• Et lorsque sa silhouette déboule dans la rue, lancée à bonne allure, le pas assuré, la sensation est toujours la même… putain, qu’est ce qu’il est bien gaulé, qu’est ce qu’il est charmant et séduisant, comment tout transpire la gentillesse et la droiture chez lui…

    T-shirt vert scandaleusement ajusté à son torse tout en muscles… avec un bord blanc autour de ces manchettes si bien remplies, ainsi qu’autour de son cou puissant… ce t-shirt est un truc de ouf… mais comment peut-on être aussi bien foutu… et si sexy… avec un simple t-shirt, un jeans, et des baskets ? Secret de bogoss…

    « Thibaut ! » je l’interpelle en traversant la rue, alors qu’il ne m’avait pas encore capté.

     

    Après cette folle nuit pour fêter le bac, nuit ayant fait escale aussi bien dans les boites toulousaines classiques, la Bodega, le KL... que dans d'autres un peu plus originales, comme la célèbre boite à pd, le On Off… après cette nuit peuplée de beaux mâles... mon Jérém, notre pote Thibault, le très classe et bien lubrique Martin, le beau barbu Romain... cette nuit de rencontres, de révélations volontaires ou involontaires, de folies sexuelles en tout genre... oui, après cette longue, incroyable nuit terminée rue de la Colombette en faisant l'amour avec mon beau couillu ; après le réveil dans un lit déserté par son propriétaire, parti avant mon réveil ; après un déjeuner pris en essayant d'esquiver les questions de ma mère sur le fait que j'avais découché ; après tout cela, poussé par un nombre très insuffisant d'heures de sommeil, voilà que ma seule aspiration, mon seul projet, mon seul but, mon seul kif pour l'après midi était...

    …la sieste...

    Evidemment, en fermant les yeux et en me laissant glisser dans les bras de Morphée, j'étais loin de me douter que, pendant mon rattrapage de sommeil, mon subconscient m'apporterait un joli rêve érotique, le genre de rêve qui fait que, évidemment, les draps s'en souviennent...

    Ca m'apprendra à voler et garder sur moi un t-shirt marqué par l’empreinte olfactive de mon beau mâle... m'endormir en reniflant son odeur... cela rime très fort avec bonheur... mais aussi avec rêveur...

    Et le rêve a été tellement intense qu'en me réveillant, je l'ai d’abord cru réel... au point que pendant un instant mes yeux ont cherché dans le noir les deux protagonistes principaux… avant que ma conscience ne réalise que rien de ce que je venais de rêvasser, deux potes de rugby mélangeant leurs corps dans un plaisir intense, avant de venir en moi à tour de rôle, n'était réel.

    Pourtant, le rêve avait été si long, si détaillé... si réaliste...

    Evidemment, à bien regarder, certaines petites incohérences de scénario auraient du me mettre sur la piste...

    D’abord, cette trace de cambouis sur l'avant bras de Thibault, revenant sans cesse à mon attention.... bien sur, ce style de négligence n'est pas du tout le genre de Thibault... ensuite, le trouble de Jérém en arrivant à l'appart, son mutisme, son regard fuyant, tellement ressemblants à ceux que je lui avais connus lors du plan avec Romain… le même malaise, bien que pour des raisons à priori différentes... et encore… la cigarette fumée par le beau mécano... image très sexy mais pas du tout le genre de Thibault non plus... le premier rapprochement entre mâles, de leurs corps... déjà vu à l'identique, mais avec Romain en vrai dans le rôle onirique de Thibault... la façon de Jérém de se pencher sur la queue de Thibault.... imaginée à l'identique, encore en présence de Romain... la façon de Jérém de poser la main entre les pecs de son pote pour lui annoncer son intention de le prendre... là aussi comme un petit rappel d’épisodes précédents... et tout cela sans compter... l'absence de détails de l'anatomie de Thibault, une anatomie que je ne connais pas...

    Oui, quelque chose clochait dans cette « scène » depuis le début. Tout était si infiniment, insoutenablement, presque douloureusement beau… scène infiniment parfaite, fabuleuse, mais scène trop parfaite pour être honnête, pour être « vraie »…

    Un truc de fou, sauvage, puissant, torride, brûlant… et à la fois tendre, touchant... toute l’expression la plus absolue de l’érotisme le plus puissant, infini frisson de beauté, définition même de l’amour entre garçons… ainsi, la beauté de cette scène avait suffit à me faire ignorer tous les signes discordants et à seconder mon envie d'y croire...

    Dans les rêves tout est possible, et un rêve est toujours plausible pendant qu'on est dedans, même s’il n'est pas réaliste...d’autant plus lorsque le rêve est si agréable à vivre...

    Pendant que j'allais tout droit vers ma sieste, loin d'imaginer que j'allais rêver d’un bon gros fantasme de sexe entre deux beaux rugbymen, je pensais à mon beau brun... je pensais non seulement à sa nudité d'une beauté aveuglante... non seulement à sa virilité puissante dont le souvenir persistait dans ma tête, dans mon corps, dans le bien être que connaissaient l'une et l'autre après les multiples plaisirs récents, dans mon envie toujours brûlante, malgré de bonnes courbatures dans des régions sensibles... 

    Oui, en m'allongeant dans mon lit, je pensais à mon beau et vaillant Jérém, au moins aussi fatigué que moi, levé avant moi, obligé de jouer un match important, un match de demi finale de championnat...

    Bien sur, après qu'il m'ait parlé de cette façon si émouvante de sa passion pour le rugby, de ce que représentait pour lui ce sport autour duquel il s’était grandement construit, il aurait était logique et bienvenue que j'aille le voir jouer ce dimanche après midi, que j'aille assister à son triomphe dans cet avant dernier sas avant la finale de la semaine suivante...

    Pourtant, la fatigue a eu raison de moi… elle a eu raison de la tentation d’aller voir jouer mon Jérém, du plaisir de le mater évoluer sur un terrain de sport entouré de mecs l’admirant, le jalousant ou encore le redoutant… de le voir dévoré du regard par une foule de jeunes filles criant à tue tête et mouillant la culotte tout en pensant au fameux sketch de Bigard… le lâcher... d’adolescentes en rut… de le (sa)voir certainement aussi désiré en silence, mais pas moins intensément, par quelques jeunes garçons criant intérieurement et mouillant le boxer à chacun de ses exploits...

    Oui, cet après midi là, j'étais très fatigué... après, il faut que j'avoue aussi que... assister à un match de rugby en entier... c'est comme qui dirait... au dessus de mes forces... quand bien même ce match allait offrir l'attrait indéniable de la présence de mon beau brun, de son pote Thibault et de quelques autres joueurs plutôt agréables à regarder... pour moi un match de rugby est aussi intéressant qu'un programme nocturne d'Arte...

    Certes, le rugby a ses bons cotés... le coté « sportif », le coté « bon enfant », l’« esprit d'équipe », le coté « potes au jeu et dans la vie »... et encore... le coté « proximité, promiscuité entre bogoss grave bien gaulés que je mate en essayant de définir qui j'aimerais voir coucher avec qui et dans quel rôle... »… oups… je m’égare là...

    Pourtant, au delà de ces aspects fort appréciables mais peu en relation avec le sport lui même, voir des bogoss se ruer dans la boue, se jeter l'un sur l'autre comme des sacs de patates, pousser comme des bulldozers dans une mêlée en courant le claquage musculaire... aucun intérêt pour moi... si au moins je pouvais avoir accès aux vestiaires, aux douches… voilà qui saurait relever mon intérêt pour le rugby(man)…

    Car mon intérêt pour le rugby réside moins dans le jeu lui même que dans ses joueurs... surtout depuis que je couche avec un rugbyman... le plus beau de tous...  il commence devant la tenue adamique de mon beau brun et se termine devant de belles photos en noir et blanc sur les pages en papier glacé de la première édition du calendrier des Dieux du stade...

    Couché dans le noir, les membres engourdis par une fatigue qui me happe, je me dis que, dans le but de marquer des points aux yeux de mon beau couillu, je devrais quand même faire l'effort d'y aller... assister à ce match, m’offrirait des sujets de conversation pour la prochaine fois que je le verrai, pour pouvoir lui envoyer un sms complice le soir même, pour avoir quelque chose à partager, pour lui montrer que je ne suis pas qu’un pd qui ne s’intéresse pas aux « sports de mecs »… que je m’intéresse à ce qu’il fait, que je m’intéresse à quelque chose qui l’intéresse par-dessus tout... qu’on peut avoir quelque chose à partager à part nos sexualités…

    Pendant que le brouillard envahit peu à peu mon esprit et m'amène tout droit vers la sieste... je me répète une fois de plus les mots de mon beau brun faisant état d'un très bon classement de son équipe, et du fait que ce match avait plutôt l'air d'une formalité que d'un enjeu…

     

    Lorsque je reviens à moi, je suis tout sens dessus dessous, ce putain de rêve m'a bouleversé... mon cerveau est en état de chauffe... et mon torse a besoin d'être essuyé..

    J'ai besoin de me changer les idées... et quelle meilleure façon de me changer les idées que de passer un moment à déconner avec ma cousine préférée ?

    Elodie... ça fait un petit moment que je ne l'ai pas vue... un petit moment que je ne l'ai pas tenue au courant de mes exploits... j'ai tellement de trucs à lui raconter... ou pas... j'avoue qu'il s'est passé tellement de choses depuis une semaine, et surtout depuis 24 heures, que je ne saurais pas par ou commencer... et surtout où m'arrêter... quoi censurer pour ne pas m'attirer ses foudres... je sais qu'elle n'approuverait peut-être pas tous mes agissements... notamment le fait d’avoir cédé au caprice de Jérém à la sortie du KL... le fait de l'avoir suivi au On Off... ce plan à trois... le fait que je sois resté dormir...

    Mais peu importe. J’ai très envie de la voir. J’attrape on portable et je tapote quelques mots.

    Moi : Apéro fin aprèm en ville ?

    Sa réponse moins d’une minute plus tard.

    Elle : Tu vas pas le croire... j'allais justement t'écrire

    Elle et moi, on se capte, comprend, entend au quart de tour. Non, mieux que ça, c'est de la télépathie. On est des jumeaux séparés à la naissance.

    Moi : C'est magique...

    Elle : Non, c'est juste que j'ai envie de boire un coup

    Moi : Conasse !

    Elle : Pétasse, s’il te plait… gardons les politesses... 18 h aux Américains, en terrasse. Envie de Mojito.

    Moi : Ok, mdr

    Elle : Parfait, à tout

    Moi : A tout

    Je l'adore.

    En attendant l'apéro avec Elodie, je ne peux m’empêcher de revenir sur cette longue nuit marqué par la présence du beau Romain… elle remonte par flash à mon esprit... elle m’apporte mille et un questionnements… mais, au milieu de tous ces points d’interrogation qui s’élèvent de mon esprit comme des ballons de baudruche, la grande question qui monopolise mon attention est la suivante : que signifie donc le départ de Jérém avant mon réveil?

    S'est-il réveillé avec la gueule de bois en se disant : « Tiens il est encore là, lui ? C’est moi en plus qui lui ai demandé de rester… pourquoi j’ai fait ça ? Qu'est ce que je vais en faire, maintenant ? »…

    Et encore : que signifie le fait de ne pas m’avoir réveillé ? Etait-t-il réellement pressé ou avait-t-il juste besoin de m’éviter, de fuir une confrontation trop pénible au réveil, tout comme trop pénible avait du lui paraître le fait de me retrouver après tout ce qui s’est passé la nuit dernière ?

    Ou alors… est-ce qu'il faut au contraire y voir un geste mignon… me laisser dormir chez lui... me laisser squatter chez lui… je réalise que c’est la première fois que je me retrouve seul chez lui… est-ce que finalement il aime bien l'idée que je sois chez lui ?

    Je voudrais tant savoir dans quel état d’esprit est mon Jérém après cette folle nuit de tous les dangers… dans quel état est son ego de mec… comment est-il luné à mon égard… car une seule chose est sure... si son ego en est sorti malmené, c'est moi qui vais en faire les frais… soit ce qui s’est passé cette nuit va créer des liens forts entre nous… soit cette soirée va mette un point final ferme et définitif à nos câlins...

    Oui, nos câlins… nos gros câlins... lorsque je repense aux nouvelles envies de Jérém… ces envies frôlées pendant le plan avec Romain... je me demande si nos câlins vont désormais lui suffire… s’il ne cherche pas désormais un mec capable de lui faire découvrir justement « l’autre coté du plaisir »… un coté qu’il ne saurait pas envisager avec moi… celui qu’il voit comme son passif, et passif uniquement… bien sur… parfois… l’idée me traverse l’esprit… mais je sais que je n’oserais jamais lui proposer… trop peur qu’il refuse, trop peur de me ridiculiser… et s’il accepte… trop peur de ne pas être à la hauteur… de me ridiculiser… peur de le décevoir… il faut dire que, sans mauvais jeu de mots, dans ce domaine la barre a été mise très haute par mon Jérém...

    Et maintenant, il me faut en plus composer avec ce putain de rêve qui me hante... ce rêve qui du coup relance mes craintes au sujet de l'amitié entre Jérém et Thibault, de leur proximité, de leur promiscuité, de leur attirance... je repense à leur plan avec les deux pouffes... ils se sont vus nus... en train de baiser... est-ce que cela n'a pas pu leur donner des idées ?

    Comme dans mon rêve, Jérém serait en confiance avec Thibault, peut être plus en confiance qu’avec moi… car tous les deux, potes depuis toujours, se retrouveraient dans une relation sur un pied d’égalité, sans soumission/domination, une relation de réciprocité de rôles qui leur permettrait d'accéder à tout ce qu'il peuvent désirer dans une union entre mecs… Jérém pourrait ainsi découvrir avec Thibault des choses que je ne peux pas lui offrir…

    Et un instant plus tard je me trouve ridicule… je me dis que ce n'était qu'un rêve, si intense et mouillé soit-il... je relativise, j'essaie de penser à autre chose...

    Je ne peux m’empêcher pourtant de me sentir un peu coupable... coupable d'avoir rêvé non seulement de coucher avec mon beau brun, ce qui est par ailleurs image plutôt proche du bonheur absolu… mais aussi avec Thibault, le gentil Thibault... rêvé de l’entraîner dans un triangle amoureux qui ne serait peut-être bon pour personne…

    Heureusement l’heure du rendez vous avec ma cousine approche. Et ça… ça va m’aider à me changer les idées.

     

    Retrouver Elodie un dimanche après midi, équivaut sans faute à sauver un dimanche après midi, à le secouer de sa morosité persistante qui plombe cette dernière demi journée de week-end… oui, parfois il me semble que le dimanche après-midi m’ amène déjà des échos de lundi matin... il n'y a pas pire moment et plus angoissant qu'un dimanche après midi passé sans rien faire... si... il y a le générique de début, et surtout celui de fin, du film du dimanche soir... le film peut raconter ce qu'il veut... pour moi il raconte toujours la même chose... va te coucher, andouille, demain y a boulot...

    Bien sur, je suis en vacances, mais un dimanche vide reste un dimanche vide, ennuyeux... angoissant... surtout lorsque tant de choses et de questions sans réponse apparente trottent dans la tête, surtout quand une sieste trop longue vous a laissé engourdi, hébété...

    Aux Américains à coté de la Fnac Wilson, la terrasse est presque bondée en ce début de soirée ensoleillé qui sent bon les vacances qui approchent.

    Ma cousine est déjà là, lunettes de soleil de star, une couleur plus claire que d’habitude dans les cheveux... elle est presque blonde… comme toujours, simple et classe à la fois… avec ses énormes lunettes de marque, on dirait qu’elle se la joue pétasse… sciemment… pétasse assumée, pétasse avec humour... et avec humour, tout passe…

    Je la regarde textoter sur son portable… son pouce doit se déplacer à une vitesse approchant celle de la lumière… je la regarde faire et ça me donne presque le tournis…

    Elle est tellement prise par ses affaires que, au milieu du brouhaha et du va et vient incessant de clients et de serveurs, elle ne s'aperçoit même pas de mon arrivée.

    Je finis par signaler ma présence en me raclant bruyamment la gorge. Elle se décide enfin à lever la tête, mon image traverse ainsi ses verres noirs et ça fait tilt dans sa tête...

    « Mon cousin !!! » elle s'exclame avec un grand sourire.

    Elle pose illico son téléphone, se lève et vient me claquer deux bises bruyantes tout en me serrant très fort dans ses bras.

    « Ca fait plaisir de te voir… » elle me lance en retournant dare dare s'asseoir.

    « Moi aussi ma cousine, moi aussi… » je lui confirme sur un ton lourd de sens qui semble vouloir dire « si tu savais tout ce que j’ai à te raconter… ». Un « ton » qui n’échappe pas à la miss.

    « Oh oh oh oh oh... » fait-elle avec un air moqueur « tu m'as l'air d'un cousin qui a bien de choses à raconter à sa cousine...  tu ferais bien de commencer de suite... j'ai un rancard dans deux heures... ».

    « Tu m'a casé entre deux rancards ? » je feins de m’offusquer.

    « Oui, parfaitement... mais ce n'est pas le sujet... allez, accouche... ».

    « Tu vas m'engueuler... » je temporise.

    « Ok, pause... si je dois t’engueuler, on commande d'abord... avec un peu d'alcool dans le sang ça passera mieux... » et elle enchaîne, en gueulant joyeusement « serveur !!!! ».

    Lorsque le serveur approche, elle y va franco :

    « Deux Mojitos, s'il vous plait... ».

    « Mais... » je tente de m'imposer alors que le serveur est déjà reparti sans que je puisse lui faire savoir que j'ai plutôt une envie de bière blanche...

    « Tais toi, toi aussi t'as besoin d'alcool... » elle me coupe « je sens qu'il va te falloir du courage pour me balancer toutes tes bêtises... ».

    « T'es insupportable... » je rigole. Et encore, Elodie, tu ne te doutes même pas a quel point…

    « Oui, je sais... mais ce n'est toujours pas le sujet... » elle enchaîne « allez, crache le morceau... de toute façon, t'es plus à une engueulade près... ».

    « C'est pas faux... » je tergiverse.

    « Alors, tu es revenu dans le lit de ton beau serveur dès qu'il a claqué des doigts ? » elle balance en frappant plutôt juste.

    De toute façon je suis un livre ouvert pour Elodie. Autant l'assumer.

    « C'est plus compliqué que ça ma cousine... bien plus compliqué... » je tente de temporiser.

    « Tic tac, tic tac... la montre tourne... » fait-t-elle sur un ton pressant .

    Alors, contrairement à ce que je m'était promis, je lâche tout... un mot en appelle un autre, un fait en implique un autre, alors je ne peux rien taire… je lui raconte comment son t-shirt blanc moulant, son nouveau parfum et sa bise devant le restaurant boulevard de Strasbourg ont eu raison de toutes mes résolutions de ne plus rien lui concéder avant une mise au point, avant une bonne explication... comment devant son charme fou, j'ai été l'instigateur de cette pipe de dingue dans les chiottes de la Bodega (c’est là qu’elle a failli s'étouffer avec sa boisson)... de comment Jérém a fait le con au KL, de ma rencontre avec Martin, du sketch de Jérém à cause de Martin, de mon hésitation, de ma capitulation devant son chantage… du retour en 205, de sa jalousie qui me met en pétard et qui me pousse à lui balancer que j'ai couché avec Stéphane... je lui raconte la virée au On Off, ma façon de le suivre comme un sage toutou, son petit tour dans la back room avec les deux mecs… je lui parle de la rencontre avec Romain, de la drague avec Romain, du plan avec Romain, de sa baise avec Romain, de son « rien à foutre » avec Romain, de ma baise avec Romain, de la provocation de Romain, de l'affrontement avec Romain, de notre conversation après le départ précipité de Romain, de ses questions sur mes rencontres, de ses confidences sur sa famille, sur le rugby et sur Thibault… et, pour finir, de l'amour dans le noir...

    Et, en bonus, je lui parlerai aussi de la rencontre en tête à tête avec Thibault, quelques jours auparavant, de sa profonde tendresse vis à vis de Jérém... de mes questionnements intérieurs sur leurs relations... la seule chose que je ne lui raconterai pas, pour l'instant, ce sera ce putain de rêve de fou que je viens de faire cet après-midi là...

    Je balance tout d'une traite, et elle m'écoute sans un mot, en sirotant son Mojito, tout en rythmant ma narration, mes rebondissements avec un jeu d'expressions du visage dont elle seule a le secret. Sans qu'elle ne dise rien, je devine à son attitude un brin surjouée les passages qu’elle « approuve » et ceux qui lui font grincer les dents... je sais qu'elle fait la conne pour m'amuser... et je sais qu'au final, même si elle n’approuve pas tout, elle comprend et ne juge pas.

    Pendant ma tirade, j'avais remarqué quelque chose de bizarre... elle semblait utiliser les doigts de sa main droite comme pour énumérer quelque chose... et j'avais remarqué aussi qu'à chaque fois qu'un nouveau doigt était levé dans ce comptage dont j'ignorais le but, derrière ses lunettes noires, l’expression de son visage se faisait de plus en plus dépitée...

    Lorsque je m'arrête enfin, les cinq doigts de sa main droite son levés... elle vient de terminer son Mojito... elle me regarde fixement derrière ses grosses lunettes de soleil et elle ne dit rien... on dirait qu'elle est figée, médusée, pétrifiée par ce que je viens de lui raconter.

    « Tu ne dis rien ? » je l'interroge au bout de quelques secondes « je t'ai définitivement fermé le clapet ? Quel exploit... »

    « Je crois... » elle commence et elle s'arrête aussitôt, elle fait sa star.

    « Oui.... » je la taquine.

    « Je crois qu'avant de parler... » recommence-t-elle.

    « Allez... » je m'impatiente.

    « Je pense qu'avant de parler, j'ai d'abord j'ai besoin d'un deuxième Mojito... » finit-elle par lâcher sur un ton faussement dramatique. Son air dépité, bien que sur joué, est drolissime.

    Je suis pété de rire. Et elle ajoute :

    « Oui, j'ai besoin d'un autre Mojito... le Mojito, c'est une dose de pur bonheur coulé dans un verre... ».

    « Allez... fais pas ta pétasse... engueule-moi... » je la relance.

    « Non, d'abord une autre dose d'alcool... serveur... s'il vous plait... ».

    Lorsque le serveur approche, elle joue la comédie façon diva.

    « Vous n'auriez pas... euh... voyons... de l'absinthe ? Ou de l'alcool à brûler ? Ou un flingue ? ».

    « Pardon ? » fait le serveur, pressé et un peu agacé.

    « Naaan, je déconne... la même chose, s’il vous plait… mais avec plus de rhum, s'il vous plait... et pour lui... ».

    « Un coca ! » je m'impose.

    « Un coca, un coca... » elle se moque.

    « Oui, un coca ! » je confirme.

    « Je vais faire pipi ! » elle m'annonce alors qu'elle est déjà en train de se lever.

    Pendant les quelques minutes de son absence, je me demande si je ne lui ai pas rencontré trop de choses... je commence à redouter un peu ce qu'elle est capable de me balancer.

    Elle revient au même temps que le serveur avec les nouvelles boissons.

    Je commence à tirer sur ma paille, en silence. J'attends. Elle commence à siroter son deuxième Mojito. Elle n'a toujours pas proféré un mot depuis qu'elle est revenue des toilettes.

    Je sais qu'elle me fait mijoter avant de me balancer des trucs bien à elle... elle soigne son entrée en scène... alors, pour précipiter le démarrage du spectacle, je la fixe avec un sourire appuyé. C'est là qu'elle lâche sa paille, qu'elle soulève légèrement son verre avant de le poser à nouveau, bruyamment sur la petite table métallique, avant de s'exclamer soudainement :

    « CINQ !!! ».

    « Quoi ? » j'interroge, pris au dépourvu.

    « Cinq ! Sans blagues... » enchaîne-t-elle, sans me calculer, sur le même ton affolé « je ne savais même pas que c'était possible ! ».

    « Quoi donc ? » je feins à nouveau de m'étonner alors que je viens soudainement de réaliser à quoi tenait son décompte.

    C'est en s'aidant à nouveau avec ses doigts qu'elle énumère lentement :

    « Une mise en bouche dans les chiottes de la Bodega... une première dégustation pour ce Romain... une sodo... euh... partagée... une autre pipe en terrasse pour bien finir la soirée... et ce feu d'artifice en t'arrachant du sommeil au petit matin... cinq fois... quoi... ».

    « C'est ça, cinq... » j'assume, tout en rigolant comme un bossu « c’est grave ? ».

    « Moque toi, cousin... » fait-elle, victimiste, juste avant d’enchaîner sur le même ton « je n'ai jamais rencontré un mec capable de ça... cinq fois en une nuit... ».

    « Tu déconnes... » je la charrie tout en me rendant bien compte de l’exploit de mon bel étalon.

    « Naaaan... je t'assure... max 3 fois et puis on nettoie et on range le matos... ».

    « C'est vrai qu'il était en forme le petit con... » je confirme.

    « Plus qu'en forme, oui... » elle commente « je ne sais pas à quoi il carbure, mais à mon avis aujourd’hui il a passé sa journée à roupiller... ».

    « Même pas… cet après midi ils avaient match... » je précise.

    « En plus... » considère ma cousine « il est vraiment incroyable ce mec... ».

    « C'est tout ce que tu as à me dire par rapport à tout ce que je viens de te raconter ? » je la provoque.

    « Ouais... » fait-elle avec une tout petite voix.

    « Tu me fais marcher... » je la taquine.

    « Bah... non... » elle insiste.

    « Si, tu me fais marcher... » j'insiste.

    « Ok… comment te dire... mon cousin... euh... euh... eh bien... les mots m'en manquent... CINQ !!! Mais tu lui fais quoi à ce mec ? CINQ !!! Je t'oublie pendant une poignée de jours et tu te lâches... tu te lâches grave... naaaan... mais... t'es fou.... t'es un grand malade de raconter tout ça à ta pauvre cousine au cœur fragile et surtout à la vie sexuelle désertique en ce moment... ».

    « Arrête un peu, tu vas me faire chialer... » je lui balance « …tsssss… ça a connu plus de saucisses qu’un barbecue et ça se dit fille en manque… ».

    « Tu peux bien parler… toi, le boulimique de la queue… » elle renvoie du tac-au-tac.

    « Tu vas pas me dire que tu n'as pas tiré ton coup ce week-end... et si c'est pas encore fait ça va être réglé avec ton rencard de tout à l'heure... ».

    « Si, j'ai eu un tir de rappel vendredi soir... mais c'était un coup vite fait et niveau bogosse, le mec n'arrivait pas à la cheville de ton étalon habituel, ni de ce... Romain... que, si j'en crois ta description, était non seulement un sacré spécimen, mais un autre sacré bon coup...

    Je me contente de sourire, tout en redoutant le moment ou ça va basculer en mode plus « posé »...

    « Tu t'éclates mon cousin... » fait-elle en redevenant soudainement un peu plus sérieuse (mince, elle va déjà me faire la morale) «  mais il me semble que ce n'est pas des baises à deux, à trois, à 27 que tu attends de ton beau brun... ».

    « je ne sais pas… je crois que je viens de réaliser que si je veux avancer avec mon beau couillu, je dois être patient… » je rétorque du tac au tac ; comme je m'attendais à cette considération de sa part, j'avais travaillé les arguments à opposer « je sais qu’il n'est toujours pas prêt à assumer notre relation... alors, ma priorité c’est de ne pas le perdre… alors, dans l’immédiat je suis prêt à accepter de lui juste ce dont il a envie, quand il en a envie, comme il en a envie... et au milieu de nos baises... apprécier parfois un moment de tendresse et de partage comme ce matin... déjà le fait de savoir qu’il en est capable, c’est une belle victoire… ».

    « Tu penses vraiment que tout lui passer va servir à vous rapprocher ? » elle rétorque.

    « Oui. » je réponds avec assurance.

    « T'es vraiment prêt à tout lui céder ? » elle insiste.

    « Oui. ». Toujours avec aplomb et sans regret.

    « Vraiment tout ? Sans limites ? » elle me pique.

    « Oui, je pense... » je ne me laisse pas démonter.

    « Tu lui donnes de belles habitudes... » elle commente.

    « J'adore l'idée d'être sexuellement à sa complète disposition... » je concède.

    « Ca je peux comprendre... mais tu aspires aussi à autre chose... alors, où est-ce que ça va t'amener tout ça ? ».

    Elle est chiante... mais j'ai encore des arguments.

    « Bah... disons que « tout ça» nous a déjà amené quelque chose d'important... » je tente d'expliquer, avant qu’elle me coupe :

    « Comme par exemple à entrevoir entre ses mots et au fil de ses contradictions quelque chose qui ressemble à de la jalousie à ton égard... une jalousie super mal placée... culottée... limite hypocrite... mais bien présente... ».

    « Ce qui me laisse imaginer que peut-être il tient un peu à moi... » je la coupe à mon tour « et pas seulement parce que je le fais jouir comme un dingue... ».

    « Ouais, tu marques un point, là... cousin... » elle concède.

    « Tout ça » je continue « nous a amené aussi à avoir notre première véritable conversation... « tout ça » a amené Jérém à s'ouvrir un peu à moi, à me laisser entrevoir ses fêlures... ».

    « Là non plus tu n’as peut être pas complètement tort, mon cousin... et quand tu mets tout ça ensemble... la fuite de sa famille, son besoin d'appartenir à un groupe, d'avoir des potes, de se sentir admiré… son amitié avec Thibault... je pense que si tu regardes bien, mon petit Nico, pour la première fois tu as en main une clé, encore imparfaite et incomplète, mais un début de clé pour percer le mystère Jérémie T.… évidemment, je pense que le chemin sera encore très long avant que tu aies en main toute la notice et le mode d'emploi de ton bel étalon, mais c'est un bon début... je pense que cette nuit a marqué un tournant dans votre histoire... ».

    « J’ai l’impression aussi… ».

    Et elle continue : « Du coup, ça va vraiment être intéressant, par la suite, la façon dont tu vas te « servir » des cartes que tu as désormais en main pour commencer à décrypter sa façon d'agir... cette nuit risque de changer pas mal de choses entre vous... oui, « tout ça » peut décanter pas mal de choses... ».

    « Tout ça... » je complète « nous a aussi amené tout droit a ce dernier gros câlin dans le noir... très doux, très sensuel… ».

    « Un câlin qui ressemblait plutôt à « faire l'amour » que « baiser »... » elle commente.

    « Oui, c’est exactement ça… » je confirme.

    « Je pense que tout ça a été déclenché par le fait qu'il s'est senti en danger... » elle continue « il a compris qu'il pouvait te perdre... et ça l'a mis en pétard et ça l’a remué... alors, plutôt que d'assumer sa jalousie, il a du chercher une façon de sortir la tête haute... une façon de te rendre plus jaloux encore... ».

    « Tu crois que c'est pour ça qu'il a voulu aller à l'On Off ? ».

    « Je n'en sais rien, mon cousin... possible... à mon avis, s’il a voulu aller dans une boite gay, ça peut être pour plusieurs raisons... se faire mater, exercer son pouvoir de séduction sur un public différent de celui habituel... il avait peut-être envie de voir si d'autres mecs lui faisaient l'effet que toi tu lui fais... se prouver... je ne sais pas trop quoi... tu sais, la plupart des mecs on tout le temps besoin de se prouver quelque chose... ou peut-être qu'il voulait juste te faire chier, pour se venger du fait que tu lui ais tenu tête, que tu lui ais ôté l'illusion d'être sa chose exclusive... ».

    « Ca doit être ça, oui... » je réfléchis à haute voix.

    « Ou alors... » continue-t-elle « Jérém est tout simplement un garçon de 19 ans en train de perdre tous ses repères… et lorsqu’un mec est en perte de repères, c’est souvent dans la confrontation et dans le défi qu’il cherche à se raccrocher… ».

    « Et le beau Romain s'est trouvé sur sa route, au bon endroit, au bon moment... » je commente « quand je pense que Jérém m’a entraîné dans un plan de dingue avec le premier venu... ».

    « Au fait... » elle relance avec une moue dubitative « je ne suis pas sûre que ce mec était vraiment le « premier venu », comme tu le dis... je ne sais pas s'il s'est incrusté dans votre soirée par hasard… à mon avis, ce mec a déclenché quelque chose chez ton bobrun… alors, je crois plutôt que ce mec a été quelque part « choisi » par ton Jérémie, consciemment ou pas… choisi pour ce qu’il représentait, un séducteur, un chasseur, un mec avec auquel se confronter… un mec plus âgé que lui, expérimenté… et non pas un minet transi… un nouveau challenge pour sa capacité de séduction… » .

    Je réfléchis. Je sirote nerveusement mon coca. Je ne sais pas trop quoi rétorquer. Profitant de mon silence, elle enchaîne :

    « Et tu t'es senti comment devant les ébats de ton beau brun avec ce mec ? Je veux dire... tu y a pris part à plusieurs reprises, si j’ai bien suivi... mais quand tu les regardais juste faire... pas trop frustré ? Excité ??? ».

    « Abasourdi… je dirais… » j'avoue « j'étais partagé entre une excitation de dingue devant cette scène de sexe entre deux bogoss... et voir mon mec en train de prendre son pied avec un autre... c’est juste… comment dire… hummmmm... ».

    « Je te l'avais dit... » elle me coupe « ça fait partie des bons gros fantasmes... un fantasme un peu risqué quand on est amoureux, mais un très bon fantasme... ».

    « Mais à coté de ça… et par moments j’ai également ressenti un sentiment d’humiliation… ».

    « Humiliation ? » elle s'étonne.

    « Oui... l'humiliation de m’avoir fait venir pour assister à ça… alors que ce connard de mec connaît très bien mes sentiments pour lui... je trouvais ça méchant... ».

    « T'es incroyable, cousin... mais tu t'attendais à quoi en acceptant de prendre partie à ce plan à trois ? ».

    « J'en sais rien... j'avoue que je n'y ai pas trop pensé sur le moment... ce qui comptait à mes yeux c'est de ne pas rentrer en sachant que mon Jérém allait coucher avec ce gars… j’aurais trouvé ça insupportable... ».

    « Alors tout va bien… » elle simplifie « il ne t’a pas laissé sur le carreau… ça aurait été pire s’il t’avait dit « tchao » en rentrant avec le barbu… ».

    « C’est vrai… mais.. le fait est… » je tente d’expliquer «  que tout ça a été tellement rapide… inattendu… déstabilisant… étrange… ».

    « Je comprends... » elle me rassure « mais en même temps… le comportement de Jérémie, dérouté par l'effet « Romain », ne pouvait être qu’"impulsif"… à mon sens tout devait se passer dans l’instinct, la pulsion, le coup de tête... en plus tu étais là... ça devait être un sacré bordel dans sa tête... même si au même temps s’il t’a invité à te joindre à eux, c’est pour se rassurer… ».

    « Je suis inquiet, Elodie... » j'enchaîne sans transition.

    « Pourquoi, inquiet ? » elle s'étonne à nouveau.

    « Justement à cause de ce que tu appelles « l'effet Romain... »… du fait que si mon beau brun s'est découvert un penchant pour se frotter à des bogoss aussi virils que ce Romain… un jour il aura envie de recommencer… et, avec sa gueule et son physique, il n’aura aucun mal à le faire… à le faire sans moi... et sans moi à le perturber… aller au fond de ses fantasmes... je suis inquiet que cette envie puisse le prendre, que cela puisse le perdre… ».

    « Je vois, je vois… » fait ma cousine.

    « Sur le moment, j’ai trouvé ce plan excitant » je continue « mais à posteriori, plus j’y pense, plus je suis quand même jaloux… oui, j'ai aussi ressenti de la jalousie en voyant ce gars profiter de mon Jérém…».  

    « C’est normal que tu sois inquiet et jaloux… tu es amoureux mon cousin… ».

    « Je suis aussi inquiet de savoir comment tout ça va changer notre relation demain, dans une semaine… comment Jérém va vivre ça dans sa tête… je me demande dans quel état d’esprit il est là, à l’heure qu’on parle... en ce moment il doit être en train de fêter la victoire avec ses potes… mais je me demande quand est-ce que je vais le revoir... et dans quelle disposition il va être envers moi... ».

    « Tu te prends trop le chou, Nico... » se lâche Elodie « laisse le mijoter un peu... ne le saoule pas trop avec tes états d'âme et tes questionnements... et quand il ne se l'attendra pas, balance lui une proposition de sexe à brûle pourpoint comme hier soir à la Bodega... il a aimé ça, non ? Rends-toi sexuellement indispensable, mais pas chiant... ».

    « Je me demande s’il a déjà couché avec d’autres mecs… sans moi... » je divague.

    Ma cousine est en train de tirer sur sa paille, alors j'en profite pour aller plus loin :

    « Est-ce qu’il a déjà fait ça avec un pote ? Tiens... pourquoi pas... avec... avec Thibault... ».

    « Tu délires mon cousin, tu délires... tu prend ton cas pour des généralités et tes rêves pour des réalités... » elle plaisante.

    « Ils sont tellement proches ces deux là... » je continue sans tenir compte de sa remarque « lorsqu'il parle de son Jéjé... Thibault a un regard si particulier... un regard de mec... ».

    « Amoureux ? » elle me coupe, moqueuse.

    « Je ne sais pas... quand je pense à ses mots... à sa gentillesse... à son affection pour Jérém... j'ai l'impression qu'il tient à lui plus qu'à quiconque... et Jérém c'est pareil... son pote Thibault, c'est sacré, il l'adore... et puis... Thibault sait tout de moi et Jérém... il avait déjà deviné avant, mais depuis qu'on en a parlé, ça doit tourner dans sa tête... je me demande si dans certains de ses regards... comme lorsqu'il nous voit partir de boite rien que tous les deux... je me demande s'il n'y a pas de la jalousie... ».

    Et j’essaie d’étayer mes crainte en lui racontant de comment Thibault a débarqué dans les chiottes de la Bodega juste après le départ de Jérém pendant que je me lavais les mains, de comment son regard m’avait semblé frustré, affecté.

    « Thibault jaloux ? » elle relance « Tu veux dire... jaloux que tu couches avec son pote ? Et, dans ce cas... jaloux de qui ? De Jérém ? De toi ? Ou alors tous simplement jaloux que tu lui piques son pote, que tu l'éloignes de ce fait un peu de lui... jaloux ou juste frustré du fait qu'à cause de toi ils passent moins de temps ensemble et qu'ils partagent moins de choses ? ».

    « Je ne sais pas trop... je ne sais plus trop quoi penser... » j'admets, juste avant de me laisser échapper « j'ai même rêvé qu'ils couchaient ensemble... ».

    « Qui... Jérémie et Thibault ? »

    « Ouais... tout à l'heure à la sieste... Jérém et Thibault couchaient ensemble... et à la fin, ils s'occupaient tous les deux de moi à tour de rôle... ».

    « Elle n'est pas belle la vie ? » elle se moque.

    « Tu rigoles... je ne m'en suis toujours pas remis... c'était si réel, si bon !!! » j'admets , rêveur.

    « T'es dingue mon cousin... » elle commente.

    « Je ne veux pas me brouiller avec Thibault... » je continue « je l'aime vraiment bien ce gars et je ne veux pas le blesser... Thibault est un garçon tellement gentil et adorable... pas envie de m'interposer dans leur amitié, je ne veux surtout pas les éloigner... Thibault le vivrait très mal... mais Jérém ne me le pardonnerait pas... je veux être ami avec Thibault... mais comment être pote avec lui s'il en pince lui aussi pour le gars que j'aime ? D’un coté je pense que je trouverais ça presque naturel que ces deux là se fassent du bien… beau… magique… comme dans mon rêve… mais je pense qu’au final je serais pire que jaloux de les savoir l’un dans les bras de l’autre… je serais jaloux car leur longue complicité pourrait donner envie à Jérém à s’abandonner à des gestes tendres avec Thibault, des gestes qu’il a du mal à assumer avec moi… ».

    « Mon cousin, je pense que tu fais fausse route au sujet de Thibault... ».

    « Tu crois ? ».

    « Jérémy et Thibault, ce sont deux potes inséparables, amis d'enfance, coéquipiers au rugby... depuis toujours, leur relation est fusionnelle... j'ai envie de dire que Jérém et Thibault... c’est un lot... ».

    « J'adore l'image, « Jérém et Thibault, c'est un lot... » je note... » je plaisante. Ma cousine a vraiment le sens de la formule.

    C’est sur cette bonne note qu’on se quittera ce soir là.

    « Bon, allez... mon cousin... » elle enchaîne sans transition « c'est pas tout, mais je suis attendue... ne te prends pas trop la tête avec tout ça... prends les choses comme elles viennent... mais essaie de te protéger... ».

    « Facile à dire... »

    « C’est pour ça que je préfère donner des conseils que les suivre… » elle se marre.

    « Ca m'a fait du bien de discuter avec toi, comme toujours… » je tente de la remercier.

    « Pas à moi... vos exploits entre mecs m'ont sapé le moral… » elle recommence.

    Je rigole. Elle aussi. On se prend dans les bras l'un de l'autre et on se serre très fort.

    « Il faut qu’on trouve un soir pour aller voir un film qui est sorti il y a déjà quelques temps mais qui a l’air super bien… ».

    « A savoir ? ».

    « Moulin Rouge, tu vois ? ».

    « Ah, oui, j’en ai entendu parler… ».

    « Avec la grande Nicole… ».

    « Et surtout le charmant Ewan… ».

    « Tu perds jamais le nord, mon cousin… ».

    « C’est une comédie musicale, non ? ».

    « Genre, mais ça a l’air complètement déjanté… je pense que je vais adorer… ».

    « On se fera ça, promis… ».

    Je l'accompagne jusqu'à l'entrée du Métro Capitole et je rentre chez moi un brin rassuré par cette conversation avec ma cousine.

    Il est 20 heures, je me dis que le match doit être terminé depuis longtemps... que les bogoss doivent être à la troisième mi temps... je suis heureux de savoir que mon Jérém s'éclate au rugby... franchement, j'aurais du faire l'effort d'aller le voir jouer... malgré la fatigue... lui il a bien joué, malgré la fatigue... je suis impardonnable...

    Alors, pour essayer de rattraper un peu le coup en lui montrant que je m'intéresse quand même un peu à sa passion, je trouve bien de lui envoyer un sms pour lui demander comment ça s'est passé.

    Ainsi, après maintes écritures et corrections, je finirai par lui envoyer :

    #Pas trop dur le match ? Quel score ?#

     

    A la maison, tout est prêt pour dîner. C'est quand même bien la vie d'étudiant en vacances... On mange, on sort, on baise, on dors, on mange, on sort, on est amoureux, on dort... il faut en profiter, car la vie ne sera pas toujours aussi simple et belle...

    « Elle racontait quoi Elodie ? » me demande ma mère en plein dîner.

    Une question simple, appelle des réponses claires.

    « Qu'elle baise chaque week-end avec au moins deux gars différents », « qu’elle a été impressionné par ma vie sexuelle avec mon bel étalon », « Qu'il faut pas que je m'inquiète pour le meilleur pote du mec avec qui je couche, car il ne me le piquera pas… ».

    Des réponses qui ne franchiront par la barrière de mes pensées et qui seront remplacées par des banalités, style nos projets de sorties cinéma, une imaginaire conversation « prise de tête » au sujet d'un mec qu'elle aurait rencontré… bref, je deviens bon, voire très bon, dans l'art de l'esquive.

    Le dîner terminé, j’aide maman à débarrasser ; je monte ensuite dans ma chambre et je commence à zapper. Et c’est là que je tombe avec bonheur sur le générique de début d’un grand classique… du pur bonheur…

    La première fois que j'ai vu ce film à la télé, j’étais très jeune, mais déjà je trouvais que cette musique avait une dimension sensuelle... et je ne parle pas des paroles ou des gestes du protagoniste masculin...

    aujourd'hui encore, ce générique me fait l'effet d'une petite ivresse...

    Ca démarre avec des accords de guitare lents, voluptueux comme une excitation qui déferle par grandes rafales... les cordes  prennent le relais peu après, pétillantes, nouveau plaisir, plaisir intense... la voix arrive et se mélange avec la musique dans une étreinte puissante... elles ondulent ensemble sur une répétition mélodique incessante, inlassable, comme des corps enlacés dans l'amour... le rythme est puissant, chaque coup de batterie est un pur plaisir, un plaisir un peu plus agréable que le précédent, comme une ivresse des sens qui monte… cette musique est pour les oreilles comme une rafale de vent frais, inattendue, sur la peau... une sensation qui nous fait sentir vivants et qui, pendant un instant, nous secoue de nos soucis, nous fait sentir libres, comme en nous annonçant que tout est à notre portée... sans même parler du texte, où il est question d'un amour qui a raison de tout...

    Le générique défile, le film commence... les années 50... l'insouciance dorée des étudiants américains... les blousons en cuir portés sur de simples t-shirts blancs... Danny avec ses potes... Sandy avec ses copines... les chanson s'égrainent... les scènes et les tableaux se succèdent, entre rythmes entêtants et tableaux de danse à couper le souffle... Summer night... Hoplessy devoted to you... ****** lighting... You are the one... Oh Sandy... autant d’hymnes à la jeunesse et à la beauté, à la passion, au bonheur de cet âge où les plus grands malheurs sont les peines de coeur... comment ne pas se laisser transporter...

    Ainsi, sans que j'ai vu le temps passer... « Love is a many splendored thing » enchaîne déjà avec le générique de fin... le même que celui du début, écrit par Barry Gibb... ah, si les Bee Gees n'avaient pas existé.... quelle tristesse...

    Ce film, cette musique... du pur bonheur à jamais gravé sur vinyle et imprimé sur pellicule... aussi bon que du ABBA pour filer la pêche...

    J'avais 12 ans la première fois que j'ai vu ces images et entendu cette musique, la première fois que j'ai vu Grease à la télé... c'était une sensation indéfinissable... mais au fond de moi, je savais déjà que ce seraient les Danny et non pas les Sandy qui attireraient mon attention plus tard...

    J'éteins la télé dès la fin du générique, j'ai envie de silence, envie de laisser résonner un peu plus longtemps en moi cette petite ivresse...

    J'attrape mon portable pour voir s'il n'y aurait pas une réponse de mon beau brun. On peut toujours rêver. Il y a bien un message, mais c'est Elodie me notifiant que son plan du dimanche soir a foiré et m'annonçant vouloir changer de sexe pour devenir pd et avoir une vie sexuelle épanouie.

    Je vais me coucher en pensant à mon beau brun... j'ai envie de le revoir, vite... j'ai envie de lui... mais ce soir j'ai surtout envie d'un bon câlin doux... de le serrer dans mes bras... même pas un gros câlin… juste être avec lui, m’endormir à ses cotés…

    Je me décide enfin à ranger son t-shirt dans l'armoire... et lorsque je me mets au lit, je sens la fatigue me happer à nouveau... j'ai fait une longue sieste mais j'ai tellement de sommeil en retard, que je sens que je ne vais pas tarder à plonger à nouveau... j'espère que le match s'est bien passé... il aurait quand même pu me répondre... j'ai envie de lui... juste le voir, juste voir son sourire...

     

    Je me réveille à 9 heures pétantes en ayant dormi comme un bébé. C'est beau d'être étudiant en vacances... je me douche, m'habille, je vais courir. Midi arrive... je rentre... je mets les pieds sous la table... c'est beau d'être étudiant en vacances... pourvu que j'aie de ses nouvelles avant ce soir... demain c'est le départ pour Londres... je suis tellement inquiet de ne pas le revoir avant mon départ que j’en arrive presque à trouver fastidieux de devoir partir… alors que je devrais être excité comme un poux, car je vais à mon premier concert de Madonna !

    Je voudrais bien le voir avant de partir, mais ça va être court...

    L'après midi je travaille un peu le code à la maison... je repense à Martin... ça va être simple de le revoir à l'autoécole et de prendre des cours de conduite après la drague de samedi soir et l'énorme lapin que je lui ai posé... quand je pense qu’il a du se la mettre sur l’oreille pour la fumer plus tard…

    De temps en temps, je regarde mon portable... toujours pas d’sms de Jérém.

    Je suis un peu déçu, de plus en plus déçu au fil des heures qui passent, mais ça c'est du Jérémie. Il peut très bien ignorer mes messages après m'avoir fait des câlins et m'avoir fait l'amour...

    Un message arrive enfin vers 16 heures... je me précipite dessus... ce n'est pas le message que j'attends, toujours ma cousine... putain... j'aime ses messages drôles, mais il faudrait qu'elle arrête de me faire des fausses joies...

    J'ai envie de le relancer, d'envoyer un autre message... mais je ne sais pas quoi écrire, tout me semble rélou venant de ma part... et n'ai pas envie qu'il se sente harcelé... je décide d'aller marcher le long du canal... j’adore marcher sur le canal… c’est apaisant, dépaysant… en marchant je me dis que cette nuit il a du faire la nouba jusqu’à tard avec ses potes… et qu’aujourd’hui il doit bosser à la brasserie… voilà pourquoi il n'a pas encore répondu à mon message...

    Enfin... il aurait quand même pu m’envoyer un petit coucou… ça prend dix secondes... bref... du Jérém... il faut que j’arrête de penser à lui… à Jérém en tenue de serveur, avec sa chemise blanche si sexy… il faut que j’arrête d’y penser car plus j’y pense, plus je sens que cette rue de Metz m'attire comme un aimant...

    Il ne faut surtout pas que je cède à la tentation… une fois ça va, en compagnie de Thibault, pour marquer le coup de son premier jour de taf, ça passe… mais si je me pointe seul... avec ma tête de mec en manque… ça ne va pas le faire...

    Je marche toujours… et pris dans mes pensées, je me surprends à roder dans les quartiers autour du Pont Neuf... je dérive… comme pris dans un courant marin imperceptible…  je tente de résister… de mettre de grandes brassées pour repartir vers le rivage… le quartier St Michel… mais rien n’y fait… je pars à la dérive… j'ai trop envie de le voir avant de m'envoler pour Londres…

    Je me dis qu'après tout, un petit coucou style mec qui passe vite faire un coucou sans s’arrêter, car il est pressé, ça pourrait passer... j’ai juste besoin de le voir… de voir son sourire... en dirigeant désormais mes pas vers la rue de Metz par le chemin le plus court et à bonne allure, je cherche quelque chose d'original et/ou marrant à lui balancer si jamais son sourire m’autorisait à m’arrêter une seconde… bien sur, je ne trouve rien de valable... l'important c'est de voir mon beau brun… pour le reste je vais improviser...

    Evidemment, plus j'approche, plus je me sens mal à l'aise... j'angoisse... je commence à me laisser gagner par l'idée que s'il ne m'a pas répondu, c'est qu'il fait la gueule...

    Lorsque je rentre dans la rue de Metz, mes pas ralentissent tout seuls... je m'arrête carrément, indécis si je dois continuer ou si je dois faire demi tour...

    Mon envie de le revoir aura raison de mes hésitations. Je me fais violence pour avancer, pour y aller d'une seule traite, sans ralentir. Et lorsque j'arrive à proximité du fameux abribus où la dernière fois je m'étais fait gauler par Thibault, je me poste pour guetter sa présence...

    Je reste plusieurs minutes... je vois défiler tous ses collègues... mais pas de Jérém... je me dis qu’il est peut-être à l'intérieur... je décide de prendre sur moi… je décide d'en avoir le cœur net.... et tant pis s’il me regarde de travers… rentrer dans une brasserie pour prendre un café et accessoirement chercher à voir le mec qu’on aime, n’est pas puni par la loi, que je sache…

    Je rentre donc à l'intérieur en essayant de dissimuler mon malaise coupable qui doit se lire sur ma personne, et je commande un café... pendant que le mec derrière le comptoir trafique à la machine expresso et que le parfum de torréfaction ravit mes narines, je laisse courir mon regard dans la salle… quelques clients… mais pas de trace de mon beau brun... mais il est où, alors ?

    Je n'aurai pas vraiment l’occasion de me poser trop longtemps la question, car une petite conversation captée entre le patron et l'un des serveurs, me donnera un début de réponse :

    « Julien... » fait le type derrière le comptoir en s’adressant à un charmant serveur qui vient de le rejoindre.

    « Oui, patron » lui répond le jeune serveur.

    « Tu peux faire l'après midi demain, exceptionnellement ? ».

    « Jérémie ne sera pas là ? ».

    « Non, apparemment il est en arrêt au moins jusqu'à jeudi ».

    « Qu'est ce qui lui arrive ? ».

    « Une blessure au rugby, un truc à l'épaule si j'ai bien compris… ».

    Mon café manque de partir en travers dans ma gorge. Merde… voilà pourquoi mon bobrun n'est pas au taf… soudainement je sens mon adrénaline monter en flèche, rapidement je suis dans un état de fébrilité intenable... j'en tremble...

    Jérém blessé... au rugby... lors du match contre Cugnaux... mais que s'est-t-il passé ? Est-ce que c’est grave ? Est ce qu'il pourra jouer dimanche prochain pour la finale ? Il doit avoir le moral dans les chaussettes, surtout s'il n'a pas pu terminer le match... il doit être chez lui… je vais aller le voir… je me lève… je me dirige vers l’entrée… j’entend quelqu’un qui m’appelle avec insistance « monsieur ! monsieur ! s’il vous plait »… bien sur, je n’ai pas réglé mon café… j’ouvre mon portefeuille, les mains tremblantes… je fais tomber les pièces…

    Je suis enfin dans la rue… aller le voir… est-ce vraiment une bonne idée ? S’il est en pétard… je vais être reçu… impossible de pas me dire que notre folle nuit n’y est pas pour quelque chose dans son accident… bien sur, un accident, est un accident… c’est la faute à pas de chance… mais si seulement il avait dormi un peu plus… il aurait peut être été plus en forme… et ça ne serait pas arrivé…

    C’est sur, je suis peut être la dernière personne qu’il a envie de voir… mais j’ai besoin d’en savoir plus… alors devant mon QCM à la Jean-Pierre Foucault :

    A – Il est blessé et c’est grave

    B – Il est blessé, c’est pas grave, il est en pétard

    C – Il est blessé, il m’en veut à mort

    D – Il est blessé, mais une visite lui ferait plaisir,

    je choisis le joker… coup de fil à un ami… enfin… puisque je ne suis pas loin… ce sera plutôt, visite surprise à un amis.

    Je traîne de rue en rue, en attendant 18 heures, je passe dans la rue Alsace Lorraine devant le magasin de portables… le beau Mathieu est là, en train de montrer un appareil à un mec qui n’est pas moche non plus… Mathieu, qui a couché avec Romain… Romain, qui a couché avec Jérém… Jérém, qui s’est fait mal au rugby… pourvu que ce ne soit pas grave…

    Je presse mon pas, car c’est l’heure de faire appel à mon joker… ma stratégie est toujours la même, l’attendre à la sortie de son taf près de la gare Matabiau. Et lorsque sa silhouette déboule dans la rue, lancée à bonne allure, le pas assuré, la sensation est toujours la même… putain, qu’est ce qu’il est bien gaulé, qu’est ce qu’il est charmant et séduisant, comment tout transpire la gentillesse et la droiture chez le beau et bon Thibault… un mec comme si beau ça donne envie de faire de la mécanique… 

    Thibault t-shirt vert scandaleusement ajusté à son torse tout en muscles… avec un bord blanc autour de ces manchettes si bien remplies, ainsi qu’autour de son cou puissant… ce t-shirt est un truc de ouf… mais comment peut-on être aussi bien foutu… et si sexy… avec un simple t-shirt, un jeans, et des baskets ? Secret de bogoss…

    Le pire chez les garçons comme Thibault, c’est qu’ils ne le font même pas exprès, il n’y a pas de « but » recherche, contrairement a un Jérém, au look soigneusement réfléchi… Thibault est juste beau, nature… et ça… putaiiiin…

    « Thibaut ! » je l’interpelle en traversant la rue, alors qu’il ne m’avait pas encore capté.

    Lorsque son regard se tourne vers moi, je me sens mis à nu. C’est dingue la puissance de son regard… il y a tant de beauté et de gentillesse dans ce regard… on a envie de lui faire un bisou…

    C’est ce qu’on fera… un échange de bises, bien viriles…

    Ce sera l’occasion de sentir une fois encore sa présence dans mon espace vital, bonheur indescriptible… de sentir un mélange d’odeurs dans lequel je crois pouvoir distinguer l’odeur de propre de son t-shirt… l’odeur du savon avec lequel il s’est lavé avant de débaucher… le tout mélangé avec une petite odeur de cambouis persistante… bref, une odeur de propre et de bon, une odeur de mec bosseur et bien dans ses baskets…

    La bise faite, mon regard tombe sur son avant-bras… évidemment qu’il est propre, pas comme dans ce putain de rêve... si tu savais Thibault... comment j'ai rêvé de toi et de ton pote hier après midi... stop Nico, arrête d'y penser, la trique te guette… il te faut garder tes moyens… déjà que en reculant je n’ai pas fait attention au bord du trottoir, et que la seule chose qui a failli me faire casser la gueule c’est la main de Thibault, aussitôt tendue, qui m’attrape par l’avant-bras… ainsi que ma main, s’élançant pas réflexe et s’agrippant, non sans bonheur, au biceps tendu du beau mécano… putain qu’est ce que c’est puissant ce biceps… le voir est une chose… le sentir, c’est une expérience à part entière…

    « Ca va Nico ? » il enchaîne avec un beau sourire qui me fait un peu oublier la gêne du fait d’avoir que j’ai failli me casser la gueule devant lui. Quand je dis qu’il est adorable…

    « Ca va, et toi ? » je relance.

    « Ouais ça va... » sera sa réponse. Pourtant, j’ai l’impression que son regard ne colle pas avec ses mots. Je remarque sur son visage, sur le nez, la joue et le front, les contusions typiques d'un match de rugby difficile.

    Je crains un peu la réponse à la question qui me brûle les lèvres, mais j’ai besoin de savoir. Alors j’y vais sans détours. 

    « Qu'est ce qui est arrivé à Jérém ? Il s'est blessé? ».

    « Tu l’as eu ? ».

    « Non… mais comme il ne répond pas à mes messages, tout à l’heure je suis passé à la brasserie... j’ai entendu un serveur en parler... ».

    « C’est l'épaule qui est touchée... ».

    « C'est grave ? »

    « Apparemment il n'y a rien de cassé, c’est douloureux car il a pris un sacré pet’... ».

    « Qu'est ce qui s’est passé ? ».

    « Le rugby est un sport dangereux » il plaisante.

    « J’imagine… ».

    « Le match a été très dur... » il reprend sur un ton plus sérieux  « au milieu de la deuxième mi temps, un joueur de Cugnaux l’a plaqué et Jéjé est mal tombé... ».

    « Toi aussi t'as pas l'air en forme... » je relance.

    « Le match a été dur... » il répète.

    « Et comment ça s'est fini, vous avez gagné ? » je m'inquiète.

    « Malheureusement... non… » soupire le beau mécano « malheureusement, non… ».


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  • Cliquez sur l'image pour découvrir le "générique de Jérém&Nico"... avec un spoiler à la fin...

     

    Bonjour à toutes et à tous ! Bienvenue sur le site Jérém&Nico

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les mains enlacent les torses, les corps se mélangent, les peaux rentrent en contact, se caressent, les bras attirent à soi, les bouches embrassent, se rencontrent...

    Deux bogoss en train de se peloter, torse nu, rien d’autre qu’un boxer sur la peau… deux bogoss toujours en train de lutter contre les barrière mentales qui les empêchent de donner libre cours à leurs envies, toutes leurs envies, de se faire du bien... des barrières qui semblent résister... des barrières qui commencent à vaciller... des barrières qui finissent par céder...

    Les boxers descendent petit à petit, les queues se découvrent, se touchent, se frôlent, se touchent encore... deux mecs... lèvres contre lèvres, pecs contre pecs, sexe contre sexe, tendus à l'extrême...

     

    Je vais vous faire le récit d'un drôle de samedi soir où rien ne n'est passé comme je l'aurais attendu.

     

    C'est à nouveau samedi. Et après une période sans nouvelles de Jérém, j'ai été surpris de recevoir ce matin un sms de mon beau brun, un de ses légendaires sms bourrés de fautes d'orthographe qui à mes yeux contiennent plus de poésie que du Baudelaire, m'invitant à le rejoindre ce soir à la Bodega. A LES rejoindre ce soir. Car d’après son sms, il y aura « des potes ». J’imagine que Thibault sera de la partie.

    Lorsque je rentre dans le pub, je l'aperçois immédiatement. Du premier regard. Une bière à la main, accoudé au comptoir à quelque pas du sas d’entrée, les épaules bien saillantes, t-shirt blanc moulant criant de sexytude, en pleine discussion animée, son sourire à tomber rayonnant autour de lui comme un lever de soleil, l’air très à l’aise… on ne voit que lui, je ne vois que lui… mon beau Jérém…

    Lui, ainsi que… je ne m’y suis pas trompé… lui, ainsi que son pote Thibault, t-shirt rouge, sexy à tomber, lui aussi une bière à la main, l’attitude davantage à l’écoute qu’à la parole, les yeux posés sur son meilleur pote, un regard doux et bienveillant, le genre de regard dans lequel on se sent bien, à l’aise, considéré, compris, valorisé, aimé…

    Lorsque je les rejoins, je remarque que l’avant bras de Thibault porte une trace de cambouis… je me dis que ça doit être le genre de tache tenace qui ne part qu’avec le temps et les lavages répétés… je ne me pose pas plus de questions, car mon attention est rapidement happée ailleurs… les deux coéquipiers sont en train de discuter et de rigoler avec deux autres mecs que je ne connais pas.

    Je m'approche d'eux et les présentations sont faites. C’est Thibault qui s’en charge. Je l’entends me présenter comme « un très très bon ami de Jéjé »…

    Ma première impression au sujet des deux inconnus, avait été : tiens, vu comment ils sont gaulés, ça ressemble à des rugbymen... et bingo, je ne m'y suis pas trompé, ils me sont présentés comme étant «  deux joueurs de l'équipe de Cugnaux »... à bah... c'est du propre, ça, tiens, les mecs... on pactise avec l'ennemi...

    Les présentations faites, leur conversation reprend de plus belle.

    Je mate mon Jérém, beau et sexy comme toujours, bon pour une gifle et une pipe, comme toujours… je mate Thibault, vraiment vraiment bogoss, craquant d’un charme découplé par la chaleur humaine et la force intérieure que son corps tout entier et son attitude laissent transpirer…

    Et je mate les deux inconnus, pas aussi beaux que mon beau brun et son meilleur pote, mais loin, très loin d'être moches... à croire que les bogoss c’est comme les couilles, ça marche par paire…

    Pourtant… au bout d'une poignée de secondes, j'en viens déjà à me demander ce que je fous là... le fait est que je ne sais pas trop comment m'intégrer dans cette bande de mecs, je me sens comme un poisson hors de l'eau... une poignée de minutes et j’en suis à me demander pourquoi Jérém m'a fait venir...

    Bien sur, j'apprécie le geste... m’inviter à passer une soirée avec lui et ses potes… mais putain... il faut reconnaître que je n'ai rien en commun avec ces gars et, par conséquent, rien à leur dire...

    Ce sera une fois encore à l'adorable Thibault de me tendre une main pour me tirer de mon malaise... une main... ou plutôt une bière... oui, sans que je lui demande quoi que ce soit, alors que Jérém n'a pas interrompu sa conversation avec les deux joueurs de Cugnaux, le beau mécano a commandé une bière pour moi, il l'a même réglée, et il me la tend avec un sourire qui me donne envie de lui sauter au cou et de l'embrasser... et à nouveau mon regard tombe sur cette trace de cambouis au dos de son avant bras… est ce qu’il s’agit d’un simple oubli, une trace qu’il n’aurait pas vue… mais mon esprit tout entier est captivé par son geste… vraiment, ce gars est adorable... c'est avec lui que je devrais coucher... c'est de lui que je devrais être amoureux... un gars en or, ce Thibault...

    Une bière à la main, il est de suite plus aisé de se donner un genre, même si on se sent aussi à l'aise qu'en débarquant sur Mars sans chauffage et sans oxygène... dans le vacarme fait de musique et de conversations mélangées, j'ai déjà du mal à capter leur conversation... et lorsque j'en capte des phrases, je me rends compte que ça tourne toujours autour du rugby... va relancer sur ce genre de sujet... jamais des bogoss ne parlent de la discographie récente de Madonna (Music) ou de Mylène Farmer (Innamoramento)... là je pourrais briller... mais en matière de rugby... je suis une bille… bien sur... si on parlait de ce putain de premier calendrier en noir et blanc qui a tant fait parler de lui...

    Bref, j'essaie de faire durer ma bière en l'avalant par toutes petites gorgées incessantes... car je sais qu’après, mon malaise sera à découvert…

    Je mate mon Jérém mais mon Jérém m'ignore complètement... pourquoi m'a-t-il fait venir, donc ? D'ailleurs... qu'est-ce qui m'oblige à rester ? La bière de Thibault… la gentillesse de Thibault… Mais quoi d’autre ?

    Heureusement, l'idée d'une partie au billard sera lancée... ce sera encore à l'initiative de Thibault... C'est ainsi que je me retrouve un samedi soir à la Bodega en train de mater quatre bogoss en train de jouer au billard.

    Les parties s'enchaînent, leur complicité, leur bonne humeur me détend... ils se tirent la bourre à tour de rôle... ils ont l'air de se connaître plutôt bien... leurs blagues me font rire, je trouve cette ambiance bon enfant plutôt sympathique...

    Les parties s'enchaînent... à un moment Thibault me propose de me laisser sa place… je refuse poliment… j’ai bien joué au billard quelque fois… mais pas envie de me ridiculiser devant ces mecs qui savent si bien manier leurs queues (ne cherchez pas le jeu de mots facile), pas envie de perdre mon peu de moyens à cause (et de me ridiculiser devant) mon Jérém…

    Oui, les parties s’enchaînent… mais quand minuit pointe son nez, les bogoss rangent leurs queues et le départ pour le KL est lancé. Programme classique. On me propose de me joindre à eux. Me voilà partagé entre le fait de continuer cette soirée, de continuer à côtoyer mon Jérém dans son milieu naturel, entouré de ses potes… et la crainte d’imaginer comment cette soirée va se terminer… vers quel état d’alcoolémie mon Jérém va évoluer, avec quelle attitude à mon égard… imaginer ce qu’il me réserve au bout de la nuit… la crainte qu’il puisse peut-être rien me réserver du tout…

    Je finis par accepter, et je me retrouve au KL à observer mon Jérém enchaîner les verres. Et les approches avec les nanas. Il lui suffit de lancer des regards, et ce sont elles qui viennent à lui… mais putain… à quoi il joue ce petit con ? Qu’est ce qu’il a encore besoin de se prouver ? Qu’il peut tomber des nanas ? Qu’il n’est pas pd malgré ce plan à trois avec le beau Romain ?

    Je le regarde faire son numéro de charme à une nana, puis à une autre. Je suis la scène de loin, me demandant de façon de plus en plus insistante ce que je fous là... on n’y est que depuis une heure et je m'ennuie ferme… déjà j'attends avec impatience la fin de la soirée... hélas… je suis en voiture avec les quatre rugbymen et tant qu'ils n'auront pas envie de partir... je suis coincé…

    Mais pourquoi me suis-je laissé entraîner dans ce pétrin ? J'aurais du rentrer quand j'ai vu qu'ils ne prenaient qu'une seule voiture... rien à espérer de cette soirée... Jérém sera trop bourré pour penser à moi… et s’il le faut il trouvera le moyen de se taper une pouffe… non, ce soir je ne rentrerai pas seul avec mon beau brun rue de la Colombette...

    Alors, je n'ai d'autre choix que de prendre mon mal en patience... un coca à la main (la bière c’est juste pour tenter d’impressionner), je me cale sur une chaise haute au comptoir du bar... pour détourner mon attention de Jérém, je mate du bogoss... et comme toujours en boite de nuit... en veux tu en voilà... bruns, châtains, grands, moins grands, bien foutus, un sourire charmant, un t-shirt super bien porté, une attitude, une chaînette… mille et une déclinaisons de la jeunesse masculine… mille et une œuvres d’art éphémères, mille et un bonheurs sans nom, mille et une gifles visuelles et olfactives, mille et une piqûres au cœur, mille et une frustrations, mille et un soupirs silencieux.

    Oui, je me perds dans la contemplation du bogoss toulousain… mais au même temps... je ne peux jamais détacher trop longtemps mes yeux du gars qui à mes yeux est le plus beau entre les beaux... je le regarde évoluer de loin et pour moi c'est un plaisir entier... quoi qu'il fasse... même le voir discuter et rigoler avec une pétasse... lui offrir son plus beau sourire… même en n’ayant que l'image, sans le son, mon Jérém est un sacré numéro...

    Et puis, à un moment, un gars s'approche de lui. Au départ, ils semblent discuter tranquillement. Tous semble normal. Pourtant, très vite leur discussion semble prendre un tour de plus en plus animé. Lorsque le gars inconnu attrape fermement le poignet de la nana pour l'éloigner de mon beau brun, tout en affichant une attitude de plus en plus menaçante, je comprends qu’il est carrément en train d'interpeller mon beau brun…

    Aurait-t-il commis un impair en branchant cette nana là ? Aurait-elle commis un impair en se laissant brancher par mon beau brun, elle qui se tient désormais un pas derrière le gars inconnu ?

    Le temps que je réalise ce qui est en trains de se passer, très vite, ça dégénère... le gars avance brusquement vers mon beau brun, rentre dans son espace vital, l’attitude très bagarreuse... le gars a l'air d'avoir bu, et pas qu'un peu... tout comme Jérém... de ma position, je n'ai toujours pas le son, mais je réalise que le ton est en train de monter méchamment... je sens que ça va mal se terminer...

    Instinctivement, je pose mon verre et je m'approche de la scène… j'ai le sentiment que Jérém est en danger... Jérém a bu plus que raisonnablement, j’ai peur qu’il riposte très vite et que ça parte en couille…

    Pourtant, contre toute attente, Jérém semble maîtriser ses nerfs… oui, Jérém a bu, Jérém est verbalement agressé, limite physiquement menacé, mais Jérém garde son calme... il semble vouloir calmer le jeu…

    Hélas, face à l'absence de réaction de la part de mon beau brun, le mec semble de plus en plus énervé... sans que je l'aie vu venir, ses bras se lèvent, ses mains percutent violemment les pecs saillants de mon beau brun qui est obligé de faire un bond en arrière pour ne pas perdre l'équilibre et tomber...

    Oui, mon beau brun a gardé son calme jusqu'à là... mais là, physiquement agressé, il perd vite les pédales... je comprends au changement de l’expression sur son visage qu’il est en train de monter en pression très vite... il est désormais énervé, bien énervé... comme un jeune taureau piqué dans l’arène, un instant plus tard, il revient à la charge vers le gars inconnu… il y va de toute sa puissance de rugbyman et il bouscule l’adversaire de la même façon qu’il a été bousculé, en percutant ses pecs avec la paume de ses mains... c’est toujours et encore une question de pecs… on dirait qu'ils aiment ça, les mecs, sentir la fermeté des pecs de l'adversaire lors de la baston... la puissance de frappe de Jérém est telle que le gars se ramasse de justesse en tombant sur deux mecs en arrière plan... je sens qu'on est à deux doigts que ça fasse des vagues et que d'autres gars s'en mêlent.... non, pas ça… il ne faut surtout pas  que ça dégénère en bagarre diffuse... ça peut devenir vraiment dangereux... j'ai peur pour mon beau brun...

    L'inconnu se ressaisit et il revient à la charge... je vois Jérém se préparer à le recevoir et à riposter...

    Et là, un troisième gars surgit de je ne sais pas où et s'interpose... le torse placé perpendiculairement aux deux adversaires, les bras tendus à l'horizontale… à nouveau mon regard tombe sur cette trace de cambouis… ses mais se posent sur les pecs de l'un et de l'autre...

    Un physique puissant, tout en muscles... Thibault est là...

    Je suis désormais assez près pour entendre le beau mécano lancer fermement :

    « Maintenant vous allez arrêter vos conneries ! ».

    Le simple son de la voix du beau mécano, ainsi que le contact de sa main puissante semblent calmer mon beau brun qui se ressaisit et s'éloigne un peu... l'inconnu se débat un peu plus... frustré de ne pouvoir en découdre, il lâche sa rage en traitant mon Jérém de conard… Jérém revient illico à la charge, mais une fois de plus la main de Thibault se dresse sur sa route pour l’empêcher de faire une connerie… Jérém tente de se dégager, mais la main de Thibault est ferme, la paume tape à trois reprises de façon légère mais ferme entre ses pecs, et le beau brun semble renoncer à la bagarre…

    Quant à l’autre excité… mais un simple regard de Thibault les yeux dans les yeux, ses deux mains appuyées sur ses épaules ainsi que ses mots « ils ne faisaient que discuter, il va pas te la piquer, ta nana, t'inquiète… », auront le pouvoir de finir de désamorcer la colère du gars...

    Un magicien, ce Thibault, un magicien, je vous dis…

    Un vigile arrive, il s’entretient avec Thibault et s’en va rassuré. Le gars inconnu a disparu, le danger de bagarre semble définitivement éloigné. Pourtant, je sens que mon Jérém n'est plus d'humeur, que l’alcool amplifie son malaise, que la soirée est terminée...

    Je ne m’y trompe pas. Après un tour aux chiottes où les deux potes ont du s’expliquer, Thibault vient m’annoncer :

    « On va rentrer... ».

    Je suis Thibault vers la sortie... Jérém nous devance, sans un mot... il a l'air bien secoué par ce qui vient de se passer...

    « Et vos deux potes ne rentrent pas avec nous ? » je demande en ne les voyant pas se joindre à nous

    « Non, ils vont rentrer avec d'autres gars... » m’explique Thibault.

    Vu l’état de Jérém, je suis content qu’ils aient décidé de prendre la voiture de Thibault et que ce soit le beau mécano qui conduise. Je suis surtout content que Thibault soit là. Car, sans sa profonde gentillesse trouvant toujours un sujet de conversation pour ne pas laisser le malaise s'installer, le retour se serait déroulé dans un silence lugubre... Jérém est à coté de ses pompes...

    D'ailleurs, je ne sais même pas pourquoi, en fin de compte, une fois la voiture garée rue de la Colombette, je suis monté avec eux à l'appart plutôt que de rentrer direct chez moi et de les laisser s’expliquer entre potes.

    Je rentre en dernier dans l’apart et je referme la porte derrière moi.

    Jérém avance droit vers le frigo, il l’ouvre, il en sort trois bières. Le regard fuyant, il en tend une à Thibault, ce dernier l’attrape en la troquant contre un sourire charmant…

    La troisième bière est pour moi… Jérém me la tend de la même façon… sans me regarder…

    D’un geste anormalement précipité, il dévisse la capsule de sa bière et la balance négligemment sur le meuble a coté du micro-ondes… il porte le goulot entre ses lèvres et, la tête basculée vers l’arrière, il en boit une bonne rasade… je vois sa pomme d’Adam bouger nerveusement sous l’effet d’une déglutition rapide… en quelque secondes, un tiers du contenu de la petite bouteille est partie dans cette première mise en bouche…

    Dis-donc… il a l’air de ne pas avoir perdu sa soif, le bogoss… est-ce qu’il serait en train de faire appel à l’alcool pour se détendre après ce qui s'est passé ?

    Jérém part en terrasse, suivi de son coéquipier. Il s’installe dans un angle de la petite terrasse, le bas du dos appuyé au parapet, le goulot de la bière collé aux lèvres… Thibault se place juste à coté de lui... en silence... et moi, j'embrasse les deux potes du regard, tout en me tenant proche de la porte vitrée...

    Dans mon champ de vision, t-shirt blanc moulant et t-shirt rouge cintré… j’ai l’impression que toute la beauté du monde est sous mes yeux cette nuit…

    Certes, je suis irrésistiblement attiré par tant de jeunesse et de charme mais en même temps, j’ai l’intuition qu’il me faut rester un peu à l’écart pour ne pas trop faire sentir ma présence à Jérém, toujours en pétard… ceci dit, mes précautions n’ont pas vraiment l’air nécessaire… j’ai l’impression d’être transparent… Jérém ne m’a pas calculé depuis qu'on est rentrés... seul Thibault me lance un regard de temps à autre...

    Pendant que Jérém fait preuve d’une très bonne descente, le jeune mécano a tout juste porté sa bière entre les lèvres… son regard se pose régulièrement sur son coéquipier, comme une caresse pleine d'affection… il boit par petites gorgées, toujours en silence.

    Chacun boit en silence dans son coin. Je voudrais lancer un sujet de conversation pour tenter de détendre l'ambiance... mais je ne sais pas trop de quoi parler… il me faudrait un sujet que je maîtrise un peu et qui pourrait intéresser les deux jeunes étalons... je voudrais avoir de l'humour... je voudrais avoir comment décrocher un sourire à mon beau brun... mais je ne sais pas faire...

    C'est Thibault, le gentil Thibault, qui lancera le sujet infaillible en s'adressant à son pote de toujours :

    « Tu le sens comment le match de demain ? »

    Et là, comme si on lui avait changé les piles, Jérém s'anime, il recommence à parler. Il s'en suit un échange de considérations au sujet de certains joueurs de leur équipe, au sujet d’autres joueurs de l'autre équipe… un ou deux noms de joueurs sont cités, leur « dangerosité » est évaluée...

    J'ai comme l'impression que les deux potes ont déjà parlé mille fois de ces sujets et que Thibault a ouvert cette discussion pour les mêmes raisons que j'aurais voulu en lancer une... pour détendre l'ambiance... pour calmer son pote...

    C'est beau de voir ce contraste saillant entre le malaise persistant d'un Jérém qui a perdu pied et l'attitude profondément rassurante et bienveillante de Thibault... c'est beau de voir comme la présence, la voix et les mots de Thibault ont le pouvoir d'apaiser mon beau brun... je suis jaloux de Thibault... je voudrais tant avoir ce pouvoir sur Jérém... mais, hélas, je ne m'appelle pas Thibault...

    La bière de Jérém arrive au bout… il pose la petite bouteille vide par terre et sort son paquet de clopes, il en tire deux, il en tend une à Thibault, il glisse l'autre entre ses lèvres et tente de l’allumer… il fait craquer son briquet de nombreuses fois, sans succès… il y a du vent, certes, mais c’est surtout le mouvement de sa main qui est mal contrôlé…

    Thibault regarde d'abord la scène avec amusement, en attendant de voir si son pote va y arriver. Voyant qu'il y a trop de vent et que les mains de Jérém ne suffisent pas à protéger la petite flamme, il ajoute ses propres mains autour de celles de mon Jérém… et quand les mains des deux potes rentrent en contact, les regards se rencontrent aussi... depuis que j’ai pris un verre en terrasse avec lui il y a quelques temps, je sais à quel point le contact avec les mains chaudes, douces et puissantes du beau mécano est agréable, réconfortant... et Jérém semble ressentir la même chose…

    Une longue taffe de fumée, aussitôt balayée par le vent, finit par s’échapper par le petit cylindre en papier au bout lumineux… Jérém tend ensuite sa cigarette enfin allumée à Thibaut qui, mettant les deux cigarettes bout contre bout, utilise celle de son pote pour allumer la sienne...

    Ah… c’est pas banal ça… ainsi... maintenant Thibault fume lui aussi... voilà autre chose... depuis quand ? Pourquoi donc ?

    Au fil des échanges, mon beau brun semble retrouver son état normal, son panache habituel. Décidemment, ce Thibault...

    Je réalise à cet instant à quel point c’est touchant que de voir un petit con d’habitude si sur de lui, en train de perdre le vernis de son assurance laissant entrevoir enfin le petit garçon, les faiblesses cachées derrière la façade de mâle affirmé… et il a suffi d'un début de bousculade pour le mettre dans cet état là... oui, la bousculade et un certain abus d'alcool...

    Voir mon brun dans cet état… je trouve cela touchant… j’ai une folle envie de le serrer très fort dans mes bras…

    Thibault sort une blague qui me fait rire... Jérém sourit à son tour, mais son sourire est crispé… il s’est bien calmé, mais son attitude conserve toujours quelque chose de troublé et de troublant à mes yeux…

    Jérém finit sa cigarette et il rentre… je m’écarte légèrement pour le laisser circuler, mais il passe tellement près de moi que je ne suis pas seulement frappé par la gifle olfactive de l’odeur de son deo, mais aussi bien par la chaleur de son corps irradiant contre le mien… il faut dire qu’il passe tellement près de moi qu’on manque de se frôler…

    Une fois à l’intérieur, je le vois se diriger vers le frigo, l’ouvrir à nouveau, attraper de nouvelles bières… Thibault a écrasé ce qui reste de sa clope et est également rentré en passant devant moi en me lançant un clin d'oeil tellement charmant à me faire fondre… deuxième proximité de beau brun, deuxième gifle de déo ou de parfum à me faire tomber dans les pommes… et à nouveau mon regard tombe sur cette trace de cambouis…

    Jérém lui tend une autre bière…

    Thibault refuse par un simple hochement de la tête. Jérém referme la porte du frigo, une bière à la main. Thibault s'approche de lui. D'un geste calme il attrape la petite bouteille de la main de mon Jérém, il la pose sur le plan de travail... il approche encore de son pote... il rentre dans son espace vital... et il le serre dans ses bras puissants...

    Il le serre très fort contre lui... coton contre coton, pecs contre pecs... Jérém répond à cette accolade en portant tout d'abord à son tour les bras derrière le dos du jeune mécano... et, un instant plus tard, en plongeant son visage dans le creux de l'épaule, en appuyant sa joue contre le cou massif de son pote...

    Et alors que Jérém se laisse aller à une effusion dont je le croyais incapable, Thibault porte une main sur sa nuque et entreprend de caresser ses beaux cheveux bruns, en ayant le bon réflexe de s'attarder à la base du cou, cette région que je sais si sensible chez lui... et il y va de manière tellement assurée que je finis par me demander si c'est vraiment la première fois qu'il offre ce genre de câlin à son meilleur pote...

    Les deux coéquipiers restent ainsi enlacés pendant un bon petit moment... jusqu'à... jusqu'à que Jérém relève sa tête… Thibault en fait de même... leurs visages ne sont qu'à quelques centimètres... les lèvres frémissent... dans leurs attitudes il y a du désir, un désir brûlant, mélangé à une certaine hésitation…

    Allez, embrassez vous les gars, depuis le temps que vous en avez envie... deux si bogoss... vous êtes fait pour faire l'amour ensemble...

    L’idée que mon Jérém puisse rouler une magistrale pelle, sauvage, virile, intense à Thibault… j’avoue que je trouverais ça… furieusement excitant… ou alors un très léger baiser qui effleure juste les lèvres… peut-être encore plus excitant…

    Les deux visages approchent encore… hésitent encore... et c'est mon beau brun qui se lâche en premier… trop dur de vaincre les derniers centimètres qui séparent encore leurs lèvres... alors, le voilà qui plie son cou et pose ses lèvres sur le cou du beau mécano… et là, en partant du creux de l'épaule juste à la lisière du col du t-shirt rouge, il commence à lâcher un chapelet de petits bisous sur sa peau, suivis par un long baiser sensuel… ses lèvres, accompagnées de sa langue, traînent sur la peau du beau mécano, en remontant vers son oreille gauche… je vois le beau mécano frémir… lui aussi il a l'air grave sensible à ce genre d’effusion…

    Jérém semble insatiable de bisous...

    Une nouvelle étreinte de beaux torses, très forte... et c'est maintenant au tour de Thibault de poser quelque bisous dans le cou de mon beau brun...

    Et quand mon Jérém relève la tête, c'est parti, il y va... il y va direct, comme porté par une envie longtemps refoulée... il lève la tête et il pose direct ses lèvres sur celles du beau mécano... qui s'animent à leur tour, des le contact établi... le baiser est fougueux, puissant, masculin, mais empreint de désir... les lèvres se mélangent, les mains infatigables, rapides, impatientes parcourent les torses, se faufilent sous les tissus légers... les bras attirent les corps contre les corps, les torse contre les torses, les pecs contre les pecs...

    Et quand cette étreinte prend fin... c'est juste une courte mi-temps pour recommencer dans de meilleures conditions...

    C'est Thibault qui se lance, en ôtant son t-shirt rouge… il s’y prend de cette façon moins usuelle, comme le font certains mecs, en l’attrapant par l’arrière du cou et en tirant vers le haut… une façon de se déshabiller qu’on voit faire moins souvent et que je trouve particulièrement sensuelle…

    Oui, Thibault ôte son t-shirt, en dévoilant sa carrure de dingue, plus massive que celle de mon beau brun, des épaules carrées sur un torse taillé en V à en donner le tournis…

    Et ne parlons pas de ce petit chemin de poils qui part de son nombril...

    La « chute du t-shirt rouge » entraîne illico la chute de son jumeau blanc… une seconde plus tard, c’est au tour du t-shirt de Jérém de voler…

    Torse nu, avec son joli jeans tenu par une jolie ceinture épaisse de mec… si c’est pas une tenue de fou, ça…  la taille basse du jeans laissant entrevoir la naissance de ce relief à l’angle outrageusement saillant, le départ de ces deux lignes anatomiques inclinées qui séparent l’oblique de l’abdomen du bassin et qui convergent tout droit vers le sexe, conduisant l’œil et l’esprit à s’interroger au sujet d’une virilité encore tout juste suggérée mais déjà capable d’enflammer le désir le plus brûlant…

    Et ne parlons pas de ce petit chemin de poils qui part de son nombril...

    Ce qui est particulièrement bandant, chez l’un comme chez l’autre, c’est la façon de dévoiler son corps avec un naturel déconcertant, chacun très à l’aise avec leur nudités respectives…

    Jérém vs Thibault… rencontre de Titans… Jérém vs Thibault, deux physiques tellement semblables… à quelques détails près…

    Jérém, cette perfection plastique à la peau mate que je connais mais qui me fait à chaque fois le même effet de dingue… avec ce torse sculpté, fraîchement rasé, ce tatouage au biceps… avec cette simple chaînette pendant de son cou et glissant le long de ses omoplates… avec sa nouvelle montre… oui, je paierais cher pour savoir comment il l’a eue, mais en attendant elle habille à merveille son poignet puissant, ajoutant un atout de plus sur le compte de sa sexytude légendaire…

    Quant à Thibault, cette nouvelle perfection plastique à la peau un brin plus claire que je découvre avec bonheur… Thibault au physique plus « mec », plus « mature », plus « viril » que Jérém...

    Bien sur, Jérém est aussi « mec » et « viril », mais le physique de Jérém a aussi ce cote « ptit con », ce cote ténébreux a la beauté fascinante, aveuglante, capable de brûler les rétines, raccord avec sa personnalité et son caractère impétueux de jeune male fougueux, de chien fou, sans encore beaucoup de repères dans la vie, ni d’attaches « réelles », si ce n’est Thibault, bien sur…

    A l’opposé, Thibault est un garçon posé, avec la tête sur les épaules, avec des valeurs solides, il dégage un côté plus « mature », plus responsable qui manque a Jérém… il est gentil, dévoue en amitié, il a le cœur sur  la main, même si on le sent capable de sortir de ses gonds pour défendre ceux a qui il tient. Tout ça se retrouve dans son physique, un physique solide et viril, rassurant, mais également empreint d’une douceur, une tendresse qui le rendent craquant au plus haut point...

    On regarde Jérém et on a illico envie de le faire jouir... on regarde Thibault et on a envie qu’il nous serre dans ses bras pour s’y sentir en sécurité... mais on a aussi envie de le câliner, car Thibault n’est pas seulement quelqu’un qui sait donner, mais également un gars qui a besoin de recevoir...

    Et quand les deux torses nus rentrent en contact, les caresses reprennent encore plus fébriles, les lèvres se mélangent avec encore plus de fougue... elles découvrent la douceur de la peau de l’autre, les nez hument les odeurs de l'autre...

    Il faut imaginer le spectacle de voir deux torses de beau brun sculptés par le rugby peau contre peau... les tétons se frôlent... il y a de quoi en perdre la raison, le discernement… et j’ai soudainement envie de les voir se sauter dessus, envie de les voir déchaînés, dans une étreinte puissante, envie de les voir se donner un plaisir intense… ces deux corps de dingue se frottant entre eux et faisant des étincelles, des feux d’artifice…

    Deux mecs torse nu, excités, la tension sexuelle est palpable… les deux mecs se cherchent... mais une barrière invisible les empêche encore de s'abandonner à leurs désirs, les cantonnant à des caresses sensuelles mais somme toute, innocentes...

    Lorsque les deux corps se séparent à nouveau, l'échange de regards qui s'en suit, à distance très rapprochée, fulmine d'envies puissantes, identiques, réciproques... ce sont les envies de deux mâles qui bandent l'un pour l'autre et qui ont très envie de se faire plaisir…

    Un instant plus tard, ce sont les pantalons, les baskets et les chaussettes qui volent... c'est beau de voir deux bogoss se dessaper avant de se sauter dessus... chacun ôtant son pantalon et dévoilant un boxer bien rempli...

    La tension sexuelle est à un niveau insoutenable...

    Les mains enlacent à nouveau les torses, les corps se mélangent, les peaux se touchent, se caressent,  les bras attirent à soi, les bouches embrassent, se rencontrent...

    Deux bogoss en train de se peloter, torse nu, rien d’autre qu’un boxer sur la peau… deux potes toujours en train de lutter contre les barrière mentales qui les empêchent de donner libre cours à leurs envies, toutes leurs envies, de se faire du bien... des barrières qui semblent résister... des barrières qui commencent à vaciller... des barrières qui finissent par céder...

    Dès lors, les mains se faufilent dans les boxers, découvrent le relief ferme d'une queue, la douceur et la chaleur des bourses, des couilles... les sexes tendus frémissent sous ce premier contact... les paupières tombent, les bouchent s’entrouvrent pour laisser échapper des soupirs de plaisir soudain et intense… les interdits tombent sous la déferlante d’un plaisir qui rendent les envies irrépressibles, incontrôlables...

    Les boxers descendent petit à petit, les queues se découvrent, se touchent, se frôlent, se touchent encore... deux mecs... deux meilleurs potes… lèvres contre lèvres, pecs contre pecs, sexe contre sexe, tendus à l'extrême...

    C'est pas humain... les deux potes sont submergés par le désir... comment peuvent-t-il laisser encore leurs conditionnements, leurs barrières mentales les empêcher de donner libre cours à leurs envies ?

    Comment se fait qu'il n'y en a pas encore un qui s'est mis à genoux devant l'autre ?

    Qui et quand va se mettre à genoux en premier devant l'autre ?

    La réponse à ma question ne tardera pas à arriver.

    Un instant plus tard ses genoux touchent le sol. Sa bouche est désormais à la bonne hauteur pour lui permettre de donner du plaisir à son meilleur pote... il en a envie... très envie... il n'arrive pas à croire à ce qui lui arrive... c'est la première fois qu'il fait ça... il en a envie depuis si longtemps... il a envie que ça arrive avec lui, son pote...

    Il n’arrive pas à y croire, mais il faut y aller, maintenant… il en a trop envie… son pote en a trop envie... il approche les lèvres du gland de l'autre... tout doucement... dès le contact établi, il sent instantanément son pote frissonner... ce qui lui donne envie d’aller plus loin.... il ouvre ses lèvres et il gobe en entier le gland gonflé de sang... petit à petit il avale cette belle queue tendue aux veines pulsantes... son pote frissonne de plus en plus, sa respiration devient haletante... son plaisir est total, insoutenable... il commence alors des va et vient lents et appuyés...

    La fellation, sa première fellation, est douce, au départ timide… mais Thibault est un garçon qui apprend vite... petit à petit, ses va et vient sont de plus en plus amples, décomplexés, naturels... oui, petit à petit, le beau mécano prend de plus en plus d’aisance à la « tâche », il prend de plus en plus de plaisir à faire plaisir à son meilleur pote... et puis, à un moment, ses doigts se portent sur ses couilles pour des caresses légères...

    Jérém, quant à lui, se laisse faire, docile, regardant son pote lui faire du bien, sans aucune domination dans son attitude... juste l'envie de prendre son pied... et de le prendre grâce et avec son coéquipier...

    Soudainement.... très envie d'aller les rejoindre... prendre en bouche la queue de Thibault... lui faire plaisir pendant qu'il fait plaisir à mon Jérém... ce serait un truc de dingue... pourtant je me retiens... je me dis que je ne veux pas interférer mais plutôt assister, ne pas perdre une miette de ce spectacle majestueux, la découverte du plaisir entre deux jeunes étalons...

    Alors, face à cette situation inéluctablement excitante, devant cette image d’une sensualité hors normes, je n’ai d’autre choix que de me débrouiller tout seul pour donner cours aux envies qui secouent mon corps… je déboutonne ma chemise, j’ouvre mon jeans, je descends mon boxer, je saisis ma queue, je porte ma main libre à mes tétons et je me branle dans mon coin en essayant de gérer la montée de mon plaisir, en essayant de la régler sur la progression de celle de mon beau brun…

    Je ne peux décoller mon regard de mon Jérém en train de se faire sucer par son meilleur pote... c'est beau de voir un bomec prendre si intensément son pied, avec son meilleur pote... je ne le quitte pas du regard, mais en dépit de mon insistance, je n'arrive pas à capter son attention, trop centrée sur son plaisir de mec, ce plaisir partagé avec son pote, perdu dans l'intensité de ce moment exceptionnel...

    Mon Jérém a l'air de bien apprécier le traitement.... l'ondulation de ses abdos... ses halètements, les grimaces sur son visage... autant de signes qui me font dire que « ça approche »... des signes que le beau mécano, trop pris à son affaire et sans expérience préalable de la sexualité de mon beau brun, ne voit pas venir. Ce sera Jérém, tout prévenant vis-à-vis de son pote, à lui chuchoter:

    « Doucement., Thib… vas y mollo, sinon je vais jouir... ».

    Thibault ralentit tout doucement ses va et vient, jusqu'à les arrêter complètement. Lorsque ses lèvres quittent la queue délicieuse de mon beau brun, il se remet debout, il attrape Jérém par l’avant-bras et l'entraîne vers le lit. Coquin le Thibault…

    Dans son intention, il ne doit y avoir que l'envie de reprendre cette fellation dans une position plus confortable... mais mon beau brun a d'autres projets...

    « Allonge toi... » je l’entends lâcher presque en murmurant, non pas un ordre mais une invitation, au beau mécano...

    Et voilà Thibault allongé sur le lit, accoudé, les jambes légèrement écartées... sa belle queue tendue bien en vue depuis que les deux boxers ont volé à leur tour... et à nouveau mon regard tombe sur cette trace de cambouis sur son avant-bras…

    Un instant plus tard, mon Jérém s'allonge sur lui... un nouveau corps contre corps, peau contre peau, torse contre torse... de nouvelles caresses, de nouveaux bisous... c'est doux et fougueux à la fois... c'est touchant, émouvant... c'est la puissance de leur amitié traduite en sensualité... c'est l'envie de faire du bien à quelqu'un qu'on aime d'un amour ancien et impérissable... c'est l'envie de dire « merci » à quelqu'un qui a toujours été là pour soi et dont la présence a fait que nous sommes ce que nous somme aujourd'hui...

    Lorsque l'intense accolade prend fin, lorsque les deux torse se séparent... lorsque mon Jérém relève son buste, ça ne traîne pas... la main à la belle montre se pose sur le manche du beau mécano… et pendant que le bras au tatouage s’emploie à administrer une vigoureuse branlette, le dos musclé et le cou à la chaînette se courbent petit à petit… le visage de mon beau brun approche lentement de la région génitale du beau mécano…

    Quelques secondes encore et, après un dernier instant d’hésitation, ces lèvres qui me sont si souvent interdites se posent sur le gland du beau Thibault… le beau manche de ce dernier disparaît dans la bouche de mon beau couillu, tandis que ce dernier commence des va-et-vient lents et cadencés…

    Soudainement.... à nouveau très envie d'aller les rejoindre... prendre en bouche la queue de mon Jérém... lui faire plaisir pendant qu'il fait plaisir à son Thibault... ce serait un truc de dingue... pourtant je me retiens, une fois encore... oui, une fois de plus je me dis que je ne veux pas interférer mais plutôt assister, ne pas perdre une miette de ce spectacle majestueux, la découverte du plaisir entre deux jeunes étalons... les rôles inversés…

    Je regarde le beau mécano, désormais mi allongé, ce torse de malade animé par les ondulations d’une respiration de plus en plus saccadée… mon dieu… cette fabuleuse, scandaleuse gueule de mec, traversée par les vagues du plaisir… le cou relevé, le regard fixe, ne perdant une seule miette de ce que mon beau brun est en train de faire à sa queue…

    Désir pur, folie des sens, jouissance des corps, envie de découverte réciproque… parfaite entente de désirs longtemps couvés...

    Au comble de l’excitation, pendant que la chaînette de mon Jérém se balade autour de son manche et le caresse au gré des mouvements alternés, le beau mécano rabat la tête en arrière, expression inconsciente de sa jouissance démesurée…

    Il faut dire que Jérém y met de l’entrain… il le pompe très vigoureusement, allant jusqu’à lui faire des gorges profondes… mais comment peut-t-il être si à l’aise ? Est-ce qu’il a déjà sucé d’autres mecs ?

    Ou alors, il faut croire qu'il y a des choses qui sont innées, et qui du coup « révèlent » les vrais désirs, n’est-ce pas mon Jérém ? Comme le désir de donner du plaisir à un autre garçon, le plus exquis des plaisirs...

    Dans cette envie de donner du plaisir à l'autre, il n'y a pas d'enjeux d'ego masculin... pas plus qu'il y en avait dans l'attitude de Thibault pendant sa fellation... juste l’envie de se faire du bien, l’un l’autre…

    Je suis bouleversé par l’aisance de mon beau brun à s'occuper du manche de son pote… je trouve cela à la fois indiciblement beau et bouleversant, à un point que, je me dis, on ne pourrait pas imaginer plus beau et plus bouleversant …

    Pourtant...

    Lorsque quelques instants plus tard, les lèvres de mon beau brun quittent la queue de Thibault, les deux bustes se relèvent, les regards se rencontrent, emplis de désir, de tendresse et d'affection…

    Nouveaux bisous à la fois tendres, sensuels, fougueux...

    Leurs regards s’entrechoquent en silence… et puis, un des deux regards s'ouvre dans un sourire doux et rassurant…

    C’est le signal… un des deux mâles accepte d'être le premier à s'offrir à l'autre, à offrir son corps au plaisir de l'autre, à disposer son corps à découvrir un nouveau plaisir, le plaisir de se sentir offert au plaisir de l'autre, le plaisir de sentir au plus profond de soi, la vibration, l'énergie, la chaleur, la puissance, l'énergie vitale du plaisir de l'autre…

    Un instant plus tard, avec une assurance empreinte d’une sexytude bouillante, mon Jérém pose une main entre les pectoraux du beau Thibault… et ce dernier, raccrochant à nouveau son regard empli d'un identique désir, brûlant et assumé, à celui de mon Jérém, se laisse faire sans résistance…

    La main de mon Jérém avance doucement, le torse du beau mécano s’incline…

    Je vois le beau Thibault respirer de façon nerveuse, son souffle troublé par l’excitation extrême de l’instant qui précède l'ultime partage de son intimité avec son pote, le corps et l’esprit parcourus par l’urgence d’un plaisir qui lui semble désormais le seul auquel il pourrait aspirer…

    Pourtant il hésite, j’ai comme l’impression qu’avant de lui donner les clefs de son intimité ultime, Thibault a besoin d’un petit quelque chose de la part de mon Jérém, un petit quelque chose qui rendrait ce pas plus facile à franchir...

    Son buste se relève à nouveau et avance lentement vers celui de mon beau brun, il approche le visage du sien, ses lèvres vont bientôt se poser sur les siennes… Thibault entreprend de poser sur ses lèvres quelques baiser encore, des baisers légers, répétés, passionnés, pleins de désir… des baisers auxquels mon beau brun répond avec douceur, avec tendresse...

    Dans la foulée, les lèvres du beau mécano repartent à l’assaut du creux de l’épaule de mon Jérém… c’est vrai, c’est si tentant de se perdre là bas… et ensuite remonter tout doucement le long du cou jusqu’à atteindre son oreille, joue contre joue…

    Quelques instants encore et Thibault semble enfin prêt... comblé d'affection, repu de caresses et de baisers, il s’allonge sur le ventre, la tête posée sur l’oreiller, les jambes légèrement écartées, ses globes rebondis et musclés offerts…

    Et là, mon cœur est sur le point de tout simplement s’arrêter… je suis dans la quatrième dimension... l’image de Thibault qui s’allonge sur le ventre, son fabuleux ptit cul musclé complètement offert à mon beau brun… naaaaan la c’est… complètement dingue…

    Mon beau brun avance dans l’espace entre les jambes du beau Thibault… il crache dans sa main… avec ses doigts, il enduit l’entrejambe offerte… son bassin avance encore, tout lentement, tout en douceur, le bout de son engin se faufile entre les fesses de l'autre… il cherche l’entrée de son intimité, il finit par la trouver, il rencontre une résistance…

    Thibault frémit… mon Jérém recule... il le laisse souffler... lorsque son pote semble prêt, il revient... il vise juste, il appuie plus fort… Thibault grimace à nouveau… Jérém se retire… un instant plus tard il s’y reprend, il arrête, il reprend, encore et encore, très attentif aux réactions de son pote, reculant à la moindre manifestation de douleur exprimée par le corps du jeune mécano... jusqu'à que…

    Jusqu'à que, tout doucement, son manche commence à disparaître entre les fesses du beau mécano, jusqu’à que sa queue s’enfonce en glissant dans de ce petit trou jamais pénétré auparavant…

    Et ce, pendant que les traits du visage du beau Thibault, ainsi que les tremblements de tout son corps, indiquent clairement qu’il accuse le passage de ce bel engin qui est en train de prendre possession de son intimité…

    Tableau magnifique…

    Une minute plus tard, sous les assauts lents et doux de mon beau couillu, Thibault découvre avec bonheur un plaisir si différent de celui auquel il est habitué, si différent de celui qu’il a toujours cru être le seul qu’il ne connaîtrait jamais… le plaisir exquis de se faire prendre par son meilleur pote...

    Et ce qui est d’autant plus excitant, c’est de voir ce mec découvrir et aimer ce nouveau plaisir… d’abord timidement mais très rapidement, au fil des coups des reins, de façon de plus en plus assumée…

    Jérém aussi est en train de se lâcher... je mate ce superbe corps de rugbyman qui m'a donné tant de plaisir, tant de fois, ce tatouage sexy, ce regard de braise, ce regard de baise, je le regarde prendre un plaisir de dingue en donnant un plaisir de dingue à son meilleur pote…

    Ses coups de reins sont de plus en plus profonds, amples, rapides... son plaisir est calé sur le plaisir de son pote, et désormais qu'il le sent jouir pleinement sous ses assauts, il y va franco, il augmente la cadence... son corps tendu, sa respiration de plus en plus bruyante, sa musculature puissante en action pour lui procurer, pour leur procurer un max de plaisir... sa chaînette ondulant de cette façon si sexy...

    Jérém semble un train lancé à toute vitesse, déterminé à ne s'arrêter qu'au terminus...

    Pourtant, à un moment, en se faisant visiblement violence, il arrête net, il retire sa queue de l'entrejambe de son pote, il la serre fort à l’intérieur de sa main, tout en lâchant nerveusement un « Putain, putain... »...

    Moi je sais pourquoi il fait ça. Mais pas Thibault. Qui ne peut s'empêcher de s’enquérir :

    « Ca va ? ».

    « Si… ça va… ça va… trop... c’est juste que si je continue… je vais jouir... ».

    Pendant une seconde, je sens Thibault hésitant quant à la réponse à donner à son pote. Pourtant, un instant plus tard je l'entends chuchoter :

    « Vas-y, Jérém... ».

    « T'es sur ? ».

    « Vas-y, fais toi plaisir... ».

    Sur le visage de Jérém j'arrive à distinguer le tiraillement qui le déchire à l'intérieur... aller jusqu’au bout entre les fesses de son pote, goûter à cet exquis plaisir qui lui fait envie comme rien d'autre à ce moment là... ou alors s'abstenir... ne pas aller jusqu'au bout... laisser quelque chose de sacré entre eux... ne pas arriver au bout de quelque chose qu'il pourrait regretter par la suite, que Thibault pourrait regretter par la suite... dont leur amitié pourrait pâtir par la suite...

    Je vois sur le visage de mon beau brun l'instant où, la détermination des mots de Thibault feront pencher définitivement la balance.

    Le bassin de Jérém avance en direction des fesses de son pote... sa queue retourne se faufiler dans son intimité... son gland trouve facilement ce petit trou qui lui donne tant de frissons... il appuie un peu, et sans presque s'en rendre compte, sa queue se retrouve enfoncée jusqu'à la garde...

    Ses coups de reins reprennent... d'abord lents, ensuite de plus en plus rapides... le corps tendu dans la quête finale de ce plaisir si proche, qui s'annonce si intense... encore quelques allées et venues et je vois son visage déformé par la jouissance qui submerge son cerveau, tellement intense et débordante qui en est presque douloureuse... je lis sur ses grimaces la succession des jets qui sortent de sa queue et qui se répandent dans l'intimité du beau mécano...

    Lorsque la dernière éjaculation est passée, lorsque la dernière décharge électrique a secoué mon beau brun, je le vois reculer lentement pour s’allonger sur le lit à côté de son pote.

    Un instant plus tard, Thibault se tourne vers son pote, se colle contre et le serre très fort à lui.

    « Ca va ? » je l’entends lui chuchoter à l’oreille.

    « Grave, truc de fou... et toi ? » j’entends Jérém lui répondre quelques secondes et quelques bonne respirations plus tard.

    « Truc de fou… »  répète le beau mécano, et il continue « je ne pensais pas que ça pouvait être si bon… je ne sais pas pourquoi on n'a pas fait ça plus tôt… ».

    « Moi aussi j'ai pris mon pied comme un dingue... avec les nanas c'est souvent bon... mais putain, avec un mec... c'est le Nirvana... » j’entends Jérém s’avancer tout en laissant traîner un regard dans ma direction.

    Une nouvelle cigarette est allumée. Une deuxième également. Les deux potes fument en terrasse, coté à côte, en silence.

    Lorsque les deux cigarettes se terminent, presque au même moment, les deux potes reviennent dans le petit séjour. Ils approchent du lit. Ils s’attrapent par les mains. Ils se font face, immobiles. Nouvel échange de regards complices.

    Dans le regard de Jérém, quelque chose qui ressemble à une urgence… le sentiment qu’il doit essayer ça avec son pote, cette nuit, à cet instant précis… le sentiment de ne pas devoir rater le coche… le sentiment que s’il ne profite pas de l'occasion, celle ci ne se représentera pas de si tôt, peut-être même jamais... qu'il ne retrouvera pas avec son pote une autre fois cette osmose, cette correspondance de désirs et d'envies, et qu'il ne trouvera pas un autre gars capable de lui donner cette furieuse envie de « céder »…

    Oui, céder, mais céder « dans l’honneur »… se laisser aller au plaisir d'un autre mec, tout en prenant son pied, différemment, tout en restant « mec »… 

    Et puis, sans un mot, Jérém s’allonge sur le lit, sur le ventre, les jambes légèrement écartées. Lentement, tout naturellement sous le regard bienveillant de son pote. Je vois le beau mécano respirer profondément, à la fois troublé et excité par cette image, par cette invitation tacite…

    Oui, tacite… tacite comme le contrat « entre potes » qui me semble désormais avoir été « signé » entre les deux jeunes mâles depuis le départ, un contrat prévoyant une envie partagée de découvrir, de donner, de recevoir un plaisir inconnu, un plaisir entre potes... un « Contrat tacite » stipulant qu’ils se donneraient l’un à l’autre à tour de rôle… qu'il s'offriraient au plaisir de l'autre pour découvrir quelque chose qu’il ne trouveraient pas dans la jouissance de mec qu'ils ont toujours connue… mais bien dans une jouissance de signe complètement opposé… un contrat tacite pour découvrir l'autre face de la jouissance...

    Envie de prendre pleine conscience de cette puissance sexuelle exercée sur les nanas, et sur les garçons aussi, pour ce qui est de Jérém, cette puissance souvent entrevue dans la jouissance de l'autre... envie de découvrir cette puissance de la façon la plus intense, en la vivant sur sa peau, en la ressentant au plus profond de soi… découvrir le retentissement de sa propre virilité en découvrant celle d’un autre mec, une virilité semblable à la sienne, de même signe, de même intensité… et découvrir cela avec une personne avec qui on se sent complètement en confiance, une personne qui ne laissera pas des questions d'ego masculin, de fierté de petit coq interférer avec un partage intense, bienveillant, équilibré…

    S'offrir l'un à l'autre à tour de rôle pour découvrir l'autre face de la jouissance... s'offrir l'un à l’autre à tour de rôle et en pleine confiance... avec qui faire cela si ce n'est avec son meilleur pote ?

    C'est peut-être ainsi que ça aurait du se passer avec Romain, si le jeu de soumission/domination de petits coqs n'avait pas pris le pas sur le « Contrat tacite » du départ.... si ma présence n'avait pas faussé le jeu... si Romain avait été un peu plus rassurant et non pas dans le défi permanent... si... si... si… si tout simplement ça avait été le bon moment…

    C’est beau de voir mon beau brun prendre son pied en se faisant prendre par son meilleur pote… c’est beau de voir passer sur son visages les grimaces au rythme des coups de reins du jeune mécano… de le voir d’abord tendu, sur ses gardes, se décrisper au fil des va-et-vient…

    De voir, petit à petit, ses muscles se détendre, son corps s’épanouir… le voir passer du mode « maîtriser les assauts » au mode « jouir des assauts » de la queue de son pote… le voir glisser peu à peu de l’attitude visant à faire face au choc des premiers passages du beau gourdin… à celle envoûtée par le passage de ce beau gourdin…

    Le plaisir commence à envahir son corps, sa respiration se fait ample, profonde… ses longues inspirations par le nez, tout comme ses expirations vibrantes par la bouche entrouverte semblent parler de ce nouveau plaisir qui ravit ses sens…

    Par moments le bout de sa langue se faufile lentement entre les lèvres… elle disparaît… elle revient… ses paupières s’alourdissent, elles tombent… tous les signes du plaisir sont là… dans son corps, sur son visage…

    Un plaisir qui semble monter en lui au fil des secondes, au fil des coups de reins… c’est comme si petit à petit ce plaisir se répandait dans son corps, dans sa chair, dans ses muscles, jusqu’à atteindre son cerveau, comme l’effet d’une drogue… sa peau devient moite… son visage est illuminé par une expression inconsciente de jouissance qui ne le quitte plus... c'est comme si une tension coincée au plus profond de son être s'était enfin libérée...

    Les déglutitions de la salive se font rapides, répétées… sa bouche s’entrouvre encore un peu plus, comme si elle voulait laisser échapper des mots… pourtant rien ne vient… et pour cause… comment mettre des mots sur ce qui est en train de se passer dans sa tête, cette jolie tête dans laquelle quelque chose bascule petit à petit… dans laquelle quelque chose d’inédit et original, d’abord troublant mais rapidement affolant, l’envie profonde et débordante d’admettre que cela est scandaleusement bon, qu’il faut se rendre à l’évidence, on peut prendre un sacré plaisir de cette façon aussi…

    Avoir envie de le crier, de crier à quel point c’est bon de vivre ça un mec, un mec comme lui, viril, un mec avec qui il se sent en confiance…

    Je regarde Thibault coulisser tout en douceur entre les fesses de mon beau brun... lui aussi il a l'air de prendre un plaisir géant... un pur, intense plaisir de mec, couplé au bonheur de voir son meilleur pote jouir sous ses coups de reins...

    Je mate ce superbe corps de rugbyman qui m’a donné tant de plaisir, tant de fois, prendre desormais son pied autrement , un plaisir qu'il s'est interdit avec l'inconnu Romain, trop sur de lui, trop dans le défi, trop dans le duel de coqs… un plaisir que je savais le guetter, un plaisir, une envie que je savais en lui, inassouvis, un plaisir et qu'il s'autorise enfin avec son Thibault avec qui il doit se sentir bien en confiance...

    C'est très puissant et très doux à la fois, cette envie de se faire du bien... c'est beau et sensuel, la puissance et la grâce des corps qui s'emboîtent, s’enlacent, qui s'aiment...

    Harmonie suprême de deux beaux corps musclés, de deux potes qui assument et partagent leurs désirs enfouis...

    Soudainement, je me dis que depuis le début de cette scène entre beaux bruns, j'oublie quelque chose d'essentiel... à savoir... MOI ! Mon beau brun qui s'envoie en l'air avec son meilleur pote sous mes yeux, comme si je n'étais pas là, me laissant spectateur de leurs ébats, la queue dans la main... je devrais être jaloux comme un pou... je devrais en être malade... pourtant... il en est rien... j'ai comme l'impression que cela devait arriver un jour, tôt ou tard... et qu'il me soit permis d'y assister, c'est un bonheur...

    Alors, qu’ils s'envoient en l'air, que leurs corps se mélangent dans tous les sens dans un plaisir intense, partagé... et que moi on me laisse sur le carreau... j’ai envie de dire… qu'importe… l’intensité de la scène est à couper le souffle, au point que j’en oublie le passé et le futur, les regrets et les craintes… devant un spectacle pareil, il n’y a plus que le présent qui compte, l’instant intense et bouleversant où l’éphémère tutoie l’éternité…

    C’est beau aussi voir le beau Thibault à la trace de cambouis prendre son pied… c’est beau le voir gérer la montée de son plaisir… le voir petit à petit emporté par les vents de l’orgasme… l’entendre à son tour prévenir son pote, lorsque la jouissance arrive, un instant avant qu’elle devienne inévitable… et voir son esprit s’évaporer, son corps tendu, les paupières fermées, la bouche entrouverte pour laisser échapper des râles silencieux, goûtant à un plaisir d’une intensité débordante…

     

    Il n'y a pas plus beau que de voir un beau mec prendre son pied avec son meilleur pote... pour ensuite échanger les rôles et offrir à l'autre le même plaisir qu'il vient de recevoir...

    Mais il y a tout aussi beau... c'est de voir les deux potes allongés côte à côte, l'un n'ayant pas quitté la position dans laquelle il s'est offert à l'autre, le dernier s'étant allongé après l'orgasme qui l'a secoué de fond en comble... deux potes allongés cote à cote, chacun un bras posé sur le cou de l'autre, dernier partage, après avoir vraiment tout partagé... deux potes repus, ayant chacun reçu en soi la jouissance de son pote, chacun ayant découvert et pris son pied en s'offrant à la virilité de l'autre...

    Image magnifique et furieusement sensuelle... deux dos côte à côte, puissants, magnifiques... deux paires de fesses musclées... deux intimités déflorées...

    Ce sera incroyablement bon de vaincre mes hésitations, d'oser... approcher du lit où les deux potes récupèrent de leurs ébats, allongés sur le ventre, en silence, les visages tournés l’un vers l’autre, à quelques centimètres à peine, les dos en V ondulant au rythme d'une respiration qui se calme petit à petit...

    Oui, ce sera terriblement excitant d’approcher des deux potes qui ont enfin osé ce partage ultime, un partage longtemps désiré et fui, ce partage capable de parachever une complicité parfaite, touchante... deux potes, deux si beaux mâles, prenant autant de plaisir dans la découverte à la fois de l'autre et de soi, dans cette confiance et bienveillance mutuelle...

    Cadeau inattendu que de me laisser m’approcher et me pencher tout en douceur sur l'entrejambe de l'un... me laisser écarter les fesses musclées de l’un et de l’autre, me laisser renifler les odeurs masculins qui se dégagent de ces endroits de récente double jouissance...

    Ce sera presque divin, d'autoriser ma langue à aller titiller cette rondelle frémissante, suintant la semence de l'autre... de retrouver une odeur, un goût inédits... de m’autoriser à recommencer tout pareil à côté... écarter d'autres fesses musclées pour y faufiler mon nez et ma langue, des fesses que j'empoigne pour la toute première fois... et de découvrir une autre odeur, un autre goût, bien connus ceux là...

    Et ce sera carrément un aperçu du Paradis, que de m'allonger à la place des deux beaux coéquipiers... et de supporter, l'un après l'autre, les assauts virils et puissants, de retrouver une façon de prendre son plaisir de mec bien connue et d'en découvrir une autre assez différente... de satisfaire leurs ardeurs de mâles encore bien brûlants malgré une jouissance récente... d'offrir mon intimité, ma passivité pour leur retour à leur rôles de mâles sexuellement actifs... de leur offrir encore autre chose à partager… de sentir l'un après l'autre les corps musclés tendus à la recherche d'un plaisir qui vient, qui monte, et qui explose dans leurs entrejambes et dans leurs têtes et qui les parcourt comme une décharge électrique, une énergie vitale qui circule et qui se transmet d'eux à moi...

    Le bonheur d’accueillir, l'une après l'autre, une nouvelle intense jouissance des deux meilleurs potes du monde... pour goûter à la délirante excitation de savoir leurs semences brûlantes de jeunes mecs se mélanger en moi...

     

    [Un lecteur a écrit: "Salut tu comptes de remettre a écrire ou tu arretes ton histoire?"

    Ma réponse: je n’arrêterai JAMAIS cette histoire, au pire elle sera ralentie par les évènements de la vie, mais elle continuera jusqu'au bout.

    Depuis quelques jours, j’ai enfin trouvé le temps de me remettre à écrire. Plusieurs épisodes sont bien avancés. Pour les plus impatients, je vous invite à revenir régulièrement sur le site et suivre les infos et les comptes à rebours...

    Merci au 9 contributeurs Tipeee de me suivre même si depuis deux mois je publie beaucoup moins et si je n'ai pas toujours le temps de répondre à vos mails.

    Une nouvelle vidéo, originale et culottée, est prête sur jerem-nico.com et sur la chaîne Youtube de Jérém&Nico ou en tapant fabienfabien dans la barre de recherche de Youtube.

    Merci à tous pour votre fidélité et votre patience.

    Fabien]


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