• 46.15 Envie de jouir... en lui...

     

     Bonjour à toutes et à tous ! Bienvenue sur le site Jérém&Nico

     

    Merci à Cyril, Gianluca, Virginie, Elodie, Olivier, Gripsou, JFA65, RomainB, Etienne, ça c'est grâce à vous...

    Allez, vous qui aimez Jérém&Nico et un peu leur auteur... un petit effort... le premier palier est tout proche!

    Et le deuxième, pas si loin, à conditions qu'il y ait de nombreuses petites contributions...

    Allez, un petit effort pour permettre à votre Fabien dévoué d'écrire plus sereinement.

    Merci à ceux qui ont contribué ce mois ci à ce projet, ainsi que à toute l'équipe Jérém&Nico que vous pourrez bientot connaitre en détail sur le site jerem-nico.com.

    Bonne lecture à tous !

     

    C’est excitant… terriblement excitant… et dangereux… insoutenablement excitant car aussi dangereux… ce que je sais c’est que dans l’état d’excitation qui est le mien et qui ne cesse pas de grimper, je ne vais pas tarder à venir… à lâcher mon jus sur sa rondelle… je suis happé, coincé entre ses fesses… j’ai terriblement envie de jouir… j’ai horriblement peur de jouir et des conséquences que cela va avoir quand il va s’en rendre compte…

    J’ai le cœur qui bat à mille à l’heure tellement mon excitation est débordante… tellement le frottement de ses fesses serrées autour de ma queue, les tapotements de mon gland sur son ti trou me procurent des sensations de fou…

    Oui, mon cœur s’emballe… mais soudainement, il semble s’arrêter… c’est lorsque je sens les muscles de ses fesses se relâcher… lorsque, à la faveur d’un mouvement un peu plus puissant de son bassin, son ti trou semble céder à la stimulation… lorsque le bout de mon gland semble aller un peu plus loin, vaincre la petite résistance de l’entrée de son intimité…

     

    Un peu plus tôt cette nuit là…

     

    Je me rends compte que c'est pour ça aussi que je l'aime, ce petit mec… c’est parce qu’il peut être parfois touchant jusqu'aux larmes, mon Jérém... aussi profondément touchant qu’il est intolérablement sexy dans certaines circonstances ou insupportablement macho dans d'autres... 50 et une nuances de mon beau brun…

    Et puis Jérém a cette phrase que je n’oublierai jamais :

    «Le rugby, c'est l'histoire d'un ballon avec des copains autour… et quand le match est fini et qu’on range le ballon, il reste les copains…».

    Dans cette simple phrase, je ressens toute la solitude de ce garçons d’ordinaire à l’apparence si sûr de lui… je perçois toute l’importance de la camaraderie avec ses potes, de ce besoin de chaleur humaine, de proximité, de partage… ce besoin de la proximité de Thibault par-dessus tout…

    J’ai envie de pleurer. J’essaie de me retenir.

    Je le serre un peu plus à moi… j’enfonce mon visage dans son cou… sentir l’odeur de sa peau fraîchement douchée, c’est avoir envie de goûter à sa peau... envie de lui faire des petits bisous dans le cou, des bisous tout doux… je me lâche, mes lèvres se posent à nouveau à la lisière de ses cheveux bruns, courts et doux… je le sens remuer un peu… mais c’est juste pour se caler encore mieux dans mes bras… il a vraiment envie de câlin…

    « Il ne fait pas chaud… » lâche-t-il, quelques mots qui ont tout l’air d’une excuse maladroite…

    Mon Jérém qui se confie un peu, qui se plait dans mes bras… qui se laisse faire des bisous… je suis ému que j’en pleure… je pleure en silence, dans le noir, je n’arrive plus à me retenir…

    Un filet de larmes glisse sur ma joue et coule sur son épaule. 

    Il s’en rend compte.

    « Qu’est ce qu’il t’arrive ? Tu chiales ? » me balance-t-il.

    Furieuse envie désespérée de lui dire que je l’aime comme c’est pas possible d’aimer, que je tiens à lui plus qu’à moi-même, que je ferais tout pour lui, tout et encore un peu plus, qu’il me touche, qu’il me fait vibrer, qu’il est l’homme de ma vie… que je ne veux plus partir de la, que je veux qu’on soit toujours ensemble, que je le suivrais n’importe où… que mon amour pour lui est infini et qu’il ne cessera jamais… que je ne veux pas que ce câlin soit juste une erreur de scénario et que dès le matin venu on ne soit plus que sex friends qui n’ont plus rien à se dire… envie de lui dire que je veux tout partager avec lui, ses peurs, mes peurs, nos joies, nos tristesses…

    Envie de lui balancer tout mon amour, un amour tellement fort qu’il ne pourra pas y être insensible… mais je n’ose pas, je me dis que ce n’est pas encore le bon moment, alors je mens :

    « Ce n’est rien… c’est juste la fatigue… ».

    Enchaîne, Nico, enchaîne.

    « T'en fais depuis toujours… du rugby ? »

    « Depuis que je connais Thibault, c’est lui qui me l’a fait découvrir quand on était gamin… »

    « Si tu pars, tu vas moins le voir… ».

    Nico, tu es ému, mais redoutable.

    « Je sais.. lui il me manquerait trop… »

    C’est beau, c’est touchant, c’est mignon. Mais bon, what else ? Est-ce que tu vas finir par avoir un mot d’affection pour ce petit Nico qui est en train de te câliner et de chialer sur ton épaule, oui ou merde ?!?!?!

    Sois fort Nico, continue à creuser… il faut parfois savoir courber le dos plus que son dû pour faire jaillir une source…

    « Mais si tu n’acceptes pas ce boulot de commercial, tu vas faire quoi ici, tu vas rester serveur... ? ».

    « Je ne sais pas trop… ».

    « T’as pas envie de continuer un peu les études, un bts… ».

    « Non, je n’ai pas envie de retourner me faire chier en classe… » coupe-t-il net.

    « Remarque… » je rigole « tu es beau avec ta tenue… et tu es trop à l’aise avec ton  plateau.. on dirait que t’as fait ça toute la vie… ».

    « Pas tant que ça... ».

    « Mais si… » j’insiste.

    « Non, je t’assure… ».

    « En tout cas... t'es vraiment beau dans ta tenue... » et j’enchaîne « tu dois te faire draguer à longueur de temps… »

    « Ouais… c'est chiant… ».

    Je comprends son malaise… problème de riche…

    Et il continue :

    « Ce taf c’est du dépannage… je vais pas faire ça toute ma vie… ».

    « Tu aimerais faire quoi ? ».

    Je l’entends sourire dans le noir. J’ai l’impression que ça lui fait plaisir que je lui pose cette question.

    « Jouer au rugby en pro... mais je ne suis pas assez bon... ».

    « Moi je te trouve super doué… » je tente de l’encourager.

    « Arrête… tu n'y connais rien... » me balance-t-il.

    « Ca c’est vrai… » j’avoue.

    « Je suis sur que tu n’as jamais regardé un match de ta vie… » il enchaîne.

    « Ca, c’est pas vrai… je suis venu te voir jouer une fois… et je suis resté jusqu’à la fin du match… »

    « Laisse-moi rire… » se moque-t-il « t’es juste venu … ».

    « Juste venu pour te mater... » je le coupe net en rigolant « oui... oui… oui… j’avoue… ».

    « J’avais bien compris… ».

    « Et ça t’a pas fait plaisir ? ».

    « Quoi donc ? ».

    « Que je vienne te voir, banane ! ».

    « Bof… ».

    Encore du pur Jérém. Je le déteste. Je l’aime.

    « Même pas un peu ? » j’insiste.

    Je ne vois pas son visage mais je sais qu’il sourit. Je sais que ça lui fait plaisir de savoir que je le mate. Que je suis fou de lui. Comme toute à l’heure dans la salle de bain.

    C’est déjà un bon point, je ne vais pas insister. Comme je l’ai dit, avec un mec comme Jérém il faut savoir lire entre les lignes, dans ses silences, derrière ses sourires, à l’envers de ses bêtises.

    Enchaîne sur le rugby, Nico.

    « C’est vrai que j’y connais rien, mais tu es doué au rugby, à ce qui se dit... ».

    « Qui dit ça ? ».

    « Thibault dit ça… » je lui balance du tac au tac « mais pas que lui… tout le monde au lycée te considère comme le meilleur joueur de l’équipe… ».

    « C’est pas un hasard si tu te fais autant cogner sur le terrain… ».

    Bluffe, Nico, ça te va bien, ensuite flatte, donne espoir, ce n’est jamais perdu :

    « Ils vont finir par te repérer tôt ou tard… ».

    « Si ça devait arriver, ce serait déjà fait… en attendant il faut que je gagne ma vie… » réagit-il, et il continue « au pire j’ai un cousin qui est plaquiste… lui il va en avoir du taf… un de ses ouvriers part à la retraite à l’automne… »

    « Tu sais faire du placo ? »

    « J’en ai déjà fait avec lui l’été dernier au mois d’août… une chaleur à crever… même torse nu on était en nage… ».

    Mon dieu… l’image tout juste évoquée, en à peine quelques mots, de mon Jérém avec un simple jeans ou un short, torse nu, dégoulinant de transpiration du front jusqu’au chemin du bonheur, les muscles bandés, en train de manipuler et de visser de grandes plaques de placo… cette simple, puissante image a de quoi me rendre dingue rien que de l’évoquer…

    « C’est déjà c'est bien que j’ai eu le bac… » je l’entends continuer.

    « Oui, ça c’est sur… » je commente.

    « Merci… »

    Euh… je me trompe ou il a dit « merci » ?

    « Merci de quoi ? » je demande, plus pour avoir confirmation d’avoir bien entendu que pour avoir une réelle réponse.

    « De m’avoir aidé à réviser… » fait-il.

    J’adore ces rares  moments privilégiés où mon Jérém devient doux comme un agneau. Je crois que c’est la première fois que j’entends ce mot sortir de ses lèvres. Merci.

    « Je n’ai pas fait grand-chose » je tente de me dédouaner.

    Silence de sa part.

    Une question me brûle les lèvres… vais-je oser la poser ou pas ?

    Faut y aller Nico… fonce… c’est ce soir ou jamais…

    « Pourquoi t’as dit oui quand je t’ai proposé de réviser ? ».

    J’entends sa respiration, sa déglutition, les battements de son cœur. Les secondes s’égrainent. L’espoir commence à germer en moi qu’il va répondre quelque chose de plaisant à entendre, quelque chose qui me montrerait qu’il savait ce qu’il faisait, où il allait, quelque chose qui me montre qu’il avait envie de réviser avec moi, et rien qu’avec moi…

    « Parce que je voulais avoir quelques chances d’avoir le bac… » finit-il par lâcher.

    Bam ! petit con, va…

    Bien sur… pour avoir le bac… quoi répliquer, alors que je voudrais entendre une toute autre réponse ?

    Cette réponse ne te satisfait pas… pas du tout… alors, fonce, Nico !

    « Tu savais déjà qu’il se passerait un truc entre nous ? ».

    Perche #2 lancée.

    « Je savais que tu avais envie de moi… ».

    Perche #2 esquivée.

    Fonce, Nico, fonce !

    « Et toi ? ».

    « Moi… quoi ? ».

    « T’avais imaginé qu’on coucherait ? ».

    « J’en sais rien… ».

    « T’avais envie de coucher avec moi ? ».

    Perche #3 lancée.

    « J’avais surtout envie de voir jusqu’où tu irais… ».

    Perche #3 esquivée.

     « Alors, j’ai été assez loin ? ».

    « J’ai vu à quel point tu avais vraiment envie de ma… de moi… »

    « Et ça t’a plu ? ».

    « Tu me saoules… » conclut-il sèchement…

    Re-Bam !

    Le poisson est ferré, il se débat… attention à la ligne… ménage tes mouvements, fais en sorte de ne pas casser le lien…

    Un vrai numéro d’équilibriste auquel je me livre…

    Je te laisse pas démonter, Nico, enchaîne.

    « Tu sais, Jérém… je n'avais pas 15 ans quand je t'ai vu la première fois traverser la cour du lycée avec tes potes… dès que je t’ai vu, j’ai été raide dingue de toi… tu étais si jeune, mais déjà si beau, si sexy… bien sur, tu n’étais pas encore aussi bien foutu que maintenant mais t'étais déjà tellement… bomec… bien habillé, bien coiffé… avec ta putain de peau mate… tu étais sexy… au premier instant j'ai eu envie de toi… je me souviens encore que tu portais un t-shirt marron Oxbow qui t’allait super bien… comme un gant… je crois que quand je t'ai vu rentrer dans la même classe que moi, j’ai failli pleurer… j’étais déjà tellement dingue de toi que je n'ai pas arrêter de te mater ce jour là… ».

    « Ouais… ce jour là et les suivants… » plaisante-t-il.

    « Tu t’en rendu compte de suite ? ».

    « Le premier jour… et pas que moi… ».

    « Le premier jour ? »

    « Tu n’étais pas discret… je me suis demandé… c’est qui ce p… enfin… ce mec au t-shirt jaune qui n'arrête pas de me mater ? ».

    Stop… arrêt sur images. Rembobiner de quelques centièmes de seconde. Pause. Avancer image par image… voilà… ça va très vite mais ça a son importance… « au t-shirt jaune ». Voilà l’image, si courte, presque subliminale, que j’ai envie d’analyser et de mettre en valeur au montage de ce film.

    J’ai à nouveau envie de pleurer… je n’oublierai jamais son beau t-shirt marron Ox Bow de la première fois où je l’ai vu… en revanche j’avais bel et bien oublié le t-shirt jaune que j’avais sur moi à cette même occasion… maintenant qu’il est en arrêt sur images dans ma tête, je me souviens très bien de ce t-shirt… je m’en souviens très bien car… je ne l’aimais pas… il était informe, de trois tailles trop grand par rapport à mon physique de crevette de l’époque…

    Je me souviens m’être « battu » ce jour là avec maman car je ne voulais pas le porter pour mon premier jour de lycée… je me doutais que la première impression que je donnerais dans cette nouvelle communauté contribuerait de façon assez définitive à façonner mon image et mon statut, une image et un statut que je me traînerais jusqu’au bout… hélas, maman n’avait pas voulu entendre raison… et c’est avec un peu d’appréhension vis-à-vis des quolibets auxquels j’étais par ailleurs habitué au collège, que j’avais affronté ma première journée de lycée habillé de ce t-shirt jaune…

    Fort heureusement, un beau jeune garçon brun avait traversé la cour du lycée et m’avait fait oublier mon t-shirt… mes soucis vestimentaires avaient disparu d’un coup… mon cœur avait commencé à battre pour autre chose que de me maintenir en vie… son image avait traversé ma rétine… et je n’étais plus le même garçon…

    Depuis bien des années, ce t-shirt jaune est parti chez Emmaüs… depuis, je l’avais oublié comme un mauvais souvenir du mauvais goût de maman… mais pas lui…

    « Tu te souviens de mon t-shirt jaune ? » je ne peux m’empêcher de lui demander, tout guilleret.

    « Quoi ? J’en sais rien, je ne sais plus s’il était jaune ou d’une autre couleur… ».

    « T’as dit jaune… et il était jaune… » je le charrie.

    « Tu me saoules… » il me claque à la figure.

    « Alors ça t'a fait quoi ? » j’enchaîne.

    « De quoi ? ».

    « De voir que je te matais… ».

    « J'ai failli venir te péter la gueule… ».

    « Parfois j’ai eu peur que tu le fasses… parfois tu m’as lancé de ces regards noirs… ».

    « Tu me saoulais… les potes ont fini par me charrier à cause de ça… ».

    « Ah bon ? A cause de moi ? ».

    « Oui… ils me demandaient comment allait ma copine… mais je les ai mouchés tellement de fois avec les nanas que je tombais, qu’ils ont fini par la fermer… ».

    « Ca t’a pas gêné d’accepter ma proposition de révisions, alors ? T’as plus eu peur qu’ils se moquent ? ».

    « Je m’en fous, avant de dire quoi que ce soit sur ma vie, qu’ils se tapent d’abord la moitié des nanas que je me suis tapé… ».

    « C’est vrai que t’as failli me cogner ? ».

    « Oui, mais t’étais trop fragile par rapport à moi, je n’ai pas osé… ».

    « Ca ne t’a pas fait plaisir un peu que je m’intéresse à toi ? ».

    « Il y avait déjà plein de nana qui s’intéressaient à moi… ».

    « Et des mecs, avant moi, jamais ? ».

    « Oui… enfin… non… je ne sais pas… t’en pose, toi, des questions… à cette heure ci… ».

    Je savais qu’il s’était rendu compte que non seulement les nanas, mais que aussi les mecs le mataient… j’aimerais savoir ce que ça lui a fait de savoir qu’il avait des touches avec des mecs… mais je sais que ce n’est pas cette nuit que je poserai cette question…

    « Pendant des années, j’ai crevé d’envie… d’envie de toi… ».

    « Pendant des années, je me suis dit que jamais tu n’aurais le cran de m'approcher… ».

    « Tu as vu ? J’ai eu le cran… ».

    « Ouais… je ne sais pas si tu as bien fait… ».

    « Pourquoi ? »

    « Je ne suis pas sûr que ce qu'on fait là ce soit une bonne chose… toi t’es pd… enfin… homo… mais pas moi… ».

    « T’es quoi, toi, Jérém ? ».

    Silence cadencé par sa respiration lourde.

    Enchaîner, Nico, ne pas insister, ne pas se laisser démonter.

    « Dès le premier jour j’ai eu envie de toi… envie à en crever… quand tu étais là, en cours, je ne pouvais pas décoller mes yeux de toi… c’était une torture de te regarder grandir, de te voir débouler en cours chaque jour un peu plus beau et sexy que celui d’avant… sentir la traînée de ton putain de déo de mec… voir défiler tes sacrés t-shirts moulants… tes jeans qui semblent coupés sur mesure… plus ça allait plus tu étais beau et sexy et plus tu t’habillais super bien…

    Quand tu étais là, j’en avais mal au ventre tellement j’avais envie de toi… les fois que tu manquais les cours… j’en avais le même mal au ventre, tellement tu me manquais…

    Quand les vacances arrivaient, j’étais le seul mec triste de la classe car je savais déjà que tu allais me manquer… et à chaque rentrée il ne me restait qu’à découvrir à quel point tu étais encore plus sexy que quand je t’avais vu la dernière fois… comme si j’avais raté des épisodes de ma série préférée… j’étais jaloux de tes potes, ceux avec qui tu sortais le soir, de tes potes de rugby, de tous ces gens qui avaient la chance de te côtoyer en dehors du lycée… dans la vraie vie… jaloux de tes amis qui te connaissaient, qui partageaient avec toi des moments qui m’étaient interdits…

    Moi non plus je n’aurais jamais cru que j’aurais un jour le cran d’oser te proposer de réviser… et encore moins que les révisions ça deviendrait… ».

    « Des parties de jambes en l’air… » me coupe-t-il.

    « Pour moi ce ne sont pas que des parties de jambes en l’air… » je lui balance.

    Silence de sa part… j’entends les battements de mon cœur secouer ma poitrine.

    « Et toi c’est quoi exactement tes études ? ».

    Bien esquivé Jérém… un véritable petit champion de la diversion stratégique. Insaisissable comme une anguille fraîchement péchée.

    Je suis un peu déçu par cette manœuvre… envie de repositionner le curseur là où il l’a switché… mais bon, je sais qu’il ne faut pas insister… ça ne servirait qu’à me faire jeter… alors… déjà déguster le plaisir et le bonheur de le sentir s’intéresser un peu à moi… on reviendra par la suite sur les sujets qui fâchent...

    « C’est de la géologie… je suis passionné par tout ce qui touche à notre planète… ses origines, son évolution passée et à venir… comment tout ça s’est formé, d’où c’est venu, où ça va aller… ça commence avec deux années préparatoires, ensuite il faut choisir une spécialisation… il y a plein de choses à étudier, les unes plus intéressantes que les autres… style… étudier les volcans… j’aimerais tant aller en Islande, cette terre de glace et de feu… j’aimerais étudier le mouvement des plaques, les tremblements de terre, l’érosion, l’action de l’eau, l’évolution des couches de la croûte terrestre… mais aussi la paléontologie, les fossiles… il y a tant et tant de choses passionnantes à la surface ou un peu en profondeur de cette terre juste sous nos pieds… ».

    « Un caillou c’est un caillou… » plaisante mon beau brun.

    « C’est ça… mais quand on apprend à le faire parler, il a tant de choses à dire… ».

    « Et tu vais faire quoi de ton diplôme ? ».

    Putain… ça me fait plaisir qu’il me pose des questions, même si je sais que cela est en bonne partie amené par sa volonté de m’empêcher d’aborder des sujets qui fâchent…

    Pourtant, il y a des choses que j’ai besoin de lui dire avant que le matin ne nous sépare… il faut que je me dépêche de livrer ce que j’ai sur le cœur... et même si le bonheur d’être dans ses draps, calé contre son corps, au milieu de cette conversation à bâtons rompus inespérée est un bonheur entier…  je sais que cette deuxième nuit magique ne sera qu’un feu de paille si je n’arrive pas à aborder le sujet qui me brûle au fond de ma gorge…

    J’ai besoin de savoir quelle place j’ai aujourd’hui dans sa vie et quelle place il envisage de me laisser à l’avenir…

    J’ai besoin de lui dire des choses avant que le sommeil ne nous sépare… j’ai besoin d’avoir des réponses avant que la vie ne nous sépare…

    D’ailleurs, sa voix est de plus en plus lente, pâteuse… il est fatigué le petit con, le sommeil ne va pas tarder à le happer… le temps m’est compté…

    Je décide de répondre à sa dernière question avant d’enchaîner en douceur avec les sujets qui me tiennent à cœur :

    « J’aimerais bien rester dans la recherche scientifique… je ne voudrais pas finir par travailler pour un groupe pétrolier… mais la recherche demande tant d’années d’études… c’est passionnant, mais long, dur… il faut avoir des super notes tout le temps… de plus, les places ne sont pas nombreuses… je verrai à l’usage… »

    « Tu es doué et bosseur… tu vas y arriver… »

    Ce n’est pas la première fois qu’il me fait des compliments sur mes qualités intellectuelles. Et comme d’hab, je suis à la fois flatté, gêné et un peu triste d’entendre cela de sa bouche… certes, j’aime bien qu’il me trouve des qualités… mais le fait de me reconnaître en tant que « bon intello » m’éloigne de fait de lui… lui qui a l’air de se considérer plutôt comme « une paire de jambes pour le rugby » ou « des bras pour le placo »…

    « Je ne sais pas si je vais y arriver… je vais le tenter… si ça ne marche pas, j’aviserai… ».

    « Toi aussi tu vas partir… » considère-t-il.

    Sa voix sort de plus en plus lente et fatiguée.

    « Bordeaux c’est pas si loin… » je lui réponds.

    « C’est pas à coté non plus… ».

    « Mais je reviendrai, Jérém… si tu es là… je reviendrai…et même si tu pars, n’importe où que tu sois, si tu veux toujours me voir, je reviendrais… tu vas trop me manquer, Jérém… ».

    « Tu vas trouver d’autres mecs, tu vas m’oublier… ».

    « Je ne pourrais jamais t’oublier Jérém… jamais… ».

    « De toute façon, maintenant que t’y as goûté, tu sais que tu peux prendre ton pied avec d’autres mecs… »

    « Jérém… ».

    « T’as pris ton pied avec le type de ce soir et avec ton … Stéphane… aussi, non ? » insiste-t-il

    « Jérém… je ne vais pas te dire que je n'ai pas pris mon pied avec ces deux mecs… les garçons c’est mon truc… mais avec toi… avec toi c’est différent… avec toi c'est juste pas possible… avec toi c'est le feu d'artifice… avec toi c'est incroyable… avec toi c’est le bonheur… ».

    « Je sais… je suis un bon coup.. » fait-t-il en rigolant avec une intonation qui ralentit à vue d’œil ou plutôt à ouïr d’oreille.

    Il m'énerve.

    « Tu m'énerves, Jérém… c'est pas ça que je veux dire… enfin si… tu es un très bon coup… c’est aussi ça que je veux dire… enfin, tu me fais mélanger les pinceaux… je veux dire… avec toi c'est magique et ça l’est mille fois plus encore quand tu te laisses un peu aller… coucher avec toi c'est le bonheur absolu mais j'aime aussi te câliner te serrer dans mes bras comme là… te faire des bisous comme tout à l’heure, sans me faire jeter… ».

    Le train inter city « Nico2001 » sort de gare… il prend de la vitesse…

    « Jérém… je ne te demande pas de sortir ensemble main dans la main dans la rue ou de faire des repas de famille… ni de nous afficher devant tes potes… je te demande juste un peu de tendresse en plus du sexe… je ne veux pas juste baiser avec toi et repartir pour revenir quand à nouveau l’envie te prend… ou alors rester faire un câlin quand t’as un coup de blues et me faire jeter si c’est moi qui a envie d’un câlin… »

    Le train inter city « Nico2001 » est lancé à toute allure… inarrêtable…

    « Je voudrais juste arriver à te cerner… parfois je ne sais par trop quoi penser de toi… parfois certaines de tes attitudes me donnent des illusions… et après tu changes du tout au tout… je voudrais que tu arrêtes de souffler tout le temps le chaud et le froid… parce que ça… ça… ça me fait un mal de chien… tu sais, Jérém… même si tu te laisses un peu aller… comme tu le fais des fois, comme là, comme cette nuit, tu vas rester… mec… tu seras toujours Jérémie T….»

    Le train inter city « Nico2001 » avait prévu d’éviter certains passages… mais il fonce désormais inexorablement sur sa route…

    « Parfois j’ai l’impression que tu me prends et tu me jettes comme une capote… à force de me faire jeter, je vais finir par craquer…

    Je pense qu’on peut se faire un bien fou… j’ai juste besoin d’un peu de considération… ce qui ne t'empêchera pas de continuer de me baiser aussi souvent que tu le voudras… mais, s'il te plaît, considère-moi comme un être humain… tu sais si bien le faire avec tes potes… »

    Le train inter city « Nico2001 » entrevoit le terminus… il n’avait pas vraiment prévu de l’atteindre, mais désormais, la distance de freinage est insuffisante… il va rentrer en gare des « Grandes Déclarations » dans quelques instants…

    « Jérém, tu sais, je t’aime… je t’aime depuis le premier jour du lycée… le sexe avec toi c’est dingue, mais je t’aime au delà de ça… bien au delà…

    Je sais que c’est dur pour toi, accepter de faire des câlins à un mec ou te laisser câliner par un mec… mais fais moi confiance un peu… je sais attendre… »

    « Jérém… je voudrais savoir si on va continuer à se voir, si tu as vraiment envie qu’on continue à se voir dans les semaines, les mois à venir… je voudrais savoir si notre relation représente à tes yeux quelque chose au delà du sexe… ».

    Je suis fier de moi… fier de ma tirade, fier d’avoir été au bout de ma pensée, calmement, doucement, fermement malgré la fatigue qui me tenaille… fier de moi et content de retrouver ma respiration… je suis presque en apnée… j’écoute ma respiration, lourde, profonde… et soudainement je me rends compte que la sienne est aussi bruyante et profonde que la mienne… voire plus… voire beaucoup plus… oui, sa respiration semble celle d’un mec… qui sommeille !

    Naaaaaan… pas ça… pour une fois que j’ose aller au bout de mes idées… Jérém… ne dors pas…

    Bah, si, il dort… je ne sais pas depuis quand il dort, mais il dort… la fatigue a eu raison de son corps de petit con musclé… qu’est ce qu’il a entendu de ma tirade ? Rien ? Pas grand-chose ?

    Je suis déçu… merde, alors… et s’il n’a rien entendu ? T’as fait tout ça pour rien…

    « Jérém… » je chuchote, comme pour m’assurer qu’il est bien endormi.

    Pour toute réponse je n’aurai de lui qu’un gazouillis tout mignon rappelant celui d’un bébé. Oui, le beau brun fait dodo… il n’est pas encore parti très loin, mais il est déjà parti… je pourrais le ramener à l’état éveille, mais je sais que ça ne servirait à rien,à part à le contrarier… alors je le laisse partir dans les bras de Morphée… qu’il partage ce soir avec les miens…

    Enfin, pas pour rien…

    Est-ce que tu as l’impression que c’est rien ce que tu vis depuis le départ de Romain ?

    Il te demande de rester, tu le mates dans sa salle de bain, sous la douche… tu te faufiles dans ses draps, tu te shootes avec le bonheur olfactif qui se dégage de son corps… tu parles avec lui… il te parle, il commence à se livrer un peu… il te parle de lui, de sa passion, de ses rêves… il te demande de lui parler de toi… c’est rien, ça, Nico ???

    Quand j’y pense… en lisant entre les lignes, entre ses mots de ti con qui ne s’assume pas… à bien regarder, il y a quand même deux ou trois choses que j’ai réussi à placer avant sa dernière réplique, deux ou trois choses dont je suis plutôt content…

    Et puis il y a des trucs qu’il a laissé échapper par mégarde qui me font chaud au cœur… et je pense en particulier à son souvenir vif de mon t-shirt jaune auquel je viens de repenser, avec la certitude qu’il était jaune ce jour là, mon premier jour du lycée, à cause de la discussion que j’avais eu la veille avec maman sur l’opportunité de ce jaune pour le premier jour du lycée, pour la première image que je donnerais de moi à mes futurs camarades…

    Alors, même si Jérém s’est endormi avant la fin de ma tirade, on a quand même bien parlé, plus que jamais, plus qu’en deux mois de coucheries, plus qu’en cinq ans de lycée…

    Mon Jérém qui dort dans mes bras… sa respiration calme, à peine perceptible… l'odeur enivrante de ses draps… la chaleur de son corps qui irradie dans le mien… la douceur de sa peau qui me donne des frissons de plaisir… cette conversation inattendue, et, bien qu’inachevée, tellement intense… cette conversation qui résonne dans ma tête… Jérém qui, sans la nommer, me parle de cette solitude qui ne le quitte pas et qui me le rend craquant au possible… le fait qu’il me demande de rester pour combler cette solitude… j’ai envie de crier mon bonheur, j’ai envie de pleurer mon bonheur… je le serre un peu plus contre moi, si c’était possible, je me serre un peu plus contre lui… j’ai envie de me perdre dans ce moment… j’ai envie que le matin n’arrive jamais… voilà une certaine idée du Paradis… mes sens sont ivres de lui… je pose quelques derniers bisous dans son cou, à la lisière de ses beaux cheveux bruns… cet endroit est fait pour ça… pour poser les bisous les plus doux du monde, sans jamais arrêter…

    Et puis la fatigue me rattrape… je perds pied… c’est le black out… c’est avec un petit sourire aux lèvres que je m’endors…

    Lorsque je me réveille, après un assoupissement dont je ne pourrais affirmer la durée, je tiens toujours le beau brun dans mes bras… pourtant, quelque chose a changé… quelque chose est en train de se passer…

    En émergeant des vapeurs d’un sommeil que je devine de courte durée et brusquement interrompu, je me rends compte que ma queue a durci… elle est calée dans sa raie, entre ses globes musclés…

    Lorsque je réalise ce qui est en train de se passer, je me sens à la fois dans un état d’excitation indescriptible… et terrifié à l’idée qu’il se réveille et de sa réaction… une réaction qui j’en suis sûr, va être extrêmement violente…

    Ce serait dommage de gâcher ce beau moment à cause d’une trique à la con que je n’ai même pas senti venir… pourtant c’est bon, trop bon… je bande à nouveau comme un âne et mon excitation ne fait que monter encore et encore… le fait est que… cette excitation ne vient pas toute seule…

    Encore immergé dans les vapeurs qui séparent le sommeil et la veille, je me demande si je suis réellement réveillé… si c’est un rêve ou la réalité…

    Il me faut un petit moment pour retrouver mes esprit et réaliser que si je bande autant et si mon excitation se fait de plus en plus violente, ce n’est pas qu’une question de contact avec la vallée entre les fesses de mon beau brun… pour réaliser que les vagues d’excitation qui traversent mon corps c’est à partir de mon gland qu’elles irradient… car mon gland est agacé, excité, titillé, caressé par des petits frottements dans sa raie… des frottements dont je ne suis pas à l’origine…

    Oui, il me faut un petit moment pour réaliser que c’est le bassin de mon beau couillu qui balance des petites ondulations qui apportent tant de bonheur à ma queue…

    Il se frotte, je bande, je m’enfonce de plus en plus loin entre ses fesses… mes tétons frottant légèrement contre son dos, au gré des mouvements de nos corps, mon excitation grimpe vite à des sommets qui échappent à mon contrôle… il se frotte, je bande, je m’enfonce… et lorsque le bout de mon gland rencontre une sorte de petite butée… je sais que c’est le petit relief de son ti trou… un frisson particulièrement violent me frappe… j’ai l’impression de devenir fou… ses ondulations n’ont pas cessé… au gré des ondulations de son bassin, mon gland tape tout doucement sur son ti trou… un ti trou qui semble se contracter, tout comme ses fesses qui semblent serrer davantage ma queue…

    C’est excitant… terriblement excitant… et dangereux… insoutenablement excitant car aussi dangereux… je ne sais pas s’il est réveillé, je me demande s’il est réveillé et pleinement conscient de ce qui est en train de se passer… ce que je sais c’est que dans l’état d’excitation qui est le mien et qui ne cesse pas de grimper, je ne vais pas tarder à venir… à lâcher mon jus sur sa rondelle… je suis happé, coincé entre ses fesses… j’ai terriblement envie de jouir… j’ai horriblement peur de jouir et des conséquences que cela va avoir quand il va s’en rendre compte…

    J’ai le cœur qui bat à mille à l’heure tellement mon excitation est débordante… tellement le frottement de ses fesses serrées autour de ma queue, les tapotements de mon gland sur son ti trou me procurent des sensations de fou….

    Oui, mon mon coeur s’emballe… mais soudainement, il semble s’arrêter… c’est lorsque je sens les muscles de ses fesses se relâcher… lorsque, à la faveur d’un mouvement un peu plus puissant de son bassin, son ti trou semble céder à la stimulation… lorsque le bout de mon gland semble aller un peu plus loin, vaincre la petite résistance de l’entrée de son intimité…

    Je frissonne, j’en tremble… ma respiration est si saccadée, si bruyante, mes frissons si forts, comme des spasmes… ça va le réveiller, c’est sûr… et quand il se rendra compte de ce qui se passe, il va me jeter, il va me cogner… il faut que je me retire, il faut que je me calme… mais ses mouvements de bassin ne cessent pour autant… ils sont tout doux, mais ne cessent pas… millimètre après millimètre, mon gland s’enfonce un peu plus… au bout de quelque coups… mon gland est presque entièrement en lui…

    Je suis dans un état de fibrillation indescriptible… mes sens kidnappent mon esprit, ma raison tente de s’opposer à l’inopposable… mais tu fais quoi, là, mon Jérém… si tu continues comme ça… je vais jouir… je vais jouir en toi… ne fais pas ça… tu ne vas pas pouvoir supporter ça… tu vas me haïr… je ne veux pas ça…

    Le bonheur d’être (presque) en lui… moi qui n’a jamais été dans un mec… découvrir ce que ça fait… et c’est bon à un point que je crois devenir fou… je ne sais même pas si mon gland est vraiment bien tout rentré… ce que je sais c’est que je vais jouir… rien qu’en tapotant au bord de sa rondelle, je vais jouir… et ça va venir très vite…

    Il faut que tu renonces, Nico, il faut que tu renonces tant que c’est encore temps… tant qu’il s’est aperçu de rien… mais j’ai envie de jouir… envie de sentir ce qu’il ressent lui lorsqu’il jouit en moi… envie de connaître le plaisir de mec qui est le sien…

    Envie de jouir… en lui….

    Mon gland et mes tétons deviennent électriques… je deviens dingue… dans ma tête c’est un tsunami… des décharges électriques puissantes et débordantes annulent toute volonté en moi… j’ai envie de jouir, je vais jouir… tant pis, je vais jouir… je sais que c’est signer la fin de notre relation, qu’après ça il n’y aura pas de suite possible… que je vais tout gâcher à cause de deux secondes d’orgasme… mais je suis un mec, un mec de 18 ans, avec une trique d’enfer, le gland à moitié coincé dans le ti trou de l’homme que j’aime… je sens l’orgasme arriver au loin… tant pis, ma volonté n’est plus… je ne suis plus que instinct, plaisir…


    3 commentaires

  • Sans qu’aucune réponse ne vienne de sa part, la mort dans l’âme, je tire un peu plus le battant vers moi…
    Et là, alors que je n’y croyais plus du tout, j’entends le son de sa voix… c’est une voix à la vibration moins vigoureuse que d’habitude, c’est une voix traduisant l’état de fatigue du corps d’où elle jaillit…
    « Nico… ».
    Mon cœur s’emballe. J’attends la suite comme en fibrillation. Une seconde, deux, trois, qui semblent une éternité.
    « Oui, Jérém… » je finis par lâcher comme pour l’inviter à aller plus loin dans son propos.
    « Nico… reste… reste avec… ».
    Et je me fige sur place. Non, pire que ça : je me pétrifie sur place. J’ai tellement de mal à croire à ce que je viens d’entendre que je commence à douter d’avoir bien compris.
    Un doute qui se dissipe rapidement lorsque je l’entends se corriger :
    « Reste un peu… ».
    Aaaahhhh, c’est pas banal, ça…
    Inutile de préciser que cette situation m’en rappelle une autre… le même dilemme… SHOULD I STAY OR SHOULD I GO… dois-je rester ou partir… oui, cette situation me rappelle le souvenir encore très vif d’une autre invitation, d’une autre nuit, nuit magique, nuit de rêve, nuit suivie d’un matin de cauchemar…
    Comment choisir alors ?
    Envie de rester… il semble en avoir envie lui aussi… puisqu’il me le demande… plus que ça, il semble en avoir besoin…
    Envie de rester et peur de rester, peur du matin, du réveil… dilemme impitoyable… comment je voudrais, à cet instant précis, être un personnage dans une histoire et demander conseil, entendre chaque son de cloche, de mes lecteurs…

    [Pour ceux qui ont remarqué qu’on est passé direct du 46.12 au 46.14, je précise que le « 46.13 Les amis de Nico », transcription de la soirée chat du 22 juin dernier est disponible sur www.jerem-nico.com/Nouvel épisode. Merci aux lecteurs qui se sont penchés sur le cas de Nico avec leurs conseils avisés et leur bienveillance].

    Dans ma tête l’écho dissonant des « voix » contradictoires des plusieurs « Moi » qui se bousculent et qui me disent tout et son contraire…
    Partir ou rester ?
    Partir donc… partir pour laisser mon beau brun cogiter sur tout ce qui vient de se passer cette nuit, pour le laisser seul avec cette jalousie qui s’est manifestée à plusieurs reprises sans pourtant s’assumer, se camouflant tout à tour en machisme déplacé, en reproche maladroit, en mauvaise foi manifeste… une jalousie qui a de plus fortes chances de se retrouver face à elle-même et de s’assumer dans le terreau propice de la solitude… une solitude qui sera d’autant plus brutale après le partage si intense de cette nuit…
    Ou bien rester… rester déjà parce que j’en ai terriblement envie… rester pour voir ce qui va se passer « après »… pour faire face, pour ne pas fuir… pour aller au fond du fond… rester pour ne pas regretter d’avoir peut-être raté quelque chose d’important, de rare et de précieux… qui sait ce qu’est capable de me réserver mon beau brun… dans le bien… comme dans le moins bien…
    Evidemment, ma balance interne pencherait plutôt du coté de « rester »… et un instant après… du coté de « partir »… comme dans les vieilles balances à plateaux, l’aiguille centrale fait des petits mouvements de droite à gauche et de gauche à droite autour du point d’équilibre, sans arriver à se stabiliser…
    Partir c’est fuir… fuir ce n’est jamais très bon… mais rester… vivre peut-être une deuxième nuit magique, rester pour combler sa solitude, en attendant qu’au matin il retrouve son assurance et qu’il se métamorphose à nouveau en ce petit con qui n’a besoin de personne… lui offrir cette tendresse dont il semble preneur à cet instant précis, une tendresse à laquelle je vais une fois de plus très vite m’habituer et qui va me manquer comme si on m’arrachait le coeur lorsqu’il va me la refuser ?
    Putain, il me refait le coup, je me dis… comme la dernière fois, cette nuit il a besoin de moi pour ne pas rester seul face à ses fantômes, à ses démons, sa solitude, ses combats intérieurs… c’est comme un bébé qui fait ses angoisses du soir et qu’il recommencera à faire ses caprices le lendemain… ce soir il est fragile… mais demain matin, lorsque son blues sera dissipé, son arrogance de petit con reprendra le dessus et refermera violemment la brèche cette petite fragilité post-coïtale qui me touche jusqu’à me faire fondre mais qui me fait aussi tellement peur, car je sais qu’elle ne va pas durer…
    Alors, du tac au tac, je lui réponds :
    « Si c’est pour me faire pourrir comme la dernière fois… ».
    Je ne peux même pas croire que c’est moi qui balance ça, mais c’est un cri du cœur que je ne peux retenir.
    Dans la pénombre à laquelle mes yeux sont désormais habitués, je vois, je sais qu’il me regarde, qu’il se mordille les lèvres, qu’il a l’air déçu à l’idée que je parte…
    Le silence s’installe pendant de longues secondes. Jérém semble désarçonné, tellement loin du petit macho auquel je suis habitué. J’en serais presque à croire qu’il ne saurait plus retrouver le chemin de son arrogance de petit con. Alors j’enchaîne :
    « Pourquoi tu veux que je reste ? ».
    Un autre silence suit mes mots. J’ai besoin d’être rassuré, j’ai besoin d’une réaction de sa part. Alors je le cherche :
    « Donne-moi une bonne raison de rester… ».
    J’ai cherché une réaction de sa part, la voilà :
    « Ecoute… ta gueule ! » me balance-t-il sèchement en bondissant du lit et en se penchant pour ramasser la capote abandonnée par le beau barbu et la foutre a la poubelle au passage.
    « Tire-toi, si ça te chante, rien à foutre ! » lâche-t-il en disparaissant dans la salle de bain et en balançant  vigoureusement le battant de la porte derrière lui.
    Petit menteur, va… bluffeur à deux balles… je sais bien que ce n’est pas vrai, ça… je sais bien que tu n’en as pas « rien à foutre »…
    Envie de le gifler tant ces mots m’énervent, d’autant plus que c’est la deuxième fois que je les entends cette nuit là… et encore plus car je sais qu’elles ne sont pas vraies, qu’elles sont juste un mouchoir jeté sur une vérité qu’il n’ose pas regarder en face… mais bon… avec un petit con comme Jérém, je commence à avoir l’habitude… avec Jérém, il faut savoir lire entre les lignes, dans ses silences, derrière ses sourires, et même au verso de ses bêtises…
    Oui, le beau couillu a balancé la porte de la salle de bain avec un geste sec traduisant son énervement… cependant, voilà que le vent d’Autan, s’engouffrant par la porte fenêtre et se transformant en mon allié sur ce coup là, fera que, malgré son geste, la porte restera entrebâillée…
    C’est ainsi que, une seconde plus tard, j’entendrai vivement le bruit de son jet dru et régulier tombant dans la cuvette… mon sang ne fait qu’un tour… avec un geste instinctif et précipité, je lâche la poignée de la porte d’entrée comme si soudainement elle était chauffée à blanc… presque d’un seul bond, je me décale de la distance qu’il faut pour tenter d’assister à ce spectacle dont l’intro m’a captivé, foudroyé sur place…
    Le vent d’Autan n’est pas mon allié ce soir là, c’est mon ange gardien… au gré d’une rafale un peu plus musclée, la porte de la salle de bain s’entrebâille un peu plus… et alors que j’avais du mal à voir l’intérieur de la pièce d’eau, voilà désormais devant mes yeux un angle de vision assez confortable pour que ses fesses nues, musclées, ainsi que son dos en V, apparaissent devant mes yeux…
    Il faut imaginer mon bonheur… le bonheur de voir mon Jérém de dos, les jambes écartées, le buste en arrière, se soulageant la vessie avec son assurance de petit mec, en train de lâcher un long jet dru et bruyant dans la cuvette...
    Je suis fou... mon cœur s’emballe, je sens ses battements rapprochés taper jusque dans ma gorge… j’en ai la tête qui tourne… je bande à l'instant... très envie de la lui tenir, de la diriger sur moi et de le sucer juste après, trop envie de me laisser faire ça par ce mec... comme la dernière fois au vestiaire du terrain de sport… sentir son jet dru sur mon torse... avant de lui avaler la queue encore et encore...
    Hélas, je sais que ni l’une ni l’autre de ces deux options ne sont à l’ordre du jour… du moins à cet instant précis… je note dans ma tête que si on doit se séparer un jour, je voudrais avoir le temps de me laisser faire cela une dernière fois…
    Je le mate jusqu'à ce qu’un mouvement de son bras me laisse imaginer son engin secoué pour lâcher la dernière goutte... j’entends ainsi le fin clapotis des dernières petites gouttes lâchées… le tout suivi du bruit de la chasse d’eau.
    Je me retire juste avant qu'il se retourne...
    C’est fini…
    Vraiment, je ferais bien d’y aller… je pense vraiment que ce serait la meilleure solution… rester c’est lui céder une fois de plus, rester c’est me conformer une fois de plus aux rôles établis dans notre relation, rester c’est empêcher les choses d’avancer… rester c’est éviter une fois de plus ce choc, ce quitte ou double, ce big bang qui bousculerait les règles et permettrait à notre relation de prendre peut être un nouveau cours… ou de s’arrêter là…
    Oui, quitte ou double, ça fait peur, mais il le faut… je sais aussi que lui obéir c’est le conforter dans ses positions… il n’y a qu’en le mettant en pétard que j’arrive à le faire sortir de ses gonds, de ses retranchements, de ses faux semblants…
    Je tente de faire appel à mes dernières ressources… c’est en me faisant un peu violence que j’arrive à provoquer en moi un regain de forces, à envisager le chemin jusqu’à St Michel avec sérénité, à envisager le chemin jusqu’à la porte sans me retourner… mais je sens que ma motivation est fragile, il faut y aller, il faut que ça se fasse vite, très vite, il faut y aller sans me retourner…
    C’est dans cet état d’esprit et d’urgence que je me dirige vers la porte d’entrée, cette porte que j’ai abandonnée un instant plus tôt ni ouverte ni fermée, cette porte qui semble m’appeler, me happer… m’intimider, me repousser…
    J’avance, je m’approche de la sortie… je suis presque dehors… presque en zone libre… en zone sure… je n’ai plus qu’un pas à parcourir…
    C’est lorsque je commence à croire possible d’y arriver que j’entends ce bruit… et j’en suis comme frappé au dos… stoppé net en si bon chemin…
    Un bruit fin, continu, léger, mais pénétrant… un bruit qui s’insinue dans mes oreilles et qui résonne dans mon bas ventre me provoquant un frisson intense et déchirant… un bruit doux et familier…
    Oui, le bruit doux et familier de l’eau de la douche qui commence à tomber… putain… Jérém se douche… putain de putain… mes jambes se bloquent net… mon bras, ainsi que ma main, à quelques centimètres à peine de la poignée de la porte, retombent illico, sans volonté, sur mon flanc…
    Le bruit de la douche, c’est mon chant des sirènes… j’étais labrador et mon maître m’avait sifflé, je n’aurais pas rappliqué à cette vitesse… rien que l’idée de mater cette belle plastique caressée par l’eau, cette nudité mouillée, cette peau reluisante, ce sexe massé par le passage du liquide tiède… je suis déjà dingue…
    Avec un geste tenant davantage du réflexe conditionné que de la maîtrise de moi, je me retourne… la porte de la salle de bain est toujours entrebâillée… je sais que si je me décale à peine un peu, je vais pouvoir le mater sous la douche… et voilà que la tentation devient nécessité…
    J’entends l’eau couler, encore et encore… c’est beau mon Jérém qui est sous la douche… le son appelle l’image… envie de le mater sous la douche.
    Voilà ce qui finit par faire pencher la balance… la chair est faible… le Nico est raide dingue… et la tentation de la douche, mon dieu…
    Je repousse le battant de la porte d’entrée contre le cadre jusqu’à faire claquer le ressort de la serrure… je reviens vers la salle de bain… je cherche l’angle parfait pour assister à ce spectacle de bonheur… la salle de bain est très bien illuminée, alors que je suis dans la pénombre… j’ai l’impression d’assister à une pièce de théâtre… je suis le seul public, devant cette scène bien en lumière… j’ai le choix de l’emplacement, alors je me décale pour trouver le meilleur… je suis face à l’entrebâillement de la porte… c’est le « carré VIP »… je vois la cabine de douche, je vois mon Jérém presque en entier…
    Comme au théâtre, le rideau est ouvert… oui, il y a un rideau sur un coté de la douche… mais le ti con, trop nonchalant ou trop fatigué, ne l’a pas tiré… la scène est grand ouverte… et le spectacle est grandiose…
    L’eau tombe lentement de la pomme de douche et coule doucement sur son corps sculpté, sur sa peau mate, sur ses muscles saillants, sur sa plastique de dingue… ses mains parcourent sa peau pour étaler le gel douche copieusement employé, si je me fie à la mousse qui couvre son torse… un gel douche de petit con, un gel douche à la fragrance entêtante, dont des puissants relents de fraîcheur humide arrivent désormais à mes narines…
    Je le regarde se savonner copieusement… je suis tellement secoué par tant de beauté que j’en ai mal aux yeux… j’en ai le tournis… j’ai besoin d’une pause pour ne pas tomber raide… alors je ferme les yeux… je coupe la vue, le sens principal, celui qui apporte tant de bonheur mais qui a tendance à éclipser les autres… je ferme les yeux et je me concentre sur les autres sens…
    J’écoute les bruits, l’eau qui coule, j’ai l’impression de l’entendre ruisseler sur son corps… j’entends le passage, le frottement de sa main sur sa peau… j’entends les variations du bruit de la chute de l’eau dans le bac au gré de ses mouvements, des mouvements que je devine… l’odeur de son gel douche monte à mon cerveau, puissante, forte, j’en suis dingue… ma peau parcourue par la caresse du vent d’Autan… et dans ma bouche… oui, dans ma bouche, le goût persistant de son jus de mec… tant de chose on retrouve, juste en prenant soin de fermer les yeux de temps en temps, ne serait-ce qu’une seconde durant… comme une mélodie de bonheur qui mélange tous les sens autres que la vue…
    Lorsque je rouvre les yeux… la première image qui me frappe ce sont ses cheveux mouillés… contemplation assez vite perturbée par un mouvement de son bras… sa main qui glisse sur sa queue, la savonne, la caresse, la rince… et lorsque sa main en repart pour caresser d’autres régions de sa peau, je regarde l’eau qui s’échappe en filet dru de cette magnifique gargouille après avoir parcouru chaque recoin, chaque millimètre de son corps de dieu grec…
    Envie de le rejoindre sous l’eau… connement, je n’ose pas… je sais qu’il est en pétard, alors, je n’ose pas… pourtant il m’a invité à rester… peut être que ça lui ferait plaisir que j’aille le retrouver sous l’eau… je ne sais pas… j’adorerais lui faire un câlin sous l’eau dans cet espace réduit… je ne sais pas… il va peut être mal le prendre… ça va le gêner pour se rincer… il va trouver que je suis envahissant…
    Envie de le rejoindre sous l’eau… peur de sa réaction… et, au final, pour me consoler du fait que ce dont j’ai très envie mais que je n’oserai pas cette nuit, le constat que rien que de le regarder sous l’eau est déjà un pur bonheur… 
    Je me « réconforte » également en pensant au bonheur proche de retrouver la peau fraîchement douchée de mon beau brun… de me retrouver sous les draps à coté de lui… de le serrer à moi… bien entendu, s’il souhaite toujours que je reste… car je le sais capable de revenir de sa douche en ayant changé d’avis…
    Ce serait dommage qu’il ait changé d’avis… car, en dépit de mes petites réticences face à sa demande, ma décision est prise. C’est acté. Je reste.
    Je sais que ça peut être une connerie majeure. Mais à ma décharge, je me dis que si un motif était nécessaire pour rester avec l’homme qu’on aime, le fait qu’il le demande est être en soi une excellente raison ; je me dis aussi que s’il fallait un prétexte pour me décider… le voilà tout trouvé… la douche, arme fatale, son et image de bonheur, promesse d’un corps rafraîchi, d’une peau parfumée et soyeuse…
    Une seule condition à respecter pour que tout cela soit parfait, plus que parfait et que ça ne se réduise pas à une rediffusion de la fameuse nuit magique…
    Nico… il faut que tu lui ouvres ton cœur comme jamais… il faut que tu lui ouvres tellement ton cœur de façon à l’obliger à te parler, à se découvrir… oui, tu vas rester, Nico, tu as envie de sentir, de caresser sa peau fraîchement douchée… mais il ne faut pas se laisser happer par les sens, si tu restes il faut qu’il se passe quelque chose…
    Facile à dire…
    En attendant, je me perds dans cette image de bonheur, l’image d’un si beau garçon sous la douche… cette douche qui dure, qui dure, qui dure… mon extase qui dure, qui dure, qui dure… je suis ensorcelé, je ne me rends pas compte que j’avance de plus en plus dans le rôle de lumière, comme aimanté par ce corps dont la seule vue me met tout sens dessus-dessus… je m’avance tellement que je finis par me trouver à la vue de mon beau couillu…
    Lorsque nos regards se croisent, je crois découvrir sur son visage un petit sourire canaille et complice… aaahhhh… ça lui fait plaisir que je sois là… que je sois resté… que je le mate… petit coquin, va ! J’adore…
    Mon bonheur est total, je pourrais rester des heures à le regarder en train de se doucher… pourtant, à bien regarder, je trouve que sa douche dure très longtemps… très très longtemps…
    Avant que nos regards se croisent, j’avais d’abord eu comme l’impression qu’il essayait de se laver de quelque chose qui ne part pas avec l’eau, de cette petite tristesse après le dernier orgasmes…
    Mais depuis que nos regards se sont croisés et qui semblent se chercher, j’ai l’impression que mon Jérém est instantanément passé en mode coquin… ainsi, sa façon de faire durer la douche, le rinçage, semble désormais une façon de prolonger cette petite complicité entre nous… il sait que je le regarde, et j’en mettrais ma main à couper qu’il aime ça…
    Pendant un instant je me dis que, maintenant qu’il s’est aperçu que je suis là, que je le regarde et que ça a l’air de lui faire plaisir, je pourrais tenter un rapprochement sous l’eau… tant d’année plus tard, lorsque je vois Nick Jonas sous la douche dans le clip de « Under you » c’est à mon Jérém que je pense, ce soir là sous la douche… me retrouver sous l’eau avec lui, dans ses bras puissants et musclés… un aperçu du Paradis que je n’ai pas su approcher ce soir là… j’aurais du, mais je n’ai pas osé… pourtant quelque chose me disait qu’il était prêt à ce genre de câlin… bon, ok… un truc à ma décharge… bien sur je n’ai pas osé ce câlin sous l’eau… mais je suis quand même resté… ce soir là j’ai déjà connu l’étreinte de ses bras puissants… et quand on a connu ça, on a envie de rester…
    Oui, il n’y a qu’une pétasse comme celle du clip en question pour se tirer juste après s’être retrouvée dans les bras puissants d’un mec aussi canon…
    Le temps que je m’extirpe de mes réflexions, comme souvent l’instant est passé… l’eau s’arrête… le beau mâle sort de la cabine de douche… je recule un peu… je cherche un nouvel angle idéal… la grande serviette rouge court sur son corps… cheveux, cou, épaules, dos, aisselles, bras, fesses, entrejambe… sexe… jambes… pieds… elle parcourt chaque centimètre de sa peau dans une sorte de quick step bien rodé…
    Un dernier passage sur les cheveux bruns en bataille et elle se retrouve déployée et accrochée autour de la taille du beau mâle, son bord s’arrête juste en dessous de ses abdos, à la limite de ses poils pubiens… dévoilant le chemin du bonheur, la chute de reins et ce pli de l’aine tellement saillant à m’en donner le vertige…
    Une question toute à fait inédite me traverse l’esprit : mais comment est-ce possible d’être aussi bien foutu ?
    Maintenant que la douche est terminée, une intense odeur moite, de propre, de frais, de peau humide et de gel douche se répand très vite dans le séjour… c’est à quelque chose prês la même odeur que j’ai découverte aussi dans les douches des vestiaires du terrain de rugby… ça me rend dingue… c’est ma drogue…
    Mon odorat n’en a pas fini pour autant de recevoir de puissantes et décoiffantes gifles olfactives… un instant plus tard, le petit con allonge le bras en direction d’une petite bombe noire sur le rebord du miroir au dessus de l’évier… putain… je sais que ça va finir de m’achever… et dès que son pouce appuie sur le petit bouton, je pars dans une autre galaxie, dans une autre dimension…
    Car c’est avec des gestes bien rodés, parcourant des « 8 » amples et répétés, avec bonne générosité qu’il vaporise son déo sur son corps musclé… aisselles, pecs, abdos, cou… le nuage de deo arrive très vite à mes narines… je fumerais un joint, je ne serais pas plus stone… ça me prend au cerveau, ça me prend aux tripes… on ne peut pas être si naturellement et violemment sexy, c’est juste pas possible…
    Quand je pense que c’est moi qui me tape ça… voilà ce qui est encore plus invraisemblable… et pourtant…
    C’est beau à en pleurer… pendant qu’il n’en finit plus de vaporiser, nos regards se croisent à nouveau… je sais qu’il m’a vu et j’ai l’impression qu’un nouveau petit sourire heureux rebondit de ses yeux à ses lèvres… j’adore cette petite complicité… et lui aussi a l’air d’aimer ça… alors, quand on y pense, on a du mal à comprendre les raisons de son geste à venir…
    La seule raison que j’ai pu trouver à ce geste c’est le fait que mon Jérém est un vrai petit con, un vrai de chez vrai… alors… qu’est ce que ça ferait un petit con à ce stade là ?
    Claquer la porte, évidemment !
    C’est ce qu’il fait, me plongeant dans la pénombre… petit con, va…
    Se faire mater ça lui plait, me faire chier, encore plus…
    Remarque, voilà qui est bien joué… dès la porte claquée, dès l’image coupée, mon envie de la retrouver n’en est que découplé…
    Au travers de la porte fermée, la vue inhibée une fois de plus, je me concentre sur les autres sens… je ferme à nouveau les yeux… un bruit léger et cadencé vient à mes oreilles… le bruit de sa brosse à dents… douce et émouvante mélodie pour mes oreilles…
    Le pipi, la douche, le gel douche, la serviette autour de la taille, le deo, la brosse à dents, l’entendre, l’imaginer dans le geste de se brosser les dents… je sais, ça peut paraître con… mais ces simples gestes, ces simples bruits, ces simples odeurs m’apportent une nouvelle dimension de la vie de mon Jérém… oui, j’adore le voir dans la beauté absolue de ces petits gestes du quotidien…
    Non, je ne peux pas partir… je n’aurais jamais pu… ma volonté ne peut rien contre mon désir…
    Pendant que mes sens se perdent dans cette immersion olfactive et sonore « Dans le monde de Jérém », je repense à tout ce que je viens de vivre avec mon beau brun, l’espace d’une soirée et d’une nuit décidemment pas comme les autres, une nuit qui aura tant d’importance, à un point que je n’aurais pas pu imaginer sur l’instant, dans la suite de notre histoire…
    Je repense à sa puissance sexuelle… à sa jouissance… à son plaisir, mon plaisir… et lorsque un garçon vous fait ce qui me fait mon Jérém… lorsqu’il vous fait autant jouir, rien qu’en prenant son pied… vous ne pouvez pas ne pas être raide dingue de lui…
    Chacun des trois garçons avec qui j’ai couché jusque-là m’a apporté un plaisir, intense, puissant, chacun un plaisir différent… mais au fond, il faut bien l’admettre, coucher avec Jérém… c’est juste divin… il n’y a que lui capable de me faire vibrer ainsi, comme une corde de violon, de jouer sur ma peau, dans mon corps, d’aligner dans mon esprit, toutes les notes d’une jouissance parfaite…
    Oui, Jérém est une bombe au lit… mais ça l’est d’autant plus que, pour moi, Jérém n’est pas n’importe quel garçon… Jérém est… mon Jérém à moi… il ne le sait pas, et ça le mettrait en pétard de le savoir, mais oui, c’est mon Jérém à moi…
    Coucher avec lui me bouleverse à chaque fois… ce qui explique le fait que j’ai tout le temps envie de lui… le pire c’est que coucher avec lui ne calme même pas mon envie… au contraire… ça l’attise… oui, plus je couche avec lui, plus j’ai envie de coucher avec lui…
    Avec lui, le sexe, le plaisir, comblent entièrement mon corps et mon esprit pendant l’acte… c’est merveilleux, c’est dingue… mes sens sont fous, insatiables… j’ai envie de le sentir en moi, car la fusion de nos corps est la seule façon de partager quelque chose avec lui, la seule façon de le lier à moi… par le plaisir…
    Pourtant… pour bon que cela puisse être, coucher avec lui ne me suffit pas. Et encore moins ce soir. La jouissance des corps agit sur moi comme une boisson fraîche, sucrée, délicieuse, lorsqu’il fait très chaud… une sensation qui me submerge comme un feu d’artifice, aussi intense que passagère… et lorsque le souffle du plaisir a cessé, je me rends compte que l’envie n’a pas cessé… bien au contraire… l’addiction s’installe… l’amour avec Jérém est une boisson sucrée qui entretien ma soif de lui autant qu’elle semble l’étancher sur le moment…
    Il est des boissons d’un autre genre, au goût moins sucré mais davantage pétillant, acidulé, comme il est des partages d’un autre genre, moins physiques et davantage spirituels… c’est de cela que j’ai besoin à cet instant… j’ai encore envie de lui… mais je sais que ce ne servirait à rien… même s’il était partant… j’aurais toujours envie de lui…
    Alors, envie d’autre chose… envie d’un partage plus intime que la sexualité, un partage fait de tendresse, de mots, un partage que je sens seul capable non pas d’étancher mais de calmer un peu cette délirante, brûlante, fébrile soif de lui.
    Envie que ça avance avec lui. Un peu.
    J’ai besoin qu’il se laisse un peu aller, qu’il assume ce besoin de tendresse qui apparaît parfois en pointillé… j’ai besoin de savoir que les quelques petits gestes semés ici et là au cours de cette folle nuit… ses lèvres sur les miennes, sa langue dans ma bouche, ses mains qui retiennent mon visage dans le creux de ses pecs, ses lèvres sur mon cou, ses bras fermement enserrés autour de mon torse… la douceur de sa pénétration et de ses allées et venues… besoin de savoir que ces petits gestes ne sont pas uniquement liés à une circonstance particulière, à la présence de Romain… besoin de penser que cela est un pas en avant dans notre relation, un pas sur lequel on ne reviendra jamais en arrière…
    En attendant que cela avance, je recule… je recule dans la pièce jusqu’à ce que mes épaules rencontrent la surface dure de la porte d’entrée… le corps ainsi calé, j’essaie de réfléchir…
    Vite, récapitulons, Nico, vite avant qu’il ne déboule dans la pièce, tant que tu es en possession de tes facultés… avant qu’il déboule dans la pièce avec sa serviette nouée autour de la taille et que tu perdes toute raison…
    Il m’a demandé de rester…  je le sens vulnérable… je sens qu’il a besoin de ma présence…
    Ouais… comme l’autre fois…
    Il faut rester, oui, mais ce coup ci il faut y aller Nico… il ne faut pas juste que tu restes pour combler sa solitude… il faut que tu arriver à lui dire ce que tu ressens… peut être pas tout, pas encore, ça ferait peut être trop pour lui…
    Oui, mais comment doser ? Par ou commencer et où d’arrêter ?
    Y aller doucement, y aller par étapes… mais il faut à tout prix enclencher le mouvement, il faut poser les bases… bref, il faut attaquer, Nico….
    Facile à dire. Comment tenter d’apprivoiser le fauve sans se faire griffer une fois de plus ?
    Si tu ne le fais pas maintenant, tu le ferais quand ?
    Une autre fois, dans une meilleure circonstance…
    Ouais… parce que tu crois qu’il y aura de meilleure circonstance que celle-ci ? Rappelle toi… il est vulnérable, il faut attaquer…
    Oui, mais est ce que cela suffira pour qu’il aille envie d’entendre ce que j’ai à lui dire ?
    Tu te trouves des excuses, Nico… il faut y aller MAINTENANT !
    J’aurais d’autres occasions…
    Peut être… ou pas… la plupart du temps les occasions il faut les créer, ou du moins avoir le cran de les saisir, même si elles ne sont pas parfaites, ni faciles à saisir…
    Peur de me lancer… sais pas par où commencer… une autre fois…
    Ne sois pas idiot, Nico… à chaque fois que tu le vois, c’est pour baiser…
    C’est que j’adore ça…
    Avant la baise, ce n’est pas le moment, son ego et ses barrières sont intactes, infranchissables, sa trique, ta trique prennent le pas sur tout le reste ; pendant la baise, même pas la peine d’y penser… biens sur, t’as parfois l’impression que même pour lui parfois la baise c’est plus que cela… l’impression qu’il se passe des choses… mais c’est trop rare, trop aléatoire…
    Une autre fois, après l’amour…
    La plupart du temps, ce n’est pas vraiment de l’amour… la plupart du temps, ce n’est que de la baise… et après la baise ce n’est déjà à nouveau plus le temps ni le moment… parfois il remonte son boxer à une vitesse que tu n’as même pas le temps de lui dire « au revoir »… alors, tu en conviendras, Nico, il n’y a que dans de rares occasions comme celle-ci, des occasions qu’il faut avoir la sensibilité de reconnaître et les couilles de saisir, des occasions rêvées où les barrières du beau mâle sont un peu en berne… il faut savoir cueillir le moment, y aller avec tact…
    C’est ce à quoi je vais essayer de m’atteler…
    Ma décision tout juste prise, voilà que la porte de la salle de bain s’ouvre, emportée par une main au geste puissant, assuré et rapide. Dans l’embrasure, le beau mâle apparaît, la serviette rouge toujours nouée autour de la taille, le haut de son corps drapé dans sa demi nudité magnifique, une demi nudité portée avec une aisance et une nonchalance, une assurance déconcertantes… je suis intimidé devant l’apparition de ce corps… une fois de plus mon regard tombe sur ce pli de l’aine scandaleusement saillant… il traîne ensuite sur la légère bosse dans le tissu humide en correspondance de son paquet…
    Au final, avec sa serviette autour de la taille, juste torse nu… le bogoss est encore plus sexy que s’il était carrément à poil…
    En sortant de la salle de bain, Jérém éteint la lumière, plongeant son corps dans la pénombre… je n’arrive plus à distinguer tous les détails mais je devine sa silhouette… comme une ombre dégageant dans la pièce un intense parfum de déo… pendant qu’il avance vers le lit, sa main passe dans ses cheveux encore humides pour les rajuster… et je suis hypnotisé par cette putain de démarche assurée de jeune mec sûr de lui….
    Et même dans la pénombre, j’arrive à capter son petit sourire coquin en coin, expression de son sentiment de victoire vis-à-vis du fait que je suis resté… arrivé à proximité du lit, avec un geste précis et assuré, il dénue la serviette et la laisse tomber négligemment au sol… sa nudité intégrale se révèle fugacement dans la pénombre… un instant plus tard, il se glisse sous les draps…
    Il sent terriblement booooon… envie de caresser sa peau rafraîchie… envie de lui sauter dessus… envie de le serrer à moi et de le couvrir de bisous…
    Mais par où commencer ? Comment lui dire, ou du moins lui faire comprendre que finalement j’ai décidé de rester, sans passer pour un con ?
    Une fois de plus, c’est lui qui me tirera de l’embarras, à sa façon, bien sur.
    « Tu comptes rester planté là jusqu’à demain ? ».
    « Je ne sais pas… » je temporise.
    « Je t’ai dit que tu pouvais te casser… » lâche-t-il, moqueur.
    Envie de le gifler face à l’arrogance de ses mots… envie de faire tout sauf ce qu’il voudrait que je fasse… pas envie de lui céder, mais envie de me glisser sous les draps avec lui, le serrer contre moi, qu’il me serre contre lui… envie de savoir ce qu’il serait mieux de faire… en attendant, je décide de m’écouter…
    « Ouais, mais… en fait j’ai envie de rester… » un ton dans la voix qui se veut contrariant, mais au deuxième degré.
    Je l’entends émettre un petit ricanement. Quel petit con ! Enchaîner, Nico, ne pas lui laisser le temps de placer une quelconque connerie.
    « Je vais prendre une douche » je l’informe.
    « T’as des serviettes sèches à coté du panier à linge… ».
    « Ok… je n’ai pas de brosse à dents… » je réfléchis à haute voix.
    Et là, du tac au tac, le pus naturellement du monde, je l’entends dire :
    « Prends la mienne… ».
    Je l’arrête net, surpris et dubitatif.
    « Quoi ? ça te pose problème ? » fait-il.
    « Non, mais… » je bégaie.
    « Il me semble qu’on n’en est plus là… » argumente-t-il.
    « Oui, c’est vrai… » je concède.
    « T’as des serviettes sèches à coté du panier à linge », « Prends ma brosse à dents »… des simples phrases qui n’ont l’air de rien mais qui me rendent instantanément super heureux…
    Une fois dans la salle de bain, trois urgences…
    1 - Ne pas tomber dans les pommes en recevant la gifle puissante de cette chaleur humide saturée de l’odeur du gel douche et de son déo…
    2 - faire pipi très vite…
    3 - envoyer un sms à maman pour lui dire que je dors chez Dimi…
    Résistant de justesse face au choc olfactif, le sms et le pipi vite expédiés, je m’apprête à passer sous la douche… je cherche les serviettes… les voilà, comme indiqué, à coté du panier à linge sale… un panier ouvert… un panier sans couvercle… un puits du bonheur d’où affleurent boxers et t-shirts portés par le beau mâle… rien que cette vision me rend dingue… envie d’approcher mon nez…
    C’est ce que je fais, happé par ce bonheur fait de coton et de tissus élastiques…
    Etourdi par l’air saturé d’humidité et déo, je suis carrément assommé par les petites odeurs que je sens remonter de cet endroit magique… je plonge mon visage dedans et je respire à pleins poumons… chaque respiration est un peu plus profonde, un peu plus longue, chaque respiration m’apporte un peu plus de ses odeurs de mec…
    L’afflux excessif d’oxygène et de petites odeurs de mon Jérém font qu’au bout d’un petit moment j’en ai carrément la tête qui tourne… je relève le buste, je ferme les yeux, j’essaye de me calmer… impossible… je suis déjà en manque… ce mélange d’odeurs dans le panier à linge est juste un putain d’excitant… envie d’y revenir, mais d’y revenir avec méthode… envie de sentir l’odeur de ce boxer CK orange à l’élastique blanc… le bonheur de découvrir une sorte d’odeur de sexe de mâle mélangée à un léger relent de pipi, ce qui n’est pas désagréable, bien au contraire… envie de sentir l’odeur de cet autre DIM noir… le bonheur de découvrir dans le coton sombre une trace plus claire qui semble laissée par cette mouille qui s’échappe parfois du sexe des garçons lorsque l’excitation les cueille… me demander qui a provoqué en lui cette excitation, cette mouille… une trace blanche qui pourrait aussi être le souvenir laissé par un gland ayant joui et rangé sans avoir été préalablement bien nettoyé… entre quelles cuisses a joui mon beau brun, le jour où il portait ce boxer que je ne lui ai pas connu lors des dernières baises ?
    Envie de découvrir l’odeur de ce simple t-shirt blanc col en V qui me rappelle tant le t-shirt de notre première coucherie… envie de poser mon nez en correspondance de l’endroit ayant caressé ses aisselles… envie de plonger mes narines dans ce débardeur noir que je ne lui ai encore jamais vu porter mais dans lequel je n’ai pas de mal à l’imaginer, scandaleusement beau, furieusement sexy, divin, à pleurer… et cet autre débardeur blanc à rayure que je lui connais pour l’avoir vu le porter le soir où il m’a baisé au terrain de rugby… un débardeur dont il se sert pour le sport… un débardeur qui sent en effet très fort sa transpiration, si fort qu’elle prend le pas sur le deo, pourtant présent en arrière plan olfactif…
    En dépit des minutes qui passent, je ne me prive pas… quasiment tous les boxers et les t-shirts passent sous mon nez… j’en suis dingue… et lorsque je décide de me faire violence pour y aller, lorsque je tente de ranger ses sous-vêtements à peu près dans le même bazar où je les ai trouvés, je replonge une dernière fois le nez dans cet endroit magique… je me fais la réflexion que les sous-vêtements portés par un garçon finissent par s’imprégner d’une marque olfactive complexe…
    Oui, le panier à linge sale… un panier qui contient les boxer et les t-shirts portés par mon Jérém… les boxers qui ont à la fois caressé et protégé son précieux service trois pièces, ces boxers qui recueillent à la fois son odeur de mec et un odeur un peu plus forte amenée par la fameuse dernière goutte… un panier qui contient les t-shirts qui ont caressé le torse magnifique de mon beau brun et qui dégagent une odeur insistante, un mélange de sa transpiration et de son déo…
    D’abord, je crois que Jérém est le genre de garçon qui ne porte jamais un t-shirt ou un boxer pendant plus d’un jour… alors, dans les fibres, l’odeur en arrière plan d’une lessive, persiste… le tissu posé sur la peau après la douche et le deo s’imprègne pendant des heures de ces parfums… au même temps, des odeurs naturelles sont dégagées par la transpiration, la peau, le sexe… au fil des heures, les parfums virent, changent, se mélangent aux odeurs naturelles de plus en plus présentes à mesure que la journée avance… au bout d’un certain temps, tout semble se stabiliser, se figer dans une nouvelle odeur qui devient la véritable odeur persistante, la marque, la signature olfactive d’un garçon…
    Alors, peut-on vraiment appeler cela un panier à linge sale… moi j’appellerais plutôt cela la caverne d’Ali Baba, l’entrée du Paradis, le pays de Cocagne… je voudrais tant être un chaton et me faufiler dans ce panier, m’endormir des heures, des jours durant bercé par toutes ces petites odeurs…
    C’est en me faisant violence que je me décide à m’arracher de ce puits de bonheur… me disant qu’un douche, une simple petite douche me sépare d’un bonheur encore plus grand, celui de partager les draps de mon beau brun et peut être de le serrer contre moi…
    Autant la douche de Jérém aura duré… autant la mienne sera rapide… et cela moins pour le fait que l’eau chaude commence à manquer, que du à mon empressement de le rejoindre…
    Je me sèche vite fait, je me fais à nouveau violence pour ne pas repasser par la case « panier à linge… sale »… tout content de pouvoir enfin aller le rejoindre…
    Vite… me brosser les dents… avec sa brosse… et cela me fait un drôle d’effet… c’est vrai, il a raison, on partage déjà nos corps à un point qu’on n’est pas à un partage de brosse à dents près… évidemment, c’est moins des microbes que de la symbolique inscrite dans ce partage que se situait mon hésitation… en tout cas je suis super content de partager sa brosse à dents…
    Sa brosse à dents déposé dans son verre, sur le rebord de ce miroir devant lequel il m’a sauté lors de l’une de nos premières coucheries… je sors de sa salle de bain… je sors comme lui… enfin… je veux dire… avec la serviette nouée autour de la taille…
    « T’as pris ton temps » je l’entends balancer.
    « Tu as pris toute l’eau chaude… » je réplique.
    Qu’est ce que ça me plait d’échanger ce simples petits mots qui ont un petit goût de partage autre que la baise. Oui, je sais, il m’en faut peu…
    Je m’approche du lit et, le temps que mes yeux se réhabituent à la pénombre, je me rends compte que  le drap est posé juste sur ses jambes, qu’il arrive pile à hauteur de son chemin du bonheur… que le torse est complètement dégagé…
    Je dénoue ma serviette et je me glisse rapidement dans les draps.
    Rentrer dans les draps de Jérém, c’est rentrer dans un pur univers de bonheur… les draps de Jérémie sont doux, frais agréables au toucher et à sentir… les draps de Jérém dégagent de multiples odeurs… de propre, de déo, de jeune mec sexy… odeur de Jérém… odeur de bon, de bonheur… je sais déjà que ne voudrais plus jamais partir de là…
    Jérém n’a pas bougé d’un poil… me voilà allongé à coté de lui, à tout juste quelques centimètres de lui… envie de me jeter sur lui, envie de lui faire un câlin, de le serrer tout contre moi, de lui faire un million de bisous partout…
    Être dans le même lit avec Jérémy c'est juste pas possible… je bande… j’ai envie de tendresse… j'ai envie de le toucher… de quoi a-t-il envie ? J’écoute sa respiration, je guette le plus infime de ses mouvements… il ne bouge pas… j’entends ma respiration… les battements de mon cœur… j’ai envie d’allonger une main…
    Mais non, Nico… il faut en profiter pour lui parler…
    Oui, mais comment m’y prendre ? Par où commencer ?
    Le vent d’Autan a bien rafraîchi la pièce. Je le vois remonter les draps jusqu’au dessus de ses pecs…
    Et c’est là que j’ai une idée… ou plutôt une envie… une excuse ? Je me dis qu’avant de lui parler, j’ai besoin de le mettre un peu plus en confiance…
    Oui, être dans le même lit avec Jérémy c'est vraiment pas possible… j'ai tout le temps envie de lui… j’ai encore envie de le prendre en bouche…
    Alors je me faufile sous les draps… oui, les draps de Jérémie sont doux, frais, agréables au toucher… oui, les draps de Jérém dégagent de multiples odeurs de Jérém… et ceci, surtout lorsqu’on y plonge dedans… plonger dans se draps c’est plonger dans un autre monde fait de bonheur masculin… plonger dans ses draps c’est être enivré par mille et une odeurs… plonger dans ses draps c’est découvrir sa queue au repos… plonger dans ses draps c’est avoir envie, avoir besoin de le reprendre en bouche…
    Je cale mon épaule contre son flanc, je pose ma joue à hauteur de non nombril… je saisis sa queue au repos avec mes doigts et je l’approche de mes lèvres… je la prends en bouche, juste en bouche, sans même l’intention de la faire dresser à nouveau, juste en savourant le bonheur exquis de l’avoir en bouche, avec ce goût de propre, de fraîchement douché…
    Il se laisse faire. Un instant plus tard, je l’entends balancer :
    « Ta bouche non plus ne prend jamais de rtt… ».
    Petit con, va… plains toi, va… la bouche trop occupée dans ce bonheur, je n’aurais pas l’occasion de verbaliser cela, mais je l’ai pensé si fort que ça m’étonnerait qu’il ne l’ait pas entendu.
    Je reste là juste avec sa queue au repos dans la bouche, la joue sur ses abdos, la tête soulevée et bercée au gré de ses respirations, l’odeur de son déo se dégageant de sa peau m’enivrant les narines et le cerveau… je vais faire une overdose de bonheur…
    Mais je n’avais pas tout vu… un instant plus tard, je crois devenir dingue… c’est lorsque je sens sa main se poser sur ma tête…
    Il n’est pas croyable… il veut que je le suce à nouveau… d’autant plus que, sans vraiment avoir repris toute son envergure, sa queue semble prendre davantage de place dans ma bouche…
    Dès que sa main se pose sur ma nuque, je m’attends à ce qu’il commence à mettre des coups de bassin dans ma bouche…
    Pourtant, rien de tel ne vient… son bassin reste immobile, sa respiration calme… le seul mouvement que je perçois est celui de ses doigts qui se faufilent dans mes cheveux, légers, doux, comme une caresse, juste une caresse…
    Mettre la bête en confiance avant de l’apprivoiser… elle vous le rendra, et ce sera une si belle victoire…
    Je reste ainsi, sous les draps, en train de téter sa queue au repos dans ma bouche… l’oreille sur ses abdos, écoutant sa respiration, les battements de son coeur, m’enivrant de la tiédeur de son corps… ses doigts qui se baladent légers et lents dans mes cheveux… je suis au Paradis…
    Je suis au Paradis et j’y reste un bon petit moment… j’y reste avec un plaisir immense… et lorsque je sens le sommeil me happer, porté par la chaleur des draps, par les odeurs enivrantes, par la confortable et douce fermeté de ses abdos, je sais que je vais m’endormir avec sa queue dans la bouche… oui, je me sens glisser vers la torpeur qui précède le sommeil, je sens ma volonté me quitter, je l’abandonne avec plaisir… pour la mise au point avec Jérém ce sera une prochaine fois… je sens que je vais perdre pied dans ce bonheur total… jamais depuis des années je ne me suis endormi avec ce sentiment de bonheur…
    Mais alors que j’ai presque perdu pied, quelque chose me secoue et m’oblige à remonter à la surface de ma conscience… sa main a quitté mes cheveux et est en train de repousser doucement mon épaule, ce qui fait que mes lèvres s’éloignent inexorablement de son engin…
    Je crois qu’il n’en peut plus mon beau brun… je crois qu’il est à bout de forces… sans pouvoir m’empêcher d’embrasser ses abdos au passage, j’émerge de la plongée sous ses draps…
    C’est juste à temps pour le voir se tourner de son coté sans un mot…
    Ah, non… pas ça… il ne m’a quand même pas demandé de rester pour coucher à l’Hôtel du Cul Tourné…
    J’ai trop envie de caresser, de câliner sa peau tellement douce… je me tourne dans le même sens que lui, à quelques centimètres de lui… je n’ose pas y aller, le serrer contre moi…
    Et là je l’entends me balancer :
    « T’attends quoi ? Viens… »
    J’ai envie de pleurer. J’avance mon bassin des quelques centimètres qui me séparent du sien et, à mon tour, je l’habille entièrement de moi.
    Je me colle contre son flanc, je passe mon bras sous son aisselle, je pose une main sur son torse entre pecs et abdos… je le sens remuer, comme si quelque chose le dérangeait.
    « J’ai le droit ? » je me renseigne.
    « Ouais… » chuchote-t-il.
    Je sens qu’il a besoin d’être câliné… je plonge la tête dans ses cheveux et je pose mes lèvres à la lisière de ses cheveux bruns, je dépose quelques bisous tout doux.
    « Et ça… j’ai le droit de faire ça ? ».
    « Tais toi ! » fait-il sèchement. Je suis heureux : « tais-toi » est bien mieux que « dégage ».
    Je prends ça comme un feu vert de bonheur.
    Je deviens entreprenant…
    « Si j’ai le droit à ça… je devrais aussi avoir le droit à ceci » je lui balance juste avant de laisser mes lèvres et ma langue remonter le long de son cou, parcourir sa joue, s’attarder sur son oreille… ma joue contre sa joue, sa barbe de 3 jours frotte contre ma joue et c'est comme une allumette qui frotte sur du papier abrasif… j’ai envie de le bouffer tout cru… je le sens frissonner… ma langue s’attarde dans son oreille… et je le sens frissonner encore plus… je sens qu’il essaie de se retenir, mais ça finit par exploser… il rigole… j’ai trouvé un point chatouilleux… je m’amuse à l’embêter…
    « Ca chatouille… » me balance-t-il toujours en rigolant.
    J’adore… je commence à croire que j’ai vraiment bien fait de rester… je commence à croire que les draps de Jérém recèlent un passage spatio-temporel permettant d’atteindre une réalité parallèle où Jérém, le petit con macho se transforme en un garçon qui a envie de câlins… rien que cette petite complicité n’a pas de prix à mes yeux…
    Je lui fais encore quelques bisous dans le creux de l’épaule et je me cale contre lui… c’est bon… être contre lui, son odeur, ses draps, son parfum, sa peau… je veux me perdre avec lui, dans ce bonheur des sens… j’ai envie de pleurer, je suis comblé… il ne me faut rien de plus, je n’ai besoin de rien de plus…
    Je m’étais dit que la condition pour rester était celle d’avoir une discussion avec lui… mais à quoi servirait de sortir des mots qui pourraient gâcher l’instant ? Quel mot ajouterait quelque chose à ce moment parfait ?
    Je sens mes résolutions m’échapper des mains… le Jérém est une drogue puissante capable d’annuler toute volonté… je ne lui parlerai pas ce soir…
    On va s’endormir ainsi, en silence, ne faisant qu’un.
    Je sens le sommeil revenir à la charge pour s’emparer définitivement de mon corps et de mon esprit. Je suis presque dans les bras de Morphée… c’est là que, contre toute attente, c’est lui qui parle :
    « Tu vas le revoir ton… ton… ton… Stéphane ? » me lance-t-il, le mot « Stéphane » scandé sur un ton dédaigneux.
    L’instant est parfait. Pas de provocation. Plutôt rassurer le jeune mâle.
    « Même si je voulais je ne pourrais pas, il est parti vivre en Suisse… » je joue franc jeu.
    J’ai l’impression d’entendre mon beau brun tirer une sorte de soupir silencieux et libératoire. J’enchaîne :
    « Tu sais, Jérém, quand je suis dans ton lit, après avoir couché avec toi toute la nuit et qu’à la fin on se retrouve dans les bras l’un de l’autre, je n’ai besoin de personne d’autre… ».
    Il ne fallait pas commencer Jérém, maintenant c’est moi qui a envie de poser des questions :
    « Et toi… t’avais déjà été au On Off ? »
    « Mais ça va pas la tête ? » fait-il sur un ton surpris et heurté.
    Je suis tellement soulagé et heureux que j’ai envie de le couvrir de bisous…
    « Alors pourquoi ce soir… ».
    « Je ne sais pas… juste par curiosité… ».
    « Ca t’a plu ? ».
    « Je suis sorti avant toi, je te signale… ».
    « C’est vrai… ».
    Vite enchaîner avec ce que tu as sur le cœur… mais, à la fin, qu’est ce que j’ai sur le cœur ? Ce bonheur semble tout emporter, effacer, pardonner…
    Jérém remue un brin et à la faveur d’un mouvement de son épaule, une puissante note de déo percute mes narines… je suis KO…
    Ne t’arrête pas à ça Nico… t’as une mission… ne t’arrête pas à son corps, à son parfum… fais toi violence… ne t’arrête pas à cet instant de bonheur, essaie de préparer ton bonheur à venir… montre lui que tu as besoin de ça mais pas que ce soir, pas juste quand lui en a envie… retrouve ta motivation de tout à l’heure… profite de l’occasion… il a même accepté que tu le câlines… il ne s’est même pas rebiffé quand tu l’as chatouillé… il est à point, je te dis, il faut le cueillir… essaie de lui parler…
    Mais par où commencer sans que ça semble une attaque frontale ?
    Et puis, soudainement ça explose dans ma tête comme une évidence. En amour, il n’y a que les mots qui viennent du plus profond du cœur qui sonnent justes.
    « Tu vas me manquer Jérém… » je lance sans pouvoir arriver au bout de la phrase que j’avais construite dans ma tête, une larme glissant sur ma joue.
    Silence de sa part.
    « Tu vas me manquer quand tu vas partir… » je termine après une respiration profonde en maîtrisant ma voix de justesse.
    Encore du silence de sa part. Je le serre un peu plus fort contre moi.
    « Je ne sais pas encore si je vais partir... » je l’entends lâcher quelques secondes plus tard.
    Waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa… ça c’est de la news… envie de lui demander si cette soirée, si ce câlin y sont pour quelque chose…
    Hélas, la suite se chargera de doucher mes enthousiasmes :
    « Il y a l'équipe de rugby… si on gagne cette année… ils ne voudront pas que je parte… ».
    Evidemment, l’équipe de rugby… il y a des priorités dans la vie et je ne suis pas en pole positions.
    Mais creusons un peu quand même. Je suis en possession de quelques billes pour le pousser à se livrer un brin… merci Thibault…
    « Ta famille, aussi… » je place mon pion pour l’obliger à avancer le sien.
    « Laisse tomber… eux ils ne vont pas me manquer… ».
    « Et ton frère… » je cible plus précisément.
    « Comment sais tu que j’ai un frère ? » s’étonne-t-il.
    Oui, comment le sais-je… parce que Thibault m’en a parlé… m… ah, oui, mais pas que…
    « Il a créché ici le mois dernier … à cause de lui on n’a pas pu réviser pendant une semaine… ».
    « Oui, c’est vrai… mon Maxime… ».
    Ouf, sauvé par le gong.
    Je le sens respirer fort. Comme s’il avait quelque chose sur le cœur, prêt à sortir.
    Creusons encore.
    « A part le rugby il n’y a pas grand-chose qui te retient ici, alors… ».
    Perche #1 tendue…
    « Non… »
    Perche #1 ratée…
    Putain !!! Et moi ? Je suis là, merde… qui te fera des câlins comme celui là, si tu t’en va loin de moi ?
    Enchaîne, Nico, ne te laisse pas démonter. Fais le parler de ce qu’il aime, pousse-le à se livrer sur des sujets tout publics, des sujets qui lui tiennent à cœur mais qui ne fâchent pas. Mets le à l’aise. Sois patient. Ça va venir…
    « C’est très important le rugby pour toi… » j’arrive à formuler.
    « Le rugby est toute ma vie… il n’y a rien d’autre que j’aime autant… être avec les potes… mouiller le maillot tous ensemble pour avancer… rigoler, stresser, trimer, être heureux, être déçus ensemble… ».
    « J’ai toujours été peu doué pour le sport… j’aurais voulu l’être… mais j’avais trop peur des coups… »
    « C’est vrai qu’au rugby on prend pas mal de coups… mais on se fait des potes… ».
    «  Ca doit être cool d’avoir autant de potes… je ne connais pas ça, moi… ».
    « Les potes c’est parfois mieux que les nanas… j’ai renoncé à des baises pour faire la bringue avec l’équipe…»
    « T’es sérieux ? »
    « Une soirée avec les potes c'est souvent mieux qu’une nuit de baise… après une nuit de baise c’est souvent le bordel dans la tête… alors qu’après une soirée avec les potes on se sent bien… on a parfois un peu mal aux cheveux, mais on est bien… ».
    J’ai envie de pleurer tellement c’est beau ce qu’il vient de dire. Ca divague de mes buts, mais qu’importe. Il a envie de parler alors le laisser parler le faire parler. Il se livre à moi, c’est du petit lait que je bois là.
    « Jouer au rugby c’est ce que je sais faire le mieux… » il enchaîne « c’est pour ça que je m’y sens bien… j’ai vraiment envie de progresser… envie d’avancer… il n’y a que là que je me sens vraiment à ma place, à l’aise, motivé… il reste que deux matches, un demain, un la semaine prochaine… on a tellement de points d’avance qu’on pourrait même ne pas jouer demain qu’on serait direct en finale contre Cugnaux… cette année on va gagner le tournoi… ».
    C’est tellement beau de l’entendre parler de sa passion, il est comme transporté. J’en veux encore, j’en redemande.
     « C’est plus qu’un jeu le rugby… » je relance.
    « Le rugby est un peu comme la vie… chacun a son rôle, personne n’a le même… il y a des fonceurs, des rusés, des mecs rapides des jambes, des mecs rapides dans la tête, des têtes de mule et des mecs qui ont du sang froid… le rugby révèle les personnalités, les caractères... les forces, les faiblesses, les peurs, les envies, les passions… ».
    « Et quand on partage tout ça… » je me laisse échapper.
    « On finit par être potes, pour toujours… » conclut mon beau brun en mettant des mots sur cette idée qui vient de s’afficher dans ma tête.
    « Quand on joue au rugby… » continue-t-il « on ne se sent jamais seuls… ».
    Jérém se tait. Il a l’air touché. Je le serre un peu plus à moi. J’ai envie de lui dire que je comprends, que je comprends parce que je sais, que je connais une des causes de sa solitude, grâce à Thibault… mais je ne peux pas lui dire que je sais, alors je tente de lui montrer mon empathie avec un câlin.
    Je me rends compte que c'est pour ça aussi que je l'aime, ce petit mec… c’est parce qu’il peut être touchant jusqu'aux larmes ce petit mec... aussi profondément touchant qu’il est intolérablement sexy dans d'autres ou insupportablement macho dans d'autres encore... 50 et une nuances de mon beau brun…
    Et puis Jérém a cette phrase que je n’oublierai jamais :
    «Le rugby, c'est l'histoire d'un ballon avec des copains autour… et quand le match est fini et qu’on range le ballon, il reste les copains…».


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