de connaître ses intentions ; à nouveau, je me retrouve à quatre pattes, les genoux sur le bord du matelas. Mon bel étalon est descendu du lit ; je sens sa présence, débout, juste derrière moi, face à mes fesses dont il dispose à sa guise.
    Lorsqu’il revient en moi, je ressens dans ses gestes précipités l’urgence de sa jouissance de mec. Je sais qu’il ne va pas tarder à jouir.
    Il recommence à me limer très vite, très fort ; son avant-bras glisse sous mon ventre, m’attire contre son corps, plaque mes fesses contre son bassin, écartant ainsi toute possibilité de « déraillement » accidentel.
    Le bogoss est de plus en plus tactile : jamais je n’ai autant senti sa virilité qu’au contact de ces mains qui se baladent à la fois lourdement, lentement, doucement, sur tout mon corps.
    Sa droite, chaude et puissante, se pose à plat sur me abdos ; la gauche empoigne ma nuque, lentement, fermement ; son pouce se balade lourdement le long de mon cou, s’enfonce, il excite, il caresse.
    Tout cela se passe dans le « noir », en silence : je n’ai que le ressenti de ses gestes pour me parler de la présence virile mon bobrun.
    Pourtant, dans ce « noir », dans ce silence, ses attitudes sont telles que jamais je ne me suis senti autant à lui. Car, définitivement, je n’ai jamais senti autant sa virilité, jamais autant que dans ce mélange de puissance et de douceur.
    J’ai sacrement aimé, à d’autres occasions, entendre ses mots crus qui participaient de façon si puissante à me faire sentir à lui, soumis à son plaisir, objet de son plaisir.
    C’est ce genre de situation qui me venait à l’esprit lorsque, depuis la veille, j’essayais d’imaginer le déroulement de son kif; un kif que j’imaginais chaud comme la braise, mais dans lequel j’avais eu peur de me sentir (trop) soumis à lui, une fois de plus.
    Mais là, mon bobrun me déroute. J'aimerais être dans sa tête, faute de pouvoir entendre son ressenti, comprendre ses intentions par ses propres mots ; mais je sais que je dois me contenter d’essayer d’interpréter ses gestes, ses actes.
    Dans ce kif, j’adore son silence, si loquace ; ses gestes, si expressifs ; ses attitudes, si parlantes ; l’absence de mots crus, ou de virulence, désormais inutiles pour exprimer une virilité qui se dégage maintenant dans le calme, le partage, la complicité des corps, des envies, des plaisirs ; tout un ensemble de sensations qui me font sentir qu’il est autant à moi que je suis à lui.
    Faut-il lire, dans cette attitude qui se révèle en lui, une preuve que son plaisir avec moi est enfin assumé, ou en passe de l’être ?
    Mais alors que je me perds dans la beauté de cette question, le jeune mâle fougueux agît.
    L’une de ses mains s’attaque à mes tétons, l’autre empoigne mes couilles et ma queue. J’adore cette prise ferme de mec. Une prise qui a quelque chose de brutal, mais que je ne ressens pas comme violente. Preuve en est qu’un instant plus tard, il recentre ses doigts uniquement autour de ma queue et il commence à la branler. Je suis feu, son geste est pure essence. Il joue avec le risque très fort de ma jouissance toute proche.
    La sienne non plus, n’est pas loin ; je connais suffisamment mon bel étalon pour ressentir la vibration de son orgasme qui approche, le grondement de la tempête des sens qui va le secouer. Oui, il va bientôt jouir.
    Quelques derniers coups de reins et je sens que ça vient ; j’essaie de me retenir pour ne pas venir avant lui, j’ai envie qu’on décolle en même temps, j’ai envie de sentir nos cris de plaisir se mélanger.
    Puis, sa main chaude quitte ma queue et se pose à nouveau à plat sous mon ventre ; ses coups de reins cessent d’un coup, il s’arrête net, bien au fond de moi ; son autre main s’agrippe, prend appui sur mon épaule pour se maintenir ainsi, le plus loin possible en moi ; sa queue me remplit, me domine, me fait un bien fou ; elle reprend ses va-et-vient, et ce sont des décharges électriques qui se dégagent au fil de ses frottements en moi.
    Sa main se pose sur mes tétons, les titille, l’autre caresse mon dos. Il a carrément décidé de me faire jouir rien qu’en me baisant.
    « Jérém, tu vas me faire jouir ! » je lui balance, me sentant perdre pied, me sentant perdre le contrôle le mon plaisir.
    « Vas-y, jouis ! » je l’entends me lancer, la voix étranglée par l’excitation, tout en posant sa main sur ma queue et en recommençant à la branler.
    J’essaie toujours de me retenir, mais je suis au bout de mes ressources : comme le frottement d’une allumette, une « allumette » de bien bonne taille, sa queue me met le feu de l’intérieur ; et les va-et-vient de sa main sur ma queue ont définitivement raison de ma capacité à maitriser mon corps.
    Je me sens partir, mon ventre s’embrase ; je gicle sur ma couette, secoué par des spasmes violents, ma jouissance décuplée par les va-et-vient de sa queue en moi, les contractions de ma rondelle autour de son manche ajoutant du plaisir au plaisir, me renvoyant de petites décharges faisant écho à mon orgasme géant.
    C’est à cet instant que je sens le bogoss perdre pied à son tour ; je sens ses muscles se contracter, son corps se raidir, sa main libre se poser à plat sur mon ventre, exercer une pression intense pour me maintenir bien collé contre lui, pour s’enfoncer le plus loin possible, comme pour déposer sa semence au plus profond de moi.
    Alors que je finis de jouir sur ma couette, le rugissement puissant de son orgasme fait vibrer mes oreilles, mon corps, mes entrailles ; ainsi, sa jouissance se mélange à la mienne.
    Ses râles de mec viennent de s’éteindre, la tempête de son orgasme vient tout juste de se dissiper.
    S’il a pris autant son pied que je l’ai pris, ça doit encore crépiter partout dans sa tête, il doit ressentir comme des petites décharges semblables ces éclairs au loin qui annoncent la fin d’un orage d’été. Et ces touts petits coups de reins qu’il continue d’envoyer au fond de moi ressemblent à la phase de décélération d’un avion en phase d’atterrissage ; ou bien, à une sorte de remous inconscient provoqué par son cerveau encore vrillé par le plaisir intense qui vient de le secouer.
    Il respire bruyamment. Je suis toujours à quatre pattes sur le lit, envahi par sa queue, comme brûlé de l’intérieur par sa semence de petit mec, fécondé par sa puissance virile.
    J’aimerais tellement qu’il reste là, en moi, pendant un moment ; je suis si bien quand il est en moi ; je me sens à lui, je me sens avec lui. J’ai envie de sentir sa queue se calmer, se mettre au repos, tout en étant encore en moi.
    Mais je sais que ce n’est pas possible ; je sais que, lorsqu’il décide de sortir de moi, je n’ai pas mon mot à dire ; je sais que, lorsqu’il reprendra son boxer, lorsqu’il enfilera son pantalon et bouclera sa ceinture, bruits de cuir et de métal, ce sera pour les faire glisser le long de ses jambes, sur ses cuisses, pour remballer le précieux matos ; gestes de mec, indiciblement touchants, qui me procureront une émotion intense et complexe ; à la fois l’émoustillement de repenser au fait qu’il vient de jouir en moi, ainsi que la tristesse de savoir qu’il se prépare à partir.
    Oui, le bogoss va bientôt se tirer. Je ne saurai même pas comment il était habillé aujourd’hui ; je ne reverrai pas non plus aujourd’hui son putain de nouveau tatouage qui me fait craquer ; sans un mot, il enfilera ses baskets ; sans un mot, il rouvrira, puis refermera la porte de la chambre ; il redescendra les escaliers. Voilà son kif : il vient, il me baise, il me remplit, et il repart.
    La porte en bas va claquer derrière lui ; je serai toujours allongé sur le lit, rempli de son jus chaud, ma peau encore brulée par la chaleur de ses mains, la puissance de ses prises, le contact avec son corps ; mon ti trou vibrant de l’écho du plaisir apporte par ses assauts.
    Vraiment, je me sens retourné comme une crêpe ; c’est toujours bon avec Jérém, mais ce coup-ci, putain, il s’est vraiment surpassé.
    Je me sens comme si un rouleau compresseur m’était passé dessus, je suis épuisé. Aujourd’hui, le bobrun n’y a pas été de main morte… enfin… de queue… ; je me sens écrase, endolori : mais tellement, tellement, tellement, comme le dirait mon pote Julien, tellement « bien baisé ».
    Oui, lorsque Jérém décide de se retirer de moi, je n’ai pas mon mot à dire ; sauf qu’aujourd’hui, en dépit du scenario post-coïtal que j’avais imaginé, le bobrun ne semble pas pressé de quitter mon petit cul.
    Oui, je suis toujours à quatre pattes sur le lit, envahi par sa queue, et le bogoss, épuisé, s’abandonne sur moi de tout son poids ; je savoure chaque seconde qu’il reste en moi, tout en me disant que lorsqu’il se retirera, ce sera, comme toujours, une petite mais intense déchirure.
    Lorsque le bogoss relève son buste, je m’attends à qu’il se retire de moi rapidement ; mais cet après-midi, je vais de surprise en surprise : les ondulations de son bassin semblent vouloir jouer les prolongations ; et ses petits coups de reins ressemblent de plus en plus à une envie de faire durer ce contact plutôt que le début d’une nouvelle quête de plaisir sexuel. Sa main revient se poser sur mon cou, sur ma nuque, elle empoigne, domine, caresse ; l’autre main se pose sur mes reins, elle saisit, chauffe, masse ; les deux s’agrippent à mes épaules, parcourent mon dos, atterrissent sur mes fesses : elles palpent, écartent, caressent, contemplent.
    Je nage en plein bonheur.
    Puis, sa main se pose à plat au milieu de mes reins ; elle exerce une pression légère mais déterminée. Le message est limpide pour moi ; je me laisse glisser vers l’avant, le bogoss suit le mouvement ; je me retrouve allongé sur le ventre, Jérém complètement abandonné sur moi, épuisé, supportant tout le poids de sa musculature, écoutant la vibration de sa respiration toujours profonde, haletante, reniflant la moiteur de sa peau, chaude de transpiration.
    Le bogoss est épuisé, certes, mais je sais aussi qu’il sait à quel point j’aime qu’il reste en moi après avoir joui ; alors, j’aime à penser qu’il reste aussi pour me faire plaisir ; j’aime à penser que, définitivement, il a appris à aimer me faire plaisir ; comme quoi, il suffisait de demander son attention, sa considération. Si seulement j’avais osé l’ouvrir plus tôt face à mon bobrun : peut-être qu’une toute autre histoire se serait écrite et déroulée. Je reste pourtant persuadé, avec le recul, que les choses n’arrivent que lorsqu’elles nous sommes prêts à les accueillir.
    Quelques instants plus tard, sa main collée à mes abdos maintient mon corps contre le sien pour nous faire pivoter sur le flanc, ensemble ; au passage, il se retire de moi. Dans la pénombre, le bogoss m’attire à lui et m’enserre dans ses bras. Son visage s’enfonce dans creux de mon épaule ; ses lèvres se posent sur ma peau.
    Je ne sais pas si ce léger frémissement de sa bouche que je perçois pendant un petit instant dans le creux de mon épaule peut s’appeler un « bisou » ou si c’est juste « un accident », un geste involontaire, un hasard de la position respective de nos corps. Peut-être bien que j’ai juste rêvé.
    Quoi qu’il en soit, je suis bien. Bien comme jamais je ne l’ai été. Retenu par ses pattes chaudes, enserré dans ses bras puissants, repu à la fois d’amour physique et de la douceur de ce partage des plaisirs qu’il n’a cessé de me monter tout au long de son kif ; apaisé par l’odeur familier de mon mâle brun, rassuré par sa simple présence ; lui aussi repu d’amour, apaisé, sa queue calée entre mes fesses se mettant lentement au repos, sa respiration enfin calme, son souffle chaud et intense sur mon cou ; j’ai tout juste le temps de me dire que tous les jours de ma vie je voudrais m’endormir (et me réveiller) dans ses bras ; et voilà que, bercé par ce bonheur inattendu, intense, bouleversant, que je perds pied, je m’assoupis.
    Mais pas longtemps ; lorsque je reviens à moi, c’est à cause des mouvements du bogoss pour se dégager de cette accolade. Ce coup-ci, il est vraiment en train de se rhabiller dans la pénombre ; il a même déjà récupéré son boxer.
    Réveillé en sursaut, je me retourne pour le regarder se ressaper. C’est à la fois beau et triste de regarder un beau mec se rhabiller après l’amour ; gestes simples, intimes, infiniment touchants, en dépit du fait qu’ils annoncent son départ imminent.
    L’image se pose ainsi à nouveau sur le son. Le frottement du coton élastique le long de ses cuisses, le bruit de l’élastique claquant juste en dessous de ses abdos ; bruit de tissu et de métal, lorsque le short se superpose au boxer, deuxième rideau tiré sur le spectacle saisissant de sa virilité ; crissement du cuir, cliquetis du métal de la boucle, lorsque ses doigts règlent sa ceinture, le bogoss tenant son torse nu, bien ben V, bien droit ; caresse du coton noir sur sa peau mate et encore moite, sur ces tatouages de mec que je devine tout juste dans la pénombre.
    Le bogoss s’apprête en silence ; il se chausse, se lève, se dirige désormais vers la porte de la chambre : fidèle à son kif, ne prévoyant à l’évidence aucun échange verbal. Et, pourtant, tant d’échanges sensuels, tant de tendresse, au milieu de cette décoiffante puissance animale.
    Le kif étant à présent terminé, je m’autorise quand-même à m’adresser à mon bobrun.
    « Tu reviens demain, hein ! » je lui lance. Ce n’est pas une question, c’est une affirmation appuyée.
    « Je sais pas… » fait-il en arrêtant sa progression.
    « On a fait un deal… ».
    « On verra… ».
    « Tu vas pas te dégonfler… ».
    « Je ne sais pas quand j’aurai la pause, demain… ».
    « Tu vas pas regretter, je te promets… ».
    « On verra… » fait-il tout en souriant dans la pénombre, « sous la moustache », me semble-t-il.
    Et sur ces derniers mots, il allume la cigarette qu’il tenait déjà dans la main, il passe la porte et il la referme derrière lui. Je l’entends parcourir le petit couloir, descendre les escaliers ; ce sont des pas rapides, à la fois félins et bien appuyés, l’allure d’un grand félin mâle.
    La porte en bas vient de s’ouvrir et de se refermer ; le bel étalon vient de partir pour de bon. Je suis toujours allongé sur le lit, chaud et vibrant de plaisir. Dans mon ventre, une boule brûlante, souvenir de cet orgasme hyper-puissant que le bobrun m’a offert rien (ou presque) qu’en me secouant avec sa queue
    Je respire profondément, l’inspiration et l’expiration apportent du bonheur à mes poumons, à mon corps qui a tant besoin d’oxygène après cette chevauchée sauvage.
    Je sens un engourdissement monter peu à peu en moi, comme un brouillard envahissant la vallée dans un soir d’automne ; effet des endorphines libérées par l’orgasme, mes courbatures s’atténuent ; l’engourdissement monte par mes pieds, se propage à mes chevilles, à mes genoux, à mes cuisses ; très vite, bassin, torse, épaules, bras, mains, cou, nuque, front, yeux, sont atteints ; et lorsque la montée inarrêtable atteint le cœur, les poumons, et enfin le cerveau, je ressens une sensation de bonheur parfait. Et je plonge sans avoir le temps de me dire : je m’endors.

    « Nico, t’es là ? ».
    C’est la voix de maman, elle me réveille en sursaut, en tapant à la porte de la chambre.
    « Oui, je suis là… ».
    « Ça sent la cigarette dans la maison… ».
    Surtout ne rentre pas dans la chambre car en plus ça sent la baise avec un bogoss.
    « Un camarade du lycée est passé tout à l’heure… il a allumé sa cigarette en partant… ».
    « D’accord… papa ne va pas rentrer avant une heure ; on l’attend, non ? ».
    « Oui, oui, on l’attend, je vais venir t’aider à préparer… ».
    Une heure… c’est parfait ; j’ai besoin d’un peu de temps pour émerger de ce sommeil court mais profond ; et, surtout, d’une telle jouissance ; je me réveille lentement, je retrouve mes sens un à un.
    Le tact : je sens encore Jérém en moi, toujours en moi. Chaque contraction, de mon entrecuisse, involontaire ou pas, me rappellent son passage très remarqué.
    L’odorat : je sens son odeur sur moi, son deo, l’odeur de son jus de jeune mâle.
    Je me branle : j’ai encore envie de lui, sa queue est une drogue dure, elle crée en moi une dépendance grandissante ; j’ai tellement envie de lui que je me sens capable, si seulement il avait encore son appart, de le supplier de me baiser encore, ce soir même.
    Faute de quoi je me branle avant de descendre diner.
    Lorsque je reviens à moi, lorsque je retrouve le courage de sortir de ce lit de tous les plaisirs, je passe à la douche. Je me douche longuement, car j’ai l’impression de toujours sentir l’odeur de son jus de mec, l'odeur de sa puissance virile, l'odeur de sa bogossitude, l'odeur de son plaisir, de mon plaisir.
    Pendant que je me douche, je suis saisi par une très agréable sensation, une enivrante sensation : j’ai le sentiment que ma relation avec Jérém a fait un grand bond aujourd’hui. Et ce, grâce à Jérém, pas son initiative.
    J’avais redouté un plan dominant-dominé, une baise qui serait certainement intense mais qui n’apportait rien de plus à notre relation. En essayant d’imaginer son kif, je m’étais attendu à retrouver mon bobrun en mode pur baiseur, venant pour une saillie animale, brutale, incandescente.
    Pourtant, c’est bien autre chose qu’il m’a offert aujourd’hui ; puissant, animal, incandescent ça l’a été ; mais pas que : la douceur, la sensualité, la complicité des corps et des envies se sont invités à la fête, la rendant explosive, magique, révélant dans ses gestes et ses attitudes une puissance érotique naturelle, qui n’a besoin ni de brutalité ni de mots crus pour s’affirmer, comme une évidence.
    Pendant son kif, j’ai bien sûr senti très clairement l’ardeur du jeune mec qui cherche à prendre son pied, qui adore prendre son pied ; oui, j’ai senti le caractère, l’instinct mâle, de mon Jérém. Pourtant, aujourd’hui, dans la pénombre, sans même pouvoir le regarder, j’ai senti une sensualité « à la Thibault » ; un bémol dans son attitude « macho » qui, loin d’amoindrir sa virilité, la décuple carrément.
    Quand je pense à ce déluge de préliminaires, tellement en contraste avec la précipitation d’assouvir son envie de mec en d’autres occasions, je suis envahis de frissons géants ; quand je pense qu’il a eu envie de me lécher rondelle, j’ai chaud, j’ai les poils qui se hérissent ; quand je pense qu’il a trouvé le moyen de me faire l’amour et la baise torride en même temps, mon cœur s’emballe ; quand je pense que, après avoir joui, il m’a pris dans ses bras, il m’a serré contre lui, de son propre chef : là, je me dis que de plus en plus, il semble se dessiner un nouveau Jérém, fait de puissance masculine et d’une sensualité inédite ; un jouisseur, un dominant, un mec sexuellement très actif, certes ; mais aussi, un mec avec une sensibilité qui a enfin trouvé le moyen de faire surface.
    Est-ce que, comme je l’avais subodoré, la pénombre, l’absence de contact visuel, le silence, ont été mes alliés ? Est-ce que tout cela a pu agir sur mon bobrun, en libérant des gestes et des attitudes qui n’osent pas se montrer en plein jour ? Ce plan, ce kif, était-il à la base pour Jérém un pur kif sexuel, ou bien un moyen déguisé pour essayer de se laisser aller, d’être plus à l’aise ?
    Pensait-il à cela, en imaginant et en me proposant son kif ? Savait-il d’avance jusqu’où il irait, ou bien, happé par la situation, ses gestes et ses attitudes dans la pénombre ont dépassé ses intentions ?
    Oui, j’aimerais vraiment être dans la tête de Jérém, ou bien entendre son ressenti par ses mots, mais je sais que je dois me contenter de ses gestes, de ses attitudes ; et franchement, ses gestes et ses attitudes, aujourd’hui, ils m’ont comblé.
    Ah, le Noir, le Noir, cousin germain de Ténèbres, ennemi juré de Lumière. Pourtant, après cet après-midi où j’ai fait à la fois l’amour et la baise avec mon bobrun j’ai vraiment l’impression que, parfois, dans le noir on voit plus clair qu’en plein jour.
    Vivement demain, que je puisse lui faire partager mon kif à moi.
    Plus encore que la veille, ce soir-là, je m’endors heureux et serein, confiant dans l’avenir de ma relation avec Jérém. Je me sens heureux, comme si le bonheur était enfin à portée de ma main et qu’il me suffisait de tendre un peu plus le bras pour le saisir.
    Je m’endors si optimiste, ce soir-là encore. Trop, optimiste.
    Car dans une semaine à peine, tout cela sera bel et bien fini.

    Merci FanB, pour ton soutien de tous les jours et pour aide précieuse dans le développement de cette histoire.
    Merci à tous ceux qui suivent cette histoire, et spécialement à ceux qui laissent des commentaires, votre présence fait un bien fou.
    Merci à ceux qui, de par leur générosité, me permettent de dégager un peu de temps pour écrire.
    C’est grâce à vous tous que cette histoire avance et que, malgré la fatigue, les difficultés et parfois les doutes, elle ne s’arrêtera pas en chemin.


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